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Archives des Zacharie Roger Mbarga - Page 8 sur 11 - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : les multinationales raflent les prêts bancaires

    Cemac : les multinationales raflent les prêts bancaires

    Malgré un secteur bancaire en étroite surveillance, les banques de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ont fourni 99,31% des crédits octroyés dans la sous-région entre juillet et décembre 2017.

    Soit, en valeur réelle, 1 215 milliards de francs CFA sur 1 227,75 milliards de crédit accordés. C’est ce qui ressort du Bulletin des statistiques des coûts et conditions du crédit de la Cemac récemment rendu public par la Beac.

    La répartition des crédits au cours de ce second semestre se présente comme suit : 76,63% dédiés au financement des grandes entreprises, 10,72% à celui des particuliers et 7,68% à celui des petites et moyennes entreprises (PME).

    Déséquilibre
    Comme il est établi, les crédits profitent davantage aux grandes entreprises qui représentent à peine 6% du tissu économique de la sous-région (Fmi, Aout 2018). Lors de la réunion d’évaluation du Programme économique et financier de la Cemac de juin dernier à Douala, la Cemac soulignait que ces grandes entreprises sont essentiellement des filiales des grands groupes internationaux où les Etats sont essentiellement actionnaires minoritaires. C’est dire que l’accès des PME au financement bancaire demeure un grand défi.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Pétro-yuans : une OPA sur le sous-sol de l’Afrique ?

    Pétro-yuans : une OPA sur le sous-sol de l’Afrique ?

    Assiste-t-on à la fin de l’hégémonie du dollar? Le yuan est-il la devise du futur? Depuis quelques mois déjà, la Chine paye ses importations de pétrole en yuans.

    S’il s’agit d’une internationalisation, il est surtout question d’une contestation de la suprématie du dollar américain. A l’heure actuelle, 99% des échanges mondiaux de pétrole brut s’effectuent en dollars. C’est la base de la domination étatsunienne dans l’économie mondiale, notamment avec le statut de monnaie de réserve mondiale.

    Le pétrole est la marchandise la plus échangée au monde, avec une valeur commerciale annuelle d’environ 14 milliards de dollars, soit à peu près l’équivalent du produit intérieur brut de la Chine l’année dernière. «Un changement de la monnaie transactionnelle du pétrole brut aurait des conséquences monumentales pour les allocations de capitaux et les flux commerciaux, sans parler de la géopolitique», notait l’agence Reuters en avril 2018.

    Répercussions

    Pour la Chine, premier acheteur (importations) mondial de pétrole, l’équation semble moins compliquée. Surtout que, après de nombreuses années d’évolution en marge du système de change international, le Yuan fait partie du panier du Fonds monétaire international depuis 2016. En tout cas, le succès de l’opération permettrait à l’Empire du Milieu de faire payer d’autres produits en yuan notamment les métaux et les matières premières minières. L’enjeu : rendre le commerce et les excédents chinois moins dépendants du dollar. En l’état, toute valeur, toute richesse, toute matière s’apprécie par rapport au dollar. Le marché mondial étant hautement financiarisé, ses transactions sont, elles aussi, libellées en dollars. Estimées à 5 milliards de dollars par jour, plus 90% des transactions sur les marchés de change se font en dollars.

    L’un des dangers du petro-yuans est l’augmentation de la valeur du yuan. Ce dont la Chine n’a guère besoin. Il y a seulement deux ans et demi, Pékin avait d’ailleurs lancé une dévaluation controversée du yuan pour stimuler ses exportations et son économie.

    Et l’Afrique ?

    Sur ce continent, l’Angola est le premier pays à vendre son pétrole en yuan. Selon la Chine, 14 pays africains souhaitent voir le yuan devenir une devise de réserve et élargir son utilisation sur le continent. Des pays tels que le Rwanda l’ont inclus dans leurs réserves de devises étrangères. L’Afrique du Sud et d’autres Etats ont signé des accords d’échange de devises avec l’Empire du Milieu, alors que le Kenya, le Zimbabwe et le Botswana ont montré un grand intérêt pour son utilisation comme devise de réserve ou de règlement. Le Nigéria, première économie du continent, l’a érigé en deuxième monnaie commerciale. «La crise de la dette américaine a apporté un sentiment d’urgence à la décision du Nigeria de diversifier ses réserves en dehors du dollar. Il me semble qu’il y a de moins en moins d’appétit pour détenir des dollars», justifie Lamido Sanussi, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria.

    L’adoption du yuan présente des avantages face à la progression des échanges et des investissements entre les deux zones économiques, notamment au niveau des risques de change. Cela permet aussi aux pays plaçant une partie de leurs réserves en monnaie chinoise d’être moins sensibles aux fluctuations du dollar et de contrebalancer ses mouvements… «Pour Pékin, c’est surtout une très bonne affaire. Les économies africaines vont pouvoir rembourser leurs dettes gigantesques (environ 22 % de la dette africaine est détenue par la Chine) en yuans. Elles vont pouvoir vendre directement en yuans leurs matières premières (comme avec le « pétro-yuan » d’Angola) et diversifier du même coup leurs réserves de change», analyse Sébastien Le Belzic, spécialiste des relations sino-africaines.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Secteur agricole : La Bad et la FAO vont investir 100 millions de dollars en Afrique

    Secteur agricole : La Bad et la FAO vont investir 100 millions de dollars en Afrique

    Les deux institutions veulent mobiliser cette enveloppe sur cinq ans pour tordre le cou à la malnutrition et à la faim sur le continent.

     

    « Nourrir l’Afrique », c’est l’objectif n° 2 des high 5 de la Banque africaine de développement. C’est par contre la raison d’être de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’accord signé entre les deux institutions en début de semaine dernière va de soi. Il a en effet pour objectifs « d’améliorer la qualité et l’impact des investissements dans la sécurité alimentaire, la nutrition, la protection sociale, l’agriculture, la foresterie, les pêches et le développement rural ». Il prévoit un programme d’action devant déboucher notamment sur un accroissement des investissements entre le secteur public et privé. Le programme inclut aussi une aide technique visant à aider les Etats membres à concevoir et à mettre en œuvre des opérations de financement qui seront assurées par la Bad. Cet appui couvrira divers domaines, dont l’intensification et la diversification de l’agriculture durable, la promotion des innovations tout au long de la chaîne de valeur et l’agriculture intelligente face au climat.

    « La FAO et la Bad intensifient et approfondissent leur partenariat afin d’aider les pays africains à réaliser leurs objectifs de développement durable. Tirer profit des investissements effectués dans l’agriculture, et notamment de ceux émanant du secteur privé, est essentiel afin de sortir des millions de personnes de la pauvreté en Afrique et de s’assurer qu’une quantité suffisante de nourriture est produite et qu’il existe assez d’emplois pour faire face à la hausse de la population», explique José Graziano da Silva, directeur général de la FAO. Selon le document, l’enveloppe devrait être mobilisée sur cinq ans et devrait être investie dans les secteurs tels que : l’agriculture, la foresterie et la pêche.

    Imbrication

    Cette action vient se greffer et renforcer la stratégie « FeedAfrica » de la Bad. «La signature de cet accord complémentaire est une étape importante dans la relation entre la Bad et la FAO. Cela nous aidera à faire de l’agriculture une source d’affaires, un concept par ailleurs développé dans la stratégie “FeedAfrica” de la banque », se réjouit AkinwumiAdesina, le président de la Bad.

    Lancée en 2015, FeedAfrica est inspirée d’une résolution du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) qui recommande aux pays africains d’investir massivement dans l’agriculture pour en constituer le principal levier de l’industrialisation du continent. La stratégie de l’institution panafricaine ambitionne d’investir sur une période de 10 ans, près de 24 milliards de dollars dans l’agriculture africaine. Avec pour but d’améliorer les politiques agricoles, les marchés, les infrastructures et les institutions afin de s’assurer le bon développement des chaînes de valeur agricole et que de meilleures technologies soient disponibles pour pouvoir atteindre plusieurs milliers d’agriculteurs.

    Bien que l’agriculture emploie plus de 60 % des travailleurs en Afrique et représente près du tiers de son PIB, le continent africain est la région du monde qui souffre le plus de manque de nourriture. Selon les statistiques de la FAO pour l’année 2017, 224 millions de personnes souffrent de sous-alimentation sur le continent. Ce qui représente un peu plus de 25 % des 815 millions d’êtres humains souffrant de la faim dans le monde.

    Zacharie Roger Mbarga

    Partenariat Chine-Afrique

    Un programme pour former aux métiers de l’agriculture

    L’initiative qui vise les jeunes africains vient d’être lancée à Beijing en marge du Focac.

     

    Le 30 août dernier, l’Institut pour la coopération Sud-Sud dans l’agriculture, l’Université agricole de Chine, le bureau des Nations unies pour la coopération Sud-Sud et la Commission de l’Union africaine (UA) ont inauguré le Programme du leadership de la jeunesse dans la coopération agricole Sud-Sud et de la nouvelle route de la soie. Les autres partenaires du programme sont le Programme alimentaire mondial (Pam), la Banque mondiale, le Fonds international pour le développement agricole (Fida) et de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture de l’ONU (FAO).

    Ce programme de formation agricole cible au total 30 jeunes venant de 20 pays. L’atelier sera organisé pour différents champs de perfectionnement. Il s’inscrit dans le cadre du Forum sur la Coopération Chine-Afrique (Focac) prévu pour les 3 et 4 septembre prochains à Beijing en Chine. Le Focac vise à consolider les liens entre l’Afrique et l’Empire du Milieu.

    Alwin Chinyun Wesseh, ministre délégué auprès du ministre libérien de l’Agriculture indique que « les échanges, la formation et les études sur le terrain peuvent approfondir davantage la compréhension entre la Chine et l’Afrique et renforcer la coopération Sud-Sud dans la réduction de la pauvreté, l’élimination de la faim, la réalisation de la sécurité alimentaire et l’amélioration de la nutrition en Afrique ».

    Aubaine

    L’initiative chinoise tombe à point nommé. L’Afrique est engagée dans la mobilisation des jeunes pour la révolution agricole. A Kigali (Rwanda), les 20 et 21 août derniers, les jeunes ont échangé sur le thème « l’emploi des jeunes dans l’agriculture comme solution solide pour mettre fin à la faim et à la pauvreté en Afrique : se lancer dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’entrepreneuriat ». L’UA veut faire germer une génération Agritec. Une génération de jeunes africains capable de produire de la semence et de capitaliser sur les propriétés des technologies de l’information et de la communication pour booster l’entrepreneuriat agricole.

    Pour l’UA, c’est un moyen de réduire également l’exode des jeunes vers l’Occident. Pour le directeur général de FAO, « L’agriculture devrait être l’oxygène de l’économie en Afrique. Elle doit être utilisée comme un secteur attractif pour freiner la migration. 2 jeunes sur 3 en Afrique sont au chômage. Pour y faire face, ils émigrent pour trouver un emploi à l’extérieur du continent. Malheureusement, l’aventure est de moins en moins concluante ».

    Zacharie Roger Mbarga

  • La longévité au pouvoir plombe les investissements dans la sous-région

    La longévité au pouvoir plombe les investissements dans la sous-région

    Dans un article publié sur le site internet de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) de Paris, Thierry Coville, économiste et chercheur à l’Iris, présente le condensé d’une étude (pas encore disponible) sur le risque politique dans la région Afrique centrale.

    Selon l’auteur, le risque politique est celui qui abime davantage l’attractivité de la sous-région. D’après Thierry Coville, « la vacuité des constitutions, les inconnus de l’alternance, l’absence de familles idéologiques, les inégalités sociales » sont des informations stratégiques qui entretiennent doutes et irrésolutions. Situation qui étiole la confiance des investisseurs. Voilà pourquoi en Afrique, la région occupe le fond du tableau en matière d’IDE (Investissements directs étrangers). « Dans les pays plus pauvres, les risques d’explosion populaire peuvent conduire à des crises politiques graves qui peuvent entraîner un quasi-arrêt des activités économiques pendant des mois, ce qui pèse sur les exportations ou le rendement des investissements à l’étranger. En outre, le risque politique peut même monter d’un cran si ces manifestations dégénèrent en guerre civile». L’auteur dévoile un autre indicateur. Il fait observer qu’au fur et à mesure que les régimes s’éternisent, ils perdent certaines destinations d’investissement. Car l’incertitude s’installe !

    Capitalisation

    Pour Thierry Coville, la région demeure toutefois une région viable pour rentabiliser un investissement. Il suggère ainsi que les entreprises s’arment de leur propre mécanisme d’analyse du risque politique. Ainsi suggère-t-il que « ce processus d’analyse du risque politique devra être effectué de manière régulière et concerner tous les marchés de l’entreprise, sans exception même (et surtout !) en cas de crise grave. La pratique régulière de cet exercice permettra à l’entreprise d’accumuler un savoir endogène propre à ses spécificités, contraintes et enjeux, afin de préparer les stratégies adéquates face au risque politique ».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Baisse de la masse monétaire en zone Cemac

    Baisse de la masse monétaire en zone Cemac

    Selon un rapport de la Banque des Etats de l’Afrique centrale sur la politique monétaire, entre décembre 2017 et avril 2018, la masse monétaire a décliné de 0,4 %, pour se situer à 10 556,2 milliards de francs CFA.

    Cette dynamique reflèterait les évolutions négatives de la monnaie fiduciaire (-7,4 %) et des dépôts à vue (-1,4 %) que la hausse de la quasi-monnaie (+7,0%) n’a pas suffi à contrebalancer. En termes de contribution, ce repli de la masse monétaire est influencé par les contributions négatives de sa contrepartie externe (-0,7 point), des crédits à l’économie (-0,6 point) et des autres postes nets (-1,0 point) du système monétaire, que la contribution positive des créances nettes sur les Etats (1,9 point) n’a pas pu compenser.

    Composition

    Par pays, le Cameroun (1,5 point), le Gabon (0,7 point) et la République Centrafricaine (0,2 point) ont contribué positivement à l’évolution de la masse monétaire, tandis que le Congo (-1,3 point), la Guinée Equatoriale (-1,0 point) et le Tchad (-0,6 point) ont influencé négativement l’évolution sous-régionale de cet agrégat. Par composante, la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale ont contribué négativement à l’évolution de la masse monétaire, respectivement à hauteur de -1,7 et -0,7 point, alors que la quasi-monnaie a eu une contribution positive de 2,0 points.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : les tracasseries routières augmentent  les prix des produits agricoles

    Cemac : les tracasseries routières augmentent les prix des produits agricoles

    Le rapport de la Banque mondiale intitulé «briser les obstacles au commerce agricole régional en Afrique centrale» et présenté le 30 août dernier à Yaoundé est formel: en l’état, les corridors sous-régionaux de la Cemac représentent des obstacles à la création d’un marché commun agricole.

    Les corridors entretiennent un cercle vicieux constitué de la multiplication des contrôles (administratifs, policiers et douaniers) et de la corruption engendrée par le paiement des taxes informelles. Ce qui a pour impact l’augmentation de 25% des coûts de transactions, le gonflement des prix finaux dans les marchés voire une dégradation de la qualité des produits agricoles. Par exemple, entre Foumbot et Bitam, on enregistre près de 60 barrières.

    Cette situation est à la fois le fait des postes de contrôles internes dans les pays, la méconnaissance des règles par les opérateurs et les règles discriminatoires au niveau des frontières. Le Cameroun qui regorge 2/3 de la production agricole de la sous-région est le principal pays impacté. Pour Elisabeth Huybens, directrice des opérations de la Banque mondiale, «dans toute la région de la Cemac, les fonctions commerciales légitimes ne sont actuellement pas exercées et, de ce fait, elles se transforment en tracasseries».

    Thérapie

    Afin de résorber cette situation qui pèse essentiellement sur les petits et moyens opérateurs et sur les populations consommatrices, la Banque mondiale suggère de renforcer les liens commerciaux entre les producteurs et les marchés/consommateurs urbains, d’améliorer l’efficacité des marchés agricoles, de professionnaliser les points de contrôle réglementaires, de renforcer la connectivité des infrastructures de transport régional et d’améliorer les opérations de contrôle aux frontières.

    Tout cela n’est viable que «si une forte impulsion politique » est donnée pour «surmonter l’inévitable résistance de ceux qui profitent du système actuel», admet l’institution de Bretton Woods.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Afrique : mille prétendants et une malheureuse…

    Afrique : mille prétendants et une malheureuse…

    En pleine tenue de la 3e édition du Forum de coopération Afrique-Chine (Focac), deux exécutifs occidentaux visitent le continent.

    A la recherche d’opportunités commerciales. Angela Merkel, la chancelière allemande et Theresa May, la Première ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ont parcouru quelques pays d’Afrique la semaine dernière. La locataire du 10 Down Street, qui inaugure la première visite pour un chef de gouvernement britannique en Afrique depuis cinq ans, a cantonné son odyssée économique et commerciale à l’Afrique anglaise. Berlin, lui, va vers des « marchés industriels d’avenir » avec notamment un chèque pour le processus d’intégration économique. Lors de leur conférence de presse conjointe, le ministre allemand de la coopération a signifié au président de la Commission de l’Union africaine toute la disponibilité du gouvernement Merkel à contribuer au Plan de développement de l’industrie africaine (Pida).

    Batailles de positionnement

    Le continent africain est actuellement au cœur d’une bataille de positionnement entre grandes puissances internationales, engluées dans une guerre commerciale autour des matières premières et des hausses de tarifs douaniers. Dans la perspective du Brexit, Theresa May veut consolider le corridor commercial avec le premier carré africain du Commonwealth. Ainsi, l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Ghana et le Kenya doivent être les marqueurs du « come back » de Londres. Theresa May ambitionne de faire en sorte que « le Royaume-Uni devienne le premier investisseur des pays du G7 en Afrique d’ici à 2022 ». La forte délégation d’hommes d’affaires et de financiers présents dans son avion témoigne de cette gageure.

    Par contre, Berlin tente de partager sa technologie avec l’Afrique. A travers, la production des biens intermédiaires ou l’industrie de première transformation, l’Allemagne veut réussir le pari de l’interdépendance des valeurs. C’est le sens du projet « Compact with Africa ». Au Nigéria, au Ghana et au Sénégal, la chancelière Angela Merkel ambitionne de tripler ses investissements en Afrique de l’ordre de 10 milliards de dollars.

    Dans cette course effrénée, Washington n’est pas en reste. En visite à la Maison Blanche la semaine dernière, le président kenyan a reçu 900 millions de dollars d’engagements et de promesses de contrats. Le Kenya  bénéficiera également d’une mission de conseils américains, pour discuter du « Doing Business in Africa».

    Agenda réel

    Dans cette ruée vers l’Afrique, il est évident de dénicher l’obsession européenne de réduire l’immigration clandestine. Favorables à un accueil massif des migrants, la France et l’Allemagne ont dorénavant revu leur position sur la question. Surtout au vu des pressions de certains Etats membres de l’Union européenne. Au-delà, les pays occidentaux voient revenir la croissance mondiale. La production industrielle repart. Mais la Chine et les pays émergents peuvent rafler la mise. Il faut impérativement se positionner sur cette brise qui s’achève.

    Pendant ce temps, que dit l’Afrique ? Que pense l’Afrique ? Doit-elle continuer à se faire reconnaitre belle ? Sans imposer un code de l’investisseur occidental en Afrique ? Ne doit-elle pas définir ses priorités d’investissement ? Doit-elle se cantonner à la simple consommation ? L’Afrique est belle, tout le monde lui donne son argent pour tirer son coup ! Mais sa beauté est un faire-valoir à l’aune duquel se mesurent ses prétendants !

    Zacharie Roger Mbarga

  • Conquête du marché de la CEEAC : Le calvaire des exportateurs camerounais

    Conquête du marché de la CEEAC : Le calvaire des exportateurs camerounais

    Bien qu’agréés aux régimes préférentiels, leurs produits sont interdits d’accès, en franchise de droits de douane, dans certains pays de la région.

    Francis Nana Djomou, le patron des laboratoires Biopharma, en difficulté

    Les exportateurs camerounais sont en colère. Ils dénoncent le non-respect des agréments CEEAC par certains pays de la région. «On ne peut pas comprendre que malgré les relances qu’un pays comme le Congo-Kinshasa refuse d’appliquer les agréments difficilement obtenus. Pour exporter au Congo-Kinshasa, on est obligé de passer par le Congo-Brazzaville et acheminer la marchandise par le fleuve Congo. Ce qui fait que les quantités sont moindres et les risques élevés», fulmine Jacquis Kemleu. En cette fin de mois de janvier 2018, le secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) prend part à la conférence annuelle du ministère camerounais de l’Economie organisé sur le thème «accélérer la diversification de l’économie pour une croissance forte et durable». A l’occasion, les autorités promettent de se saisir du dossier. Mais jusqu’à ce jour la situation demeure non résolue.

    Lors d’un atelier de sensibilisation sur les procédures d’agrément des produits industriels au Tarif préférentiel harmonisé CEEAC-Cemac, organisé du 03 au 05 juillet dernier à Yaoundé, les mêmes récriminations sont revenues. «Nous avons saisi courant mai 2018 le ministre du Commerce pour lui faire part de ces entraves», informe le directeur administratif et financier des Laboratoires Biopharma dont plusieurs produits ont obtenu un agrément. «Il a promis revenir vers nous avec des solutions satisfaisantes», ajoute Paul Tchengang avec peu de conviction.

    Illégalité

    L’agrément est le document qui atteste de l’origine CEEAC d’un produit et devrait lui donner le droit de circuler en franchise de droits de douane, sans contingentement, restriction ou prohibition dans tous les 11 pays de la communauté du fait de la zone de libre-échange (ZLE) instaurée en 1983 par le traité créant la CEEAC. Il s’agit de l’Angola, du Burundi, du Cameroun, de la République Centrafricaine, République du Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République Démocratique du Congo, du Rwanda, de Sao Tome & Principe et Tchad. Le problème est qu’à ce jour, seul le Cameroun a entièrement créé les conditions de mise en œuvre de cette ZLE (tarif préférentiel CEEAC inséré dans la loi de finances, comité national d’agrément des produits au tarif préférentiel en place et fonctionnel…). C’est d’ailleurs le seul pays dont plusieurs entreprises possèdent le fameux agrément.

    Les décisions précisant les modalités de mise en œuvre de la ZLE ont pourtant été adoptées depuis 2004 par la Conférence des chefs d’Etat. Lors d’un autre sommet tenu en 2012, l’échéance de sa mise en œuvre effective avait été fixée en 2014. Au secrétariat général de la CEEAC, le problème est bien connu. A la suite d’un engagement pris en mai 2016 par les ministres en charge du commerce et des finances de rendre finalement opérationnelle la ZLE en janvier 2017, l’institution avait mené dans les Etats des missions de sensibilisation et de plaidoyer.

    «Les autres pays sont en pleine violation du droit communautaire parce que les décisions de la conférence des chefs d’Etat sont applicables de plein droit dans tous les Etats 30 jours après leur publication au journal officiel de la communauté», y indique-t-on aujourd’hui, un brin agacé. La Cour de justice communautaire n’étant pas encore fonctionnelle, il ne reste plus qu’au Cameroun d’engager une procédure de règlement politique de la situation en saisissant formellement les instances exécutives statutaires (le Conseil des ministres ou la Conférence des chefs d’Etat). Pour l’instant, le Cameroun peine à taper le poing sur la table.

    Aboudi Ottou

    Selon les chiffres du Comité technique de la balance commerciale, en 2015, le Cameroun a exporté vers les autres pays de l’Afrique centrale des marchandises d’une valeur d’environ 185 milliards francs CFA. Avec, à ce jour, 71 entreprises, pour un total de 568 produits bénéficiant des agréments aux régimes préférentiels de la Cemac et de la CEEAC, les marges de progression des exportations vers la région restent très importantes et pourraient permettre au Cameroun de réduire le défi de sa balance commerciale. Sauf que la pénétration des produits camerounais dans le marché régional est illégalement entravée par certains pays. Cette situation provoque le courroux des exportateurs camerounais. Saisies à de nombreuses reprises les institutions communautaires peinent à résoudre le problème. Les autorités camerounaises, bien informées du problème, tardent à taper le poing sur la table. 

     

    Entraves au commerce, un problème structurel

    Entre nécessité de rationalisation des instruments et méconnaissance de ceux déjà existant, le marché unique régional de l’Afrique centrale reste très improbable.

     

    En 2015, la valeur des échanges intracommunautaires de la CEEAC représentait 1 milliard 500 millions de dollars soit 3% du volume des échanges. Le Pib régional, lui, est estimé par la Banque mondiale à 600 milliards de dollars en parité de pouvoir d’achat (PPA). Comparé aux autres communautés économiques régionales, le volume des échanges dans la CEEAC est «en deçà de la moyenne admise et surtout largement en dessous du potentiel de nos économies».

    C’est que l’Afrique centrale demeure un marché fractionné en plusieurs espaces de commerce. Dans cet espace en processus d’intégration, cohabitent 2 voire 7 dispositifs de marché unique. On observe que la CEEAC et la Cemac font chevaucher leur mécanisme de libre-échange. Outre ces deux, les 5 pays de la CEEAC non membre de la Cemac appartiennent soit à une autre Communauté économique régionale (Cer) soit n’appliquent pas le dispositif unique de ladite CEEAC. Cette situation couve depuis plusieurs années. Le processus de rationalisation en cours, qui prévoit l’unicité des instruments de mobilité préférentielle dans la sous-région, reste au stade des études et de la recherche budgétaire.

    Recommandations

    A cela s’ajoute la méconnaissance des règles communautaires liées à la circulation des biens. Bien des opérateurs économiques sont sous informés des règles applicables en matière de commerce régional. Les participants à l’atelier de Yaoundé appellent à renforcer les capacités des membres du comité national sur les dispositions additionnelles liées aux règles d’origine qui sont contenues dans les récents accords commerciaux.

    Pour résoudre tous ces problèmes, les participants à l’atelier de sensibilisation sur les procédures d’agrément des produits industriels au Tarif préférentiel harmonisé CEEAC-Cemac, organisé à Yaoundé du 03 au 05 juillet par le bureau sous régional de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique centrale, ont formulé des propositions susceptibles d’optimiser la capacité de mobilité des biens dans la région. Ils demandent d’améliorer l’accessibilité des dossiers d’agrément et la qualité du traitement. Ils sollicitent la mise en disponibilité des différents formulaires d’agrément en ligne, au sein des démembrements des organisations patronales et des chambres consulaires. La poursuite des activités de sensibilisation et de vulgarisation en direction du privé et du public.

    Zacharie Roger Mbarga

    ‘’Il y a la peur de la compétition’’ 

    Tidiane Chetima

     C’est du ressort du ministère du Commerce de venir en aide aux opérateurs économiques du pays 

    Le chef du cluster initiatives sous régionales au Bureau Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique pointe les responsabilités dans le non-respect des agréments CEEAC.

     

    Quel est le niveau d’appropriation des instruments communautaires de la libre circulation des biens par les opérateurs économiques de l’Afrique centrale ?
    Le niveau d’appropriation est très pauvre. La preuve en est qu’aucun opérateur d’un pays autre que le Cameroun n’a fait la moindre demande pour bénéficier de ce tarif préférentiel. Nous avons fait le constat au Gabon où nous avons animé une formation. Nous nous sommes rendu compte que le secteur privé n’est pas du tout au courant. La plupart des opérateurs économiques ne sont pas sensibilisés sur les avantages que leur donne cette zone de libre-échange que ce soit ceux de la Cemac ou de la CEEAC.

    Qu’est ce qui selon vous peut expliquer cette situation ?
    L’explication est que ces décisions prises au niveau de la communauté ne sont pas intégrées dans les législations des Etats. D’autre part, il y a une méconnaissance quasi-totale car les décisions restent au niveau des CER [Communauté économique régionale]. Logiquement, une fois que ces décisions sont publiées au journal officiel de la CEEAC ou de la Cemac, les Etats devraient prendre le relais et assurer la vulgarisation de ces instruments. A l’effet d’en faire bénéficier à leurs opérateurs économiques. Malheureusement nombre d’opérateurs économiques n’ont pas connaissance de l’existence de ces dispositions mais en plus ne savent même pas où aller chercher l’information.

    Il y a donc une part de responsabilité des administrations publiques des Etats membres de la région ?
    C’est même une grande responsabilité parce que c’est du ressort des fonctionnaires du ministère du Commerce de venir en aide aux opérateurs économiques du pays. Aider ceux qui ont la capacité d’exporter vers les pays membres de la communauté. Le secteur privé ne sachant pas toujours ce qui se trame dans les organisations sous régionales, il revient aux représentants de l’administration de rendre compte au public qui a le droit de savoir quelles sont les décisions prises au niveau communautaire. Donc, il y a un effort de vulgarisation que les Etats sont tenus de faire.

    Quels sont les critères d’origine d’éligibilité au régime préférentiel que les produits doivent respecter pour bénéficier de l’agrément régional ?
    Il faut revenir à la définition du tarif préférentiel généralisé. Il s’agit d’un tarif appliqué dans une Communauté économique régionale telle que la Cemac ou la CEEAC où les Etats mettent en commun leurs ressources pour commercer entre eux et développer leur tissu industriel. Pour que ces industries-là soient compétitives, on leur donne un avantage : c’est le tarif préférentiel pour les produits communautaires et le tarif extérieur commun pour les produits venus de l’extérieur.
    Pour ce qui est donc des critères, trois règles ont été harmonisées en Afrique centrale (CEEAC/Cemac). Ce sont : l’entière obtention (lorsque toute la matière première vient de la sous-région), l’incorporation (lorsque le produit justifie de l’utilisation de 40% de matière première de la région dans son processus de fabrication) et le taux de valeur ajoutée (malgré l’importation de matière première hors de la communauté, la fabrication du produit manufacturé a introduit 30% de valeur ajoutée). Mais à cela s’ajoute le suivi de la procédure de vérification qui procède par des calculs.

    Ceci est fait par les comités nationaux d’agrément aux produits industriels qui, après validation, soumettent les dossiers au comité régional (composé de deux douaniers de chaque Etat) qui réexamine la même demande. C’est donc cette instance qui décide en dernier ressort de la fiabilité du produit. Motivant ainsi la délivrance de l’agrément communautaire par le secrétariat général de la CEEAC ou la Commission de la Cemac. Je voudrais juste préciser que c’est le produit qui reçoit l’agrément et non l’entreprise. Une entreprise qui a 10 produits doit obtenir un agrément à chacun de ses produits pour les exporter en franchise dans la sous-région.

    Le secteur privé camerounais pose un ensemble de préoccupations liées à la qualité du traitement des dossiers d’agrément. Quelle est votre lecture ?
    Le secteur privé veut toujours aller vite. Ce qui est tout à fait normal compte tenu des enjeux. Il ne se plaint pas véritablement. Le comité national est tout à fait conscient de la nécessité de traiter ces dossiers dans les meilleurs délais. La seule question c’est le volume de demande. On ne peut pas demander à l’administration ou au comité national de se réunir chaque fois qu’ils ont une seule demande. Ils ont souvent besoin d’un nombre critique qui n’est pas déterminé pour se réunir et rendre leur traitement plus efficace. Ce qu’on sait ce qu’ils se donnent un certain délai à partir duquel même s’ils n’ont reçu qu’un seul dossier, ils ont l’obligation de se réunir et d’examiner ce qui est soumis à leur étude. Il est généralement de 3 mois.
    La recommandation que nous faisons toujours est que le comité devrait se réunir le plus souvent possible pour ne pas retarder le traitement. Car il y a une deuxième étape plus importante. Elle se joue au niveau régional et là, il y a des retards. Le comité régional, je ne pense pas qu’il se soit réuni plus de deux fois l’an. La solution serait peut-être qu’il y ait plus de demandes. Lorsque ce n’est que le Cameroun, ça peut poser problème. Mais si ce sont les 11 Etats membres qui transmettent des dossiers, ça veut dire que tous les deux mois voire moins, il y aurait une telle fréquence plus importante.

    Les exportateurs camerounais de savon accusent la République Démocratique du Congo de ne pas respecter les agréments. Est-ce que le tarif préférentiel est suffisamment généralisé et incorporé dans les pays?
    Je peux même dire que vous avez répondu à votre question. Nous l’avions un peu abordée déjà. L’un des obstacles majeurs reste la non incorporation des textes communautaires dans les lois nationales. Et malheureusement c’est ce qui fait force de loi. Lorsqu’un produit arrive dans un pays et que le tarif préférentiel n’apparait dans aucun texte. Il n’y a pas de référence pour pouvoir accorder le bénéfice de l’agrément au TPG [Tarif préférentiel généralisé]. Il y a même des cas où c’est inscrit mais c’est méconnu. Le douanier qui est à la frontière, n’est pas du tout au courant de ces instruments communautaires signés par le pays. Mais si personne ne le lui dit, pour lui chaque produit qui arrive doit payer des droits de douane quel que soit l’origine. Voilà pourquoi la campagne actuelle de renforcement de capacités est nécessaire pour nous. Il y a deux semaines [fin juin], nous étions au Gabon. Nous nous sommes adressés au secteur privé pour leur présenter les outils communautaires. Mais aussi au secteur public qui traite de ces dossiers. Nous avons partagé avec eux l’expérience du Cameroun qui est très bonne. Il revient au secteur privé de pousser l’administration pour que les dispositifs soient implémentés au niveau national et de faire le lobbying au haut niveau pour qu’ils soient appliqués dans les autres pays de la sous-région.

    Est-ce que l’ouverture des barrières commerciales avec le Tarif préférentiel régional ne bute pas sur l’inexistence des avantages comparatifs ? N’y a-t-il pas d’une part une grande similarité de production manufacturière et d’autre part une grande variété du coté camerounais ?
    Il y a aussi la peur de la compétition. Le secteur privé aimerait que leur marché soit protégé et qu’il soit le seul à pouvoir fournir des produits dans la sous-région. Or, nous sommes à l’époque de la mondialisation. Le commerce est libre dans toutes les régions du monde. L’Afrique ne peut pas y échapper. La solution pour nos entreprises et nos industries c’est de se réveiller et d’être compétitive : en matière de qualité et de prix. Et lorsque vous êtes compétitifs, vous n’aurez peur d’aucun produit, même local. A plus forte raison un produit qui viendrait d’ailleurs. Un produit pour lequel le transport a été payé et sur lequel ont été prélevées des taxes. Bizarrement, ces produits d’origine lointaine sont encore les moins coûteux dans nos pays. Donc, les opérateurs économiques devraient se poser la question de savoir: pourquoi est-ce que les produits importés sont moins chers que les leurs souvent à qualité égale ou même à qualité meilleure ? Il faudrait que les entreprises changent leur process et se mettent au pas de la qualité et de la productivité s’ils veulent survivre. Sinon c’est cette compétition-là qui va les balayer et faire place à d’autres produits qui viendront d’ailleurs.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac: Obiang Nguema et Bongo convoquent un sommet de crise

    Cemac: Obiang Nguema et Bongo convoquent un sommet de crise

     

    Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a effectué le 22 août dernier, une visite de travail en Guinée Equatoriale. A l’issue de son séjour, le président gabonais a annoncé que les deux chefs d’Etat ont convenu «de la nécessité de convoquer un sommet extraordinaire de la Cemac sur la crise économique actuelle».

    Tête-à-tête Obiang Nguema-Ali Bongo

    La Cemac ploie sous une situation économique d’asphyxie. La stabilité monétaire extérieure demeure difficile avec des réserves de change représentant à peine 3 mois d’exportation, un niveau d’endettement global moyen estimé à 45,4% du PIB en 2017 selon le rapport intérimaire de surveillance multilatérale 2017 récemment publié. La Cemac est restée très dépendante du pétrole qui constitue 70% de ses recettes d’exportations. La légère reprise saluée se base notamment sur l’amélioration des cours du baril de Brent sur le marché international.

    Dans cette situation, seuls 4 pays sur 6 ont conclu des accords de redressement budgétaire avec le Fonds monétaire international en violation des engagements du sommet extraordinaire de Yaoundé de décembre 2016. Les réserves de change de la Beac peinent à se rééquilibrer entre les pays. L’intégration économique demeure très peu capitalisée avec un marché commun d’à peine 3% des échanges intracommunautaires.

    Depuis le sommet de Yaoundé, le mot d’ordre c’est la diversification économique. Mais à près de deux ans, la matérialité est très peu visible. Les Etats se sont davantage appesantis sur les coupes budgétaires. Tout de même, à la Commission économique du bétail, de la viande et des ressources halieutiques (Cebevirha) on recherche activement 150 milliards de francs CFA pour le plan stratégique de développement de l’agriculture.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Le départ de Kabila soulage l’Afrique centrale

    Le départ de Kabila soulage l’Afrique centrale

    Le sommet du 14 août sur la sécurité dans les grands lacs a largement consacré ses travaux à la situation en République démocratique du Congo (Rdc).

    Le président sortant de la RDC à droite

    Organisé par le Président angolais Lourenco Joâo Lourenço, la rencontre a permis aux Chefs d’Etats et aux ministres des Affaires étrangères présents d’exprimer leur regard sur le choix du Président Kabila de se retirer. Le communiqué final dit «les chefs d’Etat se sont félicités de voir le président Joseph Kabila honorer son engagement à respecter scrupuleusement la Constitution au terme de son second mandat. C’est une démonstration claire de sa détermination de placer les intérêts du peuple de la République Démocratique du Congo au-dessus de toute autre considération».

    Acting
    Ils ont d’ailleurs «réaffirmé leur volonté d’accompagner et de soutenir le Peuple Frère de la République Démocratique du Congo, en ce moment important de la consolidation de leur processus démocratique». Pour ce faire, ils appellent à «une action régionale contre les Forces Négatives de l’ADF et du FDLR à l’Est de la RDC où elles continuent de faire des victimes civiles et déstabiliser les Pays voisins».

    Etaient présents à ce sommet, Denis Sassou Nguesso du Congo, président en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), Ali Bongo du Gabon, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et Joao Lourenço de l’Angola, président en exercice de l’organe pour la coopération politique, défense et sécurité de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

    Zacharie Roger Mbarga

  • Plus de 500 milliards pour oxygièner les banques de la Cemac

    Plus de 500 milliards pour oxygièner les banques de la Cemac

    La Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) se propose de fournir à nouveau des liquidités aux banques commerciales des six pays de la Cemac.

    Un appel d’offre dans ce sens a été lancé le 23 août dernier par la banque centrale. D’un montant de 265 milliards de francs CFA et d’un taux de 2,95%, l’adjudication court jusqu’au 30 août 2018. Une aubaine pour les banques commerciales en besoin extrême de liquidité. Le plafond de cette nouvelle opération pourrait d’ailleurs être dépassé au vu de la demande.

    Avec ce nouveau renflouement, la banque centrale des pays de la Cemac va franchir le pallier de 500 milliards de francs CFA de liquidités injectées dans les banques de la Cemac, depuis juin 2018. En effet, le 12 juin dernier, la Beac avait déjà émis sur le marché financier sous régional des obligations de liquidités par voie d’adjudication. Le montant était plafonné à 285 milliards francs CFA. Le taux d’intérêt identique à celui de cette opération. En 24 heures, les acteurs du marché financier de la Cemac ont souscrit à hauteur 357,04 milliards francs CFA. Soit un taux de souscription de 125,28% engendrant une demande supplémentaire de 72 milliards.

    Pour l’expert financier Cédric Guissou, ce record traduit un certain tarissement de liquidités sur le marché financier notamment pour les établissements de crédits (banques, assurances). Ce qui veut dire en outre que les économies de la sous-région Afrique centrale ne sont pas financées de manière optimale.

    Les adjudications sont des ventes de liquidités par l’autorité d’émission territorialement compétente. Le but final est de permettre aux établissements de crédit jugés solvables, de faire face aux tensions temporaires de liquidités pouvant affecter la stabilité financière de la sous-région.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Vers un marché unique de la téléphonie mobile dans la sous-région

    Vers un marché unique de la téléphonie mobile dans la sous-région

    Harmonisation des tarifs de communication, réduction des coûts d’itinérance et résolution du problème d’interférence entre les pays membres… Voilà les premiers dossiers de la convergence téléphonique en Afrique centrale. Les responsables des agences nationales de régulation du secteur des télécommunications ont récemment défini ces priorités.

    Depuis sa session extraordinaire au début du mois d’août, l’Assemblée des régulateurs des télécommunications de l’Afrique centrale (Artac) réfléchit à un système intégré régional des télécommunications. A l’échelle nationale, chaque pays est doté d’une infrastructure obéissant à l’écosystème économique, juridique et technologique. Du fait d’une absence de convergence, le coût de la communication inter-pays est un calvaire pour les consommateurs. Pour résoudre ces problèmes, «les pays membres de l’Artac vont signer des accords d’interconnexion», informe Bertrand Bodeze Debossal, directeur général de l’ART/RCA.

    Gains
    L’indice d’intégration régionale publié en 2016 par la CEA identifie l’itinérance comme l’un des 16 indicateurs d’appréciation de l’intégration régionale notamment en matière de mobilité. Le bureau sous régional pour l’Afrique centrale a déjà démontré que les coût élevés d’itinérance dans la sous-région augmentent les innombrables entraves à la fluidité des échanges.
    Selon Antonio Pedro, directeur dudit Bureau, la baisse des coûts d’appels permettrait la réalisation des économies d’échelle pour les opérateurs de la téléphonie mobile. Ce qui se traduirait en augmentation des appels, en hausse des recettes, en accroissement de l’impôt, en investissement supplémentaire pour l’amélioration des capacités et qualités du service et en recrutement de personnels.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Chine : la nouvelle addiction africaine

    Chine : la nouvelle addiction africaine

    Beijing, capitale de la République populaire de Chine, accueille les 3 et 4 septembre prochain la 3ème édition du Forum de la coopération Chine Afrique (Focac). «Un des événements majeurs du calendrier diplomatique chinois en 2018» à en croire Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères.

    Le Forum sera «présidé» par le président chinois Xi Jinping. Après Beijing 2006 et Johannesburg 2015, le forum de coopération sera muté en sommet Chine-Afrique. Ce qui, de l’avis des autorités chinoises, se veut un impératif pour «répondre aux besoins importants et aux exigences pratiques du développement entre la Chine et les pays africains».

    Quand on observe le format de la coopération sino-africaine, on est tenté de conclure que la stratégie africaine de rupture du cordon ombilical avec les métropoles occidentales s’incarne dans la création d’une nouvelle dépendance envers l’Empire du Milieu. Aujourd’hui, la dette africaine (tout format confondu) envers la Chine s’élèverait à 200 milliards de dollars. Au cas par cas, le géant chinois représente 70% de la dette publique bilatérale dans certains pays.

    Ivresse

    La Banque chinoise d’import-export (China EximBank) et la China Development Bank (CDB), de même que des fonds bilatéraux spécifiques comme le Fonds de développement Chine-Afrique (CAD Fund) fournissent à l’Afrique des capitaux qui lui permettent d’enrichir son parc infrastructurel. Et l’Afrique en redemande encore ! Son processus d’intégration économique, censé être son arme géostratégique géopolitique et géoéconomique, illustre avec éloquence le positionnement actuel du continent. L’Union africaine est financée par l’occident, son siège est construit par la Chine et c’est cette même Chine qui va offrir 300 millions de dollars pour les infrastructures du premier plan décennal de l’Agenda 2063. Le nouveau siège de la Cedeao lui aussi sera bientôt bâtit (financement, conception et ingénierie de construction) par la Chine.

    Vieilles outres

    Oui, nul ne peut vivre en vase clos dans le nouvel ordre mondial. Mais quiconque prétend à un positionnement stratégique à l’échelle mondiale doit se prémunir d’une monture de conquérant. Pour le citoyen africain, la coopération sino-africaine n’a fondamentalement rien de différent avec celle décriée de l’occident. La vraie fausse inconditionnalité de la dette chinoise est battue en brèche lorsqu’on évalue les contrats chinois d’exploitation du secteur extractif en Afrique. La roue sino-africaine n’est donc pas une révolution. En janvier dernier, les révélations françaises sur l’espionnage chinois au siège de l’UA se sont soldées par une visite de Moussa Faki Mahamat en Chine et une enveloppe de près de 500 millions de dollars pour l’UA.

    La relation Chine-Afrique obéit sans doute aux «cinq principes de la coexistence pacifique», de Zhou Enlai (respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle, bénéfices mutuels, coexistence pacifique). Mais, elle ne s’écarte pas du format hégémonique connu lors du siècle dernier : sommet pays-continent (Chine-Afrique), le difficile partage technologique, l’identique attrait pour les minerais et hydrocarbures, création des grands espaces commerciaux (nouvelle route de la soie)…

    Agenda décroisé

    L’Empire du Milieu est dans une volonté de puissance. Cette conquête est aussi expansionniste que le néocolonialisme de la deuxième partie du 20ème siècle. L’Afrique est dans une dynamique qui a pour but l’autosuffisance par un modèle de développement autocentré. Ce qui est loin d’être une valeur dissuasive à l’échelle mondiale. Un soutien chinois pour la réforme du conseil de sécurité de l’Onu a un prix ! La garantie chinoise pour la création d’une monnaie africaine a elle aussi un coût !
    «Rien ne peut plus se faire sans la Chine» cet aveu d’Emmanuel Macron est désormais l’antienne de l’occident. «La Chine est le laboratoire du monde» reconnait Tony Blair. La guerre économique basée sur les matières premières, mettant aux prises Chinois et Occidentaux, révèle le niveau d’influence géoéconomique de la Chine. Une force ouvrière, une capacité de production et de consommation et un investisseur envié.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Fusion des régulateurs: Le clair-obscur persiste

    Fusion des régulateurs: Le clair-obscur persiste

    Malgré la signature le 11 avril 2018 d’une convention de coopération entre la Cosumaf et CMF, le flou demeure sur le processus d’unification des deux structures.

    Signature de la convention de coopération entre la Cosumaf et CMF.

    Alors que les craintes d’une autorégulation se propagent, les inquiétudes rejaillissent sur la fonte définitive de la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf) de la Cemac et la Commission des Marchés Financiers du Cameroun (CMF). Les pays de la sous-région reconnaissent l’avantage comparatif de l’institution camerounaise en expertise.

    Mais la peur de voir le Cameroun «envahir» cet organe spécialisé de la Cemac rallonge les réflexions sur la méthode d’imbrication à mettre en œuvre. On en saura certainement davantage le 26 août prochain.

    A en croire Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac et responsable du processus d’unification du marché financier, à cette date, «il va y avoir une réunion technique à Douala impliquant tous les acteurs des bourses et les régulateurs pour déterminer un calendrier avec un échéancier clairement établi pour nous permettre d’accélérer la mise en place de cette réforme».

    Pour l’heure, seule une plateforme d’échange lie les deux institutions. Cessant ainsi d’être concurrente, la Cosumaf et la CMF ont récemment contractualisé une collaboration transitoire. Devant prendre fin en juin 2019 au maximum, la convention entre les deux institutions concerne l’échange d’informations et de documentations.

    Le premier alinéa de l’article 2, section 2 de la convention du 27 mars 2018 postule en effet que «les autorités s’obligent, pendant la période transitoire, à se transmettre, recevoir ou échanger toutes les informations et la documentation jugées utiles à l’exercice de leurs missions respectives, en matière de délivrance de visas et d’agréments, de contrôle ou de surveillance des opérations et des entités assujetties».

    Le second axe majeur est la reconnaissance mutuelle des visas relatifs aux opérations de bourse. L’article deux indique «les visas relatifs aux opérations de marché délivrés dans le cadre de l’exercice de leur missions par l’une ou l’autre des autorités aux émetteurs de leur juridiction sont mutuellement reconnus et acceptés par elle.

    Ces visas produisent leur effet sur le territoire des 6 Etats de la Cemac. Aucun émetteur ou opérateur ne peut se voir contraint de solliciter simultanément les visas des deux autorités parties à la présente convention».

    Craintes

    Le troisième trépied de cette convention concerne la reconnaissance mutuelle des agréments et habilitations délivrés aux entités assujetties. Il s’agit ici, tel que précise l’article 4, du fait pour les deux parties à la convention d’accepter, dans le cadre de l’exercice de leurs missions, les agréments et habilitations délivrés par l’une ou l’autre. Ces parchemins sont investis du pouvoir que leur confèrent leurs signataires sur toute l’étendue du territoire sous régional.

    La convention encadre bien d’autres domaines tels que participation mutuelle aux réunions des organes délibérant (article 5), l’échange d’expérience (article 7), coopération technique et opérationnelle des bourses (article 10), tarification des services (articles 11).

    Avec des structures étatiques comme principaux émetteurs des capitalisations boursières et obligataires, se dirige-t-on vers l’autorégulation ? Ou vers une détention majoritaire des capitalisations des Etats ? Le régulateur nouveau devrait, semble-t-il faire montre de séduction à l’égard des opérateurs privés ?

    Zacharie Roger Mbarga

  • Afrique centrale : Réchauffement climatique, une autre entrave à la productivité

    Afrique centrale : Réchauffement climatique, une autre entrave à la productivité

     

    Selon une étude britannique, la force de production et l’énergie électrique sont très exposées au stress thermique. 

    Le dérèglement climatique a un coût humain, un coût social mais aussi un coût économique. L’Afrique centrale sera bientôt sous le diktat économique des vagues de chaleur. En raison de sa dépendance aux exportations de matières premières, agricoles et extractives, la région court le risque de voir le stress thermique influencer le coût de production de ses entreprises.
    Le secteur des matières premières représente près de 75% de la rentabilité économique de la région. Il emploie une forte main d’œuvre. Or, la hausse des températures et la multiplication des épisodes caniculaire vont faire chuter la productivité et renchérir les coûts. Plus il fait chaud et plus le travail est ralenti.

    A cela s’ajoutent les besoins en climatisation qui vont eux aussi peser sur la facture d’électricité. Tel est le scénario de l’Afrique centrale à l’horizon 2045 tel définit dans l’étude «Heat stress: Threatens to undermine export economiesand disrupt global supplychain» du cabinet britanique Verisk Maplecroft.

    «Le stress thermique peut réduire la productivité des travailleurs en provoquant la déshydratation et la fatigue, ce qui entraîne un ralentissement du travail et, dans des cas extrêmes, la mort» prévient l’étude du cabinet Verisk Maplecroft. Les pertes de capacité de main-d’œuvre dues au stress thermique sont plus importantes dans les secteurs à plus forte intensité de travail renchérissent les deux auteurs.

    Energie

    Au regard de la demande en énergie issue du réchauffement, les entreprises de la région seront confrontées à des coûts d’exploitation en constante augmentation et à des risques plus élevés de pannes de courant. D’après les deux auteurs de l’étude Alice Newman et Richard Hewston, les pays de la région perdent en moyenne 20 % de l’électricité produite lors de la transmission et de la distribution.

    Tandis que les entreprises sont confrontées à une moyenne de huit pannes par mois. À ce jour, seulement 76 % de la population urbaine en Afrique a accès à l’électricité, indique VeriskMaplecroft.

    En 2016, la consommation mondiale d’énergie pour le refroidissement s’élevait à un peu plus de 2 000 térawattheures (TWh), et ce chiffre devrait tripler d’ici 2050.

    Pour la société de conseil, même si les gouvernements prennent des mesures pour renforcer le secteur de l’énergie, il est peu probable que l’augmentation de la capacité de production d’électricité suive le rythme d’augmentation de la demande.
    Le cabinet fait observer que seuls les pays où les activités de services sont dominantes devraient être les moins affectés. Face à cette perspective, «des mesures d’adaptation, sont envisageables. Mais elles vont forcément faire grimper les coûts de production». Les auteurs du rapport recommandent d’adapter et d’améliorer également la législation du travail.

    Zacharie Roger Mbarga 

    En 2045, l’Afrique centrale pourrait voir les exportations baisser de 7,9%. La prédiction est du cabinet britannique Verisk Maplecroft, spécialisé dans l’analyse du risque, la recherche et la prévision stratégique. Elle est contenue dans une étude intitulée «Heat stress : Threatens to undermine export economies and disrupt global supplychain» publié le 02 août dernier. Ses auteurs Alice Newman et Richard Hewston, tentent d’établir que le réchauffement climatique va réduire la productivité des travailleurs et impacter négativement le secteur énergétique. Précisément, l’étude tend à démontrer que le stress thermique pourrait ralentir la capacité de la main-d’œuvre. Tandis que la régularité de la hausse des températures et des vagues de chaleur va entraîner une augmentation continue de la demande d’énergie électrique. Au cours des prochaines décennies, soutient l’étude, le besoin de climatisation, dans les zones urbaines, sera doublement voire triplement supérieur. Ce qui posera le problème de la capacité de satisfaction des besoins en électricité. Ces deux problèmes impacteraient alors la production et par ricochet les exportations des pays de la sous-région. Les secteurs des industries extractives (près 88 % des exportations) et de l’agriculture (près de 15%) sont les plus exposés. S’agirait-il d’une analyse nouvelle d’englobement en faveur de l’industrie de l’économie verte ? Eléments de réponse. 

     

    Focus sur les secteurs vulnérables 

    Selon l’étude réalisée du cabinet Verisk Maplecroft, les importations identifiées comme les plus vulnérables au stress thermique en Afrique centrale sont issues du secteur agricole et de l’industrie extractive. Pour les auteurs, l’agriculture (agriculture, foresterie et pêche) et les activités d’extraction (mines et hydrocarbures) sont ainsi exposées du fait de leur dépendance à la température et surtout de l’intensité de travail exigé.

    Agriculture

    L’impact de la hausse des températures sur le secteur agricole se fera à travers la perturbation du calendrier agricole et le durcissement des conditions de travail du fait du stress thermique. Les agriculteurs seront confrontés à des pics de chaleurs agressifs qui vont rendre difficile le travail physique et modifier l’équilibre de la nature. Il faudra s’attendre, selon l’étude, à des vents violents, des poches de sécheresse et des pluies diluviennes en saison pluvieuse.

    L’agriculture demeure le secteur le plus important de l’économie des pays de l’Afrique centrale avec plus de la moitié de la population impliquée. Elle contribue à près de 30% au moins du produit national brut des pays. Mais cette agriculture est essentiellement de subsistance et dépend fortement des précipitations pour l’approvisionnement en eau des cultures. Elle est donc très vulnérable aux changements climatiques, à la perturbation des saisons et à la modification du régime de distribution des précipitations. Avec le réchauffement, il faut prévenir une évaporation plus marquée, des pertes avant et après les récoltes dues aux prolongements ou raccourcissements des saisons de pluies.

    Secteur extractif

    Les auteurs de l’étude du cabinet VeriskMaplecroft sont formels : les industries extractives de l’Afrique centrale vont sérieusement accuser le coup du réchauffement climatique. Le secteur extractif est central pour les économies d’Afrique centrale, où il compte pour près de 88 % de la valeur totale des exportations. L’Angola et le Gabon contribuent à plus de la moitié des ventes menacées du secteur. Le pétrole seul représente respectivement 95% et 80% de leurs exportations totales, la prise en compte des risques que pose le stress thermique pour la capacité de travail sera déterminante pour l’avenir de ces économies.

    Les effets suivants, occasionnés par la hausse des températures, vont impacter l’industrie extractive : la perturbation de la production de l’électricité (réduction du volume des eaux de surface et des eaux souterraines, hausse des températures et de l’humidité entraînant une diminution de l’efficacité de la conversion thermique, hausse de la température et baisse en volume des eaux de refroidissement), la baisse de la productivité de la main-d’œuvre, la destruction des infrastructures de transport (routes en asphalte, plateformes ferroviaires) du fait des fortes précipitations. Ainsi, le stress thermique pourrait occasionner une augmentation des frais d’exploitation, de transport et de démantèlements liés aux activités extractives.

    Zacharie Roger Mbarga 

     

    ‘’La lutte contre le changement climatique est instrumentalisée’’ 

    Caleb Nsalambi 

    L’Africain devrait se départir de la naïveté et de l’angélisme avec lesquels il aborde la scène internationale et s’acheter une conscience géopolitique 

    Le diplomate congolais (RDC) est spécialiste de la géopolitique des changements climatiques. Il éclaire sur les enjeux de ce phénomène.

    Une étude d’un cabinet britannique analyse l’impact de la hausse des chaleurs pour les économies d’Afrique centrale. Quelle différence peut-on faire entre changement climatique et réchauffement climatique ?
    Au regard des conclusions de cette étude, nous nous apercevons, sans entraves qu’il y a sur cette liste peu envieuse, deux pays de l’Afrique centrale dont l’un, notamment le Tchad, paie déjà une lourde facture de contrecoups liés au réchauffement global, avec l’amenuisement exponentiel de la surface jadis couverte par son lac éponyme qui en ce jour a déjà perdu jusqu’à 80 % de sa superficie d’antan. C’est dire toute l’ampleur du changement climatique qu’il ne faudrait pas confondre au réchauffement climatique qui n’en est qu’un élément constitutif, si l’on considère les autres éléments qui sont le vent, les saisons, les précipitations.

    En effet, la Convention-cadre des Nations-unies sur le changement climatique définit ce dernier concept comme étant « des changements du climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours des périodes comparables». Par ailleurs, le réchauffement climatique ou réchauffement global en est une des manifestations. Il faut y joindre la hausse du niveau des mers et de son degré de salinité qui impacte sur l’écosystème maritime, le stress hydrique, le stress thermique, la perte de la biodiversité et la dégradation de l’écosystème, la sécheresse et la désertification, les impacts démographiques occasionnés par les migrations dû aux changements climatiques et les éventuels conflits qui peuvent en découler.

    C’est malencontreusement le paradoxe du changement climatique qui n’obéit pas à la règle qui voudrait que l’auteur d’un dommage en assume les conséquences, car l’Afrique, sans être un grand émetteur de gaz à effet de serre (à peine 5% des émissions mondiales des gaz à effet de serre), paie un lourd tribut à cette catastrophe programmée.

    Pour l’Afrique centrale, quelles peuvent être les répercussions socio-économiques de la situation décrite ?
    Si l’Afrique n’est qu’un faible émetteur des gaz à effet de serre, le hasard géographique a voulu qu’elle soit le continent le plus affecté par les conséquences du changement climatique. Il y aurait dont une géopolitique des émissions qui n’obéit pas à la logique géographique mondiale. Ces conséquences sont diverses et variées en Afrique centrale, notamment le secteur agricole et le secteur minier en seront sérieusement impactés, sans oublier le secteur forestier qui s’avère être à la fois un secteur émetteur et réducteur, la forêt étant un puits de carbone conséquent.

    La hausse des températures occasionnant la sécheresse et la perturbation du cycle des saisons et partant, de la régularité des pluies, réduira les récoltes en quantité et en qualité. Un état des faits qui cause des situations de famine dans un continent qui a du mal à se hisser au rang de ceux qui ont atteint l’autosuffisance alimentaire. En ce jour, plus de 200 millions d’africains souffrent de la famine liée à la hausse généralisée des températures, un chiffre qui représente le sixième de la population du continent.

    Même si le terme «réfugié climatique» ou «réfugié environnemental» tarde à se trouver une autonomie scientifique, faute d’une définition appropriée, le changement climatique oblige de revoir le lexique des migrations internationales, en adoptant le vocable générique de «migrant climatique». Le réchauffement global ramène certains groupes humains à un mode de vie primitif de nomadisme, à la recherche de subsistance pour eux et pour leurs troupeaux. On observe depuis quelques années, en RDC, l’afflux des réfugiés d’un autre genre, venu du Sud-Soudan menacé par la sécheresse. Un scénario similaire se vit dans les régions frontalières au Lac Tchad où un nombre important des populations riveraines s’est jeté sur la route de l’exode pour se mettre à l’abri de la misère.

    Le changement climatique fait craindre des accès de violence dans certaines zones géographiques en raison de la conjonction de plusieurs facteurs, entre autres la désertification, la dégradation du sol et l’irrégularité des précipitations… à cet égard, on est en droit d’appréhender la perspective de la raréfaction des ressources naturelles suite à la mise en compétition d’une population dont l’accroissement exponentiel subite affectera la possibilité de la satisfaction de tous. L’instabilité sécuritaire dans la région du Lac Tchad est édifiante dans la mesure où les populations qui vivaient jadis des activités en lien avec le lac, se sont vu du jour au lendemain au chômage et sans ressources, à la merci des recruteurs des terroristes de Boko-Haram.

    Bien qu’il soit difficile de démêler les causes politico-économiques, la guerre du Darfour a des origines climatiques. Ban Ki-Moon alors secrétaire général des Nations unies, a repris cet argumentaire dans un célèbre éditorial paru dans les colonnes du Washington Post en 2007, en déclarant que : « le conflit du Darfour avait aussi commencé par une crise écologique dont l’origine (tout au moins partielle) était à chercher dans le changement climatique». Le changement climatique s’avère donc être un catalyseur de conflit.

    Le changement climatique va considérablement accroître le nombre de victimes de la malnutrition. Il va aussi augmenter la prolifération des agents vecteurs des maladies tropicales telle que la dengue et le paludisme, qui selon les estimations de l’OMS déciment 25 personnes par minute en Afrique.

    Face aux analyses apocalyptiques sur l’accélération de la modification du climat, certaines voix crient à l’arnaque. Y a-t-il un agenda géopolitique et géoéconomique du changement et du réchauffement climatique ?
    C’est tout l’intérêt du débat suscité par les climatosceptiques, qui par ailleurs ne constituent pas une bande d’écervelés insouciant du sort de la planète mais parmi lesquels on peut compter des érudits dissidents du GIEC, autour de l’hypothèse d’un changement climatique dû aux émissions anthropiques. Le président Trump en est aujourd’hui l’égérie en initiant le retrait des USA de l’Accord de Paris de 2015.

    Il y a d’une part, les capitalistes libéraux que l’on peut qualifier de classique. Ces scientifiques qui soutiennent mordicus que la Planète bleue a toujours connu, depuis le bigbang, d’interminables cycles de réchauffement et de refroidissement, comme l’a démontré la théorie du «cycle de Milancovitch». Par conséquent, il ne servirait à rien de chambouler l’ordre du commerce international en modifiant le rythme et la nature de l’exploitation des ressources naturelles dont regorge la planète, moins encore de s’alarmer en ce qui concerne l’exploitation des énergies fossiles (Pétrole, charbon…) pour nourrir les appétits voraces exacerbées par la mondialisation.

    D’autre part, il y a le courant écologiste qu’il ne faut pas confondre aux écologues. Ce système, tout aussi prédateur que le précédent, se pare des apparences philanthropes pour défendre la pérennité de la Terre en prônant un modèle alternatif de la consommation des matières premières dites écologiques. Ainsi est inaugurée l’ère dite du «totalitarisme vert» que dénonce Claude Allègre. Christian Gerondeau dénonce dans «L’écologie, la grande arnaque» un construit qui consiste, non pas dans les causes anthropiques du réchauffement global, mais dans le système international de lutte contre le changement climatique, qui ne vise aucun autre but que de maintenir les équilibres Nord-Sud. On peut leur reprocher beaucoup de choses, mais il faut avouer que la voix dissonante et dérangeante des thèses climatosceptiques élargit le débat et brise le glacis de la pensée unique construit par les écologistes.

    Au regard de ce qui précède, on peut noter avec Philippe Lepestre que la lutte contre le changement climatique est instrumentalisée comme un élément régulateur des rapports Nord-Sud. Yves Paul Mandjem pour sa part, dénonce le caractère prédateur et hégémonique de ce système qui n’ambitionne que «le contrôle des matières premières et des ressources naturelles». C’est là le nœud du problème. Il faut passer derrière l’écran de fumer pour comprendre qu’au-delà des prétentions environnementales se cachent des prétentions politiques et économiques.

    Que peut faire l’Afrique en général et l’Afrique centrale en particulier pour éviter le piège supposé ou réel de la hausse des températures ?
    Pendant que l’occident se pense et repense le monde, l’Afrique se contente de vivre par procuration. L’africain devrait se départir de la naïveté et de l’angélisme avec lesquels il aborde la scène internationale et s’acheter une conscience géopolitique. Je dis bien s’acheter une conscience géopolitique, car cela nécessite beaucoup de courage face aux rapports des forces en présence dans l’arène internationale, de la subtilité et de l’argent pour former ses ressources humaines et se mettre au diapason des nouveaux défis contemporains.

    Sur l’échiquier mondial, soit on est au menu, soit on est à table. Dès lors, il est convenable de se positionner comme un acteur pertinent des mutations que connaissent notre monde au risque de demeurer inexorablement dans un statut d’enjeu. Ce n’est qu’au prix de ces efforts que l’Afrique pourrait devenir un interlocuteur sérieux de la scène internationale.

    Le plus grand drame de l’Afrique ne réside pas dans la pauvreté matérielle, mais dans son marasme spirituel et culturel qu’il entretient depuis des lustres. Vous vous demanderez certainement que vient faire la spiritualité dans une affaire de climat ? Vous me comprendrez dans la suite. Tenez par exemple : lorsqu’il a été demandé aux pays africains de produire, en prélude de la vingt-et-unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, leurs contributions prévues, déterminées au niveau nationale (CPDN), grand nombre des pays africains n’étaient pas prêts à fournir ce document jusqu’à quelques mois de la tenue de la Conférence de Paris.

    Fort de ce constat, il leur a été proposé des cabinets d’experts, pour la plupart français pour raffistoler à la hâte un document complet. Cette situation ponctuelle qui illustre la propension compulsive de l’africain à consommer les émissions exogènes de la pensée met en exergue la fascination que nous avons pour toutes productions exotiques, avec pour paramètre multiplicateur, l’aversion d’aller puiser dans nos cultures qui pourtant ont des solutions substantielles au changement climatique. La pensée est la première chose que l’Afrique devrait reprendre en son compte, si elle veut tenir son rang dans l’espace international.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

     

  • Mort de Kofi Annan : L’Afrique pleure une «source de fierté»

    Mort de Kofi Annan : L’Afrique pleure une «source de fierté»

    Sur le continent et au-delà, tous rendent hommage à l’humble diplomate chevronné et au leader dynamique que le natif de Kumasi (Ghana) n’a cessé d’être jusqu’au dernier jour. 

    La nouvelle est tombée comme une éruption en cette fin de matinée du 18 août 2018. «C’est avec une immense tristesse que la famille Annan et la fondation Kofi Annan annoncent que Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies et lauréat du prix Nobel de la paix, est décédé paisiblement le samedi 18 août après une courte maladie», affiche le compte twitter de l’illustre disparu à 10h 08 minutes. L’émoi se généralise au fur et à mesure que les média relayent l’information. Les hommages se succèdent sur internet. D’Accra à Addis Abeba, de Genève à Séoul, tous saluent la mémoire du Nobel de la paix (2001).
    A 80 ans, le diplomate à la chevelure et à la barbe grisonnantes, le premier secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) d’origine subsaharienne vient de tirer sa révérence. L’Afrique enregistre-là, en l’espace d’une semaine, une grande disparition de trop. Après Samir Amin, un autre templier de la dignité humaine et de la respectabilité africaine s’en va.«Kofi Annan restera une source d’inspiration et d’encouragement. Grâce à ses nombreuses réalisations, il a été une source de fierté pour l’Afrique» s’est incliné l’Union africaine.

    Apôtre de la paix

    La postérité retiendra que la paix fut l’une des plus grandes valeurs chevillées au corps de Mister Annan. On se rappelle tous de ces images de Kofi Annan sur les terrains de négociation, discutant avec des leaders désavoués ou en disgrâce auprès de la «communauté internationale». Au nombre des actions en tant que secrétaire général de l’Onu, on retiendra son implication dans la résolution de plusieurs situations de conflit. Notamment entre Israël et la Palestine, le Cameroun et le Nigeria, le Cuba et les Etats-Unis… «La disparition de Kofi Annan plonge l’Afrique dans la tristesse. Je garde de lui, le souvenir d’un homme de paix, qui aura apporté sa contribution précieuse, à la volonté commune du Nigéria et du Cameroun, de régler pacifiquement leur différend frontalier», écrit d’ailleurs le président camerounais, Paul Biya.

    Sans perdre son intégrité, sa lucidité et ses convictions en un monde juste, il a souvent exprimé son opinion sans frayeur ni crainte rappelant que «la responsabilité des grands États est de servir et non pas de dominer les peuples du monde».L’Union africaine à travers le communiqué du président de la Commission reconnait qu’il «a défendu sans relâche les valeurs de paix, de respect des droits de l’Homme, de tolérance et de solidarité entre toutes les nations et tous les peuples». Antonio Guterres, actuel plénipotentiaire de l’Onu, dit de lui qu’en «ces temps difficiles et turbulents, il n’a jamais cessé de travailler pour donner vie aux valeurs de la Charte des Nations unies».

    Visionnaire assermenté

    Kofi Annan a été un ardent défenseur du multilatéralisme. Il a toujours cru en la pertinence de cette instance de coopération pour la quiétude internationale. Dans son discours d’adieu au poste de secrétaire général auquel lui succède le Sud-Coréen Ban Ki-Moon à la fin du mois de décembre 2006, Kofi Annan fustige la politique des États-Unis qu’il appelle à suivre la voie du multilatéralisme en acceptant notamment l’élargissement du Conseil de sécurité et à respecter les droits de l’Homme «jusque dans sa lutte contre le terrorisme». Pour l’Union africaine, précurseur du développement durable: «il a été l’un des pionniers de certaines des politiques les plus novatrices des Nations unies, notamment les Objectifs du millénaire pour le développement et la responsabilité de protéger».

    Leader programmé

    «On n’est jamais très jeune pour diriger», confiait Kofi Annan lors de la journée internationale de la jeunesse le 12 août dernier. Normal pour celui qui, dès le lycée de Kumasi, a dirigé le club Onu pendant deux années. Sa dévotion en une Afrique paisiblement et énergiquement gouverné l’a conduit à assumer plusieurs missions de paix sur le continent. Dont la dernière en début de mois d’août au Zimbabwe. Depuis Harare où il a mené de multiples consultations avec les forces sociopolitiques, à l’approche des élections récentes, il prévenait: «ce seront les élections les plus importantes du Zimbabwe depuis l’indépendance. Chacun doit agir de manière responsable avant, pendant et après les élections pour éviter la violence et assurer».

    Zacharie Roger Mbarga

    Planification du développement 

    L’Afrique a sa journée de l’état-civil et des statistiques vitales 

    Elle se célèbrera les 10 août de chaque année. Objectif : promouvoir un système novateur universel de l’enregistrement de l’état-civil et des statistiques vitales pour la bonne gouvernance et une vie meilleure. 

    Améliorer l’enregistrement à l’état civil, c’est garantir la quiétude sociale en Afrique

    La première édition de la Journée africaine de l’état-civil et des statistiques vitales a été placée sous le thème «promouvoir un système novateur universel de l’enregistrement de l’état-civil et des statistiques vitales pour la bonne gouvernance et une vie meilleure». Cette première journée intervient alors que l’Afrique vit un paradoxe. La plupart des pays africains ont des lois sur l’enregistrement systématique d’évènements vitaux. Cependant, très peu de pays ont mis en place un système d’enregistrement universel qui couvre tous ces évènements vitaux, y compris les naissances, les décès et d’autres événements vitaux intermédiaires, ainsi que les zones géographiques connexes. Plus communément appelé le «scandale de l’invisibilité», un système d’enregistrement inadapté rend les populations les plus pauvres d’Afrique invisibles et marginalisées. Ce qui, en retour, limite leur accès aux services socio-économiques dans leur pays respectifs.

    Valeur ajoutée

    L’existence de systèmes efficaces d’enregistrement des faits d’état-civil en Afrique contribue à améliorer les systèmes de gouvernance; renforce les capacités des individus à revendiquer leurs droits humains et civils ; dote les gouvernements de capacités renforcées pour assurer la prestation des services de base ; et renforce le suivi des efforts de développement humain. De fait, l’investissement dans l’état-civil et les statistiques vitales est non seulement opportun, mais aussi stratégique pour le continent. Pour l’UA, «l’état-civil et les statistiques vitales doivent faire partie intégrante de la gouvernance d’un pays, et il incombe avant tout aux gouvernements de veiller à ce que les ressources nécessaires soient mobilisées pour assurer leur fonctionnement harmonieux et efficace».

    L’ossature actuelle est une déclinaison de la Charte africaine de la statistique et à la stratégie pour l’harmonisation des statistiques en Afrique. A sa 27ème session de juillet 2016, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, a déclaré 2017-2026 comme la décennie du repositionnement de l’état civil et des statistiques vitales en Afrique aux niveaux continental, régional et national. Elle a exhorté les gouvernements à y répondre avec des mesures appropriées.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Réserves de change: le FMI pour un partage du fardeau

    Afin d’éviter le ruse, «l’opportunisme» (volontaire ou involontaire) et surtout les effets néfastes «de passager clandestin», le Fonds monétaire international (FMI) prescrit à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) «des règles contraignantes sur le partage du fardeau».

    Le taux de couverture de la monnaie (la capacité des pays à couvrir leurs importations par leurs revenus d'exportations) a connu une évolution séquencée en zone Cemac tout au long de l’année.

    Dans une étude publiée le 3 aout 2018, le FMI démontre que les avoirs de la Cemac se présente comme suit : Beac (441,609 milliards francs CFA) ; Cameroun (1 579,571 milliards francs CFA) ; Gabon (383,667 milliards francs CFA); Congo (138,338 milliards francs CFA) ; Guinée équatoriale (-50,809 milliards de francs CFA) et Tchad (-118,421 milliards francs CFA). Pour continuer d’importer, les deux derniers Etats bénéficient du principe de solidarité.

    Le FMI propose que le principe de solidarité ne soit invoqué que pendant une période limitée. Elle est dite «période de grâce» et devrait être instituée pour le pays membre en infraction à mesure de mobiliser les moyens financiers nécessaires pour régler ses obligations de manière ordonnée. Par exemple, par le biais de la liquidation d’une partie de son Fonds national de stabilisation. Le pays devra également se faire évaluer par ses pairs dans le cadre de la surveillance multilatérale et des politiques communautaires d’ajustements.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Trois ans de plus pour l’Unoca

    Trois ans de plus pour l’Unoca

    Le 10 août 2018, le Conseil de sécurité de l’Onu a acté la prorogation du mandat du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Brenuac/Unoca).

    C’était au cours de sa 8328ème séance intitulée «Région de l’Afrique centrale». Il a décidé de proroger de trois ans le mandat de son bureau régional, pour une période allant du 1er septembre 2018 au 31 août 2021. Cette décision prend appui des faits portés à l’attention du Conseil au regard du rapport du secrétaire général sur la situation en Afrique centrale et sur les activités du Brenuac, exposé le 13 juin 2018 par le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique centrale et chef du Brenuac, François Louncény Fall.

    Mandat
    Le 31 août 2019, le Conseil soumettra à un examen stratégique les propositions de mandat et d’activités du Brenuac ainsi que les recommandations formulées sur les points à améliorer. Mais on sait déjà que «les priorités du Brenuac consisteront à conduire des missions de bons offices au nom du Secrétaire général; à aider les pays de la sous-région dans les domaines de la consolidation de la paix et de l’apaisement des tensions découlant des différentes élections tenues entre 2015 et 2018; à collaborer avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et ses Etats membres afin de jeter les bases de la prévention structurelle des violences liées aux élections; à renforcer les capacités du secrétariat de la CEEAC en ce qui concerne la prévention des conflits, les dispositifs d’alerte rapide, les femmes et la paix et la sécurité, la médiation et d’autres domaines; à collaborer étroitement avec le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel (Unowas) au règlement de problèmes transrégionaux tels que la sûreté maritime dans le golfe de Guinée, les conflits entre les cultivateurs et les éleveurs nomades et la lutte contre Boko Haram», indique déclaration de la présidente du Conseil de sécurité à l’issue de la séance de travail.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Un atelier pour évaluer le risque pays en Afrique centrale

    Un atelier pour évaluer le risque pays en Afrique centrale

    L’entreprise Coface, spécialisée dans la gestion des risques, tient le 13 septembre 2018 à Douala (Cameroun), la première édition pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest du colloque Coface risques pays. Organisée sur le thème «enjeux et défis de l’industrialisation en Afrique», cette plateforme d’échanges permettra aux experts et décideurs de faire le point sur les risques-pays et les risques sectoriels dans la sous-région.

    Le processus d’industrialisation en Afrique centrale est conçu pour remporter le défi de la diversification économique. L’industrialisation est escomptée également pour contribuer au développement, au renforcement et au maintien des conditions favorables à la croissance économique et au développement. Or, plusieurs déterminants continuent d’entraver l’attractivité de la région. Il s’agit de l’insécurité, les tensions sociopolitiques, l’insuffisance des réformes pour un meilleur climat des affaires, le manque d’infrastructures…

    Situation
    Face à une situation où le besoin de financement est énorme, le terrorisme en pénétration inquiétante, les capitaux illicites en circulation peu maitrisée, l’ajustement structurel et budgétaire est en implémentation laborieuse… L’Afrique centrale jouit d’une côte de confiance mesurée. En pleine dynamique d’industrialisation, il importe d’améliorer les indicateurs de perceptions de la région.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Samir Amin : un prophète renié par les siens !

    Samir Amin : un prophète renié par les siens !

    L’Afrique et l’hémisphère Sud en général viennent de perdre un érudit. Un des derniers templiers du combat de l’altermondialisme. Un des derniers alliés et théoricien du nouvel ordre économique international. Samir Amin a cassé sa pipe le 12 août dernier à Paris.

    Economiste du développement, l’Egyptien a été de plusieurs combats et le demeure à travers son œuvre. Anticapitaliste, il s’est opposé au libéralisme sauvage. Il s’est employé dans ses écrits à mettre l’homme au-dessus du marché et donc du capital. Il fut l’un des plus invétérés critiques du système de Bretton Woods. Salué et reconnu pour l’influence de ses thèses sur les mutations en faveur du développement (Cnuced, Pnud), les propositions du père de la déconnexion et cofondateur de la dépendance ont toujours gêné. Nombreux parmi ses pairs vont honnir ses thèses. Ce qui l’éloignera des récompenses individuelles comme le prix Nobel d’économie.

    Snobisme africain

    En Afrique, la disparition de Samir Amin laisse de marbre plusieurs leaders politiques et économiques. Comme en témoigne le silence assourdissant de l’Union africaine, de certaines de ses institutions spécialisées et de 98% des dirigeants. L’homme se définissait comme un «animal politique» qui ne peut pas séparer sa trajectoire, sa réflexion intellectuelle de ses combats et options politiques. Et, c’est là la pomme de discorde avec une certaine Afrique: celle de la décision.

    Dans ses œuvres, l’économiste affirme que le capitalisme et l’impérialisme sont incarnés par la Triade Etats-Unis, Japon et Union européenne. Ils ont pour instruments (militaires, économiques et financiers) l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

    Cette triade possède cinq monopoles (armes de destruction massive, système de communication de masse, système monétaire et financier, technologies et accès aux ressources naturelles) qu’elle veut conserver à tout prix. Les guerres d’agression contre les peuples, les menaces contre d’autres pays souverains, les interventions de l’Otan sous la direction de l’armée des Etats-Unis, la prétendue guerre «contre le terrorisme», l’établissement des quartiers généraux en Afrique, sont autant de moyens pour préserver son hégémonie.

    Héritage

    Frantz Fanon, vaillant combattant de la cause noire, assertait: «chaque génération doit, dans une relative opacité, trouver sa mission, la remplir ou la trahir». On peut aujourd’hui affirmer sans ambages que Samir Amin n’a pas trahi la sienne ! L’Egyptien a remis en cause puis déconstruit l’analyse et le discours dominant sur le sous-développement. Une méprise pour bien de ses frères africains (bourgeoisie comprador) à la solde du centre (expression pour désigner les puissances impérialistes).

    Pour lui, le «sous-développement» des pays du Sud, de l’Afrique en particulier, est la conséquence logique du déploiement du capitalisme à l’échelle mondiale. Il préconisait alors que «l’éveil du Sud», entamé avec le projet de Bandoeng (1955 – 1980), se poursuive par la déconnexion à travers une longue transition au socialisme. Et cela demanderait une transition démocratique et un développement autocentré porté par des leaders légitimes et consciencieux.

    Fondateur et premier dirigeant de l’Institut de planification et de développement (Idep) de la Commission économique des nations unies pour l’Afrique, il va mettre sur pied l’Environnement pour le développement de l’Afrique (Enda) devenu plus tard Enda Tiers Monde, le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) et le Forum du Tiers Monde (FTM). Pendant des décennies, il va œuvrer pour en faire des centres d’excellence, alliant réflexion et formation, au rayonnement international. Aujourd’hui, l’ensemble de ces institutions sont à l’image de l’homme.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Economie: La croissance au service de la pauvreté

    Economie: La croissance au service de la pauvreté

    Jugée instable et surtout tirée par le capital, la forte croissance, enregistrée dans la sous-région en 15 ans, a produit davantage des inégalités et un marché du travail informel. 

    Dynamiques de la croissance, des emplois et des inégalités en Afrique centrale.

     

    La structure économique de l’Afrique centrale est une singularité. C’est ce que nous apprend la première édition, du rapport économique de l’Union africaine (UA), intitulée «Dynamiques du développement en Afrique: croissance, emploi et inégalités». Les indicateurs couvent une réalité cyclique et répétitive (voir encadré1). La problématique de la structuration des économies, ayant légitimé les programmes d’ajustement structurel des années 1990, reste entière.

    Depuis 1999, l’évolution à la hausse des prix des matières premières a incité à l’exploitation des ressources naturelles, notamment le pétrole. Elle a aussi conduit les pays à se détourner des autres secteurs tels que l’agriculture. Une dynamique qui freine le développement des branches créatrices d’une réelle valeur ajoutée comme les manufactures. A titre d’illustration, «le secteur agricole a reculé de 21 % du PIB en 1990 à 11 % en 2015, au profit du secteur industriel, en pleine expansion, dont la contribution a augmenté de 34 % à 49 % du PIB», renseigne le rapport. Du coup, «la contribution de la sous-région au PIB de l’Afrique oscille entre 4 % et 11 %, au gré de la conjoncture internationale et du cours des produits pétroliers. Ces derniers représentent plus de 80 % des exportations totales de la zone», précise le document.

    Moteur de croissance

    En réalité, du fait d’une structure productive dominée par les minerais, la croissance est plus intensive en facteur capital qu’en facteur travail. L’analyse des facteurs de production montre que le capital a plus contribué à la croissance économique que le travail et la productivité globale des facteurs (PGF), tant à court terme qu’à long terme. Le capital dont il est question ici est l’investissement privé. Cependant, le faible niveau d’investissement public dans les infrastructures fragilise la croissance à long terme. La variation des cours du pétrole rend les ressources publiques instables. Les pays éprouvent des difficultés à s’engager sur des investissements publics à long terme, notamment dans les infrastructures.

    Pour ce qui est de la valeur travail, au début des années 2000, une transformation structurelle a permis de créer des emplois à faible revenu dans la branche extractive, qui emploie moins de 1% de la population active et ne réussit pas à recruter suffisamment de travailleurs locaux pour les emplois à forte valeur ajoutée. Les différents secteurs de l’économie ne parviennent pas à créer suffisamment d’emplois. Dans le secteur agricole, l’emploi s’est réduit entre 1999 et 2005. Hélas, cette baisse n’a pas été compensée par une création d’emplois proportionnelle dans l’industrie et les services. Aujourd’hui, le manque d’opportunités reste alarmant, alors que la population en âge de travailler continue d’augmenter. Entre 2010 et 2015, cette augmentation est en moyenne estimée à 16 %. Une situation qui vient augmenter le matelas de la pauvreté.

    Optimisation

    Au regard de ces constats, l’UA préconise comme philosophie de favoriser une croissance plus diversifiée, productive et créatrice d’emplois. Ceci en encourageant la transformation locale des matières premières en veillant à ce que les entreprises sur place aient accès à l’électricité, aux services essentiels, à une main-d’œuvre qualifiée et des équipements. Ensuite, apporter une aide ciblée aux femmes et aux jeunes. Faciliter les investissements dans les infrastructures nationales. Installer un environnement d’affaires stable pour attirer des investissements durables. Améliorer le recouvrement des impôts, les politiques de redistribution et les systèmes de protection sociale pour que l’ensemble de la population profite des rentes tirées du secteur extractif.

    Zacharie Roger Mbarga

    Entre 2000 et 2016, l’Afrique centrale a eu une dynamique de croissance robuste estimée en moyenne à 5.6%. Mais en raison de la vulnérabilité de la sous-région aux cours des matières premières, sa croissance est deux fois plus instable que celle du reste de l’Afrique.
    La forte dépendance de l’économie régionale aux quelques matières premières demeure très pesante. Les pays ne parviennent ni à diversifier leurs économies encore moins à amorcer une politique d’industrialisation qui induirait des mutations socioéconomiques profondes.
    Cette situation contribue à l’étroitesse du marché de l’emploi qui demeure essentiellement précaire. Le secteur éducatif parait lui-même symptomatique de l’atrophie économique puisqu’il ne parvient pas à proposer des alternatives.
    L’Afrique centrale est également la région la moins interconnectée et la moins en mobilité selon plusieurs rapports. Dans une tribune dans le magazine Jeune Afrique, Francois Louncény Fall, le chef du bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, évoque une «Afrique centrale, moteur en panne de l’intégration continentale».
    Dans sa première édition, le rapport économique de l’Union africaine, intitulée «Dynamiques du développement en Afrique: croissance, emploi et inégalités», fournit des recommandations pour l’enclenchement d’un processus de transformation structurelle de la sous-région.

     

    Comment l’insécurité éloigne les investisseurs

    Évolution de la violence par des acteurs non étatiques en Afrique centrale.

    La régularité des conflits en Afrique centrale empêche une réelle construction de la confiance entre les investisseurs économiques et les institutions gouvernementales. C’est la crainte qu’exprime le premier rapport sur le développement de l’Afrique publié par l’UA. Ladite production relève que «les guerres en Afrique centrale détruisent le capital physique, réduisent les investissements de santé et d’éducation ayant trait au capital humain et freinent l’accumulation de capital social».
    Depuis 2000, la sous-région a été affectée par d’importants risques sécuritaires. Le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine, la RDC et le Tchad ont connu ou connaissent encore des conflits, qu’ils soient internes ou transfrontaliers. Ces conflits provoquent en outre des déplacements forcés de populations qui empêchent toute activité productrice stable. Ainsi, près de 400 000 personnes ont fui le Burundi depuis 2015 (HCR, 2017) et 542 380 la République centrafricaine depuis 2013 (HCR, 2018), soit environ 4% et 10% de leur population respective. Comme l’illustre le graphique ci-contre, la courbe des violences de la sous- région est plus asymptotique que celle de l’Afrique. Depuis une vingtaine d’année, il ne se passe pas 2 ans sans que le climat sécuritaire soit en agitation. Le rapport conclue par cette lapalissade, «les problèmes sécuritaires ont des conséquences négatives sur les moteurs de la croissance».

    Zacharie Roger Mbarga

    Le sous-emploi domine toujours le marché du travail

    En Afrique centrale, entre 2010 et 2014, le secteur informel avoisinait 38% du produit intérieur brut régional, rapporte l’UA dans son rapport. Les emplois de l’économie informelle représentent une réserve qui permet d’absorber la croissance de la population en âge de travailler. Toutefois, l’insécurité liée à ces emplois (instabilité du revenu, salaires plus bas) appelle à promouvoir les activités formelles. Les données sur le chômage ne prennent pas en compte le sous-emploi, sous estimant ainsi le poids du chômage dans l’économie.

    Or, la possibilité d’évaluer et d’améliorer l’efficacité des politiques publiques dépend de l’existence de bases de données complètes et actuelles. Ainsi, les données sur le chômage semblent limitées pour capturer toute la réalité du marché du travail et son évolution dans le temps. Par exemple, entre 2000 et 2015, le taux de chômage moyen a peu varié dans les pays de la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et serait en moyenne assez bas à 7 %. Le taux de chômage par catégorie n’a guère évolué non plus, à 14.6 % chez les jeunes, 9.8 % chez les femmes et 7 % des hommes.

    Répartition
    Comme illustré sur le graphique ci-dessus, trois secteurs essentiels concentrent la main d’œuvre sous-régionale : l’agriculture, l’industrie et les services. À l’instar des autres pays à bas revenus, les emplois en Afrique centrale sont concentrés dans le secteur agricole. Presque tous les pays affichent un taux d’emploi du secteur agricole très supérieur aux autres secteurs, avec une moyenne régionale de 70.9%. Seuls le Gabon (43%) et Sao Tomé-et-Principe (26%) dérogent à la règle.

    Zacharie Roger Mbarga

    Echanges 

    Harmoniser les politiques publiques pour libérer le commerce

    Les Etats devraient davantage inclure la dimension régionale dans leur stratégie de développement. 

    Composition des échanges en Afrique centrale.

    «En dépit de l’existence de deux organisations régionales, la Cemac et la CEEAC, l’Afrique centrale a le niveau de commerce intérieur le plus faible des communautés régionales africaines» observe l’UA dans son rapport (voir graphique). Aux acquis d’intégration dans la région, les efforts des Etats ont permis des avancées. En octobre 2017, les Etats de la Cemac ont tous pris des mesures en faveur de la libre circulation des personnes. D’ici fin 2018, il est prévu que les citoyens des pays membres de la Cemac puissent effectivement circuler sans visa pendant trois mois.

    Une libéralisation optimale du commerce régional devrait augmenter les flux commerciaux de 15 %. Mais, les Etats doivent adopter des politiques industrielles incitatives et avantageuses. La zone de libre-échange unique Cemac/ CEEAC pourrait à cette seule condition leur être pleinement bénéfique. Car, le peu de complémentarité des biens produits dans la région demeure une sérieuse entrave. Or, le bénéfice se trouve dans la mise en œuvre des stratégies d’avantage comparatif. «Les pays peuvent faciliter le commerce régional en harmonisant des standards de qualité et la capacité de production du secteur privé. Le Burundi et la Guinée équatoriale pourraient rejoindre le Programme infrastructure qualité de l’Afrique centrale (Piqac), un plan d’action partagé par les secteurs public et privé pour développer des règles et systèmes de contrôle de qualité pour atteindre des standards internationaux» propose le rapport de l’organisation continental.

    La diversification économique demeure le meilleur moyen de rentabiliser les échanges régionaux. Le consensus de Douala porté par le bureau sous régional pour l’Afrique centrale de la commission économique des nations unies pour l’Afrique fournit une batterie de mesures pour y parvenir. Parmi les autres obstacles à lever, l’UA insiste sur la réduction des barrières à l’importation pour les intrants intermédiaires et d’équipement essentiels non produits localement. La diminution des barrières non tarifaires notamment administratives est une autre exigence préconisée dans le rapport. Tout ceci concourt à la promotion des chaînes de valeur régionales et au renforcement de la compétitivité du secteur privé. Autres pistes, l’accroissement de l’investissement dans les infrastructures régionales, surtout pour l’électricité et le transport.

    Pour l’UA, la politique monétaire pourrait aider les pays à mieux résister aux distorsions produites par la prépondérance des industries extractives. Lors de la crise de 2007-08, la fixité du change et la garantie de la convertibilité ont réduit les spéculations autour du francs CFA. Les pays de la Cemac ciblent un taux d’inflation stable à moins de 3 %, mais il importe de maintenir une marge de manœuvre en cas de chocs liés au prix des matières premières. La Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac) devrait pouvoir renforcer son bilan financier, notamment en accumulant des réserves de change qui ont souffert à cause de la chute du prix du pétrole.

    Le rapport vu par ses auteurs 

    «Dynamiques du développement en Afrique» est «un rapport qui propose des solutions africaines aux problèmes africains» tranche René Nkouassi, chef du département des affaires économiques de la commission de l’UA. C’est une des multiples matérialisations du positionnement de l’Afrique dans le multilatéralisme. En proposant son modèle de développement, l’Afrique exprime son point de vue sur le multilatéralisme. Pour le président de la Commission de l’UA, cette première édition du rapport «décrypte les politiques de développement du continent. Elle propose une grille de lecture originale du développement de l’Afrique, en évaluant ses performances économiques, sociales et institutionnelles au regard des objectifs définis par l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Les relations entre croissance, emplois et inégalités sont au cœur de ce premier opus, qui s’attache à dégager des implications stratégiques de l’analyse».

    Véritable travail collaboratif, le rapport «Dynamiques du développement en Afrique 2018» est le fruit d’un partenariat unique en son genre entre le département des Affaires économiques de la Commission de l’UA et le Centre de développement de l’OCDE. Une équipe composée de chercheurs universitaires, d’économistes, de statisticiens et d’experts, en Afrique et ailleurs, a contribué à cette édition.

    Zacharie Roger Mbarga

    Augmenter les investissements dans les infrastructures

    Le rapport de l’UA est sans équivoque «malgré ses immenses besoins, la région (Afrique centrale) est celle qui investit le moins en infrastructures par habitant en Afrique. Un niveau deux fois moins élevé qu’ailleurs en Afrique». Cet état de fait est une entrave à l’interconnexion de la région. Ce qui freine nettement les échanges intrarégionaux nuisant ainsi à la fiabilité de la destination communautaire. Les experts mettent en relief ici le domaine énergétique et celui des transports. A les en croire, cette situation est due à l’absence de coopération entre entreprises publiques d’une part et au manque de partenariat public-privé d’autre part. Pour ce second cas, le rapport de l’UA pointe du doigt la taille réduite de ces marchés et un cadre institutionnel fragile. En 2016, seulement 6, 2 % du financement d’infrastructures de la région provenait du secteur privé.

    Projets
    Le rapport offre des pistes d’interconnexion régionale à travers des infrastructures physiques. Notamment pour le transport terrestre et fluvial. Au niveau infrarégional, plusieurs opportunités s’offrent au secteur des transports. La sous-région pourrait investir dans un réseau ferroviaire électrique transfrontalier, à l’instar de l’Eastern African Masterplan (EAM) devant relier le Burundi, le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda et l’Ouganda. Depuis 1999, la Commission internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (Cicos), créée par le Congo et la RDC, promeut un usage durable des eaux. Ses missions pourraient inspirer une meilleure régulation du commerce via le transport fluvial. Ce moyen de transport est le plus polluant après les voies terrestres. Veiller à l’application de meilleures régulations peut protéger les écosystèmes de l’Afrique centrale.

    Zacharie Roger Mbarga 

    Le sous-emploi domine toujours le marché du travail

    Afin de palier au déficit des capitaux servant au financement de l’économie d’une part et des petites et moyennes entreprises (PME) d’autre part, le rapport de l’UA invite les pays d’Afrique centrale à renforcer l’intermédiation financière. C’est-à-dire l’intermédiation des entreprises agréées capables d’attirer du capital et octroyer des financements aux créateurs de richesses en besoin d’investissements. C’est le cas des fonds d’investissement privés voire publics. Pour l’expert financier Adamou Jamel Petouonchi, Cofondateur de l’agence de communication financière Strategy, «l’offre d’intermédiation financière est vitale pour la production du secteur privé. Elle doit être mise en adéquation avec la demande des entrepreneurs pour que ceux-ci aient des moyens d’accompagnements optimaux».

    Solutions
    Les experts de l’UA recommandent que les institutions de financement du développement (IFD) investissent dans des institutions de microfinance (IMF) qui, parallèlement aux banques commerciales, devront accroitre les prêts aux PME. A travers des investissements distincts notamment dans les start-up. Les IFD doivent attirer des capitaux privés pour améliorer l’offre de crédits commerciaux.

    En 2016, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) notait que le ratio des crédits bancaires au secteur privé non financier sur le produit intérieur brut (PIB) était ainsi en moyenne inférieur à 20%. L’institution a pris des mesures d’optimisation visant à redynamiser le marché interbancaire et fournir des informations financières fiables sur les emprunteurs (mise sur pied d’une centrale des bilans, d’une centrale des incidents de paiement et des bureaux de crédit). La banque reconnaissait toutefois que ces mesures à elle seules ne sauraient booster les crédits à l’économie. Les États étaient priés d’assainir l’environnement des affaires, sous l’hypothèse que les banques soient professionnelles.

    Zacharie Roger Mbarga

    Développement social

    Investir dans l’éducation pour réduire les inégalités 

    La qualité de la formation permet de s’attaquer à trois formes d’inégalité: l’accès au cursus complet d’éducation, l’adaptation de l’offre d’éducation au marché de l’emploi et la réduction des discriminations homme-femme. 

    L’Afrique centrale n’est pas la région la plus inégalitaire d’Afrique. Elle demeure devancée par sa consœur d’Afrique australe. Avec six des dix pays les plus inégaux du monde en termes de revenu, cette région est la plus inégale du continent. «La croissance économique de l’Afrique centrale a été portée par un secteur industriel non créateur d’emplois et générateur d’inégalités. En effet, les inégalités diminuent dans les pays d’Afrique où la croissance est due aux progrès de l’agriculture moderne, du secteur des services et des productions industrielles à forte intensité de main-d’œuvre. Or, le secteur industriel de l’Afrique centrale repose sur les mines et le pétrole, à forte intensité capitalistique» analyse le rapport. En l’absence des systèmes de protection sociale assez solides dans la région et en dépit des politiques de redistribution, le rapport de l’UA voit en l’éducation, un régulateur social susceptible de minimiser les grandes fractures sociales. Mais les Etats de la région ne semblent pas avoir vraiment pris conscience de cet état de choses.

    Scolarisation

    Du rapport de l’UA, on apprend que «le taux de scolarisation primaire (68 %) est positif, malgré le faible taux de scolarisation secondaire (25 %), et pourrait encourager plus d’investissements. Depuis 1999, le taux de mortalité infantile a été réduit d’environ 50 % dans presque tous les pays à l’exception du Tchad et de la RDC. Les zones rurales demeurent défavorisées, comme le montre l’exemple du Cameroun, où 86 % des citadins ont accès à l’électricité, contre 22 % seulement des ruraux. Par ailleurs, l’accès à Internet reste faible, 10 % de la population, par rapport au reste du continent (24 %)».

    De nombreux Africains n’ont toujours pas accès à l’éduction de base: environ 34 millions d’enfants d’âge primaire (6-11 ans) ne sont pas scolarisés ; sur ce total, 45 % n’iront jamais à l’école, 37 % sont scolarisés tardivement et 17 % décrochent. En 2015, 6 % seulement des Africains étaient inscrits dans l’enseignement supérieur. Un jeune d’Asie de l’Est et du Pacifique a quatre fois plus de chances d’atteindre ce niveau d’enseignement qu’un jeune Africain.

    Professionnalisation

    La qualité de l’éducation continue de poser un sérieux problème pour le marché de l’emploi en Afrique. Au sud du Sahara, 61.4 % des jeunes travailleurs n’ont pas le niveau d’instruction requis pour être productifs au travail. Plus de 10 % des élèves inscrits au secondaire en Afrique suivent des filières techniques et professionnelles (EFTP). Mais les programmes d’EFTP ne bénéficient en moyenne que de 2 à 6 % des budgets de l’éducation. En Afrique subsaharienne, 7 % seulement des étudiants du supérieur optent pour des études de science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). L’Afrique centrale obéit à cette logique. Dans plusieurs pays, les facultés d’arts classiques et les écoles d’administration continuent d’être auréolées du prestige.

    Genre

    En Afrique centrale, le marché du travail paraît moins inégalitaire que sur le reste du continent. À l’exception du Gabon et Sao Tomé-et-Principe, tous les pays de la région ont un taux d’emploi féminin largement supérieur à la moyenne de l’Afrique. Par ailleurs, le secteur agricole emploie un peu plus d’une femme pour un homme, montrant que les femmes parviennent à mieux s’intégrer dans les activités économiques alimentaires. Toutefois fait observer le rapport «ces activités proposent des emplois à faible valeur ajoutée mais plus flexibles, favorisant l’intégration des femmes sur le marché du travail».

    Recommandations

    Afin de renforcer le niveau de scolarisation en Afrique centrale, le plébiscite est porté sur la promotion d’un accès universel à l’éducation. Ainsi, une politique d’éducation ambitieuse en Afrique centrale peut passer par une obligation de scolarisation jusqu’à 16 ans. Ceci pourrait s’accompagner par la réduction du poids de la scolarisation des enfants dans le budget des ménages.

    Pour l’adéquation entre formation, marché de l’emploi et genre, le rapport économique de l’UA suggère l’intégration de la parité dans la promotion de l’enseignement spécialisé dans des secteurs stratégiques. Le continent et la région devraient développer l’enseignement spécialisé formel dans l’agriculture. Ensuite, militer pour le développement des filières STIM et l’investissement dans la recherche scientifique.

    L’éducation à l’entrepreneuriat est un axe stratégique. La participation du secteur privé à la conception et à l’enseignement des programmes éducatifs en serait l’illustration parfaite. Des consultations périodiques entre établissements éducatifs, secteur public et secteur privé pour adapter au mieux les programmes et les politiques sont à cet effet obligatoire.

    Zacharie Roger Mbarga 

    Afrique 

    L’UA appelle à revoir les stratégies de développement 

    Dans son tout premier rapport économique, l’organisation continentale présente les mesures correctives permettant de recentrer l’action sur le bien-être des populations. 

    L’Afrique présente de grands paradoxes. Le continent est la deuxième région du monde en termes de performances économiques (croissance). «Entre 2000 et 2017, l’économie de l’Afrique a progressé au rythme annuel de 4.7%» note le rapport économique de l’UA. Malgré cette croissance solide, malgré l’accumulation du capital et des nouveaux partenaires commerciaux, les urgences les plus élémentaires demeurent. Les indicateurs macroéconomiques traduisent une réalité incarnée par les seuls chiffres. L’amélioration du bien-être des populations est encore entière. Ni la forte croissance, ni la richesse par habitant (PIB/habitant) ne renseigne sur cet état de fait.

    Les emplois de qualité restent rares. «Si les choses demeurent en l’état, la part de l’emploi vulnérable en Afrique restera supérieure à 66 % jusqu’en 2022 – loin de l’objectif de 41 % à l’horizon 2023 fixé dans l’Agenda 2063», craint la première édition de Dynamiques de croissance en Afrique. Pour les experts de l’UA, le continent compte actuellement 282 millions de travailleurs vulnérables. «Certains gouvernements pourraient bien être incapables de maintenir les niveaux actuels d’investissements publics» prévient le rapport.

    Sans gains de productivité, la transformation structurelle engagée dans l’agenda 2063 aurait un bien grand mal à se poursuivre. Dans de nombreux secteurs intensifs en main-d’œuvre, les entreprises africaines se situent loin de la frontière mondiale de productivité. Elles doivent gagner en productivité pour soutenir une croissance durable.

    «Les marchés régionaux et mondiaux offrent un certain nombre de pistes pour renouveler et conforter les modèles de croissance» conseille l’UA. L’approfondissement de l’intégration régionale et les chaînes de valeur régionales représentent deux options importantes pour diversifier les exportations. L’accord de libre-échange continental et une meilleure négociation et capitalisation des accords commerciaux mégarégionaux sont des voies salutaires. Selon les estimations des auteurs des dynamiques de développement en Afrique, la seule demande de produits alimentaires devrait tripler d’ici 2030. Pour y remédier, l’UA pense que «les gouvernements peuvent aider les entreprises africaines à rattraper leur retard de productivité par rapport au reste du monde, en renforçant les relations industrielles et les capacités locales». Des politiques innovantes peuvent faciliter l’afflux de capitaux pour attirer les investissements privés.

    Le tableau ci-contre expose les mesures correctives pour mieux recentrer le développement en Afrique. Elles sont construites autour de trois piliers (développement économique durable, développement social et développement institutionnel) et de dix actions phares. Des recommandations spécifiques aux cinq sous-régions agrémentent la compétente du rapport.

    Les dix actions proposées par le rapport visent «un développement économique durable, par la stimulation de l’investissement domestique, la diversification des exportations, l’approfondissement des liens ruraux-urbains et la promotion d’une croissance verte ; un développement social inclusif, avec une offre d’éducation en phase avec les marchés du travail et des systèmes de protection sociale efficaces et universels ; et enfin, le renforcement des institutions, par l’intégration régionale réelle, une meilleure mobilisation des ressources domestiques et une amélioration continue de la gouvernance politique et économique».

    Cette matrice pourrait servir de base au dialogue sur les politiques et à la planification des réformes par les décideurs africains. Contrairement au logiciel actuel, il serait bénéfique d’introduire une dimension participative et inclusive. En permettant à différents acteurs de contribuer. Outre les institutions panafricaines, les communautés régionales, et les autorités nationales, les acteurs infranationaux et locaux, secteur privé local, citoyens africains doivent pouvoir se mobiliser pour l’atteinte des aspirations de l’agenda 2063. La production des données de qualité est fondamentale pour suivre, évaluer et ajuster les politiques visant à satisfaire les aspirations du continent.

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Dix actions phares à engager pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063

    1. Favoriser l’investissement en appui au développement du secteur privé local
    Simplifier les conditions d’investissement des entreprises nationales
    Veiller à la cohérence entre les stratégies de promotion des IDE et les capacités du secteur privé local
    Profiter de l’épargne intérieure et des transferts des migrants pour augmenter les investissements nationaux
    Rendre l’investissement public plus efficace
    2. Aider le secteur privé à diversifier la production et les exportations
    – Concevoir des stratégies d’exportation en rapport avec le potentiel du pays
    – Donner des moyens d’action aux agences de promotion des exportations plus autonomes pour diversifier les exportations
    – Moderniser les infrastructures et les services dans les zones urbaines
    3. Resserrer les liens entre les économies rurales et les économies urbaines
    – Réformer la propriété foncière et la gestion des terres
    – Moderniser les infrastructures et les services dans les zones urbaines
    – Renforcer les liens villes-zones rurales en soutenant l’essor durable des villes secondaires
    4. Encourager la croissance verte
    – Promouvoir l’économie circulaire
    – «Verdir» les activités économiques existantes
    5. Renforcer l’éducation tout en améliorant la qualité de l’instruction et des compétences
    – Prôner un accès universel à l’éducation, en particulier pour les filles
    – Promouvoir l’enseignement spécialisé dans des secteurs stratégiques
    – Améliorer l’éducation et la formation techniques et professionnelles
    – Rapprocher les établissements éducatifs des marchés du travail et des entreprises privées
    6.Étendre la couverture des systèmes de protection sociale, y compris pour l’emploi et la santé
    – Instituer des socles de protection sociale
    – Rendre les systèmes de protection sociale viables sur le plan financier
    7. Stimuler les partenariats de l’Afrique avec le reste du monde
    – Renforcer la coopération internationale
    – Améliorer les modalités actuelles de partenariat et de coopération de l’Afrique
    8. Approfondir l’intégration régionale Améliorer la coordination et la gouvernance des CER et rationaliser les cas de multi-appartenance
    – Faciliter les échanges de biens
    – Approfondir l’intégration régionale pour permettre la libre circulation des personnes, des capitaux et des services
    9. Mobiliser les ressources intérieures
    – Concevoir des systèmes fiscaux qui élargissent l’assiette fiscale et favorisent le respect de leurs obligations par les contribuables
    – Investir dans l’optimisation de l’efficacité des administrations fiscales
    – Coopérer à l’échelon international pour améliorer les systèmes fiscaux
    10. Renforcer la gouvernance économique et politique
    – Accroître la responsabilité et la transparence des processus d’élaboration des politiques et des politiques de redistribution
    – Promouvoir une saine gouvernance des entreprises
    – Investir constamment dans la modernisation des capacités institutionnelle
    – Veiller à ce que les réformes soient mises en œuvre à l’échelon de gouvernement adapté

    Source : Union Africaine, OCDE, Dynamiques du développement en Afrique 2018 :

    Croissance, Emploi et Inégalités, p.26

     

  • Faire appel aux femmes pour lutter contre les conflits

    Faire appel aux femmes pour lutter contre les conflits

    Le bureau de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la région des Grands Lacs, la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) et l’Union africaine (UA), entreprennent des missions conjointes de solidarité dans trois pays de la sous-région. Cette délégation a été au Burundi du 9 au 12 août et se rendra en République centrafricaine (RCA) du 13 au 15 août et en République démocratique du Congo (RDC) du 16 au 19 août.

    De manière globale, il s’agit de faire en sorte que les dirigeants des pays visités s’engagent à veiller à ce que les femmes participent pleinement à la vie politique et aux processus de paix en cours dans la région. Il est également question de renforcer les liens avec les ministres chargés du genre et les hauts fonctionnaires nationaux pour promouvoir des processus politiques inclusifs et l’équité du traitement des deux sexes grâce à l’adoption de plans d’action précis destinés à renforcer la contribution et la participation des femmes à la vie politique et aux processus de dialogue.

    Composition
    Le rapport des trois missions conjointes sera présenté à la 9ème réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre qui se tiendra le 8 octobre prochain à Kampala, en Ouganda. Il sera également soumis aux instances de la CIRGL et de l’UA.

    La délégation de haut niveau sera constituée de membres du Comité consultatif de la Plateforme des femmes. La mission sera menée en coopération avec le réseau FemWise de l’Union africaine, le Forum des femmes de la CIRGL, et Onu-Femmes. Feront partie de la délégation Speciosa Wandira Kazibwe, ancienne vice-présidente de l’Ouganda, coprésidente de FemWise Africa et membre du Panel des sages de l’UA ; l’ambassadeur Liberata Mulamula, ancienne secrétaire exécutive de la CIRGL et chercheur invité et directeur associé de l’Institut d’études africaines de l’Elliott School of International Affairs de l’université George Washington et Attiat Halleem, présidente du Forum régional des femmes de la CIRGL, Khartoum, Soudan.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Un accord pour le financement du plan stratégique d’élevage

    Un accord pour le financement du plan stratégique d’élevage

    La Cemac et European Market, Research center (EMRC) ont procédé le 2 août dernier à la signature d’un Protocole d’accord pour la mise en œuvre du plan stratégique 2015-2025 de la Commission économique du bétail, de la viande et des ressources halieutique (Cebevirha) au siège provisoire de la Commission de la Cemac à Malabo.

    La mise en œuvre des programmes contenus dans ce plan stratégique nécessite environ 130 milliards de francs CFA et les contraintes économiques auxquelles font face les Etats de la sous-région exigent le recours aux partenaires techniques et financiers.

    Le concours l’ONG belge EMRC consistera à prospecter pour la mobilisation des ressources nécessaires. L’ONG va se servir de son expertise en marketing des programmes. Elle adoptera une méthodologie s’articulant autour de quatre activités notamment : la récolte et la priorisation des fiches projets, l’identification et la mobilisation des partenaires, l’organisation et le suivi (ou reporting) des tables rondes. Une table ronde des donateurs est d’ores et déjà prévue à cet effet à Bruxelles en Belgique.

    Rigueur
    La conclusion du présent accord consacre l’aboutissement d’un processus de négociation entamé depuis le mois de mai dernier. C’est lors de sa visite à Tel Aviv en Israël, à l’occasion d’une mission économique et agricole organisé par EMRC, que la Cemac avait concrètement entamé les pourparlers avec l’ONG.

    Afin d’accroître les chances de réussite, le président de la Commission de la Cemac, Daniel Ona Ondo, a appelé à la rigueur dans l’exécution du planning des activités, au dévouement pour le succès de ce plan qui augure de bonnes perspectives pour cet important organisme de développement de la communauté. Tout en exprimant la confiance accordée au partenaire, il a dit compter sur l’esprit d’équipe et de collaboration qui règne au sein de l’équipe dirigeante de la Cebevirha. Il a instruit ces derniers à persévérer dans la recherche des moyens.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Football business et fierté africaine: un choix cornélien!

    Football business et fierté africaine: un choix cornélien!

    Le rapport du football africain à l’immigration technique est ombilical. L’industrie footballistique du continent africain demeure portée par les firmes internationales: le football européen et la Fifa.

    C’est ce qui a fait dire à Alidovitch, chercheur, spécialiste du football mondial, que «le football africain est esclave de la mondialisation». Les valeurs du football moderne sont plébiscitées ailleurs qu’en Afrique. Que ce soit les mécanismes de financements, l’architecture du management, le sponsoring du football, les techniques de récompenses, les stratégies de jeu… le football africain est resté à l’école des évolutions du football occidental. Un positionnement qui ne lui permet pas d’institutionnaliser le sentiment de fierté nationale à travers la présence des sélectionneurs africains et des joueurs issus des championnats locaux.

    Dans un environnement international marqué par le sponsoring et la communication à outrance, le football est devenu l’apanage des grandes firmes du sponsoring et de la communication. Aujourd’hui, le seuil des droits télé, le potentiel d’audimat, les gains à la publicité et la capacité à remplir les stades conditionnent la négociation des matchs amicaux. Mieux encore, selon des indiscrétions ou des enquêtes, ces critères président lors des tirages au sort des évènements sportifs de très haut niveau. Le football mondial n’est plus un simple jeu. C’est désormais un construit dans lequel l’extra sportif pèse pour 80%. Dans leur article intitulé «Le football africain entre immobilisme et extraversion», Raphaelle Poli et Paul Dietschy, deux universitaires experts en sport international, estiment que «l’Afrique ne représente plus que 5% des grandes affiches du football mondial». Le gain d’un match amical n’étant pas que sur le terrain.

    Appât du Gain

    Avoir des expatriés sur un banc de touche est toujours sujet à polémique. Surtout lorsqu’il n’est pas auréolé d’un palmarès ayant valeur de passeport. Encore moins dans une conjoncture économique et financière comme celle que traverse plusieurs pays africains. Mais le fait est que l’attractivité technique et marketing des sélections africaines est quasi nulle. Le nombre de sélections africaines non qualifiées au mondial 2018 ayant servi de sparring spartner est révélateur. Plus grave, depuis 2010, les services de sports des grandes chaines sportives ont réduit de 80% leur traitement des équipes nationales africaines rapporte l’article Raphaelle Poli et Paul Dietschy.

    Avec la nouvelle programmation de la Caf, la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) se déroulera au même moment que la Copa America sud-américaine. C’est-à-dire en juin 2019. Si l’Afrique a l’avantage des horaires de diffusion, les sud-américains partent favoris pour les droits télé, la publicité et la présence des recruteurs. Non seulement, la constellation des stars sud-américaines évoluant en occident est très importante mais aussi la compétition prévoit de recevoir des nations étrangères (d’Amérique du nord, d’Europe, d’Asie voire d’Afrique).

    Avoir des stars internationales retraitées sur les bancs de touche africains est un investissement. Le Cameroun qui organise la Can 2019 a deux fois plus intérêt à accentuer la communication sur lui. Clarence Seedorf et Patrick Kluivert sont de très bonnes égéries pour le Cameroun !

    Déconnexion

    Sur 55 sélections africaines membres de la Confédération africaine de football (Caf), 22 seulement ont un sélectionneur national ou africain. Mais aucune équipe africaine ne figure dans le top 25 du classement Fifa. Le débat est-il plus la nationalité des sélectionneurs ou la dépendance du football africain au monopole occidental sur le football mondial ? Ou alors, l’organisation du football sur le continent de Salif Keita et de Roger Milla ?

    La première génération des africains issus du football business est bien celle des années 2000. Samuel Eto’o, Didier Drogba, Yaya Touré sont animés par la fibre patriotique. Ils ont surtout contribué à la notoriété de ce football industriel. Ils incarnent le profil rêvé des bancs de touche de la nouvelle génération. Où la fierté africaine rencontre l’intérêt des barons de la grande communication. Scénario dans lequel la France de Zidane serait enchantée de rencontrer le Cameroun de Samuel Eto’o. Pas sûr en revanche que les vedettes africaines, dont la nostalgie demeure grande, soient très enchantées à l’idée de s’asseoir sur un banc de touche en l’état actuel du football sur le continent noir.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Crise anglophone : La CEEAC craint une ingérence au Cameroun

    Crise anglophone : La CEEAC craint une ingérence au Cameroun

    Depuis quelque temps, l’organisation régionale ne se prive plus d’exprimer son opposition à une intervention de la communauté internationale dans le pays. 

    Tête-à-tête entre Lacroix et Allam-miLa communauté internationale miroite-t-elle quelque chose contre le Cameroun ? Difficile à dire pour l’instant. Une chose est sûre: les cris au loup se multiplient en Afrique centrale. Le 12 juillet dernier, le secrétaire général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) s’est joint à ce concert d’inquiétude, à l’occasion d’une audience avec le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de la paix. Le compte-rendu de cette rencontre, fait par les services de la communication du secrétariat général de la CEEAC où le fonctionnaire onusien a été reçu, apprend qu’Ahmad Allam-mi a indiqué à Jean-Pierre Lacroix que la communauté internationale devait «éviter toute ingérence» dans cadre de la crise dans les régions anglophones du Cameroun.

    En réalité, le diplomate tchadien n’a fait que rappeler au diplomate français la position des chefs d’Etat d’Afrique centrale. Position prise lors de la réunion de concertation organisée en marge du 30ème sommet de l’Union africaine, du 1er au 2 juillet 2018 à Nouakchott en Mauritanie. Selon le communiqué final de cette réunion, il en ressort que, pour les dirigeants des Etats de la sous-région, la crise anglophone est «un problème interne au Cameroun, maitrisé par les autorités camerounaises». De ce point de vue, il ne nécessite à ce stade «aucune intervention de la communauté internationale». A la même occasion, les chefs d’Etats de l’Afrique centrale ont «réaffirmé leur attachement au principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats et au respect de l’intégrité territoriale du Cameroun», considéré comme «un Etat uni et indivisible».

    Scénario libyen

    Pourquoi cette prise de position ? Simple mise en garde ou réaction à une action en préparation ? La CEEAC n’explique pas sa démarche. A Yaoundé, les autorités soutiennent qu’un scénario similaire à celui ayant renversé le régime de Mouammar Kadhafi est en préparation. A la suite des évènements du 1er octobre 2017 et des allusions de «génocide anglophone» qui ont suivi, le ministre camerounais de la Communication, porte-parole de fait du gouvernement, donne une conférence de presse. Issa Tchiroma Bakary explique en fait qu’un «plan diabolique» aux «conséquences déstabilisatrices» aurait été déjoué le 1er octobre. Il consisterait, selon le Mincom, à harceler les policiers et les militaires déployés dans le Nord-ouest et le Sud-ouest dans «le but de provoquer une réaction vigoureuse des forces de sécurité, entraînant un bain de sang et suscitant par là-même une hypothétique intervention internationale».

    Même si le gouvernement camerounais n’a fourni aucune preuve pour étayer ses allégations, l’hypothèse d’une intervention de la communauté internationale n’est pas complétement saugrenue. A la suite d’une insurrection déclenchée dans la ville rebelle de Bengazi et à la demande de la France de Nicolas Sarkozy, l’Organisation des Nations unies (Onu) votait, le 17 mars 2011, la résolution 1973. Elle autorise les Etats membres de l’Onu «à prendre toutes mesures nécessaires, pour protéger les populations et les zones civiles». Quelques jours plus tard, une coalition de pays (France, Etats-Unis et Grande Bretagne) attaque la Libye et assassine le colonel Mouammar Kadhafi.

    Un tel scénario est-il possible au Cameroun ? Certains experts se montrent sceptiques. Parmi les raisons avancées, le soutien affiché de Paris à Yaoundé sur la question anglophone. «Nous savons les tensions qu’il y a dans la région anglophone. Et là aussi, j’ai apporté tout mon soutien au gouvernement pour qu’il puisse aller vers la stabilité», indiquait Emmanuel Macron en début de mois de juillet. En visite au Nigéria, le président français dévoilait le contenu de l’échange téléphonique qu’il avait eu avec le président camerounais quelques jours avant.

    Aboudi Ottou

     

    Depuis bientôt un an, la crise anglophone a dégénéré en conflit armé. A ce jour, plusieurs milices d’inspiration séparatistes affrontent les forces de défense et de sécurité (FDS) camerounaises dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, où vivent à peu près 20% de la population. Pour les pouvoirs publics, l’objectif de ceux qui alimentent ces groupes armés est ni plus ni moins le renversement du régime Biya par une intervention extérieure. C’est bien-là la quintessence des sorties publiques du ministres de la communication et porte-parole du Gouvernement, depuis le début des revendications corporatistes (avocats et enseignants) pour une meilleure prise en compte de la minorité anglophone. Ainsi que l’a expliqué Issa Tchiroma Bakary le 09 octobre 2017, le scénario consisterait à harceler les FSD, «le but étant de provoquer une réaction vigoureuse des forces de sécurité, entraînant un bain de sang et suscitant par là-même une hypothétique intervention internationale». La Communauté économiques des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) semble partager cette façon de voir et dire les choses. Elle qui ne manque plus aucune occasion pour rappeler à l’Organisation des Nations unies (Onu) son opposition à une intervention de la communauté internationale.

     

    Opinion 

    Une intervention des Nations unies au Cameroun est-elle possible ?

    Le Cameroun s’enfonce inexorablement et de manière irréversible dans une trappe à conflits dont les conséquences humaines, économiques et sociales inquiètent ses partenaires internationaux. En juin dernier, les diplomates onusiens ont exprimé leur extrême préoccupation devant la flambée de violence et les nombreuses violations des droits humains signalées dans la partie anglophone du pays. Cette sortie n’a pas manqué d’alimenter les rumeurs les plus folles sur une imminente intervention onusienne au Cameroun.

    L’envoi des Casques bleus au Cameroun ? C’est ce qu’on peut lire en grand titre à la Une de certains tabloïds et de la presse en ligne. Cependant cette information repose sur une mauvaise interprétation de la déclaration des responsables onusiens et d’une méconnaissance du protocole des Nations unies en matière d’intervention armée.

    Tout part d’une correspondance adressée par la coordonnatrice du système des Nations unies au Cameroun, où elle dit vouloir «renforcer la présence des Nations unies au Cameroun afin de répondre au besoin d’assistance et de protection des personnes déplacées, dans le strict respect des principes humanitaires et en coordination avec l’effort du gouvernement». Nous sommes ici dans le registre d’une assistance humanitaire comme le pays en connait à l’Extrême-nord, plus précisément dans le camp de Minawao, où l’UNHCR assiste environs 60.000 réfugiés nigérians et une partie des déplacés internes camerounais. La même assistance est délivrée aux 200.000 rescapés centrafricains qui séjournent dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua.
    L’intervention des Casques bleus entre à contrario dans le registre des Opérations de maintien de la Paix (OMP) qui sont extrêmement codifiées dans les chapitres VI (relatif au règlement pacifique des conflits) et VII (en cas d’agression contre un Etat) de la charte des Nations unies. L’enjeu d’une telle intervention est de contenir la situation explosive et d’actionner le processus politique pour un règlement rapide du conflit.

    On en est loin, en ce qui concerne le Cameroun. Ce d’autant plus qu’une intervention engagée sans la demande/accord du gouvernement camerounais violerait la doctrine onusienne de la paix, qui repose sur trois principes : le non-usage de la force (les Casques bleus ne disposent que d’armes défensives légères), l’impartialité (ils ne jouent que le rôle d’une force d’interposition entre 02 belligérants) et le consentement des parties (y compris celui de l’État dont le territoire servira de théâtre d’opération). Au-delà du respect de cette doctrine, les membres du conseil de sécurité doivent tomber d’accord pour adopter une résolution qui légitime et finance une telle intervention au Cameroun. Chose difficile à obtenir pour 02 raisons :

    1. les Etats-Unis veulent réduire les missions de paix en Afrique et s’attaquent au budget de la Monusco (RDC) et de la Minusma (Mali);

    2. Dans l’hypothèse où les Etats – Unis seraient favorables, la France, gardienne des dictatures africaines, opposerait un véto qui paralysera l’action du Conseil de sécurité. Quid des positions chinoises et russes dans un contexte marqué par l’intensification des rapports diplomatiques entre le Cameroun et ces puissances de l’est.

    Dans tous les cas de figure, la présence onusienne au Cameroun ne pourra être qu’humanitaire. Même si les Etats – Unis le souhaitaient, une intervention multilatérale sous la bannière des Nations unies ne saurait voir les jours. Car Paris, en plein désaccord avec Washington sur le dossier du climat, des accords commerciaux et le nucléaire Iranien, bloquera toute intervention dans ce qu’elle considère toujours comme son pré – carré, où règne un autocrate soumis à ses injonctions.

    Il est en revanche possible d’envisager l’hypothèse d’une intervention unilatérale sur le long terme, portée par le couple anglo-saxon (USA-UK) qui a déjà longuement tiré sur le gouvernement camerounais (même si la colère de Londres a été récemment tempérée par une concession gazière). Aussi des sanctions individuelles dirigées contre les dignitaires du régime soupçonnés de violation grave des droits humains et du droit international humanitaire sont de plus en plus plausibles sur le court terme. Il n’y a pas deux solutions que l’alternance politique pour barrer la voie au déploiement d’une puissance étrangère sur le sol camerounais.

    Joseph Léa Ngoula
    Analyste politique, coordonnateur national

    à la mobilisation du mouvement NOW!

    Front contre l’ingérence 

    Un autre allié nommé Union africaine 

    Dans son nouveau positionnement, Addis-Abeba est contre la moindre immixtion d’une entité étrangère dans les problèmes du continent. 

    Moussa Faki et Paul Biya à Etoudi

    L’instabilité dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun s’est imposée en sujet vedette de la dernière visite à Yaoundé du président de la Commission de l’Union africaine (UA), les 12, 13 et 14 juillet dernier. Sans doute du fait de sa gravité ! Au cours de leur huis clos, Paul Biya et Moussa Faki Mahamat ont, longuement échangé, sur la situation qui prévaut dans les régions anglophones. Du moins à en juger l’esprit de l’échange des toasts lors du déjeuner d’Etat offert par le couple présidentiel à l’illustre hôte. A cette occasion, le président de la Commission de l’UA a eu ces mots: «les éclairages pertinents dont vous avez bien voulu me faire profiter sur les évènements qui se déroulent dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun me sont particulièrement instructifs». Et de poursuivre: «Je voudrais à cette occasion réitérer le ferme attachement à l’unité, l’intégrité territoriale, la stabilité politique et sociale de tous nos Etats membres au sein desquels le Cameroun représente un symbole de diversité linguistique, culturelle et religieuse certes, mais d’unité, d’harmonie et de concorde également».

    Véto

    En vertu de l’article 4 de l’acte constitutif de l’UA, la promotion de l’auto-dépendance collective dans le cadre de l’Union est un principe de l’organisation continentale. Ce principe est désormais très appliqué depuis l’échec du continent à s’interposer contre l’ingérence étrangère en Côte d’Ivoire (2010) et Libye (2011). Les Etats africains essaient tant bien que mal de s’opposer aux agressions extérieures, aux interventions politiques, militaires et même humanitaires non validées par les autorités politiques des pays en situation de sinistre politique et/ou sécuritaire.

    Bien plus, depuis 2016, l’UA, sous la présidence en exercice du Guinéen Alpha Condé a réussi à imposer un logiciel de pensée et d’action: «les problèmes africains se règlent en Afrique par les Africains». Même si les capacités d’opérationnalisation sont encore limitées sur le continent, la réforme de l’UA amorcée depuis 2016 par le trio Deby-Conde-Kagame a amélioré les choses. Désormais, il faudra se référer à l’UA pour tout déploiement politique et sécuritaire en Afrique. C’est dans la dynamique du positionnement stratégique du continent dans le système multilatéral international. Le stratégique dialogue de «continent à continent» implémenté par l’actuel chef de l’exécutif de l’UA. Sur le dossier Cameroun, il faudra donc compter avec l’organisation continentale. Toute volonté d’actions devra l’intégrer.

    Appui

    La contribution de l’UA à la résolution de la situation actuelle n’est pas précisément connue. Pour sa part, le président de la Commission «a appelé à un dialogue inclusif et engagé tous les acteurs concernés à privilégier cette voie pour une sortie de crise durable fondée sur le leadership et l’implication des camerounais de manière à renforcer l’unité du Cameroun dans le respect de sa diversité», mentionne la déclaration faite à la suite de sa visite à Yaoundé. «L’Union africaine est disposée à accompagner tout effort déployé à cette fin, conformément aux responsabilités qui sont les siennes au terme de ses instruments pertinents», peut-on y lire. La proposition de l’UA serait donc un dialogue plus engageant, davantage susceptible de porter des solutions structurelles. Voilà pourquoi dans son toast, Moussa Faki Mahamat déclarait: «seuls la concertation, le dialogue et le traitement pacifique sont la voie juste à poursuivre». L’UA pourrait assurer une mission de bons offices à cet effet et en aurait toute la crédibilité !

    Matériellement, l’UA s’insère dans le logiciel de réponse de Yaoundé. Dans le cadre du plan d’assistance humanitaire, une conférence d’appel de fonds est organisée pour mobiliser un soutien plus important, à la mesure des besoins des populations affectées. Le patron de l’UA adéjà promis qu’il fera prendre «des mesures idoines pour que cette solidarité et compassion se traduisent dans les faits à travers une initiative pertinente qu’appelle la situation».

    Zacharie Roger Mbarga

    Verbatim 

    Issa Tchiroma Bakary

    «Provoquer une hypothétique intervention internationale»

    Extrait du propos liminaire du ministre camerounais de la Communication lors d’une conférence de presse donnée le 09 octobre 2017

    «Les événements qu’ont vécus nos compatriotes dans certaines localités du Nord-ouest et du Sud-ouest le 1er octobre dernier sont le fait de ces extrémistes violents qui avaient déjà prédit et planifié un bain de sang et pire encore, – je les cite – «un génocide anglophone», fin de citation.

    De fait, la stratégie mise en place par ces dangereux fauteurs de troubles consistait, au moyen de correspondances adressées au secrétaire général des Nations unies par les nommés Julius Sisiku Ayuk Tabe, Wilfried Tassang et AkereMuna, à préparer les esprits à la survenance d’un génocide planifié par le Gouvernement camerounais à l’encontre de compatriotes d’origine anglophone.

    Pour ce faire, des centaines de mercenaires ont été recrutés et formés à l’étranger, des cargaisons d’armes blanches – en l’occurrence plus de 500 machettes parfaitement aiguisées – d’importantes quantités d’armes à feu et d’engins explosifs ont ainsi été provisionnés et placés en lieux surs par les sécessionnistes.

    Cet arsenal devait servir à l’exécution de tueries en masse, perpétrées par ces mercenaires.

    À cette occasion, des attaques armées devaient être lancées contre les Forces de Défense et de Sécurité, des services publics, des édifices et des biens publics et privés. Parallèlement, des groupes de personnes armées, fanatisés, drogués et que l’on avait conditionnés et revêtus d’amulettes pour leur faire croire à leur invulnérabilité, allaient être jetés contre les Forces de maintien de l’ordre ; le but étant de provoquer une réaction vigoureuse des Forces de Sécurité, entraînant un bain de sang et suscitant par là-même une hypothétique intervention internationale.

    Fort heureusement, les renseignements recueillis par nos Forces de Défense et de Sécurité ont permis de prévenir suffisamment à temps, la réalisation ce plan diabolique et de déjouer les conséquences déstabilisatrices de ce stratagème.»

    Cavaye Yeguie

    «Toute interférence ne peut être que volonté de déstabilisation»

    Extrait du discours du président de l’Assemblée nationale à l’occasion de la clôture le 06 juillet dernier de la session parlementaire du mois de juin.

    «Je ne saurais clore mon propos sans dire l’indignation, mais alors toute l’indignation de la représentation nationale, face aux ingérences d’où qu’elles viennent dans les affaires internes du Cameroun (…) Laissez les Camerounaises et les Camerounais décider de leur destin. Toute interférence ne peut être que manipulation et volonté de déstabilisation. Ce que je dénonce et condamne avec la dernière énergie du haut de cette tribune du peuple souverain (…) A plus de 70 ans de parlementarisme et après près de 60 ans d’indépendance, le Cameroun doit pouvoir assumer librement la conduite de sa propre politique (…) Nous disons oui à des relations de coopération saines et mutuellement bénéfiques mais nous réfutons toute tentative de manipulation de l’opinion.»

     

  • Lutte contre l’insécurité: la stratégie commune CEDEAO-CEEAC

    Lutte contre l’insécurité: la stratégie commune CEDEAO-CEEAC

    Les pourparlers entre les chefs d’Etats et de gouvernement des communautés économiques régionales (Cers) d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest ont abouti à une architecture commune de paix et de sécurité.

    Les pays et les institutions des deux communautés, réunis à Lomé en fin juillet dernier, ont fait le choix d’une solution intégrée et interrégionale pour éradiquer toutes les formes d’insécurité et d’extrémisme violent.

    La déclaration de Lomé sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans les deux espaces qui a sanctionné les travaux propose de ce fait plusieurs mesures : la coopération des polices criminelles des Etats de l’Afrique de l’ouest et de l’Afrique centrale avant la fin de l’année 2018 ; des exercices conjoints et le renseignement intégré entre les forces de défense et de sécurité des pays des deux régions ; un comité ministériel pour le suivi de la mise en œuvre des décisions du sommet conjoint ; et l’institutionnalisation de la régularité des rencontres qui se tiendront désormais tous les deux ans. Une concertation aura également lieu chaque année en marge du sommet ordinaire de l’Union africaine de janvier à Addis Abeba. Le prochain sommet conjoint de 2020 se déroulera à N’Djamena au Tchad.

    Mesures d’accompagnement
    La réussite de cette nouvelle démarche passe par le succès des projets actuels. Ainsi, les Etats engagés dans la lutte contre le même fléau dans le bassin du Lac Tchad et au Sahel appellent leurs compères à un appui matériel, financier, technique et en renseignements à leur force armée. Ensemble, les deux communautés ont demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de placer la force du G5 Sahel sous le chapitre 7 de la charte des Nations-unies en vue de lui assurer un financement pérenne et multilatéral.

    Pour ce qui est de la prévention de ces conflits, une place sera désormais réservée aux leaders religieux et communautaires, aux femmes, aux acteurs du système éducatif et autres groupes concernés de la société civile dans l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de dé-radicalisation, de réinsertion, de réintégration et de réconciliation.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Guerre commerciale: L’Afrique accuse le coup

    Guerre commerciale: L’Afrique accuse le coup

    Les premiers impacts de l’intensification de la guerre commerciale entre les géants, sont perceptibles sur le continent. 

    Les Brics, une alternative pour le continent africain?

    Les droits de douane imposés par les Etats-Unis sur les importations en provenance de Chine, d’Europe et du Canada ont entraîné une faiblesse des marchés boursiers à l‘échelle mondiale. Mais il faut aussi que l’Afrique reconsidère sa trajectoire de croissance économique future pour atténuer l’impact des guerres commerciales inutiles.

    Les marchés boursiers du Nigeria, du Kenya et d’Afrique du Sud ont été largement impactés par la vague protectionniste de Trump. L’Afrique du Sud est préoccupée par le fait que les États-Unis envisagent une nouvelle vague de droits de douane qui pourrait être étendue à l’industrie automobile, qui est l’une des pierres angulaires de l‘économie du pays.

    Ripostes

    Pour l’heure, aucune réaction de l’Union africaine. Le forum des Brics récemment clôturé à Johannesburg a une fois de plus condamné le «protectionnisme des Etats-Unis qui mine la croissance mondiale». Tenu en plein contexte de guerre commerciale lancée par le président américain, la rencontre des 5 émergents avait pour thèmes centraux la «croissance inclusive et la prospérité partagée». Elle a abouti à la création d’une banque de développement des Brics.

    Les Brics, qui rassemblent plus de 40% de la population mondiale, envisagent également commercer en devises nationales. Cette idée que porte la Russie de Vladimir Poutine propose que les pays du forum se tournent vers des échanges hors dollars.
    Certains pays ont trouvé pour alternative d’accélérer la mise en place d’accords commerciaux mégarégionaux. Notamment l’UE qui a désormais des zones de libre-échange avec les principaux pays d’Asie (Chine, Japon voire l’Inde), le Canada, les USA, l’Amérique du Sud, les Caraïbes, l’Afrique. Bref une toile d’araignée géante du commerce mondial.

    Africa First

    Après les taxes douanières sur l’acier et l’aluminium visant surtout la Chine (principal exportateur mondial), les États-Unis menacent désormais de surtaxer les importations automobiles européennes, de sanctionner les pays qui commercent avec l’Iran et de taxer de façon punitive la totalité des importations chinoises. La riposte de Pékin, qui dénonce la volonté de Washington de déclencher «la pire guerre commerciale de l’histoire», s’oriente sur la taxation de nouveaux produits américains.

    Le pays de Donald Trump a également imposé des sanctions contre le Rwanda de Paul Kagame sous forme de suspension des avantages commerciaux sur le textile et habillement issus de l’Agoa. En mars dernier, l’administration américaine disait ainsi rétorquer contre les barrières douanières que Kigali a imposées sur les vêtements et chaussures recyclés américains.
    Ceci est une traduction du climat dans lequel baigne le système commercial multilatéral. Un conflit commercial qui menace «à court terme» la croissance mondiale, a prévenu la semaine dernière le Fonds monétaire international.

    Les effets sur l’Afrique seraient les érosions commerciales et le détournement du commerce. Le continent se marche dessus pour la seule mise en place de sa zone de libre-échange continentale. Une opportunité unique de protection de son marché, d’intensification de sa compétitivité et de renforcement son industrialisation.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Positionnement: Le Maroc aujourd’hui

    Positionnement: Le Maroc aujourd’hui

    Puissance financière et écologique de classe internationale, le Royaume chérifien est, depuis peu, la capitale mondiale des migrations. Il est en plus un centre culturel et touristique futuriste très envié. 

    Le positionnement géostratégique du Maroc dans le monde n’a pas connu de rupture depuis la fin des années 2000. Après l’ouverture économique marquée par le partenariat euro-méditerranéen avec l’Union européenne (UE), qui lui vaut un statut de membre – observateur de l’UE, le pays a rejoint l’Accord de libre-échange européen et en a signé plusieurs autres. Aujourd’hui, le «made in Morocco» est florissant sur l’ensemble du vieux continent. Un ancrage géoéconomique consolidée par l’installation des firmes de renom en terre marocaine, notamment Renault (depuis 2002 et en extension), Peugeot (2019) et Citic Dicastal (2019) dans le secteur de l’automobile. Boeing et Bombardier dans l’aéronautique. La Chine s’implante aussi de façon considérable au Maroc. Un projet de «ville industrielle» est en cours au nord de Tanger. Il devra accueillir quelque 200 compagnies chinoises opérant dans la construction automobile, l’industrie aéronautique ou encore le textile.

    Géopolitique

    En l’espace de deux années, Marrakech, ville touristique, accueille deux grandes plateformes planétaires. Après la Cop22 en 2016, voici le Pacte mondial pour des migrations sûres. En décembre prochain, le monde entier a rendez-vous à la Médina pour entériner la boussole onusienne des migrations rentables. L’Assemblée générale des Nations unies a adopté, vendredi 20 juillet dernier à New York, le texte final du pacte. Le Pacte mondial sur la migration vise à donner au monde une «approche globale pour optimiser les avantages de la migration».

    Le Maroc consolide ainsi sa position de capitale mondiale des conventions internationales. En 2016, Rabat avait réussi à faire adopter l’initiative AAA (Adapter l’Agriculture Africaine aux changements climatiques). Elle vise à capitaliser le financement de la coopération Sud-Sud pour réduire la vulnérabilité de l’agriculture africaine. La Banque Africaine de développement avait à cet effet annoncé un investissement de 24 milliards USD au cours des dix prochaines années.

    Géostratégie

    Le déploiement géostratégique du Maroc est illustré par les questions frontalières, le conflit palestinien et les injustices du football international. Les enclaves territoriales en «dispute» ont très souvent été représentées comme une source de fragilité. Désormais, elles constituent le pédigrée de la diplomatie marocaine : offensive décomplexée et pragmatique. Les villes de Ceuta et Melilla, situées physiquement sur le territoire marocain, demeurent espagnoles. Et le conflit est en suspens.

    Sur le Sahara, le pays a récemment remporté deux victoires. La première, c’est la résolution 2414 du Conseil de sécurité de l’Onu. Cette résolution, qui prolonge de six mois le mandat de la mission onusienne d’observation du cessez-le-feu entre Maroc et Front Polisario, appelle les parties à reprendre des «négociations sans pré-conditions» afin de parvenir à une «solution politique mutuellement acceptable». Ce qui s’identifie à la solution politique préconisée par le Maroc, à savoir une autonomie sous contrôle. La seconde, c’est la reconnaissance indirecte de l’UE de la souveraineté du Royaume chérifien sur le Sahara. Il y a quelques jours, Bruxelles et Rabat ont en effet signé un accord de pêche sur les eaux du Sahara. Pour l’UE, ces eaux sont marocaines.

    En football, le Maroc subit toujours les injustices du football business. L’organisation du mondial 2026 confiée au trio nord-américain obéit à cela. Cette cinquième tentative infructueuse du Royaume chérifien a permis de mettre en lumière les réalisations infrastructurelles consenties par le pays depuis de nombreuses années.

    Longtemps confinée à l’expression du folklore local, dans la tradition arabo-musulmane, l’économie culturelle a pris un nouveau tournant depuis le début des années 2000. Le Souverain Mohammed VI, grand amateur d’art, y joue un rôle de premier plan. Il incite à la création, en 2006, de la Fondation Hiba, pour promouvoir le développement artistique. Le Roi lui-même subventionne des artistes et des événements. En 2011, le Souverain lance le Festival international du film de Marrakech. Aujourd’hui, le « Marrakech du rire » est un autre rendez-vous culte.

    Le tourisme s’en retrouve impacté. Avec une capacité litière de 251 206 lits et un parc hôtelier constitué à 49% d’hôtels trois étoiles, quatre étoiles et cinq étoiles, le Maroc a accueilli 11,35 millions de touristes en 2017. Ce secteur représente 11% du PIB avec 532 000 emplois directs en 2017 (5% de l’emploi national).

    Zacharie Roger Mbarga

    Au carrefour de l’Europe et de l’Afrique, le Maroc bénéficie d’une position géographique sur la méditerranée qui accélère son ouverture internationale entamée dès 1996. De l’océan pacifique à l’océan indien, des accords de libre-échange sont signés avec 55 pays dont l’Union européenne, les Etats-Unis, la ligue Arabe et les Emirats arabes unis. Avec une croissance annuelle moyenne de 5 % entre 2008 et 2013, le Royaume chérifien fait un bond en avant qui le place sur la voie des pays émergents. En 2015, le pays fait une remontée de 16 places dans le classement Doing business de la Banque mondiale. Il passe ainsi de la 87ème place pour la 71ème.
    Le Royaume chérifien est aussi une destination culturelle et touristique moderne. Le palais Badii et son évènement culte le «Marrakech du rire» ou le Grand Prix WTCC de Marrakech sont autant d’évènements qui consolident l’attractivité du pays. La carte hôtelière et sanitaire ou la prolifération des aires de jeu font également du Maroc un candidat sérieux aux grands-messes sportives internationales.
    François Bost, spécialiste de géographie économique et de géopolitique, met le pays de Mohammed VI dans la short list des «fauves africains», par analogie aux «quatre dragons» et «bébés tigres» d’Asie ou des «pumas» d’Amérique du Sud. En effet, le Maroc est entré dans les vêtements d’un géant. Et sur le continent, le pays est aujourd’hui le plus grand investisseur africain en Afrique subsaharienne, notamment en Afrique de l’ouest et en Afrique centrale. A l’occasion de la célébration ce 30 juillet de la fête du Trône, le journal Intégration vous présente le Royaume chérifien dans ses différentes mutations. 

    Maroc en Afrique: le hub eurafricain

    La réintégration du Maroc à l’Union africaine a été le parachèvement d’une dynamique d’investissement sur l’Afrique subsaharienne. Puissance industrielle, scientifique, financière et militaire, le Royaume chérifien fait de la coopération Sud-Sud la nouvelle vision de son positionnement.

    46 visites effectuées dans 25 pays africains. Voilà le fondement de l’image de grand pèlerin en Afrique subsaharienne qui colle depuis peu au Roi Mohammed VI. Cette odyssée est au service d’une vision africaine basée sur le co-développement et la coprospérité. «Ma vision de la coopération Sud-Sud est claire et constante: mon pays partage ce qu’il a, sans ostentation. Dans le cadre d’une collaboration éclairée, le Maroc, acteur économique de premier plan en Afrique, deviendra un moteur de l’expansion commune», précise Mohammed VI lors du sommet de la réintégration à l’Union Africaine (UA) le 31 janvier 2017.

    La conviction du Roi est que «c’est à l’Afrique que le Royaume cherche à donner le leadership». Le retour du Maroc au sein de l’UA se situe dans une logique de renforcement du poids géopolitique du continent dans un contexte mondial multipolaire, caractérisé par l’essoufflement du multilatéralisme. Dans la foulée, son adhésion à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédeao) vise à faire de cette communauté économique régionale le moteur géoéconomique du continent. Amel Chevreau, directrice des études et coordinatrice de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen, et Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), décrivent le Maroc comme un véritable «hub eurafricain».

    La construction du Gazoduc entre le Nigéria et le Maroc permettra d’acheminer le gaz des pays producteurs vers l’Europe. Ce projet va renforcer le marché régional de l’électricité. Et améliorer le développement industriel, la compétitivité économique et le développement social. Un projet qui résume en lui tout seul toute la philosophie actuelle de développement du Royaume: «le Maroc est un arbre dont les racines sont en Afrique et le feuillage en Europe», avait prédit le regretté Roi Hassan II.

    Investissements

    Les résultats de cette politique sont déjà plus que visibles. En moins de dix ans, la part de l’Afrique subsaharienne dans les exportations est passée du simple au double. De 3,5 % en 2008, elle a été de 7% en 2016. Avec 17,5 milliards de dirhams d’investissements directs étrangers (IDE) sur la période 2008-2015, le Royaume est le deuxième investisseur africain sur le continent. A en croire Abdou Diop, président de la Commission Afrique de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), 4 milliards de dirhams (357 millions d’euros) d’engagements d’investissements des entreprises marocaines à destination des pays africains sont déjà prévus sur les années à venir. Dans cette lancée, l’Afrique arrive en tête avec 10,20 milliards d’exportations marocaines dans la région.

    En janvier 2018, l’UA a organisé un vernissage sur la contribution du Maroc aux opérations de la paix en Afrique. Pendant plus de 50 années durant, le pays de Mohammed VI a mobilisé plus de 51.000 Casques bleus marocains dans cinq missions de maintien de la paix de l’Onu en Afrique (Congo, Somalie, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire et République Centrafricaine). En outre, 11 hôpitaux médico-chirurgicaux de campagne ont été déployés dans 10 pays du continent et ont assuré plus de 530.000 prestations médicales au profit des populations locales. Le Maroc, consolidant son soutien et son action en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique, reste engagé aujourd’hui dans deux pays, précisément la République démocratique du Congo (depuis 2001) et la République Centrafricaine (depuis 2013), totalisant depuis le début de son déploiement un effectif de plus de 28.000 Casques bleus.

    Migrations

    Au 28ème sommet de l’UA, Mohammed VI a été désigné leader sur la question des migrations, en charge de la réflexion sur l’agenda africain des migrations. «Le 21ème siècle sera celui des grands brassages. Ce constat de bon sens nous interdit de donner toute tournure idéologique, passionnelle, voire xénophobe aux discours sur la migration», estimait-il au sommet UA-UE d’Abidjan. La politique migratoire du royaume s’articule autour des valeurs d’humanisme, symbolisées notamment par plusieurs opérations de régularisation des sans-papiers en terre marocaine. Les personnes naturalisées connaissent les mêmes droits et devoirs que leurs compatriotes plus anciens. Un accent particulier est mis sur la préservation des unions mixtes, composées de marocains et de conjoints subsahariens.

    Le pays est également parmi les leaders de la mobilité estudiantine sur le continent. Selon l’Agence marocaine de coopération internationale (Amci), le pays de Mohammed VI accueille dans ses établissements d’enseignement supérieur environ 18 000 étudiants issus de 44 pays d’Afrique subsaharienne.

    Zacharie Roger Mbarga

    Maroc en Afrique centrale

    Une présence et des perspectives 

    En Afrique centrale, le Maroc jouit d’un ancrage diplomatique solide. Ce qui lui permet un déploiement économique serein et ambitieux.

     

    Le Roi du Maroc, Mohammed VI… l’Africain

    Dans les colonnes du journal français Le Monde, la directrice des études et coordinatrice de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen, et le président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) soulignent que le Royaume chérifien «est le premier investisseur africain dans les zones de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), dont les volumes d’échanges commerciaux ont doublé en quatre ans».

    En tant qu’actionnaire, le Maroc détient 3% du capital de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC). Signée en janvier 2017, la prise de participation s’élève à 4 millions de dollars (Soit plus de 2,2 milliards de francs CFA). Cet achat des parts de la banque d’investissement sous régionale fait du Maroc un contributeur à la réalisation des projets intégrateurs. Techniquement, la présence marocaine au conseil d’administration de la BDEAC renforce la crédibilité de l’institution et améliore sa signature sur le marché de la finance. Notamment en ce qui concerne les levées de fonds et emprunts bancaires. Rabat accompagne aussi le processus d’opérationnalisation du fonds bleu pour le bassin du Congo.

    Lors de sa récente visite à Mèknes, le président de la Commission de la Cemac a encouragé les investisseurs marocains à accroitre leurs investissements dans les pays de sa sous-région, en s’engageant dans les projets intégrateurs. A la même occasion, les universitaires du pays, pour leurs parts, se sont prononcées en faveur d’un partenariat plus poussé. Avec seulement 3 milliards de dirhams d’échanges commerciaux, la sous-région Afrique centrale est une mine en friche pour le Maroc. Le fonds d’investissement royal «Al Mada» pourrait très bien s’épanouir dans les projets d’interconnexion ou dans les projets nationaux impactant mécaniquement au développement régional.

    Relations bilatérales

    Le Maroc a des relations diplomatiques avec l’ensemble des pays d’Afrique centrale. En effet, le Royaume compte des ambassades dans chacun de ces Etats. Avec le Rwanda, la visite du roi à Kigali en octobre 2016 a servi de cadre à la dynamisation de la coopération. Parmi les secteurs concernés, on peut évoquer la finance (acquisition par Attijariwafa Bank de 75% des parts de la banque rwandaise Cogebanque), les infrastructures (construction de 5.000 logements économiques pour 700 millions de dirhams), l’industrie pharmaceutique (construction d’une usine pharmaceutique d’ici 2019 pour la fabrication des antibiotiques bêta-lactamines), en agriculture (construction d’une usine des engrais par le géant marocain des phosphates Mostapha Terrab). Le Gabon jouit d’un accompagnement dans le tourisme, l’agriculture et l’agroalimentaire.

    Au Congo, le cimentier Cimaf est en activité depuis mars 2014. La grande Commission mixte Royaume du Maroc-République de Guinée Equatoriale booste le partenariat économique avec une forte présence des entreprises marocaines au pays d’Obiang Nguema Mbazogo. En République Démocratique du Congo, les Casques bleus marocains continuent de jouer un rôle important dans les opérations de traque menées contre les rebelles. En Centrafrique, la situation sécuritaire reste très préoccupante, mais le pays en reconstruction bénéficie d’une assistance militaire et humanitaire marocaine importante. Pour Sao Tomé et Principe, le partenariat se précise, tandis qu’avec l’Angola de nouvelles pistes sont en étude.

    En Afrique centrale, le Maroc compte aussi beaucoup d’alliés qui partagent sa vision et la soutiennent. Qu’il s’agisse de la réintégration à l’UA ou de la question du Sahara. Le Gabon et le Rwanda figurent au premier rang.

    Zacharie Roger Mbarga

    Maroc-Cameroun 

    Un partenariat exemplaire à fort potentiel

    Les deux pays coopèrent avec « excellence » dans des domaines divers et variés tels que la finance, les infrastructures, la sécurité, les télécommunications, l’éducation… Une relation extensible au regard de la demande.

    Attijariwafa Bank, le porte étendard de la présence marocaine au Cameroun

    Les relations diplomatiques entre Yaoundé et Rabat se sont nouées en 1963 ; et dès 1965, le Maroc installe une ambassade au Cameroun. Depuis, la coopération entre les deux pays n’a cessé de s’intensifier. Aujourd’hui, une demi-dizaine d’accords de coopération se rapportant aux petites et moyennes entreprises, à l’artisanat, au commerce, aux sports, à la formation et à l’enseignement lient le Cameroun et le Maroc. Cette coopération «excellente» se manifeste au niveau politique par les visites des hautes autorités des deux pays. Le président Paul Biya a par exemple assisté aux obsèques du Roi Hassan II en juillet 1999. En juin 2004, le Roi Mohammed IV a effectué une visite officielle de trois jours au Cameroun. Il y avait déjà séjourné en 2001 lors du sommet France-Afrique.

    Investissements

    Sur le plan économique, l’un des marqueurs éloquents de la présence marocaine au Cameroun demeure le groupe Attijariwafabank. Renommée en Société commerciale de Banque (SCB), la filiale camerounaise du groupe marocain s’est distinguée par son leadership sur le marché camerounais de la finance. En ayant assuré plusieurs fois le rôle de chef de file pour les emprunts obligataires de l’Etat du Cameroun. Il s’agit notamment d’un emprunt obligataire de 50 milliards de francs CFA en 2013 à la Douala Stock Exchange (DSX), puis un autre de 150 milliards de francs CFA lancé en 2014, toujours sur le même marché financier.

    De l’avis des analystes, l’emprunt obligataire de 2013 avec des souscriptions d’un montant total de 80 milliards de francs CFA est un succès. Ce qui avait du reste amené l’État du Cameroun à demander au régulateur du marché financier local une sur-allocation des ressources initialement sollicitées. Une marque de confiance alors que le holding financier marocain n’a pas dix ans de présence au Cameroun. Aujourd’hui, la banque marocaine affirme détenir 12% du marché bancaire au Cameroun. Un nouvel arrivant est annoncé dans le secteur. La Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE), engagée dans le financement des infrastructures de la Can 2019, est en train de s’installer au Cameroun.

    On assiste également à une déferlante des compagnies d’assurance marocaines au Cameroun, avec notamment RMA Watanya. Cette compagnie a annoncé, en mars 2014, le rachat des deux filiales camerounaises (Beneficial Life et Beneficial General Insurance) du groupe Ivoirien Belife Insurance. Wafa Assurance envisage l’implantation de greenfield au Cameroun. Dans le transport aérien, Royal Air Maroc est l’une des compagnies étrangères les plus prospères dans le ciel camerounais. Elle était par exemple le transporteur aérien officiel des Ecrans Noirs du cinéma de Yaoundé en cette année 2018.

    Les couleurs du Royaume du Maroc sont également défendues dans le landernau économique du Cameroun par le groupe Addoha, qui avec sa filiale les Ciments d’Afrique (Cimaf), a mis un terme, depuis mars 2014, à 48 ans de monopole de Lafarge dans la production du ciment dans le pays. Dans la même veine, la Compagnie chérifienne de chocolaterie annonce la construction d’une usine dans la ville de Douala. Dans l’autre sens, le Maroc importe du bois, du cacao, du café, du coton ainsi que de la banane du Cameroun, qui est son 17ème fournisseur en Afrique subsaharienne.

    Education

    Destination universitaire de renommée mondiale, le Maroc offre par année au Cameroun 50 bourses d’études supérieures. Permettant à la jeunesse estudiantine camerounaise de se former dans les domaines pointus tels que : les sciences appliquées (commerce et gestion, architecture, arts et métiers, agronomie), la médecine générale (médecine dentaire ; pharmacie), les sciences de la vie (biologie-chimie-géologie), le droit, les sciences économiques et gestion, le tourisme.

    En 2017, le chef de la mission diplomatique camerounaise au Maroc expliquait qu’il y a une forte communauté de près de 500 étudiants camerounais en formation au Maroc. Répartie comme suit : les étudiants boursiers de l’Etat et les étudiants qui arrivent à titre privé. Parmi ces étudiants, entre 150 à 180 sont boursiers du gouvernement marocain.

    Le pays de Mohammed VI apporte également son soutien au Cameroun dans la lutte contre Boko Haram. Le Maroc œuvre et milite en effet pour un islam modéré et tolérant en Afrique. Le Maroc accueille, pour des formations en islam modéré, les imams de toute l’Afrique subsaharienne, dans l’un des plus grands centres dédiés du royaume.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Revalorisation des prévisions de croissance en zone Cemac

    Revalorisation des prévisions de croissance en zone Cemac

    «S’agissant de 2018, les prévisions de croissance ont été révisées à la hausse +2,5% (contre une prévision initiale de +1,9)». Telle est la teneur du communique final du conseil d’administration de la Beac tenu le 4 juillet 2018, à Yaoundé. Cette projection est réaffirmée ce 25 juillet 2018 par son Comité de politique monétaire (CPM). Tenu à N’djamena au Tchad, le CPM prédit que d’un taux nul en 2017, la croissance devrait se situer à 2,5% cette année.

    La banque centrale projette par ailleurs un taux d’inflation de 1,6% contre 0,9% un an plutôt; une réduction du solde budgétaire (hors dons) à 0,3% du PIB contre 4% en 2017 tandis que celui du compte courant (hors dons) se creuserait à 4,8% du PIB, contre 4,3% l’année dernière et une augmentation du taux de couverture extérieure de la monnaie à 60,7% contre 57,5% en 2017.

    Le conseil d’administration de la Beac fait le pari d’une «reprise de l’activité économique mondiale», marquée notamment par «une augmentation relative des cours des principaux produits de base exportés par les pays de la Cemac», à laquelle il faut ajouter la hausse de la production pétrolière dans les pays de la Cemac.

    Piège
    Les supports de cette certitude sont: l’augmentation des ressources publiques attendues issue de l’embellie de la production pétrolière ; la reprise éventuelle de l’investissement public du fait de la disponibilité des nouvelles ressources provenant du frémissement positif du pétrole sur le marché international, l’aboutissement des réformes mises en œuvre par les Etats en vue d’assainir leurs fichiers soldes.

    La «budgétisation» de ces ressources non encore perçues démontre bien de la tentation des Etats à sombrer à nouveau dans un nouveau cycle de dépendance au pétrole. Pour l’expert financier Roger Ngaya, «les économies de la Cemac resteront encore dépendantes de la manne pétrolière». «Le pétrole représente 70% des exportations de la Cemac et plus d’un tiers des recettes budgétaires. Il est clair que les résultats macroéconomiques actuels en sont l’émanation», estime-t-il.

    Zacharie Roger Mbarga

  • En finir avec le tout pétrole en Guinée Equatoriale

    En finir avec le tout pétrole en Guinée Equatoriale

    Lorsque la chute du prix du Brent est enclenchée en mi-2014, la Guinée Equatoriale est le pays de la Cemac le plus dépendant du pétrole.

    Remise du consensus de Douala au Ministre délégué des Affaires étrangères de la Guinée Équatoriale par le Directeur sous régional de la CEA.

    Selon les chiffres de la Banque mondiale, ce minerai représente 98% des exportations du pays. L’or noir pèse en plus 93% des recettes totales et 23% du PIB. La crise actuelle frappe de plein fouet Malabo. Depuis 2015, le pays est en récession. Les taux de croissances enregistrés depuis lors sont négatifs: -9,5 en 2015 ; -8,9 en 2016 et -2,6 en 2017. Cette situation aurait fait entendre raison aux autorités équatoguinéenes qui viennent de s’engager à diversifier l’économie du pays.

    Le 12 juillet dernier, un dialogue de haut niveau, entre les membres du gouvernement, technocrates publics, acteurs du secteur privé et acteurs non étatiques sous l’encadrement de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), a eu lieu à Malabo. A l’occasion, les parties prenantes ont convenu que les difficultés macroéconomiques liées à la chute des cours du pétrole doivent inspirer l’industrialisation et la diversification de sa base de production comme alternatives sûres pour le développement durable du pays.

    Approches
    «J’ai dit à mes collaborateurs que le Consensus de Douala doit être la base de notre plan d’action industriel, car il couvre tout ce dont nous avons besoin» déclare Cesar Hinestrosa Gomez, secrétaire d’Etat à l’industrie et à l’énergie. De son évaluation, la faible coordination et cohérence des politiques entre les différents départements ministériels constitue l’une des difficultés de la Guinée Equatoriale. Plusieurs chantiers sont déjà en maturation dans le pays. On cite notamment, le rajeunissement et le renforcement des capacités de la main d’œuvre agricole, l’amélioration des produits agricoles organiques ainsi que leur accessibilité, la capitalisation de la couverture optimale de la fibre optique.

    Pour la CEA, le succès d’une politique industrielle requiert une approche pragmatique du développement, avec un solide pôle de coordination de l’industrialisation et de la diversification, contrôlé par les plus hautes autorités de l’État. Deux illustrations ont été proposées aux membres du gouvernement équato-guinéen : l’Éthiopie (succès dans les secteurs manufacturiers du cuir, textile et vêtements, fleurs et ciment) et le Rwanda (boom de ses services basés sur les TIC et le développement de son secteur touristique).

    Zacharie Roger Mbarga