Journal Intégration

Mois : janvier 2019

  • Luc Magloire Mbarga Atangana : « l’avènement de la Zone de libre échange continentale ne nous laisse pas le choix »

    Luc Magloire Mbarga Atangana : « l’avènement de la Zone de libre échange continentale ne nous laisse pas le choix »

    Au cours du Conseil de cabinet du mois de janvier, le ministre camerounais du Commerce a dressé un état des lieux du « Made in Cameroon » ; alors que la Zone de Libre Echange Continental (ZLEC) est annoncée pour le mois de juillet.
    Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce.

    Ma présentation s’articulera, si vous en avez convenance, en deux parties, à savoir :

    Première partie : L’état des lieux, entendu comme la structure de nos importations ;

    Deuxième partie : La stratégie de promotion des produits camerounais.

     

    L’état des lieux

     

    Nous avons tous en mémoire ce constat, sous forme d’alerte et d’appel à une prise de conscience, du Président de la République dans son discours d’ouverture du Comice Agropastoral d’Ebolowa, au cours duquel il déclarait : « … L’insuffisance de certaines productions, comme le riz, le maïs, le sucre, le poisson, nous oblige à en importer d’importantes quantités, ce qui déséquilibre gravement notre commerce extérieur. Or, nous pourrions sans difficultés produire davantage de ces denrées ou leur substituer des produits locaux, comme le plantain, le manioc ou d’autres tubercules……..Pour les céréales, il est clair que nous devrions en produire beaucoup plus pour éviter… d’avoir à en importer… Nous devons absolument nous libérer de cette dépendance……L’Afrique ne doit plus importer pour manger. »

     

    Plus qu’un constat, il s’agit d’une triste réalité, qui détonne au regard notamment de notre agro-pédologie riche, diverse et variée, ainsi que de notre potentiel industriel.

    A titre d’illustration, il y a lieu de relever qu’au cours du triennat 2015-2017, la valeur globale de nos importations a été de 9 634 milliards de FCFA, ventilée ainsi qu’il suit :

     

    Hydrocarbures : 1652,1 milliards de FCFA ;

    Véhicules automobiles et tracteurs : 653,6 milliards de FCFA ;

    Riz : 508,5 milliards de FCFA

    Poissons et crustacés : 448 milliards de FCFA ;

    Produits pharmaceutiques : 372 milliards de FCFA ;

    Matières plastiques : 306,2 milliards de FCFA ;

    Autres froments et méteil : 296,6 milliards de FCFA ;

    Appareils téléphoniques : 288 milliards de FCFA ;

    Ouvrages en fonte, fer ou acier : 264,1 milliards de FCFA ;

    Clinkers : 225,1 milliards de FCFA ;

    Friperie : 126, 4 milliards de FCFA ;

    Parfums et produits de beauté : 114, 1 milliards de FCFA ;

    Boissons et liqueurs : 94, 3 milliards de FCFA ;

    Verres et ouvrages en verre : 34, 4 milliards de FCFA ;

    Tabac : 32, 2 milliards de FCFA.

     

     

     

    En d’autres termes, notre pays importe des produits alimentaires ainsi que des produits manufacturés pouvant pourtant être fabriqués localement pour la satisfaction, non seulement du marché intérieur, mais également du marché régional. Ces importations, on s’en doute bien, ont un coût élevé pour notre économie.

     

    Tableau : Evolution des 40 principaux produits importés par le Cameroun entre 2015 et 2017 (en millions de FCFA)

      Produits 2015 2016 2017 Total
    1 Hydrocarbures 723 267 497 858 431 029 1 652 154
    2 Véhicules automobiles et tracteurs 239 512 212 910 201 190 653 612
    3 Riz 181 127 143 636 183 726 508 489
    4 Poissons et crustacées 166 823 166 835 114 294 447 952
    5 Produits pharmaceutiques 130 469 109 960 131 617 372 046
    6 Matières plastiques 106 798 101 787 97 633 306 218
    7 Autres froments et méteil 102 024 90 848 103 735 296 607
    8 Téléphone 81 387 146 217 60 452 288 056
    9 Ouvrages en fontes, fer et acier 93 927 88 955 81 241 264 123
    10 Clinkers 62 907 81 395 80 854 225 156
    11 Papiers et cartons 68 938 59 791 52 329 181 058
    12 Produits chimiques inorganiques 73 875 47 982 56 681 178 538
    13 Insecticides, fongicides et herbicides 46 774 35 436 45 548 127 758
    14 Friperie 43 859 42 082 40 554 126 495
    15 Parfums et produits de beauté 41 846 38 481 33 849 114 176
    16 Appareils d’optique et de photographie 44 175 35 948 31 164 111 287
    17 Produits de la minoterie et malt 36 294 38 424 33 766 108 484
    18 Engrais 40 639 31 695 32 191 104 525
    19 Boissons et liqueurs 30 992 29 446 33 935 94 373
    20 Pneumatiques neufs 32 466 28 559 28 337 89 362
    21 Meubles et mobiliers médicaux 34 028 27 319 24 905 86 252
    22 Préparations alimentaires diverses 29 938 25 462 25 639 81 039
    23 Lait en poudre ou concentré 31 171 19 709 24 012 74 892
    24 Carreaux (produits céramiques) 20 691 22 263 30 300 73 254
    25 Préparations alimentaires pour enfants 22 497 22 962 22 796 68 255
    26 Sucre raffinés de canne 11 338 17 623 35 519 64 480
    27 Huiles brutes raffinées 7 786 18 250 31 499 57 535
    28 Aluminium et ouvrages en aluminium 16 253 23 620 17 479 57 352
    29 Articles de robinetterie 19 694 13 417 14 309 47 420
    30 Accessoires de véhicules 16 781 13 985 13 131 43 897
    31 Chaussures 14 474 14 171 11 544 40 189
    32 Savons et lessives 14 441 13 386 11 666 39 493
    33 Produits chimiques organiques 13 489 10 458 14 832 38 779
    34 Produits de l’imprimerie et de l’édition 13 433 11 477 11 090 36 000
    35 Verres et ouvrages en verre 13 196 10 563 10 657 34 416
    36 Véhicules et matériels pour voies ferrées 21 613 5 493 5 511 32 617
    37 Tabac 12 660 8 867 10 756 32 283
    38 Peintures, vernis, mastics et encres 10 786 10 499 9 879 31 164
    39 Ordinateurs et accessoires 10 072 10 365 6 974 27 411
    40 Sel 7 400 6 682 7 251 21 333

    Source : INS

    La stratégie de promotion des produits camerounais en vue de la réduction des importations

     

    Sans prétendre à l’autarcie, notre pays doit pouvoir contenir le volume de ses importations en les circonscrivant à l’essentiel, c’est-à-dire, aux produits nécessaires à la croissance de son économie et indispensables à sa compétitivité.

     

    A la question de savoir comment, je vois une réponse obéissant au tryptique: disponibilité/accessibilité/ attractivité, synonyme de compétitivité du « Made in Cameroon ».

    De la disponibilité des produits estampillés « Made in Cameroon »

    Pour qu’un produit soit demandé, et donc consommé, il faut avant toute chose en assurer la disponibilité, une disponibilité en continu, 365 jours/365, par opposition au spot. C’est la condition sine qua non pour intéresser le consommateur et le fidéliser.

    A ce niveau, la situation dans notre pays est contrastée, avec d’un côté des filières, peu nombreuses hélas, de référence et de l’autre, celles qui se cherchent.

     

    Dans le premier cas de figure, et s’il m’était donné de dresser un tableau d’honneur, je citerais :

     

    Les huiles végétales raffinées et autres produits dérivés, notamment le savon : alors que jusqu’à une période récente, les huiles de table consommées au Cameroun étaient essentiellement issues de l’importation, la tendance s’est renversée depuis lors, grâce à une capacité installée conséquente, en dépit de l’insuffisance de la matière première qu’est l’huile de palme brute.

    L’on enregistre à cet égard une production de 18 000 tonnes / mois, pour une consommation domestique de 15 000 tonnes.

     

    Il en est de même pour le savon, dont la production s’élève à 33 000 tonnes/mois, pour une demande nationale mensuelle de 15 000 tonnes.

     

    Cette filière à fort potentiel de croissance et à forte valeur ajoutée, qui a investi à ce jour un peu plus de 630 milliards de FCFA et emploie en direct près de 60.000 salariés, montre véritablement la voie à suivre ;

    Le ciment : jusqu’à la crise des années 2008, notre pays ne produisait qu’environ 1,1 million de tonnes de ciment par an. Depuis 2010, avec la création de nouvelles cimenteries, la capacité installée est passée à un peu plus de 4 millions de tonnes, couvrant ainsi l’intégralité des besoins du marché national, le surplus étant, au même titre que pour les huiles raffinées et le savon, exporté vers les marchés de la Sous-Région, voire au–delà. Cette tendance va aller crescendo, avec la construction en cours de deux nouvelles unités à Nomayos, à la lisière de Yaoundé.

    Dans cette filière, non seulement l’offre s’est accrue, mais également la qualité des produits offerts s’est diversifiée, pour le plus grand bonheur des utilisateurs. Il reste bien sûr que notre pays demeure importateur de la matière première qu’est le clinker ;

    La volaille : les mesures de restructuration de la filière avicole, en dépit des aléas liés particulièrement à la crise aviaire, font qu’aujourd’hui le poulet importé congelé a disparu de nos marchés, au bénéfice du bon poulet de chair bien de chez nous.

     

    La situation de ces filières justifie les mesures de protection prises par le Gouvernement, qui consistent soit en l’interdiction pure et simple ou alors la restriction des importations, soit en l’instauration des valeurs mercuriales dissuasives à l’importation. Il s’agit là de ce qu’on appelle dans le jargon de ce corps de métier les obstacles non tarifaires à l’importation, l’une des techniques les plus régulièrement utilisées par les Etats pour protéger un segment donné de leur marché et promouvoir concomitamment la production nationale.

    Ces exemples contrastent malheureusement avec des filières comme le riz ou le poisson.

     

    De l’accessibilité des produits « Made in Cameroon »

     

    La disponibilité du produit est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Il faut encore qu’il soit accessible, mieux, accessible au plus grand nombre. C’est le sens des importants efforts faits au cours des dernières années par le Ministère Commerce, avec le concours de certains acteurs publics et privés, tendant à la modernisation des réseaux de distribution des produits camerounais et à la multiplication des manifestations foraines dédiées.

    L’intensification de la création des grandes surfaces, assortie d’un maillage territorial intégrant non seulement le cœur des grandes villes et les quartiers huppés, mais

    Également la périphérie et certaines agglomérations populaires ou populeuses, a permis d’en vulgariser et d’en démocratiser l’accès. Entre 2015 et 2016, le nombre d’hypermarchés (05) dans notre pays s’est accru de 150%, celui des supermarchés (133) de 44,56% et celui des superettes (443) de 5,88%.

     

    Les gens d’une certaine génération se souviennent qu’il y a une vingtaine d’années, le Cameroun ne comptait que 2 superettes, réparties entre Yaoundé (PRINTANIA) et Douala (MONOPRIX), dont l’accès était réservé à la seule élite, expatriée pour l’essentiel, et qui ne commercialisaient que des produits importés. C’était la belle époque des « pommes de France ».

     

    Aujourd’hui, les grandes surfaces sont l’un des meilleurs canaux de promotion du « Made in Cameroon », les produits locaux représentant a minima 18% des références, avec un objectif de moyen terme de passer à 50%. Cette politique d’exposition à tout vent a permis l’éclosion des produits dont on n’aurait jamais imaginé qu’ils pouvaient être commercialisés et consommés à une telle échelle, à l’exemple du poisson d’eau douce, du foléré, du tapioca, du njansang, de la farine de manioc, de la farine de maïs, du haricot, du koki, du poisson et du poulet fumé, de la viande boucanée, du macabo, de l’igname, de la patate, du ndolé, du kpwem, et j’en passe.

     

    Les exemples vivants étant d’un autre pouvoir, pour reprendre un grand auteur français, j’invite tout simplement les Membres du Gouvernement qui le souhaitent à faire un tour chez DOVV Bastos par exemple, où un rayon entier est réservé à ce genre de produits, typiquement  de chez nous.

     

    S’agissant des manifestations promotionnelles et autres fêtes foraines dédiées aux produits locaux, dont l’initiative appartient en partage au Ministère du Commerce et à certaines Collectivités Territoriales Décentralisées ou à des organisations interprofessionnelles, on peut signaler la Foire Gastronomique du Ndé (NDE’LICES), portée dans ses fonts baptismaux il y a 7 ans avec une Collègue ici présente, FESTI KANGA, la Fête du Plantain, le Festival du Cacao (FESTICACAO), le Festival du Café (FESTICOFFEE), ou encore la Journée Mensuelle de Consommation du Café, organisée à l’esplanade du Ministère du Commerce tous  les derniers mercredi du mois et qui draine à chaque occasion du très beau monde. Exit donc de nos tasses le café de la marque NESCAFE, c’est-à-dire du café importé, et bonjour aux cafés PIERRE ANDRE, BIMELA INTERNATIONAL, BRULERIES NOUVELLES, CAFE D’OR, NWCA, UCCAO, CAFES MONT MANENGOUBA et autres CAFE GOLDEN, tous estampillés « Made in Cameroon ».

    De l’attractivité des produits « Made in Cameroon »

     

    Un certain nombre d’actions ont été réalisées, ainsi que je viens d’en faire la présentation, en faveur de la disponibilité et de l’accessibilité de nos produits.

    Il reste à en améliorer l’attractivité, dans un monde où le consommateur se veut de plus en plus exigeant et la compétition rude. C’est dans cette optique que le Ministère du Commerce a initié la création d’un label « Origine Cameroun certifiée » et la mise en place d’une plateforme publique d’e-commerce.

     

    Du label « Origine Cameroun certifiée »

     

    La labellisation des produits constitue un instrument privilégié de promotion et de protection des produits locaux.  Il est question ici d’attribuer à ces produits un label de qualité ou un signe d’authentification, qui apportent des garanties spécifiques aux consommateurs, à la fois sur le respect des normes de qualité et sur la provenance et l’origine des produits.

    A titre de comparaison, la France a développé depuis 2010 une démarche de labellisation dénommée « Origine France Garantie » (OFG), avec pour objectif de favoriser la compétitivité des entreprises produisant en France, en leur proposant une démarche professionnelle, structurée et crédible, pour leur permettre de démontrer les vertus de leurs produits sur le marché intérieur, comme à l’exportation, et de fournir au consommateur une information fiable et sincère sur l’origine et la fabrication desdits produits. Constat a été fait que le label OFG a permis la croissance des exportations françaises de 5,36% et le recul du déficit du solde commercial de 13,74% en moyenne par an entre 2010 et 2015.

     

    Par rapport au processus d’Indication Géographique (IG), dont bénéficient le miel d’Oku et le poivre de Penja, la démarche labélisation se démarque en ce qu’elle s’étend au-delà des produits naturels  et agricoles et qu’elle emporte une dimension intégration des chaînes de valeurs nationales, puisque les composantes d’un produit labellisé  peuvent provenir de plusieurs localités dans un même pays, alors que dans le cas de l’Indication Géographique, l’organisme en charge, dans le cas d’espèce, l’Organisation Africaine  de la Propriété Intellectuelle (OAPI), doit s’assurer en préalable à toute homologation que les composantes du produit  proviennent exclusivement d’une seule et même localité.

     

    De la plateforme publique d’e-commerce

     

    Dans le cadre de la promotion de l’économie numérique, notre Gouvernement a bénéficié de l’appui technique du Secrétariat du Commonwealth pour l’élaboration de la Stratégie de Développement de l’e-commerce au Cameroun. Ce document, en attente de validation, a formulé quelques recommandations à l’endroit du Ministère du Commerce, notamment la révision de la Loi sur le Commerce Electronique et la mise en place d’une plateforme publique d’e-commerce destinée à la promotion des produits « Made in Cameroon ».

     

    Cette plateforme a vocation à contribuer gratuitement à la promotion des produits agroalimentaires, des biens manufacturés et des services « Made in Cameroon », en permettant aux entreprises locales (i) de rivaliser avec les produits importés et d’étendre leur portée géographique au-delà des frontières nationales, (ii) d’améliorer leur expérience client, (iii) de recueillir auprès de leurs clients une masse critique d’informations et (iv) de réduire leurs coûts d’exploitation.

     

    Certes, les activités d’e-commerce connaissent une évolution notable dans notre pays, avec la présence de nombreuses plateformes privées, à l’instar de JUMIA et AFRIMARKET, mais celles-ci exposent majoritairement les produits importés.

     

    Sous ce registre des innovations, on peut enfin citer, à l’initiative conjointe de la Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Elevage et des Forêts (CAPEF) d’une part, et des opérateurs privés d’autre part, la création, au sein de la Délégation Régionale de la CAPEF du Littoral, d’un espace permanent d’exposition et de vente des produits « Made in Cameroon ». J’ai sollicité le haut accord de Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, pour un déplacement à Douala, demain 1er février 2019, afin de procéder à l’ouverture officielle de ce Centre dénommé « Espace Madika ».

    On peut dire, en conclusion, que le Président de la République n’a pas prêché dans le désert. Son Message Subliminal a été reçu 5 sur 5 par les acteurs économiques, spectres public et privé confondus. Le Gouvernement travaille à accélérer et à renforcer le processus ainsi engagé, dont il convient de reconnaître qu’il enregistre déjà quelques success stories.

    L’avènement, dans les mois à venir, du grand marché unique africain, avec l’entrée en vigueur, probablement au courant du mois de juillet 2019, de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine, avec pour slogan « Produire pour l’Afrique, Consommer africain », ne nous laisse guère de choix.

     

  • Zone Franc : L’Italie rejoint le front anti CFA

    Zone Franc : L’Italie rejoint le front anti CFA

    En traitant la France de puissance spoliatrice de l’Afrique, le vice-président du Conseil italien a rouvert la boite de pandore.

    Le gouvernement italien joue désormais sérré avec la France

    Tout est parti d’une réflexion sur les causes de l’immigration clandestine africaine vers l’Europe. Dimanche 20 janvier, le vice-président du Conseil italien des ministres a dénoncé la politique africaine de la France à qui il impute la responsabilité des migrations irrégulières auxquelles sont forcés les Africains. «À partir d’aujourd’hui, ceux qui veulent débarquer en Italie, on va les emmener à Marseille. Je vais demander des sanctions contre les pays qui colonisent l’Afrique. La France imprime le Franc dans les colonies pour financer une partie de sa dette. Pour laisser les Africains en Afrique, il suffirait que les Français restent chez eux», affirme Luigi Di Maio sur la radio italienne RTL 102.5.

    L’allusion à une monnaie qui appauvrit l’Afrique sera renforcée le lendemain par celui qui, depuis 2017, dirige la principale formation politique au parlement italien : le parti politique d’extrême droite baptisé Mouvement 5 étoiles. Lundi 21 janvier dans la soirée, Luigi Di Maio, qui occupe la fonction de ministre du Développement économique, du Travail et des Politiques sociaux depuis 2018 dans le gouvernement italien, en rajoute une couche. « Tout ce que j’ai dit est vrai. La France imprime une monnaie pour 14 États africains et, par conséquent, elle en empêche le développement. Au contraire, elle contribue aux départs des migrants, qui vont ensuite mourir dans la Méditerranée ou débarquer sur nos côtes. Il est temps que l’Europe ait le courage d’aborder le thème de la décolonisation de l’Afrique. Si la France n’avait pas les colonies africaines, parce que c’est ainsi qu’il faut les appeler, elle serait la 15e puissance économique mondiale alors qu’elle est parmi les premières, grâce à ce qu’elle est en train de faire en Afrique », accuse-t-il.

    Consolidation
    En Italie, la question est portée avec énergie par la majorité au parlement. Matthieu Salvini, l’autre vice-président du conseil italien, a soutenu les propos de son collègue et camarade politique. « Le problème des migrants a beaucoup de causes : par exemple, ceux qui ne vont pas en Afrique pour créer du développement, mais plutôt pour soustraire de la richesse au peuple africain. La France est parmi eux, l’Italie, non », a ajouté pour sa part le ministre italien de l’Intérieur, lors d’une émission télévisée le 22 janvier.

    Le moins que l’on puisse dire est que cette question cruciale hante une partie de l’Italie, qui est au bord du stress humanitaire avec l’accueil des migrants. Afin de donner de l’emphase aux réactions des deux ministres italiens, le député italien Di Battista, l’un des cadres du Mouvement 5 étoiles en Italie, a déchiré un billet de franc CFA en pleine émission télévisée. C’était le 23 janvier dernier. Il s’agissait du billet de 10 000 francs CFA de la Coopération financière en Afrique, c’est dire celui de la zone Cemac.

    Zacharie Roger Mbarga

    La France fait grise mine

    Inacceptables et aberrants, c’est la réaction de Paris aux envolées verbales des ministres et politiques italiens.

    Très peu flatté par les accusations du voisin transalpin, le directeur de cabinet de Nathalie Loiseau, la ministre française des Affaires européennes, a convoqué, le 21 janvier, Teresa Castaldo, l’ambassadrice d’Italie en France. Rien n’a pour l’instant filtré des échanges. Mais ce que l’on sait c’est que le cabinet de la ministre parle de « propos inacceptables ». À l’Élysée, on évoque « des déclarations aberrantes ». « Notre intention n’est pas de jouer au concours de celui qui est le plus bête », a esquivé Nathalie Loiseau, à l’issue du Conseil de ministres du 23 janvier.

    Plusieurs réactions des politiques français ont fait échos à la position de leurs autorités. Le commissaire européen aux affaires économiques, l’ancien ministre socialiste de l’Économie, Pierre Moscovici, qualifie les propos des autorités romaines d’« insensés », et juge leur attitude « irresponsable ». « Accuser la France d’appauvrir l’Afrique avec le franc CFA et d’accroître la crise migratoire, c’est stupide et totalement faux ! Salvini et Di Maio font de la démagogie ridicule à Rome pendant que Français et Italiens travaillent ensemble au Sahel », peste Jacques Maire, député de la république en marche des Hauts-de-Seine, vice-président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et président du groupe d’amitié France-Niger.

    Garant et non maitre
    Plusieurs fois, le président français Emmanuel Macron s’est exprimé sur la question du franc CFA. « Sur la question du franc CFA, la France n’en est pas le maître, mais le garant. Ça veut dire que c’est un choix des États membres. Personne n’oblige un État à en être membre », se défendait Emmanuel Macron à Ouagadougou, devant des étudiants burkinabés. « J’accompagnerai la solution qui sera portée par l’ensemble des présidents de la zone Franc. S’ils veulent en changer le périmètre, j’y suis plutôt favorable. S’ils veulent en changer le nom, j’y suis totalement favorable. Et s’ils considèrent qu’il faut même supprimer totalement cette stabilité régionale et que c’est mieux pour eux, je considère que c’est eux qui décident et donc je suis favorable », ajoutait par la suite le président français.

    « Si on ne se sent pas heureux dans la zone Franc, on la quitte et on crée sa propre monnaie comme l’ont fait la Mauritanie et Madagascar. Si on y reste (dans la zone Franc-NDLR), il faut arrêter les déclarations démagogiques, faisant du franc CFA le bouc émissaire de vos échecs politiques et économiques, et de la France la source de vos problèmes », indiquait Emmanuel Macron à l’attention des chefs d’État africains en juillet 2017 au sommet extraordinaire du G5 Sahel à Bamako.

    Zacharie Roger Mbarga

    Autonomie monétaire

    L’Afrique de l’Ouest prend une longueur d’avance 

    La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) est engagée à avoir sa monnaie à l’horizon 2020.

     

    La 53e conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao tenue le 31 juillet 2018 à Lomé (Togo) a constaté la création quasi définitive de l’union monétaire de cette communauté économique régionale. Après plusieurs amendements et hésitations, le projet prend forme. En créant cette union monétaire, les 15 États membres de cette communauté auront une économie régionale commune. Pour y arriver, des aspects importants liés à la convergence économique et financière, à la philosophie de la conception matérielle des différentes coupures et au financement du processus demeurent.

    Feuille de route
    Pour ce qui est du régime de change, de l’harmonisation du cadre de la politique monétaire et du modèle de la future banque centrale, les ministres des Finances, le président de la Commission de la Cedeao et l’ensemble des gouverneurs des banques centrales de la Cedeao sont en train de finaliser les études d’impact. Leurs propositions seront soumises aux chefs d’État lors du sommet de cette année à Abuja.

    Pour ce qui est du nom de baptême et des signes de la future monnaie commune, un groupe de travail est sur le point de se réunir. Le président de la Commission de la Cedeao a la charge de rassembler les représentants des banques centrales et des experts dans les domaines du design, du graphisme, de l’économie, de l’histoire, de l’anthropologie, de la sociologie, des sciences politiques, des signes monétaires ou du droit. Ce groupe sera chargé de proposer des noms et des signes pour la future monnaie unique au comité ministériel. Les chefs d’État ont exhorté les banques centrales à accélérer le financement de la feuille de route.

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Amos René Martin Tonye, économiste, auteur de « Afrique-Occident : le New Deal industriel »

    « Le problème de la monnaie est beaucoup plus complexe » 

    Quel écho les sorties des autorités italiennes sur le franc CFA ont-elles eu sur vous ?
    La réaction de monsieur Luigi Di Maio, vice-président du conseil des ministres italien, et dirigeant du Mouvement 5 étoiles (M5S) traduit simplement le climat de tensions prévisibles que vit l’Occident en ce moment, notamment, le continent européen. Ces tensions sont suscitées par les vagues d’immigration galopantes observées depuis les côtes et frontières méditerranéennes. Nous avons toujours indiqué que si rien n’est fait pour stopper, efficacement à la racine, l’immigration clandestine qui décime la jeunesse africaine en Méditerranée, croyez-nous, les Occidentaux perdront leur tranquillité. Ce n’est que le début d’un processus.

    Au-delà de cette dénonciation, l’Italie peut-elle vraiment faire quelque chose pour que les pays de la zone franc retrouvent leur souveraineté monétaire ?
    Le problème de la monnaie en tant qu’instrument de politique monétaire en Afrique (zone franc) est beaucoup plus complexe et ne saurait trouver une solution par un coup de colère qui émane, fut-il, d’un haut dirigeant italien. Plusieurs positions pertinentes ont été faites sur l’usage de cet instrument en Afrique. Mais elles avaient, pour certaines, des faiblesses d’ordre technique, et pour d’autres, d’ordre stratégique ou politique (elles n’ont pas pris en compte les rapports de force dans leur faisabilité). Les aspects techniques ayant déjà été examinés par la littérature économique abondamment disponible sur la question, il revient aux économistes et aux politiques africains de repenser une stratégie pour rendre réalisable l’usage de l’instrument monétaire en Afrique. Tel est l’objet de notre prochain ouvrage.

    En quoi votre récent ouvrage sur l’industrialisation de l’Afrique peut-il constituer la solution à la querelle opposant l’Italie à la France sur l’Afrique et ses flux de migrants en Europe ?
    D’abord, une jeunesse démographiquement majoritaire en Afrique et en croissance exponentielle, sans espoir, sans emploi et condamnée à la misère, a pour seul espoir, la traversée de la méditerranée. Cette perspective lui offre, au moins, deux possibilités : « 50 % d’être avalée par un requin et 50 % de chance d’atteindre “la terre promise” ou l’eldorado européen. En restant en Afrique, selon cette jeunesse, c’est 100 % de chance d’être avalée et de mourir par la misère ».
    Notre ouvrage de stratégie et de politique économique, intitulé «Afrique-Occident : le New Deal industriel», jette les bases d’un front commun à bâtir entre l’Afrique et l’Occident pour faire face à cette difficulté commune.

    Pour ce faire, nous y avons élaboré une stratégie pour rendre réalisable (concrète et réaliste) l’industrialisation de l’Afrique. En plus, nous y avons formulé des modèles économiques qui sont en adéquation avec les réalités, les ressources budgétaires et naturelles des États africains. Il s’agira de parvenir à réduire les rigidités (à améliorer les facteurs de production), à moderniser les économies africaines, dans la perspective de les rendre compétitives (débloquer l’offre). Il est également question de résorber ce chômage de masse sur le sol africain, à l’effet de sédentariser la jeunesse africaine dans son milieu naturel, dans l’intérêt de toutes les parties (les Africains comme les Occidentaux).

    Interview réalisée par
    Thierry Ndong

     

    Blaise Élie Pamboudem, coordonnateur du Centre africain pour le développement durable et l’environnement (Cadde)

    « Il appartient aux peuples africains de saisir la balle au bond » 

    J’ai appris, comme tout le monde, que monsieur Luigi Di Miao, vice-président du conseil italien, a accusé la France d’être à l’origine du retard de développement qu’accusent certains pays africains. Il ressort de la litanie de chefs d’accusation : l’utilisation du franc CFA par les 14 États de la zone franc. Ce discours m’a semblé comme du déjà entendu, puisqu’il est évident que le fait de rester cloîtrer dans le cercle infernal du franc CFA est un frein au développement des États utilisateurs de cette monnaie.

    Il est aussi vrai que la dénonciation faite par l’Italie participe à la conscientisation du peuple africain, dont les dirigeants doivent accélérer le processus de création de leur monnaie, élément si besoin en est, de la souveraineté étatique. C’est le seul avantage, à mon sens, que cette dénonciation pourrait apporter. Il ne peut en être autrement puisque les rapports internationaux sont régis par le principe de souveraineté dont l’une des principales implications est le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Ce principe est au cœur de certaines revendications étatiques. Il appartient donc aux peuples africains, eux-mêmes, de saisir la balle au bond pour perpétuer la revendication, à l’effet de faire bouger les lignes.

    Propos recueillis par
    Zacharie Roger Mbarga

     

    Siegfried Kamga Nkuissa, chercheur en relations internationales

    « L’Italie ne fera rien pour les Africains »

    Assurément, la sortie du vice-premier ministre italien relance le débat sur le franc CFA. Mais cette polémique devrait d’abord être lue sous le prisme européo-européen. Il s’agit avant tout d’une querelle de famille, querelle qui épouse le clivage politique actuel né de la mondialisation au sein des nations démocratiques occidentales. Il s’agit du clivage libéral mondialiste et le clivage conservateur nationaliste.

    Emmanuel Macron est présenté aujourd’hui comme le dernier rempart de la démocratie libérale à l’occidental. Face aux forces populistes qui prennent d’assaut l’Europe, il se positionne comme un défenseur de la mondialisation. Le point qui cristallise le plus cette friction est l’immigration clandestine. Il est une évidence que l’immigration clandestine venue d’Afrique subsaharienne est essentiellement économique et en majorité de pays francophones. L’occasion était donc donnée ici au vice-premier ministre italien de faire d’une pierre deux coups. Dans un premier plan, il fustige l’attitude de la France donc il fait l’unique responsable du sous-développement en Afrique à travers le franc CFA. Il rend par la même occasion Macron responsable de l’immigration massive qui, nous devons le rappeler ici, est la vague qui a porté son mouvement politique au pouvoir.

    Une fois de plus, l’Afrique n’est pas un acteur, il n’est qu’un enjeu et un prétexte dans des guerres de leadership d’autres entités qui lui sont extérieures. Alors non, l’Italie ne fera rien pour les Africains, d’autant plus que l’élite africaine ne semble pas être pressée de prendre le chemin que vous indiquez.

     

    Propos recueillis par

    Zacharie Roger Mbarga

  • La RCA cherche sa rédemption à Khartoum

    La RCA cherche sa rédemption à Khartoum

    Dans le cadre de l’initiative africaine de paix pilotée par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et l’Union africaine (UA), la capitale soudanaise a accueilli l’ultime étape de la réconciliation en République centrafricaine (RCA).

    Une attitude des négociations restreintes entre le G5 et le gouvernement centrafricain

    u 24 au 28 janvier 2019, le gouvernement et 14 groupes armés ont discuté des possibilités d’un accord politique en vue de faire cesser les hostilités de manière pérenne en RCA. Ainsi, autour de la table, se trouvaient également l’UA, la CEEAC, l’ONU, l’Union européenne, la Minusca, les États-Unis et bien d’autres partenaires.

    Dissensions
    Ce dialogue est miné par des désaccords et menaces de non-aboutissement. Le mercredi 23 janvier dernier, veille du démarrage de la rencontre, Patrice-Édouard Ngaïssona, le leader de la milice à majorité chrétienne (anti-balaka), arrêté en France il y a un peu plus d’un mois, a été extradé à la Cour pénale internationale. Il y sera jugé pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Or, l’une des exigences des rebelles pour la poursuite des négociations a toujours été la remise en liberté de l’ensemble des personnes détenues, notamment les chefs de milices.

    Le gouvernement pour sa part estime qu’il ne peut y avoir d’impunité, même en cas de recherche de la réconciliation. Car c’est la vérité et la justice qui conduisent à la réconciliation. La CEEAC, l’Union africaine et l’Unoca se disent toutefois « confiants » selon les termes de Smaïl Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Afrique centrale : derniers pas vers une zone de libre-échange unique

    Afrique centrale : derniers pas vers une zone de libre-échange unique

    À la faveur de la 33e session du conseil des ministres de l’Union économique et monétaire de l’Afrique centrale (Uemac), la Cemac entend se positionner sur les starting-blocks de la zone de libre-échange unique Cemac-CEEAC. En cohérence avec les recommandations du comité de pilotage de la rationalisation entre les deux communautés, les ministres en charge de l’Économie vont entériner la signature des agréments au tarif préférentiel généralisé unique.

     

     

    Ils vont en sus se dessaisir de l’étude et de la validation des dossiers qui leur incombaient précédemment. Désormais, un comité régional de l’agrément en assumera la charge. Il sera composé des douaniers des différents pays, et des deux communautés. Après ses recommandations, les dossiers d’agréments seront transmis au président de la Commission de la Cemac et au secrétariat général de la CEEAC pour visa.

    Infrastructures
    Avec cette orientation, les opérateurs économiques bénéficieront d’un marché plus vaste, constitué de 11 pays. L’harmonisation des règles sur l’ensemble de cet espace devrait permettre la levée des barrières douanières et des politiques de contingentement. Il ne reste plus qu’à venir à bout de la qualité des infrastructures et des barrières non règlementaires à l’instar des paiements informels. Le conseil des ministres de l’Uemac aura lieu à Malabo, le 8 février 2019. Il sera précédé de la réunion des experts du comité inter-États, les 5 et 6 février 2019.

    Le premier conseil de l’Uemac, après le récent sommet extraordinaire de la Cemac, ne devrait pas éluder la santé économique de la communauté. La question de la diversification des économies à travers la transformation des produits de base, notamment agricoles, reviendra sur la table. Le dossier de la viabilisation des frontières serait également sur la table des ministres. Investir sur les peuples frontières est un vecteur essentiel pour renforcer l’intégration régionale à travers l’intensification des flux transfrontaliers.

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • Commerce régional : Daniel Ona Ondo balaie devant sa cour

    Commerce régional : Daniel Ona Ondo balaie devant sa cour

    En vue de mieux commercialiser les produits gabonais dans l’espace de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), les autorités gabonaises ont été sensibilisées sur l’intérêt de la création d’un comité national de l’origine.

     

    Le commissaire Shey Jones Yembe et le ministre gabonais du commerce et de l’industrie

    Ce dernier est compétent dans la formation et l’information des opérateurs économiques nationaux sur les règles et critères applicables pour l’éligibilité au commerce régional sans droit de douane. Il est en outre chargé de veiller au respect de cette conformité, en collaboration avec le comité de l’agrément qui valide les produits nationaux devant bénéficier de l’agrément au tarif préférentiel généralisé.

    Le ministre gabonais du Commerce, David Mbadinga, a reçu à cet effet, Shey Jones Yembe, le commissaire de la Cemac en charge du marché commun. Pendant plus d’une heure, les deux équipes (Cemac et ministère gabonais du Commerce) ont échangé sur la structure la plus adéquate à mettre en œuvre. Les opportunités commerciales sous-régionales pour les produits gabonais ont également été discutées.

    Cette rencontre de travail s’inscrit dans une offensive plus large de la commission de la Cemac au Gabon. Après avoir signé un accord avec le programme Gabon émergent, le président de la Commission de la Cemac s’est rendu à la zone économique de Nkok à 30 km de Libreville. Là, Daniel Ona Ondo a animé un exposé sur le « comment accélérer la commercialisation des produits gabonais dans l’espace Cemac». C’était face aux industriels installés dans cette zone, qui comporte également une zone franche.

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : la santé des banques s’améliore

    La politique rigoureuse de la Banque centrale de la Cemac porte ses fruits. Une nette amélioration du nombre de banques respectueuses des ratios prudentiels est perceptible dans le rapport de décembre 2018 sur la politique monétaire de la banque des États de l’Afrique centrale.

    Le taux de couverture de la monnaie (la capacité des pays à couvrir leurs importations par leurs revenus d'exportations) a connu une évolution séquencée en zone Cemac tout au long de l’année.
    Le siège de la BEAC

    Publié la semaine dernière, le document indique que « les normes prudentielles respectées par le plus grand nombre d’établissements sont celles se rapportant à la limite globale en matière de division des risques et à la couverture des risques. La norme relative à la limite individuelle en matière de division des risques est celle à l’égard de laquelle on observe le plus grand nombre de banques en infraction ».

    Si la gestion du risque demeure une épine partiellement retirée de l’écosystème bancaire de la Cemac, la trésorerie des banques tend à l’être également. Contrairement à l’année 2017, 10 banques supplémentaires ont amélioré leur seuil de fonds propres pour les rendre suffisants. En 2018, c’est au total 25 banques qui disposent de fonds propres nets suffisants, tandis que 15 seulement observaient cette exigence en 2017. La politique monétaire restrictive de la Beac, entamée en fin 2017, porte le crédit de ce léger progrès.

    Optimisation
    Il faut néanmoins relever que la situation demeure inquiétante, 53 % de banques n’ont pas de fonds propres suffisants. Pour améliorer cet état de fait, la surveillance bancaire de la Cobac sera plus agressive avec des sanctions. De nouveaux textes y relatifs ont été publiés en décembre dernier.

    Au niveau de la Beac, après analyse du fonctionnement du marché monétaire et des facteurs pesant sur la stabilité monétaire, le dernier comité de politique monétaire a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt des appels d’offres ; de relever le taux de la facilité marginale de prêt de 75 points de base, pour le porter de 5,25 % à 6,00 % ; de maintenir inchangé le taux de facilité marginale de dépôt ; de relever le taux de pénalité aux banques de 75 points de base, pour le porter de 7,55 % à 8,30 %, et de maintenir inchangés les coefficients des réserves obligatoires.

    Zacharie Roger Mbarga 

  • Union africaine : Un pas de plus vers la libre circulation des personnes

    Union africaine : Un pas de plus vers la libre circulation des personnes

    Le passeport africain bientôt lancé en février lors de la session ordinaire de la Conférence des chefs d’État à Addis Abeba. 

    Le passeport panafricain sort progressivement des discours

    L’Union africaine (UA) se prépare à donner plus de contenu à son projet de libre circulation des personnes. Près de trois ans après le lancement du passeport unique africain, les négociations sur les éléments constitutifs dudit document se sont poursuivies. Afin d’accélérer le processus de mise en place de ce document unique, l’organisation continentale a annoncé son intention de dévoiler un prototype pour ce document de voyage, en février prochain, en marge du 32e sommet des chefs d’États et de gouvernements de l’UA qui se déroulera à Addis Abeba. Selon le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, les détails de la conception, de la production et de la diffusion du passeport unique africain seront présentés lors de ce sommet.

    Adhésion
    Le défi majeur reste celui de l’adhésion des États. Aujourd’hui, ils sont moins de 10 à avoir ratifié le protocole au traité instituant la Communauté économique africaine relatif à la libre circulation des personnes, au droit de séjour et au droit d’établissement. Or, pour l’entrée en vigueur du protocole de libre-circulation des personnes, il faudra réunir un total de 15 ratifications. C’est cet instrument qui donne des effets au passeport africain et encadre la libre circulation.

    Le Rwanda a ratifié tous les documents établissant le passeport unique africain. D’ailleurs, le président rwandais, Paul Kagame, a été le premier président africain à voyager muni de ce document, établi au nom de sa personne. Les autorités rwandaises ont clairement annoncé être prêtes à commencer à délivrer ce passeport. Ledit document sera progressivement délivré aux chefs d’État, ministres des Affaires étrangères, diplomates, avant d’être généralisé au fur et à mesure. Chaque pays le délivrera à ses ressortissants selon ses conditions.

    Format
    En vertu des directives de l’UA pour la conception, la production et la délivrance du passeport africain, les États vont délivrer des passeports physiques et électroniques à construction biométrique. Le livret de passeport sera muni d’une puce électronique intégrée à un microprocesseur contenant des informations biométriques et autres informations pouvant être utilisées pour authentifier le document et l’identité du détenteur du passeport en tant que propriétaire légitime du document.

    La validité sera de 10 ans pour les adultes et 5 ans pour les enfants. Il n’y a pas de configuration uniforme. Sous l’appui technique de la Commission de l’UA, les États délivreront trois catégories de passeports (diplomatique, service ou officiel et ordinaire) conformément aux lois et règlements nationaux. Le passeport diplomatique sera de couleur rouge, celui de service bleu et l’ordinaire sera vert.

    La présentation se fera comme suit : Union africaine, nom du pays, armoiries du pays, catégorie du passeport et symbole de la puce à la première de couverture. La deuxième de couverture portera l’emblème de l’Union africaine. La troisième de couverture sera laissée vierge tandis que la quatrième portera des informations d’urgence. La présentation des pages d’intérieur varie d’un pays à l’autre afin de refléter le contexte culturel national en fonction des lois et règlements nationaux. Les inscriptions sur la page de couverture devront l’être dans deux langues officielles, dont l’une de l’UA (arabe, anglais, français, portugais et swahili). Cependant, les États membres peuvent ajouter toute autre langue nationale sur la base des lois et réglementations et pratiques nationales, en tenant compte des exigences linguistiques de l’OACI. Le Passeport africain contiendra entre 32 et 64 pages.

     

    Zacharie Roger Mbarga

    Célébration

    Le numérique au cœur de la Journée panafricaine de la poste

    La poste africaine entend opérer sa transformation en tirant profit des technologies de l’information et de la communication en essor sur le continent.

     

    L’Afrique tout entière a célébré, le 18 janvier 2019, la Journée panafricaine de la poste. Elle marque le 39e anniversaire de la naissance de L’Union panafricaine des postes (UPAP). « Ensemble, diversifions notre offre grâce au numérique » tel est le thème de cette édition. Il marque la volonté de la poste africaine de renaître de ses cendres. En Afrique, elle est tiraillée entre la réalisation de ses obligations de service universel, et handicapée par le tarissement des sources de financement étatiques, l’émergence d’une concurrence variée et impitoyable, exacerbée par une régulation inappropriée, voire inexistante. En quête de survie, l’infrastructure postale mise sur l’adaptation à son environnement largement dominé par les prouesses du numérique.

    Ressources
    La poste africaine veut investir son potentiel d’offre tridimensionnelle. Voilà pourquoi elle entend diversifier ses offres. Cette diversification suppose une offre de produits et services innovants et variés, de bonne qualité, attractifs, à des prix abordables. Les bureaux de poste sont désormais des plateformes de commerces qui hébergent les produits des commerçants. « À travers le développement du commerce électronique, la technologie numérique offre désormais au secteur postal plusieurs opportunités pour reprendre le leadership dans ce domaine. On peut notamment citer la modernisation des formalités douanières à travers la mise en œuvre du système de déclaration en douane (SDD) et la facilitation des transactions financières sécurisées, grâce aux solutions développées par le Centre de technologie postale de l’Upap », indique Younous Djibrine, le secrétaire général de l’Upap dans son message à l’occasion de cette édition de la journée panafricaine des postes.

    La diversification des produits grâce au numérique a d’autres préalables. L’un des plus incontournables est l’existence d’une infrastructure numérique stable, disponible et performante. L’autre support de la diversification est la ressource humaine. Younous Djibrine affirme qu’elle doit être « multidisciplinaire, bien formée, compétente et profondément motivée. En effet, avec l’avènement de la convergence, le secteur postal doit disposer en son sein de plusieurs métiers ».

     

    Zacharie Roger Mbarga

    Réforme de l’UA

    Thabo Mbeki tacle Paul Kagame

    L’ancien président sud-africain fustige la tournure technocratique que l’organisation panafricaine prendrait à travers les réformes conduite par le président rwandais.

     

    Dans son propos liminaire à la dernière assemblée générale du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria), Thabo Mbecki a déclaré que « les réformes de l’Union africaine proposées par le président du Rwanda, Paul Kagame, constituaient un pas dans la mauvaise direction ».

    À Dakar en fin décembre, l’actuel chef du groupe de haut niveau de l’UA sur les flux financiers illicites a estimé que cette orientation n’est pas celle dont l’Afrique a le plus besoin. Pour sa part, il faut une organisation susceptible de porter le bagage idéologique de l’Afrique. Et cette institution devrait assurer une protection politique du continent dans le monde entier. Son sentiment est encore plus motivé par le volet politique de la réforme de l’UA. Il y a une fusion entamée du département des affaires politiques et celui de la paix et de la sécurité (PSD). Or, le département PSD est majoritairement financé par des partenaires extérieurs. C’est la principale cible des donateurs. Ne faudrait-il pas entrevoir une prise de contrôle de l’UA voire une élimination de son rôle ?

    Évidence
    Le propos de Thabo Mbeki est un prolongement des perceptions de plusieurs diplomates de l’Afrique australe. Les négociations de la réforme de l’UA ont très bien démontré un clash de technocratie, de démocratie et de souverainisme.
    Sur les craintes de l’ex-président sud-africain, ne faut-il pas simplement lui opposer que la disparition de l’UA peut être évitée si l’organisation fonctionne de manière optimale ? On peut, notamment, constituer un panier de devises au sein de cette institution, et procéder à la transposition et l’application des traités, chartes, conventions et protocoles additionnels. Pour cela, il faut que les États paient leurs cotisations annuelles.

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • Climatosceptiques, grosse épine dans la chaussure des Cop

    Climatosceptiques, grosse épine dans la chaussure des Cop

    La problématique du changement climatique met aux prises deux tendances idéologiques diamétralement opposées: les climato-convaincus et les climatosceptiques. Les premiers sont persuadés que l’action de l’Homme a un impact sur le dérèglement du climat alors que les seconds, capitalistes pour la plupart, défendent le contraire.

    À l’issue de la Cop 21, tenue à Paris fin 2015, on croyait les climatosceptiques vaincus que non ! L’arrivée au pouvoir de certaines personnalités leur a donné un nouveau souffle de vie. Avec l’installation de Donald Trump à la Maison-Blanche, les États-Unis, deuxième plus grand pollueur de la planète, sont sortis de l’accord sur le climat conclu lors de la Cop 21. Une décision qui porte un sérieux coup à la réalisation de l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2 °C.

    L’élection de Jair Bolsonaro à la tête du Brésil complique encore un peu plus la situation. Le président brésilien refuse que son pays accueille la prochaine Cop. De même, il ne cache pas son intention de mener une politique agricole plus intensive. Cette orientation pourrait conduire à la destruction de l’Amazonie, considérée comme le plus grand poumon écologique du monde. Et la montée en puissance de l’extrême droite en Europe n’est pas pour arranger les choses.

    Contrevérités
    Pour convaincre leurs opinions, ces hommes politiques n’hésitent pas à faire recours à la mystification. Le cas le plus patent est celui du président américain. Donald Trump a justifié le retrait de son pays de l’accord de Paris en prétendant que des chercheurs de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) avaient soutenu que la responsabilité de l’Homme dans le dérèglement du climat n’est pas aussi déterminante. Or, le directeur du programme de recherche sur le changement de cette institution a toujours affirmé qu’aucun chercheur du MIT n’avait eu de contact avec la Maison-Blanche.

    Pour soutenir la démarche des autorités américaines, l’impact que l’accord de Paris pourrait avoir sur l’augmentation de la température du globe est minoré. Pour les climatosceptiques, même si cet accord est intégralement mis en œuvre, en totale conformité par tous les pays, cela ne produirait qu’une réduction de 0,2 degré par rapport à la hausse prévue d’ici 2100. Avant la Cop 21, les experts de l’Onu, en charge des questions climatiques, estimaient pourtant que la température augmenterait de 4 à 5 °C si rien n’est fait d’ici 2100. Mais si tous les pays signataires respectent leurs engagements, elle sera contenue entre 3 et 4 degrés.

    Guerre de théories
    Néanmoins, ce courant de pensée a ses scientifiques. Ils sont prix Nobel, chercheurs, lauréats de nombreux prix, auteurs d’articles majeurs. On peut par exemple citer Tim Ball, Ph. D. en climatologie, ancien professeur à l’université de Winnipeg au Canada. Il rappelle les faiblesses des modes de mesure de la température, et l’absence de fondement scientifique à la théorie liant émissions de CO2 et réchauffement climatique. « Ce qui menace la planète, ce n’est pas le réchauffement climatique, mais les politiques économiques stupides qui pourraient en dériver, poussées par des politiciens en quête d’une bonne cause », tance pour sa part Gary Becker, prix Nobel d’économie, professeur à l’université de Chicago.

    En réaction, les climato-convaincus pointent la récurrence et la violence de certains phénomènes à l’exemple des incendies à répétition en Europe et aux États-Unis (comme récemment en Californie), des cyclones qui frappent les Caraïbes et l’Asie du Sud-est, l’avancée du désert et l’augmentation du niveau de la mer. Cette réalité, de plus en plus difficile à nier ou à contester, pousse certains climatosceptiques à plus de circonspection. Mais ce n’est pas encore assez pour faire changer d’avis au président Trump et donner une chance à l’accord de Paris sur le climat.

    André Balla

  • Manœuvres : L’entrain asiatique en surchauffe à Yaoundé

    Manœuvres : L’entrain asiatique en surchauffe à Yaoundé

             Auréolés de la confiance affichée de Paul Biya le 9 janvier 2019, les géants d’Asie n’en finissent plus de polir soigneusement leur image au Cameroun. 

    Signature du livre d’or par le président de la République en Chine

    Sauf glissement de calendrier, un membre du gouvernement japonais devrait fouler le sol de Yaoundé à la mi-février 2019. Des sources avisées au ministère camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) insistent sur l’étendue de la délégation nipponne. Au moins une dizaine de membres qui, pendant leur séjour dans la capitale camerounaise, seront reçus à Etoudi.

    En attendant que cette annonce se confirme, Chinois et Sud-Coréens étaient déjà là. En quelques jours en effet, Yaoundé a reçu, tour à tour, Yang Jiechi (représentant spécial du président chinois Xi Jinping, membre du bureau politique du Comité central du parti communiste chinois et directeur du bureau de la Commission des affaires étrangères de ladite formation politique) et Lee Ju Young (vice-président de l’assemblée nationale sud-coréenne), à la tête d’une délégation de parlementaires de son pays.

    Démonstration de force
    «Tout porte à croire que ceux qui personnifient ici la politique étrangère du Japon, de la Chine et de la Corée du Sud ont rendu compte de la confiance dont bénéficient leurs pays auprès de la plus haute autorité du Cameroun», explique Claver Bitebeck. Pour l’internationaliste, tout est à rechercher dans la réponse servie par Paul Biya aux diplomates à Yaoundé le 9 janvier dernier. «Ces pays ont tout avantage à se positionner et conserver le capital de confiance d’Etoudi et, si possible, aggraver la fracture entre Washington et Yaoundé en matière économique», théorise-t-il.

    De l’avis d’Abel Edimo Kangué, «ce ballet se comprend dans l’écheveau complexe de la puissance et de l’influence». L’expert-consultant du Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II pense surtout que le récent chassé-croisé sino-coréen à Yaoundé dépasse le strict cadre diplomatique. «Avec les Chinois ou les Sud-Coréens, le format des discussions bilatérales choisi par les deux parties (pas de prise de note, pas de conseillers présents, en dehors des interprètes) – fait que le contenu réel des entretiens avec les autorités camerounaises reste à la merci des comptes rendus qu’en feront les deux parties», analyse-t-il. En observateur averti, Abel Edimo Kangué fait remarquer qu’«à Yaoundé, Chinois et Sud-Coréens se sont servis d’une même stratégie de communication à outrance, le grand spectacle». «On devrait, d’ici peu, vivre la même chose avec l’arrivée d’une haute autorité japonaise», prévient-il.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Transport urbain : bientôt un tramway à Douala

    Transport urbain : bientôt un tramway à Douala

    Début des travaux courant premier semestre 2019. C’est le contenu d’une publicité parue dans le quotidien Cameroon Tribune de ce 30 janvier 2019.

    Un tramway.

    Au terme des travaux qui dureront 3 ans, la capitale économique camerounaise disposera  d’une pilote d’un linéaire de 18 kilomètres, avec une centrale électrique autonome basée à Bonabéri (Douala IV).  C’est pour répondre à la politique de désengorgement de la ville, signalent les autorités municipales locales.

    Si tout roule sur les rails, il est même envisagé une mise en service partielle en 2021.  C’est en tout cas le choix que le gouvernement camerounais a fait en signant avec un groupement de sociétés belge et turque; Iristone Consulting et Turc Ilci Holding notamment.

    D’ores et déjà, « les études d’insertion de la ligne, la solution énergétique et les plans de financements éligibles aux fonds internationaux ont été réalisés et approuvés par les parties », indique-t-on.

    On se souvient qu’en son temps, Emmanuel Nganou Djoumessi, alors ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) et Joseph Rode, le directeur général de la société PREFARAIL avaient, en juillet 2014 à Yaoundé, paraphé un mémorandum d’entente pour la construction dès l’année prochaine, d’une ligne de tramway dans la capitale.

    On parlait alors de « Bus Rapid Transit » (BRT), un système de transport utilisant l’autobus ou trolleybus. Des études de faisabilité avaient été menées pour la construction et l’exploitation des lignes-pilotes de BRT et de tramway dans les villes de Yaoundé et Douala, ainsi que des réseaux-bus de Bamenda (Nord-ouest) et d’autres villes universitaires. Depuis, c’est le black-out sur le projet.

     

    Jean-René Meva’a Amougou

  • 8 mars 2019 : Le gros œil du Minproff sur le business du pagne

    8 mars 2019 : Le gros œil du Minproff sur le business du pagne

    Pour garantir la disponibilité du tissu et éviter la spéculation, un système informatisé est mis en place cette année. Seulement, il présente des failles.

    Cela s’appelle « prendre le problème à bras-le-corps ». Le 24 janvier 2019 à Yaoundé, à l’occasion de la toute première réunion préparatoire de la célébration de la 34e Journée internationale de la femme (JIF), Marie Thérèse Abena Ondoua a choisi, entre autres, de s’intéresser aux incongruités du marché du pagne dédié à l’événement. La ministre de la Promotion de la femme et de la Famille (Minproff) a jeté un regard sur les prix et les basses manœuvres autour de ceux-ci. « 6 800 francs CFA la pièce », a martelé la Minproff devant les responsables des administrations publiques, parapubliques et privées, les organisations de la société civile, les réseaux d’associations et les partenaires techniques et financiers.

    L’oratrice a par ailleurs indiqué que cette année, des mesures sont prises pour préserver le «pagne du 8 mars au régime d’emballement et d’inflation». Selon elle, les précédentes éditions de la JIF ont consacré le développement de pénuries, propice aux spéculations. « Le dispositif mis en place par les pouvoirs publics est destiné à mettre à mal les auteurs de ces ignobles initiatives », a-t-elle prévenu.

    Traque
    Sur le terrain, l’anticipation est de mise. Depuis sa mise sur le marché, le pagne est soumis à une formule permettant de mieux cerner l’organisation du système de distribution, d’approvisionnement et de commercialisation. « À travers un système informatisé, nous mettons à rude épreuve les acteurs des circuits informels par lesquels transite une partie du pagne du 8 mars alimentant généralement les seconds marchés », assure Mélanie, huissière de vente dans un magasin à Nkoabang (banlieue de Yaoundé). Elle recense alors plusieurs cas précis, tous datés de la semaine dernière. « Lundi nous avons reçu un client désirant acquérir 250 pièces d’un coup ; jeudi, un autre s’est présenté à nous pour en avoir 400. Nos systèmes ont débusqué le fait qu’ils en avaient fait l’achat ailleurs », énumère-t-elle.

    Pas de risque zéro
    À comprendre qu’une technique informatique capable de saisir des mouvements des « grands acheteurs » est appliquée. «Cette année, avance Florine, préposé aux ventes dans une boutique de gros à Mokolo (Yaoundé II), le marché noir fait face à un resserrement systématique».

    Selon des responsables de magasins rencontrés dans la capitale, la formule n’est pas entièrement fiable. «Nous ne disposons pas d’informations plus précises sur les intermédiaires affiliés à un ou plusieurs canaux de revente du pagne au prix fort. De plus, quelques clients connaissent le système, en jouent et s’adaptent aux nouvelles exigences», déplore Engelbert Tomdjeu, grossiste au marché Mvog-Mbi.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • «Marches blanches» : En petite allure de croisière

    «Marches blanches» : En petite allure de croisière

    Après une première séquence, le bras de fer entre le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et le régime de Yaoundé est en passe connaître l’escalade. 

    La ville de Douala bousculée dans sa serénité, le 26 janvier 2019

    Passé ce qui, sur les réseaux sociaux, est appelé «Acte I». En une journée (26 janvier 2019), le mouvement du MRC aura ressemblé à une cocotte en ébullition dans quelques localités du pays (Yaoundé, Douala, Dschang, Mbouda). La chronique retient que Me Michèle Ndoki et Célestin Njamen sont devenus des figures médiatiques du mouvement. Sur la foi des images disponibles sur la toile, la première tout comme le second ont reçu chacun une balle «réelle ?» au pied.

    Ailleurs, en France et en Allemagne notamment, des images de mise à sac des représentations diplomatiques du Cameroun dans ces pays-là circulent. Pour certains analystes, le mouvement va bien au-delà de la simple com’. Tous les décryptages instantanés tiennent compte de son ampleur. Appréciant le cran et l’ardeur des marcheurs, Maurice Kamto fait valoir que «le peuple, lui, semble avoir compris la leçon des derniers mois et se déclare par conséquent prêt à une confrontation directe, nécessairement aporétique et hystérique avec l’exécutif, qui l’a bien cherché puisqu’il avait même érigé cela en méthode». «On ne s’attendait pas à un tel engouement, il y a une vraie soif de démocratie, de débat», confie le président du MRC, candidat à la dernière élection présidentielle au Cameroun. Le temps n’a pas modifié l’opinion de l’agrégé de droit sur sa «victoire» à ce scrutin. In fine ses les marches blanches sont l’expression du «droit contre le hold-up électoral».

    Riposte
    Secoué, le gouvernement a coupé court à cette dynamique. A Yaoundé et à Douala, au nom de l’ordre public, les forces de sécurité ont dispersé les militants, «faisant montre de maitrise et de professionnalisme, les forces de maintien de l’ordre ont dû procéder à des mises en demeure (…) non suivies d’effets de la part des manifestants», selon René Emmanuel Sadi. 124 personnes interpellées et 6 autres blessées, brandit le ministre de la Communication (Mincom) au cours d’une conférence de presse donnée conjointement avec Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (Minat). Devant la presse nationale et internationale, les deux membres du gouvernement sont formels: «le MRC veut inciter nos compatriotes à braver l’ordre républicain».

    Perspectives
    Alors que «l’acte II» de sa mobilisation s’annonce pour cette semaine et qu’un grand débat national est lancé, le mouvement initié par Maurice Kamto semble se trouver à la croisée des chemins. Contre-débat sur les réseaux sociaux, nouvelles actions de terrain… comment se réinventer pour ne pas s’essouffler? Sur les plateformes numériques, les partisans s’interrogent de plus en plus : comment continuer à exister et à peser dans le débat public? Le mouvement doit-il se réinventer, se réorganiser? Et si oui, sous quelle forme? Des questions qui reçoivent pour l’heure autant de réponses que le mouvement comprend de tendances.
    Les uns penchent clairement pour un tout autre rapport de force: la grève générale. Cette action doit être menée en coopération avec des syndicats de transporteurs. Le socle de leur position est l’hystérisation du langage opérée par le pouvoir lui-même. «Engagé résolument dans un traitement répressif du mouvement, ce dernier va nous trouver sur sa route», avertit un internaute-militant.

    A côté, les autres font le point sur les revendications et sur les modes d’action, puis réflexion sur une éventuelle restructuration du mouvement. Doit-on créer des associations départementales, régionales? Devons-nous nommer des délégués par localité pour éviter que certains s’autoproclament porte-paroles? Des questions qui laissent présager que tout n’est pas fini.

     

    Jean-René Meva’a Amougou

     

  • 4,3  millions

    4,3 millions

    Selon l’Organisation des Nations unies (Onu), actuellement, c’est le nombre de personnes (en majorité des femmes et des enfants) ayant besoin d’une assistance vitale dans les régions anglophones et dans l’Extrême-nord du Cameroun. « Aujourd’hui, le Cameroun ne peut plus être une crise oubliée il doit, plus que jamais, être notre priorité », a affirmé, le 24 janvier 2019, Allegra Baiocchi, coordonnatrice humanitaire de l’ONU pour le Cameroun, lors d’une conférence de presse à Genève (Suisse). « Cela signifie que nous ne pouvons pas faire tout ce qui est en notre pouvoir pour améliorer la vie des personnes les plus vulnérables au Cameroun », s’est-elle alarmée.

    « Nous reconnaissons l’ampleur des différentes crises auxquelles nous sommes confrontés et nous encourageons tous les acteurs à travailler en partenariat étroit », a déclaré Yap Mariatou, directrice de la protection civile camerounaise, présente à la conférence de presse de Genève.

  • S.E Al-Zein Ibrahim Hussein Hassan

    S.E Al-Zein Ibrahim Hussein Hassan

     

    Cela fait à peine un an qu’il est à la tête de la représentation diplomatique du Soudan au Cameroun en tant qu’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire. C’est d’ailleurs à ce titre que ce diplomate a présidé le 63e anniversaire de l’indépendance de son pays, le 22 janvier 2019 à Yaoundé. À cette occasion, il a fait la promotion du thème lié à cet événement («Je suis Africain, je suis Soudanais ») pour magnifier l’intégration continentale.

    Pour celui qui, avant sa nomination, assurait les fonctions de chef du département de l’Union africaine au ministère des Affaires étrangères de son pays, c’est le refus de la prise en compte de toute dimension politique de l’intégration qui conduit à vouloir occulter, derrière un discours technicien, tout ce qui peut donner lieu à un débat politique franc en Afrique.

  • 6,9 %

    6,9 %

    Selon une note publiée le 23 janvier 2019 par l’(INS), c’est à cette barre que se situe l’indice de la consommation finale au Cameroun au troisième trimestre de 2018. Le constat d’accélération fait par l’INS (de 5,5 % observé au trimestre précédent à 6,9 %) traduit le fait que, durant la période évoquée, la croissance du PIB a été essentiellement tirée par la consommation finale.

    Sa contribution à la croissance s’élève à 5,4 points. Cette force de la consommation finale provient du comportement de ses deux composantes privée (2,7 points) et publique (2,6 points). L’évolution à la hausse de la consommation publique se justifie, à en croire l’INS, par une importante augmentation des achats de biens et services, en liaison notamment, avec l’accroissement des dépenses supplémentaires de sécurité et de l’organisation de l’élection présidentielle d’octobre 2018.

  • Cameroun : la France se prononce sur l’arrestation de Maurice Kamto

    Cameroun : la France se prononce sur l’arrestation de Maurice Kamto

    Le ministère français des Affaires étrangères dit suivre la situation de cet opposant arrêté et détenu par le pouvoir de Yaoundé.

    Jean Yves Ledrian, ministre français des Affaires étrangères.

    Au cours d’un point de presse tenu hier 29 janvier à Paris (France), le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a commenté la récente actualité au Cameroun.

    À la question d’un journaliste de savoir quelle est la réaction de la France sur la situation au Cameroun,  notamment l’arrestation de l’opposant Maurice Kamto et la convocation de l’ambassadeur de France à Yaoundé à la suite des incidents survenus à l’ambassade du Cameroun samedi à Paris; le porte-parole a répondu : « nous sommes attentifs à la situation de M. Maurice Kamto à la suite de son arrestation ».

    Pour ce qui est de la mise à sac de l’ambassade du Cameroun, le Quai d’Orsay condamne « fermement l’intrusion qui a eu lieu samedi dernier à l’ambassade du Cameroun à Paris ».

    Cependant, la diplomatie française a tenu à clarifier : « Notre ambassadeur à Yaoundé s’est entretenu hier, comme il le fait régulièrement, avec le ministre des Relations extérieures camerounais. Il ne s’agissait pas d’une convocation ».

    Le samedi 26 janvier, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a lancé une « Grande marche » de protestation contre le « hold-up » de l’élection présidentielle du 7 octobre. Les ambassades du Cameroun à Paris, Berlin et Bruxelles ont été saccagées. Le lundi 28 janvier, Maurice Kamto et une quarantaine de personnes, dont ses principaux soutiens, ont été arrêtés et enfermés.

    Bobo Ousmanou

     

  • Jacqueline Casalegno

    Jacqueline Casalegno

    De cette Française de 93 ans, l’hebdomadaire Jeune Afrique dit qu’« elle s’en est allée comme elle a vécu, dans la discrétion », dans la nuit du 22 au 23 janvier, à Douala. Peu connu du grand public, elle était pourtant une égérie de l’assurance, charmant par son air sauvage, ses oreilles un peu décollées, son profil racé et le sérieux propre à elle.

    Sa vie, « une vie de défis au service des métiers de l’assurance au Cameroun », se confond avec celle de la compagnie d’assurances Chanas Assurances S.A. C’était sa créature. Cette entreprise était de bonne taille (23 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires en 2012). Elle en a perdu le gouvernail à la suite d’un imbroglio juridico-financier avec des actionnaires, entre 2012 et 2014.

  • Centrafrique : un homme tire sur la foule pendant une veillée funèbre

    Centrafrique : un homme tire sur la foule pendant une veillée funèbre

    L’attaque a fait 18 morts et 23 blessés au quartier Bornou à Ippy, dans la nuit du 24 au 25 janvier.

    Antibalaka fighters walk in Gambo, southeast Central African Republic, on August 16, 2017.
    Antibalaka fighters fought against a Seleka militia to chase them out of Gambo in early August. They say that they are now hundreds in town, with most of the civilians have fled to escape the battles. / AFP PHOTO / ALEXIS HUGUET

    C’est un homme identifié comme un élément du mouvement armé Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) qui a ouvert le feu sur des civils lors d’une cérémonie funéraire dans le quartier Bornou, à Ippy. Le bilan de cette attaque est de 18 morts, dont cinq femmes, et de 23 blessés.

    Suite à ce tragique incident, les casques bleus se sont immédiatement rendus sur les lieux pour sécuriser les populations, lancer les recherches afin d’appréhender le suspect en vue de le remettre aux autorités judiciaires compétentes, a rapporté le bureau d’information de la MINUSCA. Cependant, selon les dernières informations, l’auteur des tirs, ainsi qu’un de ses supposés complices auraient été appréhendés et abattus en public sur ordre d’un responsable local de l’UPC.

    Le bureau régional de la MINUSCA à Bambari a aidé à fournir les premiers secours à des blessés et a facilité leur évacuation dans des hôpitaux en complément des interventions menées par des acteurs humanitaires. La mission de l’ONU en a profité pour condamner fermement « ce terrible massacre et exprime ses profondes condoléances aux familles des victimes ainsi qu’à l’ensemble de la population d’Ippy ».

    Les mouvements rebelles restent très actifs en République centrafricaine. Et c’est pour ramener définitivement la paix dans ce pays d’Afrique centrale que des pourparlers intercentrafricains se tiennent depuis le 24 janvier à Khartoum (Soudan) entre le gouvernement et les mouvements rebelles.

    Bobo Ousmanou

  • Cameroun : l’opposant Maurice Kamto et ses lieutenants aux arrêts

    Cameroun : l’opposant Maurice Kamto et ses lieutenants aux arrêts

    Ils ont été arrêtés hier et à Yaoundé. Le leader du MRC a ensuite été transféré à Yaoundé.

    Maurice Kamto.

    L’opposant camerounais Maurice Kamto, qui revendique toujours la victoire de la présidentielle d’octobre après être arrivé deuxième derrière Paul Biya, a été arrêté lundi soir à Douala, deux jours après avoir été à l’initiative d’une vague de manifestations contre le pouvoir en place.

    « M. Kamto a été arrêté au domicile d’Albert Dzongang (un de ses soutiens), il a été conduit à la police judiciaire de Douala », a déclaré M. Simh, confirmant une information d’une source proche des autorités de Douala.

    Contactées par l’AFP, les autorités n’ont pas donné suite lundi soir.

    Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto avait appelé à marcher samedi dans tout le pays contre la réélection de Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir.

    117 personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations, où la police a fait usage de gaz lacrymogènes et jets d’eau pour disperser la foule.

    Au moins six personnes dont l’avocate réputée Michele Ndoki, ont été blessées samedi. Le MRC a affirmé que la police avait tiré à balles réelles sur les manifestants, ce que Yaoundé a démenti.

    A Paris, l’ambassade du Cameroun en France a été investie et saccagée par des manifestants samedi soir.

    Le même soir, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait estimé que le parti de Maurice Kamto avait « franchi la ligne rouge ». Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, avait pour sa part accusé le camp Kamto de « tentative de déstabilisation » du pouvoir en place.

    -« Réunion de crise »-

    Après l’arrestation de M. Kamto lundi soir, environ 300 personnes se sont massées autour de la maison de M. Dzongang à Douala, selon un journaliste de l’AFP sur place.

    Une cinquantaine de policiers présents et des tirs en l’air ont rapidement dispersé la foule.

    Une « réunion de crise » était en cours lundi soir au MRC, a encore indiqué M. Simh à l’AFP à 22H15 (21H15GMT). Plusieurs cadres et soutiens du MRC ont été arrêtés depuis samedi.

    Outre M. Kamto, Albert Dzongang et Christian Penda Ekoka, un économiste réputé proche de l’ex-candidat à la présidentielle, ont été arrêtés au domicile de M. Dzongang lundi soir.

    Alain Fogue, universitaire qui est l’un des principaux soutiens de M. Kamto, a également été interpellé lundi soir, selon le MRC.

    Samedi, l’ex-directeur de campagne de Maurice Kamto, Paul-Eric Kingue, et le célèbre rappeur pro-Kamto Valsero avaient été arrêtés.

    Depuis le scrutin, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC contre ce qu’il qualifie de « hold-up électoral ».

    Aucune n’a été autorisée par Yaoundé, et chacune d’entre elles a donné lieu à de nombreuses arrestations.

    Peu de militants arrêtés ont toutefois été déférés, la plupart étant relâchés au terme de leur garde à vue.

    Mais tous ceux arrêtés samedi « resteront en détention et répondront de leurs forfaits devant les instances judiciaires compétentes », a indiqué en conférence de presse M. Atanga Nji.

    Maurice Kamto, ancien ministre de la Justice de Paul Biya, n’avait quant à lui jamais été arrêté depuis l’élection.

    – « Hors-la-loi » –

    Depuis octobre, Yaoundé a plusieurs fois tenté de dissuader le camp Kamto de continuer sa lutte, affirmant que le chef de file du MRC se mettait « hors-la-loi » en n’acceptant pas les résultats.

    Las! Lui n’a cessé de les contester et d’appeler à manifester pacifiquement contre les autorités en place.

    « Au moment où le Cameroun s’achemine résolument vers son émergence, tout doit être et sera fait pour préserver la paix et la stabilité », avait averti samedi soir M. Sadi.

    En octobre, l’ex-candidat du MRC était officiellement, selon les résultats du Conseil constitutionnel, arrivé deuxième dans les urnes (14,23% des suffrages) derrière Paul Biya, réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix.

    Depuis 1982, Paul Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s’appuyant sur l’administration et sur un parti-Etat, le RDPC, qu’il a créé en 1985.

    Journal Intégration, avec Afp

  • Tropicale Amissa Bongo : Manzin double, Bonifazio garde le jaune

    Tropicale Amissa Bongo : Manzin double, Bonifazio garde le jaune

    L’Italien a conservé son maillot jaune après la dernière étape remporté par Lorrenzo Manzin.
    Lorrenzo Manzin.

    L’Italien Niccolo Bonifazio a remporté le classement final de la 14e édition de la Tropicale Amissa Bongo aujourd’hui après avoir gardé son maillot jaune de la première à la dernière étape. Le sprinter de l’équipe Direct Energie a décroché également trois étapes pour parfaire sa domination sur l’épreuve gabonaise.

    Pour sa première course avec sa nouvelle équipe, il tenait à briller et à prouver que Jean-René Bernaudeau ne s’est pas trompé en le recrutant. Les routes gabonaises lui ont même permis de faire mieux, en remportant la première course par étapes de sa carrière.

    «C’était important pour moi de gagner une course comme ici au Gabon, explique-t-il, car ça m’a demandé beaucoup de concentration et de régularité durant toute la semaine. C’est la première fois que je venais courir en Afrique, j’en garderai un grand souvenir.»

    Lorrenzo Manzin était aussi heureux aujourd’hui en remportant sa deuxième étape après celle obtenue à Oyem jeudi dernier. Le jeune français de l’équipe Vital Concept-B&B Hotels a réussi la performance de battre André Greipel.

    Avec tropicaleamissabongo.com

  • CAN Egypte 2019 : le début du tournoi  reporté

    CAN Egypte 2019 : le début du tournoi reporté

    Par respect pour le calendrier musulman, la Confédération africaine de football (CAF)  ramène la compétition  du 21 juin au 19 juillet 2019.

    Initialement prévu, du 13 juin au 15 juillet de cette année, le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations 2019  sera donné  une semaine plus tôt en raison du ramadan. « La CAF nous a officiellement informé du report », a déclaré Mohamed Fadl, un ancien joueur chargé par la Fédération égyptienne de football (EFA) de superviser l’organisation de la CAN 2019.

    Intervenant le 27 janvier  sur la chaine de télévision ON Sport TV,  le vice-président de la Fédération égyptienne Ahmed Shobier : « les pays d’Afrique du Nord ont réclamé un report du tournoi d’une semaine, par rapport au Ramadan. » Lors du Mondial 2018, le jeûne des joueurs musulmans avait fait débat. Les responsables égyptiens estiment que le ramadan expliquait en partie l’échec de l’Egypte. Les Pharaons, derniers de leur groupe, avaient été éliminés dès le premier tour.

    Mois sacré en islam, le ramadan impose un jeûne du lever jusqu’au coucher du soleil, durant une période d’un mois. En 2019, il doit avoir lieu de début mai à début juin.

    Le tirage au sort se fera le 12 avril 2019 au Caire.

     

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Stade Paul Biya : la vraie raison d’une grève

    Stade Paul Biya : la vraie raison d’une grève

    Pour les ouvriers du chantier encore en cours, surfacturations, détournements et silence des autorités doivent appeler, dans l’urgence, la grande lessive.

    Des grévistes au Stade Paul Biya.

    Image pour image, difficile de ne pas retenir celles des ouvriers qui, autour d’une table à l’entrée du site du chantier de construction du Stade Paul Biya sis à Olembé (Yaoundé II), tiennent une sono. Après chaque gorgée, un homme s’affaire à recracher toute une série de chansons contestataires, ou en tout cas leurs basses. Clamés par ses camarades fringants, les refrains convoquent la colère, la frustration, le désarroi.

    Leur vie au chantier ressemble à quoi ? On le leur demande. Ça part dans tous les sens, ils ne savent pas par où commencer. En chœur, ils évoquent une exaspération générale. « La justice sociale! C’est le tag inscrit dans nos cœurs, voici bientôt six mois!», martèle ce gaillard. Ce dernier explique: «nous travaillons sans salaire, alors que la mafia existe ! » Son débit est empli de passion et de rancœur. Du coup, il est vain de vouloir mettre quelque raison dans ses analyses.

    Ce soir du 22 janvier 2019, tout cet essaim d’ouvriers affirme avoir repris le travail. Au passage, ils assimilent le huis clos du 18 janvier 2019 à un saupoudrage externe, destiné à sauver les apparences. Toutefois, ils croient que leurs opinions individuelles sur l’importance du chantier se sont muées en une vision du bien commun. « C’est le stade des Camerounais. C’est pour cela que nous avons repris », lance l’un d’eux. « Comme un divorce suivi d’un remariage », ajuste ironiquement une bruyante voix.

    Scandales

    Entre deux phrases, la langue reprend une actualité oubliée, selon eux. «Tous les jours ici, dit quelqu’un, on surfacture le sac de ciment, la benne de sable, la barre de fer ! » « On détourne de l’argent sans nous payer ! », ajoute une autre voix. Celle-ci cite des chiffres en milliards de francs CFA, et qu’importent les approximations. Comme une chanson populaire, cette accusation de détournement s’en va et revient en boucle. Dans cette ambiance, toute réclamation, qu’elle soit catégorielle ou pas, se dirige aussitôt vers les pouvoirs publics. «Nous avons observé cette grève pour que les autorités frappent ceux qui nous méprisent en se remplissant les poches», assume un homme au regard vif. Il semble avoir une remontée d’hormones. «Tant qu’on laissera faire, il y aura encore grève ! », assure-t-il.

    Sur la situation, Arsène Rodrigue Nguekam pense que le mouvement de grève à Olembé s’est davantage construit comme une révolte ouvrière contre le laisser-faire. «Il a libéré une parole polymorphe et longtemps contenue concernant les présumées élucubrations financières qui ont inondé la toile», théorise le sociologue. Damien Ekouty, spécialiste des marchés publics, évolue sur la même trajectoire d’interprétation. Selon lui, «à proportion que les travailleurs d’Olembé réclament qu’on les considère avec dignité (affiliation à la CNPS, élaboration des bulletins de paie, paiement des indemnités de logement, le paiement des primes de risques, de rendement et de responsabilités, l’augmentation de la prime de ration et de meilleures conditions générales de travail), ils semblent demander que ceux qui incarnent le pouvoir agissent dignement en ouvrant une enquête sur ces soupçons de détournements».

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Cameroun : « Déclassification des archives coloniales,  ces documents sont cruciaux pour déterminer les responsabilités »

    Cameroun : « Déclassification des archives coloniales, ces documents sont cruciaux pour déterminer les responsabilités »

    Le fonctionnaire camerounais, diplômé de l’école de bibliothéconomie et de sciences de l’information de l’Université de Montréal (Canada) situe sur les enjeux de la déclassification récente des documents secrets sur l’Histoire du Cameroun détenus par la France.

    Samuel Owono

     

    Quels sont les niveaux de classification des documents ?

    La quasi-totalité des Etats du monde retiennent quatre niveaux de classification pour les informations sensibles. Dans l’ordre décroissant, on a l’information dite « très secret », l’information estampillée « secret », celle relevant du « confidentiel » et celle à « diffusion restreinte ». Chacun de ces niveaux accorde une protection proportionnée au risque encouru en cas de divulgation des informations qu’ils couvrent. Cette protection est matérialisée par le marquage des documents et supports.

    Et maintenant, c’est quoi la déclassification ?

     Qu’entend-t-on par document « secret » ?

    Un document est marqué « secret » seulement quand l’information qu’il contient est d’une grande importance et quand la protection de cette information contre certains acteurs est de première nécessité. Il s’agit d’un document couvert par le secret, et qui bénéficie à ce titre d’une protection supplémentaire par rapport aux délais de communicabilité. En clair, c’est un document dont la divulgation est  de nature à nuirenuire gravement ou très gravement à certains acteurs.

    Selon une actualité récente, la France a décidé de déclassifier certains documents sur la lutte d’indépendance au Cameroun. En tant que spécialiste, pouvez-vous vous étendre sur la nature desdits documents ?

    Il s’agit notamment d’archives émanant des conseillers diplomatiques et militaires français et également de compte-rendus de conseils restreints de défense de l’époque. Ils sont relatifs, on le présume, à la présence et aux usages politiques de ladite époque. De façon générale, il s’agit de documents, de données ou de fichiers qui ont fait l’objet de mesures de protection destinées à restreindre leur diffusion depuis l’époque que vous évoquez. On parle de classification. L’activation du dispositif de classification lui-même a été dictée par l’évaluation de la sensibilité de l’information et, implicitement, de l’intérêt qu’elle recouvre pour la France et pour le Cameroun, tout au moins en ce qui concerne la répression de la résistance à la colonisation. Déclassifier, c’est une avancée vers la réécriture de l’Histoire. Il y cependant un bémol à cela. Il s’agit de l’impossibilité de connaître le nombre exact de documents classés secret dans une affaire comme la lutte d’indépendance au Cameroun. Mais ces documents sont cruciaux pour savoir, par exemple, qui a fait quoi pour l’assassinat des Um Nyobe, Ouandié et autres.

    Ces documents situent sur ce qui s’est déroulé entre 1950 et 1960 au Cameroun. Pourquoi avoir attendu 2019  pour les déclassifier?

    Le délai légal international de communication d’un document couvert par le secret, après déclassification préalable, est de 50 ans, voire de 100 ans si sa communication est de nature à porter atteinte à la sécurité de personnes nommément désignées ou facilement identifiables. Des dérogations à ces délais sont possibles. Un accès anticipé, toujours après déclassification préalable, peut notamment être autorisé à la suite d’une demande formulée dans le cadre de recherches scientifiques, par exemple historiques. C’est à l’autorité émettrice qu’il revient d’accéder ou non à cette demande.

    Pour les documents sur une partie de l’Histoire du Cameroun qui viennent d’être déclassifiés par la France, je pense que le délai légal dont je parlais est atteint. Cependant, la contradiction entre la réglementation sur les documents classifiés et la loi de 1979 en France existe à plusieurs niveaux. Les principes retenus par la loi de 1979 sont l’égalité d’accès de tous, le droit de savoir, car les archives relèvent du patrimoine public, donc commun. Tous les documents deviennent communicables aux termes de délais fixés selon une typologie du secret ou des documents. Ces délais sont donc fixés a priori par la loi ou ses décrets d’application, en tout état de cause par le droit écrit. De manière sous-jacente, y figure l’idée que le temps efface toutes les sensibilités, et, selon le vers de Racine, qu’« il n’est pas de secret que le temps ne révèle », ou ne doive révéler. À l’inverse, la réglementation sur la classification des documents pose le principe de la hiérarchie du secret, c’est-à-dire de la hiérarchie du droit « à en connaître », dans un domaine qui est celui de l’information. La décision de classification d’un document est forcément d’opportunité, et de circonstance, prise par l’émetteur lui-même.

    On suppose, de fait, un rapport de linéarité au temps ?

    L’idée d’un secret inscrit « dans » le temps existe évidemment, et le rapport linéaire au temps apparaît dans toutes les mesures visant à anticiper l’échéance du délai de communicabilité, mais la classification répond également à des secrets de nature différente. Elle peut, en effet, correspondre à une mesure rendue nécessaire par l’intensité et non par la durée du secret : dans le domaine opérationnel en particulier, un secret (un plan de déplacement de forces par exemple) peut être extrêmement protégé mais pour un laps de temps très court, le secret qu’elle protège « tombant » parfois de lui-même en quelques heures… Or dans ce type de secret, que l’on pourrait qualifier d’« intensif » et non d’« extensif », en l’absence de mesures de déclassification explicites, les conséquences sur la communicabilité, et leur durée, sont identiques à celle d’un secret protégé sur le long terme, quand bien même seul le support de l’information, et non plus sa notoriété, serait désormais protégé.

    Il faut ici souligner que l’idée largement répandue dans le public que les documents les plus secrets présenteraient une tendance naturelle à « s’évanouir dans la nature » est totalement fausse, et prouve une méconnaissance profonde des mécanismes de déclassification. Le secret est au contraire garant de la protection des documents. Les règles de rédaction, de suivi et de conservation des documents sont d’autant plus strictes et contrôlées que le niveau de classification s’élève. Le danger est dans la rétention de l’information et la difficulté est d’organiser le passage au statut d’archives historiques.

     par Jean-René Meva’a Amougou

     

  • « Grande marche » du MRC : la colère du gouvernement contre Maurice Kamto

    « Grande marche » du MRC : la colère du gouvernement contre Maurice Kamto

    Le ministre de l’Administration territoriale a prévenu que cette formation politique pourrait être interdite sur l’ensemble du territoire pour trouble à l’ordre public.

    Maurice Kamto, le président du MRC.

    Deux ministres pour montrer la colère du gouvernement. Paul Atanga Nji ministre de l’Administration territoriale (Minat) et René Emmanuel Sadi de la Communication (Mincom) sont montés au créneau, samedi 26 janvier, pour lancer un ultimatum au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). « Le Minat est en droit de prendre certaines mesures conservatoires. Et ces mesures conservatoires sont : l’interdiction de ce parti politique », a déclaré Paul Atanga Nji, au cours d’une conférence de presse.

    Dans une posture qui se voulait ferme, le patron de la territoriale, « tutelle » des organisations et associations au Cameroun, a prévenu : « si jamais les indices concordants de perturbations de l’ordre public sont établis contre ce promoteur de parti politique, son parti politique peut être définitivement interdit sur l’ensemble du territoire national ».

    « Ce promoteur de parti politique », c’est Maurice Kamto. Le président national du MRC a organisé une « grande marche » pour protester contre ce qu’il qualifie de « hold-up électoral ». Maurice Kamto se revendique en effet vainqueur de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. Le MRC s’insurge également contre la gestion de la crise anglophone par le gouvernement et la gestion foireuse du dossier de la Can 2019.

    Les partisans et militants du MRC ont battu le pavé dans les villes de Yaoundé, Douala, Bafoussam et Dschang entre autres. Des échauffourées avec les forces ont été enregistrées à Douala, où des manifestants ont été blessés par balle.

    Cependant, le gouvernement assure « les forces de l’ordre n’ont fait usage d’aucune arme à feu à Douala, toute information contraire est de la pure manipulation ». René Emmanuel Sadi, le Mincom a pour sa part déploré la « bravade des [manifestants] à l’encontre des institutions républicaines ».

    En Europe, l’ambassade du Cameroun à Paris (France) a été mise à sac. Même scénario pour la représentation diplomatique du Cameroun à Berlin (Allemagne).

    Bobo Ousmanou

  • Gaston Eloundou Essomba : « les barrages de Memve’ele et Mekin seront mis en service en 2019 »

    Gaston Eloundou Essomba : « les barrages de Memve’ele et Mekin seront mis en service en 2019 »

    Le ministre de l’Eau et de l’Energie l’a confirmé Lors de la conférence annuelle des responsables des services centraux et déconcentrés de son département ministériel. Extrait de son propos du 24 janvier.

     

     

    « […] Nous inspirant de la vision du Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, extraite de son discours de prestation de serment le 06 novembre 2018, je cite :

    « D’une façon générale au cours du septennat qui s’annonce, nous veillerons à consolider nos acquis, tout en explorant les pistes nouvelles nous permettant de saisir toutes les opportunités d’un monde en constante évolution. », fin de citation.

    Au regard de ce cap qui est clairement défini, le Ministère de l’Eau et l’Energie doit capitaliser les performances et avancées enregistrées au cours de l’année 2018, et d’en tirer toutes les leçons des manquements constatés pour mieux se projeter cette année.

    En effet, notre feuille de route 2018, analysée à travers nos différents Programmes, a enregistré des réalisations concrètes et impactantes, qui constituent une base solide pour améliorer qualitativement le service public de l’eau et de l’énergie tant pour les ménages que pour les industries.

    Le CHEF DE L’ETAT, lors de son adresse à la nation du 31 décembre dernier, disait je cite « … nous continuerons à améliorer encore plus l’accès à l’eau potable et à l’électricité, y compris dans les zones rurales », fin de citation.

    Vous l’auriez compris, c’est dans ce contexte que se tient la présente Conférence dont  le thème central est : « Amélioration de la qualité du service public de l’eau et de l’énergie : enjeux et défis ». Ce thème est évocateur car il nous permet de faire le bilan de la mise en œuvre des objectifs fixés, mais surtout de nous projeter dans le futur, afin d’associer à la quantité, la qualité.

    Il s’agit concrètement pour nous pendant ce conclave, d’évaluer nos actions et nos procédures, de partager les feed-back des usagers de notre administration, de questionner notre attitude professionnelle et notre rapport à la déontologie, en vue d’une amélioration palpable de la qualité des services publics d’eau et d’énergie, afin d’apporter une contribution remarquable à l’émergence de notre cher pays à l’horizon 2035.

    Rappelons-nous toujours que le Ministère de l’Eau et de l’Energie a, conformément aux textes en vigueur, la responsabilité principale d’élaborer et d’exécuter la politique du Gouvernement dans le domaine de l’Eau et de l’Energie.

    Ce domaine, dois-je le souligner, a des tentacules dans tous les pans de la vie sociale (santé, sécurité, agriculture, éducation, économie…etc.). Cela va sans dire que de nombreux défis nous interpellent et nous devrions pouvoir les relever.

     

    Ces moments de réflexion et d’échanges entre acteurs du sous-secteur eau et énergie devront nous emmener à nous interroger sur la qualité du service public d’eau et d’énergie. Ce questionnement induit inéluctablement celui de la perception que les populations ont des services que nous leur fournissons.

    Il est indéniable que des avancées significatives dans nos actions permettent de croire que nous améliorons quotidiennement la vie de nos populations mais il est aussi vrai que les plaintes persistent.

    Dès lors, nous devons au cours de cette rencontre trouver des stratégies appropriées en vue d’améliorer efficacement le service public de l’eau et de l’énergie dans notre pays. Il s’agira de focaliser les échanges dans les ateliers sur la recherche des méthodes les plus efficaces à développer pour atteindre cet objectif.

    Pour cela les problématiques ci-après devraient être abordées :

    1-l’intensification du contrôle de la qualité du service public d’électricité et d’eau à travers les missions  de veille permanente mises en place au MINEE pour réduire les périodes d’interruptions observées dans certaines parties du pays ;

    2-le suivi des projets et travaux des infrastructures d’eau et d’énergie ;

    3-la mise en service en 2019 des nouveaux ouvrages de production d’énergie de Memve’ele et Mekin,

    4-le suivi des autres projets d’infrastructures de production et de transport d’eau et d’énergie en cours de construction ;

    5-l’accompagnement des collectivités territoriales décentralisées dans le cadre de la décentralisation ;

    6-les approches innovantes pour l’entretien des infrastructures d’eau et d’énergie  déjà en service;

    7-l’appropriation des nouvelles réformes dans l’exécution du budget.

    En ce qui concerne particulièrement le service public de l’Eau et de l’Assainissement, nous recevons encore des plaintes sur la qualité du service fourni, je vous invite par conséquent à approfondir votre réflexion pour faire des propositions en vue de l’amélioration de la qualité du service de fourniture d’eau potable, car comme le dit l’adage «  l’eau c’est la vie ».

    Pour ce qui est de l’électricité, la meilleure qualité du service public passera par la réduction sensible du nombre mais aussi du temps de coupure. Pour cela j’attends de vous des propositions d’indicateurs fiables pour permettre aux concessionnaires ENEO et SONATREL de travailler dans ce sens conformément aux contrats qui les lient à l’Etat.

    Je me réjouis dores et déjà des résultats issus de la plateforme mise sur pied qui nous permet déjà d’apprécier la fréquence des coupures et d’y apporter des solutions idoines.

    Nous sommes conscients que les moyens mis à votre disposition pour assurer le fonctionnement de vos structures, pour vous acquitter efficacement de vos missions, restent insuffisants. Nous savons que les conditions et les divers équipements de travail ne sont pas des plus idoines. Mais, nous essayerons d’y remédier, dans la mesure de nos moyens.

    A moyen terme, il sera question de doter les services déconcentrés des moyens de déplacement adéquats pour assurer un suivi efficace des projets, de doter toutes les structures (Services centraux et Services déconcentrés) d’un cadre de travail à la mesure des attentes placées en notre Département ministériel.

    Je voudrais donc vous encourager à redoubler d’efforts dans vos différentes missions et féliciter toute la chaîne notamment les Délégués Régionaux, les Délégués Départementaux,  ainsi que la coordination au niveau central pour tout ce qui a déjà été fait.

    Au terme de nos travaux, les conclusions de nos échanges seront d’application immédiate dans le but d’améliorer nos performances.

    À cet effet, et à l’issue des échanges fructueux et constructifs que vous entamerez dans cette enceinte,

    j’attends de vous des solutions durables pour la poursuite du Développement de notre sous-secteur.

    Je ne saurais clore mon propos sans  vous recommander, sous la coordination du Secrétaire Général, d’aller à l’essentiel pendant cette réflexion au cours de laquelle nous attendons un canevas d’actions concrètes, susceptibles de transformer qualitativement le quotidien des populations camerounaises.

    Il ne me reste plus qu’à déclarer ouverte la conférence annuelle 2019 des responsables des services centraux et déconcentres du Ministère de l’Eau et de l’Energie autour de la question centrale: « Amélioration de la qualité du service public de l’eau et de l’énergie : enjeux et défis ».

     

  • Centrafrique : 10 jours pour mettre fin à la crise

    Centrafrique : 10 jours pour mettre fin à la crise

    Sous l’égide de l’ONU, le gouvernement et les mouvements rebelles sont actuellement réunis à Khartoum pour trouver une solution définitive à la crise sociopolitique qui secoue le pays depuis plusieurs années.

    Pourparlers centrafricains. Les représentants de l’ONU.

    Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale et chef de l’UNOCA, François Louncény Fall, et son collègue Parfait Onanga-Anyanga, représentant spécial pour la RCA et chef de la MINUSCA, ont pris part jeudi 24 janvier à Khartoum (Soudan), à l’ouverture des pourparlers de paix entre les autorités de Bangui et les quatorze groupes armés actifs sur le territoire centrafricain.

    Ces pourparlers, censés durer au moins une dizaine de jours, devraient favoriser la fin des violences que continuent de commettre abusivement ces groupes armés contre des civils, des Casques bleus et des travailleurs humanitaires.

    L’un des enjeux est donc l’adoption d’un accord pour la paix et la réconciliation, sous l’égide de l’Union Africaine avec l’appui des Nations Unies. Cet accord sera accompagné d’un mécanisme ou d’un comité de suivi afin de garantir la mise en œuvre effective des recommandations et des engagements pris par les différentes parties prenantes.

    L’implication du représentant spécial et chef de l’UNOCA dans ces négociations est en cohérence avec le mandat que lui a confié le Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans sa déclaration du 10 août 2018, le Conseil de sécurité l’invite « à continuer de prêter [son] concours à la MINUSCA, et d’intensifier les efforts visant à faire progresser le processus de paix et de réconciliation en cours en République centrafricaine ».

    Le Conseil rappelle que ces efforts sont « menés par la région dans le cadre de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine et la feuille de route connexe adoptée le 17 juillet 2017 à Libreville, qui constituent le principal mécanisme porteur d’une solution politique pour le pays ».

    Avant le début des travaux François Louncény Fall et Parfait Onanga-Anyanga avaient participé à une rencontre avec les représentants des groupes armés présents à Khartoum. Le message à leur endroit est constant et conforme aux attentes du Conseil de sécurité : cesser toute forme de violence et de déstabilisation, « déposer les armes immédiatement et sans condition et à participer sans réserve au processus de paix ».

    Journal Intégration, avec l’UNOCA

  • Tropicale Amissa Bongo : André Greipel remporte sa première étape

    Tropicale Amissa Bongo : André Greipel remporte sa première étape

    L’Allemand de 36 ans a remporté, le 26 janvier au Gabon, la 156e victoire de sa longue carrière.

    L’Allemand André Greipel .

    André Greipel a attendu six jours pour s’imposer enfin aujourd’hui sur la Tropicale, l’épreuve gabonaise qu’il découvrait pour la première fois de sa carrière.

    L’Allemand de l’équipe Arkéa-Samsic a enfin pu réaliser le sprint parfait pour lui et offrir à ses nouveaux coéquipiers une victoire qui va rassurer son entourage.

    A 36 ans, celui qu’on appelle le « Gorille de Rostock » inscrit ainsi sa première victoire de la saison mais aussi la première pour l’équipe française.

    Il se souviendra certainement aussi que c’est au Gabon qu’il a franchi la barre des 155 victoires à son palmarès exemplaire, où on retrouve notamment 11 victoires d’étapes sur le Tour de France. L’Allemand était apparu soulagé après la ligne d’arrivée.

    « C’est normal pour un sprinter de son standing, affirmait son directeur sport Sébastien Hinault. Il avait besoin de gagner pour se rassurer mais aussi pour récompenser ses équipiers qui ont beaucoup travaillé pour lui depuis le début de l’épreuve. Il commence à trouver ses repères chez nous ».

    Niccolo Bonifazio a terminé 7e de cette 6e étape mais conserve sa première place avec 16 secondes d’avance sur le deuxième Lorrenzo Manzin. La dernière étape sera très disputée car elle attribue 19 secondes de bonifications.

  • Université de Yaoundé II : le journaliste Pierre Nka décroche le titre de Docteur (PhD) es Sciences politiques

    Université de Yaoundé II : le journaliste Pierre Nka décroche le titre de Docteur (PhD) es Sciences politiques

    « Mention Très Honorable », c’est ce qu’il  récolte au terme de sa soutenance de thèse ce 24 janvier 2019.

    Pierre Nka (deuxième à partir de gauche) adoubé par le jury.

    Le travail du journaliste porte sur le thème « Allemagne, l’Afrique, le containment géopolitique occidental : analyse stratégique de la nouvelle politique étrangère Allemande en Afrique noire depuis la fin de la guerre froide ». Devant un jury composé du Pr. Gérard Martin Pekassa (président), André Kayo Sikombe, (rapporteur interne) et Pr. Alain Fogue Tedom (directeur de thèse), le directeur des rédactions du Quotidien l’Economie a montré ce qui caractérise la nouvelle stratégie de l’Allemagne en Afrique.

    Cette stratégie, pense le nouveau docteur es-sciences politiques, repose désormais sur la promotion des valeurs de paix et de démocratie, s’éloignant de plus en plus de sa culture hégémonique qui a fait sombrer la planète entière dans de longs conflits.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • CAMTEL: 17 agents virés

    CAMTEL: 17 agents virés

    Ils sont accusés de plusieurs délits au sein de l’entreprise.

    LA direction générale de CAMTEL

    Judith Yah Sunday, la nouvelle DG de la Cameroon Telecommunications (Camtel) vient de se séparer de 17 de ses agents.  Selon  une note d’information signée du 24 janvier 2019 par la DG, ces désormais ex-employés ont été reconnus coupables de « détournements des valeurs de l’entreprise », « malversations financières », « arnaques financières », « vols de câbles », « faux et usage de faux », « trafics frauduleux de lignes », « absences injustifiées ». « Ces agissements inadmissibles sont constitutifs de perte de confiance avec des répercussions négatives sur l’image de la Cameroon Telecommunications », écrit la DG. Selon nos informations, les  travaux des conseils de discipline de l’entreprise du 5 au 7 décembre 2017 et du 30 et 31 octobre 2018 ont validé le licenciement desdits agents. Et Judith Yah Sunday de menacer : « Tout agent, à quelque catégorie qu’il appartienne, qui se prêtera à des actes similaires sera purement et simplement licencié sans autre forme de procès ».

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Cameroun : le gouvernement confesse l’inefficacité du DSCE et annonce un nouveau document

    Cameroun : le gouvernement confesse l’inefficacité du DSCE et annonce un nouveau document

    Le ministre délégué en charge de l’Economie, a annoncé un nouvel instrument de planification  le 23 janvier  2019 à Yaoundé.

    Le ministre Paul Tasong.

    Chiffres à l’appui, le membre du gouvernement a finalement percé l’abcès. Pour lui, le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE)  a montré son inefficacité. « Le tout premier indicateur portait sur une croissance économique soutenue pendant les 10 ans. Le souhait était d’atteindre une croissance moyenne de 5,5% sur la période de planification. A ce jour, nous n’avons pas atteint de manière totalement satisfaisante ce taux de croissance. Le taux de croissance moyen de nos jours est de 4,5% », évalue Paul Tasong.

    D’autres indicateurs passés au crible obligent le ministre délégué à reconnaître l’échec du DSCE en matière de lutte contre la pauvreté au Cameroun. Seulement une réduction de 3%, très loin des 10% attendus. Une contre-performance que le ministre délégué impute à deux facteurs : la chute du cours du pétrole et la crise sécuritaire dans le Nord-ouest, le Sud-ouest, à l’Est et dans l’Extrême-Nord.

    « Le DSCE arrive à son terme le 31 décembre 2019. Dès le 1er janvier 2020, nous devons disposer d’un nouvel instrument de planification », a déclaré Paul Tasong. Le nouveau document  devra servir de boussole dans l’élaboration des politiques publiques de 2020 à 2027.

    Il y a quelques mois, des voix issues de certains cénacles économiques rendaient compte de ce que  le DSCE repose sur la  théorie de la « grande poussée ». Il était alors considéré comme un document chargé d’implémenter le développement dans tous les secteurs (primaire, secondaire, tertiaire) au même moment, à la même cadence. Trois grands problèmes étaient de ce fait décriés : celui de la coordination, (avec la duplication de certains programmes entre les ministères) ; le problème de financement (puisqu’il faut beaucoup d’argent pour tout faire en même temps) et le problème de visibilité.

    Jean-René Meva’a Amougou