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Année : 2018
Axe Yaoundé – Washington : le vide ou le plein
«Sans agrégation du pire, les relations diplomatiques entre le Cameroun et les Etats-Unis ne sont au beau fixe.
A tout prendre, la situation est devenue si grossière que même des instruments de pensée rudimentaires suffisent à en rendre compte haut la main». S’inspirant du nouveau tournant des déclarations de S.E. Peter Henry Barlerin (actuel ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun) au sujet du bail de Paul Biya à la tête de l’Etat, le Dr Daniel Nkomba résume simplement une brouille entre Yaoundé et Washington.
L’internationaliste, consultant à la Fondation Paul Ango Ela de Yaoundé, pense que si la volonté mutuelle d’entente affichée par les deux capitales reste l’aspect le plus séduisant de leurs relations, celles-ci sont faites de tensions, de provocations et même d’incidents.
Subsides
«Insidieusement ou ouvertement, ces variables sont utilisées par les Etats-Unis comme socle de leur puissance vis-à-vis des pays qui attendent ou sollicitent d’eux une assistance quelconque», analyse, sans fard, le Dr Aloys Mpessa. Selon ce chercheur en géopolitique internationale au Centre de recherche et d’études politiques et sécuritaires (Creps) de l’Université de Yaoundé II-Soa, «la forme diplomatique à la base de laquelle sont associés des subsides tend à ériger certains Etats en directeurs de conscience des autres. La preuve, parmi tant d’autres, réside dans l’électrochoc récemment enregistré à la Base aérienne 101 de Yaoundé lors d’une réception d’avions américains».
Leviers
Vu sous cet aspect, d’aucuns soupçonnent Washington d’un «pseudo-réalisme diplomatique». A l’aune de l’actualité sociopolitique actuelle au Cameroun, pour la première fois, un pays étranger a donc officiellement demandé à Paul Biya de «quitter le pouvoir afin de rentrer dans l’Histoire». «Par la voix de S.E. Peter Henry Barlerin, les Etats-Unis ont abandonné l’inconséquence de la forme choisie. Et à cause de ce qu’ils apportent en termes d’aide en tous domaines, ils créent une confusion et porte une pensée séditieuse», explique Daniel Nkomba.
D’après l’universitaire, tout cela c’est sur fond d’intérêts économiques et stratégiques, de droits de l’homme, de démocratie et de guerre contre le terrorisme. «Ce sont de bons leviers qu’ils (les Etats-Unis) entretiennent soigneusement pour valider ou contester tel ou tel dirigeant dans les pays pauvres, d’ailleurs qualifiés de pays de merde par leur président», dit-il. Au-delà, d’autres voient en la posture américaine au Cameroun l’application d’«une diplomatie de co-souveraineté» par opposition à la diplomatie classique. «C’est une tendance qui se développe chez nos donateurs.
Elle indique clairement que gérer des espaces de souveraineté n’est plus adéquat en raison des logiques d’interdépendance et de compénétration des nations. La distinction habituelle entre ce qui relève de leurs affaires internes et ce qui relève de l’international s’effaçant progressivement, c’est la cogestion d’espaces souverains qui devient la pratique des diplomaties modernes», renseigne l’internationaliste Saint-Juliard Simo.
Acteurs et chantage
A elles seules, les crises sécuritaires, sociopolitiques ou humanitaires survenues au Cameroun ces vingt dernières années ont favorisé l’émergence de nombreux acteurs. En plus des personnages officiels mandatés par des gouvernements ou par des organisations internationales publiques, des intervenants privés y mettent de la couleur, de la diversité, des convictions, parfois de l’agitation ou du désordre.
«Parce qu’ils prétendent aider, voient dans l’entrée des sociétés dans l’arène internationale l’amorce d’un monde dans lequel les souverainetés seront progressivement rognées par les nécessités du multilatéralisme et par des constructions régionales actives comme celle de l’Union européenne, d’un monde qui, un jour, fera passer la puissance avant la solidarité», insiste le Dr Aloys Mpessa.
Jean René Meva’a Amougou
Daniel Ruben Um Nyobè
A cinq mois de la tenue de la présidentielle, le fils du «Mpodol» Ruben Um Nyobè soutient sans frein, sous la bannière d’une tendance de l’Union des populations du Cameroun (UPC), la candidature de Paul Biya audit scrutin.
Cela fait longtemps, semble-t-il, que le camp politique de l’actuel président de la République n’avait pas éprouvé le grand frisson avec un si bon client, qui mêle idéologie anti-colonialiste et progressisme africain. Quand on l’a aperçu le 20 mai dernier au palais de l’Unité, des commentateurs ont dit de cet homme né en 1957 qu’il ne cesse de se réinventer, accomplissant ses mues les unes après les autres.
Tour à tour blagueur ou tribun ulcéré, partageant l’émotion d’un souvenir d’enfance ou vilipendant un journaliste après une question gênante, capable de colères homériques et très médiatiques comme de coups de déprime qui le font un temps disparaître de la scène politique, «Mpodol Junior» fascine… en bon ingénieur informaticien.
0,8 %
L’Institut national de la statistique (INS) vient de publier l’indice des prix à la consommation finale des ménages camerounais.
Ces prix enregistrent une hausse en glissement de 0,8% au cours du premier trimestre 2018. Cette hausse, était de 0,4% il y a un an et de 1,5% au premier trimestre 2016. «L’augmentation des prix des biens et services divers résulte principalement de la progression des prix du timbre communal.
En effet, la loi de finance pour l’exercice 2017 a relevé les tarifs du droit de timbre communal de 200 FCFA en 2016 à 600 FCFA en 2017, et l’on est passé à 500 FCFA depuis le début de l’année 2018», explique l’INS.
S.E. Peter Henry Barlerin
Sa biographie officielle le présente pourtant comme un «diplomate de carrière».
Pourtant, la dernière sortie de l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun a été très mal appréciée par le pouvoir en place. Dans un communiqué publié le 18 mai 2018, après avoir été reçu en audience par Paul Biya, le cadre supérieur du service des affaires étrangères américain suggère au chef de l’Etat camerounais de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, afin d’entrer dans l’histoire par la grande porte.
Ce qui lui a valu d’être convoqué au ministère des Relations extérieures (Mirex), où il lui a été «fait part de la vive désapprobation du gouvernement camerounais après sa démarche, qui viole tous les usages diplomatiques en la matière, ainsi que les règles de civilité et de droit, tant dans la forme que dans le fond».
En bon diplomate, l’ancien haut fonctionnaire du bureau des affaires africaines a plaidé, selon un communiqué du Minrex, «le fait que ses propos ont été mal interprétés par la presse». Mea culpa ? «Il a dit avoir pris bonne note des objections qui ont été faites par le ministre des Relations extérieures, et a au contraire tenu à réfuter l’idée selon laquelle il est venu changer le leadership au Cameroun», ajoutant qu’«il compte apporter sa contribution à la stabilité du Cameroun, et ne saurait partager les positions des sécessionnistes».
Projets intégrateurs: Les financements du pont sur le Logone bouclés
Des accords de prêts entre le Cameroun et la Banque africaine de développement signés le 24 mai à Busan en Corée du Sud.
Le moment des paraphes à Busan Les 56 milliards de francs CFA nécessaires au financement du projet régional intégrateur du réseau routier dans le bassin du lac Tchad -reliant le Cameroun et le Tchad- sont disponibles. En marge des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad), les deux derniers accords de prêts, d’un montant global de 29,65 milliards de francs CFA, ont été signés entre l’institution financière africaine et l’Etat du Cameroun.
Le directeur général pour l’Afrique centrale, Ousmane Doré, a paraphé les documents pour la Bad. Le ministre de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, en a fait autant pour le Cameroun. Cet acte marque la fin du processus de mobilisation des financements de ce projet. En effet, fin avril, il avait déjà fait l’objet d’une convention de financement signée à Bruxelles avec l’Union européenne (UE). Un don de 26,24 milliards de francs CFA, au titre de la contribution de l’UE à la réalisation du projet.
Parmi les activités inscrites à ce projet intégrateur, il y a la construction d’un pont sur le fleuve Logone, entre les villes de Bongor au Tchad et Yagoua au Cameroun d’une longueur totale de 620 mètres linéaires; la construction d’une route de raccordement sur environ 14 km de part et d’autre des deux villes; et des aménagements connexes portant sur la réhabilitation d’infrastructures socioéconomiques et la promotion des activités entrepreneuriales des femmes et des jeunes en vue d’amplifier les impacts du projet.
«Ce projet s’inscrit dans les priorités stratégiques des deux pays et est conforme à la stratégie à long terme 2013-2022 de la banque, qui accorde la priorité aux infrastructures à caractère régional.Il s’intègre à deux des axes majeurs des cinq priorités opérationnelles de la Banque, les High5 notamment, «Intégrer l’Afrique» et «Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique», explique Ousmane Doré. «Le projet est en cohérence avec le document «Cameroun Vision 2035» qui considère que le développement des infrastructures doit être étroitement encadré par les objectifs économiques visant entre autres à transformer le pays en principal carrefour des échanges en Afrique centrale», indique pour sa part Alamine Ousmane Mey.
Le projet vise l’amélioration du système de transport de la région du bassin du Lac Tchad et le développement de la compétitivité économique de cette zone transfrontalière, par la création d’une nouvelle route de transit. Ce projet est particulièrement important du fait des enjeux sécuritaires de la zone, en proie à la menace de la secte Boko-Haram.
Grâce à une meilleure circulation des personnes et des biens entre les deux pays, et au désenclavement des zones à fortes potentialités économiques du Nord du Cameroun (agriculture, minerais, bois…) et du Sud – Ouest du Tchad, les coûts de transport seront réduits, les conditions de vie des populations riveraines de la route seront améliorées, le commerce et le transit facilités.
Bobo Ousmanou
7,8 milliards FCFA
C’est la somme que le Fonds de l’Opep pour le développement international (Ofid) va prêter au Cameroun. L’argent est destiné au financement partiel du projet d’électrification rurale phase II.
Les billets de banque L’accord de prêt a été signé le 24 mai dernier à Busan (Corée du Sud) par Alamine Ousmane Mey, ministre camerounais de l’Economie, et Belkacem Ouzrourou, directeur régional Afrique centrale de l’Ofid. D’un coût global d’environ 18,3 milliards de francs CFA, le projet prévoit la réalisation de grandes lignes d’ossature reliant les unités administratives, les localités frontalières ou celles de grande importance tout en permettant le développement de l’électrification rurale à faible coût à travers de petites antennes de dérivation.
Restauration de la paix en RCA: l’espoir russe
Un convoi humanitaire d’une douzaine de camions vient de débarquer à Bangui.
Le convoi humanitaire russe en provenance du Soudan. L’opération russe d’assistance sociale aux centrafricains est enclenchée et en cours de matérialisation. La capitale Bangui a en effet déjà réceptionné -entre autres- cinq camions de nourriture et de médicaments en provenance de Moscou.
Une série de treize voitures de nourriture et un hôpital médical vient de compléter l’action humanitaire russe en RCA. Ces treize autres véhicules ont traversé les villes de Bambari et de Bria, à destination de la capitale Centrafricaine. Le convoi humanitaire russe a transité par le Soudan. Une grande première, depuis 22 ans.
Ce convoi a franchi la frontière soudanaise, dans la partie orientale de la Centrafrique, sans obstacle. Il a traversé successivement Birao, Ndélé, Kaga Bandoro et Sibuta, pour aboutir sur une route abandonnée de 1800 km de long. Des zones désertes contrôlées par le groupe Seleka et non fréquentées. Les gendarmes centrafricains ne se sont d’ailleurs pas rendus dans cette zone depuis 5 ans.
Ce transfert réussi des vivres peut être considéré comme un pas vers l’accalmie dans certaines régions redoutées du pays. C’est l’un des premiers fruits du plan de rétablissement de la paix et de l’ordre dans le pays approuvé par le président Faustin archange Touadéra et soutenu par son partenaire la Russie. Le pays de Poutine est aux côtés de la Centrafrique dans l’élan de renaissance.
Les heureux bénéficiaires de ce convoi humanitaire sont bien sûr les déplacés de Bangui, où l’urgence alimentaire reste une réalité. Les zones en conflit pourront également en bénéficier. L’estimation des besoins humanitaires pour cette année 2018 en Centrafrique est d’environ 516 millions de dollars, soit 286 milliards 721 millions de fcfa. Il y a 16 millions de dollars, soit 8 milliards 890 millions de fcfa, de plus que l’an passé.
L’aggravation de la crise en 2017 peut expliquer cette surenchère. Le pays a connu en plus une augmentation de plus de 70% du nombre de déplacés. Les besoins sont toujours plus urgents en termes d’hygiène, de protection ou encore de sécurité alimentaire. A Bangui, la situation demeure tout e même meilleure que dans le reste du pays.
Bobo Ousmanou
Epidémie d’Ebola
L’Union africaine vole au secours de la RDC
L’organisation continentale offre une assistance technique, pour minorer l’effet du nouvel épisode de l’épidémie de la fièvre virale dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo.
Depuis une dizaine de jours, la maladie à Virus Ebola connait une flambée inquiétante dans la ville de Bikoro dans la province de l’Équateur (nord-ouest de la République démocratique du Congo -RDC). Au 14 mai 2018, ce sont 42 cas de fièvre hémorragique qui ont été signalés dans la région, dont 2 confirmés, 20 probables et 20 suspects. Plus de 550 personnes sont placées en observation.
Ces personnes auraient été en contact directement ou indirectement avec des cas confirmés, comme l’explique la ministre de la Santé, Oly Ilunga : «le travail qui est en train d’être fait par les équipes sur place est d’établir des listes des personnes qui ont été en contact avec les cas confirmés, adresses, ménages, villages, etc. A ce stade, nous sommes à plus de 550 personnes suivies. Nous sommes en contact avec ces personnes. Ces listes serviront de micro-plan pour la stratégie de vaccination. Ce sera une stratégie de porte à porte. On ne sait pas le temps que cela va prendre».
Vaccins
En réponse à cette nouvelle épidémie, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CACM) a activé son Centre des opérations d’urgence (COE). Le déploiement de son équipe d’intervention rapide a déjà permis un accompagnement d’une valeur de 250 000 dollars. Cet appui concerne les activités de riposte, en attendant la mobilisation des ressources additionnelles. L’équipe dépêchée est composée d’experts ayant déjà fait face à cette épidémie en Afrique de l’ouest en 2014 et en RDC en 2017.Constituée de trois experts, la task force est conduite par le docteur John Nkengasong, directeur du CACM. Pour le docteur John Nkengasong, l’appui consistera notamment à faire une analyse approfondie de la situation, afin de préparer une riposte contre la fièvre hémorragique Ebola déclarée dans le territoire de Bikoro dans la province de l’Equateur, mais qui touche déjà Mbandaka, la capitale de cette province.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a remis 5.400 doses de vaccins anti Ebola au gouvernement congolais. «Ce vaccin a déjà été testé en Afrique de l’ouest où il avait donné de bons résultats», a précisé l’OMS. Selon le ministre congolais de la Santé, Oly Ilunga, il ne sera pas procédé à une «vaccination de masse », mais plutôt à une «vaccination ciblée». «L’opération ne concernera que les gens qui sont en contact avec des cas suspects ou confirmés», a précisé le ministre.
ZRM
RCA : les attaques de Bambari mettent en sursis le retour de l’autorité de l’Etat
Bambari, ville symbole de l’autorité (retrouvée) de l’Etat centrafricain, a été la cible d’attaques meurtrières les 14 et 15 mai dernier.
Des sources médicales ont dénombré 13 victimes dont 7 blessés et 6 personnes tuées. Un gendarme compte parmi les tués. Il s’ajoute à ce bilan la mise à sac des bureaux de trois ONG, d’un commissariat de police, d’une brigade de gendarmerie et d’un entrepôt. Quinze mois après le départ des groupes armés de la ville, les récentes violences viennent doucher la construction de confiance autour de cette ville de la préfecture de l’Ouaka (centre de la Centrafrique).
Le porte-parole des Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), Vladimir Monteiro, en parle à ces termes: «Bambari n’est pas tombée et nous n’allons pas laisser cette ville symbole du retour de l’autorité de l’Etat, entre les mains de groupes armés». La situation reste toutefois très tendue car des centaines de personnes ont fui ces combats pour se réfugier de l’autre côté du fleuve Ouaka qui sépare la ville en deux.
Assaillants
Ce sont de nombreux éléments lourdement armés qui sont entrés dans Bambari. Ces individus sont présumés affiliés au mouvement Unité et la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darass. Le porte-parole du groupe armé a tout de suite démenti de cette information. Le porte-parole a indiqué que la Minusca mènera des enquêtes internes sur le mouvement.Selon la Minusca, les attaques de Bambari faisaient suite à «des rumeurs de meurtres sur fond de division communautaire» dans la ville. Ce qui laisse planer la possibilité de justice populaire ainsi que des actes de représailles. De son côté, le porte-parole de la force onusienne, le Major Séraphin Embondza, déclare que les Casques bleus sont en alerte dans toutes leurs zones de déploiement, afin d’apporter assistance à la population.
ZRM
Cemac : le FMI projette 1,7% de croissance du PIB en 2018
Le Fonds monétaire international (FMI) est pessimiste dans ses prévisions de croissance pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
La très récente publication du rapport sur les perspectives économiques d’Afrique subsaharienne de l’institution financière le démontre. Avec 1,7% en 2018, le FMI se montre moins optimiste que la Banque des Etats de l’Afrique centrale qui table sur 2,1% en 2018. Il est encore moins optimiste que ses propres prévisions dans le rapport d’avril 2017 qui projetaient la croissance du PIB à 3,2% en 2018.
Pour le FMI, la Cemac peut néanmoins compter sur des facteurs à la fois exogènes et endogènes, dont une croissance mondiale plus forte, la progression des prix des produits de base et l’amélioration de l’accès aux marchés.
Par ailleurs, la Cemac a également la faveur des efforts d’assainissement budgétaire amorcés ou en cours d’implémentation. La remontée des cours du pétrole se veut le principal catalyseur de cette croissance. Toutefois, des risques encore importants demeurent. Le rythme d’endettement de certains pays, le niveau encore élevé des dépenses non prioritaires et des dépenses primaires globales estimées à 22,8 % du PIB hors pétrole, le déficit budgétaire global (hors dons) des pays membres à 4,2 % du PIB, les arriérés…
Optimisation
L’analyse du FMI est que l’élan amené par la conjoncture extérieure favorable devrait s’amenuiser à terme. Le regain de croissance que connaissent certains pays pourrait ainsi s’essouffler et les conditions d’emprunt dont bénéficient ces pays devraient probablement devenir moins favorables. Afin de transformer la reprise actuelle en une croissance suffisamment durable et forte, le FMI suggère aux États la prise des mesures visant à réduire les vulnérabilités et augmenter leur potentiel de croissance à moyen terme.La dette publique doit être contenue par une politique budgétaire prudente, et la politique monétaire doit privilégier une inflation peu élevée. Les pays doivent poursuivre l’application de réformes visant à réduire les distorsions du marché, à promouvoir un environnement propice à l’investissement privé, et à renforcer la mobilisation des recettes intérieures afin de donner aux États les moyens d’investir dans le capital matériel et humain, tout en protégeant les dépenses sociales même en période d’assainissement des finances publiques.
ZRM
Crise anglophone : les secrets des câbles diplomatiques français
Ces documents, récemment déclassifiés, concernent notamment la période 1961-1985. Ils montrent bien l’existence d’une volonté d’assimiler le Cameroun occidental-anglophone au Cameroun oriental-francophone, pendant le processus de construction de l’Etat unitaire.
«La réunification s’est faite sur une équivoque, Yaoundé considérant que la fédération ne constituait qu’une phase transitoire alors que outre-Mungo l’on voyait dans la réunification la consolidation d’une très large autonomie à l’égard de toute métropole européenne ou africaine». Nous sommes le 08 janvier 1962 lorsque l’ambassadeur de France au Cameroun écrit ces lignes. Jean-Pierre Bernard, en transmettant ses instructions à Ives Robin, le nouveau consul de France à Buea, fait cette précision pour que son collaborateur comprenne dans quel contexte s’inscrit sa mission. Cette correspondance fait partie de la pile de documents que vient de déclassifier la France. Il s’agit des courriers échangés entre les diplomates français présents au Cameroun et ceux destinés au ministère français des Affaires étrangères. Les lettres en notre possession couvrent la période 1961-1985.
L’ambassadeur de France au Cameroun d’alors illustre mieux cette équivoque lorsque le 28 novembre 1962, il fait, à l’attention du Quai d’Orsay, le bilan de l’an un de la réunification. «Dès le départ, les malentendus étaient nombreux. Les dirigeants de l’ancienne République, formés à l’école des légistes français souhaitaient un Etat fort, centralisé, unitaire. Sur les pentes du Mont Cameroun, on rêvait d’une République pastorale et patriarcale, que des liens plus sentimentaux que juridiques auraient rattachés à une grande sœur. La réunification représentait plus pour monsieur Foncha (Premier ministre du Cameroun occidental) et son entourage l’espoir d’être aidés et secourus par Yaoundé, que d’être gouvernés par lui», analyse-t-il.
Fédéralisme aux forceps
Comme l’ont souvent soutenu nombre d’historiens, le diplomate français affirme que la colonisation est la cause de ces divergences: «les deux Etats fédérés après une brève période d’union sous la domination Allemande, avaient connu des régimes profondément dissemblables. Le système anglais de l’Indirect Rule avait respecté les structures indigènes et délégué aux autorités traditionnelles une bonne part de responsabilité. L’opposition était fondamentale avec un régime centralisateur, unificateur et législateur à outrance, tel que la République du Cameroun l’avait hérité de l’administration française et qu’elle se plaisait à exagérer certains traits», peut-on lire dans ce câble de Jean-Pierre Bernard du 28 novembre.
Ives Robin, consul de France à Buea: «le bilan est largement positif et si le mouvement non d’harmonisation mais « d’alignement » du Cameroun occidental sur le Cameroun oriental n’a pas été aussi rapide que les autorités fédérales l’auraient souhaité, il est néanmoins en bonne voie»
«Depuis la réunification pour laquelle il avait été contraint d’accepter une constitution fédérale, il a poursuivi patiemment ses efforts en vue d’une centralisation effective», écrit Jacques Dupuy, ambassadeur de France au Cameroun de l’époque, en rendant compte au ministère français des Affaires étrangères d’une visite de 48 heures d’Ahmadou Ahidjo, ancien président du Cameroun oriental, devenu, après la réunification, président de la République fédérale du Cameroun. Nous sommes le 21 avril 1972. Un mois plus tard, Ahmadou Ahidjo organise le référendum constitutionnel du 20 mai 1972 qui transforme la «République fédérale» en «République unie». Pour montrer combien la fin du fédéralisme lui tenait à cœur, le 20 mai devient jour de fête nationale. Paul Biya, son héritier idéologique, qui lui succède à la tête du pays le 06 novembre 1982, parachève l’œuvre en passant de «République unie du Cameroun» à «République du Cameroun».
Projet d’assimilation
«La suppression par M. Biya en février 1984 de l’adjectif « unie » et le retour à l’expression « République du Cameroun » (nom du Cameroun francophone avant la réunification) ont été perçus par les anglophones comme « l’acte final » du processus d’assimilation historique de leur identité particulière», soutient l’historien Yves Mintoogue dans une tribune libre publiée en 2004. C’est cette frustration qui constitue d’ailleurs le problème anglophone dont la crise sociopolitique actuelle dans les régions du Nord-Ouest et du Sud – Ouest est l’une des métastases. En fait de perception, les câbles diplomatiques français ne laissent pas de doute sur l’existence d’un projet d’assimilation. A en croire Jean-Pierre Bernard, alors que la «conférence de Foumban de juillet 1961» prévoit de respecter «la personnalité des deux Etats membres», Ahidjo entreprend, après la réunification, de «franciser le territoire occidental».
Dans sa lettre faisant le bilan de la première année de fonctionnement de l’Etat fédéral, le diplomate ajoute: «Le ministre de l’Education nationale et son entourage se sont en particulier institués les promoteurs acharnés d’une instruction bilingue dans l’enseignement secondaire et supérieur. M. Eteki [Mboumoua] considère sans doute que l’adoption d’une telle formule est susceptible de permettre au Cameroun d’échapper à la fois au monopole culturel français et d’autre part, sur la scène africaine, d’ouvrir à son pays d’assez larges perspectives comme trait d’union entre les Etats francophones et anglophones. Une telle tendance va à contre-courant des buts unitaires poursuivis par le président de la République».
Accéder aux vingt-et-un câbles diplomatiques français
La correspondance du consul de France à Buea au Quai d’Orsay portant sur «la mise en place de la fédération et ses à-coups» enfonce le clou. «Un examen de la situation démontre que le bilan est largement positif et si le mouvement non d’harmonisation mais « d’alignement » du Cameroun occidental sur le Cameroun oriental n’a pas été aussi rapide que les autorités fédérales l’auraient souhaité, il est néanmoins en bonne voie et ne semble pas, à moins d’un évènement extraordinaire, devoir être remis en cause», écrit Ives Robin, le 20 octobre 1962. Pour justifier son évaluation, le diplomate cite même quelques exemples de «réussite»: «la gendarmerie fédérale (…) vient de terminer son implantation et d’obtenir pour le compte du 1er septembre l’ensemble des pouvoirs qui sont les siennes au Cameroun oriental. (…) Enfin, c’est dans le domaine de l’exécution du budget fédéral au Cameroun occidental que la victoire la plus nette a été remportée. Une conférence réunie à Yaoundé les 10 et 11 octobre (…) a décidé que l’exécution du budget fédéral au Cameroun occidental se ferait suivant les règles comptables françaises», peut-on lire dans cette correspondance.
Appui de la France
En fait, il apparait que Paris a toujours été conscient que la réunification s’achèverait par une assimilation. «Étant donné l’importance relative du Cameroun oriental par rapport au Cameroun occidental, la différence du chiffre de population, de richesses, de degré d’évolution des habitants, il est évident que cette politique d’unification aboutira en définitive et dans la plupart des cas à implanter au Cameron occidental la langue, les méthodes administratives, les structures économiques de l’ancienne République du Cameroun», avance l’ambassadeur de France en transmettant ses directives au consul de France à Buea, désigné moins d’un an après le référendum du 11 février 1961, actant la réunification.
De ce fait, le soutient de l’hexagone au processus est naturel : «nous ne saurions nous désintéresser de la volonté du gouvernement camerounais de faire bénéficier l’ancienne zone britannique de l’acquis de 40 ans d’administration française. Nous devons au contraire l’appuyer et lui apporter notre entier concours. C’est dans cette perspective que devra être essentiellement orientée votre action», enjoint alors Jean-Pierre Bernard à Ives Robin. Pour la France, l’objectif est d’étendre son influence sur cette zone. Aussi est-elle très active tout au long de la mise en œuvre du projet d’assimilation. On le voit notamment à travers les multiples courriers de ses diplomates en poste au Cameroun, sollicitant davantage de moyens pour appuyer le régime d’Ahmadou Ahidjo et le nombre de câbles portant sur les faits et gestes des agents britanniques et nigérians, de même que sur les officiels américains accusés de vouloir saboter le projet d’assimilation.
Aboudi Ottou
Le poids de l’économie numérique en Afrique centrale
Yaoundé accueille du 23 au 25 mai 2018 une conférence sous-régionale sur le développement de l’économie numérique pour les pays de l’Afrique centrale.
Organisée par l’Union internationale des Télécommunications (UIT), à travers son Bureau régional Afrique centrale installé à Yaoundé, et avec le soutien du Ministère camerounais des Postes et télécommunications, cette rencontre sous – régionale a pour thème: «Economie numérique en Afrique centrale, état des lieux et défis dans un monde globalisé».
Pour l’UIT, la rencontre se veut une plateforme de haut niveau visant l’amélioration, dans un monde globalisé, de la contribution de ce secteur au développement économique des pays ainsi qu’à l’intégration régionale. Elle évalue les politiques mises en œuvre et adresse les problématiques relatives au développement de l’économie numérique dans les pays de la région.
Dans tous les pays du monde, l’accès au numérique favorise une croissance du Produit intérieur brut. Les technologies numériques font évoluer l’économie et influencent le développement grâce à leur effet multiplicateur sur la création d’emplois, notamment pour les jeunes.
Valeurs
La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) relevait, dans son rapport 2017 sur l’économie de l’information, qu’en Afrique «la numérisation affecte tous les aspects de la production et du commerce, des plus grandes entreprises aux plus petits commerçants, mais risque de conduire à une augmentation des inégalités de revenus». Le commerce électronique connait assurément une forte expansion. L’utilisation du big data ou traitement des données à grande échelle, l’intelligence artificielle (IA) et l’impression en trois dimensions (3D) en constituent des exemples.Dans plusieurs pays d’Afrique centrale, l’usage de technologies dans l’agriculture a déjà un impact sur l’augmentation de la productivité. C’est le cas des technologies fournissant de vastes séries de données sur les caractéristiques du sol. Celles-ci sont exploitées pour les besoins en engrais. Autre exemple, la multinationale américaine IBM utilise l’une de ses solutions d’intelligence artificielle, Watson, pour relever certains défis dans le domaine de l’agriculture.
Les défis sont toutefois grands pour permettre le développement des startups entre autres. On peut évoquer la faible connectivité, l’absence de véritables solutions de paiement ou la logistique commerciale défaillante, en plus des problèmes liés à la sécurité numérique et à l’absence de cadres juridiques adaptés.
ZRM
CEEAC : un Pont-Route-Rail pour relier les deux Congo
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), le Congo Brazza et la République démocratique du Congo (RDC) sont déterminés à réaliser le projet intégrateur de construction d’un Pont-Route-Rail pour relier Kinshasa et Brazzaville.
Un spécimen de pont-route-rail. Ce qui devrait dynamiser les échanges intra-régionaux en Afrique centrale. Les trois entités viennent de confier la maturation du projet à Africa Fifty, un fonds stratégique pour l’Afrique, créé par la BAD pour financer les infrastructures dans la sous-région Afrique centrale. Le but de ce fonds sera de constituer un partenariat public-privé avec un partenaire pour la construction de l’ouvrage.
Le projet consiste à la construction d’un pont à la fois routier et ferroviaire sur le fleuve Congo entre les deux capitales, des postes frontières uniques CEEAC, COMESA, SADC et d’une ligne ferroviaire qui sera connectée à Lubumbashi-Ilebo. Le projet global a un coût estimatif de 1,65 milliard de dollars. Pour financer l’étude de ce projet, la BAD a accordé deux dons aux deux Etats et à la CEEAC à hauteur d’environ 8 millions de dollars. Ces dons ont été complétés par les fonds de contrepartie versés par les deux pays à hauteur de 2 088 099 dollars.
Interconnexion régionale
Cette réalisation permettra de résoudre trois problèmes d’intégration économique. Elle fluidifiera la circulation des biens et des personnes entre les deux pays. Elle réduira de délais d’attente lors de la traversée du fleuve d’un pays à l’autre. Et elle améliorera la qualité des services de transport et réduira les coûts associés. Les deux Congo implanteront des zones économiques spéciales sur les deux rives pour intensifier les échanges économiques grâce à cette infrastructure.Le projet présente toutefois quelques contraintes physiques liées à la topographie et à la géophysique. Les sites de construction choisis de part et d’autre du fleuve présentent un relief pas facile à dompter. Les deux Etats ont reçu des propositions du consultant chargé de la question. Des moyens conséquents sont requis afin de contourner ou affronter ces obstacles. C’est l’ultime issue pour que ce projet intégrateur construit dans le cadre de la facilitation des échanges, sorte de terre.
Zacharie Roger Mbarga
Bibiane Motto Atsama:«Le Sialy permet de booster l’autosuffisance alimentaire»
Le Commissaire du Salon International de l’Agriculture et de l’agroalimentaire de Yaoundé fait le point à un mois de la tenue de cet événement.
A un mois de la tenue du Salon International de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire de Yaoundé, peut-on avoir le point des préparatifs ?
Les préparatifs vont bon train. Le lancement officiel par le Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) a été fait. Les inscriptions se poursuivent. La communication s’intensifie dans les journaux, les télévisions et radios. Le site choisi pour l’événement (palais des Congrès de Yaoundé) est confirmé.Pourquoi avoir reporté l’évènement à la fin du mois de juin ?
Le Sialy a été reporté par rapport à la tenue du 1er Forum National de l’Industrie du Cameroun (FONIC), organisé par le Minmidt à la même période, dont le thème principal est «L’Industrie agroalimentaire, sanctuaire de l’émergence en Afrique : Innovation, Transformation, Industrialisation». La date a donc été reportée du 25 au 30 juin 2018 au palais des Congrès de Yaoundé.Comment les partenaires et les annonceurs se sont réajustés par rapport à ce report ?
Ce report n’a pas vraiment gêné nos partenaires et annonceurs. Bien au contraire, ça leur permet plutôt de mieux préparer l’événement.En juin prochain, le Ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique (Minmidt), qui est l’un de vos partenaires institutionnels, organise également un forum sur l’industrialisation du Cameroun, y a-t-il un lien entre les deux évènements ? Si oui, comment cela se déclinera-t-il sur le terrain ?
Ce Forum a un lien avec le Sialy, parce qu’il est divisé en trois modules. Le premier module porte sur l’agro-industrie. Et c’est le Sialy qui accueillera le village d’exposition après les débats de la salle du Forum.En quoi l’édition 2018 du SIALY se distingue des précédentes éditions ?
Cette édition est spéciale à plus d’un titre: nous serons au palais des Congrès de Yaoundé ; il y aura la tenue du 1er Forum National de l’Industrie ; le Groupe SABC (Société anonyme des brasseries du Cameroun) fêtera ses 70 ans au Sialy ; nous avons une journée dédiée au ministère du Commerce, pour la vie moins chère et la dégustation de nos produits locaux ; les visiteurs seront transportés de la Poste centrale au palais des Congrès ; enfin, il y aura une sécurité plus renforcée.Comment, selon vous, le SIALY participe au développement du Cameroun?
Le Sialy est une manifestation économique du secteur agricole camerounais et africain, dont le but est de promouvoir et de renforcer le développement de l’agriculture et de l’industrie agro-alimentaire. Ce sont-là les préoccupations majeures des pays de l’Afrique en général et de l’Afrique centrale en particulier. Le SIALY 2018 se repositionne pour continuer ses activités et sa contribution à la lutte contre le sous- développement, le chômage et la pauvreté.Cette édition du SIALY contribuera à booster l’autosuffisance alimentaire, le développement de l’économie et les ressources financières, la croissance et la satisfaction des besoins des populations. C’est une plateforme de communication, d’échanges, de renforcement de capacités pour les agriculteurs et ceux qui transforment les produits locaux. Le Sialy met ensemble tous les acteurs du secteur camerounais et les étrangers (qui apportent leur technologie).
Quelles sont vos attentes à un mois de l’évènement ?
Nous attendons plus de pays, d’exposants et de visiteurs. Nous espérons également une forte mobilisation des entreprises dans les secteurs d’activités ci- après : les fabricants d’emballages ; les équipementiers ; les industries de transformation des produits agricoles; les institutions financières ; les écoles de formation en agriculture et agroalimentaire; les producteurs agricoles ; le grand public.Propos recueillis par Audrey Bella
2 242 000 Francs cfa
C’est le coût de la participation au Hadj 2018, selon une note publiée le 17 mai dernier par le ministre de l’Administration territoriale (Minat), président de la Commission du Hadj.
Les billets de banque Malgré le relèvement de 10% de la taxe sur la valeur ajoutée sur tous les services saoudiens, les fidèles musulmans candidats au pèlerinage à la Mecque dépenseront plutôt moins que les 2 342 000 de francs CFA déboursés l’année dernière. C’est que le gouvernement camerounais a décidé de supporter une partie des coûts.
Selon les indications de Paul Atanga Nji, ledit montant couvre le transport international des candidats au Hadj jusqu’à la Mecque, et les différents besoins sur place : hébergement, restauration et autres services supplémentaires. Autres bonnes nouvelles, les fidèles musulmans vont désormais passer un maximum de 26 jours sur la terre sainte au lieu des 40 jours souvent enregistrés du fait de l’indisponibilité des avions.
Code de la famille: L’attente se prolonge
Depuis plus d’une dizaine d’années, le texte n’est toujours pas disponible.
Marie-Thérèse Abena Ondoua: «le document est en de bonnes mains» La 24ème Journée internationale de la famille s’est célébrée le 15 mai dernier. A Yaoundé, pas de flonflon. Tout s’est résumé à une déclaration de Marie-Thérèse Abena Ondoua. La ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff), face à la presse, a structuré son propos autour du thème «Famille camerounaise: paix et stabilité sociales».
Elle a relevé que ces dernières années, la planète entière est sous l’emprise de multiples tensions, conflits et violences, mettant en péril la paix, l’équilibre et l’harmonie au sein des familles. «Au Cameroun, les conséquences de ces phénomènes sont l’accroissement de la pauvreté, la violence et l’agressivité, la déliquescence des mœurs, la dégradation de la santé, la sous-scolarisation des enfants, la délinquance et même la mort», a souligné l’oratrice du jour. Pour la Minproff, toute la communauté nationale doit barrer la route aux démons de la division, de l’instabilité et de l’anarchie.
Manifestement, le Code de la famille n’était pas le sujet à l’ordre du jour, contrairement à ce que certains journalistes avaient envisagé. Eux qui avaient, en 2014, couvert les assises du colloque national sur la famille à Yaoundé. Placé sous le haut patronage du Premier ministre, cet événement avait pour thème: «Cinquante ans de promotion et de protection de la famille au Cameroun».
Il était alors question de faire l’état des lieux de la cellule de base de la société, de dresser le bilan des actions menées en sa faveur durant ce demi-siècle, afin d’envisager les perspectives de participation de cette unité à l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. Et au sujet du très attendu Code de la famille, la ministre Abena Ondoua avait assuré qu’il «est en train d’être finalisé pour être un élément dans lequel chaque Camerounais, quelle que soit sa région, puisse se reconnaître». Et d’ajouter : «le document est en de bonnes mains».
A ce jour, aucune ligne de ce document n’est officiellement disponible. Sous anonymat, un responsable du Minproff évoque les différentes mutations survenues au sein de ce ministère. Il n’oublie pas de relever aussi que «ses rédacteurs entendent y intégrer les paramètres religieux, culturels et traditionnels du pays». Sur la date de publication, black-out.
On… on attend
Devenus interminables, les délais poussent à l’exaspération. «Le pays se referme sur lui-même, bloquant de nouvelles possibilités de reconstitution des familles de substitution pour des enfants sans protection parentale. Au niveau national, les avant-projets de lois portant Code de protection de l’enfant et Code des personnes et de la famille n’ont toujours pas abouti et sont en perpétuelle réécriture depuis 1997.
Depuis 21 ans, le pays n’a toujours pas de politique nationale de protection et de promotion des droits de l’enfant et il manque aussi une véritable coordination de la prise en charge de cette cible», dénonce Lucie Nnomo Belinga. La fondatrice de l’ONG «Famille unie», basée à Yaoundé, en veut pour preuve la rareté des sessions de la Commission nationale pour la protection de l’enfance en danger moral, délinquante ou abandonnée, créée par le décret n°90-5724 du 23 mars 1990.
«Cela traduit l’incapacité d’améliorer la planification, la gestion et la gouvernance du sous-secteur de la protection de l’enfance», dit-elle. D’autres acteurs de la société civile, plus pessimistes, pointent «une volonté délibérée de ralentir l’émancipation de la femme et de l’enfant dans une société fortement patriarcale». Selon Agatha Moundi, activiste pour des questions de genre, «le mot de passe du Code de la famille est juste oublié et tant qu’on ne le réinitialisera pas avec des données modernisées, il est fort probable qu’il ne soit pas disponible d’ici une décennie».
Jean-René Meva’aAmougou
Programme avec le FMI: Le Cameroun en sursis
Le pays a manqué son principal objectif 2017. Il a quelques semaines pour mettre en œuvre les mesures correctrices. En jeu, un financement de près de 50 milliards de francs.
Christine Lagarde et Paul Biya. Le principal objectif du programme d’ajustement, que le Cameroun met en œuvre avec l’appui du Fonds monétaire international (FMI) depuis juin dernier, est de réduire le déficit budgétaire afin de reconstituer les réserves de change et éviter la dévaluation du franc CFA. En effet, généralement, plus le déficit est important, plus la dette extérieure augmente et son remboursement consomme davantage de devises.
Pour éviter cela, le gouvernement s’est engagé à ramener la différence entre ses dépenses et ses recettes propres de – 6,2% du Produit intérieur brut (PIB) en 2016 à -3,1% en 2017. Après plus de deux semaines passées au Cameroun, la seconde mission d’évaluation du FMI a rendu ses conclusions lors d’une conférence de presse organisée le 14 mai dernier à Yaoundé: «on a constaté, sur 2017, qu’on n’était pas exactement callé aux objectifs du programme», informe Corinne Déléchat, le chef de cette mission d’évaluation.
Sursis
Selon nos informations, le solde budgétaire global (base ordres de paiements et dons inclus) se chiffre, en fin 2017, à -3,4%. Il est donc de 0,3 point de pourcentage en deçà de l’objectif. Ce résultat mitigé est le fait de l’augmentation en fin d’année passée des dépenses de sécurité. On se souvient en effet que fin novembre, de retour du sommet Afrique-Europe tenu à Abidjan, le président de la République Paul Biya avait annoncé «des actions fortes» contre les «terroristes» qui essaiment la violence dans le Nord-Ouest et le Sud – Ouest. Ce qui s’était traduit par un renforcement du dispositif de sécurité dans ces régions.
Le Cameroun conserve néanmoins des chances de réussir cette seconde revue. Car, comme on peut le voir et comme l’affirme le chef de mission du FMI, la situation reste corrigeable. Le gap entre l’objectif du programme et la performance actuelle n’étant pas important, «on s’est mis d’accord sur des mesures pour rectifier le tir et pour coller aux objectifs du programme en 2018» indique Corinne Déléchat.
Selon le communiqué rendu public à la fin de la mission, ces mesures correctives «pourraient conduire à l’approbation de la deuxième revue (du) programme triennal», ouvrant ainsi la voie au décaissement de la troisième tranche de l’appui budgétaire du FMI d’un montant de 47,5 milliards de francs CFA. Mais cela, on le saura à l’issue du conseil d’administration de l’institution de Bretton Woods prévu pour se tenir entre fin juin et début juillet. Entre temps, Yaoundé devra s’activer à mettre en œuvre les mesures correctrices. Il s’agit essentiellement de procéder à la révision du budget 2018.
Austérité
Il se trouve qu’auregard de l’expérience de la fin du dernier exercice et de l’évolution des prix des matières premières sur le marché international, certaines dépenses n’ont pas été prises en compte, ou elles ont été sous évaluées. Le reprofilage budgétaire consiste donc à actualiser le budget en prenant en compte ces nouvelles informations.
Concrètement, il s’agira de revoir par exemple à la hausse la provision budgétaire consacrée aux dépenses de sécurité, ou encore de créer une ligne de dépenses pour subventionner les prix du carburant. Le prix du baril de brut se situant désormais au-delà de 60 dollars, cette subvention est redevenue nécessaire pour maintenir échangés, comme semble être la volonté actuelle du gouvernement, les prix à la pompe.
A en croire les services du FMI, avec la loi de finances révisée, le déficit devrait se situer à un peu plus de 2,6 % du PIB contre 2,3 % prévu comme objectif initial dans le programme. Pour réaliser une performance conforme au programme, l’Etat devra davantage réduire son train de vie et mobiliser plus de recettes propres. Les fonctionnaires doivent s’attendre à serrer un peu plus la ceinture et les contribuables à un harcèlement beaucoup plus important de la part du fisc.
Aboudi Ottou
Mgr Julio Murat
Le nouveau nonce apostolique au Cameroun et en Guinée Equatoriale, nommé fin mars dernier, est arrivé à Yaoundé dans la nuit du 15 au 16 mai 2018.
Le matin de son arrivée, le remplaçant de Mgr Pierro Pioppo a été accueilli par les évêques et archevêques du Cameroun, avant de présenter les copies figurées de sa mission au ministère des Relations extérieures. Le locataire de l’ambassade du Vatican au Cameroun, que l’on dit «polyglotte hors pair», n’a pas encore fait de déclaration depuis son arrivée à Yaoundé.
Docteur en droit canonique, Mgr Julio Murat est originaire de Turquie. Il y est né un 18 août 1961. Son passé de prélat est riche d’expériences vécues entre l’Europe et l’Afrique, depuis son ordination en tant que prêtre à Rome le 25 mai 1986 par le Pape Jean Paul II à la Basilique Saint Pierre. Avant le Cameroun, Mgr Julio Murat a officié en Indonésie, au Pakistan, en Biélorussie, en Autriche, en Zambie et au Malawi.
Unité nationale : Paul Biya noie le poisson
A l’approche du 20 mai, Etoudi a engagé une campagne de propagande pour embrouiller le débat sur la construction de cet idéal.
Depuis le début du mois de mai, les comptes Facebook et Tweeter de Paul Biya sont particulièrement actifs. Chaque jour désormais, des messages en français et en anglais, les deux langues officielles du pays, y sont postés. Fil conducteur unique: l’unité nationale. En analysant ces messages, le président de la République semble préoccupé par trois choses: positionner l’unité nationale comme un acquis, «une condition et un facteur de la paix et du progrès» et inviter «tous les Camerounaises et Camerounais à réaffirmer dans les faits leur attachement à cette grande œuvre». Le thème choisi pour la célébration de la fête nationale cette année est dans la même veine. Il est en effet un appel aux «citoyens camerounais» à rester «unis dans la diversité» et à préserver «la paix sociale, pour un Cameroun stable, indivisible et prospère».
Parallèlement à cette campagne menée via les comptes officiels du président de République et de la présidence de la République sur les réseaux sociaux, une autre est en branle dans les médias publics. Les choses ont été bien organisées, les messages sont synchronisés et les éléments de langage identiques. Aussi en lançant la série sur la CRTV, la radio gouvernementale, son directeur général parle du Cameroun comme «d’un modèle de construction patiente d’une nation sur des bases improbables». Pour Charles Ndongo, du fait de la montée des velléités séparatistes dans les régions anglophones, le 20 mai 2018 devrait être pour toute la nation, «comme un premier test de respect et d’attachement au contrat d’unité scellé depuis 46 ans».
Problème anglophone
La méprise est justement là. Car comme l’on souvent indiqué à moult reprises de nombreux experts d’horizons divers, l’unité du Cameroun repose sur des bases fragiles. La construction de l’Etat unitaire qu’on célèbre cette semaine est et a toujours été contestée. La crise anglophone qui secoue actuellement le pays, est une métastase de cette contestation que l’on nomme le problème anglophone. Il est né de la réunification du Cameroun oriental, francophone, d’avec le Cameroun occidental, anglophone et minoritaire (2 régions sur 10), auparavant séparés par la colonisation. Non sans raisons, une partie des citoyens originaires des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest y ont toujours vu un processus «d’assimilation» mené avec l’aide de la France.
Le cardinal Christian Tumi, originaire du Nord‐Ouest, raconte dans son ouvrage «Ma foi: un Cameroun à remettre à neuf», paru aux éditions Veritas en 2011, une anecdote fort saisissante : «(…) Nous étions invités, d’autres évêques d’Afrique centrale et moi, à l’ambassade de France auprès du Saint‐Siège. (…) Un fonctionnaire de l’ambassade m’approcha (…) sans le moindre soupçon de sa part que je pouvais être un camerounais anglophone, il me dit : nous (la France bien sûr) sommes contents que vous soyez en train de réussir l’assimilation culturelle des anglophones».
Yves Mintoogue, historien: «La suppression par M. Biya (?) en février 1984 de l’adjectif « Unie » et le retour à l’expression « République du Cameroun » (nom du Cameroun francophone avant la réunification) ont été perçus par les anglophones comme l’acte final du processus d’assimilation historique de leur identité particulière»
La façon dont le pays passe de la République fédérale issue de la conférence de Foumban d’octobre 1961, à la République du Cameroun tout court en février 1984, aide à renforcer ce sentiment. «Le référendum du 20 mai 1972 sur l’unification a lui‐même été dénoncé à posteriori comme un acte imposé par son seul initiateur, Ahmadou Ahidjo. La suppression par M. Biya (?) en février 1984 de l’adjectif « Unie » et le retour à l’expression « République du Cameroun » (nom du Cameroun francophone avant la réunification) ont été perçus par les anglophones comme l’acte final du processus d’assimilation historique de leur identité particulière», soutient l’historien Yves Mintoogue dans une tribune libre publiée en 2004.
«Le chef de l’Etat continue d’enregistrer des opinions qui semblent ne voir comme issue à cette grave crise, que ce qu’elles appellent un dialogue franc et sincère. Allons donc. Si l’on admet ce principe, quelles en seraient les modalités opérationnelles? Quels visages les représentants de l’Etat auraient-ils en face d’eux? Et puis voyons, quels problèmes cet éventuel dialogue prétendrait-il résoudre autres que ceux clairement identifiés et que le chef de l’Etat a depuis méthodiquement et systématiquement résolus?», interroge Charles Ndongo.
Nombre d’experts (Jean Koufan, Vivianne Ondoua Biwole, Christian Pout …), de hauts commis d’Etat (David Abouem à Tchoyi, Garga Haman Adji, Abakar Ahmat…) et des hommes d’église (Mgr Samuel Kleda, cardinal Christina Tumi…) se sont pourtant maintes fois exprimés sur la question. Et une constance se dégage: le dialogue dont il est question ici, devra permettre de revisiter la marche du Cameroun vers l’Etat unitaire dans le but de construire des compris sur les points de divergence.
Perversion du droit
La vérité est que, de ce dialogue-là, Paul Biya n’en veut pas. Il l’a lui-même clairement dit lors de son discours à la Nation le 31 décembre 2016: «Le peuple camerounais, comme un seul homme, s’est engagé à construire une nation unie, inclusive et bilingue. Il s’agit là d’une expérience unique en Afrique. Comme toute entreprise humaine, notre expérience n’est pas parfaite. Elle a des aspects perfectibles. Nous devons donc rester à l’écoute les uns des autres. Nous devons rester ouverts aux idées mélioratives, à l’exclusion toutefois, de celles qui viendraient à toucher à la forme de notre Etat». «Nous sommes disposés, à la suite et dans l’esprit des artisans de la Réunification, à créer une structure nationale dont la mission sera de nous proposer des solutions pour maintenir la paix, consolider l’unité de notre pays et renforcer notre volonté et notre pratique quotidienne du vivre ensemble. Et cela, dans le strict respect de notre Constitution et de nos institutions», avait-il ajouté.
Pour Paul Biya, le Cameroun ne peut donc être rien d’autre qu’un Etat uni et décentralisé d’où le blocage actuel. Pourtant, lorsqu’il a fallu supprimer la limitation des mandats présidentiels, c’est le même Paul Biya qui affirmait que «les constitutions ne sont pas faites ne varietur, le peuple lui-même détermine ce qui est bon pour lui». Cette attitude, Fabien Nkot l’appelle la «perversion politique du droit». L’actuel conseiller technique au Premier ministère théorise le concept dans sa thèse intitulée «Perversion politique du droit et construction de l’Etat unitaire au Cameroun» soutenue en février 2001 à l’université de Laval au Québec. Le travail de recherche montre notamment que dans le cadre de l’instauration de l’Etat unitaire, «les dépositaires du pouvoir imaginent et élaborent un ensemble de techniques de tricheries juridiques qu’ils mobilisent progressivement et systématique pour atteindre des objectifs politique qu’ils se sont préalablement fixés».
Aboudi Ottou
Parlement panafricain: Continuité et consolidation
La sixième session récemment ouverte a enregistré la réélection de son Président Roger Nkodo Dang et l’adhésion du Maroc.
Les représentants marocains prêtant serment devant le Président réélu. La vraie fausse inconnue de la sixième session du parlement panafricain était l’élection du président de l’institution. Habituée du jeu démocratique, la représentation continentale n’a pas renoncé à sa tradition. Au terme du scrutin moyennement couru, le président sortant Roger Nkodo Dang en sort vainqueur avec 133 voix devant le zimbabwéen Chief Fortune Charumbira 47 voix et l’égyptien Mostafa El Gendy 44 voix. Une issue louable pour l’élu qui n’a pas manqué d’en faire l’éloge «j’espère que ceci est une leçon pour les Africains à travers le continent.
Les processus démocratiques doivent être adoptés et appréciés. Les parlementaires de l’ensemble du continent présents ici ont voté librement et c’est un signe que nous sommes sur la bonne voie pour embrasser les processus démocratiques à travers la tenue des élections. Que cela ne finisse pas ici, mais que ce soit une pratique et une culture continentale», a dit Nkodo Dang qui a par la suite appelé les Africains à l’unité «pour réaliser des lendemains meilleurs et ramené de l’espoir sur le continent».
Les autres membres du bureau sont Stephen Julius Masele de la Tanzanie (Afrique de l’Est), Haïdara Aichata Cissé du Mali (Afrique de l’Ouest) et Bouras Djamal de l’Algérie (Afrique du Nord) en tant que premier, deuxième et troisième vice-présidents respectivement. La région de l’Afrique australe n’a pas de vice-président car le caucus (délégation régionale) n’a pas encore nommé de candidat. Une nouvelle élection pour l’Afrique australe devrait se tenir et désignera par le fait même le 4ème vice-président.
Le bureau du parlement panafricain sera donc renouvelé à 80%.Cette tendance sera globalement confirmée par la nouvelle ossature de l’institution. Vipya Harawa, le greffier du Parlement, a assuré que le pourcentage de renouvellement oscillerait entre les 70 et 75%. Et il prédit de l’animation pour ces trois prochaines années. En effet, on pourrait le confirmer lorsqu’on constate l’arrivée dans cette institution des personnalités telles que Julius Malema et Mandlesizwe Mandela.
Ces députés sud-africains sont connus pour leur caractère bien trempé et sont le visage de la vitalité du parlement de la Nation arc en ciel. Plusieurs pays ont opéré un véritable turn over de leurs représentants. Une volonté de dynamiser le parlement? Ce qui est certain c’est que l’exaspération s’était emparée d’une bonne frange de parlementaires lors de la récente session. Ce fut le cas de Corneille Padonou du Bénin.
Ce dernier s’offusquait de ce que, «à chaque fois qu’on est ici, on s’agite sur la même préoccupation. Si on ne peut pas légiférer, ce n’est pas la peine d’être là». Floyd Shivambu, député sud-africain, avait, lui, assené : «il n’y a rien qui mérite d’être salué à propos du Parlement dans sa forme actuelle. Par définition, un parlement est supposé être un organe législatif. Mais ce forum n’est pas un parlement, c’est simplement une plateforme de discussion qui n’a pas de pouvoir législatif. C’est de l’argent et du temps perdus».
De toute évidence, le président réélu qui connait bien ce dossier devra batailler afin de donner une nouvelle dimension au plaidoyer pour lui faire franchir un nouveau cap. Et c’est précisément des ratifications et du dépôt des instruments dont il est question. Inciter les Etats à cela est un travail de l’ensemble des parlementaires qui en sont justement les doubles représentants.
Adhésion
La 6ème session est également celle de l’arrivée du Maroc au parlement panafricain. Parachevant son adhésion aux institutions panafricaines, le royaume chérifien a désigné 5 représentants au parlement panafricain. Ils ont prêté serment en bonne et due forme lors de la plénière à Midrand (Afrique du Sud).
Issu de la majorité au pouvoir et de l’opposition, le contingent des parlementaires marocains se compose de Noureddine Karbal, élu casablancais du PJD, Meryem Ouahssata, parlementaire du PAM élue sur la liste nationale, Abdellatif Abdouh, figure de l’Istiqlal à Marrakech, Mohamed Zekrani de l’Union constitutionnelle (UC) et Yhafdah Ben Mbarek, membre de la chambre des Conseillers élu sous les couleurs du Mouvement populaire.
Commission de la Cemac : Le collège des commissaires fait le point à Douala
Ils ont passé en revue les dossiers brulants de l’institution communautaire le 9 mai 2018 dans la capitale économique sous la présidence du Pr. Daniel Ona Ondo.
Depuis leur prise de fonction, le Pr. Daniel Ona Ondo et son équipe sont à pied d’œuvre. En effet, le président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et ses collaborateurs recherchent les meilleures stratégies pour relancer les activités de la Commission après la présentation du programme quinquennal du gouvernement, de leur feuille de route et l’adoption du budget 2018 de l’institution communautaire.
Pendant environ 5 heures d’horloge, ils ont aussi fait le point des activités majeures menées en avril dernier, notamment la réunion des ministres de la Zone-Franc à Brazzaville, les réunions du Printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington et celle du COPEL-PIR avec l’Union Européenne à Bruxelles.
Les commissaires ont également examiné les suites à donner aux principales recommandations issues de ces importantes assises. Sur le plan économique, ils ont constaté l’amélioration des principaux indicateurs macroéconomiques de la zone Cemac, bien que la situation demeure encore fragile. Dans la même veine, les Républiques du Congo et de la Guinée Equatoriale sont encouragées à conclure rapidement des programmes de reformes économiques avec le FMI tel que voulu par les chefs de l’Etat de la Cemac.
En adoptant la politique de l’austérité budgétaire ,compte tenu de la situation économique assez difficile dans la sous région( budget 2018 de la Cemac, chiffré en recettes et en dépenses à soixante dix neuf milliards neuf cent soixante douze millions cent treize mille (79.972.113.000) FCFA, soit une baisse de 30, 44% par rapport à l’année précédente), l’équipe dirigeante de la Cemac table surtout sur les priorités.
Bien que connues, celles-ci se heurtent à des difficultés structurelles et conjoncturelles. «Quand on parle de priorités, on connait nos priorités, mais il faut aussi un peu revoir la situation financière. Où est ce qu’on en est, surtout avec la contribution de nos Etats membres dans la TCI?». Voilà la grosse interrogation de Fatima Haram Acyl, vice-présidente de la Commission de la Cemac. Au-delà, le collège des commissaires croit que l’installation de la Cours de justice de la Cemac et la bonne gouvernance sont primordiales. «Quand on parle de bonne gouvernance, on parle de séparation des fonctions. Il faut par exemple avoir des comptables pour la Commission», pense la vice-présidente.
Didier Ndengue
Cemac : nouvelle menace sur les importations
Un risque d’exclusion du système financier international pèse sur les banques de la sous-région.
Depuis plusieurs mois, le faible niveau de réserves de change (2,9 mois d’importations en fin 2017) de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) rend difficile les importations de marchandises. La situation pourrait d’avantage se complexifier. Un risque d’exclusion du système financier international pèse sur les banques de la sous-région. Pour comprendre, il faut savoir que pour permettre à un opérateur économique de la Cemac d’acheter un bien (médicament, véhicule, vêtement…) à l’étranger, aux Etats-Unis par exemple, la banque de ce dernier doit être en relation avec une banque basée aux Etats-Unis. Cet établissement de crédit est appelé correspondant bancaire et les deux structures entretiennent une relation de correspondance.
Le problème vient du fait que les correspondants bancaires rompent ou menacent de plus en plus de rompre leurs relations avec les banques locales au motif que le système de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme dans la sous-région n’est pas efficace. Du fait de cette inefficacité, ces établissements voient les contraintes liées à la surveillance des banques de la Cemac, ainsi que leur exige la législation internationale, s’accroitre. Pour se débarrasser du fardeau, les correspondants bancaires préfèrent donc mettre un terme à leur relation avec les banques de la sous-région.
Le phénomène a pour nom technique «de-risking» ou «élimination du risque» et préoccupe depuis quelques mois les autorités communautaires. Il a été tour à tour à l’ordre du jour du conseil d’administration de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) et de la réunion des ministres des Finances de la zone franc tenu respectivement le 26 mars, les 12 et 13 avril, sans pour autant que des mesures concrètes visant à faire face au problème soient énoncées.
Le phénomène, qui concerne moins les filiales et succursales des banques étrangères, menace pourtant la compétitivité des banques commerciales sous régionales opérant avec des capitaux privés d’origine locale. En plus des importations, l’«élimination de risque» leur rend moins aptes à fournir d’autres services à leur clientèle à l’instar de la réception ou de l’envoie des fonds à l’étranger. Les Etats de l’Afrique centrale devraient donc mettre en place un système lutte contre le blanchiment des capitaux et la lutte contre le terrorisme beaucoup plus efficace.
Aboudi Ottou
CEEAC-CEDEAO: Les dossiers d’un conseil de guerre conjoint
Paix, radicalisation et extrémisme violent. Ce sont les trois axes de la rencontre, annoncée pour le mois de juillet prochain, entre les chefs d’Etat et de gouvernements des deux communautés économiques régionales.
L’extrémisme violent, une menace… I- Terrorisme : l’hydre transfrontalière Boko Haram
Depuis le sommet de 2015 à Malabo (Guinée équatoriale), le phénomène du terrorisme a connu une mutation. Gagnant en ampleur, les terroristes ont investi de nouveaux théâtres d’opération ou victimes. C’est le cas avec l’extension en Côte d’ivoire, au Burkina Faso.En Afrique centrale, la vigilance est restée de mise. Mais l’intensification de la réplique des Etats a conduit à une modification du modus operandi des intégristes. Ils procèdent désormais par attentats suicides et enlèvements.
Très peu de pays se sont adaptés à cette nouvelle donne qui impose un réajustement tactique dans l’approche de musellement. A cela s’ajoute la capacité des terroristes à enjamber les frontières. Les Etats s’organisent certes individuellement, mais il est plus efficace de faire échec collectivement à cette violence aveugle qui s’est invitée, sans s’annoncer, dans la vie quotidienne des Africains.
Le 20 avril dernier, lors de la réunion préparatoire de Lomé (Togo) qui a réuni les ministres des Affaires étrangères des pays assumant la présidence des deux régions (Gabon et Togo), au-delà la présence évidente des exécutifs régionaux de la CEEAC et de la CEDEAO, celle de l’Onu était importante.
Les Nations unies y étaient représentées par François Louncény Fall, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour l’Afrique centrale/chef de l’Unoca, et son collègue Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel/chef de l’Unowas.
Le conseil de sécurité de l’Onu a édicté la résolution 2349 le 31 mars 2017. Il « engage » ses deux organismes présents dans ces régions ainsi que le bureau des Nations unies auprès de l’Union africaine (UNOAU) à être d’un apport concret.
Il les demande donc de «redoubler d’efforts pour appuyer les gouvernements de la région, ainsi que les organisations sous-régionales et régionales, afin de remédier aux effets des violences commises par Boko Haram et l’EIIL [État islamique d’Iraq et du Levant] sur la paix et la stabilité dans la région.
Notamment en s’attaquant, conformément à la stratégie antiterroriste mondiale des Nations unies, aux conditions qui pourraient être propices à la propagation du terrorisme ainsi qu’à l’extrémisme violent qui peut constituer un terrain favorable au terrorisme». Pour le ministre gabonais des Affaires étrangères, il est attendu un nouveau logiciel législatif et logistique (technologique et humain) visant à confondre les envahisseurs.
Analyse
La déstabilisation actuelle de la Libye demeure la mamelle nourricière des bandes criminelles du Sahel. Voulant faire leur nid dans les pourtours du lac Tchad, celles-ci opèrent un glissement à travers le Niger. Entrainant avec elles l’industrie du crime (narco trafic, vol d’enfants, ventes d’armes…).
Comptant 26 pays, soit près de la moitié de l’Afrique, il n’est pas incongru de penser que la fragilisation du bloc occidental du continent serait fatal. Mais avant tout ce serait déjà d’abord une horreur pour les populations au quotidien.
Dans une interview accordée au journal officiel de la République togolaise, le patron de la diplomatie togolaise, Robert Dussey exprime la pertinence du sommet conjoint en ces termes : «la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et la CEDEAO sont deux organisations régionales sœurs qui œuvrent pour la paix et le développement dans leur région respective.
Depuis plusieurs années, elles sont confrontées aux mêmes défis, aux mêmes menaces, notamment en matière de paix et de sécurité. Ces questions constituent une priorité pour l’ensemble des chefs d’Etat. C’est dans ce cadre que s’est déroulée la réunion de concertation à Lomé. Je tiens à rappeler que les présidents du Togo et du Gabon dirigent actuellement les deux entités régionales».
II-Piraterie Maritime : stratégie grippée
S’appuyant sur le rapport du bureau maritime international au niveau du golfe de Guinée, 29 cas de piraterie maritime ont été enregistrés au cours du premier trimestre 2018. Ce qui représente plus de 40% de cas enregistrés dans le monde entier. Selon le directeur du bureau maritime international, Pottengal Mukundan, la nature des attaques dans les eaux internationales du golfe de Guinée ont muté.Les pirates se livraient avant 2017 à opérations de spoliation consistant à détourner des navires pétroliers et de voler une partie de leur cargaison. Les équipages payaient généralement le lourd tribut en étant tuées ou blessées.
Aujourd’hui, c’est le rançonnage qui est de mise. Les bandits s’attaquent à toutes sortes de navires présents dans les eaux internationales du golfe de Guinée, kidnappent certains membres de l’équipage, les emmènent dans les estuaires du Nigeria où ils sont retenus en otage jusqu’à ce qu’une rançon soit payée.
La nature des actes de piraterie maritime a donc muté. Semant forcément la confusion dans les états-majors navals. La violence est toujours aussi forte dans les eaux du golfe et les risques toujours aussi élevés. Malgré l’opérationnalisation de l’architecture existante, une montée en puissance est nécessaire.
Comme le souligne l’Institut supérieur d’économie maritime de Nantes-Saint Nazaire dans sa note de Synthèse n°199 d’avril 2018, dans le golfe de Guinée, «aucune opération internationale d’envergure n’a pu voir le jour du fait notamment de la réticence des Etats côtiers attachés au respect du principe de souveraineté y compris dans leurs eaux territoriales et leurs zones économiques exclusives».
Architecture
Pour endiguer la piraterie maritime, le Centre interrégional de coordination (CIC) assure la planification de deux programmes régionaux. Le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC) basé à Pointe-Noire au Congo. Il dirige l’activité des 2 centres multinationaux installés dans chaque zone.
Le Centre Régional de Sécurité Maritime de l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO) qui a sous lui 2 autres centres. A cela s’ajoute le programme PASSMAR (Programme d’Appui à la Sûreté et la Sécurité Maritime) financé par l’Union européenne, l’Institut de Sécurité Maritime Interrégionale (ISMI).
Le Forum des services de sécurité et de renseignement des pays membres de la Commission du golfe de Guinée (Forseg) vient d’être récemment redynamisé. «Par des concertations, l’échange d’informations et de renseignements, la mutualisation des efforts, et toutes autres formes de coopération propres aux services d’intelligence, nous contribuons ensemble à la sauvegarde de la sécurité de la région du golfe de Guinée», définit le président en exercice du Forseg, Philippe Obara.
La rencontre entre les chefs d’Etat et de gouvernements de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et leurs homologues de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) devrait finalement avoir lieu. Après 3 ans d’atermoiements et d’hésitations, les travaux d’un sommet conjoint axé sur la paix, la radicalisation et l’extrémisme violent devraient se tenir en juillet prochain. L’annonce officielle a été faite en avril dernier par les ministres des affaires étrangères du Gabon et du Togo. Le lieu semble encore indécis. Certaines sources l’annoncent à Lome (Togo) et d’autres sources à Libreville (Gabon).
Longtemps attendue par les Etats et les observateurs, la rencontre est présentée comme charnière pour deux régions donc le niveau de dépendance mutuelle s’est davantage accrue. Avec 3000 km de frontière partagée, les deux communautés économiques régionales subissent communément les menées terroristes de Boko Haram dans la région du lac Tchad. Si les deux communautés sont déjà engagées dans la réduction de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, la formule reste à trouver pour une montée en régime de cette stratégie commune. La question des échanges économiques n’est pas en reste non plus, l’extrémisme faisant son lit où baignent misère et précarité. Voici les enjeux de la rencontre de juillet prochain attendu comme la rampe de lancement d’un véritable interregionalisme sécuritaire et économique.‘’Il n’est jamais trop tard’’
Il s’agira de procéder à l’adoption des mesures visant à renforcer le partage de renseignements et d’expériences
Alain-Patrick Loumou Le Camerounais est chercheur en science politique et en intégration régionale et management des institutions communautaires. Il analyse les enjeux du sommet conjoint CEEAC-CEDEAO.
Le sommet conjoint CEEAC-CEDEAO, sur la sécurité, est annoncé pour le mois de juillet prochain. Arrive-t-il trop tard ?
Il n’est jamais trop tard, l’a-t-on souvent à juste titre relevé. Encore que les menaces à la sécurité continuent de battre leur plein dans les deux sous régions. Cette volonté pour les deux communautés économiques régionales de fusionner leurs efforts et de faire efficacement face aux différentes menaces sécuritaires auxquelles leurs Etats sont confrontés remonte à des années bien antérieures.La dynamique en question a effectivement été engagée en 2013 avec la validation du projet de mémorandum d’entente afin de lutter véritablement contre le fléau de la piraterie maritime, lequel a abouti en 2016 à la mise sur pied du Centre interrégional de coordination. Tant que les menaces à la sécurité existent et continuent de causer des frasques à nos deux sous-régions, aucune initiative allant dans le sens de leur éradication et/ou de leur atténuation ne devrait être considérée comme étant trop en retard.
La CEEAC et la CEDEAO font encore virulemment face à de multiples menaces sécuritaires dont les plus importants restent sans doute le terrorisme de la secte islamiste Boko Haram, la prolifération des armes légères et de petit calibre et la piraterie maritime. Sur ce dernier point, il est sans ignorer que le Nigéria (plus grande économie et plus grande démographie des deux sous-régions) est l’un des pays les plus touchés par le phénomène de piraterie maritime.
Ce pays partage une très grande frontière avec les pays CEEAC et constitue donc un véritable relais entre les deux sous-régions. Sa vulnérabilité sécuritaire produit ipso facto des conséquences néfastes sur la situation sécuritaire des Etats de la CEEAC. Le Cameroun et la Guinée-Equatoriale font aussi progressivement face aux attaques maritimes.
En matière de sécurité, la piraterie maritime et le terrorisme dominent les débats. A quelle réponse pourrait-on s’attendre ?
Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, les menaces telles que le terrorisme et la piraterie maritime ont la particularité d’être des menaces très complexes et donc difficiles à appréhender efficacement si l’on n’envisage pas des mesures qui soient vraiment englobantes. Il faut donc s’attendre à une approche holiste de la question. C’est-à-dire à la mise sur pied de mécanismes qui soient la matérialisation d’une véritable solidarité des Etats de ces deux régions.Les chefs d’Etat et de gouvernement vont sans doute discuter ensemble des stratégies et du renforcement des moyens pour une implémentation effective des mécanismes interrégionaux de lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime qui, jusqu’ici sont restées inefficientes parce qu’ineffectives. Il s’agit du Centre interrégional de Coordination, du Centre régional pour la sécurité maritime en Afrique centrale (Cresmac), etc.
Il s’agira aussi par ailleurs pour les différents Etats de procéder à l’adoption des mesures visant à renforcer le partage de renseignements et d’expériences entre eux. Qui veut gagner la guerre contre le terrorisme et la piraterie maritime doit gagner la guerre du renseignement. La question du droit de poursuite pourrait aussi être à l’ordre du jour. Le droit de poursuite constitue, bien qu’étant un risque pour la souveraineté des Etats, une de mesures pouvant leur permettre de maîtriser la question du terrorisme et de la piraterie maritime.
Nous exhortons d’ailleurs les Etats à travailler davantage dans le sens de la réalisation d’une cartographie claire du trafic maritime dans les deux sous-régions, la création des structures interrégionales de formation des spécialistes des questions de la mer, la réalisation des infrastructures de transports et de communication pour le déplacement rapide des troupes et le partage instantané des informations, le renforcement du dispositif juridique en la matière.
S’agit-il des seules menaces ?
Ce serait être intellectuellement maladroit que de penser que la piraterie maritime et le terrorisme constituent les seules menaces auxquels font face les Etats de la CEEAC et de la CEDEAO. Il y a à côté de celles-ci, d’autres menaces pas moins importantes. Nous pouvons ici évoquer le problème du changement climatique qui ne cesse d’infliger d’indicibles souffrances à nos Etats.Regarder l’intensité des pluies actuelles et les graves inondations qu’elles provoquent (en partie) dans les villes de ces deux communautés économiques régionales. On ne va jamais cesser de déplorer la disparition tendancielle du lac Tchad donnant place à un élargissement fort remarquable de la zone sahélienne dans les deux sous-régions.
Bien plus, on a la prolifération des armes légères et de petit calibre, résultante directe de la guerre en Libye, en Centrafrique, au Mali et en RDC. Les crises post électorales (Gabon, Cote d’Ivoire, Congo), le chômage des jeunes, le braconnage, le trafic des stupéfiants, le blanchiment d’argent et des capitaux dont le risque d’accroissement est de plus en plus présent avec l’avènement de l’activité du mobile money.
Enfin, ces dernières années, on assiste globalement sur l’ensemble du continent et dans nos deux sous-régions en particulier à une vague de détournement de deniers publics et à la fuite des capitaux. Ces délits conjugués causent à ces Etats un fort préjudice estimé à des milliers des milliards de francs CFA.
Des hauts-fonctionnaires détournent au jour le jour des sommes colossales pendant qu’ils sont en exercice de leurs fonctions et quittent immédiatement leur pays dès qu’ils sont démis de leurs fonctions. Certains, grâce à la coopération qui existe déjà entre nos Etats, ont été rattrapés en pleine course vers l’extérieur.
La pauvreté est un terreau fertile de la radicalisation. Quel interrégionalisme économique pourrait développer la CEDEAO et la CEEAC ?
L’intégration économique est un élément indispensable pour le développement des Etats africains et donc, un rempart à la pauvreté de ceux-ci. La zone de libre-échange continentale (ZLEC) nouvellement créée par les Etats africains constitue un pas majeur dans la libéralisation des échanges intra africains.Elle suppose la suppression des barrières douanières par les Etats dans leurs différents échanges et participe par-là au renforcement du processus d’intégration régionale en Afrique. Désormais, les pays de la CEEAC peuvent échanger librement leurs produits avec ceux de la CEDEAO. L’ouverture de ces économies va favoriser la création des richesses et des emplois, l’augmentation des investissements, la disponibilité des biens/produits.
Les deux sous-régions disposent par ailleurs de nombreuses chances ou atouts qu’elles peuvent exploiter à leur guise. Le Nigéria est par exemple l’une des plus grandes puissances économiques du continent, précisément la deuxième derrière l’Afrique du Sud. C’est aussi la première puissance démographique d’Afrique.
La Cote d’Ivoire, la RDC, l’Angola ne sont pas aussi à négliger ; les prouesses technologiques et industrielles des pays comme le Rwanda, le Ghana, le Sénégal et le Nigéria sont autant d’éléments qui peuvent entrainer un réel décollage de l’ensemble des Etats de la CEEAC et de la CEDEAO.
Ces deux communautés régionales peuvent d’ailleurs s’inspirer du modèle de la communauté tripartite COMESA-SADC-CAE et aboutir à la création d’une zone de libre-échange CEEAC-CEDEAO ou pourquoi pas, à la longue, créer la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale et occidentale (CEACO).
Interview réalisée par
Zacharie Roger MbargaEchanges économiques : un vaste chantier
Avec près de 525 millions d’habitants et un PIB cumulé de 1000 milliards de dollars (2017), la CEEAC et la CEDEAO regorgent d’un potentiel qui représente le tiers du PIB africain. L’adhésion du Maroc à la CEDEAO pourrait encore renforcer cette capacité.
Les échanges interrégionaux atteignent difficilement les 5% car le peu d’interaction concerne quelques pays voisins. Par contre, une écrasante majorité de ces échanges emprunte la voix informelle d’une part et celle de la contrebande d’autre part.
La facilitation des échanges interrégionaux par une volonté affirmée des Etats et des exécutifs régionaux et la capitalisation des préférences offertes par la zone de libre-échange continentale permettraient d’offrir plus de perspectives aux citoyens de ces communautés. En termes de marchés pour les investisseurs et opérateurs économiques, de puissance pour les Etats, d’amélioration de la capacité de consommation des citoyens.
Pour doper le commerce entre les deux régions, l’élimination des barrières douanières ne suffit pas. Il faut aussi accroître la transformation des matières premières au sein des régions (mais surtout entre les deux) par la circulation des facteurs de productions et des intrants. Puis, développer les complémentarités commerciales.
De même, faut-il densifier les infrastructures de transport et de logistique, à travers un plus grand maillage de routes, d’autoroutes et de réseaux ferroviaires. En plus, les Etats doivent s’attaquer sérieusement aux barrières matérielles et checkpoints qui constituent de véritables obstacles à la libre circulation des biens.
Zacharie Roger Mbarga
Golfe de Guinée: remontée de la piraterie maritime
Au premier trimestre 2018, la piraterie maritime a augmenté dans le monde.
Le comité de pilotage élargi à Bruxelles. En effet, dans son rapport trimestriel, le Bureau maritime international (BMI), indique que 66 incidents liés à la piraterie ou à des vols à main armée ont été enregistrés entre le 1er janvier et le 31 mars 2018. Au premier trimestre 2017, on en comptait que 43 et 37 au cours de la même période en 2016.
Selon l’organisme de la Chambre de commerce internationale spécialisé dans la lutte contre la piraterie maritime et les fraudes commerciales, l’épicentre du fléau reste le golfe de Guinée avec 29 incidents enregistrés sur la période soit 40% du total mondial.
Le nombre de détournement de navire est passé de 0 en 2017 à 4 au seul premier trimestre 2018. C’est d’ailleurs la seule région du monde où les navires ont été détournés sur la période. Deux navires citernes transportant des produits pétroliers ont en effet été détournés alors qu’ils étaient au mouillage à Cotonou mi-janvier et début février.
Fin mars, ce sont deux navires de pêche qui ont sont tombés dans la nasse alors qu’ils naviguaient aux larges des côtes nigérianes pour l’un, et Ghana pour l’autre. Le Nigeria à lui seul a connu 22 incidents sur les 66 recensés, et 8 des 11 navires incendiés à travers le monde.
Pour lutter contre le phénomène l’Union européenne continue d’apporter son soutien au pays de la région. Le 27 avril dernier, Bruxelles a octroyé un financement de plus de 6,5 milliards de francs CFA à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).
Selon son secrétaire général, Ahmad Allam-Mi, les «financements permettent d’appuyer nos structures qui existent déjà dans notre stratégie sous-régionale de lutte contre la piraterie pour la sécurité et la sûreté maritime».
Aboudi Ottou
Afrique centrale : l’Onu plaide pour la mise en œuvre des Accords politiques
Pour le Système des Nations unies en Afrique centrale, la non application des accords politiques constitue un facteur d’instabilité dans la sous-région. Généralement issus des processus de dialogue, leur dévoiement ou leur déni revêt le caractère d’un foyer de tension.
Le Cenco et les parties prenantes à l’Accord de la saint Sylvestre en RDC. Le constat a été fait lors de la 6e réunion des représentants et envoyés spéciaux du secrétaire général de l’Onu, des directeurs régionaux et des coordonnateurs résidents du Système des Nations unies en Afrique centrale. Tenue du 26 au 27 avril à Libreville, la rencontre était placée sous le thème : «Dialogues et accords politiques en Afrique centrale: défis, opportunités et perspectives».
Pour François Louncény Fall, représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique centrale et chef de l’Unoca, «le dialogue et les accords politiques émergent comme une composante essentielle des approches de gestion des crises et de résolution des conflits de la majorité des Etats d’Afrique centrale.
De nombreux pays de la sous-région en ont connu à un moment ou à un autre de leur histoire récente, notamment au cours des deux dernières décennies». L’actualité montre que l’immense majorité des pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) traverse des crises issues de revendications non pourvues. D’aucuns tels que la RDC peinent à mettre en œuvre les sorties de crise concertées. Ils sont même parfois accusés de ne les ignorer.
Nouvelle approche
Le système onusien présent en Afrique centrale entend densifier sa contribution pour le respect des accords négociés. Ainsi, dorénavant, il se propose de renforcer la collaboration avec l’ensemble des parties prenantes aux dialogues y compris les partenaires au développement et bilatéraux.Cela passe par l’appui aux organisations de la société civile, notamment les organisations de femmes, de jeunes et des médias afin de renforcer leurs capacités et leurs actions dans la prévention des conflits.
Plusieurs pays de la région ne disposent pas de mécanisme interne de prévention de conflit ou même de gestion. Mais sont outillés en force de maintien de l’ordre.Il serait peut être utile d’encourager à l’édification des instruments nationaux en la matière qui assureront la médiation. C’est le cas des médiateurs de la République sous d’autres cieux qui se veulent des institutions indépendantes chargées d’améliorer les relations entre les citoyens et l’administration (l’Etat).
Zacharie Roger Mbarga