Code de la famille: L’attente se prolonge

Depuis plus d’une dizaine d’années, le texte n’est toujours pas disponible.

Marie-Thérèse Abena Ondoua: «le document est en de bonnes mains»

La 24ème Journée internationale de la famille s’est célébrée le 15 mai dernier. A Yaoundé, pas de flonflon. Tout s’est résumé à une déclaration de Marie-Thérèse Abena Ondoua. La ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff), face à la presse, a structuré son propos autour du thème «Famille camerounaise: paix et stabilité sociales».

Elle a relevé que ces dernières années, la planète entière est sous l’emprise de multiples tensions, conflits et violences, mettant en péril la paix, l’équilibre et l’harmonie au sein des familles. «Au Cameroun, les conséquences de ces phénomènes sont l’accroissement de la pauvreté, la violence et l’agressivité, la déliquescence des mœurs, la dégradation de la santé, la sous-scolarisation des enfants, la délinquance et même la mort», a souligné l’oratrice du jour. Pour la Minproff, toute la communauté nationale doit barrer la route aux démons de la division, de l’instabilité et de l’anarchie.

Manifestement, le Code de la famille n’était pas le sujet à l’ordre du jour, contrairement à ce que certains journalistes avaient envisagé. Eux qui avaient, en 2014, couvert les assises du colloque national sur la famille à Yaoundé. Placé sous le haut patronage du Premier ministre, cet événement avait pour thème: «Cinquante ans de promotion et de protection de la famille au Cameroun».

Il était alors question de faire l’état des lieux de la cellule de base de la société, de dresser le bilan des actions menées en sa faveur durant ce demi-siècle, afin d’envisager les perspectives de participation de cette unité à l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. Et au sujet du très attendu Code de la famille, la ministre Abena Ondoua avait assuré qu’il «est en train d’être finalisé pour être un élément dans lequel chaque Camerounais, quelle que soit sa région, puisse se reconnaître». Et d’ajouter : «le document est en de bonnes mains».

A ce jour, aucune ligne de ce document n’est officiellement disponible. Sous anonymat, un responsable du Minproff évoque les différentes mutations survenues au sein de ce ministère. Il n’oublie pas de relever aussi que «ses rédacteurs entendent y intégrer les paramètres religieux, culturels et traditionnels du pays». Sur la date de publication, black-out.

On… on attend

Devenus interminables, les délais poussent à l’exaspération. «Le pays se referme sur lui-même, bloquant de nouvelles possibilités de reconstitution des familles de substitution pour des enfants sans protection parentale. Au niveau national, les avant-projets de lois portant Code de protection de l’enfant et Code des personnes et de la famille n’ont toujours pas abouti et sont en perpétuelle réécriture depuis 1997.

Depuis 21 ans, le pays n’a toujours pas de politique nationale de protection et de promotion des droits de l’enfant et il manque aussi une véritable coordination de la prise en charge de cette cible», dénonce Lucie Nnomo Belinga. La fondatrice de l’ONG «Famille unie», basée à Yaoundé, en veut pour preuve la rareté des sessions de la Commission nationale pour la protection de l’enfance en danger moral, délinquante ou abandonnée, créée par le décret n°90-5724 du 23 mars 1990.

«Cela traduit l’incapacité d’améliorer la planification, la gestion et la gouvernance du sous-secteur de la protection de l’enfance», dit-elle. D’autres acteurs de la société civile, plus pessimistes, pointent «une volonté délibérée de ralentir l’émancipation de la femme et de l’enfant dans une société fortement patriarcale». Selon Agatha Moundi, activiste pour des questions de genre, «le mot de passe du Code de la famille est juste oublié et tant qu’on ne le réinitialisera pas avec des données modernisées, il est fort probable qu’il ne soit pas disponible d’ici une décennie».

Jean-René Meva’aAmougou

 

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