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Archives des Zacharie Roger Mbarga - Page 9 sur 11 - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Zacharie Roger Mbarga

  • Insécurité et extrémisme violent: Zoom sur la stratégie

    Insécurité et extrémisme violent: Zoom sur la stratégie

    Les pourparlers entre les chefs d’Etats et de gouvernement des communautés économiques régionales (Cers) d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest ont abouti à une architecture commune de paix et de sécurité.

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    Zacharie Roger Mbarga

  • Mandela : une inspiration pour l’humanité !

    Mandela : une inspiration pour l’humanité !

    Dans sa situation de monde en dérive, où les intérêts de puissance engendrent mécaniquement des volontés de dominations et d’assujettissements, le centenaire de la naissance de Nelson Mandela célébré le 18 juillet dernier appelle à une réflexion profonde.

    Il invite à se demander à chaque fois quel héritage nous voulons transmettre au monde à travers les générations futures. Citoyens, entrepreneur social, chef de famille, chef d’entreprise, leader d’opinion, leader politique… Quelle est notre contribution pour une meilleure quiétude sociale ?

    «Nous pouvons changer le monde et en faire un meilleur endroit. Nous tenons entre nos mains le pouvoir de faire la différence». Cette pensée de Tata Madiba a valeur testimoniale de son œuvre. Le 18 juillet dernier, Nelson Rolihlahla Mandela aurait eu 100 ans. Cinq années après son décès, l’ancrage de son œuvre dans la mémoire collective n’a jamais été aussi optimal. Son héritage, même s’il prend naissance dans son village de Mvezo, finit par rayonner sur le monde. A l’humanité, le combat de Mandela doublé de ses convictions les plus profondes lègue une leçon de vie. Dans son courage qui s’accompagnait toujours de son humilité, l’héroïsme a été au service des idéaux de liberté, de justice, d’égalité, de tolérance et de réconciliation. De Robben Island à Soweto, il a défendu la liberté et la libération de l’Afrique du Sud. De sa présidence à son action depuis sa fondation, il a contribué à l’émancipation du reste du continent, sacrifiant sa liberté pour ces idéaux et leur consacrant sa vie.

    Leadership

    Avec pédagogie, fermeté et modestie, Nelson Mandela a été un guide entrainant. Il a su convertir à sa cause des masses de sud-africaines et de sud-africains enragées par la revanche ou le besoin de soumission. Son côté pédagogue fait de lui un des leaders politiques ayant légué à sa société le plus de ressources humaines possibles. La société sud-africaine est aujourd’hui dirigée par les disciples et compagnons de lutte de Madiba.

    Les 4 successeurs de Madiba à la tête du pays ont tous été des collaborateurs ayant grandi sous son aile. L’African National Congres (ANC) est l’instrument idéologique de l’outillage humain. Il rejoint le mouvement en 1943, mais son seul mérite, c’est d’avoir transformé cet appareil en socle de l’humanisme sud-africain et en point de départ du black empowerment. L’ANC, aujourd’hui malgré ses tribulations, incarne toujours la rampe de lancement du pouvoir en Afrique du Sud. Et le crédit du Président Cyril Ramaphosa, Secrétaire Général du Parti et Proche de Mandela à l’époque de la réforme du parti et de la société, c’est de ramener la quiétude au sein de la grande famille de l’ANC.

    Apôtre de la non-violence, altruiste invétéré, chantre du développement durable, Mandela est un humaniste. Cette philosophie de vie tirée du sol natal va illustrer la notion d’«Ubuntu». Terme bantou que le Barack Obama, lors de l’hommage international à Mandela en 2013, va définir comme suit: «mon humanité est inextricablement liée à ce qu’est la vôtre». Selon l’archevêque Desmond Tutu, auteur de Reconciliation: The Ubuntu Theology, «quelqu’un d’ubuntu est ouvert et disponible pour les autres», car il a conscience «d’appartenir à quelque chose de plus grand». Une leçon de vie qu’un homme aura eu le courage de tenter de réaliser.

    Universalité

    Pour l’Onu, Nelson Mandela a inspiré l’humanité à travers son dévouement aux droits de l’homme, à la paix, à la réconciliation, à l’égalité des sexes, aux droits des enfants et d’autres groupes vulnérables, ainsi qu’à la lutte contre la pauvreté et en faveur de la justice sociale.

    En reconnaissance de cette trajectoire de vie, qui constitue un exemple tant pour ses contemporains que pour les générations futures, l’Assemblée générale des Nations unies a, en décembre 2017, proclamé la date de naissance de Mandela, le 18 juillet, comme la Journée internationale Nelson Mandela.

    Les célébrations du centenaire incluront des activités telles que la tenue d’un Sommet pour la paix en marge de la 73ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 17 septembre 2018, sur le thème: «Renforcer le rôle des Nations unies dans la promotion et le maintien de la paix: construire sur l’héritage de Mandela». Une déclaration sera publiée à l’issue du Sommet pour la paix.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Fusion des Communautés économiques régionales: Le dispositif de pilotage de la rationalisation

    Fusion des Communautés économiques régionales: Le dispositif de pilotage de la rationalisation

    Afin de rentrer dans les clous de l’échéance 2023, le Copil a procédé à un réaménagement de son plan d’action et de son organigramme. 

    L’implication personnelle des plus hautes autorités de l’Etat camerounais est un marqueur de la nouvelle dynamique

    Le plan d’action réaménagé du comité de pilotage de la rationalisation des Communautés économiques régionales d’Afrique centrale (Copil/Cer-AC) s’étend sur la période 2018-2023. De fait, ces cinq années constituent la période charnière pour le travail technique et les décisions politiques à prendre à l’effet de converger vers la nouvelle Communauté économique régionale en Afrique centrale. Ce plan a procédé à une précision des actions et activités à exécuter.

    Il s’articule en 11 domaines (commercial, libre circulation des biens et des personnes, financement de l’intégration, questions sécuritaires, transports, TIC, énergie, santé, environnement, sécurité alimentaire et règles budgétaires ou monétaires), 17 activités et 42 actions à mener. Cette planification permet aussi de fixer les échéances et d’engager les différentes parties prenantes. Parmi celles-ci, les partenaires financiers qui assurent le financement des activités des comités techniques du secrétariat technique du Copil. Le précédent plan d’action du Copil, adopté en 2013, avait retenu 12 domaines prioritaires de la rationalisation en Afrique centrale.

    Dans le même sillage du réaménagement, le Copil a opérationnalisé un cadre de concertation et de coordination des Hauts responsables conforme à l’article 2 de la décision conjointe N°01/CEEAC/CEMAC du 31 mars 2015 portant création, organisation et fonctionnement du Copil/Cer-AC. Ledit cadre réunit le président du Copil/Cer-AC, le secrétaire général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) et le président de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Ladite concertation est semestrielle et s’attèle à évaluer les avancées du processus de rationalisation. La première concertation de haut niveau a eu lieu le 10 juillet dernier à Yaoundé. En effet, la première réunion tripartite de Yaoundé, qui a réuni les hauts responsables du cadre de concertation, a permis d’évaluer la mise en œuvre des résolutions de la quatrième réunion du Copil tenue à Yaoundé en novembre 2017.

    Opérationnalisation

    La récente réunion des Hauts responsables du cadre de concertation et de coordination s’inscrit dans l’élan d’accélération du processus de rationalisation. Une exhortation déjà exprimée lors des assises du Copil en novembre 2017. Ainsi, sept mois après le dernier Copil, les Hauts responsables évaluent déjà la mise en œuvre de ses résolutions. Ils recommandent que le rapport sur la rationalisation soit présenté lors des prochains sommets de la Ceeac et de la Cemac. Certes le processus a été lancé en 2010. Mais, le travail technique d’harmonisation n’a effectivement démarré qu’avec la mise sur pied d’un secrétariat technique (ST) en 2016. Cheville ouvrière opérationnelle du Comité de pilotage, le ST a engagé les chantiers d’unification des instruments communautaires.

    Le Copil a tenu à ce jour quatre réunions. Respectivement en 2010, 2013, 2015 et novembre 2017. Or, c’est en janvier 2012 que les chefs d’Etat et de gouvernement de la Ceeac ont adopté la décision conjointe portant création, organisation et fonctionnement du Copil. Cette décision sera signée en mars 2015. Le secrétariat technique du Copil, quant à lui, sera créé et installé dans ses activités en avril 2016. En rappel, la rationalisation des Communautés économiques régionales africaines est l’une résolution des Conférences des ministres africains de l’intégration (Comai). Ces conférences se sont tenues successivement à Accra en 2005, à Lusaka et à Ouagadougou en 2006. En 2007, à Brazzaville, les Etats d’Afrique centrale se sont prononcés en faveur de la rationalisation de leurs Cers avec pour objectif d’aboutir à une seule Communauté économique régionale en 2023.

    La treizième Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Ceeac, tenue en octobre 2007 à Brazzaville, invite les présidents en exercice de la Ceeac et de la Cemac à mettre en place un Comité de pilotage. Il lui sera confié l’élaboration d’une feuille de route définissant les actions d’harmonisation des politiques, des programmes et instruments d’intégration des deux Communautés. A la quatorzième Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Ceeac, tenue à Kinshasa en RDC le 24 octobre 2009, la présidence dédiée de la rationalisation est confiée au Président Paul Biya du Cameroun.

    Zacharie Roger Mbarga

    La dynamique de rationalisation des Communautés économiques régionales de l’Afrique centrale permet désormais d’entrevoir le squelette de la Communauté attendue en 2023. Lancé en 2009, le processus est matériellement mis en branle en 2016. Cette optimisation couplée à la production des premiers documents de procédures facilitent l’entrée en scène des partenaires techniques et financiers. L’adhésion désormais agissante des Etats d’Afrique centrale et la récente rénovation du processus permette une dynamisation politique et opérationnelle. Des mécanismes techniques harmonisés sont en adoption progressive. Des propositions d’optimisation sont en cours d’examen par les Hauts responsables de Cer à fusionner. Il s’agit de la technostructure communautaire nouvelle et des instruments d’intégration économique (Zone de libre-échange, Union douanière, marché commun, union économique).
    Toutefois, des défis demeurent. Et le vrai combat est à venir. Du financement du processus en cours à l’entrée en activité de la nouvelle communauté, plusieurs paliers doivent être franchis. L’Afrique centrale a donné mandat au Cameroun de concevoir la nouvelle Communauté économique d’Afrique centrale. Le chef de l’Etat Paul Biya en assume la présidence dédiée depuis 2009. Naturellement, le Comité de pilotage (Copil) de la rationalisation des Communautés économiques en Afrique centrale est présidé par le ministre camerounais de l’économie et de l’aménagement du territoire (Minépat).

    Financement du processus 

    Le frémissement qui soulage le Cameroun

    Jusqu’ici, Yaoundé supportait à 80% le financement du processus de rationalisation. Les différentes parties commencent à peine à manifester une solidarité. La note reste toutefois salée.

    Au terme de la réunion des Hauts responsables du cadre de concertation et de coordination du Copil, le communiqué final n’est pas élogieux sur le recouvrement de la dette du Comité de pilotage auprès des Etats et des Cers. Il ressort de ce conclave que les Cers ont signé des moratoires en vue de l’apurement de leurs arriérés de contribution. «Au regard des faibles résultats enregistrés, les Hauts responsables invitent le président du Copil/Cer-AC à poursuivre l’action de recouvrement auprès des Etats membres, et s’engagent à respecter les termes des échéanciers de paiement de contribution signés avec le Copil/Cer-AC», lit-on dans le communiqué final de la concertation des Hauts responsables.

    Au niveau des Etats, la situation n’est pas différente. Seul l’Angola a manifesté une réaction concrète. Les Cers «conviennent de déployer tous les efforts en vue de mobiliser les ressources nécessaires auprès de leurs partenaires respectifs pour le financement des activités du plan d’action réaménagé du Copil», indique encore le document.

    Le quatrième Copil de novembre 2017 s’était achevé sur une dette cumulée des Etats et des Cers chiffrée à 2 milliards 870 millions de francs CFA à la réalisation. Elle se présentait comme suit: 1 milliard 670 millions de dette de la Cemac et de la Ceeac ; 1 milliard 200 millions de la part des Etats. La note présentée par le secrétariat technique montrait qu’elle avait reçu exactement un accompagnement estimé à 1.251.000.000 (un milliard deux cent cinquante et un millions) de francs CFA soit 30,48% de couverture. On peut évoquer en plus un appui (non chiffré) en matériel informatique de la Ceeac au travers de son Programme d’appui au renforcement des capacités institutionnelles (Parci/ Ceeac).

    De manière précise, en terme de contribution, l’Etat du Cameroun a fourni 821.000.000 (huit cent vingt et un millions) de francs CFA, soit 110.000.000 (cent dix millions) francs CFA de contributions financières, la mise en disponibilité gracieuse des locaux, le mobilier de bureau et le matériel informatique. La Ceeac a mis à disposition 190.000.000 (Cent quatre-vingt-dix millions) de francs CFA et la Cemac 240.000.000 (deux cent quarante millions). Cette situation financière est le premier plomb dans l’aile de la rationalisation.

    Tentatives de solution

    Afin d’encourager les Etats, un apurement des dettes avait été décidé par les ministres du Copil. Il avait été arrêté que les Etats allaient verser deux années de dette (soit 60 millions de francs CFA) et les Cers devaient s’acquitter de la totalité des sommes dues. Aujourd’hui, le taux de recouvrement est difficilement mesurable.

    La Ceeac a, pour sa part, entamé un plaidoyer auprès de la Banque africaine de développement à travers le Parci. Lors d’une rencontre d’évaluation de ce programme le 25 juin dernier à Libreville, le secrétaire général de la Ceeac, Ahmad Allam-Mi, a affirmé que «les activités importantes comme le processus de rationalisation n’ont pu être réalisées qu’à 20%, alors qu’elles représentent 40% du projet». Cette situation pourrait expliquer l’insolvabilité de l’institution communautaire vis-à-vis du comité de pilotage de la rationalisation des Communautés économiques régionales d’Afrique centrale.

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Bilan de la rationalisation des instruments de coopération

    Les outils de la zone de libre-échange d’Afrique centrale sont en fin d’harmonisation. A côté, ceux de l’union douanière et l’union économique sont en train d’être peaufinés.

    L’unification des instruments de coopération est un vaste chantier à accélérer

    Le domaine commercial est le plus avancé dans le processus d’unification des instruments d’intégration. Les mécanismes d’éligibilité à l’agrément au tarif préférentiel généralisé de la Ceeac et de la Cemac ont déjà été harmonisés. Il s’agit des quatre instruments de la zone de libre-échange Ceeac- Cemac ci-après : le certificat d’origine Ceeac-Cemac, le dossier d’agrément au tarif préférentiel de la Ceeac et de la Cemac, le formulaire de vérification de l’origine des produits, et le schéma type d’agrément aux tarifs préférentiels Ceeac-Cemac.

    Le chantier en cours est celui de la délivrance de l’agrément. Il est en train d’être rationalisé lui aussi. La solution transitoire est la co-signature par les deux tops managements des institutions communautaires. Jusqu’à présent, chaque Cer disposait de son expertise à elle. Les signatures du président de la Commission Cemac et du secrétaire général de la Ceeac achevaient le processus pour faire foi. Désormais, il y aura un comité régional d’agrément conjoint. Lequel soumettra à la co-signature des deux chefs d’institution les produits jugés conformes à l’obtention.

    La Cemac doit, elle aussi, procéder à une modification importante. Il s’agit de la modification du règlement de l’Union économique de l’Afrique centrale (Ueac). Le président du Copil a d’ores et déjà transmis la proposition à ses pairs. L’Ueac est l’une des cinq institutions de la Cemac. Elle réunit les ministres en charge de l’économie de chaque pays. Elle est habilitée, jusqu’à présent, à valider les produits et proposer au président de la Commission d’accorder l’agrément aux industriels de la Communauté ayant requis la faculté de commercer à taux nul sur l’ensemble de l’étendue du territoire communautaire.

    Autre chantier, le mécanisme de compensation unique à mettre sur pied. Il est en cours d’examen. La compensation des pertes douanières est destinée à atténuer les effets pervers du déséquilibre des échanges, en régulant le partage des coûts et profits du marché entre les différents partenaires régionaux. Le droit à la compensation porte sur le commerce des produits miniers et des produits industriels agréés aux différents Tarifs préférentiels généralisés. Il est exercé annuellement à concurrence de 50% des moins-values enregistrées sur le commerce de ces deux types de produits.

    Au niveau de le Ceeac, le mécanisme est institué par le protocole VI de son traité constitutif. Il a été adopté par la décision du 27 janvier 2004 portant modalités de mise en place de ce Fonds permettant d’atténuer les effets du démantèlement tarifaire dans le cadre de la Zone de libre échange (ZLE). Il postule que les pertes de recettes douanières subies par les Etats – membres sont compensées à hauteur de 50% et sont reversées dans un fonds national de développement à créer par chaque Etat membre pour promouvoir la création de petites et moyennes entreprises afin d’aider au développement économique des Etats.

    Perspectives

    Parmi les autres dossiers techniques de la rationalisation, l’harmonisation du code douanier unique communautaire. Celui-ci permettra de passer à la deuxième approche du schéma d’intégration économique de Bela Balassa, à savoir l’union douanière. Là aussi, deux unions douanières se chevauchent. Le tarif extérieur commun unique devra intégrer les caractéristiques des balances commerciales des pays membres. Notamment les importations et les exportations. En 2011, les deux institutions (Cemac et Ceeac) et les États-membres se sont engagés dans un processus d’harmonisation de tarifs extérieurs de la région Afrique centrale sur la base du Tec/Cemac en vigueur.

    Ceci en prenant en compte les évolutions déjà enregistrées ou en cours pour un tarif à trois catégories et trois taux du droit de douane (5%,10%,20%). Les deux premières catégories du projet de tarif sont connues. Primo : «Biens de première nécessité, biens d’équipements industriels, agricoles et halieutiques, et intrants agricoles et halieutiques». Cette catégorie devra inclure l’ensemble des équipements destinés aux activités industrielles, agricoles et de pêche. Secundo: « Matières premières et autres biens d’équipement».

    D’autres chantiers cruciaux sont en attente. C’est le cas de l’harmonisation des politiques commerciales et de l’instrument monétaire. Sur ce dernier dossier, les ministres du Copil ont instruit la mise sur pied d’un groupe de travail comprenant les six banques centrales de la région (Beac et les 5 banques des pays non membres de la Cemac). Les premières conclusions sont attendues.

    Zacharie Roger Mbarga

    Architecture institutionnelle 

    La maquette de la communauté unique en étude

    La construction institutionnelle de la Cer nouvelle est un des enjeux sensibles de ce processus de rationalisation. Présenté aux Hauts responsables du Copil, son squelette semble rassurant.

     

    Le rapprochement institutionnel des deux communautés se précise

    Une esquisse de l’armature institutionnelle de la nouvelle Communauté, fruit de l’étude du cabinet Carletas, a été présentée aux Hauts responsables du cadre de concertation et de coordination du Copil à Yaoundé le 10 juillet 2018. Cette première mouture montre une Cer bâtie sur cinq institutions, à savoir : la Conférence des chefs d’Etat, le Conseil des ministres (de l’intégration), le Parlement, la Commission et l’organe judiciaire (subdivisé en cour judiciaire et en cour des comptes). Cette ossature offre à la Commission le statut d’organe exécutif. Composée de 11 commissaires, soit une par pays, la commission sera appuyée par plusieurs institutions spécialisées. Ainsi, contrairement au processus en vigueur dans la Cemac, les comités ministériels seraient considérés comme des institutions spécialisées, notamment sur les questions économiques, monétaires, sécuritaires, agricoles, numériques…

    La philosophie du rapprochement institutionnel consiste à étendre les compétences de certaines institutions à la nouvelle communauté et de supprimer celles qui seront jugées incompatibles. Dans cet esprit, il est prévu que l’architecture judiciaire et le Parlement de la Cemac soient reversés dans la nouvelle ossature institutionnelle. Bien sûr, quelques amendements devraient y être apportés. De même, le mécanisme sécuritaire de la Ceeac devrait être étendu. La proposition a reçu les félicitations des Hauts responsables, qui ont demandé au cabinet de poursuivre son travail sereinement, mais dans la prise en compte des délais.

    Citoyenneté communautaire

    Pour le cabinet Carletas, ingénieur de conception de la matrice institutionnelle de la nouvelle Cer, l’architecture devra aussi se charger de booster l’ancrage de la citoyenneté communautaire. Actuellement, il y a une carence en sentiment d’appartenance communautaire. En tant que communauté, l’Afrique centrale est très en retard en la matière par rapport aux régions d’Afrique de l’ouest, d’Afrique de l’est et d’Afrique australe. Cette affirmation de l’indice d’intégration publié en 2016 par la Communauté économique des Nations unies pour l’Afrique s’appuie sur de nombreux facteurs.

    Notamment le manque d’information sur la conduite du processus d’intégration, l’implication limitée de la société civile et de la jeunesse, le sentiment de peur d’envahissement et de xénophobie, la construction politique des discours d’inhospitalité, l’absence de mobilité et de communication entre les peuples… Ainsi, le Cabinet Carletas propose que, dans sa construction, la nouvelle institution intègre ces dimensions notamment dans l’organigramme des institutions et dans les programmes et activités qui seront mis en œuvre.

    Capitalisation d’expériences

    La construction de la nouvelle Cer se fait également en examen des modèles des autres communautés. A cet effet, une délégation composée de la Ceeac, de la Cemac et du Secrétariat technique du Copil s’est rendue successivement en Afrique de l’ouest et en Afrique de l’est. Avec les officiels de ces différentes communautés, la délégation d’Afrique centrale a échangé sur le fonctionnement de certaines institutions. Ainsi, il est apparu qu’en Afrique de l’ouest, les Cer (Uemoa et Cedeao) ont réduit le nombre de programmes à seulement 27. Les mêmes communautés ont réduit la taxe communautaire d’intégration à 1% divisée en part égale de 0,5% pour chacune d’elles au moment du recouvrement des fonds. En Afrique de l’ouest toujours, l’institution judiciaire communautaire, qui rend des centaines d’arrêts par an, est convoquée juste lorsque le travail l’impose. Ainsi, seul un secrétariat est permanent. Ce qui facilite de grosses économies financières.

    A la présentation du rapport de cette mission lors de la récente réunion des hauts responsables du cadre de concertation, le président du Copil et les tops manager des Cers ont «recommandé que les points positifs desdits voyages soient capitalisés dans la mise en œuvre du processus de rationalisation et dans la conduite des réformes en cours à la Ceeac et à la Cemac» indique le communiqué final de ladite rencontre.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Premiers coups de marteau de la Cour pénale spéciale

    Premiers coups de marteau de la Cour pénale spéciale

    La Cour pénale spéciale (CPS) sur la République Centrafricaine a tenu sa première session criminelle le 19 juillet dernier à Bangui.

    A l’occasion, l’institution judiciaire chargée d’enquêter sur les violations graves des droits humains commises en Centrafrique s’est penchée sur le dossier de Rose Kpiamalé. Elle est accusée d’être à l’origine de la mort d’une personne au quartier Ouango dans le 7ème arrondissement de Bangui en septembre 2016. Mais la session n’est pas allée au fond de l’affaire. Le conseil de Rose Kpiamalé dit n’avoir pas tous les documents nécessaires pour assurer sa défense. «On ne peut pas plaider pour une personne sans avoir le fond du dossier. J’ai sollicité de la cour le renvoi de cette affaire pour permettre de prendre en communication le fond du dossier et préparer la défense de ma cliente afin que la justice qui doit être rendue puisse être équitable», justifie Me Anatole Max Maïtovo. Une demande acceptée par le président de la cour Thierry Joachim Pessire, qui a renvoyé la cause au mois de septembre prochain.

    Sensibilisation
    Avant son premier procès, la CPS a lancé ce 17 juillet une campagne de sensibilisation sur ses missions. Avec l’appui du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), les principales cibles de cette campagne, menée par huit organisations de la société civile, sont les leaders communautaires et religieux. «Nous sommes dans une étape cruciale au travail de la Cour qui est entrée dans une phase opérationnelle et va prochainement démarrer son travail d’enquête. Dans ce cadre, le premier travail du sensibilisateur est de permettre aux populations de bien comprendre le mandat et le fonctionnement de la CPS», indique Théophile Momokoana, le porte-parole de la Cour. Alain Ouaby Bekaï, le Procureur spécial adjoint, appelle les victimes, les témoins et autres acteurs à s’impliquer dans les procédures judiciaires engagées dans le pays. Cette campagne sera menée à Bangui et en provinces jusqu’en septembre prochain.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Sortir la monnaie électronique des frontières

    Sortir la monnaie électronique des frontières

    Les migrants du monde entier pourraient désormais envoyer de l’argent en temps réel vers des portefeuilles et des comptes bancaires mobiles en Afrique centrale.

    Il sera également possible d’effectuer des transactions entre les pays de l’Afrique centrale. Le Groupement interbancaire monétique de l’Afrique centrale (Gimac), plateforme régionale de services bancaires en ligne d’Afrique, et l’opérateur britannique Terra Pay ont conclu un partenariat dans ce sens le 11 juillet dernier à Londres.
    Présenté comme «le premier répartiteur de paiements mobiles au monde», la société Terra Pay, à travers son service mondial de compensation et de règlement pour les portefeuilles mobiles, veut rendre possible l’interconnexion des portefeuilles mobiles et des fournisseurs de services financiers numériques existants dans la sous-région voire sur le continent; tout en assumant l’entière responsabilité d’obtenir et/ou d’assurer le respect de toutes les exigences réglementaires pour la conduite des affaires.

    Vision
    «La collaboration entre Terra Pay et Gimac fait partie de la stratégie à long terme de l’entreprise qui vise à permettre l’interopérabilité et la démocratisation des services financiers en Afrique. Notre partenariat devrait contribuer à la mise en œuvre des transferts d’argent pratiques, rapides et peu coûteux vers la Cemac et à accélérer la création d’un écosystème, afin d’offrir une valeur essentielle aux parties prenantes et aux consommateurs. Le principal objectif économique et social de notre partenariat est de fournir aux migrants de la région Cemac un accès à des moyens de paiement peu coûteux, sécurisés et instantanés», indique Ambar Sur, fondateur et PDG de Terra Pay.

    Pour Valentin Mbozo’o, DG du Gimac, «la digitalisation des services de transferts est l’ultime étape vers l’amélioration de la fourniture des services financiers. A travers ce partenariat, le Gimac contribuera à la réduction des coûts de transferts et à l’amélioration de la qualité de vie des populations, ceci en adressant en instantané les flux reçus de la diaspora via Terra Pay, vers les populations à travers les canaux d’acceptation des membres tels que les comptes bancaires, les comptes mobiles ou les comptes cartes prépayées». Reste à convaincre la Beac très méfiante vis-à-vis de la digitalisation des services de transferts. La banque centrale a par exemple suspendu en 2017 le transfert international d’argent via le mobile money.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Financements : ruée vers les projets intégrateurs

    Financements : ruée vers les projets intégrateurs

    Dans le cadre de son plan stratégique 2017-2021 visant à réduire les coûts des importations agroalimentaires dans la zone Cemac, la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale (BDEAC) vient de recevoir un appoint financier important.

     

    Afreximbank, la banque africaine d’import-export, compte dégager une enveloppe de 500 millions d’euros (soit 328,5 milliards de francs CFA) afin de permettre aux pays de la communauté de rattraper leurs retards en matière d’implémentation des projets intégrateurs. L’accord de financement a été signé le 11 juillet à Abuja (Nigéria), en marge des 25èmes assemblées générales annuelles de cette banque basée au Caire. L’enveloppe aidera «à un avancement plus rapide de plusieurs projets en cours et à venir».

    Dans le même sillage, la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (Badea) et la BDEAC ont signé, le samedi 7 juillet, au siège de la banque à Khartoum (Soudan), un accord de financement de 20 millions de dollars (soit un peu plus de 11 milliards de francs CFA). La somme devrait permettre de financer des opérations de commerce entre les pays arabes et les Etats de la Cemac.

    Pour le top management de la BDEAC, «la zone Cemac doit se mettre à niveau et se doter des infrastructures et industries pour répondre aux urgences en matière d’intégration régionale». Dans le cadre du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (Pdct-Ac), appuyé par la nouvelle stratégie de la Cemac sur les transports, le projet des corridors de connexion des capitales de la Cemac est très peu avancé. Il en est de même du niveau d’interconnexion électrique entre les pays. La déclinaison en projets du nouveau plan énergétique de la Cemac, adopté au sommet extraordinaire de Ndjamena, demeure attendue.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Le plan directeur des transports exécuté à 56%

    Le plan directeur des transports exécuté à 56%

    14 ans après sa naissance, la mise en œuvre du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (PDCT-AC) vient de faire l’objet d’une évaluation.

     

    Collince Pougoue Tchameni, auteur d’un mémoire sur le PDCT-AC

    «Le PDCT-AC comme instrument de développement économique sous-régional» est, en effet, le thème d’un mémoire de fin de formation soutenu à l’Institut des relations internationales du Cameroun par Collince Pougoue Tchameni dans l’option intégration régionale et management des institutions communautaires. Il en ressort que le PDCT-AC affiche aujourd’hui un niveau d’exécution physique de 56%. Précisément, sur les 14241 km de routes à construire, plus de 6000 km sont entièrement bitumés et 1169 km sont en cours de réalisation. La construction et l’entrée en service du port en eau profonde de Kribi au Cameroun, l’extension du port en eau profonde de Sao Tomé et la réhabilitation du port de Principe sont d’autres contributions du PDCT-AC pour une Afrique centrale interconnectée par les transports.

    Plusieurs entraves ont obstrué le déploiement de ce plan. On peut notamment citer les problèmes institutionnels, stratégiques et techniques; l’absence de financement qui a plongé le projet dans deux années d’hibernation. Or, en Afrique centrale, la cherté des transports et la pénurie en réseau praticable sûr (port, aéroport, ferroviaire, route) concourent à freiner la libre circulation des personnes et des biens.

    Optimisation
    A en croire le chercheur en intégration, des pistes sont envisageables pour la pleine réalisation de ce plan novateur. C’est le cas de la garantie politique dans la recherche des financements, l’organisation tant attendue de la table – ronde des bailleurs de fonds pour lever les financements de grands projets routiers intégrateurs, la convergence des chantiers infrastructurels et surtout l’implication ou l’incorporation des données du PDCT-AC dans la conception et la construction des projets de développement liés au transport.

    Le but ultime du PDCT-AC est d’optimiser les échanges intracommunautaires à travers la densification du réseau routier sous-régional. Fruit de la fusion en 2004 entre les «axes communautaires» de la CEEAC (1988) et du «réseau prioritaire et intégrateur de la Cemac» (2000), il demeure le portefeuille des infrastructures d’interconnexion de la région par le transport multimodal. Dans ce sens, le PDCT-AC se positionne comme un précurseur de la rationalisation des communautés économiques régionales en cours dans la région.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Coopération UE-ACP post 2020 : L’Afrique veut parler d’une seule voix

    Coopération UE-ACP post 2020 : L’Afrique veut parler d’une seule voix

    Du dernier sommet de l’UA, il ressort que l’Afrique doit engager les négociations du partenariat futur avec l’Union européenne dans l’unité. Carlos Lopez officiera à cet effet comme Haut représentant de l’UA dans les pourparlers.

    Carlos Lopes et Paul Kagame. Longue collaboration et convergence de vues

    «L’Afrique veut discuter de continent à continent avec l’Europe sur le partenariat post 2020», apprend Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), le 13 juillet dernier lors de sa conférence à l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric). Pour harmoniser sa position commune adoptée au sommet extraordinaire de Kigali, l’Afrique a obtenu un report des négociations. Celles-ci étaient censées débuter en août 2018. «Il y a eu en Afrique plusieurs discours malgré la position commune de Kigali. Certains ont pensé qu’il fallait poursuivre le format de coopération d’avant. Le sommet de Nouakchott nous a permis de prendre la décision de reporter le début des négociations jusqu’à ce que l’Afrique consolide sa position. Il y a des problèmes qui sont spécifiques à l’Afrique et à l’Europe. Il ne s’agit pas de se désolidariser des Caraïbes et des pacifiques», précise le Tchadien.

    Pour l’organisation continentale, les nouvelles négociations doivent prendre en compte les évolutions du monde, de l’Europe et de l’Afrique dans les domaines tels que le commerce, le numérique, la démographie, l’industrie… Et bien sûr, le nouveau paysage géoéconomique avec l’émergence des accords commerciaux méga-régionaux.

    Format

    Le groupe ACP, à travers sa nouvelle vision rendue publique en mars 2016, appelle à «réagir de façon anticipative aux évolutions du contexte mondial en vue de s’y adapter, de maintenir sa pertinence et de répondre aux besoins de ses Etats membres et des parties prenantes». Auparavant, précisément dans la déclaration de Sipopo, adoptée au terme du 7e sommet des chefs d’État et de gouvernement ACP tenu à Malabo, en Guinée équatoriale, en décembre 2012, le groupe a affirmé qu’il y a encore une place et des perspectives pour un véritable partenariat ACP-UE post 2020, capable d’apporter une contribution et une réponse concrète et efficace aux objectifs de l’agenda 2030.

    Côté européen, «une refonte en profondeur des structures actuelles du partenariat ACP-UE s’impose pour assurer la primauté des dynamiques régionales». A en croire l’UE, la coopération deviendrait plus régionale du fait «de la différenciation des tendances économiques, politiques et sociales entre les pays à revenus intermédiaires en plein essor et les États fragiles et les moins développés». «Il n’y a plus de Sud homogène partageant les mêmes intérêts communs, et les alliances au niveau mondial ne sont plus basées sur les mêmes considérations qu’en période de Guerre Froide» affirme la direction générale de la coopération internationale et du développement de la Commission européenne (DG Devco) et le service européen pour l’action extérieure (SEAE).

    Mais, en guise de compromis, l’UE propose le scénario de l’accord-cadre. Dans cette nouvelle configuration, les relations UE-ACP prendraient la forme d’un seul et unique accord juridiquement contraignant avec les pays partenaires concernés, autour de quelques grands axes: un cadre qui s’appliquerait à l’UE et à tous les pays ACP, trois partenariats régionaux distincts (Afrique-UE, Caraïbes-UE, Pacifique-UE), une extension au-delà des pays ACP, une architecture institutionnelle flexible et à plusieurs niveaux et de nouveaux moyens de mise en œuvre.

    Avec cette approche, estime-t-on à la DG Devco, la préservation du cadre global ACP-UE «évite le coût d’abandon de l’actuel partenariat avec le groupe ACP et sauvegarde les acquis de l’accord de partenariat de Cotonou». Par ailleurs, il est davantage question de l’approfondissement de la régionalisation, consistant à «aligner l’action extérieure de l’UE sur les dynamiques de terrain en Afrique et ainsi améliorer sa cohérence et son efficacité globales». Mais dans les milieux diplomatiques sur le continent, certains estiment que le scénario de l’Accord-cadre «n’opère pas de choix politique clair et cohérent». Il serait plutôt une réforme ambiguë qui d’un côté, tente effectivement de moderniser l’action extérieure de l’UE avec l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique, d’approfondir les relations politiques régionales et de poursuivre l’intérêt mutuel; mais qui dans le même temps appuie sur la pédale de frein en se repliant sur un cadre ACP-UE postcolonial.

    Négociations

    Le patron de la Commission de l’UA vient de nommer Carlos Lopes au poste de Haut représentant pour soutenir les États membres dans la négociation d’un nouvel accord avec l’Union européenne après 2020. Cette nomination a été adoubée lors du dernier sommet de l’UA à Nouakchott en début juillet de cette année. L’Économiste du développement bissau-guinéen de 58 ans est un ancien haut fonctionnaire onusien. En octobre 2016, il quitte ses fonctions de secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies (avec rang de secrétaire général adjoint de l’Onu). Dans une interview au Monde Afrique, il dit : «je quitte l’Onu pour garder ma liberté de parole sur l’Afrique».

    Avant sa nomination, Carlos Lopes était chercheur invité à l’Oxford Martin School de l’université d’Oxford et professeur invité à l’université du Cap. Il est l’un des grands esprits de la task force du président Kagame ayant produit le document de réforme de l’organisation continentale. Éducateur international, Lopes conseille les conseils d’administration du Centre international de conversion de Bonn, de l’Institut supérieur d’études internationales et du développement de Genève, de l’Institut universitaire de Lisbonne, de la Fondation Kofi Annan et de l’Institut international de planification de l’éducation de l’Unesco. Il siège aux comités de rédaction des revues Géopolitique africaine, African Sociological Review et African Identities. Il est titulaire d’un doctorat de l’université Panthéon-Sorbonne. Ses recherches et ses écrits se spécialisent dans le développement et la planification stratégique.

    Zacharie Roger Mbarga 

    Réformes de l’UA

    Le soutien discretde Yaoundé

    Alors que des Camerounais jouent des rôles importants dans la conduite de ce processus, Paul Biya n’a publiquement pris position que le 13 juillet dernier.

    Des Camerounais jouent des rôles importants dans la conduite du processus de réforme de l’Union africaine (UA). L’ancien ministre des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo, dirige l’unité de pilotage des réformes au sein du cabinet du président de la Commission de l’UA. Le Cameroun est en outre membre du panel des quinze ministres des finances qui examinent la taxe de 0,2% pour la souveraineté budgétaire et financière de l’UA. Le dispositif est d’ailleurs déjà mis en œuvre au niveau du Cameroun à travers sa loi de finance. Le pays de Paul Biya est également membre actif du groupe consultatif des quinze ministres des affaires étrangères. Ce groupe appuie politiquement le président Kagame dans les réformes de l’UA. En amont, le Cameroun était déjà membre de la conception même du logiciel de réforme. Autour du président Kagame, Acha Leke et Vera Songwe ont été membres de la task force ayant conçu la réforme de l’UA.

    Malgré cette forte implication de ses compatriotes, le président de la République du Cameroun n’en avait rien dit. Paul Biya a attendu la visite officielle du président de la Commission de l’UA au Cameroun pour se prononcer sur ce projet. «Le Cameroun et notre Organisation continentale ont toujours entretenu une relation particulière. On comprendra que, dans ces conditions, mon pays ait l’agréable devoir de contribuer activement à l’aboutissement des principaux chantiers de l’Union Africaine et notamment celui qui concerne sa réforme institutionnelle», indique le président camerounais. Et d’ajouter: «qu’il me soit permis à ce propos de saluer les résultats auxquels notre Organisation est déjà parvenue. Je veux parler de l’institution d’un passeport au niveau continental, de la création de la zone africaine de libre-échange et de l’instauration d’une taxe de 0,2 % sur les importations hors Afrique en vue de l’autonomisation financière de l’Union africaine». En novembre prochain, les chefs d’Etat se retrouveront à Kigali, une fois de plus, en session extraordinaire pour adopter les réformes de l’organisation continentale.

    La réforme de l’Organisation continentale s’accompagne du plan décennal 2025 de l’Agenda 2063. Et nombre de ses projets intégrateurs marquent la mutation de l’intégration africaine. Ainsi, à côté du financement et de la zone de libre-échange continentale, plusieurs projets structurent la dynamique d’interdépendance panafricaine. C’est le cas de l’open sky africain, du passeport africain, de la libre circulation des personnes et du droit d’établissement. Tous ces projets concourent à la mobilité préférentielle des ressortissants du continent africain.

    En matière de sécurité, l’UA est génitrice de l’initiative faire taire les armes en Afrique à l’horizon 2020. Une mesure visant à mettre fin aux conflits en Afrique à l’échéance indiquée. Adoptée en 2013 et validée depuis la 430e de Nouakchott, seuls deux pays (Zambie et le Zimbabwe) étaient à jour. réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) en avril 2014, l’initiative consiste à la mise en œuvre d’un ensemble d’activité conjointe (UA, Cer, Etats, Société civile) de sensibilisation contre la prolifération des armes et la survenance de conflits. L’activité phare jusqu’ici est le «Mois de l’amnistie en Afrique». Prévu en septembre de chaque année, il offre un espace de déploiement pour des campagnes de sensibilisation de l’opinion publique. Un rapport d’activité doit être présenté à l’UA chaque année.

    Zacharie Roger Mbarga

     

  • Ethiopie-Erythrée : le mariage de raison !

    Ethiopie-Erythrée : le mariage de raison !

    La reconnexion est consommée entre les «deux frères ennemis» de la corne de l’Afrique ! En réciprocité au séjour du Premier ministre éthiopien à Asmara (Erythrée), le président érythréen vient d’effectuer une visite officielle de trois jours à Addis-Abeba. Ce lundi 16 juillet, Issayas Afeworki conclut son voyage par la réouverture de l’ambassade érythréenne à Addis-Abeba. Ce réchauffement des relations, après plus de deux décennies de froid, est une bonne nouvelle pour deux économies en manque d’oxygène.

     

    Aujourd’hui, l’économie éthiopienne souffre toujours de la perte de sa souveraineté maritime consécutive à l’indépendance de l’Erythrée. En effet, ses activités maritimes, à la fois commerciales et militaires, étaient devenues plus coûteuses. La dépendance envers le port de Djibouti s’est accrue au fur et à mesure que la dynamique économique se consolidait. La question maritime figure d’ailleurs parmi les projets prioritaires de reconnexion. Sans plus d’explication, on sait que les deux pays se dirigent vers un corridor commercial permettant à l’Ethiopie de se faire une embouchure sur la mer rouge à travers le territoire de l’Erythrée.

    Autant cette mesure pourrait réduire les coûts et faciliter le transit pour Addis-Abeba, autant elle impactera significativement l’économie de l’Erythrée. Une économie dirigiste que soutiennent un secteur agricole très étroit et une industrie extractive crépusculaire. Le secteur agricole emploie 80% de la population active, mais la production est insuffisante pour subvenir aux besoins de toute la population. Pour alimenter les caisses de l’État, le pays compte sur le secteur minier. L’Érythrée produit de l’or, du cuivre et du zinc à Bisha. Mais ce site, qui fournit 40 % des revenus de l’État, devrait fermer dans trois ans. Avec des mines d’argent et de potasse, le secteur minier est le seul qui draine les investissements étrangers, particulièrement chinois.
    Une autre valeur ajoutée du tournant diplomatique en cours entre Addis-Abeba et Asmara est la réaffectation des dépenses publiques érythréennes. Jusqu’ici, 25% du budget de l’Etat est consacré aux dépenses militaires. La nouvelle dynamique économie et la démilitarisation effective des frontières pourraient ainsi avoir un effet d’entrainement positif sur l’économie du pays.

    Fragilités à gommer

    Au milieu des accolades, des étreintes, du courage des déplacements historiques et des déclarations de bonnes intentions, il reste des inconnues et imprécisions sur la normalisation des relations entre les deux pays. Aucun agenda matérialisant la volonté affirmée de reconnexion n’est jusqu’ici proposé. De l’ensemble des projets évoqués, aucun n’a une date d’implémentation connue. Pis encore, aucun des dossiers fâcheux du contentieux historique n’a connu une inflexion déterminante. Il en est ainsi de la militarisation des frontières ou encore de l’occupation et de la fortification de la ville de Badme par l’Ethiopie. Une ville qui, selon la démarcation onusienne de la frontière, devrait revenir à l’Erythrée. Si l’Ethiopie a dit reconnaitre cette démarcation, il reste que le retrait des troupes militaires se fait toujours attendre.

    De l’avis de Gérard Prunier, spécialiste de la Corne de l’Afrique et chercheur indépendant, le président Erythréen a conçu sa légitimité sur le conflit avec le voisin éthiopien. «Je suis le gendarme qui vous protège de l’agression éthiopienne», affirmait-il il y a quelques années. Il est devenu en outre un allié de premier plan des pays comme les Etats-Unis et les Emirats Arabe – Unis. Il y a à cet effet une interaction immédiate avec la péninsule arabique et la guerre du Yémen. Les avions qui bombardent le Yémen ne décollent pas seulement d’Arabie saoudite, mais aussi d’Erythrée. Des imbrications qui devraient également influencer le processus de réconciliation actuel.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Depuis Yaoundé: L’Union africaine affiche ses ambitions de puissance

    Depuis Yaoundé: L’Union africaine affiche ses ambitions de puissance

    Le 13 juillet dernier, lors d’une conférence à l’Institut des relations internationales du Cameroun, le président de la Commission de l’UA a présenté les tenants et les aboutissants de la réforme de son institution.

    La réforme de l’Union africaine (UA) vise «le renforcement de notre intégration continentale. C’est surtout un moyen opportun de positionner notre continent comme un acteur crédible sur la scène internationale. Nous devons désormais parler d’égal à égal. De continent à continent. Mais cela passe par le renforcement de notre union», a déclamé Moussa Faki Mahamat à l’Iric vendredi dernier. L’Afrique doit augmenter sa «capacité à se positionner stratégiquement dans le multilatéralisme et même d’en avoir une vision singulière à elle», dévoile le président de la Commission de l’UA. En novembre prochain, à Addis – Abeba, les chefs d’Etat et de gouvernement du continent se réuniront en conférence extraordinaire pour adopter la réforme de l’Union africaine. Autant le dire, si plusieurs axes ont connu des avancées, plusieurs autres attendent le consensus ou sont en cours de discussion.

    Souveraineté budgétaire

    Toujours dépendante de subventions extérieures à hauteur de 90% de son budget, l’UA – dans le cadre de la réforme – va mettre en application la taxe de 0,2% sur les importations non africaines. A ce jour, 26 pays ont intégré le mécanisme dans leur loi de finance. Le Cameroun en fait partie. «Sur dix ans, cette taxe pourrait permettre à l’organisation de récolter 1milliard 500 million de dollars de budget» affirme le président de la Commission de l’UA. Cette taxe permettra de financer nos opérations de maintien de la paix, pour les rendre «conformes à nos cultures et adapter aux menaces». C’est la raison d’être du forum Tana que préside l’ancien président ghanéen John Dramani Mahama.

    La souveraineté budgétaire de l’UA est également le gage de la «rupture du cordon ombilical» avec les puissances colonisatrices d’hier et néocolonialistes d’aujourd’hui, aux velléités d’impérialisme jamais assouvies. «Notre sécurité auto-entretenue, nos projets intégrateurs à travers l’agenda 2063 pour dynamiser l’interconnexion du continent, le fonctionnement de notre organisation ; voilà les clés de notre indépendance dans ce monde incertain» tranche Moussa Faki. Le financement autonome est donc une impérieuse nécessité.

    Du point de vue opérationnel, la division du travail est le premier et principal résultat que vise la réforme. Il s’agit de responsabiliser et de bien faire jouer leur rôle à chacun des acteurs de l’intégration continentale, en l’occurrence les Etats, la Commission de l’UA, les Communautés économiques régionales (Cer), les institutions spécialisés de l’UA, les agences d’exécution…

    Autant le président de la Commission de l’UA salue la mutation déjà actée du Nepad en agence de développement, autant il insiste sur le besoin d’introduire plus de performance au sein la Commission, non sans rappeler le rôle central à jouer par les Cer. De fait, l’une des articulations nouvelles de la réforme est de réinstaller les Cer dans leur rôle de pilier de l’intégration continentale. A travers une meilleure convergence entre les programmes des Cer et une densification du jumelage programmatique entre les Cer et l’UA. Une instance de concertation permanente entre les tops management des Cer et de l’UA devrait voir le jour à cet effet.

    Afin d’introduire de l’efficience au sein de la Commission, un mécanisme de sélection des commissaires est prévu. La répartition régionale de deux commissaires par région sera sauvegardée. Mais le respect des profils et la recherche de l’excellence constitueront la nouvelle trame de désignation des commissaires. Pour Moussa Faki, à travers cette inflexion du mode désignation, l’UA compte renforcer l’exécutif et atteindre la célérité nécessaire.

    Dans le diagnostic justifiant la préparation de la réforme, Paul Kagame affirmait: «nous avons une organisation dysfonctionnelle dont la valeur pour nos Etats membres est limitée, qui a peu de crédibilité auprès de nos partenaires internationaux et en laquelle nos citoyens n’ont pas confiance» (Rapport Kagame, p8). Pour le président rwandais, président en exercice de l’institution supranationale africaine, l’Afrique et son organisation continentale souffrent aussi d’une déconnexion à ses citoyens. Ce qui amplifie l’absence d’une citoyenneté communautaire ou continentale. Le rôle du Parlement panafricain dans ce processus de transformation de l’organisation continentale est aussi souligné.

    Inquiétudes

    A côté de la nécessité impérative de la division du travail entre les acteurs de l’intégration continentale et la réalisation d’une souveraineté financière ou budgétaire, il y a un besoin de représentativité et de légitimité. D’où la pertinence à renforcer les mécanismes de contrôle de l’action du gouvernement continental (Commission) et les dispositifs de suivi de l’exécution physique et financière du budget.

    A prendre également en compte: l’établissement de la loi (protocole additionnel, directives) représentative de l’environnement des citoyens africains. Parallèlement, le besoin d’équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) à la tête de l’UA est une dimension muette. Le renforcement des pouvoirs du président de la Commission de l’UA qui promeut la réforme n’est-elle pas susceptible de remettre en cause ce principe démocratique ? Surtout que pour le Président Kagame, en charge des réformes, «sans respect des principes démocratiques, notre organisation demeurera moins performante et peu crédible».

    La sécurité est un pan important que veut corriger la réforme. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA aura ses compétences renforcées. Le nouveau mode de financement va favoriser le dynamisme du fonds africain pour la paix. Aujourd’hui constitué de 15 membres dont 3 par région, le CPS/UA sera assisté d’un comité technique et stratégique.

    Celui-ci sera constitué des ministres africains de la défense ou des chefs d’état major des armées. Avec la mise en eau de la base logistique de la Force africaine en attente, il est attendu «une mise en œuvre plus opérationnelle de l’architecture africaine de paix et de sécurité», explique le chef de la Commission UA. Dans ce sillage, la force africaine en attente (FAA) devrait connaitre un déploiement plus offensif. A travers l’entrée en scène plus régulière des brigades régionales, on peut espérer un tiédissement des tensions opérationnelles qui guettent certaines armées (Afrique du sud, Soudan, Ethiopie, Tchad, Cameroun…) Ce qui pourrait également limiter le nombre d’opérations de maintien de la paix.

    «Au Sahel, en Lybie, autour du Lac Tchad, en Centrafrique, au Cameroun… la sécurité en Afrique est un enjeu de tous les instants. Nous devons nous renforcer de la prévention à la méthode curative. Comment ces hydres de la mort parviennent-elles à être financées, à s’informer, à se fournir en logistique, à se mouvoir ? Nous devons mutualiser nos forces pour qu’ensemble nous venions à bout de ces agents de la déstabilisation du continent», plaide Moussa Faki.

    Zacharie Roger Mbarga

    Iric 

    Une tradition de fleuron de la diplomatie africaine

    Une fois de plus, l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) a déroulé le tapis rouge à un dinosaure des relations internationales, en visite au Cameroun. Dans l’après-midi de ce 13 juillet, la colline bleue d’Obili est noircie de véhicules et de dignitaires. Les étudiants de l’auguste académie de diplomatie cherchent un chemin pour écouter le patron et le porte-parole de la plus grande organisation continentale.

    Devant un dispositif de sécurité renforcé, le protocole est rigoureux. A son arrivée, le président de la Commission de l’Union africaine est accueilli par le ministre des Relations extérieures. La conférence débute après l’exécution des hymnes du Cameroun et de l’Union africaine. L’amphithéâtre 300 de l’Iric est plein comme un oeuf.

    Dans son mot de bienvenue, le directeur de l’Iric Salomon Eheth parle d’«un institut qui, en près d’un demi-siècle d’existence, se dévoue dans la formation de l’essentiel de l’élite diplomatique africaine». Un haut lieu aux «missions d’enseignement et de recherche… son internationalisation et le renforcement de sa posture d’observatoire des relations internationales», indique le directeur de l’Iric. Et d’ajouter en anglais, «Disons que l’Iric qui vous accueille a été créé en 1971, il aura bientôt cinquante ans.

    Conçu à l’origine comme une académie diplomatique, au service de la performance des États africains, dans un contexte où l’action diplomatique des États africains était centrée sur la libération du continent, la construction de nations solides et l’assistance de son développement. Aujourd’hui, l’Iric est progressivement devenu un centre de référence pour la production et l’acquisition de connaissances et de savoirs-faire dans les métiers internationaux. À ce jour, il a formé des centaines de diplomates et de stagiaires ; et je dois souligner qu’une cinquantaine de nationalités sont passées par ce campus.

    Ils sont Africains, Américains et Asiatiques. De plus, il y a deux jours, notre institut a mis à la disposition des Etats partenaires le 46e groupe de stagiaires diplomatiques et protocolaires. L’Iric est une institution multiculturelle, avec une belle atmosphère, qui reflète l’intégration africaine, digne d’une académie diplomatique continentale. L’Iric est un véritable laboratoire de l’intégration africaine, à travers ses enseignements et le mélange de différentes nationalités, différentes cultures, différentes religions».

    Zacharie Roger Mbarga

    Message 

    Akono dit merci à Paul Biya

    Dignitaires traditionnels et élites de l’arrondissement l’ont scandé à Yaoundé le 15 juillet 2018. Ils se félicitent de la nomination de Gaston Eloundou Essomba au poste de ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee). 

    Leurs mots sortent tout droit des tréfonds de l’arrondissement. Pour un cérémonial à forte tonalité traditionnelle, le format reste celui voulu par une quarantaine de chefs Mvog-Tsoung Mballa et Elega. Sa Majesté Jean Ondoua, leur porte-parole, fixe le cadre: «ce qui nous réuni ici c’est la nomination de notre fils Gaston Eloundou Essomba au poste de ministre de l’Eau et de l’Energie». En termes de prétexte, c’est tout trouvé pour remercier le président de la République. «Sa plume et la main de Dieu ont reconnu la valeur de notre enfant dans un Cameroun où fourmillent mille et une intelligences», jure le chef Mvog-Tsoung Mballa.

    Dans un phrasé hautement proverbial , le tout Akono exhorte l’heureux promu à tenir la dragée haute. Bien plus, les gardiens de la tradition invitent le Minee à s’écarter des postures répréhensibles. Celles qui, par le passé, ont construit une scabreuse réputation autour de l’arrondissement d’Akono. L’acte de nomination de Gaston Eloundou Essomba et le maintien de Cathérine Abena Ondoa , insistent les chefs, soulignent d’une meilleure manière, l’attention que le chef de l’Etat porte sur cette contrée et à ses fils. D’où l’exigence d’un merci appuyé et d’une promesse de vote massif au scrutin présidentiel d’octobre 2018.
    En rapport avec l’environnement sociopolitique actuel dans le pays, la confrérie traditionnelle d’Akono en a profité pour se désolidariser solennellement des fauteurs de troubles et des vautours de la sécession.

  • Transports : un syndicat géant créé en Afrique centrale

    Transports : un syndicat géant créé en Afrique centrale

    Libreville (Gabon) a accueilli le 27 juin dernier l’assemblée constitutive de la fédération des transporteurs de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) en abrégé (Fetrans-CEEAC).

    Une initiative salutaire qui vient renforcer l’organisation du secteur des transports dans le sillage de la mobilité des biens et des personnes dans la CEEAC. Cette rencontre a également permis à l’ensemble des représentants membres des pays de la CEEAC, exerçant dans le domaine du transport de s’unir dans un premier temps, mais aussi et surtout, de s’organiser pour mieux exercer leurs activités en vue de la facilitation du transport des produits au niveau de la sous-région.  Au terme de cette Assemblée générale, le Camerounais Ibrahima Yaya a été porté à la tête de cette fédération. Ancien membre et responsable de l’Organisation des transporteurs terrestres du Cameroun (OTTC), l’élu se montre ambitieux, «mieux on est uni, mieux on est fort».

    Valeur ajoutée
    La nouvelle organisation des patrons de transports a pour objectif de concourir à de meilleures politiques publiques en vue de faciliter les transports et le commerce au sein de la sous-région. Elle ambitionne en outre de mieux défendre les droits des transporteurs et apporter sa contribution au processus d’intégration en Afrique centrale. Il s’agit également, pour le Président de Fetrans-CEEAC «d’éduquer, de changer le comportement des usagers de la route, de former même nos conducteurs pour leur permettre d’avoir au moins la notion du code de la route nous permettant d’éviter les accidents».

    L’initiative est bien accueillie par la CEEAC. Le secrétaire général adjoint de ladite institution communautaire en charge du département de l’intégration physique, économique et monétaire a reçu en audience les responsables de l’organisation. Marie Thérèse Chantal Mfoula a salué la naissance de cette fédération et féliciter ses membres. Elle a par ailleurs souligné que cette fédération arrive à point nommé, dans la mesure où les problématiques de la facilitation des échanges sont au centre des actions actuellement menées par le secrétariat général de la CEEAC. Elle a enfin rassuré de la disponibilité de la CEEAC à travailler avec la Fetrans-CEEAC.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Réserve de changes : une réforme de la réglementation en vue

    La baisse des réserves de change de la Cemac, qui a failli provoquer fin 2016 la dévaluation du franc CFA, serait en partie due au non-respect de la réglementation de changes. «La position extérieure nette des pays membres de la Cemac continue de pâtir des pratiques peu orthodoxes des établissements de crédit», dénonce le directeur général des études, finances et relations internationales de la Beac.

    A l’issue du dernier sommet extraordinaire des chefs de l’Etat tenu en N’djamena le 31 octobre 2017, un nouveau gouvernement de la communauté a été mis en place. Qui est qui dans ce gouvernement ?

    Lors d’une réunion de concertation entre la Cobac, le régulateur du secteur bancaire de la Cemac et les responsables des établissements de crédits en activité dans cet espace communautaire, organisée le 27 juin 2018 à Yaoundé, Ivan Bacale Ebe Molina a notamment reproché aux banques des opérations de transferts entachées d’irrégularité et a déploré le non-rapatriement des recettes d’importation par le canal de la Banque Centrale. Pour comprendre l’ampleur du problème, il faut savoir qu’en 2017 plus de 37 % de demandes d’importation étaient irréguliers.

    Pour résoudre ces, l’équato-guinéen a révélé «qu’une réforme de la réglementation des changes était en cours de finalisation». Selon nos informations la Beac envisage la création d’un guichet unique pour le rapatriement des recettes d’exportation. Objectif: contraindre les opérateurs économiques à s’aligner sur l’intermédiation réglementaire et compétente de la banque centrale dans les transferts internationaux.

    D’autres mesures correctives devraient accompagner la précédente. Il s’agit de la lisibilité des délais de traitement des opérations de transfert et de rapatriement des fonds, de la notification des motifs de rejet des opérations liées aux comptes en devises des résidents, de la définition de la notion des avoirs injustifiés, du besoin de formation et d’accompagnement des établissements par la Banque centrale.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Centrafrique : un système informatique pour le redéploiement de l’Etat

    Centrafrique : un système informatique pour le redéploiement de l’Etat

    Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) viennent de soutenir le développement d’un système informatique intégré, dénommé Lisango 2.0.

    Le président centrafricain

     

    Cet outil facilitera le suivi du redéploiement et de la présence des fonctionnaires et agents de l’Etat dans leurs lieux d’affectation. C’est en appui à la mise en œuvre de la Stratégie nationale de restauration de l’autorité de l’Etat (RESA) élaborée et adoptée par le gouvernement centrafricain depuis 2017.

    Pour la Minusca, «le développement de ce système fait partie des efforts communs pour la restauration de l’autorité de l’état sur le territoire national à travers entre autres, la relance des services publics à la base par le biais du redéploiement et de la sédentarisation des fonctionnaires dans les régions, préfectures et sous-préfectures du pays, un enjeu majeur pour le rétablissement du contrat social avec la population».

    Fonctionnalité
    Une fois suffisamment renseigné en données fiables, Lisango 2.0 permettra de générer des tableaux de bord sur la présence des fonctionnaires et agents de l’Etat par préfecture, sous-préfecture et par département ministériel; d’élaborer de manière interactive les cartes d’illustration et de fournir aux départements ministériels les données nécessaires pour l’élaboration de leurs plans de déploiement mais aussi la prise d’autres décisions stratégiques relatives à la restauration et extension de l’autorité de l’état.

    A l’initiative du Comité interministériel chargé de la coordination et de suivi de la RESA, des ateliers d’appropriation et de formation sur l’utilisation de Lisango 2.0 sont organisés au bénéfice des points focaux (chargés des ressources humaines et responsables de l’informatique) de tous les départements ministériels. Animées par le Pnud et la Minusca, lesdites formations seront orientées vers les préfets et sous-préfets en appui au Ministère de l’administration du territoire et du développement local. L’objectif poursuivi est d’offrir des capacités de collecte d’informations et de maitrise des fiches techniques sur le terrain.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Union africaine: Le sommet de la consolidation

    Union africaine: Le sommet de la consolidation

    Les 55 membres de l’organisation panafricaine se sont séparés le 02 juillet 2018 avec des avancées importantes. Les leçons à retenir. 

    Le 31e sommet de l’Union africaine (UA) est le dernier sous le magistère du président rwandais Paul Kagame. Il aura été celui de la consolidation des acquis. L’un des signaux les plus expressifs de ce succès est l’onction donnée par l’ensemble des chefs d’Etat à la candidature rwandaise au secrétariat général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). L’assemblée générale a exhorté tous les Etats membres à soutenir la candidature de Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Communauté d’Afrique de l’est, au poste de secrétaire général de l’OIF. Le débat aura donc été très court sur les atermoiements d’un soutien collectif à cette candidature.

    Plusieurs sujets ont connu une réelle avancée. L’une des principales recommandations pour la lutte contre la corruption (thème de l’année 2018) a été : l’adoption par les Etats des mesures de garantie de déclaration des avoirs par les personnalités publiques. Et ensuite, l’abolition progressive des juridictions du secret bancaire et des paradis fiscaux. Les projets intégrateurs de l’Agenda 2063 qui semblent concentrer l’action de la Commission de l’UA ont aussi connus des avancées.

    I- Zone de libre-échange continentale africaine
    Cinq nouvelles signatures de l’Accord de libre-échange continental ont été enregistrées lors de ce sommet. Pour l’essentiel, ce sont les pays d’Afrique de l’est qui ont rejoint leurs compairs africains. L’Afrique du Sud, la Namibie, le Burundi, le Lesotho et la Sierra Leone portent ainsi à 49 le nombre de pays signataires. Le cas de l’Afrique du Sud est suffisamment saisissant. L’acte que pose le président sud-africain Cyril Ramaphosa est le marqueur d’une reprise des relations saines entre la nation arc en ciel et l’organisation continentale.

    Lors du sommet-anniversaire des Brics prévu en Afrique du Sud du 25 au 27 juillet prochain, Pretoria devrait rassurer ses partenaires en vue d’une ratification de l’Alec. A ce sujet, la Commission de l’UA, dépositaire des instruments de ratification, a reçu deux instruments de plus. Ils viennent du Tchad et l’Eswatini (anciennement le Swaziland). Ce qui porte ainsi à 6 le nombre d’États ayant ratifié l’Alec. Il faut encore 16 pour que cet accord entre en application.

    Afin de dynamiser l’entrée en vigueur de la Zlec, «les chefs d’Etat et de gouvernement ont exhorté les Etats membres qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier l’accord et ont exhorté tous les Etats membres à s’abstenir de conclure des accords commerciaux bilatéraux jusqu’à l’entrée en vigueur de l’Accor de libre-échange continental (Alec)», indique le communiqué publié à la fin de la séance de travail sur la Zlec.

    La seconde phase de négociations de l’Alec se poursuivant et en rapport avec la préparation des protocoles de la Zlec sur les services, l’assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement a retenu cinq secteurs prioritaires des services. Il s’agit des transports, de la communication, des finances, du tourisme et des services aux entreprises.

    II- Réformes institutionnelles
    La principale avancée est la création de l’agence de développement de l’UA. L’assemblée des chefs d’Etat a approuvé la création de l’African Union Developpment Agency (AUDA) en tant qu’organe technique de l’organisation panafricaine. Elle a demandé à la Commission de l’UA d’élaborer un statut et à le soumettre au sommet de janvier 2019. Ceci en consultation avec l’Agence de planification et de mise en œuvre du Nepad (Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique).

    Pour mémoire, l’agence du Nepad est l’organisation responsable de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et soutient la réalisation de divers programmes et initiatives de développement dans les pays africains. La transition du Nepad à l’AUDA se fera avec le processus de création de l’agence. C’est-à-dire qu’à l’image de la transition OUA-UA, les deux institutions vont cohabiter pendant un certain nombre d’années (généralement 2 ou 3 ans) avant la mort du Nepad.

    D’autres institutions centrales telles que le Parlement panafricain, le Conseil de paix et de sécurité, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs et le Conseil consultatif sur la corruption doivent encore voir leur contenu préciser. Les chefs d’Etat ont prescrit la finalisation des propositions et recommandations basées sur les conclusions initiales, sur ces organes.

    Enfin, les chefs d’Etats ont demandé la mise en œuvre de la feuille de route sur la clarification de la division du travail entre l’Union africaine, les Communautés économiques régionales, les États membres et les organisations continentales techniques. Une curiosité quand on sait que le leitmotiv de la réforme déjà en cours est de clarifier les compétences entre ces différents acteurs de l’intégration continentale.

    III- Paix et sécurité
    En matière de paix et de sécurité, l’UA a adopté la décision du Conseil de paix et de sécurité de désigner le 7 avril de chaque année Journée de commémoration de l’Union africaine du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda. Elle a en plus exhorté les pays à transmettre leur rapport sur les initiatives à entreprendre pour faire taire les armes d’ici 2020. Seuls deux pays, la Zambie et le Zimbabwe l’ont fait jusqu’ici.

    Les chefs d’Etat ont en outre planché sur la situation sécuritaire du contient. Ils se sont félicité de l’amélioration des relations Ethiopie-Erythrée et de la visite historique d’une délégation érythréenne à Addis Abeba qu’a personnellement accueillie le Premier ministre Abyi Ahmed le 26 juin dernier.

    Au Soudan du Sud, l’UA a réaffirmé son soutien à l’imposition de mesures punitives contre les entraves aux efforts visant à la réconciliation et à la paix dans le pays. La conférence des chefs d’Etats invite l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à maintenir voire accentuer ses efforts visant à revitaliser le processus de mise en œuvre de l’accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud.

    Pour la situation en Libye, « l’assemblée a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation sécuritaire persistante en Libye, qui continue de prolonger les souffrances du peuple libyen. Tout en notant les progrès réalisés dans diverses situations préoccupantes sur le continent, l’Assemblée a également décrit les mesures à prendre pour résoudre les crises et a attribué les responsabilités aux diverses parties prenantes impliquées dans les processus» indique le communiqué au terme de la réunion ad hoc.

    IV- Budget
    Pour l’exercice 2019, le budget de l’organisation continentale s’élève à 681.485.337 us dollars. Il couvrira trois composantes : les opérations, les programmes et les opérations de soutien de la paix. C’est un budget réduit de 12% par rapport à celui de 2018. C’est le premier budget à être adossé sur les programmes et les compétences. Les sommets de l’année 2019 se dérouleront sous le thème «année des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées en Afrique : vers des solutions durables au déplacement forcé». L’égyptien Abdel Fattah Al Sissi présidera aux destinées de l’organisation.

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Moussa Faki Mahamat à Yaoundé 

    Le président de la Commission de l’Union africaine effectue une visite officielle au Cameroun du 12 au 13 juillet 2018.

    16 mois après son élection à la tête du gouvernement de l’organisation continentale, Moussa Faki Mahamat se rend au Cameroun. Un pays qu’il connait bien ayant été le ministre des Affaires étrangères de la République du Tchad au plus fort des menées terroristes de Boko Haram. C’est justement cette relation chaleureuse qu’il entretient avec le cercle diplomatique et politique camerounais qui a pesé dans son élection à la tête de la Commission de l’Union africaine. Le soutien de Yaoundé avait été déterminant dans son adversité sous-régionale avec le candidat équato-guinéen et dans sa quête continentale avec les représentants des autres régions. Au Comité des représentants permanent comme au Conseil exécutif, le Cameroun l’a fortement soutenu. Désormais auréolée de son magistère, la première visite de Moussa Faki en terre camerounaise depuis son élection est un croisement de remerciements et de visite de travail.

    Dossiers
    Au Cameroun, le président de la Commission de l ’UA fera le point sur les dossiers d’intégration régionale, de sécurité et évidemment de politique nationale. Il tentera d’arracher la ratification de l’Alec au Cameroun ainsi que son soutien agissant à la réforme institutionnelle de l’organisation. Le Cameroun n’a pas encore marqué son adhésion pour le projet de marché unique de l’aérien susceptible de donner une accélération à la libre circulation des personnes sur le continent. Sur le plan de la sécurité, le pays de Paul Biya ne s’est toujours pas positionné sur l’initiative «faire taire les armes en 2020».

    Il est pourtant dans une région où crépitent très souvent les armes notamment légères et de petits calibres. Deux conférences successives ont estimées à 10 millions d’armes de cet acabit qui circuleraient dans la région. Autre sujet dans ce sillage, la lutte contre Boko Haram. Sur le sujet de la crise dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, Moussa Faki pourra réitérer sa position à savoir: «les circonstances et l’intérêt de l’Afrique appellent au dépassement de soi, au compromis et au sens de l’intérêt général».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Les contours du corridor Ndjamena-Brazzaville

    Les contours du corridor Ndjamena-Brazzaville

    On en sait un peu plus sur le projet de construction d’une route moderne reliant Ndjamena au Tchad à Brazzaville au Congo. La fiche technique du projet informe que le tronçon s’étendra sur 1200 km. Baptisé «Corridor treize», cette route passe par Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC) et Bangui en République centrafricaine (RCA).

     

     

    Ce projet routier rentre dans le cadre du portefeuille infrastructure du Nouveau partenariat pour le développement en l’Afrique centrale (Nepad-AC) et du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (PDCT-AC). La maturation du projet et le bouclage des financements ont été confiés au fonds Africa50 de la Banque africaine de développement (Bad). «Il est évident que ce corridor permettra de décloisonner l’interconnexion des pays de la région avec non seulement une amélioration dans la circulation des personnes et des biens, mais également, une augmentation des échanges économiques et commerciaux qui se situent actuellement à moins de 5%» reconnait-on au secrétariat général de la CEEAC.

    Selon un récent rapport de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) en Afrique centrale, les axes les plus utilisés sont Douala-Bangui et Douala-Ndjamena du fait non seulement de l’existence des routes mais davantage parce que la Centrafrique et le Tchad qui sont deux pays d’hinterland, utilisent le port de Douala comme principal point de desserte. Plus de 80% du volume de leurs marchandises destinées à l’importation et à l’exportation transite par la plateforme portuaire camerounaise.

    Zacharie Roger Mbarga

  • CEEAC–CEDEAO: conseil de guerre conjoint le 30 juillet

    CEEAC–CEDEAO: conseil de guerre conjoint le 30 juillet

    En marge du 31e sommet de l’Union africaine, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ont tenu un conclave.

    Les chefs d’État d’Afrique centrale en séance de travail à Nouakchott.

    A l’ordre du jour figuraient les questions liées à la sécurité notamment en RCA et en RDC, au sommet de la CEEAC et à celui conjoint avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Au terme de cette rencontre, Ali Bongo Ondimba, président du Gabon et de la CEEAC, a confirmé la tenue du sommet conjoint CEEAC-CEDEAO le 30 juillet 2018 à Lomé au Togo. Il sera précédé d’une réunion ministérielle le 28 du même mois. La thématique de cette rencontre portera sur la paix, la sécurité, la radicalisation et l’extrémisme violent et donnera l’occasion aux deux sous-régions d’examiner les questions d’intérêt commun.

    Longtemps attendue par les Etats et les observateurs, la rencontre est présentée comme charnière pour deux régions donc le niveau de dépendance mutuelle s’est davantage accrue. Avec 3000 km de frontière partagée, les deux communautés économiques régionales subissent communément les menées terroristes de Boko Haram dans la région du lac Tchad. Si les deux communautés sont déjà engagées dans la réduction de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, la formule reste à trouver pour une montée en régime de cette stratégie commune. La question des échanges économiques n’est pas en reste non plus, l’extrémisme faisant son lit où baignent misère et précarité.

    Au cours de cette réunion, les présidents des Républiques du Tchad et de Guinée équatoriale, le Premier ministre du Cameroun et les représentants de Sao Tomé-et-Principe et du Burundi ont fait un exposé sur la situation politico-sécuritaire dans leurs pays. Par ailleurs, tous les chefs d’Etat présents, dont Ali Bongo Ondimba, Denis Sassou Nguesso, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Idriss Deby Itno et les chefs de délégation, ont appelé à plus de solidarité dans notre zone communautaire notamment dans la prise en charge des défis et des enjeux propres à notre sous-région.

    Zacharie Roger Mbarga

  • CER en Afrique centrale: le processus de rationalisation en examen

    CER en Afrique centrale: le processus de rationalisation en examen

    Le Cameroun abrite dès ce lundi 09 juillet, la 5e réunion du comité de pilotage de la rationalisation des Communauté économique régionale (Cer) de l’Afrique centrale.

    La photo officielle d’ouverture du dernier Copil Cemac-Ceeac à Yaoundé

    Cette réunion se tient après celle de novembre 2017. Elle a consacré l’urgence de l’harmonisation des instruments communautaire de politiques commerciales, d’intégration monétaire et de la libre circulation des personnes en Afrique centrale, le cadrage institutionnel de la nouvelle Cer en gestation et l’extrême besoin de financement.

    Cette réunion du Copil se tient au moment où les voyants économiques de l’Afrique centrale semblent revenir progressivement au vert. Ce sera l’occasion d’avancer sur les dossiers épineux laissés en suspens lors de l’édition précédente. C’est le cas du financement des programmes du secrétariat technique à la rationalisation des Cer. Les ministres avaient décidé d’une épuration de la dette des Etats. Il avait été dit que les Etats ne devaient verser que deux annuités. Les Cer, elles, vont s’acquitter de 80% de leur dette parce qu’étant financées par les Etats.

    Pour ce qui est de l’unification des instruments, l’urgence n’est plus à démontrer dans un contexte où dans les deux principales Cer, les échanges intracommunautaires ne représentent que 3%. L’institution en cours de la zone de libre-échange au niveau continental est un autre signal d’alarme. D’où l’impérieuse nécessité pour l’Afrique centrale de préparer son marché unique.
    C’est en octobre 2007 que la 13e conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC, tenue à Brazzaville (Congo), a pris une déclaration invitant la CEEAC et la Cemac à mettre en place conjointement un comité de pilotage de la rationalisation des CER. Plus de 10 ans après, on n’a pas beaucoup avancé dans la construction d’une Cer unique en Afrique centrale.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Depuis Yaoundé: L’Union africaine affiche ses ambitions de puissance

    Depuis Yaoundé: L’Union africaine affiche ses ambitions de puissance

    Le 13 juillet dernier, lors d’une conférence à l’Institut des relations internationales du Cameroun, le président de la Commission de l’UA a présenté les tenants et les aboutissants de la réforme de son institution.

    Zacharie Roger Mbarga

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  • Fotrac 2018: Place à l’interrégionalisme par le bas

    Fotrac 2018: Place à l’interrégionalisme par le bas

    La 9ème édition de la Foire transfrontalière de la Cemac (Fotrac), ouverte le 29 juin à Kye Ossi, fait cohabiter des exposants venus de 10 pays appartenant aux communautés économiques régionales d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest. Une interconnexion socioéconomique qui a pour objectif de prôner le vivre ensemble régional et interrégional.

     

    Les autorités à la cérémonie d’ouverture de la Fotrac 2018.

    Sous le ciel ensoleillé de Kye Ossi, la foule d’exposants invités et visiteurs prend le thermomètre des ambitions de la 9ème édition de la Foire Transfrontalière de la Cemac (Fotrac).Axée sur les échanges entre les commerçants, elle promeut la mise en réseau des exposants (institutions, commerçants, artisans).L’objectif est de créer des corridors d’échanges (commerce et expérience). Pour le ministère camerounais du Commerce (Mincommerce), parrain de la foire, la Fotrac est «un rendez-vous du donner et du recevoir où les valeurs des terroirs s’expriment, lient et rassemblent».

    Venus nombreux, les participants bravent le soleil pour tendre une oreille attentive aux allocutions successives. Benjamin Ambela, jeune leader déclare à cet effet «il est difficile pour nous, jeunes leaders et entrepreneurs, de tourner le dos à cette dynamique. Elle nous permet de comprendre les subtilités de l’intégration. Simplement, on a l’impression de lever les barrières et les obstacles à la libre circulation».D’où l’appel de la chef de la délégation des exposants gabonais: «la Fotrac est un espace d’expression qui doit être mieux entendue». Et Véronique Mpirah d’ajouter: «En venant à KyeOssi, nous avons choisi un thème qui va guider notre activité.

    Il s’intitule pour une intégration sous-régionale dynamique. Nous sommes la base et nous portons avec nous le thermomètre de nos sociétés. L’intégration ne devrait plus être un slogan. Mais une réalité vécue». La compréhension de cette exhortation est encore plus aisée lorsque, dans son allocution, Danielle Nlate, commissaire de la Foire annonce: «la délégation tchadienne est en route. Elle a rencontré les problèmes que nous connaissons tous sur nos corridors. Nous avons bon espoir qu’elle arrivera dans les prochaines heures».

    Des défis

    Pour le parrain de la Fotrac, la Foire est un atout d’intégration certain. Achille Bassilekin, secrétaire général du Mincommerce formule même des jets de suggestions pour que la Fotrac produise davantage de valeur ajoutée. «Nous avons le défi d’intéresser les grands acteurs commerciaux de nos corridors. Dans le contexte de la mise en œuvre de l’accord de libre-échange continental (Alec), la Fotrac peut constituer le panier dans lequel nous déposons toutes nos emplettes. Ensemble, nous les valoriserons mieux pour le seul bien être de nos populations». Bassilekin exprime le souhait de voir la foire englober le segment complet de l’Afrique centrale.

    Il dit espérer qu’«avec le processus de rationalisation des communautés économique régionale de l’Afrique centrale, nous avons bon espoir que la foire pourra déjà investir l’Afrique centrale géographique». C’est d’ailleurs l’objectif de la Fotrac. «Avec la zone de libre-échange continentale (Zlec), nous pensons pouvoir accueillir d’autres frères et sœurs des régions voisines. Pour ce faire, nous savons que nous pouvons toujours compter sur votre mobilisation et votre soutien. La tâche est difficile. Nous trimons au quotidien. Mais réussissons toujours à joindre les bouts les plus essentiels», indique Danielle Nlate.

    Nouveautés

    Cette édition de la Fotrac est la toute première à rassembler 10 nationalités (voir ci-dessous). La 9ème édition de la Fotrac est également l’unique où une série de formation est proposée aux jeunes et aux femmes du département de la vallée du Ntem en général et de l’arrondissement de Kye Ossi en particulier. L’association française AEPS entretiendra les jeunes sur la fabrication des maisons à partir du bois sculpté et des matériaux provisoires. Le Comité inter-Etat des pesticides va successivement sensibiliser puis former les femmes et les paysans dans la manipulation des pesticides.

    Zacharie Roger Mbarga, envoyé spécial à Kye Ossi.

    Echanges de valeurs 

    L’appoint des délégations étrangères

    Sénégalais, Maliens, Béninois, Togolais, Sierra Léonais, Ghanéens et Marocains donnent du périmètre à cette foire que les 6 pays de la Cemac ont une fois de plus honoré.

    Une vue de la tribune officielle lors de la cérémonie d’ouverture.

    Lors de son mot introductif, Danielle Nlate dessine l’esprit du déploiement des délégations étrangères. Elle l’exprime en ces mots «un proverbe africain dit, l’enfant nait de ses parents mais appartient à tout le village. L’Afrique devrait être un seul pays. C’est le vœu des pères fondateurs. La Fotrac se situe désormais sur cette lancée». Pour se convaincre de cela, on verra qu’il y a une mixture des exposants. Pour le Réseau des Femmes Actives de la Cemac (Refac), cette matérialisation permet une imbrication des valeurs. A savoir : expériences commerciales, mets traditionnels, us et coutumes…

    Afrique centrale

    Cette édition, le Gabon est le pays à l’honneur ! D’où le déploiement observé. La délégation du pays d’Ali Bongo Ondimba donne fière allure. A travers des drapeaux et des coutures aux motifs traditionnels, le stand de la délégation gabonaise du Refac attire les curiosités.Dès l’accueil, un écriteau vous accueille. Il rappelle la devise du RefacGabon lors de cette 9ème édition de la Fotrac «pour une intégration sous régionale dynamique». Des lots sont également à gagner à travers un jeu concours sur le découpage territorial du Gabon. Ceci afin de familiariser les visiteurs aux agglomérations du dernier pays organisateur de la dernière Coupe d’Afrique des nations. On peut également retrouver le poisson fumé du Gabon.

    La Cemac est aussi présente à travers le Tchad, le Congo et la Guinée équatoriale et le Cameroun le pays hôte. Un peu moins visible certes, mais tous aussi impliqués. Les liqueurs de Guinée équatoriale, les vêtements du Congo, les bijoux du Tchad sont tous exposés.Les différents pays vont concourir pour la Miss Intégration Cemac 2018. Les délégations trépignent d’impatience. Le marketing des candidates est activé. Il se distille un parfum de rivalité sur cette couronne.

    Afrique de l’ouest

    Le mot qui définirait bien les ouest africains est «tradition». Entre pharmacopée coutumière et coutures au design ancestral, les Ouest-africains exposent les valeurs des leurs pays profonds. Des valeurs qui finissent par laisser une marque indélébile. Collant l’image de leur pays à celle des produits exposés. C’est le cas de ThinorNdiaye. Cette sénégalaise expose des vêtements et bijoux féminins. Pour elle «la foire a été difficile les premiers jours du fait des intempéries. J’ai bon espoir que les prochains jours seront les meilleurs».AdalinKpon Christian, exposant béninois offre des huiles essentiels à base de plantes médicinales de son pays. Les vertus thérapeutiques étant authentifiées par des laboratoires nationaux et régionaux d’Afrique de l’ouest.

    Echanges

    Le Maroc, pays d’Afrique de l’Ouest et probable pays membre de la Cedeao, est également de la foire. Au travers de l’entreprise Mauresque Sarl spécialisé dans le textile et habillement. M. Medhi en est le responsable. «Nous sommes là pour découvrir la foire et le Cameroun. Y apporter un peu de magie avec des produits finement conçu. L’élégance est une nécessité au Maroc comme au Cameroun. Nous pouvons régler ce problème», assure-t-il.

    Les exposants des différentes nationalités ont la possibilité de procéder au troc pour acquérir les produits de leurs compairs. Il suffit que la valeur soit identique. Des échanges sont prévus entre exposants qui proposent une spéculation identique.Plus important, les exposants ont la possibilité de partager les expériences. En matière d’entreprenariat, deréseautage en affaires et de libre circulation.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Vers un centre de surveillance des risques de catastrophes climatiques

    Vers un centre de surveillance des risques de catastrophes climatiques

    Les changements climatiques influencent de plus en plus les habitudes de consommation et de vie des populations de l’Afrique centrale.

    Audience au Minerex.

    Pour s’en prémunir, ou au moins en surveiller les risques, les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ont une convergence de vues. C’est le sens du projet d’information satellitaire pour la réduction des risques de catastrophes en Afrique centrale (Sawidra-AC). Une mission d’information de la CEEAC a été reçue en audience à Yaoundé en juin dernier, capitale camerounaise. Ladite délégation de la CEEAC était conduite par Thérèse Chantal Mfoula, chef de la mission conjointe CEEAC/Bad (Banque africaine de développement).

    Composante
    Lors de la 16ème conférence des chefs d’Etats et de gouvernement de la CEEAC, tenu à N’Djaména au Tchad en 2015, le projet Sawidra-AC avait été officialisé à l’effet de créer un centre d’application et de prévision climatologique. Le centre d’applications et de prévisions climatologiques aura pour siège Douala au Cameroun. Présentement, le projet se situe à sa phase technique. Les partenaires traditionnels de la CEEAC lui apportent leur concours financier. Notamment la Banque africaine de développement (Bad) qui assure la mise en œuvre, grâce à un programme des ACP/UE (Afrique Caraïbes Pacifique/Union européenne).

    Pour la CEEAC, l’idée est de renforcer les capacités opérationnelles des Etats grâce à cette structure qui leur donnera des prévisions qui seront nécessaires pour leurs systèmes nationaux en charge de la météorologie et des questions hydrologiques. Thérèse Mfoula, secrétaire général adjoint de la CEEAC chargé de l’intégration physique et économique précise «Ce sont des prévisions numériques du temps qui permettent aux Etats d’être résilients face aux catastrophes naturelles telles que la sécheresse, les inondations faces auxquelles les pays sont vulnérables».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Afrique centrale : tarif préférentiel généralisé unique en gestation

    Afrique centrale : tarif préférentiel généralisé unique en gestation

    Dans la visée d’une rationalisation des instruments pour une zone de libre-échange unique en Afrique centrale, les tarifs préférentiels généralisés (TPG) de la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) vont connaitre une fonte.

    L’unicité du TPG de l’Afrique centrale permettra d’élargir les préférences tarifaires en matière de commerce. La zone de libre-échange de l’Afrique centrale serait enfin matériellement existante. Aujourd’hui, deux régimes de préférences tarifaires cohabitent dans la région. Après le Gabon la semaine dernière, le Cameroun se prépare à accueillir un atelier de formation sur la rationalisation du TPG. Il est orienté pour la chaine d’acteurs intervenant dans le commerce intrarégional. Ceux susceptibles de garantir la franchise des corridors de la région.

    Explications
    Pour la Cemac, le TPG est un mécanisme de tarification suspensif. Il ne s’applique qu’aux produits d’origine communautaire. Son taux est aujourd’hui de 0 %. Il a été instauré par acte additionnel N° 7/93-UDEAC-556-CD-SE1 du 21 juin 1993 et remplace le tarif unique (TU). Son adoption au sein de la CEMAC s’inscrit en droite ligne de la volonté des Etats membres à amplifier le volume des échanges intra-communautaires. Contrairement au TU qui était octroyé par voie d’agrément du comité de direction, le TPG s’applique aux produits circulant sous le couvert du certificat de circulation Cemac.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Mondial 2030: les curiosités d’une candidature maghrébine

    Mondial 2030: les curiosités d’une candidature maghrébine

    Depuis l’interview de Taïeb Baccouche, secrétaire général de l’Union Maghreb Arabe (Uma), l’idée d’une candidature maghrébine à la coupe du monde 2030 a fait son bonhomme de chemin.

    Mieux, elle a déjà récolté des soutiens à travers le monde. A l’origine, c’est le député tunisien RiadhJaidane, président du mouvement l’Appel des Tunisiens à l’étranger, qui en est l’instigateur. Sa proposition consiste en une candidature conjointe du Maroc, de la Tunisie, de la Mauritanie, de l’Algérie et la Lybie. Le parlementaire tunisien vend cette idée au patron de l’Uma lors d’un entretien le 18 juin. Tout de suite, il est arrêté qu’un conseil des ministres des sports de la région devrait plancher sur la question. Depuis lors, le gouvernement tunisien, la fédération algérienne de football ont souscrit à cette idée. C’est dire la pertinence du projet. Mais de nombreux défis doivent être surmontés.

    Région fantôme

    En pleine rivalité entre les deux géants de la région (Maroc et Algérie), le niveau d’interactions entre les pays du Maghreb est très faible. L’Uma vit au rythme de cette opposition sur le Sahara occidental. Les échanges intrarégionaux sont inférieurs à 5%. Outre la fédération algérienne, les deux géants ne se sont pas officiellement prononcés sur l’idée d’une candidature du Magreb.
    De l’aveu du secrétaire général de l’Uma, «le sport pourrait être le vecteur d’une union maghrébine plus forte». Le député tunisien Riadh Jaidane, lui, estime que, seul, le Maroc n’a aucune chance. Surtout qu’il pourrait se heurter à un trio redoutable «Urugay-Argentine-Paraguay».

    Face à cela, Pascal Boniface assure que «la candidature par excellence serait une candidature maghrébine associant d’autres pays de la région». Le ballon rond adoucirait-il les mœurs diplomatiques ?
    La candidature l’Amérique centrale qui vient de remporter l’organisation de la coupe du monde 2026 parle aux pays de l’Afrique du Nord. S’ils veulent accueillir une coupe du monde dans leur région, il n’y a pas de solutions miracles sinon de taire les antagonismes s’étant toujours avérés contreproductifs. Les retombées économiques de l’organisation d’une coupe du monde pourraient en être le ciment suffisamment séduisant.

    Même si des officiels marocains brandissent déjà le soutien acquis du Qatar lors d’un coup de fil entre l’émir et le Roi Mohammed VI dès le 13 juin, il est difficile de ne pas songer au scénario de 2026. Si tôt défait, si tôt en scelle ? Lorsqu’on sait que la probable candidature d’Amérique latine peut faire mal. Elle a l’atout du marketing sportif. Juste au travers des anciennes gloires toujours restées populaires. Sur le plan financier, ce sont des pays qui pourront compter sur un certain nombre de facilités.

    Il y a donc matière pour le Maghreb de mieux se déployer. Quand on sait que sur le plan géographique, le Maghreb est fortement avantagé. La région ne dispose d’un fuseau horaire proche de l’Europe, le plus gros investisseur de la Fifa en matière de droits de diffusion. Le Maghreb n’a qu’une heure de décalage. La passion pour le foot est bien entrée et les pays sont ouverts sur le monde à travers le réseau aérien et maritime. Grâce au tourisme de masse, l’infrastructure hôtelière n’est pas très en retard. Enfin, une candidature conjointe permettrait de mieux amortir les dépenses d’investissement. Pour la seule candidature de 2016, le Maroc a chiffré son budget à 15 milliards de dollars. Pourtant rendu à sa 5ème proposition d’organisation.

    Epines

    L’UMA compte 5 pays que sont : l’Algérie, la Lybie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. L’inquiétude la plus forte est celle de la sécurité. Située en amont de la région sahélienne, l’Uma est très inquiétée par le phénomène d’intégrisme et de radicalisation. La Lybie est une poudrière permanente depuis bientôt près d’une décennie. Ce pays alimente le corridor du crime en Afrique subsaharienne. Au Maroc et en Algérie, des cellules dormantes peuvent surgir. C’est le cas de l’attaque au couteau dans une mosquée de Casablanca en mai dernier, ou encore de l’attentat à la voiture de 2017. En juillet 2015, sur une plage de Rabat, des baigneurs avaient été dépouillés par des hommes armés de sabres et de couteaux. En Algérie, la prise d’otages d’In Amenas en 2013 est toujours dans les esprits. Loin d’être des obstacles naturels, ces problèmes de sécurité devraient pour voir trouver solutions.

    Zacharie Roger Mbarga

     

  • Sommet de l’Union africaine: Les dossiers sur la table des chefs d’Etat

    Sommet de l’Union africaine: Les dossiers sur la table des chefs d’Etat

    Bien que placée sous le thème de la lutte contre la corruption, la 31e édition de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement du continent planchera sur quatre sujets majeurs: le projet de réforme institutionnelle de l’UA, la zone de libre-échange continentale, les relations ACP-UE post 2020, le budget 2019 de l’organisation continentale. Décryptage.

    Les responsables de la réforme institutionnelle de l’UA.

    Les assises des chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union africaine (UA) se dérouleront en Mauritanie les 1er et 2 juillet 2018. Elles seront précédées par les travaux du conseil exécutif (28-29 Juin) et du comité des représentants permanents (25-26 Juin). Le sommet est placé sous le thème «vaincre la corruption: une voie durable pour la transformation de l’Afrique». Le président nigérian Muhammadu Buhari, leader désigné pour la promotion du thème de l’année 2018 exposera les acquis et défis de la lutte contre cette gangrène aux niveaux continental et régional. Cette présentation ouvrira le bal d’un ensemble de communications.

    Paix et la sécurité

    En matière de paix et de sécurité, trois temps forts seront scrutés. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA présentera son rapport sur l’état de la paix et de la sécurité en Afrique. Sur ce sujet, la présentation du rapport sur la mise en œuvre de la feuille de route des démarches pratiques pour faire taire les armes en Afrique en 2020 par cette instance est très attendue. Lors d’un précédent sommet, les chefs d’Etat ont instruit sa préparation pour y voir clair.

    Le dernier mouvement de cette rubrique sera consacré au Sahara occidental. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, va exposer son rapport sur cette épineuse question. Il se penchera sur le dernier rapport du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies sur le sujet, la prolongation de la mission onusienne sur le referendum au Sahara occidental (Monurso) et les négociations en cours. L’Onu vient de consacrer la participation aux négociations des pays tiers ayant une influence sur le problème, en l’occurrence l’Algérie.

    Agenda 2063

    Le sommet sera aussi l’occasion pour les chefs d’Etat de faire le point sur le projet de réforme de l’organisation panafricaine. La commission des 15 ministres africains des finances a rendu son verdict sur les consultations liées au financement de l’UA. L’arbitrage des chefs d’Etat est attendu sur la diminution du nombre de sommets par an et la mutation du Nepad en agence de développement. Le sujet le plus délicat est le renforcement de la position du président de la Commission de l’UA, qui, à défaut de nommer pourrait désormais valider les candidatures des commissaires. Le président Rwandais, Paul Kagame, président en exercice de l’UA et leader de la réforme de l’organisation continentale, va exposer à huis clos sur le sujet. Un rapport assorti de recommandations concertées est attendu.

    Après l’enregistrement de quatre dépôts d’instruments de ratification, la zone de libre-échange continentale (Zlec) est à nouveau à l’ordre du jour des préoccupations des chefs d’Etat et de gouvernement. Le président nigérien Mahamadou Issoufou, porte – étendard de la Zlec, va présenter l’état des lieux à ses homologues. Il les informera de l’avancée des négociations de la seconde phase qui concerne l’érection des protocoles additionnels à l’acte constitutif sur la politique de concurrence, les droits de propriété intellectuelle, l’investissement et la circulation des personnes d’affaires. Ce sera surtout l’occasion de lever les équivoques qui pèsent sur la non- signature et la non- ratification par certains Etats.

    La dernière communication du président de la Commission portera sur la position africaine commune sur les relations ACP (Pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) avec l’Union européenne (UE) après 2020. L’accord de Cotonou censé durer 20 ans arrive à expiration. L’UE a déjà fait valoir le nouveau format de déploiement. Il sera adossé sur les ensembles régionaux. Le rapport de Moussa Faki Mahamat proposera aux chefs d’Etat africains des pistes pour adopter une position concertée à l’effet de transmettre des contre-propositions.

    Budget et nominations

    Le budget de l’exercice 2019 sera examiné et adopté. Celui de l’exercice 2018 s’élevait à près de 650 millions de dollars (366 milliards de francs CFA). Le nouveau budget est plafonné à 800 millions de dollars. Ceci est dû à «l’embellie économique et financière des Etats», indique le projet d’ordre de jour de l’institution.

    Le personnel des institutions spécialisées connaitra un mouvement. Avec la nomination de quatre juges de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples; cinq membres du Conseil de l’Union africaine pour le droit international ; quatre membres du Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant et du vice-président du Conseil de l’Université panafricaine (UPA).

     

    Elargissement de la CEDEAO

    La CEA ouvre la réflexion

    La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique réunit une palette d’acteurs pour des discussions profondes, fécondes et dépassionnées sur les implications socioéconomiques et culturelles réelles des nouvelles adhésions dans cette communauté économique régionale.

    Afin de lever les contraintes et relever les défis relatifs à l’adhésion de certains pays d’Afrique du Nord à la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), la CEA réunit cette semaine, du 25 au 26 juin 2018 à Cotonou, les experts des Etats-membres, les représentants des Communautés économiques régionales et des Organisations intergouvernementales de l’Afrique de l’ouest, le secteur privé et la société civile. Les experts du commerce extérieur, des questions douanières et de l’intégration dans les ministères en charge du commerce et ceux en charge de l’économie et des finances sont principalement ciblés au niveau des pays.

    L’élargissement de la CEDEAO est un chantier majeur, selon la CEA. La réunion ad-hoc du groupe d’experts permettra aux participants d’examiner les implications économiques en termes de flux commerciaux et de recettes publiques, d’identifier et de discuter les principaux défis et enjeux pour la CEDEAO et les pays candidats à l’adhésion. La réunion ad-hoc va formuler des recommandations pour un élargissement économiquement et socio – économiquement avantageux pour les différentes parties et surtout pour l’effectivité de la zone de libre-échange continentale (Zlec).

    Selon, Dimitri Sanga, directeur de la CEA pour l’Afrique de l’ouest, «Alors que l’Afrique s’engage résolument sur la voie de la mise en œuvre de la Zlec, nous sommes en train de franchir une étape importante de la création de la Communauté économique africaine telle que prônée par certains pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). C’est le cas des demandes en cours d’élargissement potentiel de la CEDEAO. Nous sommes convaincus que les experts de l’Afrique de l’ouest vont donner des pistes de solutions pour mener à bien tous ces chantiers qui sont censés nous mener vers l’intégration de la sous-région et du continent dans son ensemble».

    Zacharie Roger Mbarga

    ‘’Les reformes doivent se poursuivre’’ 

    Daniel Ona Ondo

    On a du mal à convaincre nos ministres des finances de financer la Cemac. Ils se disent, «à quoi sert cet argent?» Je puis vous rassurer aujourd’hui, nous utilisons le franc que nous recevons pour faire en sorte qu’il y ait des projets intégrateurs

    Le président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) fait le point des avancées du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-CEMAC).

     

    Monsieur le président, quelles sont les principales avancées observées au niveau du Pref-Cemac depuis le sommet des chefs d’Etat du 23 décembre 2016?
    Nous nous sommes réunis pour la cinquième édition d’évaluation du Pref-Cemac ce vendredi 22 juin 2018. Comme vous le savez, le Pref-Cemac a été créé par les chefs d’Etat à la suite des décisions qui ont été prises en 2016. Je crois qu’ils ont bien été inspirés de créer le Pref-Cemac, pour redresser la situation économique de nos pays. Il y a eu des avancées considérables parce que tous les pays ont fait un ajustement réel. Ils ont revu leurs dépenses et ils ont essayé d’augmenter leurs recettes. En matière d’ajustement financier et monétaire, des décisions importantes ont été prises au niveau de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).

    Aujourd’hui, nous sommes heureux de constater qu’en matière de couverture extérieure, nous avons des réserves qui vont au-delà de deux mois. Au niveau des reformes structurelles, je pilote ce dossier avec le Pref-Cemac. Avec le Fodec, nous avons des reformes structurelles qui sont en place et nous avons des reformes qui vont dans le même sens, faire en sorte qu’il y ait des projets intégrateurs. Les gens ne croient pas à l’intégration parce qu’ils ne voient pas les résultats d’intégration. Donc tout va dans le bon sens. Il y a lieu de ne pas perdre espoir. Nous allons continuer.

    Vous savez que sur les six pays de la sous-région, quatre ont signé des accords avec le Fonds monétaire international (FMI), pour trois ans. Ils bénéficient des ressources financières. Deux sont en phase de signer. La Guinée Equatoriale, qui va avoir un programme de référence et la République du Congo qui est aussi en phase de signer. Tout ne va peut-être pas dans le meilleur des mondes, mais tout va dans le bon sens. Je puis vous rassurer que nous avons fait du bon travail. Nous avons des embellies aujourd’hui. Des recettes pétrolières sont en train d’augmenter, donc nous disons aux Etats «ce n’est pas le moment de relâcher l’effort».

    Il faut continuer les reformes structurelles. Il faut continuer le travail. Il ne faut pas se dire qu’on a des recettes. Je crois que ces recettes doivent permettre de régler notre endettement et faire des projets intégrateurs qui permettent à nos pays de connaître une croissance importante. Aujourd’hui, la croissance est au rendez-vous par rapport à l’année dernière, où la croissance était négative. Nous en sommes heureux. Nous allons rendre compte aux chefs d’Etat pour dire que les dossiers qu’ils nous ont confiés vont dans le bon sens.

    Peut-on avoir une idée des discussions que vous avez eues avec les responsables des compagnies qui exploitent nos ressources naturelles ?
    Le principe est simple : les compagnies sont tenues de rapatrier les recettes d’exploitation conformément aux règlements que nous avons édictés, même s’il y a libre convertibilité au niveau de la zone franc. Elles doivent transférer les réserves. Ça nous arrangerait parce que ça nous permettra de conforter les réserves de change dans la sous-région. Maintenant, vous savez que nous sommes des éducateurs. Il faut des gens pour passer le message.

    Que des gens sachent qu’il y a une loi qui existe. Il faut qu’ils se conforment à cette loi. Avant de passer à la phase répressive, il faut que des gens soient informés des lois qui existent dans nos Républiques, qui font obligation aux acteurs économiques de rapatrier leurs recettes. Bien sûr, ils ont signé certaines conventions avec nos pays. Dans ces conventions, ils ont la possibilité de garder certaines recettes de change pour le fonctionnement régulier de ces entreprises. Nous avons regardé tout ça. Nous avons discuté entre nous pour édicter des mesures qui permettent de ne plus signer ce genre de conventions qui pénalisent nos pays.

    …Tout ne va peut-être pas dans le meilleur des mondes, mais tout va dans le bon sens. Je puis vous rassurer que nous avons fait du bon travail. Nous avons des embellies aujourd’hui. Des recettes pétrolières sont en train d’augmenter, donc nous disons aux Etats «ce n’est pas le moment de relâcher l’effort». Il faut continuer les reformes structurelles…

    Il y avait au programme de la dernière session du Pref-Cemac l’amélioration du cadre des affaires, la diversification des économies des pays membres de la Cemac. A quel niveau en sommes-nous ?
    C’est une question fondamentale. Vous savez, nos économies ont en partie d’être mono producteur de pétrole. Naturellement, quand le prix du pétrole baisse, nous allons vers le bas. Aujourd’hui, nous essayons de faire en sorte que les économies soient diversifiées. Il y a des économies qui ont déjà fait un gros effort de diversification. Le pays dans lequel nous nous trouvons [Cameroun] est mieux diversifié que tous les autres de la sous-région.

    Ces réformes doivent se poursuivre. Nous mettons un accent dessus. Au niveau de la Commission, on améliore la communication pour faire en sorte que l’intégration soit acceptée par tout le monde parce que plus on est nombreux, mieux ça vaut. Nous avons des économies de petites dimensions. Dans la sous-région, je pense que nous sommes à 40 millions d’habitants. Vaut mieux qu’on produise pour 40 millions pour avoir des économies d’échelle. Donc la diversification est au centre des préoccupations de nos Etats.

    Et pour ce qui concerne l’amélioration juridique et l’attractive des différentes économies ?
    C’est normal. On ne peut pas attirer des investisseurs avec le bâton. Il faut créer un cadre qui soit adapté. Donc il faut créer un environnement qui améliore le cadre des affaires. Au niveau de la Commission, nous sommes en train de voir le problème de partenariat public-privé, qui permettrait de concilier le public et le privé dans un cadre organisé. C’est une piste qui est là. Nous faisons en sorte que les lois ne soient pas des lois qui empêchent aux entreprises de pouvoir s’implanter. C’est dans l’intérêt de nos économies.

    Je profite de l’occasion pour remercier les autorités camerounaises pour ce qu’elles font afin qu’on puisse avoir un cadre agréable pour pouvoir discuter. C’est la deuxième ou la troisième fois que nous tenons une réunion du Pref-Cemac ici, et les conditions de travail sont toujours agréables. Je remercie la presse qui fait en sorte que notre voix soit mieux entendue. Parce que souvent, moi, là où je me trouve, on a du mal à convaincre nos ministres des finances de financer la Cemac.

    Ils se disent, «à quoi sert cet argent?» Je puis vous rassurer aujourd’hui, nous utilisons le franc que nous recevons pour faire en sorte qu’il y ait des projets intégrateurs. Pour le Pref-Cemac, nous avons eu plus de dix milliards pour créer des projets. Nous avons des études qui sont déjà lancées aujourd’hui, qui permettront à terme, de financer certains projets intégrateurs dans la sous-région.

    Monsieur le président, où en sommes-nous avec la libre circulation dans la zone Cemac ?
    La libre circulation est effective. Si vous allez dans des aéroports, vous allez y trouver des points de passage de la Cemac, comme en France il y a des points de passage de l’Union européenne. La libre-circulation a été actée par les chefs d’Etat à la conférence de Ndjamena. Donc elle est effective. Il y a eu un petit problème. Je crois que c’est à cela que vous faites allusions. Nous sommes en train d’y remédier. Je crois qu’il faut éviter d’invectiver les Etats. Ce sont ces Etats qui ont accepté la libre circulation. Je crois qu’il y a une avancée considérable de l’intégration sous-régionale. Et effectivement, il y a encore des scories, il y a encore des petits problèmes.

    Il faut éduquer les gens. Que les Camerounais ne soient pas mal vus au Gabon, qu’un Gabonais ne soit pas mal vu en République Centrafricaine, qu’on s’accepte mutuellement. Au niveau de la Cemac, nous avons mis de l’argent au niveau d’Interpol pour faire des passeports sécurisés. Nous allons faire en sorte que des points de passage soient sécurisés. C’est un travail à faire. Ça ne se fera pas du jour au lendemain parce que là aussi, il faut qu’on travaille nos mentalités. Qu’on accepte de vivre ensemble. Ça s’est fait en Afrique de l’ouest, il n’y a pas de raison que ça ne se fasse pas en Afrique centrale. Il y a des pays qui ont déjà des passeports Cemac. Nous faisons en sorte que tout le monde puisse disposer d’un passeport Cemac.

    Propos recueillis par
    Didier Ndengue

  • La CEEAC saisie d’un projet de déstabilisation régionale

    La CEEAC saisie d’un projet de déstabilisation régionale

    Une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a séjourné à Bujumbura au Burundi le 8 juin dernier.

    Pierre Nkurunziza et les émissaires de la CEEAC.

    Conduite par Manirakiza Tabu Abdallah, secrétaire général-adjoint de l’organisation sous régionale, la délégation avait pour mission originelle de présenter l’état d’avancement des différents projets et programmes en cours aux autorités burundaises. Notamment la route bitumée – Kisangani – Bujumbura – Kampala. Mais sur place, elle a été saisie d’un projet de déstabilisation régionale ou projet Reynders/ Soros – Mo Ibrahim/Katumbi-Bemba.

    A en croire les autorités burundaises, ce projet serait une des manifestations de la guerre géopolitique dans la région des Grands lacs et opposerait les Occidentaux (ex- Colons et néo-colons) à la Chine. Bujumbura pense même que la pomme de discorde serait la poursuite du projet One Belt One Road (OBOR) initié par la Chine. Encore appelé nouvelle route de la soie, le projet OBOR, qui implique plus de 64 pays de l’Océan indien à la Méditerranée, avec plusieurs points d’ancrage en Afrique, notamment au Kenya. Il s’agit de la construction d’un vaste corridor maritime pour le commerce.

    L’agence d’information burundaise, Burundi Africa Generation, informe que «le président a informé l’Union Africaine, l’East African Community (EAC), la CIRGL, et la CEEAC de l’agression qu’il subit de la part du Rwanda, abritant les forces négatives occidentales (envers le Burundi et la RD Congo)». Et d’ajouter, «le Burundi n’ayant aucun retour des ensembles régionaux saisis au sujet de ce projet de déstabilisation régionale qui a pour base Kigali (Rwanda), il a opté de se tourner ces dernières semaines vers une diplomatie menée par la Chine et la Russie».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Forte demande des liquidités en zone Cemac

    Le nouvel indicateur du besoin de liquidités est le taux de souscription à la récente adjudication de la Beac. Les adjudications de liquidités sont des ventes de liquidités par l’autorité d’émission territorialement compétente. C’est surtout un mécanisme de refinancement par le marché monétaire des établissements de crédit.

    Le taux de couverture de la monnaie (la capacité des pays à couvrir leurs importations par leurs revenus d'exportations) a connu une évolution séquencée en zone Cemac tout au long de l’année.
    Le siège de la BEAC

    En effet, le 12 juin dernier, la banque centrale des Etats de la Cemac a émis sur le marché financier sous-régional des obligations de liquidités par voie d’adjudication. Le montant était plafonné à 285 milliards de francs CFA. Le taux d’intérêt maximum était de 2,95%. Et la durée des souscriptions d’une semaine. Mais en 24 heures, les acteurs du marché financier de la Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) ont massivement souscrit aux liquidités à hauteur 357,04 milliards de francs CFA. Soit un taux de souscription de 125,28%. Ce qui fait une demande supplémentaire de 72 milliards de francs CFA.

    Ce record traduit un certain tarissement de liquidités sur le marché financier, notamment pour les établissements de crédits (banques et assurances). Conclusion: les économies de la sous-région Afrique centrale ne sont pas financées de manière optimale. C’est pour y remédier que la Beac a mis en place en 2017 un dispositif d’apport de liquidités en urgence, spécialement dédié aux banques en difficulté dans la zone Cemac. Le but final est de permettre aux établissements de crédit jugés solvables de faire face aux tensions temporaires de liquidités pouvant affecter la stabilité financière de la sous-région.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Le Gabon prié d’accélérer ses projets intégrateurs

    Le Gabon prié d’accélérer ses projets intégrateurs

    La Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et le Gabon reprennent langue sur la situation des infrastructures transfrontalières qui bordent le pays.

    Le secrétaire générale adjoint en charge de l’intégration physique, économique et monétaire, Marie-Thérèse Chantal Mfoula, vient de deviser sur la relance de ces projets avec le ministre gabonais de l’Equipement, des Infrastructures et des Mines, Christian Magnagna. Le Gabon concentre à ses frontières un réseau routier transfrontalier important ouvert sur plusieurs pays de la sous-région. La construction de plusieurs corridors routiers avait déjà été entamée.

    Pour la CEEAC, la reprise des projets intégrateurs est urgente car le renforcement de l’intégration et des échanges entre ses Etats l’est encore plus. De manière concrète, les projets qui préoccupent la CEEAC sont les suivants : l’aménagement de la route Ndendé-Dolisie, la facilitation du transport sur le corridor Libreville-Brazzaville, la construction des routes Kougouleu-Medouneu, Oyem-Assok-Medzeng-Poste frontière avec la Guinée équatoriale et Franceville-Boumango-Poste Frontière avec le Congo.

    Situation actualisée
    Il ressort des échanges entre les deux officiels que les projets, pour la plus part, ont déjà des memoranda d’entente signés. Ils sont également rendus à l’étape cruciale et difficile de la recherche conjointe de financements pour leur exécution. Certains ont des accords de prêts avec la Banque africaine de développement. La CEEAC, quant à elle, observe pour le regretter que, ces composantes ne sont pas encore exécutées du côté gabonais. «Les raisons n’ont pas été dévoilées» informe le site internet Le Nouveau Gabon.

    Les chantiers routiers transfrontaliers évoqués font partie du portefeuille de projet du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (PDCT-AC). Ils visent l’interconnexion des capitales des pays membres et la fluidité de la circulation entre celles-ci. Pour Marie-Thérèse Chantal Mfoula, «la CEEAC reste disposée à accompagner ses Etats membres dans leurs projets de développement, notamment ceux frontaliers». Le ministre gabonais de l’Equipement et des Infrastructures réitère l’engagement du Gabon à contribuer à doter «la sous-région d’un système de transport fiable et efficace, permettant de promouvoir l’intégration régionale, de faciliter l’accès aux marchés intra-régionaux et extérieurs, tout en améliorant la compétitivité des produits».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Stabilité extérieure : la Beac sur le bon cap

    Stabilité extérieure : la Beac sur le bon cap

    Le 15 juin 2018, le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) et la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) se sont réunis au siège de l’institution de Bretton Woods à Washington D.C. (Etats – Unis).

    Il était question d’avoir «une discussion ouverte et cordiale sur les progrès de la stratégie adoptée par la Beac et la Cobac pour soutenir les efforts d’ajustement entrepris par les Etats membres de la Cemac en réponse à la forte baisse des prix du pétrole de 2014».

    A l’évaluation, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, «note avec satisfaction les réformes importantes conduites par la Beac et la Cobac et leur engagement constant pour une politique résolue, essentielle au succès des programmes soutenus par le FMI dans les pays de la Cemac». Elle invite par ailleurs toutes les parties prenantes (les Etats, les institutions communautaires et les bailleurs de fonds) à maintenir le cap.

    L’institution de Bretton Woods insiste ainsi sur l’impérieuse nécessité pour les autorités nationales des pays de la Cemac de restaurer la soutenabilité interne et externe de leurs économies respectives et de la région Cemac. Cela passe par l’atteinte des objectifs budgétaires arrêtés dans le cadre des programmes soutenus par le FMI. Ces efforts continus des pays, soutenus par des politiques appropriées des institutions régionales, devraient permettre une accumulation supplémentaire de réserves régionales et renforcer ainsi la position extérieure régionale.

    La suggestion du FMI est la poursuite rigoureuse d’une politique monétaire plus stricte, l’élimination du financement direct des budgets, la continuation des réformes pour renforcer et moderniser la gouvernance et les opérations de la banque centrale, le maintien nécessaire des politiques de soutien de la Beac. Le renforcement de la stabilité du secteur financier est également à accroitre. Tous ces efforts vont contribuer à stopper la baisse des réserves officielles.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Mondial 2026 : la realpolitik et le foot-business contre l’Afrique

    Mondial 2026 : la realpolitik et le foot-business contre l’Afrique

    Vraisemblablement en 2018, Maroc et Coupe du monde de football ne font pas bon ménage.

    Le 13 juin, le Royaume chérifien perd l’organisation du mondial 2016 au profit du trio nord-américain: Canada, Mexique et Etats-Unis. Le 20 juin, suite à une seconde défaite d’affilé, le Maroc est éliminé de la coupe du monde de football 2018. Une sacrée douche froide en l’espace de sept jours. Rabat a encore le masque. Même Hervé Renard, sélectionneur de l’équipe nationale marocaine, a des larmes aux yeux !

    Le positionnement de la candidature «Maroc 2026» était-elle africaine, Arabe ou Marocaine? Sur cet échiquier censé être un réservoir de voix pour le Royaume chérifien, des défections sérieuses étiolent le poids de l’ambition marocaine. Au final, sur 203 associations réunies à Moscou au congrès de la Fifa, 65 fédérations votent en faveur de «Maroc-2026». 134 soutiennent «United 2026». Il y a trois abstentions (Cuba, Slovénie et Espagne) tandis que l’Iran rejette les deux candidatures. Ce vote est l’expression réelle des relations internationales telles qu’elles se présentent aujourd’hui.

    Realpolitik

    Qui ne se rappelle pas du tweet du Premier ministre libanais Saad Hariri le 9 avril dernier? En compagnie de Mohammed VI, Roi du Maroc et du Prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Salman, ce selfie en tenues décontractées affiche une complicité des trois hommes à Paris. On évoque la nouvelle génération des leaders dans le Moyen – Orient. En Afrique, l’offensive géo-économique marocaine se traduisant par des investissements et accords de coopération économique multiformes lui ont facilité une (ré)adhésion à l’Union africaine.

    Mais face à la télécommande, le réalisme a repris le dessus. Liban, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis votent pour la candidature atlantique. En Afrique, onze défections sont enregistrées. La plus grande défection vient de la partie australe du continent sous la conduite de l’Afrique du Sud. Cette inimitié est profonde sur le politique (Sahara occidental), mais aussi le sportif (rivalités et contentieux sur l’attribution du mondial 2010). Au final, le Benin, le Cap vert, la Guinée, le Libéria, le Lesotho, le Mozambique, le Namibie, la Sierra Leone, l’Afrique du sud, le Zimbabwe et le Botswana ont rallié le trio de l’Alena.
    Le tweet du 27 avril 2018 du président américain y serait pour quelque chose? Dans son canal de communication favori, Donal Trump prévient que «ce serait dommage que les pays que nous avons toujours soutenus fassent campagne contre la candidature nord-américaine.

    Pourquoi soutiendrions-nous ces pays quand ils ne nous soutiennent pas ?» Le Maroc n’a-t-il pas été naïf de ne songer qu’à la programmation ? Naïf de laisser reposer son sort sur la passion du foot ? Alors que les USA ont fait campagne sur les intérêts politiques et économiques des Etats auxquels appartiennent les fédérations. Le pays de Mohammed VI aurait peut être gagné à faire campagne sur les frustrations internationales de la nouvelle présidence américaine. Qui, au sein même du trio organisateur, s’illustrent en construction de mur (frontière avec le Mexique) et dénonciation des accords préférentiels de coopération économique.

    Foot-business

    Regardons les choses en face! Les récentes mutations de la Fifa, marquées par l’éviction de Sepp Blatter, sont toujours attribuées aux frustrations américaines. Disposant de deux voix, le président de l’instance faitière du football mondial aurait soutenu la candidature nord-américaine. Par ailleurs, il est connu que la coupe du monde 2026 sera la première à se jouer à 48 équipes. Soit 50% de délégations en plus que les éditions actuelles. Et au niveau infrastructurel, le trio de «United 2026» est de loin le plus loti. Lorsque le Maroc fait simplement des promesses d’investissements dans les stades, les hôpitaux, hôtels et routes.

    Pour l’attribution de ses compétitions, la Fifa est outre regardante sur les bénéfices (droits de retransmission, sponsors, ventes des billets…) Selon Pascal Boniface, spécialiste de la géopolitique du sport, «Infantino a milité pour la candidature des États-Unis à la coupe du Monde 2026 pour sa plus grande rentabilité. Il espère aussi que la justice américaine et le FBI seront plus cléments envers la Fifa, pardonnant l’affront de 2022. C’est quand même bizarre de voir les Etats-Unis co-organisés une Coupe du Monde avec la frontière de laquelle ils veulent construire un mur pour que les mexicains ne passent plus, et avec un autre qu’ils insultent. C’est déjà un trio un peu curieux !»

    Et si cet échec était celui de la Confédération africaine de football (Caf) ? Qui n’aurait pas su fédérer ses membres ? On n’en saura jamais assez. Il faut cependant saluer le courage et l’œuvre du Maroc dont la candidature a connu des soutiens de poids. Des pointures du football ont adoubé les efforts de «Maroc 2026», c’est le cas du Brésil, de la France, de l’Italie et de la Belgique. D’autres plus symboliques pour le poids géopolitique ont été encourageantes comme la Chine et la Palestine. Le Maroc a d’ores et déjà annoncé sa candidature pour l’organisation du mondial 2032. Qu’il sache tirer les leçons de ses échecs russes.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Migrations intracontinentales: Une manne ignorée !

    Migrations intracontinentales: Une manne ignorée !

    Prise en otage par une vision pessimiste et fantasmée du phénomène migratoire venant de l’occident, l’Afrique échoue à capitaliser les opportunités du phénomène migratoire sur le continent. 

    Graphique 1

    Selon les chiffres du département des affaires économiques et sociales de l’Onu, on comptait environ 258 millions de migrants internationaux dans le monde en 2017, soit quelque 3,4% de la population mondiale. Les migrations Sud-Sud ont représenté 38% des flux migratoires soit un peu plus 98 millions de personnes. Et les migrations Sud-Nord, seulement 35 %, soit un tiers du total. Ce sont pourtant les mouvements Sud-Nord qui attirent le plus l’attention.

    L’Afrique n’échappe pas à ce complexe mondial alors que ce sont les migrations intra-africaines qui sont les plus importantes. Selon le rapport 2018 de le Conférence des nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), 25 millions d’africains se sont déplacés à travers le continent en 2017 (voir graphique 1). Alors que les migrations extracontinentales (hors du continent) ne concernent que 13 millions d’Africains. Et 5,5 millions d’étrangers ont migré vers l’Afrique.

    Main d’œuvre

    L’étude de la Cnuced va clairement à contre-courant d’une vision pessimiste du phénomène migratoire, vision qui souligne habituellement des problèmes majoritairement fantasmés de non assimilation, de perte d’emplois, de lutte entre immigrants et nationaux pour les ressources publiques, de déséquilibres des systèmes de santé et de protection sociale, de frictions culturelles… Pour la Cnuced, les migrants économiques représentent 85% de la migration intra-africaine. Les réfugiés et les migrants climatiques constituant les 15% restant.

    Dans l’Afrique d’aujourd’hui, les migrants économiques sont principalement des jeunes, dont un grand nombre de nouveaux arrivants sur le marché du travail. L’âge médian des migrants africains était de 31 ans en 2017. Les compétences sont un aspect très important de la migration économique contemporaine en Afrique. Par leurs qualifications d’origine ou de fortune, la ressource humaine issue de l’immigration, répond à l’appel des secteurs économiques phares de certains pays pour lesquels la main-d’œuvre se tarit (voir graphique 2).

    Graphique 2

    Les estimations montrent que les migrations intra-africaines sont bénéfiques à la transformation structurelle dans les pays de destination. A titre d’illustration, une augmentation de 1 % du nombre d’immigrants peut être associée à une hausse de 0,26 à 0,43 % de la valeur ajoutée manufacturière (Cnuced 2018). La hausse de leurs rémunérations les fait également contribuer à la hausse de la consommation locale, et à la contribution fiscale (taxes et impôts) à l’économie nationale. L’immigration joue un rôle prépondérant dans l’accroissement de la productivité à travers un impact dans les secteurs tels que l’agriculture, la construction, les industries extractives, l’industrie manufacturière, le commerce des services (Voir graphique 3).

    Au-delà de tout, les migrations économiques contribuent à la hausse du pouvoir d’achat des ménages. Et en cela, elles sont un vecteur non négligeable de lutte contre la pauvreté. «Se pourrait-il que nous soyons passés à côté d’un phénomène de fond structurant les économies africaines ?», interroge à juste titre Ibrahim Mayaki. Le secrétaire exécutif de l’Agence de planification et de coordination du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), regrette qu’«à force de focaliser le débat sur les migrations extracontinentales et leurs incidences sur les relations entre les pays africains et leurs partenaires, nous en avons oublié que la majeure partie des migrations originaires d’Afrique sont des migrations intracontinentales».

    Moteur du commerce

    Le défi à relever est de la responsabilité des États. Certains ont déjà commencé à adapter leur législation pour accompagner ce mouvement. D’autres n’ont pas encore compris les bénéfices qu’ils pourraient en tirer. La Zone de libre-échange continentale (ZLEC), le protocole sur la libre circulation des personnes, du droit de résidence et d’établissement et le passeport panafricain vont dynamiser les effets positifs de cette mobilité par le truchement du marché unifié continental, grâce à l’harmonisation des normes, la disparition des barrières douanières, la libre circulation des personnes et des capitaux.

    Ibrahim Mayaki pense d’ailleurs que «l’intégration par le travail est accélérée pour les migrants sur un marché qui leur permet de développer des compétences auxquelles ils n’auraient pas eu accès dans leurs pays d’origine. Les paysans burkinabè possédant de faibles compétences ont pu en gagner de nouvelles et accéder ainsi à des fonctions mieux rémunérées que s’ils étaient restés chez eux. C’est d’ailleurs grâce à cette montée en compétences que les équilibres macroéconomiques, loin d’être déstabilisés par l’arrivée de nouvelles populations, en sont renforcés dans le pays d’accueil, comme dans le pays d’origine. Ceci est une incitation et un message pour certains pays africains qui sont encore trop frileux dans leur gestion de la migration africaine».

    Zacharie Roger Mbarga

    Graphique 3
  • ‘’La poste survivra…’’

    ‘’La poste survivra…’’

    Younouss Djibrine

    Même les pays champions du libéralisme n’ont pas ouvert leur marché avant de l’avoir encadré

    Le Camerounais est depuis bientôt six ans à la tête du secrétariat général de l’Union panafricaine des postes (Upap). Du haut d’une quarantaine années d’expérience, il croit en la résurrection du secteur dans la sous-région Afrique centrale. Diagnostic et prescription. 

     

    Quel état des lieux dressez-vous de l’environnement de la poste en Afrique ?
    A l’image de la poste mondiale, la poste africaine est à la croisée des chemins. Car depuis une vingtaine d’années, on assiste en même temps à une baisse continue de l’activité de courrier traditionnel et à une croissance exponentielle des colis. Cette dernière activité était pratiquement morte il y a 20 ans. Ceci est dû à l’explosion du commerce électronique.

    Ce qui prouve que la poste n’a plus le monopole de la communication. Victime de la libéralisation imposée, la poste a été laissée aux oubliettes volontairement pour les partenaires au développement mais inconsciemment pour les gouvernements africains. Non seulement les réformes économiques engagées dans nos Etats africains ne lui ont pas prévu un cadre de déploiement de ses activités, mais on a cessé d’y investir. Conséquence le réseau postal africain est vétuste.

    La double concurrence que subit la poste africaine est une autre pesanteur. Il s’agit de la technologie et des acteurs privés. Mais pour moi, la technologie ne peut être vue comme de la concurrence. Ce n’est qu’un outil qui peut améliorer les services. Pour ceux qui est des acteurs privés, ils sont certes venus dans un marché concurrentiel mais les postes publiques africaines n’étaient pas prêtes à cette ouverture. On n’a pas aménagé des cadres règlementaires, on n’a pas modernisé l’outil de production, on n’a pas procédé au renforcement des capacités des ressources humaine. La concurrence privée a donc profité de cette situation.

    Toutefois, il y a eu des réactions. Tout le monde n’est pas dans une situation morose. De manière générale, beaucoup d’initiatives émergent dans les pays africains permettant de croire qu’il y a une prise de conscience. Pour que la poste reprenne sa place de facilitateur des échanges et des communications entre les hommes.

    En Afrique, de grosses multinationales exercent une forte concurrence sur les entreprises nationales. Ne faudrait-il pas y répondre ?
    Toutes les postes publiques font partie du réseau postal mondial regroupé au sein de l’Union postale universelle (Upu) qui est une institution spécialisée des Nations unies en charge des services postaux dans le monde. C’est une institution intergouvernementale car ce sont les Etats qui en sont les membres fondateurs. L’article premier de la convention créant l’Upu énonce que tous les pays membres constituent un seul territoire postal. Un courrier est déposé dans un pays A, il transite dans un pays B et est distribué dans un pays C.

    Tous gouvernés par une même convention. Dans ce territoire, il y a des provinces ou des régions que sont des pays industrialisés qui trouvent un malin plaisir à faire de la concurrence déloyale à d’autres démembrements de ce territoire. Des filiales de postes publiques étrangères sont en effet présentes sur le sol africain. On peut évoquer DHL (Allemagne), Chronopost (France), TNT (Hollande).

    En fait l’Upu a mis sur pied en 1989 un service express universel appelé EMS (Express Mail Service). Chaque pays à travers les opérateurs publics disposait du monopole de son application sur son territoire. Très vite, les opérateurs privés ont été mis à mal. En Europe, plusieurs se sont fait racheter par les postes publiques (DHL, TNT et Chronopost).Ces opérations de rachat ont permis à ces nouveaux mastodontes de sortir de la marque EMS et de se positionner comme collecteur de courrier dans nos pays court-circuitant ainsi nos postes nationales. Résultat, vous avez des postes nationales étrangères qui collectent et distribuent le courrier en Afrique. Grace à leurs moyens considérables, elles transportent elles-mêmes le courrier en destination et en provenance de l’Afrique.

    La même concurrence s’opère dans le transfert d’argent que beaucoup assimile à un service nouveau. Or, il s’agit toujours du mandat poste. Le transfert d’argent dont on parle aujourd’hui c’est l’envoie et la réception d’argent sans disposer d’un compte. Ce qui est la définition littérale du mandat poste. Dans ce secteur, la concurrence est à la fois internationale (Western Union) et nationale (Express Union). Tout cela est naturellement une résultante d’un vide juridique. Toutes les conditions étaient donc réunies pour que la poste soit dans cette situation de désuétude. Les réponses sont donc dans ce développement.

    …Le Cameroun a une loi qui date de 2006 mais elle n’est pas mise en application. Des forces occultes se sont mises en travers de sa mise en œuvre pour leurs propres intérêts. Pourtant, le but final de la loi postale est de protéger le service public aux citoyens…

    L’environnement postal de l’Afrique centrale se caractérise par la non-convergence des mécanismes d’encadrement et de réglementation, l’étroitesse du marché… Y-a-t-il un avenir pour la poste dans cette région ?
    La poste a survécu à beaucoup de choc. Elle survivra parce que tant qu’il y aura le besoin de communiquer entre les hommes, le besoin d’échanger des biens, des capitaux et des informations, il y aura toujours la poste. C’est sa raison d’être. La preuve en est que sur le marché camerounais, on recense plusieurs centaines d’opérateurs privés. Si la poste publique a des obligations de service public et de service universel, que cherchent les autres opérateurs privés qui mènent des activités postales si le marché n’est pas intéressant ? Il y a un proverbe de la forêt qui dit «si quelqu’un se courbe c’est qu’il y a quelque chose à ramasser».

    C’est vrai qu’en Afrique centrale la situation est pire qu’ailleurs. Et le secteur postal n’est pas la seule victime. C’est de notoriété publique : nous sommes en retard sur plusieurs tableaux. C’est ma région, je peux en parler sans provoquer d’incident diplomatique. L’Afrique centrale est le maillon le plus faible des plus faibles. Parlons de l’encadrement réglementaire. J’ai évoqué l’ouverture du marché postal sans préalable. Dans certains pays européens et même aux Etats-Unis, certains pans du marché postal sont fermés aux opérateurs privés. Même les champions du libéralisme sont lucides à ce niveau. Le récent du sommet du G7 nous montre que lorsque des intérêts ne sont pas convergents, les penseurs du libéralisme ne parlent pas d’une même voix. Mais nous, on veut nous rendre plus royaliste que le roi !

    Le problème de l’Afrique centrale est donc d’avoir complétement libéralisé l’activité postal ?
    J’ai une expérience modestement suffisante dans la poste internationale qui me permet de savoir que même les pays champions du libéralisme n’ont pas ouvert leur marché avant de l’avoir encadré et avant d’avoir préparé opérationnellement et commercialement leur opérateur public. C’est sur 20 ans que l’Union européenne a fini de libéralisé le marché postal. Ils ont échelonné les ouvertures sectorielles et ont souvent réajusté les échéances de démantèlement. Simplement parce que leurs opérateurs publics n’étaient pas prêts.

    Les nôtres, personne ne s’est occupé d’eux. Et lorsque le marché a été libéralise, il s’est trouvé que les opérateurs privés n’avaient pas la préoccupation de servir l’ensemble des citoyens. Ils sont entrés dans nos marchés et ils ont fait de l’écrémage. Ils s’installent dans les segments porteurs où il y a un gros volume à capter et où la charge d’exploitation n’est pas importante. Généralement c’est dans les capitales (politique, économique) et dans les grandes villes, où il y a des aéroports. La petite collecte de l‘arrière-pays et du citoyen lambda n’était pas leur souci. Le secteur public universel a été mis à mal. Des citoyens ont été exclus. Le droit à la communication à travers la communication postale a été baffoué et il y a eu entorse sur les droits de l’Homme.

    Or avec la gangrène Afrique, des influences ont empêché la prise de mesures de régulation. Le Cameroun a une loi qui date de 2006 mais elle n’est pas mise en application. Des forces occultes se sont mises en travers de sa mise en œuvre pour leurs propres intérêts. Pourtant, le but final de la loi postale est de protéger le service public au citoyen. Elle permet à l’opérateur public de remplir des obligations précises et exigeantes dans un marché concurrentiel. La loi postale camerounaise a inspiré plusieurs pays qui l’ont déjà mis en œuvre (Sénégal, Burundi). Même des pays non africains s’en sont inspirés. Mais en Afrique centrale, aucun pays n’y est parvenu en interne. Ils attendent de voir comment le Cameroun va y parvenir. Mécaniquement, il n’existe pas de stratégie ou de réglementation au niveau régional. La convention de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a exclu les opérateurs publics postaux dans son champ d’action.

    …Il n’existe pas de stratégie ou de réglementation au niveau régional. La convention de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a exclu les opérateurs publics postaux dans son champ d’action… 

    A travers ses services et produits, la poste peut concourir à une meilleure inclusion financière et territoriale en Afrique centrale. Quelle en est l’opérabilité au regard de la concurrence des solutions technologiques telles que les Fintech et la relative bonne implantation du système financier classique ?
    La poste est une infrastructure de base essentielle, incontournable pour l’inclusion socio-économique. Pas seulement l’inclusion financière. Parce que le bureau de poste est un guichet unique pour offrir des services publics. Et je peux me réjouir qu’il en existe déjà en Afrique. Le seul bureau de poste peut remplir le rôle de 10 bâtiments d’administration publique. C’est le cas avec Guduma Center en Afrique de l’Est. La même solution est implémentée en Tunisie, en Ethiopie, au Malawi.

    Elle permet de souscrire à une assurance, payer ses impôts, régler ses factures de consommation (eau, électricité, télévision…), s’inscrire sur les listes électorales, établir une pièce d’identité, établir un acte de naissance, contrôler sa tension artérielle…Ce qui offre une économie d’échelle à l’Etat qui délivre plusieurs services en un lieu, dans un bâtiment, avec un branchement électrique… Pour les citoyens, c’est plusieurs services en un seul et même endroit. Ce qui augure un gain de temps et une réduction des dépenses et des efforts de déplacements.

    En matière d’inclusion financière, la poste obéit à une seule règle sur l’ensemble du territoire mondial. C’est le service de proximité. Contrairement aux banques dont les tarifs peuvent êtres différents. Les transferts d’argent à la poste sont assujettis à la tarification de l’Upu. En plus, les opérations de la poste sont traçables. Contrairement aux nouvelles offres. En matière de TIC, la poste utilise le I et C car elle Informe et Communique. Par contre la technologie est l’outil d’amélioration de son offre. Prenons le cas de l’Algérie. Ce pays a 40 millions d’habitants et 24 millions d’entre eux sont propriétaires de compte à la poste.

    L’ensemble des banques réunis n’égalent pas le nombre de clients. Pendant les deux semaines du mois de ramadan, la poste algérienne enregistrait 4 millions de transaction par jour. Et en général, c’est en termes de moyens de paiement. Sortons du continent. La Suisse est connue pour ses valeurs : le chocolat, les montres et le système bancaire. Dans ce pays, la post Bank est le 4ème établissement financier. Au japon, la banque postale est la première. Au plus fort de la crise financière en 2008, les clients ont retiré leur argent des banques pour le protéger dans les banques postales.

    …Le seul bureau de poste peut remplir le rôle de 10 bâtiments d’administration publique. C’est le cas avec Guduma Center en Afrique de l’Est. La même solution est implémentée en Tunisie, en Ethiopie, au Malawi. Elle permet de souscrire à une assurance, payer ses impôts, régler ses factures de consommation (eau, électricité, télévision…), s’inscrire sur les listes électorales, établir une pièce d’identité, établir un acte de naissance, contrôler sa tension artérielle… 

    Quel rôle peut jouer la poste précisément dans les transferts d’argent ?
    La Banque africaine de développement et la Banque mondiale estime que l’apport de la diaspora représente 4 fois l’aide publique au développement. Mais les canaux de transferts de fonds utilisés coutent 4 fois plus cher que l’offre postale. Avec la solution postale, vous comprenez que les montants transférés par la diaspora pourraient être plus important. Plus important, l’argent des migrants (diaspora) n’est transféré que dans des centres urbains. Or, il est parfois destiné à des personnes vivant dans les ruralités. La solution postale permet un service de proximité.

    La poste peut contribuer au financement de l’industrialisation africaine et donc à la transformation structurelle. Par le truchement de la mobilisation des épargnes. Cette épargne peut être distribuée sous forme de crédit à des porteurs de projets industriels. Ou alors au financement des projets structurants à forte valeur ajoutée. C’est le cas du livret A en France. Enfin, la poste contribue à l’éducation financière. Le seuil minimum pour les comptes d’épargnes n’est pas toujours à la bourse de tout le monde dans les banques. Les microfinances, elles, ont un cycle de vie court en Afrique. Or, la poste offre un seuil démocratique. Et des tarifications nulles. D’où l’intermédiation financière de proximité.

    Le continent africain est engagé à accroitre la mobilité des personnes, des capitaux et des biens. L’Afrique centrale amorce elle aussi cette optique. Quelle contribution la poste pourrait-elle apporter ?
    La poste est un facilitateur de transaction commerciale. Un intermédiaire entre l’acheteur et le vendeur. Elle offre un service tridimensionnel. Les bureaux de postes sont désormais des plateformes de commerces qui hébergent les produits des commerçants. En ligne, il est possible de faire des achats. Mais il faut résoudre le problème de l’infrastructure de base. L’outil technologique, la connectivité, l’électricité, les locaux…
    Dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), le réseau postal permet la circulation de tout type d’informations et facilite la mobilité des capitaux, des biens et des personnes. Il permet la mise en réseau des institutions, des créateurs de richesse et des citoyens.

    Des préalables sont indispensables pour que la poste se déploie. C’est le cas des transports. Fort heureusement, le dernier sommet de l’Union africaine a vu la présentation du projet sur le marché unique du transport aérien. Il faudrait également harmoniser le transport terrestre et routier. Puis mettre en réseau les douanes africaines. C’est ainsi que le commerce transfrontalier pourrait être plus fluide et plus sécurisé. La poste ne définit aucune de ces règles mais en a besoin pour contribuer à une ZLEC efficiente. C’est à l’Afrique de prendre ses responsabilités pour regarder ses et servir ses citoyens.

    …Nous voulons être le premier secteur à soumettre une directive africaine au parlement panafricain. Nous souhaitons consolider un territoire postal unique sur le continent avec des transactions identiques et plus fluides. Il s’agira d’une directive sur les échanges postaux intraafricains. Il s’agira de les harmoniser….

    Avec votre expérience à l’Union panafricaine des postes (Upap), quelles solutions d’optimisation envisagez-vous pour la création des chaines de valeurs postales en Afrique ?
    Je n’ai que six ans au sein de l’Union panafricaine des postes. L’une des dernières institutions d’intégration à porter le qualificatif « panafricain ». Mais toute ma vie, je l’ai passé à œuvrer à l’améliorer des conditions d’exercice de la poste, soit une quarantaine d’années.
    Au niveau du continent africain, nous travaillons avec les autres acteurs. Notamment avec le Parlement panafricain. Nous voulons être le premier secteur à soumettre une directive africaine au parlement panafricain.

    Nous souhaitons consolider un territoire postal unique sur le continent avec des transactions identiques et plus fluides. Il s’agira d’une directive sur les échanges postaux intraafricains. Il s’agira de les harmoniser. C’est une de nos missions, harmoniser les politiques et règlementations africaines. Nous allons bientôt publier les termes de références d’une étude préalable. Des consultants vont nous élaborer une directive continentale. Nous allons la soumettre aux instances africaines. J’ai promis au président Nkodo Dang que nous serons prêts lorsqu’ils seront opérationnels pour légiférer.
    Nous travaillons également à l’harmonisation opérationnelle.

    Avec les pays africains membres de l’Upap, nous élaborons un plan quadriennal que nous appelons plan de développement régional Afrique. C’est une déclinaison tropicalisée de la stratégie postale mondiale que l’Upu a adoptée. Nous avons identifié les domaines prioritaires pour rendre la poste opérationnelle avec de la valeur ajoutée. Comme domaines prioritaires, nous avons : le commerce électronique, les services financiers et l’amélioration de la qualité des services.

    Qu’est-ce qui a déjà été fait à ce jour dans le vaste chantier de réanimation de la poste africaine ?
    Nous pouvons déjà nous réjouir de l’adoption de la résolution L12 relative à la promotion de l’inclusion financière à travers le réseau postal. Les ministres africains de l’économie, de la planification et des finances ont reconnu la poste comme acteur d’inclusion financière notamment des populations à faible revenu et des zones rurales reculées.

    Ils se sont engagés à moderniser le réseau postal reconnaissant son état de désuétude. Un appel a été lancé envers les bailleurs de fonds pour la réhabilitation de la poste africaine. En 2016, les chefs d’Etat l’ont adopté et ont réinstruit leurs ministres des finances et de l’économie de mettre procéder à sa mise en œuvre. La même résolution reconnait la spécificité des services financiers postaux. Et pour sa régulation, il y a besoin d’une collaboration entre les régulateurs financiers et les régulateurs postaux sectoriels.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga