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Archives des Pref-Cemac - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Pref-Cemac

  • Stratégie communautaire d’import-substitution: enracinement de la filière manioc

    Stratégie communautaire d’import-substitution: enracinement de la filière manioc

    Le Comité de pilotage du Pref-Cemac se réunira du 13 au 18 septembre prochains dans le but réviser la stratégie communautaire d’import-substitution pour y introduire la filière manioc, entre autres.

    La filière manioc peut être considérée comme l’une des grandes gagnantes de la 17ème session ordinaire du Comité de pilotage du Pref-Cemac. En témoigne les décisions prises le 26 août dernier à Douala par les ministres des Finances et du Budget des pays de la sous-région. Elles concernent dans l’ensemble le financement de la stratégie communautaire d’import-substitution. Mais avant d’y arriver, Rigobert Roger Andely, ministre congolais, et ses pairs, «ont instruit le secrétariat permanent du Pref-Cemac d’introduire la filière manioc parmi les produits du cru traités dans ladite stratégie», renseigne le communiqué final. Une réunion du secrétariat technique de l’institution sous-régionale a été programmée dans la foulée. Elle va se tenir à Douala du 13 au 18 septembre prochain. L’idée est «de procéder à la révision de la stratégie pour y introduire la filière manioc et de finaliser son chiffrage», apprend-on.

    Lire aussi: Tarif préférentiel généralisé en zone Cemac: 365 produits en quête d’agréments

    Le Plan d’opérationnalisation de la stratégie communautaire d’import-substitution peut cependant être considéré comme déjà adopté. Le Copil du Pref-Cemac a simplement demandé au secrétariat permanent de préparer, «en collaboration avec les États, la Commission de la Cemac, la Banque centrale et la BDEAC, un plan de financement». D’après les précisions de l’organe sous-régional, ce plan devrait tenir compte «des financements déjà prévus dans les budgets des États et du gap de financement à rechercher; des possibilités déjà offertes par les programmes dédiés à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche; de la mobilisation des bénéfices de la Beac; de l’implication de la Bvmac, du recours au fonds de garantie (Fagace et Miga», etc. Le Plan d’opérationnalisation de la stratégie et le chiffrage devraient enfin être transmis à la session extraordinaire du Conseil des ministres de l’UEAC.

    Autre sujet: Pref-Cemac: démarrage en vue pour deux projets intégrateurs

     

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Pref-Cemac: démarrage en vue pour deux projets intégrateurs

    Pref-Cemac: démarrage en vue pour deux projets intégrateurs

    Les projets intégrateurs prioritaires de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) étaient au cœur d’une réunion le 20 juin dernier à Brazzaville (Congo). Occasion pour les experts des six États membres et à leurs partenaires financiers de faire le point, d’une part, de l’exécution physique de ceux déjà entamés et de ceux en voie de démarrage, d’autre part. À date, le bilan fait état de ce que «quatre projets ont déjà effectivement démarré et qu’un cinquième est en voie de démarrage». Le secrétaire permanent du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac) présent aux travaux s’est toutefois également montré optimiste au sujet de deux autres projets. À en croire le Pr Michel-Cyr Djiena Wembou, les quatre conditions nécessaires à leur passage de la phase de démarrage à celle du lancement effectif sont progressivement en train d’être remplies.

    Cette perspective réjouissante pour le processus d’intégration dans la sous-région Afrique centrale concerne pour l’essentiel des projets routiers. C’est le cas du «projet de construction d’un pont sur le fleuve Ntem, y compris les raccordements routiers, et la facilitation des transports et de la sécurité routière sur la route transnationale qui va de Kribi (au Cameroun) à Bata (en Guinée Équatoriale) en passant par Campo également dans la région du Sud au Cameroun».

    Le Pr Michel-Cyr Djiena Wembou a aussi évoqué «la construction de la voie expresse Lolabé-Campo, toujours entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale». Non sans revenir sur l’option stratégique de partenariat public-privé (PPP) désormais prise pour le financement des projets intégrateurs restants. La décision avait été prise lors d’une réunion du Comité de pilotage du Pref-Cemac. Elle-même se tenait au lendemain de la table ronde des investisseurs de Paris. Laquelle avait permis à la délégation de la Cemac dans laquelle se trouvait le président de la Commission de la Cemac, le Pr Daniel Ona Ondo, de faire une belle moisson. 2 492,6 milliards FCFA de promesses de financement avaient été enregistrées sur les 2 205 milliards FCFA sollicités.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Copil du Pref-Cemac: l’heure à l’évaluation des recommandations des précédentes sessions

    Copil du Pref-Cemac: l’heure à l’évaluation des recommandations des précédentes sessions

    Le sujet était à l’ordre du jour d’une réunion du comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac tenues du 11 au 12 avril, à Douala.

    Les membres du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac ont mené  lundi 11 avril 2022 à Douala, l’évaluation de la mise en œuvre des décisions et recommandations des précédentes sessions. Les travaux ont réuni jusqu’au 12 avril, les ministres en charge de l’Économie, des Finances, les premiers responsables de la sous-région et les représentants des partenaires techniques et financiers. Sont à l’ordre du jour: l’état de la mise en œuvre desdites recommandations du Copil, l’impact économique et financier de la guerre en Ukraine sur les économies de la Cemac et esquisse de solutions, la stratégie d’import-substitution des biens de cru produits dans la Cemac ou encore la communication de la Banque mondiale sur le développement du capital humain.

    Lire aussi : Le Plan d’action du Pref-Cemac

    Les participants ont aussi au menu de leurs échanges, «le suivi par pilier de la maîtrise des réformes et actions prioritaires du Pref-Cemac, le point de l’opérationnalisation du marché financier unifié, le renforcement des systèmes statistiques des pays de la Cemac dans le cadre de la mise en œuvre de Stat-Cemac, les cinq piliers majeurs du Pref-Cemac, ainsi que l’examen du projet d’ordre du jour de la 16ème session du Copil».
    La 15ème session du Pref-Cemac avait déjà entamé en décembre dernier une évaluation-bilan. Le secrétaire permanent, Pr Michel-Cyr Djiena Wembou, avait alors insisté sur le fait que «nous devons continuer nos réformes de manière à garantir une stabilité permanente et une croissance inclusive et continu qui nous aidera à faire face à tous les soubresauts présents. Nous devons finaliser les derniers financements pour les autres projets intégrateurs et veiller à l’accélération des réalisations des projets en cours».

    Autre article : Offensive du Copil du Pref-Cemac : Quatre projets intégrateurs déjà dans le pipe

    Diane Kenfack

  • Libre circulation en zone Cemac : Six mois pour lever les derniers obstacles

    Libre circulation en zone Cemac : Six mois pour lever les derniers obstacles

    C’est l’une des nombreuses recommandations de la 12ème session ordinaire du Comité de pilotage du Pref-Cemac tenue le 18 décembre dernier à Brazzaville.

    L’intégration au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) va connaître un coup d’accélérateur en 2021. Pour tout dire, la Commission de la Cemac a jusqu’au premier semestre de la nouvelle année, pour travailler à la levée des derniers obstacles et donner une impulsion nouvelle à la libre circulation des personnes et des biens au sein de l’espace communautaire. C’est au cours de la 12ème session ordinaire du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières (Copil Pref-Cemac), que ce nouvel horizon a été arrêté. Selon un communiqué rendu public le 22 décembre dernier, les travaux du 18 décembre 2020 étaient présidés par visioconférence et en présentiel à Brazzaville par Gilbert Ondongo, ministre congolais de l’Economie, de l’Industrie et du Portefeuille public, président dudit Comité.

    Dans le communiqué ayant sanctionné la fin des travaux, il est clairement indiqué que «le Copil a demandé à la Commission de la Cemac et à l’équipe du Pref-Cemac, de veiller à la mise en œuvre effective et rapide des mesures restantes, en particulier : la libre circulation des biens et des personnes, au plus tard au premier semestre 2021, sur l’ensemble de l’espace de la Cemac». Toutefois, des étapes intermédiaires ont été prévues pour être certain d’être au rendez-vous de l’histoire et des attentes légitimes de la Communauté. C’est dans cette optique que les deux institutions sous-régionales déjà citées doivent également, sur instruction du Copil Pref-Cemac, veiller à «la suppression des frais d’itinérance, au plus tard au premier trimestre 2021», précise le communiqué final.

    Projets intégrateurs et le rendez-vous de Douala

    La 12ème session ordinaire du Copil Pref-Cemac a également été l’occasion d’aborder plusieurs autres problématiques sous-régionales d’importance. Ainsi en est-il du processus d’identification, de sélection et de priorisation de nouveaux projets intégrateurs de la deuxième phase du PER, ou encore de l’évaluation de la mise en œuvre des onze premiers projets. A ce propos d’ailleurs, Douala abrite depuis ce 28 décembre et pendant trois jours, «la réunion du Comité de suivi des conclusions de la table ronde sur le financement des projets intégrateurs organisée à Paris les 16 et 17 novembre 2020», peut-on lire dans le communiqué publié à cet effet le 22 décembre dernier.

    Autres chantiers

    Il a aussi été question le 18 décembre dernier de s’appesantir sur la mise en œuvre de la nouvelle réglementation de change et le rapatriement des recettes d’exportation. Sur ces deux aspects, le Copil s’est dit satisfait «des démarches engagées, notamment le démarrage des discussions avec les entreprises pétrolières et l’extension du moratoire accordé à ces entreprises jusqu’au 31 décembre 2021, assorti d’exigences particulières en matière de transmission d’informations à la Banque centrale», renseigne le communiqué également publié sur le site Internet officiel de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).

    Sur la question de l’opérationnalisation des structures du marché financier unifié, le Copil s’est également prononcé. Le communiqué de l’institution fait notamment savoir que l’organe sous-régionale «a pris acte des avancées déjà réalisées et a recommandé aux Etats d’organiser une large campagne de sensibilisation auprès des entreprises publiques et privées afin de les encourager à se positionner sur le marché financier de la zone; et de transmettre à la Beac, dans les meilleurs délais, la liste des entreprises susceptibles d’être cotées en bourse».

    Pour le reste, le Pref a obtenu le satisfecit du Copil au sujet des avancées observées sur le terrain de la mise en œuvre des actions de la matrice du Programme par les Etats membres et les institutions sous-régionales. Il a alors été demandé aux différents acteurs de ne ménager aucun effort dans la réalisation de toutes ces actions pour qu’au final, le Pref tiennent sur ses cinq piliers.

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

  • Avenir prometteur pour les projets intégrateurs de la Cemac

    Avenir prometteur pour les projets intégrateurs de la Cemac

    La table ronde des investisseurs des projets intégrateurs de la Cemac s’est tenue du 16 au 17 novembre dernier à Paris.

    L’opération de charme de la Commission de la Cémac et du Programme des réformes économiques et financières de la sous-région (Pref-Cemac) a porté ses fruits. La délégation de la sous-région est revenue les mains pleines: «3,8 milliards d’euros mobilisés. Une réussite au-delà de toute espérance» fait savoir, pour s’en réjouir, la Commission de la Cemac à travers un communiqué de presse rendu la semaine dernière.

    Les onze projets intégrateurs, objet du déploiement des officiels de la Communauté dans la capitale française, se déclinent en quatre principaux axes. Il s’agit précisément de la facilitation du transport et des échanges; de la production et l’interconnexion des réseaux électriques et de communication; du marché commun et de la diversification économique; et du capital humain. Pour leur financement, l’Afrique centrale avait bon espoir de mobiliser 3,4 milliards d’euros, mais au final, la sous-région a obtenu 400 000 euros de plus. Un exploit.

    En effet, au moment où débutait à Paris la table ronde des donateurs sous la haute impulsion du président congolais, Denis Sassou Nguesso, président dédié du Pref-Cemac, rien n’était gagné. Il se trouve que pour la délégation de la Cemac, conduite par le président de la Commission, le Pr Daniel Ona Ondo, le contexte de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 dans lequel se déroule la rencontre était de nature à émousser, voire doucher l’enthousiasme des investisseurs. Ainsi que s’est du reste attaché à le rappeler le chef de la délégation de la Cemac, «les activités économiques ont été mises à rude épreuve. Les gains des efforts d’assainissement des finances publiques et des réformes ont été effacés. La situation sociale s’est tendue avec la perte de nombreux emplois… En 2020, la Cemac enregistrerait une récession estimée à -3,1% contre une croissance initiale projetée avant la crise sanitaire estimée à 3,3%».

    Après l’étape de Paris, l’Afrique centrale a désormais le regard tourné vers le démarrage effectif des travaux. «L’horizon de la réalisation est fixé à 2025, ce qui devrait accélérer durablement l’intégration physique et commerciale de la sous-région», précise à toutes fins utiles, la Commission de la Cemac.

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

  • Moisson honorable dans  les milieux d’affaires français : Moisson honorable dans les milieux d’affaires français

    Moisson honorable dans les milieux d’affaires français : Moisson honorable dans les milieux d’affaires français

    cinq projets intégrateurs prioritaires ont dégagé des intérêts nets, des rendez-vous d’affaires sollicités par les investisseurs et plusieurs confirmations de participation de ces derniers à la table ronde de financement, tel est le butin de l’odyssée de la délégation de la sous-région au Paris InfraWeek.

    La task force de la Cemac à Paris

    Le gain fondamental de la délégation de la Cemac à l’évènement Paris InfraWeek sera donc l’inscription dans les bonnes pratiques internationales de financement des projets. Désormais, dans les milieux d’affaires en Europe, la Cemac ne sera plus une donnée abstraite. Une démarche saluée par les organisateurs, notamment Augustin de Romanet, président de Paris Europlace, co-organisateur de Paris InfraWeek : «les représentants de la Cemac ont la bonne démarche qui consiste à venir investir en profondeur dans la relation avec les acteurs. Un investissement dans les infrastructures, ça nécessite une relation de confiance avec une multitude d’acteurs très variés : investisseurs, banquiers, juristes, comptables».

    Bien plus, la promotion des opportunités d’investissements de la Cemac n’a pas laissé indemne les détenteurs du capital. Cinq projets intégrateurs ont suscité l’intérêt des opérateurs économiques. De prime abord, le Barrage de Chollet (contigu entre le Cameroun et le Congo), le Port sec de Beloko (RCA) et le Port sec de Dolisie (Congo). Ces projets seront montés exclusivement sur le modèle partenariat public-privé (PPP). «C’est extrêmement important parce que cela signifie que c’est un investisseur privé qui vient monter le projet qui sera exploité sous forme de Build Operate and Transfer (BOT), avec à la clé des contrats de concession. C’est donc un projet qui ne va pas grever les budgets des Etats», précise Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Programme des réformes économiques et financières de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Pref-Cemac).

    Pour les deux autres projets, il s’agit «de ceux pour lesquels il faut des contrats de prêt ou des contrats de dons, voire les deux ou contrats mixtes, c’est-à-dire, des contrats d’infrastructure. Deux de ces projets également ont trouvé des partenaires qui ont marqué leur intérêt. Et il ne s’agit pas des moindres, puisqu’il s’agit des partenaires multilatéraux importants», définit le secrétaire permanent du Pref-Cemac.«Ces manifestations claires vont être confirmées durant la table ronde prévue les 16 et 17 novembre», indique-t-il.

    Politique du handshake
    Un deal, un accord financier, comme disent les Anglais, se conclue par une poignée de main entre les décideurs. Cela nécessite une présence et une discussion front contre front. C’est donc à ce devoir qu’a sacrifié la Cemac du 5 au 9 octobre dernier à Paris (France) à la conférence internationale sur le financement des projets. Plusieurs groupes d’investisseurs démarchés et plusieurs rencontres B2B décrochés pour approfondir la connaissance des détails et précisément les montages financiers. Thierry Deau, président-directeur général et fondateur de Meridian, mais aussi président de Finance for Tomorrow, fait partie des opérateurs économiques intéressés qui souhaitent approfondir les discussions sur les projets. Il l’affirme d’ailleurs : «on a prévu une séance de travail plus longue et plus détaillée sur les projets et sur la stratégie».

    Déjà présent dans certains projets d’infrastructure, le fonds d’investissement STOA, filiale de l’Agence française de développement et de la Caisse des dépôts et de consignations, figure également dans le package des investisseurs attendent creuser davantage avant de dégager leur intérêt. Spécialisé dans l’infrastructure et l’énergie, ledit fonds d’investissement est doté d’une capacité de 600 millions d’euros. Au terme de ses échanges avec la Cemac, Charles-Henri Malécot, directeur général de STOA, se dit «prêt à étudier les projets qui vont être présentés à Bruxelles au cours du mois de novembre».

    Pour rappel, Paris InfraWeek se tient 9 mois après la tournée des officiels de la Cemac qui ont rencontré des bailleurs de fonds à Paris (France) le 14 janvier 2020 avec le directeur général de l’Agence française de développement (AFD) ; à Jeddah (Arabie Saoudite) le 16 janvier 2020 avec le président de la Banque islamique de développement (BID) et à Dubaï (Emirats Arabes Unis) le 18 janvier 2020, avec le président du groupe The Private Office de l’Honorable Sheikh Ahmed Dalmook Al Maktoum, le président-directeur général de Millenium Finance Corporation et Dubai Port World (DPW).

    Bobo Ousmanou

    Table ronde de financement des projets intégrateurs

    Le compte à rebours est lancé

    Rendez-vous d’étape, Paris InfraWeek a servi de mise en lumière et d’approfondissement du portefeuille de contacts en vue de la table ronde. Plusieurs cartons d’invitation à cet ultime rencontre ont été distribués par les officiels de la Cemac. Ces derniers ont infiltré les réseaux d’affaires européens présents à cet évènement.

    «La délégation a participé aux 13èmes rencontres des partenariats publics-privés (PPP), ensuite à Paris InfraWeek. Elle a rencontré non seulement les partenaires techniques et financiers. Elle a rencontré les principaux responsables des plus grandes sociétés d’énergie, de transport, de télécommunication dans le monde. Nous avons eu des manifestations d’intérêts pour les projets qui peuvent être montés sous forme de PPP», a résumé Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac).

    A Paris, la Cemac s’est exprimée dans le langage le plus aisé des investisseurs. Ceci à l’effet de susciter leur curiosité et aiguillonner leur sens de la bonne affaire. «Les onze projets intégrateurs, nous les avons évalués à un peu plus de 4 milliards d’euros. 1 milliard a été mobilisé. Tous les investisseurs sont les bienvenus. Nous discutons, nous mettons en place le meilleur. Nous leur donnons la garantie d’un environnement juridique clair, de la stabilité et surtout la protection de leurs investissements dans nos pays. La protection sera au-dessus des Etats. Elle sera assurée par la région. Quel que soit l’instabilité ou le régime politique, la protection est assurée à un niveau supérieur», a détaillé Gilbert Ondongo, président du comité de pilotage du Pref-Cemac, lors du panel réservé à la Cemac au Paris InfraWeek.

    Tous les regards sont désormais tournés vers la table ronde. Et même si le flou demeure sur qui de Paris ou de Bruxelles va abriter la table ronde. Atermoiements renforcés avec les nouvelles restrictions prises en France le 14 octobre dernier. Que les fruits tiennent la promesse des fleurs !

     

    Bobo Ousmanou

    Projets intégrateurs prioritaires

    deux projets ont bouclé leur financement

    Finalement, c’est neuf projets intégrateurs prioritaires qui feront l’objet de la table ronde sur le financement les 16 et 17 novembre. En effet, selon les confidences du Pr Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Pref-Cemac «un des projets de l’axe 2, le projet d’interconnexion électrique Cameroun-Tchad a vu son financement bouclé. Bien plus, le Fonds de développement de la communauté (Fodec) s’est engagé à mettre à disposition, pour cette année et pour l’année prochaine, l’entièreté des fonds nécessaires pour l’Université inter-Etat. Il a deux campus, un à Sangmélima et l’autre à Ouesso».
    Toutefois, pour les officiels de la Cemac. Comme l’indique Michel-Cyr Djiena Wembou, «en matière d’investissement, les promesses c’est une chose, c’est la signature du contrat qui donne lieu au succès. Nous attendons donc les 16 et 17 novembre prochains pour entrer plus en profondeur dans les négociations techniques avec ceux qui ont pris des engagements et fait des promesses pour pouvoir s’orienter vers l’identification et la conclusion des conventions».

    Bobo Ousmanou

  • La Cemac s’inquiète du rythme des réformes

    La Cemac s’inquiète du rythme des réformes

    Le niveau d’application global de la transposition et de la mise en œuvre des dispositions des six directives du cadre harmonisé de gestion des finances publiques se situe à 45 %. La lenteur et les disparités observées hypothèquent le respect des échéances de basculement des 6 États à la nouvelle structure budgétaire.

    Huit ans après l’adoption, au niveau communautaire, des six directives du nouveau cadre harmonisé des finances publiques, l’évaluation de la Commission de la Cemac débouche sur des inquiétudes. Elles ont été exprimées le 10 août lors du Conseil des ministres de l’union économique de l’Afrique centrale (UEAC) et le rapport 2019 sur la mise en œuvre du programme de réformes économiques financières Cemac (Pref Cemac) en fait largement cas.

    D’une manière globale, il ressort que sur les 36 textes à transposer, 30 ont été effectivement transposés soit un taux de transposition de 83%. Les cinq textes restants concernent la Guinée Équatoriale (à l’exception de celui sur la nomenclature budgétaire de l’Etat-NBE). La date butoir de la transposition était fixée au 31 décembre 2017.

    Pour ce qui est du niveau d’application global des textes transposés, il est de 45%. Leur mise en exécution devait se faire jusqu’au 31 décembre 2021 et le 31 décembre 2023 pour certaines dispositions en matière de comptabilité.

    Baromètre
    C’est une implémentation à plusieurs vitesses dont les États membres de la Cemac font montre. Le groupe des pays le plus performant est constitué du Gabon (1er avec 62%) et du Cameroun (2e avec 54%). Ces deux pays ont mis en œuvre d’importantes dispositions: mise en œuvre du budget-programme et organisation du débat d’orientation budgétaire (DOB) pour les deux pays; déconcentration de l’ordonnancement des dépenses au Cameroun; mise en place du Compte unique du Trésor au Gabon.

    Ensuite vient le 2e groupe composé du Congo (3e avec 52%) et du Tchad (4e avec 49%). Ces deux pays sont à un stade très avancé du budget programme. Le Congo expérimente cette année une marche en double commande sur le budget des moyens et le budget-programme alors que le Tchad a achevé l’élaboration de tous les programmes annuels de performance (PAP) et accélère les travaux de la bascule pour le budget 2021. En revanche, ces deux pays sont les seuls à avoir appliqué tous les segments de la nouvelle nomenclature budgétaire. Le Congo organise aussi le DOB et le Tchad s’y prépare pour cette année.

    Le troisième groupe comprend seulement la Centrafrique (5e avec 33%) qui a engagé les travaux du budget-programme et pourrait les finaliser au courant de cette année 2020. Tous les 5 pays ont achevé le processus de transposition, à l’exception du Cameroun dont le dernier texte à transposer est le RGCP dont le décret est dans le circuit de signature.

    Enfin, la Guinée Équatoriale (6e avec 16%) ferme la marche. Le pays accuse un important retard par rapport aux autres pays puisqu’il connait des difficultés pour transposer les directives; une seule directive ayant été transposée par arrêté du ministre de l’Économie et des Finances (la nomenclature budgétaire de l’État).

    Bobo Ousmanou

     

    Accélération des réformes de finances publiques 

    La Cemac mise sur la sensibilisation

    L’institution communautaire suggère aux États d’informer et former les acteurs de la chaine de mise en œuvre des réformes des finances publiques afin qu’elle soit mieux comprise et donc diligentée.

     

    Le soutien politique des ministres en charge des finances des États membres sera la clé de l’accélération du processus de transposition et de la mise en œuvre des nouvelles directives des finances publiques. C’est en tout cas l’option choisie par la Commission Cemac. La proposition a été faite aux ministres de l’Économie et des Finances à la 35e session du Conseil des ministres de l’UEAC. De manière précise, la suggestion de l’exécutif communautaire sous-régional est de mettre un accent particulier sur la communication. Ceci afin que des moyens humains et financiers conséquents soient mis à la disposition des équipes techniques pour que tous les États soient au rendez-vous des échéances de fin 2021 et fin 2023.

    Le projet de résolution soumis aux ministres, à l’effet d’inscrire cette quête de soutien politique dans un processus décisionnel, «exhorte les ministres en charge des finances de mettre en place une stratégie de communication appropriée et d’en assurer la publicité afin d’informer suffisamment les acteurs de la réforme sur la pertinence et l’opportunité des réformes engagées».

    Perspectives
    Cette quête devra être concluante pour la commission, car le défi est grand et réel. Le rapport 2019 de la mise en œuvre du Pref-Cemac indique que les États doivent «poursuivre la mise en œuvre vigoureuse des mesures visant la rationalisation et l’amélioration de la qualité de la dépense publique» dans le cadre de la batterie de mesures liée à la reconstitution de socles économiques solides après les ravages de la sévère crise économique survenue en 2014. Le rapport va plus loin, il appelle à «mettre en œuvre le texte communautaire sur l’obligation d’évaluer et de publier les principales dépenses des États membres en vue de systématiser la pratique de la transparence».

    Structure
    Dans le cadre des réformes de la gestion des finances publiques, le Conseil des ministres de l’UEAC avait adopté en 2011, six directives rénovant le cadre harmonisé de gestion des finances publiques au sein des États membres. Ces directives portaient sur le code de transparence dans la gestion des finances publiques (CT), les lois de finances (LOLF), le règlement général de la comptabilité publique (RGCP), la nomenclature budgétaire de l’État (NBE), le plan comptable de l’État (PCE) et le tableau des opérations financières de l’État (TOFE).

    Elles introduisaient d’importantes innovations notamment la budgétisation par programme, la déconcentration de l’ordonnancement des dépenses et la comptabilité patrimoniale. Comme évoqué, la date limite de transposition des directives dans les droits nationaux avait été arrêtée au 31 décembre 2017 par la Cemac et la mise en œuvre opérationnelle des nouveaux textes devait se faire jusqu’au 31 décembre 2021 (le 31 décembre 2023 pour certaines dispositions en matière de comptabilité).

    BO

    Réforme comptable

    Le Cameroun accélère la vulgarisation

    L’Ordre des comptables et les journalistes de la presse écrite ont été sensibilisés, informés et formés sur le processus de transposition et de mise en œuvre des directives Cemac au Cameroun les 3 et 4 août 2020.

     

    La caravane de sensibilisation sur la réforme comptable au Cameroun s’est poursuivie en début du mois d’août. À Mbankomo, une banlieue de Yaoundé (Cameroun), l’Ordre des comptables et les journalistes de la presse écrite ont été entretenus, les 3 et 4 août sur le périmètre de la réforme. Les communicateurs et les praticiens du droit comptable «doivent maitriser la nouvelle structure de présentation des opérations financières de l’État du Cameroun», a déclaré le représentant du ministre des Finances.

    La réforme comptable vise entre autres le passage de la comptabilité budgétaire à la comptabilité générale. Ce qui suppose une nouvelle praxis et une nouvelle appréciation de l’action de l’État. Toute chose qui conditionne la sensibilisation et l’information du grand public, client potentiel du service de l’État. Ceci à travers les canaux de transmission efficients.

    C’est la raison d’être de cette caravane. Elle est portée par le programme supérieur de spécialisation en finances publiques (PSSFP) du ministère des Finances. Elle vise globalement à expliquer le cadre général et l’importance de la réforme des finances publiques en zone Cemac. De manière particulière, le volet de la comptabilité publique.

    Restructuration
    La nouvelle organisation entraine des incidences fondamentales: le passage d’un budget de moyens à un budget de programme avec des indicateurs de performance associés, l’introduction de la pluri annualité dans la gestion budgétaire, la déconcentration de l’ordonnancement, le renforcement de la transparence dans les finances publiques, une meilleure lisibilité du budget (selon l’État), une information du parlement renforcée et des comptes de l’État plus transparents; un système de contrôle rationalisé et plus efficace.

    BO

  • Évaluation des réformes de la Cemac : La fin de la complaisance budgétaire!

    Évaluation des réformes de la Cemac : La fin de la complaisance budgétaire!

    D’une Cemac des hydrocarbures et des ajustements constants à une Cemac dynamique et créatrice d’emplois, de richesses et de croissance! On pourrait s’amuser à paraphraser en ces termes la mission du Programme de réformes économiques et financières de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Pref-Cemac).

    Rendue à sa troisième année, la structure dont les actions, depuis le triple choc de 2014, doivent concourir, à la stabilisation du cadre macroéconomique et la réalisation d’une transformation structurelle des économies, vient de livrer son rapport annuel 2019.

    L’action du programme a connu une montée en puissance certaine, traduite par l’amélioration nette des scores sur toutes les cibles. Trois années après sa mise en eau, 1 an après le sommet extraordinaire de la Cemac de Yaoundé en 2016, la montée en puissance du Pref-Cemac et son année 2019 symbolisent surtout la santé relative retrouvée.

    Le Pref-Cemac est aussi le visage d’une Cemac qui s’accroche viscéralement à protéger la viabilité de sa monnaie et peine à faire exploser son exceptionnel potentiel économique et humain pour créer plus de richesses, d’emplois et donc d’opportunités. La diversification économique et l’optimisation des structures économiques sont des visées admises et validées. Mais la production pétrolière demeure un élément majeur de bonne performance économique. Le rapport annuel 2019 traduit cette image!
    Le dossier proposé par le journal Intégration tire avantage de la présentation du rapport annuel 2019 pour dresser la situation des réformes économiques et financières de la Cemac et leur appropriation par les États.

     

    Au cours de l’année 2019, les six États de la Cemac ont globalement amélioré la mise en application des mesures visant la réduction des déficits publics.

    Les résultats obtenus au terme de l’année 2019 par le programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac) traduisent une certaine assiduité dans le respect de la discipline économique et financière par les 6 États de la Cemac. De manière schématique, 6 réformes sur 10 (au moins) ont été complètement mises en œuvre par les États selon le rapport annuel 2019.

    Dans la maitrise d’actions du Pref-Cemac, les piliers où on observe une bonne performance des États sont ceux qui ont trait à la bonne santé des comptes publics. Il s’agit des piliers 1, 2 et 5. Il s’agit des actions de réforme des politiques budgétaires (pilier 1), politique monétaire et système financier (pilier 2) et coopération internationale (pilier 5).

    Structure
    Le pilier des politiques budgétaires connait une performance de 90,3%. Ce score est acquis grâce aux mesures visant la réduction des subventions aux entreprises mises en œuvre par 3 pays sur 6. La maitrise de la masse salariale concourt également à cette bonne performance: 4 pays sur 6 ont initié des actions en ce sens. En outre, les pays ont agi pour sécuriser les recettes fiscales et douanières. Le tableau ci-contre précise les scores par objectifs de ce premier pilier.

    Le pilier 2 sur la politique monétaire et le système financier réalise une note globale de 74,7%. La reconstitution des réserves de change en est le fait majeur: elles sont passées de 3 776,7 milliards FCFA en 2018 à 4 371,5 milliards FCFA en 2019, soit une hausse de 16% entre 2018 et 2019. Avec le renforcement de l’autonomie de la banque centrale par l’adoption des statuts qui consacrent l’interdiction des financements directs de la banque centrale aux États, la politique monétaire a été améliorée. Pour ce qui est du système financier, on peut évoquer la redynamisation des marchés financiers à travers la restructuration et l’optimisation des structures du marché financier unifié (régulateur, bourse et dépositaire central unique). On a également la réforme de la Banque de développement de l’Afrique centrale (BDEAC) qui repart avec des résultats nets bénéficiaires depuis bientôt 3 ans.

    Le pilier 5 renvoie à la coopération internationale et porte non seulement sur la négociation et la conclusion des partenariats avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, mais aussi sur la tenue de toutes les revues. Sa note globale annuelle est de 100%.

    Optimisation
    Un autre indicateur qualitatif vient magnifier la bonne année 2019 du Pref-Cemac. Depuis son entrée en opérationnalisation, il s’agit des meilleures performances que les États aient pu réaliser. L’évaluation à fin 2019 des actions mises en œuvre dans le cadre du Pref-Cemac indique une note globale de 63,3 points, en augmentation de 17,5 points par rapport au résultat de 2018 (45,8 points) sur l’ensemble des piliers du programme avec des performances plus ou moins importantes, d’un pilier à l’autre. Par rapport à l’ensemble des cibles du Pref-Cemac à l’horizon 2021, le taux de réalisation obtenu en 2019 est de 61,4%. En fin 2018, ce taux de réalisation était de 44,5%. À la conférence de presse de présentation du rapport annuel 2019 du Pref-Cemac, le 3 septembre 2020, le secrétaire permanent de ladite structure explique que ces résultats mettent en lumière «une accélération de la mise en œuvre du programme en 2019».

     

    Transformation structurelle

    Mention médiocre

    Avec 44,6% d’implémentation de mutations des structures économiques, les États de la Cemac demeurent toujours englués dans le cercle vicieux.

     

    Le défi structurel urgent des pays de la Cemac est bien celui de la diversification économique et partant de l’industrialisation. Cette conviction, partagée par l’ensemble des partenaires et les États eux-mêmes, est constante depuis au moins 2014, lorsque les prix des matières (notamment le pétrole) ont chuté sur le marché international.

    Pourtant, depuis 2018, date du début d’évaluation des réformes économiques dur Pref, les réformes structurelles sont en timide implémentation. Au terme de l’année 2019, elles n’ont connu que 44,6% de mise en œuvre. C’est le pilier le moins performant!

    Mobiles
    Plusieurs facteurs pourraient justifier cette situation: l’orientation d’ajustement budgétaire des programmes de première génération avec le FMI; l’absence de ressources financières suffisantes pour induire une industrialisation conséquente; l’omniprésence du secteur public; l’étroitesse du cadre macroéconomique pouvant aménager un environnement accommodant de compétitivité…

    Toutefois, on constate que les réformes d’amélioration du climat des affaires piétinent; l’orientation partenariat public privé se met timidement en place; un consensus national et sous régional sur la compétitivité (filières de production et de croissance, chaine de valeurs, spécialisation et complémentarités, priorisation) reste inexistant.

    Pr Michel-Cyr Djiena Wembou a expliqué la performance de ce pilier au cœur des réformes de la Cemac à la conférence de presse du 3 septembre 2020. Il indique que «les États n’ont pas toujours mis en place, de manière vigoureuse, les réformes qui concourent à l’amélioration du climat des affaires, à la diversification des économies et au renforcement du capital humain, facteur important pour l’amélioration de la productivité. En effet, seulement 37,9% des actions à mener jusqu’en 2021 ont été accomplies pour ce pilier».

    La situation est inquiétante et le rapport va plus loin dans la démonstration de cette conclusion. Sur des cibles primordiales telles que la diversification, le développement du secteur privé ou encore le financement alternatif des économies, toutes les notes par objectif sont inférieures à la note globale. La diversification économique et le développement du secteur privé enregistrent 42,2%. En matière de développement des formes alternatives de financement des économies, les États enregistrent une note globale de 33,9%.

    Seule la performance sous régionale de l’amélioration du climat des affaires connait une performance au-dessus de la note globale sous régionale et au-dessus de la moyenne: 54,6%.

    Pour le secrétaire permanent du Pref Cemac, beaucoup restent à faire sur ce pilier qui est central dans la transformation des économies de la Cemac». Michel-Cyr Djiena Wembou suggère d’ailleurs que, en plus des mesures prévues dans le Pref-Cemac, il serait de bon ton que l’obligation de transformation locale de plus de 85% des grumes de bois, qui est appliquée par presque tous les pays de la zone, soit étendue à toutes les matières premières exploitées dans l’espace Cemac».

    BO

     

    Le Pref permet à la Cemac de disposer d’une instance appropriée pour la prise de décisions rapides et concertées

    Les efforts ont davantage été portés sur les ajustements budgétaires et financiers afin de satisfaire les conditionnalités nécessaires au décaissement des ressources financières, et non sur les politiques et réformes structurelles

    Professeur titulaire des facultés françaises de droit et de sciences politiques, muni d’une riche carrière de fonctionnaire international au service du développement de l’Afrique, Michel-Cyr Djiena Wembou, est depuis 2017, secrétaire permanent du Programme de réformes économiques et financières de la communauté économique des États de l’Afrique centrale (Pref-Cemac). Dans un entretien dense, lucide et exclusif au journal Intégration, il dresse le bilan des réformes menées au cours de l’année 2019 et souligne les insuffisances remarquées.

    Pr Michel-Cyr Djiena Wembou

    Monsieur le secrétaire permanent, le rapport annuel sur la mise en œuvre du Pref-Cemac indique que l’année 2019 était la plus prolifique. La performance d’exécution sous régionale est de 63,3 points, par rapport à la note globale et 90,1 points pour les cibles du programme. En pourcentage, les résultats de l’ensemble des piliers par objectif se situent à 70,2%. Qu’est-ce qui explique l’amélioration des résultats par rapport à 2018?
    La mise en œuvre du Pref-Cemac, comme la mise en œuvre des programmes en général, a connu sa phase de montée en puissance en 2017 et 2018, avant de prendre sa vitesse de croisière en 2019 avec la réalisation de plusieurs activités. Les résultats de 2019 sont soutenus par des faits marquants.

    Depuis sa mise en place, le Pref a bénéficié d’un accompagnement important des plus hautes autorités de la Cemac. Cet accompagnement s’est matérialisé par la tenue régulière des sessions du Comité de pilotage avec, à chaque fois, la mobilisation effective de tous les ministres des Finances, de l’Économie et de l’Intégration des pays de la Cemac. La tenue régulière de ces sessions, sous la présidence de monsieur Gilbert Ondongo, ministre d’État, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Portefeuille public de la République du Congo, a permis un suivi régulier et méticuleux des différents dossiers. Des échanges francs avec toutes les parties prenantes, et notamment avec les partenaires techniques et financiers, les représentants du patronat d’Afrique centrale et des sociétés multinationales opérant dans la zone Cemac, ont aussi permis le bon dénouement des situations parfois épineuses. Le Pref permet ainsi à la Cemac de disposer d’une instance appropriée pour la prise de décisions rapides et concertées sur l’accélération des réformes structurelles et le renforcement de l’intégration physique et commerciale.
    Les principales réalisations faites dans le cadre du Pref-Cemac à ce jour sont assez concrètes et visibles, et leurs impacts sur la situation économique de nos pays sont manifestes.

    De nombreuses avancées ont été réalisées. Sans être exhaustif, nous pouvons mentionner: la reconstitution des réserves de change de la Cemac; l’ouverture du dialogue avec les sociétés exploitant les ressources naturelles dans la zone Cemac en vue du rapatriement des recettes d’exportation; la priorisation des projets intégrateurs et la mobilisation des bailleurs en vue de leur financement; la fusion effective des deux marchés financiers de la sous-région, l’achèvement de la réforme de la Bdeac; la mise en œuvre effective de la libre circulation des personnes et des biens; la conclusion et l’application par tous les États membres des programmes économiques et financiers soutenus par le FMI; ainsi que l’adoption par les États membres d’une série de mesures visant à réduire l’ampleur importante de leur déficit budgétaire observée au début de la crise qui a secoué la sous-région.

    L’entrée en programme avec le FMI du Congo et de la Guinée Équatoriale peut-elle également être considérée comme une contribution significative à part entière?
    Les chefs d’État avaient prescrit en décembre 2016, lors de leur Sommet extraordinaire de Yaoundé, la conclusion à brève échéance des programmes financiers avec le FMI. La mise en œuvre de cette recommandation a connu quelques difficultés dans certains pays du fait des conditions et des préalables à remplir avant la signature des programmes financiers. La persévérance et la détermination de tous les États ont permis qu’en 2019 tous les pays de la Cemac soient sous programme avec le FMI. L’entrée sous programme avec le FMI du Congo et de la Guinée Équatoriale a contribué à la réalisation de 100% de l’objectif du pilier 5 du Pref-Cemac, qui porte sur la coopération internationale. Une chose est d’entrer en programme avec le FMI et une autre est d’évaluer ces programmes pour savoir si les objectifs ont été atteints. Dans cette perspective, les ministres membres du Comité de pilotage (Copil) du Pref-Cemac ont prescrit l’élaboration d’un nouveau cadre stratégique pour les accords de seconde génération avec les partenaires techniques et financiers, qui devraient désormais être orientés vers la croissance et la lutte contre la pauvreté, afin de renforcer la résilience de nos économies et de contribuer à l’amélioration véritable des conditions de vie des populations.

    Le rapport 2019 fait observer que les piliers 5, 1 et 2 enregistrent les meilleures performances du Pref avec respectivement 100%, 90,3% et 74,7%. On pourrait y conclure que les États de la Cemac sont studieux dans la mise en œuvre des mesures d’ajustement et de stabilisation budgétaires au cours de la période sous revue. Pourtant, on remarque que les États ont de la peine à respecter les critères de convergence de la surveillance multilatérale. Bien plus, les 4 États qui achèvent les programmes économiques avec le FMI n’ont pas retrouvé la viabilité budgétaire, si l’on s’en tient aux importants déficits budgétaires identifiés dans leur loi de finances. A-t-on caché la situation réelle des pays de la Cemac?

    Non, absolument pas. La situation réelle de la Cemac ne peut être cachée. Nos partenaires techniques et financiers ont des moyens de vérifier notre situation macroéconomique. Ces partenaires participent aux réunions du Copil et si la situation que l’on présente n’était pas la réalité, ils trouveraient les moyens de marquer leur désapprobation.

    Pour revenir à votre question, il faut se pencher sur la mission du Pref ainsi que sur les objectifs que la mise en œuvre des actions poursuit. Les actions et initiatives prévues dans la matrice du Pref devaient permettre un redressement rapide de notre situation macroéconomique. Cette situation est aujourd’hui en partie redressée; la croissance est de retour; les réserves de change ont un niveau acceptable. Les autres actions du Pref devraient permettre de consolider cette embellie retrouvée. Il devrait s’en suivre une situation budgétaire beaucoup plus viable, et le respect des critères de convergence devrait donc s’améliorer pour les pays. Je pense que cette dynamique a été enclenchée et est en cours de se consolider. Les différents rapports de surveillance multilatérale vont dans ce sens. En 2016 avant la mise en œuvre du Pref, aucun pays de la Cemac ne respectait tous les critères de convergence. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus reluisante. Sur chaque critère, deux ou trois États les respectent. Le meilleur reste donc à venir, il faut continuer à travailler.

    Pouvez-vous nous faire le point sur les réformes structurelles qui ont enregistré de faibles performances dans l’évaluation du Pref-Cemac pour l’année 2019?
    À fin 2019, ce pilier est celui sur lequel des efforts restent à faire en termes de réalisations. Les États n’ont pas toujours mis en place, de manière vigoureuse, les réformes qui concourent à l’amélioration du climat des affaires, à la diversification des économies et au renforcement du capital humain, facteur important pour l’amélioration de la productivité. En effet, seulement 37,9% des actions à mener jusqu’en 2021 ont été accomplies pour ce pilier. En ce qui concerne en particulier l’objectif général 9 qui porte sur le renforcement de la diversification économique et le développement du secteur privé, seulement 36,9% des actions prévues jusqu’en 2021 ont été réalisées.

    Pour l’objectif général 10, en rapport avec l’amélioration du climat des affaires, 41% des mesures prévues par rapport à la cible 2021 ont été réalisées. Enfin, en ce qui concerne l’objectif général 11, relatif au développement des formes alternatives de financement des économies, 33,9% des actions prévues ont été réalisées. Il reste beaucoup à faire sur ce pilier qui est central dans la transformation des économies de la Cemac. Toutes les actions restantes sont mentionnées dans la matrice du Pref et dans le présent rapport annuel. En plus des mesures prévues dans le Pref-Cemac, il serait de bon ton que l’obligation de transformation locale de plus de 85% des grumes de bois, qui est appliquée par presque tous les pays de la zone, soit étendue à toutes les matières premières exploitées dans l’espace Cemac.

    La note globale du pilier 1 sur les politiques budgétaires est passée de 12,5 points en 2018 à 16,7 points en 2019, en augmentation de 4,3 points. Qu’est-ce qui explique cette performance et que reste-t-il à faire pour accélérer la réforme des politiques budgétaires dans la zone Cemac?
    Cette augmentation est portée par l’amélioration de la coordination des politiques budgétaires (+3,3 points), le renforcement de la politique fiscale (+0,8 point) et la rationalisation et amélioration de la qualité de la dépense publique (+0,1 point). Un retard de 1,8 point est actuellement observé par rapport aux objectifs du programme à fin 2019 (18,5 points).

    Dans le cadre de l’harmonisation des règles budgétaires, les États ont procédé à l’application des règles de la surveillance multilatérale ainsi qu’à la transposition et à la mise en œuvre des nouvelles directives des finances publiques adoptées par le Conseil des ministres de l’UEAC en 2011. S’agissant de l’amélioration de la coordination des politiques budgétaires, il convient de relever, entre autres, les projets de filets sociaux qui ont été mis en œuvre au Cameroun, en RCA, au Congo et au Tchad; deux pays ont procédé à la réorientation des dépenses en capital vers des projets prioritaires ayant un impact sur la santé, l’éducation et l’eau.

    Par contre, des lenteurs et des difficultés ont été enregistrées dans l’élargissement de l’assiette fiscale, l’adoption des lois/décrets portant suppression des exonérations exceptionnelles et des facilités douanières non pertinentes, souvent accordées en violation des principes d’efficacité et d’équité. Peu d’actions ont été menées pour promouvoir et développer la fiscalité foncière. Un seul pays a pris un décret portant suppression des agences, fonds, et entreprises publiques non opérationnelles, inefficaces et budgétivores. Voilà les domaines sur lesquels les efforts devront être déployés pour les deux prochaines années.

    Monsieur le secrétaire permanent, avec 61,1%, l’intégration régionale, pilier 4, signe un taux de réalisation annuelle honorable. Mais sur le terrain la mobilité des personnes et des biens par voie terrestre est demeurée un calvaire tout au long de l’année. Certains ont développé une phobie pour les corridors sous-régionaux. Comment le Pref-Cemac perçoit-il l’effectivité du marché commun?
    Le processus de construction de l’intégration est long et fastidieux. Il vous souvient que c’est en 2013 que les chefs d’État, lors de leur Sommet de Libreville, avaient pris l’Acte additionnel n° 01/13 — CEMAC —° 70-U-CCE-SE portant suppression du visa pour tous les ressortissants de la Cemac circulant dans l’espace communautaire. C’est en 2017 que les décisions d’application effectives ont été prises par tous les États. C’est dire que certaines décisions prennent du temps à se matérialiser. Principalement sur cette question de la libre circulation, il y a en arrière-plan des questions de sécurité importante qu’il faut intégrer compte tenu du contexte actuel de la persistance des poches d’insécurité. Aujourd’hui, la libre circulation est effective au niveau des frontières aériennes, et il faudrait s’en féliciter. Au niveau des frontières terrestres, il y a encore du travail, notamment la construction des postes-frontière communs, la mise en place des brigades mixtes de contrôles sur les corridors, la formation des agents de police et de douane en service sur les corridors régionaux et bien d’autres.

    Pour la libre circulation des biens et la promotion de l’intégration commerciale, la Cemac avait pris, depuis 2008, un règlement communautaire sur la création des Comités nationaux de l’origine. Ces Comités ont pour mission d’identifier, selon les critères bien établis, les produits devant avoir le label «origine Cemac» afin de circuler librement. Seul le Cameroun avait créé son Comité national de l’origine en 2011. C’est en 2019 que les autres pays ont créé leur comité national de l’origine. Vous comprenez bien qu’il y a certaines pesanteurs qui freinent ou ralentissent l’accélération de l’intégration. Mais le Copil du Pref-Cemac a adopté une série de décisions et recommandations pour lever progressivement les différents obstacles qui freinent la construction du marché commun. Celles-ci font l’objet d’un suivi régulier à chacune des réunions ministérielles et les choses avancent. Même si le processus est plutôt lent et fastidieux.

    Les programmes économiques de deuxième génération avec le FMI et la Banque mondiale pointent à l’horizon et les orientations stratégiques ont été données par le Comité de pilotage. Il y a du travail Monsieur le secrétaire permanent. Car il y a la relance post-Covid19 à assurer pour retrouver la croissance et la stabilité. Mais encore, il faudra de la projection pour accroitre par exemple le niveau de revenu global. En termes de compréhension des orientations stratégiques (recours à la dette pour financer), d’appui financier, d’appui-conseil… Les principaux partenaires sollicités ont-ils les disponibilités nécessaires pour accompagner cette ambition?
    La directrice générale du FMI a déclaré, lors du Sommet du G20 en mars 2020, que le FMI détenait plus de 1 000 milliards de dollars US de capacité de prêt et pouvait déployer l’entièreté de cette somme si le besoin se présentait. Le plan de relance post-Covid 19 de la Cemac, en cours de finalisation, ne devrait pas trop s’éloigner de celui des unions économiques comme la nôtre, qui est d’environ 10 milliards de dollars. Si on prend en plus les projets intégrateurs de près de 4 milliards de dollars, on se situe à moins de 20 milliards de dollars, bien loin de ce que le FMI seul peut prêter à la planète entière. Et ce n’est que le FMI que nous avons pris dans notre réponse. Il y a encore la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, et bien d’autres institutions financières et techniques qui peuvent être sollicitées, à l’instar de la Banque Islamique de développement, des partenaires bilatéraux et surtout des investisseurs privés qui souhaitent de plus en plus faire des affaires avec nos pays. Notre ambition ne souffre d’aucune contrainte dans ce sens. Nous nous focalisons sur les effets induits de nos programmes et projets et travaillons à ce que tout soit prêt dans les délais les plus brefs.

    Dans ce sillage, les 11 projets intégrateurs prioritaires arrivent en consolidation pour mettre en réseau le marché communautaire en termes d’infrastructures de transport pour la liaison, du marché sous-régional de l’électricité, du capital humain. Vous préparez la table ronde de Bruxelles pour tenter de mobiliser plus 2000 milliards FCFA destinés au financement de la réalisation de ces projets. Comment se déroule le processus?
    Il convient de rappeler que le Sommet extraordinaire des chefs d’État, qui s’est déroulé à Yaoundé le 22 novembre 2019, a approuvé les douze projets intégrateurs prioritaires sélectionnés par le Comité de pilotage du Pref-Cemac, compte tenu de leur état de maturité, et prescrit une mission de mobilisation de ressources financières auprès des bailleurs et des partenaires techniques et financiers en vue de la réalisation effective de ces projets dans les meilleurs délais possible. Le Copil du Pref-Cemac a été chargé de prendre les dispositions nécessaires en vue de la tenue de la table ronde des bailleurs dans les meilleurs délais possibles, pour le financement des onze projets intégrateurs.

    J’ai l’insigne honneur et le plaisir de vous annoncer que tous les documents de travail ainsi que les dossiers techniques et les fiches de projets sont finalisés et disponibles pour la Table ronde sur les 11 projets intégrateurs de la Cemac qui se tiendra à Bruxelles les 16 et 17 novembre 2020. L’objectif principal de cette table ronde est la mobilisation de près de 2563,4 milliards FCFA pour la réalisation desdits projets.

    Nous avons déjà enregistré un intérêt croissant des partenaires techniques financiers et des principaux bailleurs de fonds pour leur participation à cet évènement important. Et l’espoir est donc permis. Un cabinet spécialisé dans la communication sur les tables rondes a été recruté par les soins de la BAD et accompagne son organisation. Toutes les dispositions ont été prises par la Commission de la Cemac pour que celle-ci se déroule parfaitement. Nous tenons des réunions régulières sur le sujet et dans ce sens-là, une délégation de la Cemac va participer du 5 au 9 octobre à Paris, à la conférence Infraweek organisée par le ministère français de l’Économie et des Finances sur le financement des projets d’infrastructures dans le monde. Le but sera de mettre en avant la Cemac et son attractivité d’une part, et d’autre part de mobiliser les bailleurs en vue de leur participation effective et constructive à la table ronde de Bruxelles.

    À la fin de la présentation des avancées du Pref-Cemac en 2019, pouvez-vous nous donner quelques indications sur les perspectives, compte tenu notamment des effets néfastes de la pandémie de la Covid-19 sur les économies des pays membres de la Cemac?
    La mise en œuvre du Pref-Cemac a été globalement satisfaisante au cours de l’année 2019. Mais il convient de préciser que les actions engagées doivent être poursuivies, pour consolider les acquis obtenus après trois années d’ajustement structurel. Des mesures importantes, dont certaines sont pourtant inscrites dans le Pref-Cemac avec un calendrier précis de réalisation, n’ont pas été mises en œuvre par les États ou les institutions communautaires concernées, ou ont fait l’objet d’une exécution lente et insuffisante au regard des objectifs fixés.

    Ces mesures portent sur les points suivants: la priorité à accorder à l’amélioration des recettes budgétaires non pétrolières, plutôt qu’à la diminution des dépenses publiques; la poursuite de l’amélioration de la qualité de la dépense publique; le renforcement de la bonne gouvernance et de la redevabilité; la priorité à accorder au financement du secteur privé et en particulier au remboursement de la dette intérieure et au paiement des arriérés dus aux PME et aux PMI; la transformation locale des ressources naturelles et le développement des chaines de valeur; l’accélération de l’intégration physique et commerciale; le renforcement de la transparence et de la rigueur dans les procédures relatives à la programmation des investissements publics, ainsi qu’à la sélection et à l’exécution des projets.

    Les actions restantes du Pref, à réaliser en 2020 et 2021, représentent 38,6% de l’ensemble du programme, soit en moyenne des efforts de 19,3% à fournir au cours de chacune de ces années (soit plus que les progrès enregistrés en 2018). Il en résulte que pour garantir la réalisation des objectifs du Pref à l’horizon 2022, les parties prenantes devraient redoubler d’efforts pour finaliser les actions déjà engagées, voire accélérer la mise en œuvre de celles qui ne l’ont pas encore été.

    Il convient néanmoins de relever qu’en dépit de signes prometteurs, la transformation structurelle des économies tarde à prendre corps, malgré la mise en œuvre effective des programmes conclus avec ces divers partenaires. Les efforts ont davantage été portés sur les ajustements budgétaires et financiers, afin de satisfaire les conditionnalités nécessaires au décaissement des ressources financières, et non sur les politiques et réformes structurelles.

    Cette nécessité de prendre en compte des aspects liés à la croissance, au développement et à la transformation structurelle des économies de la Cemac a été également réaffirmée par les ministres membres du Comité de pilotage (Copil) du Pref-Cemac lors de la 3e session extraordinaire du 28 mars 2020. À cet effet, les ministres ont chargé la Commission de la Cemac, la BEAC, la BDEAC et le Pref-Cemac «de définir les principes généraux relatifs aux nouveaux accords à conclure avec ces partenaires qui devront dépasser les objectifs de stabilisation financière, pour mettre l’accent sur la croissance et le développement».

    Interview réalisée par
    Bobo Ousmanou

  • L’intégration au cœur du 35e Conseil des ministres de l’UEAC

    L’intégration au cœur du 35e Conseil des ministres de l’UEAC

    La 35e session du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC) s’est tenue le 10 août dernier par visioconférence.

    Alamine Ousmane Mey, présidera les travaux depuis Yaoundé

    Les travaux présidés par Alamine Ousmane Mey, ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, ont permis de s’appesantir sur un certain nombre de sujets en rapport avec l’intégration. À ce propos, le président de la Commission de la Cemac, qui prenait part à la session, a tenu à rendre hommage au président camerounais, Paul Biya. Le Pr Daniel Ona Ondo a alors «salué respectueusement le président en exercice de la Conférence des chefs d’État pour son engagement sans faille à l’intégration régionale et aussi pour sa détermination à éradiquer la pandémie». Dans la foulée, le responsable communautaire a également invité les États membres à «l’accélération et au renforcement du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac)», indique le communiqué final.

    Sur la question du financement de la Communauté, on retient du Conseil qu’il «a pris acte de la situation des nouveaux arriérés accumulés par les États membres et s’est dit préoccupé par la récurrence des dysfonctionnements du mécanisme de la TCI». Les ministres de la Cemac ont alors recommandé «de soumettre, dans les meilleurs délais, une réflexion sur la viabilité budgétaire des institutions communautaires; d’approfondir la réflexion sur les sources alternatives de financement et d’accélérer le processus de rationalisation de nos Communautés économiques régionales (CER)», fait également savoir le communiqué final. Mais le Conseil est allé plus loin.

    L’instance sous-régionale a demandé, s’agissant précisément de la libre circulation, que «toutes les entraves soient levées sur les corridors régionaux». Les ministres se sont également exprimés favorablement sur la suspension temporaire des critères de surveillance multilatérale, sur les propositions de nomination, sur le mécanisme d’alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques et sur l’itinérance sur les réseaux mobiles de communication ouverts au public. Et sur ce dernier point, le communiqué final précise que «le Conseil s’est félicité de cette décision qui participe de la densification de l’intégration des peuples au sein de la Cemac».

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

  • Mise en réseau du marché communautaire : À la veille de la table ronde de Bruxelles

    Mise en réseau du marché communautaire : À la veille de la table ronde de Bruxelles

    À la recherche de 2323 milliards FCFA pour la construction de 11 projets intégrateurs prioritaires, la Commission de la Cemac, le Comité de pilotage et le secrétariat permanent du Programme de réformes économiques et financières tenteront de lever cette somme à Bruxelles (Belgique) en décembre 2020, au cours d’une rencontre avec les investisseurs.

    Plusieurs partenaires démarchés ont exprimé des intérêts sur les projets intégrateurs prioritaires

    14 mois après la 2e session extraordinaire du Comité de pilotage du programme de réformes économiques et financières de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Pref-Cemac), la table ronde pour le financement des projets intégrateurs prioritaires est programmée. Elle se tiendra à Bruxelles (Belgique) au mois de décembre 2020. Les États membres de la Cemac, la commission et le Comité de pilotage (Copil) tenteront de lever 2 322 940 524FCFA. Il s’agit de 85,88% du montant du coût global. 5 projets ont trouvé des financements partiels qui représentent dans l’enveloppe 14,42% en valeur relative et 391 milliards FCFA en valeur absolue.

    Situation
    Les 11 projets intégrateurs prioritaires sont évalués à plus de 2714 milliards FCFA. C’est moins 110 milliards FCFA du montant initial retenu à Yaoundé (Cameroun) en octobre 2019 lors de leur adoption par la 2e session extraordinaire du Copil Pref-Cemac. En effet, au terme de plusieurs réunions du comité technique d’organisation, plusieurs projets ont été revus en intégrant certaines réalités géographiques et sociologiques. Au niveau technique, deux projets ont été jumelés à savoir le corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena et la route Mbaikoro-Benja-Bekoninga-Frontière RCA (devenue composante).

    Ainsi, on est passé de 12 projets en octobre 2019 à 11 projets en juillet 2020. L’impact financier de cette réécriture des fiches de projets est la revue à la baisse de 3,75%, passant de 2820 milliards FCFA en octobre 2019 à 2714 milliards FCFA en juillet 2020. Le comité technique d’organisation est constitué d’experts de la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), la Commission de la Cemac, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) et du Pref-Cemac.

    La Banque africaine de développement (Bad) a été désignée comme chef de file dans la mobilisation des fonds. Sa signature s’est avérée jusqu’ici très importante dans la crédibilisation. La Bad a recruté un cabinet pour la communication coorporate sur les projets et la table ronde.

    Stratégie de porte-à-porte
    La table ronde est l’ultime étape d’une campagne de recherche et de mobilisation déployée depuis octobre 2019. Les autorités communautaires ont déroulé une stratégie de porte-à-porte. Plusieurs missions de présentation de projets aux partenaires techniques et financiers (PTF) ont été menées. Une délégation de haut niveau de la Cemac s’est rendue auprès des PTF (Agence française de développement à Paris, Banque islamique de développement à Djeddah, Dubai Port World et Millenium Finance Coorporation à Dubai, et The Private Office of Sheikh’ Saeed Bin Ahmed Al Maktoum) entre le 12 et le 20 janvier 2020. Il s’agissait de rechercher et de mobiliser les financements des projets intégrateurs prioritaires, avec pour output l’intérêt des partenaires démarchés.

    La Commission de la Cemac, le Pref-Cemac et les ministres ont, au cours des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, tenues à Washington du 14 au 20 octobre 2019, eu des échanges avec les partenaires techniques et financiers sur les projets intégrateurs. Le président du Copil a adressé des correspondances à certains partenaires, annonçant la mission du 13-22 janvier 2020. Ces correspondances annonçaient la présentation des projets en vue de solliciter l’appui financier et technique devant permettre la réalisation. Les représentants des bailleurs et des PTF accrédités à Brazzaville (Congo) ont tous été sensibilisés sur les besoins de financements nécessaires pour l’exécution des projets intégrateurs.

    Mobilisation interne
    Au plan interne, des ressources devront également être mobilisées. Dans cette perspective, les Etats ont été invités à affecter des ressources conséquentes aux projets intégrateurs inscrits dans le budget des États dans le cadre de leurs programmes nationaux de développement. La BDEAC et le Fonds de développement de la communauté (Fodec) ont également été mis à contribution.

    À ce jour, des dispositions ont été prises par la BDEAC, notamment la traduction en anglais des fiches de projets intégrateurs. L’institution sous régionale de financement du développement a intéressé plusieurs de ses partenaires au financement multiforme des projets prioritaires du PER. Il s’agit principalement de la Banque européenne d’investissement (BEI), de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), d’Africa Finance Corporation (AFC), de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), de la Banque indonésienne d’import-export, de la Banque sud-africaine de développement et de la Banque thaïlandaise d’import-export.

     

    Les discussions devraient se poursuivre au cours de l’exercice 2020 pour identifier les projets susceptibles d’être financés par ces partenaires, ainsi que les mécanismes d’intervention. La BDEAC a également pris part à la mission de haut niveau de la Cemac qui s’est rendue auprès de l’AFD, de la BID et de diverses institutions financières à Dubai, du 12 au 20 janvier 2020.

    Enjeux
    Le marché communautaire de la Cemac est morcelé. Les pays ne sont pas optimalement interconnectés entre eux. Le réseau routier transfrontalier est très peu opérationnel. Les projets intégrateurs prioritaires construits sur la période 2021-2025 constituent une réponse. Le bitumage des corridors apportera des gains de temps et de coûts et va augmenter le volume du trafic passager et des marchandises entre les États membres. Ces avancées vont doper de plus de 20% les échanges commerciaux au sein de la Cemac, à en croire la note conceptuelle de la table ronde.

    Plus loin, il y a lieu de souligner la fluidification du transport des marchandises entre les ports maritimes congestionnés et les grands centres de consommation enclavés comme N’Djamena et Bangui; la fourniture d’une énergie stable, bon marché et accessible aux habitants de la zone Cemac. Cinq-millions de personnes supplémentaires auront accès à l’électricité grâce à une production électrique plus importante et mieux partagée.

    Les projets intégrateurs sont divisés en 4 axes de contribution: facilitation du transport et des échanges; production et interconnexion des réseaux électriques et de communications; marché commun et diversification économique; capital humain.

    Remy Biniou

    Présentation des onze (11) projets intégrateurs à financer

    Axe N° 1: Facilitation du transport et des échanges

    Construction d’un pont sur le fleuve Ntem et facilitation du transport et de la sécurité routière sur la route transnationale Kribi-Campo-Bata reliant le Cameroun et la Guinée Équatoriale;

    Construction de la voie express Lolabé-Campo (40 km) entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale;

    Construction des tronçons manquants (179 km) de la route Ndende-Dolisie du corridor Libreville-Brazzaville;

    Construction de la route Kogo-Akurenam (Sud-Est Guinée Équatoriale-Gabon);

    Corridor Brazzaville- Ouesso-Bangui-Ndjamena (Congo/RCA/Tchad), dont la route Mbaikoro-Benja-Bekoninga-Frontière RCA constitue une des composantes.

    Axe N°2: production et interconnexion des réseaux électriques et de communications

    Aménagement hydroélectrique de Chollet et des lignes électriques (Cameroun/ Congo/ Gabon/RCA);

    Interconnexion des réseaux électriques (Cameroun-Tchad);

    Interconnexion du Cameroun avec les pays de la Cemac par la fibre optique.

    Axe N°3: Marché commun et diversification économique

    Construction du port sec de Beloko (Corridor Douala-Bangui);

    Construction du port sec de Dolisie (Corridor Gabon-Congo).

    Axe N°4: Capital humain
    Université inter-État (Cameroun-Congo).

  • Un plan communautaire pour relancer l’économie en zone Cemac

    Un plan communautaire pour relancer l’économie en zone Cemac

    La Cellule de suivi du Programme des réformes économiques et financières en zone Cemac (Pref-Cemac) s’est réunie le 22 juillet dernier par visioconférence.

     

    C’était dans la perspective d’envisager les voies et moyens de relancer les économies de la sous-région Afrique centrale en proie à une crise sanitaire. Au cours de la 11ème session ordinaire tenue mercredi dernier, plusieurs pistes ont alors été explorées. Mais c’est finalement le Plan communautaire de relance 2021-2024 qui a été identifié et retenu comme le principal levier à actionner pour parvenir au résultat escompté.

    En réalité, l’option prise par la Cellule de suivi du Pref-Cemac repose sur une simple constatation. Pour cette instance communautaire comme pour plusieurs observateurs, «la situation en Afrique centrale est marquée par une baisse des recettes budgétaires, une baisse des financements extérieurs, une perturbation des échanges intracommunautaires, une fragilisation de la stabilité externe et financière, un risque de montée des tensions inflationnistes, des pertes d’emploi, la baisse de la consommation privée et la paupérisation». Le Plan communautaire de relance 2021-2024 apparaît dès lors comme une réponse nécessaire et permettant de minimiser les effets de la pandémie de Covid-19 sur les économies de la sous-région. 

    À travers le plan triennal ainsi adopté, la Cellule de suivi du Pref-Cemac entend de façon concrète «augmenter les crédits affectés aux dépenses sanitaires en vue du renforcement des moyens de lutte contre le Covid-19, réallouer les fonds affectés aux dépenses non prioritaires vers le renforcement du système de santé, mobiliser des institutions financières sous-régionales en vue de l’accroissement des ressources budgétaires des États, et soutenir les entreprises», a fait savoir Antoine Ngakeni, le président de la Cellule.

    Sous l’impulsion du responsable communautaire, l’instance sous-régionale dédiée au suivi du programme des réformes en zone Cemac a en outre pris des engagements. Il s’agira alors pour la Cellule de suivi de veiller à «l’accélération des réformes structurelles pour une croissance durable, soutenable et plus inclusive, à la transformation locale des ressources naturelles, au parachèvement de l’intégration régionale et à la construction d’un véritable marché commun, entre autres pistes », ont indiqué certains participants aux travaux.

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

  • Covid-19 & les agendas internationaux de développement: sortie de piste ?

    Covid-19 & les agendas internationaux de développement: sortie de piste ?

    Le Cameroun, l’Afrique et le Monde dans la tourmente de la pandémie , face aux engagements des agendas 2030 et 2063.

    Premier tableau: comme une prophétie

    Une image valant mille mots, j’invite le lecteur à découvrir la première de couverture de cet ouvrage de Martin Jacques1, publié, en 1ère édition en 2009 au Royaume Uni, aux éditions Penguin Books Ltd. La seconde édition revue et augmentée a été publiée chez le même éditeur en 2012. L’ouvrage comporte 812 pages dont 90 pages de notes, 48 pages de bibliographie sélective 30 pages indexes.

    Ces détails sont évoqués pour illustrer par eux seuls, la densité de l’ouvrage et la richesse de ses références et sources d’analyses , pour produire cette œuvre visionnaire, aux allures prophétiques! Il y a de cela plus de 10 ans !

    À titre personnel, je suis emballé par le titre et j’achète le booking dans un duty-free du Moyen-Orient en 2018, de retour du second forum mondial des données (United Nations World Data Forum 2). Je l’avais lu et rangé. Au gré de l’actualité sur la pandémie et ses ramifications, officielles et non-officielles, avérées ou non, évidentes ou implicites, je l’ai repris et relu.

    Sans prétention de vous en faire un résumé, je voudrais simplement vous inviter à le découvrir par une lecture immergée, si l’occasion vous est donnée. Vous aurez ainsi l’opportunité de faire un voyage dans la lointaine histoire de l’empire de Chine depuis – 800 avant Jésus Christ, jusqu’à nos jours. L’un des vecteurs clé étant la place de la culture pour comprendre l’évolution de ce pays-continent, en passe de devenir la première puissance du monde.

    Ce voyage vous démontre aussi au cours des siècles, le basculement des centres mondiaux de pouvoirs (compris ici comme PUISSANCE) de l’Europe vers l’Amérique, et depuis peu vers l’Asie avec pour chef de file la Chine. Les analyses prospectives de l’auteur situaient le basculement effectif vers 2025 et de manière définitive vers 2050, avec en plus de la Chine, l’Inde comme seconde puissance mondiale.

     

    A observer les événements autour de la pandémie du covid-19, en sommes-nous si éloignés ?

    Deuxième tableau : comme un glissement , les sept péchés capitaux

    En 1995, le réalisateur américain David Fincher,sortait un film2 au titre évocateur, SEVEN2, comme les sept (07) péchés capitaux3 selon la catéchèse de la religion chrétienne. Un péché capital est considéré comme un qui est à la base d’autres péchés. Ce sont donc ces vices qui génèrent tous les autres 4.

    Et de tous, le péché de l’orgueil est celui qui semble en premier, avoir emporté le monde occidental. En voulant se passer pour le maître du monde, les Européens ont inventé le commerce triangulaire et la colonisation. Les conséquences sont encore perceptibles aujourd’hui notamment en Afrique.

    Après les deux guerres mondiales de la première moitié du 20e siècle, l’Occident a structurellement changé le modèle économique à partir des théories capitalistiques fondées sur la recherche du profit (y compris à tous les prix). Le facteur humain a progressivement été remplacé par la mécanique, puis la robotique et désormais nous sommes à l’ère de l’intelligence artificielle (IA) .

    Le second péché capital imputable à l’Occident est certainement celui de la luxure, la recherche illimitée du plaisir. Car en délaissant l’activité de production (moins rentable et trop pénible) au profit de la spéculation financière (plus rentable à court terme et sans effort), les occidentaux ont inventé un autre concept plus vendeur : la mondialisation ou le village planétaire. Ce concept entraîne de manière sibylline, celui de délocalisation qui lui, comporte en arrière-plan l’idée de sous-traitance, et manière subliminale, celle de domination. Nous sommes dans un même village certes, mais avec des rôles différents :

    – L’Afrique continue d’être la pourvoyeuse des matières premières,

    – L’Asie est consacrée comme l’usine du monde (grâce à une main d’œuvre qualifiée et moins chère) à qui l’on a transféré les technologies par le biais des délocalisations

    – L’Occident, s’installe comme maître du monde, se contentant de la spéculation financière5 et, après avoir gagné beaucoup d’argent sans effort, s’adonnera sans limites aux jeux et aux loisirs 6, en se procurant du plaisir!

    Résultat des courses: l’Asie a récupéré tous les savoirs technologiques et s’en est émancipée à partir de la Chine, puis de l’Inde avec en plus l’argument du nombre7. La conscience africaine, quant à elle s’éveille de plus en plus, avec une certitude que d’ici 2050, les choses ne seront plus les mêmes et le continent aura son mot à dire autour de la table, qu’il soit invité ou non, sa voix elle, sera entendue

    Au-delà des convictions religieuses sur la notion de péché , une des leçons évidentes à tirer de la pandémie du covid19 est le nécessaire bémol imposé à la velléité suprématiste de l’homme sur la nature d’une part , et celle de l’occident sur le reste du monde d’autre part .

    Au fait, la dialectique du maître et de l’esclave : s’en souvient-on ?

    Troisième tableau : la scène comme une chute et une sortie de piste

    Au niveau national, et de manière globale, le Cameroun a réalisé un objectif sur 08 dans le cadre de l’agenda 2015 des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), et près de 03 cibles sur 20. Ce qui a amené le pays à reconduire les OMD à l’échéance 2020. Et nous sommes en 2020. À l’observation des évolutions des choses, les chances d’honorer cet engagement ne semblent pas être réunies.

    Parallèlement, le pays s’est engagé dans le nouvel agenda 2030 des objectifs de développement durable (ODD). Ainsi, à l’instar des 194 pays du monde, le Cameroun a ratifié en septembre 2015 au siège des Nations Unies à New York, par son Chef de l’État, l’Agenda mondial de développement durable à l’horizon 2030. Ce dernier comporte 17 objectifs, déclinés en 169 cibles. Une panoplie de 230 indicateurs permet le suivi. Le point zéro est marqué symboliquement au 01/01/2016.

    Ledit agenda de développement est bâti sur 03 piliers : la croissance économique durable, l’inclusion sociale et la préservation de l’environnement pour ne pas compromettre les générations futures. Le mot d’ordre étant de ne laisser personnes en marge . Il n’est pas superflu de rappeler que ce nouvel agenda fait de manière implicite le procès des résultats mitigés de l’agenda du millénaire, voire de son échec.

    Rendu à la dernière année du premier tiers du parcours, l’Agenda 2030 fait face à un choc dont l’ampleur et la violence sont inédites et ne rentrent dans aucun scénario prévisible, même pas les plus pessimistes. Une crise sanitaire mondiale qui emporte avec elle une crise économique et sociétale (sociale ?) que le monde n’a pas expérimentée depuis un siècle.

    Du fait de l’interconnexion des économies par la mondialisation, la crise économique risque être plus terrible que celle de 1929. La crise financière de 2008 par exemple, ayant été circonscrite et maîtrisée dans son périmètre et ses effets diffus.

    Plus que les catastrophes naturelles et toutes les guerres, le Cvovid-19 surprend et inquiète par son caractère soudain, non prévisible et à large spectre planétaire. Les guerres et les tsunamis sont localisés en un temps et un lieu à la fois. Le Covid-19, non !

    Tous les pays sont concernés et touchés en même temps, ce qui rend l’assistance et la solidarité difficiles entre les États. Chacun devant d’abord balayé devant sa porte, et ce, conformément au principe empirique de sauvetage en cas de danger (en avion par exemple) qui recommande de se mettre soi-même en sécurité avant de penser s’occuper des autres.

    Par ses manifestations et ses effets, le Covid-19 met à mal les agendas de développement au niveau national, régional et mondial.

    A. La recherche d’une croissance économique durable fortement déstabilisée et compromise. La croissance économique au Cameroun au cours des 10 dernières années n’a pas été au rendez-vous des prévisions du DSCE. Le pays a performé largement en dessous des 7% de moyenne annuelle escomptée sur la période de la stratégie pour la croissance et l’emploi, sensée marquer la première phase (décennale) vers la vision vers un pays émergent en 2035. Plusieurs raisons (objectives) sont évoquées : la crise sécuritaire dans les régions septentrionales du pays avec le phénomène Boko Haram, la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, (NOSO) transformée en crise sécessionniste ;

    l’afflux des réfugiés centrafricains, etc. À cela, s’est ajoutée la crise des dévies en 2016 dans la zone CEMAC, conduisant l’ensemble des pays à un programme de réformes économiques sous la tutelle du FMI et d’autres partenaires 8.

    En plus des raisons dites objectives, il est de notre devoir de reconnaître les faiblesses de notre modèle économique essentiellement extraverti avec une balance commerciale structurellement déficitaire depuis plus d’une décennie, la faible compétitivité de l’économie camerounaise 9 (voir les classements des agences de notation) auxquelles s’ajoute la mal gouvernance notamment dans le secteur public avec son corollaire qu’est la corruption. Tout cet environnement n’était pas déjà très propice à une reprise de la croissance dans le pays et la sous-région.

    Par ses effets mécaniques, la crise du Covid19 plombe la demande économique dans le monde, entraînant de facto une sortie de piste du sentier de croissance estimé pour l’ensemble des pays de la CEMAC dont la plupart sont exportateurs de pétrole. Le pilier de croissance économique pour le Cameroun pour réaliser les ODD se retrouve sérieusement hypothéqué et fragilisé. La même tendance est projetée sur l’ensemble des pays de la CEAMC / CEEAC.

    Au niveau régional, la Banque Mondiale entrevoyait (au 10 avril 2020) que la pandémie va entrainer l’Afrique subsaharienne vers sa première récession économique depuis 25 ans. La Banque africaine de développement (BAD) estime entre -0,8 et -1,1% le taux de croissance en 2020 contre une prévision initiale de +3,4 % pour toute la région Afrique.

    Au niveau mondial, toutes les institutions économiques et financières estiment que la crise économique provoquée par la pandémie sera d’une ampleur inégalée depuis un siècle.

    C’est le cas du FMI qui prévoit qu’elle sera plus grave que celle de 1929/1930. L’OCDE et le G20 la voient plus sévère que celle de 2008. C’est donc vers une récession grave que la pandémie entraîne le monde qui pourtant pariait déjà vers une économie stabilisée et que l’Agenda 2030 voulait durable. Que NON !
    Le Covid19 créé donc une sérieuse menace à la croissance économique mondiale et au sein des Etats, une véritable entorse vers les ODD en 2030.

    B. Un environnement préservé (pour ne pas hypothéquer les générations futures) malgré tout

    De manière directe jusque-là, le Covid19 agit sur l’être humain et n’a pas d’emprise immédiate sur l’environnement, les animaux et la nature semblent exemptés. Et il est démontré que les mesures barrières préconisées vont dans le sens de préserver un environnement sain pour éviter de propager la pandémie. En effet, le confinement produit de façon involontaire une sorte de « jachère », de pause par rapport aux « agressions » de l’homme sur l’environnement.

    Toutefois, de manière indirecte, les effets de la crise économique vont certainement avoir des répercussions sur le financement des projets liés à la préservation de l’environnement, des écosystèmes et des changements climatiques.

    En un mot de manière globale, le pilier Environnement n’est pas une victime immédiate et directe, mais pourrait pâtir des effets collatéraux de la pandémie.

    C. L’inclusion sociale (vecteur du no one behind) mise à mal par la pandémie

    L’Agenda 2030 avait pour ambition de réduire les inégalités sociales et de donner la chance à tous et à chacun d’avoir droit au bien-être et à l’épanouissement.

    Le Covid19 est venu remettre en question un fondement essentiel de notre humanité : le vivre ensemble. L’homme est un être communautaire. Or avec la pandémie, la distanciation devient la vertu. Ne pas rendre visite aux parents et amis est recommandé comme un signe d’amour à leur endroit. Un petit virus met en cage les humains et le monde entier. Alors que l’air, la terre, l’eau et le feu n’ont pas de soucis à se faire.

    Personne n’est à l’abri. Pour cette fois, tous les humains semblent se retrouver dans le même bateau sans séparation de classe. Et tous ont (eu) peur. Par instinct de survie, les gouvernements ont opté de recommander le confinement au plan individuel et collectif. La fermeture des frontières du territoire politique/administratif et économique en est la matérialisation au sein de chaque État.

    Certains faits vécus et les conséquences subis par certaines populations ont bousculé, à
    défaut de détruire à moyen terme, les bases de l’inclusion sociale.

    – L’arrêt des activités a mis au chômage des millions d’employés, créant plus d’exclus de manière subite, du fait de la précarité et de la pauvreté ;

    – Des actes de stigmatisation et de xénophobie de certaines couches de la population,
    notamment les migrants dans certains pays ;

    – La sensibilité très prononcée de la maladie par rapport aux personnes âgées à fait de ce groupe d’âge le plus vulnérable ; etc.

    Ces attitudes et comportements vont-ils perdurer après la crise ? Les inégalités ne vont-elles pas s’aggraver si l’on n’en tire pas des leçons profondes au plan individuel et collectif ?
    L’inclusion sociale reste un idéal à consolider. Mais l’épreuve du Covid19, a montré des failles qu’il va falloir plâtrer si on veut poursuivre l’aventure des Objectifs de Développement Durable.

    Au sortir de la présente pandémie et des dégâts directs et collatéraux subis, les agendas internationaux de développement lui survivront-ils ? Le monde est-il sorti de piste (off track) par rapport à l’agenda 2030 ? Et l’Afrique en rapport avec ses aspirations à l’horizon 2063 dont les 10 premières années (FTYIP) s’achèvent en 2023 ?

    Dernier tableau , en guise de conclusion : sommes-nous toujours sur les rails ?

    Comme nous l’avons vu plus haut, l’agenda du millénaire qui a donné lieu à l’adoption en l’an 2000, d’un ambitieux programme de développement dit des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) avait été conçu pour 15 ans. Avec cette initiative, l’Organisation des Nations Unies (ONU) entendait redorer son blason d’instance faîtière internationale pour un monde meilleur. Anticipant sur des résultats mitigés à l’échéance – ce qui ne sera pas démenti par la suite -, il a été convenu d’un nouvel agenda pour prendre le relais après 2015. Il sera baptisé agenda des Objectifs de Développement Durable, également conçu pour 15 ans et qui devrait arriver à terme en 2030. Sur le plan conceptuel, ce dernier a été bâti pour corriger les manquements, les erreurs et les lacunes du précédent.

    A peine 05 années de mise en œuvre, i;e. au premier tiers du parcours, les cinq « P » de l’agenda sont fortement menacés pour hypothéquer les résultats escomptés à terme.

    (i) Le PARTENARIAT mondial est fortement remis en cause à l’épreuve de la pandémie et mérite d’être repensé si on veut poursuivre l’aventure des ODD.

    (ii) La PROSPERITE mondiale se trouve fortement érodée à cause de cette pandémie , au point où certaines estimations parlent de 10 années10 de recul. La pauvreté, le chômage massif, la précarité et toutes les autres pesanteurs négatives n’ont jamais été aussi en vue depuis un siècle.

    (iii) Les Populations auront été menacées et terrifiées comme jamais depuis un siècle. La mort et la panique ont sévi et marqué de leurs empreintes, tous les pays du monde de manière simultanée. La peur a pris le dessus et a été omniprésente pendant près de trois mois. Les PEUPLES ont senti et expérimenté l’insécurité, ils ont palpé le danger!

    (iv) Dès lors, si la PAIX n’est pas seulement l’absence de guerre, mais aussi et surtout une garantie de sécurité et de sûreté, on peut bien constater que la paix mondiale a été fragilisée et menacée. Face à un ennemi invisible, les États se sont confinés, déclarant l’état d’urgence sanitaire en prenant les mesures d’exception. Le monde fut en guerre. Une guerre sournoise et non circonscrite.

    (v) Dans ce tumulte et cette incertitude, seule la PLANETE semble demeurer le seul recours, la seule source d’espoir d’être certains que nous gardons le cap. Nous avons la possibilité de nous remettre en piste ou sur les rails, à condition que l’HUMANITE comprenne le message envoyé par dame NATURE. L’Homme doit respecter la Nature, et revenir à l’Essentiel, à ce qui est utile et non superflu.

    Au vu de ces éléments d’analyse ci-dessus, il appairait désormais urgent et hautement prioritaire de lancer un appel mondial à garder le cap vers l’idéal projeté et toute la philosophie à la base pour parvenir à un monde meilleur dans le cadre de cet Agenda, avec moins d’inégalités et sans compromettre les générations futures. Pour cela, il conviendra de :

    1) Être lucides et humbles pour constater et admettre que le monde entier a dérapé, les humains sont tombés de cheval, qu’ à l’instar du cycliste, le monde a fait une chute doublée d’une sortie de piste, mais que ce n’est pas la fin de la course !

    2) Prendre acte que l’expérience est la somme des échecs, et s’engager à sortir de cette dernière -celle du Covid19- pour se relever. Se remettre en selle, et reprendre la route du développement durable et continuer. C’est cette aptitude et cette capacité de s’amender qui exaltera la grandeur de l’espèce humaine, face aux autres. Repartir cependant avec une tête froide et des objectifs ajustés et réalistes.

    3) Se remettre en cause. Pour cela, des assises échelonnées en cascades ( selon le modèle consensuel Bottom-Up, qui a prévalu lors des négociations de l’Agenda 2030) devraient être organisées. D’abord au sein des États, puis des sous régions (les 05 en Afrique), ensuite dans les 05 régions du monde et enfin au niveau global des Nations Unies afin de revisiter cet agenda.

    Examiner et comprendre ce qui n’a pas marché. On pourrait alors aboutir à un ajustement idéologique et stratégique pour articuler un nouveau partenariat à visage plus humaniste, pour la prospérité des peuples , dans la paix tout en respectant la planète!

    Le temps du nouvel ordre mondial est certainement venu, mais avec des orientations moins hégémoniques et capitalistiques.

    Tout comme la solution médicale, qui semble prendre racine en Afrique, le Cameroun pourrait porter la proposition idéologique et politique.

    Le Président de la République pourrait saisir l’occasion pour lancer le message et l’appel à la communauté internationale lors de la fête nationale de l’Unité, le 20 mai prochain, en l’absence des festivités.
    La solennité s’y prête.

    Le temps est favorable !
    Barnabé OKOUDA

    © camercap-parc 07/05/2020.

    okoudabarne@gmail.com

    okoudabarnabe@camercap-parc.org

     

     

    1 Enseignant à la London School of Economics, et Professeur visiteur dans diverses universités du monde, notamment en Asie et en Amérique du Nord.

    2 SEVEN, avec Brad Pitt, Morgan Freeman et d’autres acteurs de renom.

    3 Les 07 péchés capitaux sont : l’orgueil, la luxure , la gourmandise, la paresse, l’envie, la colère, l’avarice

    4 Cf. Catéchèse de l’Eglise catholique.

    5 Les principales places boursières du monde:New-York , Londres , Paris , Tokyo , Frankfort, etc. , y ont leur siège.

    6 Les championnats sportifs les plus médiatisés du monde , le cinéma ,les lotos et paris divers , les casinos , et les palaces , etc. sont devenus des référents du monde occidental où l’on gagne plus , et encore plus d’argent!

    Las Vegas (650 mille habitants), au Nevada (USA), en plein désert est l’une des premières destinations touristiques du monde, avec + 125 mille chambres d’hôtels. La ville accueille 40 millions de visiteurs par an et son une économie repose essentiellement sur le tourisme et les loisirs .

    7 En ajoutant l’Indonésie et le Pakistan, les 04 pays font plus de 3,3 milliards d’habitants, soit la moitié de la population mondiale (01/01/2020).

    8 Voir à ce sujet toute la documentation ayant conduit à la mise en place du PREF/CEMAC.

    9 Voir les classements des agences de notation : DB/FR/S&P/CPIA, etc.

    10 https://www.oxfam.org/fr/communiques-presse/un-demi-milliard-de-personnes-pourraient- basculer-dans-la-pauvrete-cause-du

  • Dévaluation du FCFA : Le FMI et la Banque mondiale appelés au secours

    Dévaluation du FCFA : Le FMI et la Banque mondiale appelés au secours

    Afin d’éviter l’érosion des réserves monétaires extérieures et la fragilisation de la parité FCFA-Euro, les pays de la Cemac durement impactés par le Covid19 sollicitent les institutions de Bretton Woods.

    C’est l’un des principaux sujets de la session ordinaire du comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale, tenu ce 30 avril 2020 par visioconférence. Les pays de la Cemac invitent les partenaires financiers à les aider à maintenir un niveau de réserves monétaires extérieures satisfaisant pour éviter la dévaluation du Franc CFA. C’est l’objectif de la réunion tripartite qui a réuni, le 30 avril dernier par visioconférence, les ministres de l’Économie et des Finances des pays de la Cemac, les institutions communautaires, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (Bad).

    Le rapport de politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), publié en fin de semaine dernière, indique que le niveau de réserve extérieure des pays de la Cemac représente 3,2 mois d’importation. Il reste en deçà du niveau requis, c’est-à-dire 5 mois. Dans son rapport, la BEAC prévient que les besoins liés à la résilience face aux effets du Covid19 vont entrainer des pressions sur ces réserves.
    En cas d’érosion de celles-ci, en cette période d’improductivité due au coronavirus et en l’absence d’un soutien extérieur, une dévaluation de la monnaie commune pourrait être enclenchée. Le président du comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale et le ministre des Finances du Tchad confirment cette situation en ces termes: «bien qu’il soit difficile de prédire l’ampleur et la durée des effets de cette crise sanitaire mondiale, la tendance baissière des prix du pétrole qu’elle a engendrée pourrait accentuer les déséquilibres macroéconomiques et fragiliser la stabilité extérieure de la Cemac».

    Appui budgétaire
    L’option des pays de la Cemac demeure l’ajustement budgétaire au lieu de l’ajustement monétaire. Ainsi, les ministres des Finances et de l’Économie de la Cemac invitent le FMI, la Bad et la Banque mondiale à relever le niveau des appuis budgétaires. Ceci devra se faire dans le cadre des programmes existants. Pour formuler cette demande, les pays demandent à leur partenaire de «tenir compte des effets du double choc de la pandémie du Covid-19 et de l’effondrement des cours du pétrole» indique le ministre tchadien des Finances, Tahir Hamid Nguilin.

    Bien plus, les pays vont transmettre des mesures postpandémiques de résilience aux chocs extérieurs. Bretton Woods, la BAD et la Banque mondiale sont invités à les soutenir.

    Dette
    Pour contenir les impacts socioéconomiques de la crise sanitaire, les pays réitèrent leur appel en vue de l’annulation de la dette extérieure des pays d’Afrique. Cette idée a été évoquée pour la première fois le 28 mars à Brazzaville (Congo) lors de la 3e session du comité de pilotage du Programme de réformes économiques et financières (Pref Cemac).

    À ce jour, des correspondances officielles ont été adressées aux leaders des principales puissances telles que les États-Unis, la France, le Royaume uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, la Chine, la Russie, l’Inde, le Japon. Ces correspondances avaient plusieurs objectifs: solliciter la suspension, dans les meilleurs délais possible, des demandes de remboursements des crédits, y compris les intérêts; le lancement d’un processus de négociation portant sur le réaménagement et l’effacement de la dette multilatérale, bilatérale et privée; le décaissement d’une assistance financière rapide et conséquente, compte tenu de la situation particulière des pays de l’Afrique centrale qui en plus de la crise sanitaire et économique doit faire face à une crise sécuritaire.

    Les leaders politiques des grandes nations industrialisées ont réservé une réaction positive et rapide aux requêtes de la Cemac, qui rejoignent d’ailleurs celles formulées par d’autres institutions régionales africaines et de nombreux États sur le continent.

    Bobo Ousmanou

    La BEAC avoue ses limites

    Dans l’incapacité d’alimenter massivement les économies en argent, la banque centrale conseille de faire recours au fonds cumulé de riposte des institutions de Bretton Woods, estimé à 64 milliards dollars.

    Les pays de la Cemac ont besoin d’injection massive de liquidités (argent) pour faire face à la situation actuelle. La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) n’a pas les coudées franches pour assurer ce rôle. En réalité, les réserves monétaires extérieures de la zone économique n’atteignent pas un niveau satisfaisant. Seulement 3,27 mois d’importations de biens et services en fin 2019.

    Un stock «qui devrait par ailleurs se réduire du fait des pressions qui seraient exercées sur la position extérieure» selon la banque centrale dans son rapport de politique monétaire mars 2020. Elle se montre d’ailleurs plus précise, «tous les scénarios pessimistes effectués par les services de la BEAC prédisent un fort recul des réserves autour de 2 mois d’importations des biens et services, voire en deçà».

    Au regard de tout cela, la BEAC indique que ses «marges de manœuvre en matière de soutien à l’économie par des injections massives de liquidité sont limitées». D’où l’avertissement rigoureux adressé aux pays de la Cemac dans la dernière édition du rapport de politique monétaire: «si les pays de la Cemac ne luttent pas efficacement contre la pandémie du Covid19 pour en limiter les conséquences économiques et financières, la situation macroéconomique deviendra insoutenable».

    Plafond
    Pour venir en aide aux pays de la sous-région, la politique monétaire restrictive de la BEAC a été mise en veilleuse. Le comité de politique monétaire de la BEAC a décidé, le 27 mars 2020, d’assouplir certaines de ses mesures. Depuis ce jour-là, le taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) est passé de 3,50 à 3,25%. Les injections de liquidités ont été portées de 240 milliards FCFA à 500 milliards de FCFA. Le niveau pourrait encore être relevé en cas de besoin.

    Le gouvernement de la BEAC a envisagé: l’assouplissement des conditions d’émission des valeurs du Trésor (délais et calendriers d’émission); l’approvisionnement des banques en quantités et en qualité suffisante des signes monétaires; la notification aux instances compétentes de la proposition de rééchelonner d’un (01) an le remboursement du capital des crédits consolidés de la banque centrale sur les États; et l’invitation des fournisseurs des services de paiement à baisser les coûts des transactions de monnaie électronique et des moyens de paiement digitaux dans la Cemac.

    Bretton Woods à la rescousse
    La BEAC suggère aux États de trouver les liquidités auprès des institutions de Bretton Woods. Elle propose ainsi de solliciter l’appui financier de la Banque mondiale et du FMI qui ont mis sur pied des programmes de soutien aux pays en développement exposés à la crise du Covid-19, de respectivement 14 milliards et 50 milliards dollars.

    Bobo Ousmanou

     

    Décisions et Recomman-dations du CPM

    – Réviser à la baisse le Taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) de 50 points de base, soit de 3,50% à 3,25%;
    – Réviser à la baisse de 100 points de base le Taux de la facilité de prêt marginal de 6,00% à 5,00%;
    – Porter les injections de liquidité de 240 milliards FCFA à 500 milliards de FCFA, et se rendre disponible pour relever ce montant en cas de besoin;
    – Élargir la gamme des effets privés admis comme collatéraux des opérations de politique monétaire;
    – Revoir à la baisse les niveaux des décotes applicables aux effets publics et privés admis comme collatéraux pour les opérations de refinancement à la BEAC.

    Recommandations
    Pour les États de la CEMAC
    – Accélérer l’évaluation des effets de la pandémie du Covid-19 sur leurs perspectives économiques afin d’envisager, dans les meilleurs délais possible, les mesures budgétaires et financières appropriées, notamment pour identifier les mesures de soutien en faveur des entreprises qui seront affectées par la crise et aligner la gestion des finances publiques sur des prévisions actualisées et réalistes de recettes budgétaires;
    – Solliciter l’appui financier de la Banque Mondiale et du FMI qui ont mis sur pied des programmes de soutien aux pays en développement exposés à la crise du Covid-19 de respectivement 14 milliards et 50 milliards dollars.

    Pour les établissements de crédit
    – Approvisionner suffisamment leurs clients en signes monétaires, notamment en s’assurant de la disponibilité et du bon fonctionnement de leur réseau, y compris les DAB/GAB;
    – Garantir la fourniture de l’ensemble des services et renforcer les opérations des banques à distance;
    – Revoir à la baisse les conditions des banques.
    – Résilience face au Covid19

     

    ‘’La soutenabilité de la dette des pays de la Cemac nous préoccupe’’

    Abdoulaye Seck

    En effet, selon la dernière édition d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la Banque mondiale consacré à la conjoncture économique africaine, la pandémie de Covid-19 plonge l’Afrique subsaharienne dans sa première récession depuis 25 ans, avec des prévisions qui tablent sur un recul de la croissance à -5,1% en 2020, contre 2,4% en 2019.

    Le Représentant-Résident de la Banque mondiale/directeur des opérations au Cameroun jette un regard sur le pilotage de la riposte contre la pandémie du Covid-19 au Cameroun. En même temps, le Sénégalais analyse la posture des pays de la sous-région à l’heure de la crise sanitaire.

     

    Monsieur le représentant résident, la crise sanitaire du coronavirus touche votre pays d’accueil. Comment vous la vivez dans votre chair ici au Cameroun?
    Il s’agit d’une situation exceptionnelle, nouvelle et inconnue et pour laquelle, le monde entier doit apprendre à changer des habitudes avec ce que ça comporte de difficultés et d’appréhension.

    Nous devons donc tous vivre au rythme des mesures mises en place par le gouvernement, respecter les différentes mesures barrières pour qu’ensemble nous puissions faire barrage et stopper la propagation de ce virus.

    Quel est votre regard sur le train de mesures du gouvernement camerounais pour lutter contre cette pandémie?
    La situation que vit le monde actuellement est exceptionnelle et sans précédent. Nous découvrons tous les jours de nouvelles informations sur comment faire face à ce virus et par conséquent, les mesures que prennent les gouvernements sont à féliciter.

    Les différentes mesures prises par le gouvernement camerounais vont dans le même sens que ce qui est fait dans la plupart des pays. La mise en œuvre des mesures barrières: distanciation sociale, hygiène des mains, port du masque pour ne citer que celles-ci sont les principales mesures qui permettront de freiner la propagation de ce virus au sein de la population.

    Avec la reconduction des mesures édictées par le chef de l’État le 17 mars dernier, le gouvernement rassure sa population et montre que la bataille contre cette pandémie n’est pas encore terminée. Cette bataille ne pourra être gagnée que si tout le monde agit de façon citoyenne et respecte les mesures mises en place par le gouvernement.

    La Banque mondiale semble atone, au niveau du Cameroun, pour ce qui concerne la lutte contre le Covid-19. Est-ce une perception erronée de votre contribution?
    Comme vous le savez, le groupe Banque mondiale est une source essentielle d’appui financier et technique pour les pays en développement du monde entier.

    Des investissements dans un vaste éventail de secteurs: éducation, santé, administration publique, infrastructure, développement du secteur financier et du secteur privé, agriculture, gestion de l’environnement et des ressources naturelles, etc.

    Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le Cameroun a sollicité l’assistance et le soutien de la Banque mondiale dans le cadre de l’action du gouvernement pour la lutte contre la pandémie du Covid-19.
    Cette aide financière se manifestera de plusieurs façons:

    1. US $6,8 millions: La première réponse d’urgence a été mise à la disposition du gouvernement pour former les acteurs du système à la gestion de l’urgence et acheter des équipements médicaux, des tests kits, des équipements de protection, etc. dont les livraisons ont été effectuées courant du mois d’avril.

    2. US $29 millions: Ensuite, un projet d’urgence de plus grande ampleur est en préparation pour poursuivre l’accompagnement du programme du gouvernement afin de lutter contre la pandémie. Le projet est préparé utilisant la procédure expédiée spéciale pour la pandémie et entrera en vigueur, d’ici un mois.

    3. Et enfin, la Banque propose au gouvernement camerounais de restructurer le projet de filet social qui est en cours afin d’augmenter le montant des sommes versées directement à la population bénéficiaire pendant les 6 prochains mois (de mai à octobre 2020), ainsi que d’appuyer des activités associées à la distanciation sociale.

    Les effets de cette crise sanitaire mondiale entrainent l’Afrique subsaharienne vers une récession qu’elle n’a plus connue depuis plus de 25 ans. La Banque mondiale a disponibilisé un soutien financier de 160 milliards dollars pour les 15 prochains mois. Quels sont les secteurs prioritaires de ces financements?
    En effet, selon la dernière édition d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la Banque mondiale consacré à la conjoncture économique africaine, la pandémie de Covid-19 plonge l’Afrique subsaharienne dans sa première récession depuis 25 ans, avec des prévisions qui tablent sur un recul de la croissance à -5,1% en 2020, contre 2,4% en 2019.

    Le groupe de la Banque mondiale prend des mesures rapides et de grandes envergures en vue d’aider les pays en développement à renforcer leur action contre la pandémie et à améliorer la veille sanitaire et les interventions de santé publique, tout en soutenant le secteur privé pour permettre aux entreprises de poursuivre leurs activités et maintenir les emplois. Il prévoit d’apporter jusqu’à 160 milliards dollars de financements au cours des 15 prochains mois, afin d’aider les pays à protéger les populations pauvres et vulnérables, soutenir les entreprises et favoriser le redressement de l’économie. Les secteurs ciblés par ces financements seront identifiés par chacun des pays.

    La situation actuelle remet au gout du jour, au mieux l’insuffisance des filets sociaux, au pire l’inexistence des filets. La Banque mondiale est le principal partenaire de l’État du Cameroun dans la réalisation de ce projet. Pensez-vous que le travail entrepris jusqu’ici soit de nature à garantir la résilience socio – économique du Cameroun?
    En effet, le projet de filets sociaux mis en œuvre vient en aide aux plus démunis et aux plus vulnérables dans certaines villes du Cameroun. Parmi les prochaines étapes, nous mobiliserons 20 millions dollars US dudit projet pour étendre la couverture des transferts monétaires en utilisant des procédures d’urgence. Nous allons également, aider à sa modernisation par l’expansion de moyens technologiques adaptés. Enfin, dans le cadre de la reprise, nous nous attacherons à appuyer le gouvernement à travers un programme modernisé de protection sociale et de génération de revenus et d’emplois pour les plus touchés par la crise.

    Les pays de l’Afrique centrale, qui constituent votre portefeuille régional, recourent à la dette pour financer la riposte actuelle contre le coronavirus. Pourtant, personne ne sait avec exactitude la date de fin de cette crise sanitaire. Le choix des pays de la CEMAC ne dessine-t-il pas l’avènement d’une nouvelle crise de la dette?
    Votre question est très pertinente. Elle me donne l’occasion de préciser que le soutien de la Banque mondiale à ses pays clients affectés par la pandémie du Covid-19 est multiforme. Elle comprend des financements concessionnels, des conseils et de l’assistance technique pour les aider à faire face aux impacts sanitaires et économiques de la pandémie.

    Par ailleurs, permettez-moi de vous rappeler que le 25 mars dernier, le Président du Groupe de la Banque mondiale et la Directrice du Fonds monétaire international (FMI); dans un élan de solidarité internationale, ont conjointement appelé les créanciers bilatéraux publics à suspendre immédiatement le remboursement de la dette des pays les plus pauvres. Comme vous le savez, cet appel a été entendu. Le 15 avril, le G20 a décidé de suspendre provisoirement le service de la dette des pays les plus pauvres, à compter du 1er mai et jusqu’à la fin de l’année 2020. Cette mesure d’allègement de la dette permettra aux pays bénéficiaires de générer de l’espace budgétaire pour mieux lutter contre la pandémie. La mesure concerne 25 pays africains, dont quatre membres sur six de la sous-région Cemac.

    S’agissant de la soutenabilité de la dette des pays de la Cemac, je tiens à vous rassurer, elle nous préoccupe également. C’est pourquoi nous avons décidé de réviser notre politique en matière d’emprunts non concessionnels à compter du 1er juillet 2020 pour les pays IDA. L’objectif de cette nouvelle politique est d’inciter les pays à emprunter à des conditions viables et à promouvoir la coordination des actions entreprises par l’IDA et les autres créanciers pour appuyer les efforts déployés par les pays.

    Cette nouvelle politique reposera sur deux piliers: (1) le Programme de renforcement de la viabilité de la dette (DSEP) qui fournira des incitations aux pays pour les amener à adopter des politiques publiques visant à réduire leur vulnérabilité à la dette; et (2) le Programme de sensibilisation des créanciers (PCO) pour faciliter le partage d’informations, le dialogue et la coordination entre les créanciers et contribuer à gérer les risques associés à la dette en s’appuyant sur la plateforme mondiale et le rôle mobilisateur de l’IDA. Les discussions entre mes équipes et les autorités camerounaises pour la mise en œuvre de cette nouvelle politique ont débuté et vont bon train.

    Interview réalisée par
    Thierry Ndong

  • Traitement du coronavirus : Le Cameroun comme Madagascar

    Traitement du coronavirus : Le Cameroun comme Madagascar

    Monseigneur Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala, présente une solution à partir de la pharmacopée traditionnelle qui soulage les malades du Covid-19.

     

    « Je connaissais déjà les plantes selon les symptômes du coronavirus, j’ai tout simplement mis sur pied toutes les recettes… Je les ai appliquées aux personnes malades et elles sont soulagées». Voici la déclaration qui redonne espoir à plus d’un Camerounais victime du Covid-19. Elle a été faite le 25 avril 2020, à la radio nationale (Crtv – Poste national) par Monseigneur Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala.

    Tel que présenté par le fervent serviteur de Dieu, le traitement est à base de plantes naturelles. Et il a le mérite de soulager les personnes attaquées par le dévastateur virus. L’herboriste en est certain. « Si des personnes sont infectées, on leur donne le produit. Au bout d’un certain temps, si elles se portent bien, on fait de nouveau le test pour voir si le virus est mort ou pas. C’est à ce moment-là qu’on en a la confirmation », confie le prince de l’Église catholique, ordonné prêtre le 9 mars 1986 dans le diocèse de Yagoua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun.

    Le natif de Golompwi dans le département du Mayo-Danay, en pays Toupouri, affirme avoir guéri quelques patients du Covid-19. « Ce qui me plait, c’est que les gens qui prennent ce produit se portent bien », a-t-il déclaré au cours du journal de 20 h à la radio nationale.

    Soulagement
    La déclaration de l’archevêque suscite plusieurs réactions favorables. Au quartier «Carrière  à Yaoundé, c’est la satisfaction. «Bravo! C’est vraiment un homme de Dieu», déclare Mathieu, assis derrière son petit commerce. Son voisin renchérit: «Enfin, le confinement va prendre fin !». Et d’ajouter, «si le remède soigne, il faut qu’on l’administre aux patients en souffrance dans nos hôpitaux».

    Son empressement est stoppé net par une voix qui va lui rappeler quelques préalables. Avec de grands airs d’un intellectuel avisé, Alain, titulaire d’une licence en philosophie, explique: «pour qu’on donne ce produit aux malades, il faudrait d’abord que le ministre de la Santé valide. De plus, l’OMS [Organisation mondiale de la santé NDLR] doit se prononcer sur l’efficacité de ce remède». Et son interlocuteur de conclure, «si le procédé est aussi complexe, alors on est mal. En tout cas, attendons la réaction du ministre Manaouda Malachie».

    Le Cameroun, pays à 25 millions d’habitants, compte officiellement, à la date du 26 avril 2020, «103 cas de contamination (20 à Yaoundé et 83 à Douala) de plus. “Soit un total de 779 actifs (12 sous oxygène et 118 hospitalisés) pour 786 guéris, et 56 décès”, indique le ministre camerounais de la Santé, dans un tweet.

     

    La facture salée des paiements électroniques

    Du fait du Covid-19, les populations, contraintes de réduire leurs déplacements, sont astreintes à des transactions financières par les canaux modernes. Elles en payent le lourd tribut.

    «Monsieur Belinga, le montant que vous avez envoyé est insuffisant. Je vous prie, s’il vous plait, de bien vouloir ajouter 3000 francs, représentant les frais d’envoi». Après une affaire concluante, Gildas rappelle son client pour lui demander de lui faire un dépôt supplémentaire de 3000 FCFA, afin qu’il retire les 350.000FCFA qui lui sont destinés. Mais sieur B. ne veut pas, à lui seul, assumer les charges du transfert. Pour convaincre son partenaire, il s’appuie sur le contexte de crise. «Mon frère tu sais que c’est un peu dur en ce moment avec le confinement… alors on va faire moitié – moitié», rétorque-t-il. Au bout de mille et une hésitations, les deux hommes trouvent un terrain d’entente: chacun devra supporter les frais de transfert à hauteur de 1500 FCFA. Pour les deux parties, cela ne semble guère facile. La scène se déroule à Nkoabang, dans la Mefou et Afamba, ce 23 avril 2020. Elle expose ainsi le travers du paiement électronique qu’impose le contexte marqué par la pandémie de coronavirus.

    Facture
    Par ces temps de crise sanitaire, plusieurs personnes qui préfèrent procéder aux paiements électroniques se heurtent à la dure réalité: l’envoi rapide d’argent implique une facture salée. Gildas en sait quelque chose. «Si monsieur Belinga venait me donner cet argent en main propre, il n’aurait dépensé que 500 FCFA pour le transport en aller-retour partant d’Ekounou pour Nkoabang», explique-t-il. Ce qui n’est pas faux.
    Alice, commerçante au marché Mokolo à Yaoundé, aurait préféré que son «asso» (bonne cliente) lui remette son argent en main propre. «Ma cliente devait me remettre 85 000 FCFA pour les sacs à main qu’elle a pris dans ma boutique il y a un mois. Mais elle m’a envoyé l’argent par Mobile Money et j’ai dû payer 1700 FCFA en plus», se désole la quarantenaire. Ce n’est pas un cas isolé.

    Recommandations
    Cette préférence pour les transactions électroniques découle d’une recommandation: celle d’Abbas Mahamat Tolli. En vue d’«accompagner les pouvoirs publics des États membres de la Cemac dans la lutte contre la propagation du coronavirus», le gouverneur de BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale) a prescrit «les moyens de paiement électronique… en lieu et place des espèces, afin de réduire les risques de contamination inhérents à la manipulation des espèces, facteur de non-distanciation sociale». Et certaines institutions bancaires se sont arrimées à ces recommandations.

    À la microfinance Advans, située au quartier Madagascar, les services physiques se font de moins en moins. «Il existe un service qui permet au client de transférer l’argent de son compte vers son porte-monnaie Orange Money», apprend-on d’un flyer. La seule condition est de céder 1% de son argent aux deux entreprises à chaque transaction. Pourtant, en mars dernier, le gouverneur de la BEAC appelait «les fournisseurs des services de paiement à baisser les coûts des transactions de monnaie électronique et de paiements digitaux dans la Cemac».

    Pour rappel, les entreprises de téléphonie mobile leaders des transferts électroniques ont décidé, par voie de communiqué, les 19 et 21 mars dernier de la suspension des frais pour les transferts allant jusqu’à 20 000 FCFA pour MTN et 25 000 FCFA pour Orange. La mesure, qui survient en réponse au contexte actuel de crise, est valable pour 30 jours, renouvelable en fonction de l’évolution de la pandémie sur le sol camerounais.

    JJOO

     

    La Cemac face aux contraintes de l’action collective relative à l’épreuve du Covid-19 : Succès d’une politique étrangère bien menée

    Depuis l’apparition des premiers cas de covid-19 en Afrique et particulièrement en Afrique centrale, dès le mois de Mars dernier, les Etats membre de la Cemac que sont, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Tchad, la RCA et le Congo élaborent des politiques publiques hostiles et susceptibles de neutraliser le processus d’intégration.

    Ces initiatives nationales et généralement solitaires ont été, généralement, battues en brèche par des mesures communautaires élaborées par la Cemac. Ces politiques publiques étatiques qui, dans l’ensemble, se résument au simple principe du confinement, avec des mesures gouvernementales propres à chaque pays exposent surtout les difficultés des Etas membre de la Cemac à mettre en place une politique commune et surtout de faire face aux contraintes de l’action collective qu’impose la lutte contre le covid-19.

    Ce constat fait, une question centrale nous vient directement à l’esprit. Qu’est ce qui explique la multiplicité des mesures anti-covid-19 en Afrique centrale ? Autrement dit et de manière multiple : les plans d’action nationaux anti-coronavirus peuvent-ils compromettre le processus d’intégration régionale en cours dans la zone Cemac ? La Cemac est-elle à la hauteur des défis sanitaires relatifs au Covid-19 ?

    Au regard du tableau sur l’état du Covid-19 en Zone Cemac, l’on pourrait dire que le Covid-19 qui a fait son nid en Afrique centrale Cemac depuis le 06 Mars dernier a déjà fait 51 victimes sur les 1656 cas diagnostiqués positifs selon le reporting du 23 mars. Le Cameroun dans cette crise sanitaire détient le record aussi bien du nombre des cas diagnostiqués positifs que celui des décès.

    Plans nationaux de ripostes au Covid-19 des pays de la Cemac : des politiques étrangères nuisibles au processus de construction communautaire
    Le concept de politique étrangère peut être appréhendé comme l’instrument par lequel l’Etat tente de façonner son environnement politique international. Cette politique étrangère repose généralement sur un ensemble de déterminants ; parmi lesquels, ceux relevant de la structure et surtout ceux relevant de la conjoncture. Dans le cadre de ce travail, les déterminants nous intéressent au premier chef voire exclusivement. Il convient de remarquer que la politique étrangère des Etats membre de la Cemac en matière de lutte contre le covid-19 entrave le processus d’intégration régional au moins au niveau stratégique et surtout dans le comportement externe desdits Etats.

    En effet, face à la menace relative au Covid-19, les Etats membre de la Cemac ont arrêté chacun, une politique, donc, pour le moins que l’on puisse dire, ralentit le processus d’intégration régionale en cours en zone Cemac ; la fermeture des frontières terrestre, maritime et aérienne.

    Le Cameroun, premier pays à être touché par cette pandémie a procédé le 17 Mars dernier à la fermeture desdites frontières mettant du coup le Tchad et la RCA, deux Etats dépendants du Cameroun, car n’ayant pas une façade maritime, sous embargo selon l’heureuse expression consacrée par le Magazine Jeune Afrique du 20 Mars 2020. «Tous les vols passagers en provenance de l’étrangers sont suspendus». La délivrance de visas d’entrée dans les différents aéroports a aussi été suspendue. Les autres pays de la zone Cemac que sont le Gabon et la Guinée équatoriale ont pris les mêmes mesures. Dans la chronologie, il faut toutefois rappeler que le Gabon est le premier pays de la sous-région à avoir procéder à la fermeture de ces frontières (notamment du Nord avec le Cameroun).

    La formule utilisée par le ministre gabonais de l’intérieur, le 6 mars 2020, était «la restriction du mouvement des personnes aux frontières Nord». Ces mesures de restriction portent entrave au moins à l’efficacité et l’effectivité du principe de libre circulation des biens et des personnes telle que prévue par l’Acte Additionnel N° 01/13-CEMAC-070-U-CCE-SE du 25 Juin 2013 portant suppression du visa pour tous les ressortissants de la Cemac circulant dans l’espace communautaire, et surtout les différentes circulaires adoptées par les Etats membre de cet espace dès 2017.

    La conjoncture actuelle, relative à la menace du Corona 19 n’a pas seulement modifié les «habitus» africains au sens de Pierre Bourdieu, mais aussi l’architecture relationnelle des Etats africains en général et ceux de l’Afrique centrale particulièrement telle que pensée et mise en œuvre dans leurs politiques étrangères respectives.

    La Cemac au cœur de la pandémie corona 19
    Pour confiner la menace sanitaire qui se présentait à l’horizon, et pour laquelle l’OMS prédisait déjà le pire, la Cemac, dès l’apparition des premiers cas de contamination en Afrique centrale, avait mis en place un ensemble des plans de contournement. Ces différents programmes mis en place par la Cemac visent la résilience de la sous-région face aux différents impacts du covid-19. Aux nombres de ces mesures, l’on pourrait citer la riposte sanitaire, et la résilience économique.

    La riposte sanitaire communautaire
    Le plan de riposte communautaire contre la pandémie du coronavirus du 12 Mars 2020 est un ensemble de mesures arrêtées par les ministres de la santé publique des Etats membre de la Cemac réunis autour de la commission de ladite organisation sous-régionale et les experts de l’Oceac. Bien évidemment, l’ordre du jour portait sur l’examen et l’adoption du plan sous régional de prévention, de préparation et de riposte face à l’épidémie du Coronavirus.

    Au cour de cette rencontre, un plan d’urgence d’un montant supérieur à deux milliards de francs CFA a été adopté. C’est pendant cette rencontre qui s’est tenue à Douala que la Commission de la Cemac a posé les bases d’une politique commune de lutte contre le Corona 19.

    Le plan de résilience économique communautaire de la Cemac
    Le plan de résilience économique communautaire de la Cemac est la stratégie économique de la sous-région visant le containment des effets pervers de la crise sanitaire mondiale engendrée par la pandémie. Adoptée le 28 Mars 2020 à Brazzaville capitale du Congo, le plan de résilience économique communautaire examine tous les piliers économiques que sont, celui budgétaire, celui financier, celui relatif à l’intégration régionale et surtout, celui relatif à la coopération internationale. Il s’appuie préalablement sur le rapport du secrétariat permanent du Programme des Réformes économiques et financières (Pref-Cemac) de la sous-région qui analyse les incidences de la pandémie sur les économies des pays de la Cemac.

     

    En somme, la lutte contre le Covid-19 présente des enjeux qui diffèrent en fonction des Etats. La menace n’étant pas la même dans tous les Etats membre de la Cemac, les mesures prises sont fonction des enjeux, d’où la faible croyance à l’existence d’une multiplicité des mesures qui peuvent faire ombrage au processus d’intégration régionale en cours dans la zone Cemac. Toutefois, la Cemac a pris de manière efficace et efficiente des mesures salutaires pour une lutte communautaire contre le Coronavirus répondant aux contraintes de l’action collective. De toute évidence, lorsque cette pandémie sera finie, la Cemac pourrait dire qu’à la menace globale que présentait le Covid-19, elle a donné une riposte globale.

    François Aurélien Nguendia
    Diplômé de l’IRIC/IRMIC
    Chercheur indépendant

  • La problématique de l’action collective des pays de la Cemac face au Covid-19

    La problématique de l’action collective des pays de la Cemac face au Covid-19

    La Cemac face aux contraintes de l’action collective relative à l’épreuve du Covid-19. Succès d’une politique étrangère bien menée

     

    Depuis l’apparition des premiers cas de covid-19 en Afrique et particulièrement en Afrique centrale, dès le mois de Mars dernier, les Etats membre de la Cemac que sont, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Tchad, la RCA et le Congo élaborent des politiques publiques hostiles et susceptibles de neutraliser le processus d’intégration. Ces initiatives nationales et généralement solitaires ont été, généralement, battues en brèche par des mesures communautaires élaborées par la Cemac.

    Ces politiques publiques étatiques qui, dans l’ensemble, se résument au simple principe du confinement, avec des mesures gouvernementales propres à chaque pays exposent surtout les difficultés des Etas membre de la Cemac à mettre en place une politique commune et surtout de faire face aux contraintes de l’action collective qu’impose la lutte contre le covid-19.

    Ce constat fait, une question centrale nous vient directement à l’esprit. Qu’est ce qui explique la multiplicité des mesures anti-covid-19 en Afrique centrale ?  Autrement dit et de manière multiple : les plans d’action nationaux anti-coronavirus peuvent-ils compromettre le processus d’intégration régionale en cours dans la zone Cemac ?  La Cemac est-elle à la hauteur des défis sanitaires relatifs au Covid-19 ?

    Etat du Covid-19 en Zone Cemac

    Pays Première apparition

    (Mars 2020)

    Nombre de cas Décès Guérison
    Cameroun 06 1163 43 329
    Gabon 12 166 1 24
    Congo 14 186 6 16
    Guinée Eq 14 84 1 8
    RCA         14       17 0 10
    Tchad 19 40 0 8

      Source. Tableau monté par l’auteur sur la base des données du Centre Africain de Contrôle et de Prévention des Maladies (Africa CDC), Reporting du 23/04/2019.

     

    Au regard de ce tableau l’on pourrait dire que le Covid-19 qui a fait son nid en Afrique centrale Cemac depuis le 06 Mars dernier a déjà fait 51 victimes sur les 1656 cas diagnostiqués positifs selon le reporting du 23 mars. Le Cameroun dans cette crise sanitaire détient le record aussi bien du nombre des cas diagnostiqués positifs que celui des décès.

    Plans nationaux de ripostes au Covid-19 des pays de la Cemac : des politiques étrangères nuisibles au processus de construction communautaire

    Le concept de politique étrangère peut être appréhendé comme l’instrument par lequel l’Etat tente de façonner son environnement politique international. Cette politique étrangère repose généralement sur un ensemble de déterminants ; parmi lesquels, ceux relevant de la structure et surtout ceux relevant de la conjoncture. Dans le cadre de ce travail, les déterminants nous intéressent au premier chef voire exclusivement. Il convient de remarquer que la politique étrangère des Etats membre de la Cemac en matière de lutte contre le covid-19 entrave le processus d’intégration régional au moins au niveau stratégique et surtout dans le comportement externe desdits Etats.

    En effet, face à la menace relative au Covid-19, les Etats membre de la Cemac ont arrêté chacun, une politique, donc, pour le moins que l’on puisse dire, ralentit le processus d’intégration régionale en cours en zone Cemac ; la fermeture des frontières terrestre, maritime et aérienne.

    Le Cameroun, premier pays à être touché par cette pandémie a procédé le 17 Mars dernier à la fermeture desdites frontières mettant du coup le Tchad et la RCA,  deux Etats dépendants du Cameroun, car n’ayant pas une façade maritime, sous embargo selon l’heureuse expression consacrée par le Magazine Jeune Afrique du 20 Mars 2020. « Tous les vols passagers en provenance de l’étrangers sont suspendus ». La délivrance de visas d’entrée dans les    différents aéroports a aussi été suspendue. Les autres pays de la zone Cemac que sont le Gabon et la Guinée équatoriale ont pris les mêmes mesures.

    Dans la chronologie, il faut toutefois rappeler que le Gabon est le premier pays de la sous-région à avoir procéder à la fermeture de ces frontières (notamment du Nord avec le Cameroun). La formule utilisée par le ministre gabonais de l’intérieur, le 6 mars 2020, était « la restriction du mouvement des personnes aux frontières Nord ». Ces mesures de restriction portent entrave au moins à l’efficacité et l’effectivité du principe de libre circulation des biens et des personnes telle que prévue par l’Acte Additionnel N° 01/13-CEMAC-070-U-CCE-SE du 25 Juin 2013 portant suppression du visa pour tous les ressortissants de la Cemac circulant dans l’espace communautaire, et surtout les différentes circulaires adoptées par les Etats membre de cet espace dès 2017.

    La conjoncture actuelle, relative à la menace du Corona 19 n’a pas seulement modifié les « habitus » africains au sens de Pierre Bourdieu, mais aussi l’architecture relationnelle des Etats africains en général et ceux de l’Afrique centrale particulièrement telle que pensée et mise en œuvre dans leurs politiques étrangères respectives.

    La Cemac au cœur de la pandémie corona 19

    Pour confiner la menace sanitaire qui se présentait à l’horizon, et pour laquelle l’OMS prédisait déjà le pire, la Cemac, dès l’apparition des premiers cas de contamination en Afrique centrale, avait mis en place un ensemble des plans de contournement. Ces différents programmes mis en place par la Cemac visent la résilience de la sous-région face aux différents impacts du covid-19. Aux nombres de ces mesures, l’on pourrait citer la riposte sanitaire, et la résilience économique.

    La riposte sanitaire communautaire

    Le plan de riposte communautaire contre la pandémie du coronavirus du 12 Mars 2020 est un ensemble de mesures arrêtées par les ministres de la santé publique des Etats membre de la Cemac réunis autour de la commission de ladite organisation sous-régionale et les experts de l’Oceac. Bien évidemment, l’ordre du jour portait sur l’examen et l’adoption du plan sous régional de prévention, de préparation et de riposte face à l’épidémie du Coronavirus.

    Au cour de cette rencontre, un plan d’urgence d’un montant supérieur à deux milliards de francs CFA a été adopté. C’est pendant cette rencontre qui s’est tenue à Douala que la Commission de la Cemac a posé les bases d’une politique commune de lutte contre le Corona 19.

    Le plan de résilience économique communautaire de la Cemac

    Le plan de résilience économique communautaire de la Cemac est la stratégie économique de la sous-région visant le containment des effets pervers de la crise sanitaire mondiale engendrée par la pandémie. Adoptée le 28 Mars 2020 à Brazzaville capitale du Congo, le plan de résilience économique communautaire examine tous les piliers économiques que sont, celui budgétaire, celui financier, celui relatif à l’intégration régionale et surtout, celui relatif à la coopération internationale. Il s’appuie préalablement sur le rapport du secrétariat permanent du Programme des Réformes économiques et financières (Pref-Cemac) de la sous-région qui analyse les incidences de la pandémie sur les économies des pays de la Cemac.

    En somme, la lutte contre le Covid-19 présente des enjeux qui diffèrent en fonction des Etats. La menace n’étant pas la même dans tous les Etats membre de la Cemac, les mesures prises sont fonction des enjeux, d’où la faible croyance à l’existence d’une multiplicité des mesures qui peuvent faire ombrage au processus d’intégration régionale en cours dans la zone Cemac. Toutefois, la Cemac a pris de manière efficace et efficiente des mesures salutaires pour une lutte communautaire contre le Coronavirus répondant aux contraintes de l’action collective. De toute évidence, lorsque cette pandémie sera finie, la Cemac pourrait dire qu’à la menace globale que présentait le covid-19, elle a donné une riposte globale.

    François Aurélien NGUENDIA

    Diplômé de l’IRIC/IRMIC

    Chercheur indépendant 

  • BEAC et BDEAC en bouclier de la CEMAC contre la pandémie mondiale

    BEAC et BDEAC en bouclier de la CEMAC contre la pandémie mondiale

    La Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) et la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) sont désormais aux avant-postes de la lutte contre le Covid-19.

    Pour permettre aux économies de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) de résister aux effets de la crise sanitaire, les deux institutions ont pris, au cours de la semaine écoulée, d’importantes décisions.

    Au niveau de la BEAC, le Comité de politique monétaire (CPM), réuni à Yaoundé sous la présidence de Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de l’institution, a arrêté une batterie de mesures.

    La banque sous-régionale s’est notamment engagée, le 27 mars dernier, «à réviser à la baisse le Taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) de 25 points de base, soit de 3,50 % à 3,25 %; à réviser de 100 points le Taux de facilité du prêt marginal, soit de 6 % à 5 %; à porter les injections de liquidités de 240 milliards à 500 milliards de FCFA et à se rendre disponible à relever ce montant en cas de besoin», a-t-elle fait savoir dans un communiqué.

    L’institut sous-régional d’émission de la monnaie a d’ailleurs été conforté dans ses options lors de la 3e session extraordinaire du Comité de pilotage du PREF-CEMAC. Les ministres de l’économie, réunis à Brazzaville le 28 mars dernier, ont en effet demandé aux institutions financières communautaires de «mobiliser les ressources budgétaires nécessaires en vue de permettre aux Etats de faire face aux chocs sanitaire, économique et sécuritaire».

    C’est en tout cas dans cette optique que la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale a fait une dotation spéciale aux pays de la CEMAC. «Le président de la BDEAC m’a informé avoir accordé à chaque Etat un premier appui de 500 millions FCFA. Lors de la dernière réunion, la Banque de développement a également fait une ligne de crédit de 90 milliards FCFA qui seront mis à la disposition pour les investissements publics des Etats», a révélé Louis Paul Motaze, ministre camerounais des Finances. Toutefois, selon le Copil PREF-CEMAC, il appartient désormais à chaque Etat «de soumettre un projet bancable à la BDEAC qui veillera de la répartition équitable de cette ressource».

    TAA

  • Covid 19 : La Bdeac débloque 3 milliards de Fcfa pour les Etats de la Cemac

    Covid 19 : La Bdeac débloque 3 milliards de Fcfa pour les Etats de la Cemac

    Ce décaissement d’urgence vise à appuyer les Etats dans leurs plans de riposte face au Covid 19.
    Le siège de la Bdeac.
    Le Covid 19 qui sévit dans le monde entier n’a pas épargné la Communauté économique monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac). Cette crise sanitaire, a des incidences économiques et financières sur les économies de la Cemac. Une situation qui n’a pas laissé indifférent les responsables de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (Bdeac).
    Sous la houlette de Fortunato Ofa Mbo Nchama président de cette institution, la Bdeac a décidé d’un déblocage de 3 milliards de Fcfa pour soutenir les Etats de la Cemac à hauteur de cinq cent 500 millions de Fcfa par Etats pour appuyer les gouvernements dans leurs stratégies de riposte contre le Covid 19. Selon le président de la Bdeac, « cette mesure qui vise à contribuer à la préservation de la santé de la population et à soutenir les efforts déployés par les gouvernements ». visiblement, ce décaissement apparait telle une « réponse urgente » de cette institution de développement sous régional qui annonce d’autres actions dans les jours à venir.
    En effet, selon le communiqué qui a sanctionné les travaux du Pref Cemac qui se sont déroulés à Brazzaville le 28 mars 2020, la Bdeac a été mandaté par les ministres de l’Economie et des finances de répartir l’enveloppe de 90 milliards de Fcfa pour appuyer les politiques publiques portant sur la lutte contre la pandémie du Covid 19. A cet effet, la Bdeac attend que les Etats lui soumettent la liste des projets bancables à financer.
    Entre temps, dans la tour de Brazzaville, l’on ne se plis pas les pouces. Le président Ofa Mbo Nchama a révélé que la Bdeac se prépare à aller sur les marchés financiers pour lever les fonds. « Nous sommes une banque, et une banque de développement. Donc, nous n’allons pas nous limiter à ce que les ministres ont fait décaisser pour mettre à notre disposition. Nous sommes disposés à aller chercher les ressources ou elles se trouvent. Nous pensons notamment, dans un avenir proche, aller sur le marché sous régional pour emmètre des titres en monnaie local. Bref, nous allons lever les fonds pour les mettre à la disposition de la sous région», a déclaré président Ofa Mbo Nchama.
    En outre, le secteur privé est aussi une préoccupation majeur pour cette banque de développement. « Nous pensons que, le secteur privé, en tant que créateur de richesse doit être soutenue en ce moment. Des études sont entrain d’être menées pour voir comment appuyer le secteur privé de la sous région », a poursuivi le président Fortunato qui laisse entrevoir des reports de remboursements, des financements supplémentaires pour celles des entreprises affectées par la crise.
    Bobo Ousmanou
  • Baisse de croissance et ajustements budgétaires dans la CEEAC

    Baisse de croissance et ajustements budgétaires dans la CEEAC

    «Les économies de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) vont connaître une baisse collective de 4,7 points de leur croissance du PIB par rapport aux prévisions».

     

    C’est la quintessence d’un communiqué rendu public le 16 mars dernier à Yaoundé par la représentation pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Du point de vue de l’institution onusienne, la baisse drastique trouve sa justification dans la survenue de la pandémie de Coronavirus. Toutes choses qui appellent impérativement des réajustements comme la diversification des économies, même si ce n’est pas la seule piste à explorer.

    Au niveau de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), le secrétariat permanent du Programme de réformes économiques et financières (PREF-CEMAC) penche pour l’adoption rapide des lois de finances rectificatives. L’organe communautaire s’explique d’ailleurs dans un rapport publié le 22 mars dernier et intitulé «Incidences économiques et financières du Covid-19 sur les économies de la CEMAC, esquisses de solutions».

    Selon l’instance, il est question «d’aligner la gestion des finances publiques sur des prévisions actualisées et réalistes de recettes budgétaires pour renforcer les moyens de lutte contre la pandémie, tout en garantissant le service de la dette». C’est ce qui a, en tout cas, justifié la tenue, le 28 mars dernier à Brazzaville, de la troisième session du Comité de pilotage du PREF-CEMAC. C’était à l’initiative de Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo.

    D’autres pistes concernent cependant des actions du G20 en faveur de l’Afrique toute entière. Des experts pensent alors que les 20 pays les plus riches de la planète peuvent «appuyer la riposte sanitaire et humaine immédiate, mettre en place un plan de relance économique immédiat et mettre en œuvre des mesures immédiates pour protéger 30 millions d’emplois immédiatement menacés sur le continent». Mais dans l’absolu, l’Afrique centrale peut toujours compter sur les deux plans de sauvetage de l’Afrique, annoncés le 25 mars dernier par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Il s’agit pour l’essentiel de financements en urgence et de la suspension du remboursement de la dette.

    TAA

  • Les projets intégrateurs de la Cemac en discussion à Douala

    Les projets intégrateurs de la Cemac en discussion à Douala

    La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a à cœur de «vendre» ses projets intégrateurs aux bailleurs de fonds en vue d’obtenir des financements.

     

    En application des recommandations du Programme des réformes économiques et financières de la sous-région (Pref-CEMAC), une réunion est alors prévue les 10 et 11 mars prochains à Douala au Cameroun. Elle est convoquée par le Comité technique d’organisation de la table ronde des partenaires au développement et autres bailleurs de fonds. Il est globalement question pour cet organe de procéder à «l’élaboration des documents de travail de la table ronde, ainsi que de sa plaquette, de fixer les programme, date et lieu de la rencontre et d’arrêter la feuille de route de l’événement en affinant la communication tout autour. Mais il s’agira aussi, pour la gouverne des bailleurs de fonds, de préparer les fiches des 12 projets intégrateurs de la CEMAC», a précisé le communiqué parvenu à notre rédaction.

    La réunion de Douala est donc préparatoire à une rencontre de plus grande importance. Au demeurant, elle cadre avec la vision des chefs d’État de la CEMAC. Réunis en session extraordinaire le 22 novembre dernier à Yaoundé, les gouvernants de la sous-région avaient en effet arrêté un ensemble de douze projets intégrateurs. L’enjeu majeur pour ces leaders était d’aller encore plus loin dans le renforcement de l’intégration régionale.

    De ce point de vue, la rencontre de Douala revêt une importance particulière, justifiant d’ailleurs que plusieurs experts y prennent part. Le Comité technique d’organisation de la table ronde pourra en effet s’appuyer sur l’expertise de la Banque africaine de développement (BAD), de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), de la Commission de la CEMAC, de la Banque mondiale, mais aussi du Pref-CEMAC. À l’issue des travaux, le rapport sera soumis à l’appréciation des ministres en charge de l’Économie et des Finances et des premiers responsables des institutions sous-régionales. Ce sera alors à l’occasion de la 11e session du Comité de pilotage du Pref-CEMAC.

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

  • Projets intégrateurs : La  CEMAC démarche les bailleurs de fonds

    Projets intégrateurs : La CEMAC démarche les bailleurs de fonds

    Pour le financement de 12 projets intégrateurs prioritaires, la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (CEMAC) est depuis quelques mois dans une opération de séduction en direction des partenaires au développement.

    Photo de famille au Moyen-Orient

    C’est ainsi que du 14 au 18 janvier dernier, une Mission de haut niveau sur la recherche et la mobilisation desdits financements s’est rendue auprès de plusieurs partenaires techniques et des bailleurs de fonds. Pendant trois jours, la délégation conduite par Gilbert Ondongo, président du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-Cemac), a eu une séance de travail à Paris en France, à Djeddah en Arabie Saoudite et à Dubaï aux Emirats Arabes Unis. Au terme des premières démarches, apprend-on de sources internes à la Cemac, «les différents partenaires rencontrés n’ont pas fait mystère de leur fort intérêt pour les douze projets présentés et de leur volonté affirmée d’accompagner la CEMAC dans le processus de leur mise en œuvre». Et pour davantage rassurer sur leurs bonnes dispositions, les différents partenaires au développement ont promis de «communiquer à la CEMAC dans les meilleurs délais, les projets pour lesquels ils pourraient s’engager aussi bien sur le plan technique que financier».

    Engagements
    Au cours de son périple, la mission a eu une séance de travail avec le directeur général adjoint de l’Agence française de développement (AFD) ; le président de la Banque islamique de développement (BID), le président du Groupe The private office ; le directeur commercial de Dubaï port world (DPW) et avec le président-directeur général de Millenium Finance corporation. Chacun des partenaires n’a pas manqué de se positionner et de prendre auprès des autorités communautaires de l’Afrique centrale, des engagements spécifiques. Ainsi, la BID a dit son intention de servir de catalyseur pour la mobilisation des institutions économiques et financières arabes.

    L’AFD a également signifié sa «disponibilité à faire un plaidoyer auprès de l’Union européenne». Le DPW s’est quant à lui dit intéressé par les deux projets de construction des ports secs en Centrafrique et au Congo. Pour sa part, Millenium finance corporation a manifesté un engouement particulier pour le secteur des télécommunications et de l’énergie. Si l’on s’en tient au chiffre avancé à la Banque mondiale le 16 octobre 2019, les 12 projets intégrateurs en question coûteront 2820 milliards FCFA. Autant dire que la Mission devra élargir au maximum son horizon, y compris en se rendant en Chine où les attendent en février prochain, les autorités et institutions financières spécialisées.

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

  • Résolutions du sommet des Chef d’Etat de la Cemac : Et voici l’acte 1

    Résolutions du sommet des Chef d’Etat de la Cemac : Et voici l’acte 1

    Après les instructions d’optimisation de Yaoundé, le programme des réformes examine la mise en œuvre des mesures d’intensification de la viabilité macroéconomique et financière.

    Réunis en 10ème session ordinaire du comité de pilotage du programme de réformes économiques et financières de la Cemac, les ministres de l’économie et des finances des 6 pays et les premiers responsables des institutions sous-régionales vont procéder « à l’évaluation des décisions et recommandations de renforcement de l’intégration physique et commerciale et l’accélération des réformes structurelles dans la sous-région » indique le communiqué rendu public par le service de communication du Pref-Cemac.

    Il sera également question de faire le point sur « l’opérationnalisation des structures du marché financier unifié de la Cemac » ajoute-t-il. Sans ambages, ce dossier figure parmi les principales priorités et préoccupations des Etats. Outre l’approfondissement souhaité du marché, les résolutions du dernier comité ministériel de l’Umac, en adéquation avec l’acte additionnel portant unification du marché financier, a posé les jalons de l’introduction des bourses des entreprises publiques, parapubliques et privées. Un enjeu de taille donc.

    Les autorités se retrouvent à Douala le 21 décembre 2019. Leurs assises seront précédées par les travaux de la cellule de suivi qui prépare les dossiers ce 18 décembre et demain 19 décembre.

    Contexte

    Au terme de la 2ème session extraordinaire du Copil Pref Cemac tenue en octobre dernier, la Cemac a retenu des actions prioritaires pour la mise en réseau du marché communautaire. Plus tard, une stratégie de recherche et de mobilisation a été adoptée et se déploie d’ores et déjà.

    Le sommet des Chefs d’Etat de novembre a salué les actions salutaires et pertinentes mais a prescrit la consolidation de celles-ci avec plus d’ambition et de synergie. Indubitablement, il s’agit de l’acte 1 après le sommet.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Stratégie de redressement Cemac : Rigueur Vol. 1,5

    Stratégie de redressement Cemac : Rigueur Vol. 1,5

    Avec 81 % de résolutions identiques à celle de 2016, il est évident que les résultats des trois dernières années ne font pas rêver. Pour en sortir, il y a la reconduction, la consolidation et la flexibilité.

    Photo de famille des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac avec leurs invités spéciaux

    Entre 2016 et 2019, l’analyse parallèle des mesures des sommets extraordinaires de Yaoundé montre que seules quatre mesures ne sont pas reconduites dans les communiqués finaux. C’est dire que les résultats à l’échelle régionale ne sont pas de nature à passer à une vitesse supérieure. Le logiciel reste globalement le même. Le chantier de la viabilisation économique reste le même pour les États de la Cemac.

    La «nouvelle phase» sera donc plus d’énergie et de synergie dans l’ajustement budgétaire et la transformation des économies. Avec pour élément nouveau «la flexibilité» qui est illustrée par l’appui des institutions de développement et l’ouverture du débat sur le franc CFA.

    Consolidation
    Le maitre mot à retenir de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Cemac tenue à Yaoundé le 22 novembre dernier est bien «consolidation». Il est caractérisé par le point 4 du communiqué final. Les chefs d’État et de gouvernement ont «réitéré leur soutien total à la poursuite résolue de la mise en œuvre des mesures pertinentes arrêtées en faveur d’une politique budgétaire soutenable, une politique monétaire appropriée et une coopération internationale renforcée, propices à une relance économique rapide». Ces engagements identiques à ceux de 2016 sont désormais des piliers du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac).

    Depuis, l’application de ces piliers n’a pas véritablement été de rigueur. 5 États sur 6 ont conclu un programme avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue de l’ajustement budgétaire et la maitrise des finances publiques. Cette donnée aurait pu être intéressante si le rythme de conclusion de ces programmes était de nature à garantir une entrée et une sortie coordonnées. Il n’en est malheureusement pas le cas. C’est la raison pour laquelle, il est martelé, dans le communiqué final de Yaoundé, que les chefs d’État ont «renouvelé leur engagement pour une approche solidaire, cohérente et concertée dans l’élaboration, en accord avec les partenaires techniques et financiers, de nouveaux cadres de coopération à la fin des programmes économiques et financiers de première génération soutenus par une facilité élargie de crédit du FMI».

    Dans ce logiciel de consolidation qui va marquer les «programmes économiques et financiers de deuxième génération», les États ont convié auprès d’eux les partenaires pouvant soutenir la poursuite des efforts d’ajustement. Ainsi, la Banque africaine de développement (Bad), hautement représentée par son président Dr Akinwumi Adesina, va marquer les travaux à huis clos avec une communication spéciale qui présente «ce qui doit changer». L’institution panafricaine de financement du développement vient de mettre sur pied une stratégie d’intégration régionale en Afrique centrale 2019-2025 avec un fonds dédié de plus de 2600 milliards de FCFA. L’Agence française de développement (AFD), la Banque mondiale et la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) sont d’autres institutions de développement présentes au sommet qui seront appelées à jouer un rôle important dans les prochains mois pour la mise en réseau du marché communautaire, à travers les projets d’infrastructures (routières, ferroviaires, électriques, etc.).

    Flexibilité
    Révolution de palais ou véritable évolution, ni l’un ni l’autre pour qualifier la décision des chefs d’État de la Cemac de faire tomber le tabou sur le franc CFA d’Afrique centrale. Une réflexion va s’engager sous l’égide de la commission Cemac et la supervision de l’union monétaire de l’Afrique centrale. Une levée de boucliers qui va satisfaire le Président de la Guinée Équatoriale Théodore Obiang Nguema Mbatsogo pour qui «le cordon ombilical avec les puissances coloniales doit être rompu». Son adjuvant, Pr Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac pour qui «un débat dépassionné sur le FCFA devrait être engagé en Afrique centrale». De bonnes et pertinentes propositions sont attendues.

    Zacharie Roger Mbarga

    Infrastructures

    La nouvelle ère 

    Axe primordial de la seconde phase des réformes, les projets d’infrastructures constituent le principal chantier après les ajustements de la stabilité macroéconomique.

    Plus de liaisons entre les pays de la Cemac visant à réduire les couts des déplacements des personnes et des biens afin d’améliorer le brassage des populations, baisser les prix des produits et augmenter la consommation de ces produits dans la communauté. Plus d’électricité pour les ménages et les industries. Des infrastructures aussi pour offrir de meilleures perspectives aux ressortissants de la Communauté en termes d’emplois et de renforcement du capital humain à travers l’amélioration de la qualité de la formation et de compatibilité au marché de l’emploi. Voilà le rêve de la nouvelle aire tel qu’exprimé par le Dr Akiwumi Adesina, président de la Bad dans sa communication spéciale au cours des travaux à huis clos des chefs d’État.

    Pour les chefs d’État, la situation devient une autre priorité. Ils ont au cours des travaux exprimé leur «engagement solidaire visant à faire de la Cemac un espace économique émergent à travers l’accélération de la réalisation des infrastructures d’intégration nécessaires à la promotion d’un développement économique et social inclusif».

    Bilan
    Il est alarmant le bilan. Dans un contexte nouveau marqué par la densité des interactions, la Cemac apparait un véhicule roulant à 50 à l’heure dans un circuit international de rallye. La note de conjoncture commerciale de la Cemac peint un marché commun immobile. 4,6% d’échanges en 2017 et 2% en 2018. Un chapelet d’obstacles: une productivité faible, un réseau routier très peu interconnecté, une difficile connexion des foyers de production aux réseaux nationaux et régionaux, absence de marché agricole, prolifération des barrières sur les corridors, domination des importations extracontinentales sur les exportations communautaires…

    La pauvreté et même l’extrême pauvreté en Afrique centrale sont aussi dues à l’enclavement des populations et de leurs biens. En les connectant au réseau électrique et en facilitant leur accès au marché, centre urbain afin de valoriser leurs richesses, une partie de la population sortirait du cercle vicieux de la pauvreté. C’est une approche nourrie et défendue par la commission économique des Nations unies pour l’Afrique, la banque mondiale, la banque africaine de développement, etc.

    Optimisation
    Avec la stratégie de la banque africaine de développement en Afrique centrale, le financement des projets intégrateurs prioritaires du programme économique régional de la Cemac; c’est près de 5500 milliards de FCFA qui s’offrent aux pays de la Cemac dans les 5 prochaines années. Avec l’ambition de tirer le meilleur profit de la Zone de libre-échange continental africaine (Zlecaf), il faudra donc intensifier l’offensive pour la diversification des économies, l’industrialisation plus large, l’amélioration du climat des affaires, la promotion des investissements privés et le renforcement des partenariats publics-privés. Bref consolider!

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Franc CFA XAF

    Le recadrage des chefs d’État

    Ils ont finalement convenu de l’organisation d’une réflexion après avoir annulé le débat académique de la commission de la Cemac.

     

    La réflexion engagée permettra de trancher les divergences d’opinions entre les chefs d’État et les économistes de la sous-région. En huis clos, «les chefs d’États et de gouvernement ont réaffirmé leur volonté de disposer d’une monnaie commune stable et forte. Concernant particulièrement la coopération monétaire avec la France, portant sur le FCFA, ils ont décidé d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération. À cet effet, ils ont chargé la commission de la Cemac et la Beac de proposer dans des délais raisonnables, un schéma approprié, conduisant à l’évolution de la monnaie commune». C’est dire qu’il y aura indubitablement une évolution dans les prochaines années.
    Le Cameroun et le président Paul Biya piloteront cette dynamique vu que le président en exercice de la Cemac a indiqué que l’Union monétaire de l’Afrique centrale supervisera l’ensemble du processus. Cette institution de la Cemac est présidée par le ministre camerounais des Finances.

    Attention aux populismes
    La réflexion engagée devra définir la réforme de la coopération monétaire (abolition du compte d’opération et retrait des réserves de change de Paris), l’évolution de l’instrument monétaire (changement de nom) ou encore la dénonciation des accords (sortie du FCFA). Il faudra éviter de céder aux extrêmes en s’appuyant les indicateurs économiques concrets matériels aujourd’hui. Entre renouvellement des accords, évolution voulue par les peuples ou mutation souhaitée par les chefs d’État, un début de solution est trouvé.

    Zacharie Roger Mbarga

    Évaluation des réformes

    Le satisfecit qui inquiète!

    Le communiqué final élude l’ensemble des insuffisances maintenant les pays dans une situation fragile.

    La première résolution des chefs d’État salue le redressement global de la situation macroéconomique, le retour de la croissance positive, la maitrise de l’inflation et la réduction de déficits. Le second point se satisfait de la reconstitution des réserves de change toute chose ayant empêché l’ajustement (dévaluation) monétaire. C’est l’arbre qui cache la forêt ou encore la face immergée de l’iceberg. En entretenant l’omerta sur la pléiade d’indicateurs négatifs, tout porte à croire qu’il y a une volonté de se faire bonne conscience.

    Le dernier rapport de surveillance multilatérale de la Cemac douche ces espérances. Au premier plan, le maintien du secteur extractif ou pétrolier comme principale ressource économique et financière. Les pays n’ont pas réduit leur forte dépendance au pétrole. Dans les hypothèses budgétaires de la plupart des États, on continue à miser sur la hausse du baril de pétrole.

    Critères de convergence
    En vue de la stabilité financière et monétaire, les critères de convergence permettent d’assurer une cohérence et une vitalité macroéconomique et monétaire. En ce qui concerne l’état de conformité en 2018 aux nouveaux critères de convergence de la Cemac, il s’est légèrement dégradé dans son ensemble comparé à 2017. La Communauté a observé en 2018 deux critères de convergence sur quatre, à savoir ceux relatifs à l’inflation et à l’endettement. Par pays, la Centrafrique a respecté trois critères de convergence sur quatre à l’exception de celui portant sur l’absence d’arriérés de paiement. Le Cameroun, la Guinée Équatoriale et le Tchad ont observé deux critères, ceux relatifs à l’endettement et à l’inflation pour le Cameroun et la Guinée Équatoriale, ainsi que ceux afférents au solde budgétaire de référence et à l’endettement pour le Tchad. Le Congo et le Gabon ont observé un seul critère, celui afférent à l’inflation pour le Congo et le critère portant sur l’endettement en ce qui concerne le Gabon.

    Pour ce qui est l’état d’observation des normes requises pour les divers indicateurs de la surveillance multilatérale, aucun État membre n’a observé en 2018 comme en 2017 et 2016 celles se rapportant au ratio masse salariale rapportée aux recettes fiscales et au taux de pression fiscale. S’agissant du ratio masse salariale rapportée aux recettes fiscales totales, il s’est situé en 2018 comme en 2016 et 2017 au-dessus du seuil communautaire de 35,0% dans l’ensemble des États membres de la Cemac. Toutefois, il est reparti à la baisse en 2018 dans tous les États membres à l’exception du Congo et de la Guinée Équatoriale, à la faveur des mesures de consolidation budgétaire ayant favorisé une augmentation des recettes fiscales et des actions mises en place en vue de contenir la masse salariale. Il a continué en 2018 comme c’est le cas depuis 2014 d’enregistrer ses plus grandes valeurs au Gabon, au Tchad et en Centrafrique.

    Zacharie Roger Mbarga

    Rationalisation des CER

    Le grand absent des résolutions

    Levier essentiel de la revitalisation de l’intégration régionale en Afrique centrale, le sommet extraordinaire n’a donné aucune orientation à ce sujet.

     

    Ce n’est donc pas une urgence! La fusion des communautés économiques régionales (Cer) d’Afrique centrale, malgré l’échéance fixée qui approche à grands pas à savoir 2023, ne constitue pas un intérêt primordial. Il faut ainsi se référer à la déclaration de la session ordinaire de la conférence des chefs d’État de mars 2019 à Ndjamena. Le président de la République du Cameroun, en sa qualité de président dédié à la rationalisation, indiquait vouloir organiser un sommet extraordinaire Cemac/CEEAC sur la rationalisation. Ceci était une suggestion du rapport sur la rationalisation qu’il soumettait à ses pairs par le truchement du Premier ministre, chef du gouvernement Joseph Dion Ngute.

    Contraintes
    Plusieurs situations rendent difficile le processus de rationalisation. L’insuffisance des contributions financières des États membres et des Cer, l’indisponibilité des moyens pour poursuivre les études essentielles à l’harmonisation institutionnelle des deux communautés, la difficile tenue des sessions du comité de pilotage et du comité des experts en vue de valider les rares études effectuées. Bref, un stand-by qui dévoie l’ambition. Car la rationalisation et le schéma proposé devraient permettre aux opérateurs économiques de disposer d’un plus grand marché, il devrait octroyer aux populations un rôle plus important à travers l’association de la société civile. La rationalisation est un programme d’intégration impulsé au niveau continental par l’Union africaine visant à rompre les duplicités, les chevauchements, l’inefficacité liée au double voire triple engagement.

    Avancées
    Plusieurs travaux ont été réalisés: les zones de libre-échange de la Cemac et de la CEEAC ont été techniquement unifiées avec l’adoption d’un tarif préférentiel unique offrant un plus large marché et les agréments au commerce des biens et services sont désormais cosignés par le président de la commission Cemac et le secrétaire général de la CEEAC; les unions douanières des deux communautés sont en train d’être unifiées, les études pour l’établissement d’un tarif extérieur commun unique sont en cours de finition; d’autres études pour harmoniser le régime de libre circulation des personnes vont s’ouvrir; au niveau institutionnel, le secrétariat technique du comité de pilotage suit les études menées. Il a notamment déjà présenté de premières propositions en vue de la création d’une commission à 11 commissaires dans la nouvelle communauté.

    Zacharie Roger Mbarga

    Sécurité

    Le spectre de la déstabilisation

    Les chefs d’État ont souligné l’existence de velléités déstabilisatrices dans l’espace communautaire.

     

    Il est revenu au menu des échanges. Surtout avec l’insistance de la Guinée équatoriale. Les pays de la Cemac seraient dans l’œil du cyclone de forces démoniaques dont le but est le chaos. Le président Paul Biya du Cameroun l’a également reconnu dans son intervention au forum de la paix de Paris évoquant les ressorts de la crise sociopolitique dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest Cameroun. Bien avant, il l’affirmait déjà au plus fort des menées de la secte terroriste Boko Haram. Obiang Nguema Mbatsogo, président de la République de Guinée Équatoriale, l’a appris à ses dépens avec le dernier coup d’État manqué.
    Elles sont donc là les deux menaces à la quiétude dans les pays de la Cemac: le terrorisme et les forces de déstabilisation. Le Cameroun, partageant des frontières avec l’ensemble des États membres, subit l’ensemble des menaces à la paix qui sévissent dans la région.

    Pour en sortir, les chefs d’État ont décidé de «renforcer les concertations et les actions communes face aux nombreux défis sécuritaires».

    Inconnue opérationnelle
    Aucune action concrète n’est envisagée après l’échec du fonds sur la paix. Certains États étant, au regard de la conjoncture économique difficile, incapables de garantir le moindre engagement sur le moyen terme. La sécurité est ainsi un double frein, car en amont il détruit plusieurs ambitions de développement avant d’être un obstacle à la bonne tenue des finances publiques. Sur ce dernier point, les chefs d’État décident «d’accorder une attention particulière à l’impact des dépenses des dépenses sécuritaires sur les finances publiques des États». Ceci à l’effet d’assurer un traitement approprié des arriérés de paiement: un des 4 critères de convergence.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Libre circulation dans la Cemac : vers une harmonisation des formations des agents

    Libre circulation dans la Cemac : vers une harmonisation des formations des agents

    Afin de faciliter les opérations de contrôle aux frontières, en finir avec les tracasseries et fluidifier le transit dans les corridors des pays de la Cemac, il a été décidé que les pays harmonisent la formation des agents affectés aux postes-frontière.

    Le corridor sous régional Yaoundé-Brazzaville,pour le développement des échanges.

    Pour se faire, la Commission Cemac se doit de saisir les ministres en charge de l’Intérieur et de la Sécurité pour l’harmonisation des programmes de formation des agents affectés aux postes-frontière. Ainsi, des séminaires seront organisés à l’intention des responsables des postes-frontière sur la mise en œuvre de la Directive communautaire sur la libre circulation des biens.

    En amont, les pays de la Cemac et la commission devront élaborer une nouvelle directive communautaire sur l’installation et le fonctionnement des postes de contrôle sur les corridors routiers de la sous-région. En effet, sur recommandation du dernier Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (Ueac), un projet de directive communautaire a été préparé. Il a pour ambition de réduire les contrôles et instaurer des contrôles mixtes. Il devrait être présenté et adopté lors de l’Ueac qui se tiendra le 4 novembre prochain à Yaoundé.

    Lors de la 2e session extraordinaire du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref Cemac), le secrétaire permanent de ladite instance avait ainsi déclaré: «il faut impérativement que les populations et les opérateurs économiques ne fassent plus demander l’impossible sur les corridors. Nous allons outiller nos agents de postes frontaliers. Il faut aussi diminuer le nombre de contrôles. Parfois sur nos routes il y a plus de 100 contrôles. On ne peut plus dire quelle est la distance entre les contrôles».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Imbroglio sur le taux de mise en œuvre du Pref-Cemac

    Imbroglio sur le taux de mise en œuvre du Pref-Cemac

    La Cemac face à elle-même

    Réunie le 31 mars à Douala (Cameroun), dans le cadre de la 8e session du Programme de réformes économiques et financières (Pref-Cemac), la Cemac soutient que « l’évaluation des actions mises en œuvre au cours de l’année 2018 indique un taux de réalisation de l’ordre de 62,5% sur l’ensemble des piliers du programme ». Une indication curieuse, puisqu’en décembre 2018, lors du 7e comité de pilotage du Pref-Cemac, le taux de réalisation était de l’ordre de 32,5%.
    Plus loin, le rapport de surveillance multilatérale adopté en mars 2019 confirmait cette indication.

    En effet, « aucun État de la Cemac n’avait entièrement respecté les critères macroéconomiques ». Il en est de même du rapport sur l’état d’exécution de la feuille de route du président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Cemac (voir pages 6, 7 et 8). Dans le communiqué final de leur récente rencontre, les chefs d’État de la Cemac ont instruit le président de la Commission de la Cemac de transmettre leurs programmes triennaux de convergence au plus tard en juillet 2019, et leur stratégie d’apurement des arriérés (dette intérieure) au plus tard en décembre 2019.

    Ces mesures tendent à contredire le satisfecit des valeurs relatives que propose la Cemac. À plus d’un an de la fin des premiers programmes avec le Fonds monétaire international (FMI), et à 2 ans de la clôture du Pref-Cemac, l’adhésion aux réformes est très mitigée. Fortunes diverses en réalité. Le Congo et la Guinée Équatoriale n’ont toujours pas conclu de programme avec le (FMI). Pire, le budget 2019 de certains pays repose par exemple sur l’hypothèse d’un baril à 63 dollars, voire 70 dollars. Or les cours sont en oscillation. En début d’année, le baril était à 48 dollars. Présentement, il se situe légèrement au-dessus de 60 dollars.

    Zacharie Roger Mbarga

  • La discipline économique bafouée dans la sous-région

    La discipline économique bafouée dans la sous-région

    En plein contexte de réformes économiques et financières, les règles de convergences macroéconomiques sont très peu respectées par les États membres de la communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac).

    Le savoir-faire camerounais en opération séduction

    En 2018, aucun des six États membres n’a mis en œuvre les 4 critères de convergence. Il s’agit du (maintien de l’inflation à 3%, endettement public en deçà de 70% du PIB, un solde budgétaire supérieur à –1,5% du PIB et l’absence d’arriérés sur la dette publique).

    Fortunes diverses
    À l’occasion de la 36e session du Collège de surveillance multilatérale, tenu le 11 mars dernier à Douala, le rapport 2018 présente une géométrie variable dans l’implémentation desdites règles de convergence. Tandis que la Guinée Équatoriale et la Centrafrique ont respecté 3 critères (inflation, endettement public et solde budgétaire), le Cameroun n’a respecté que deux (endettement et inflation), comme le Tchad et le Gabon (solde budgétaire et endettement public). Le Congo s’est contenté de contenir l’inflation à 3%.

    Le rapport d’évaluation de la mise en œuvre du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref Cemac) annonçait déjà cette tendance en pointant notamment le rythme élevé de réendettement de certains États. Par ailleurs, les États doivent concevoir des programmes triennaux de mise en œuvre des critères de convergences et les transmettre à la Commission de la Cemac pour harmonisation. À ce jour, seul le Cameroun a respecté cette autre règle.

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : Risque d’enlisement de la crise économique

    Cemac : Risque d’enlisement de la crise économique

    La croissance dans la sous-région reste tributaire du secteur pétrolier. Depuis quelques mois, le prix du pétrole est pourtant reparti à la baisse. 

    Les leçons du sommet extraordinaire de 2016 peinent à être tirées

    Après la récession de 2016, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac) renoue avec la croissance. La Cemac a en effet vu son produit intérieur brut (PIB) croitre de 1% en 2017. Pour 2018, la richesse communautaire devrait augmenter de près de 2%. Mais comme le constate le Fonds monétaire international (FMI), «la croissance régionale  demeure atone et ne s’est pas encore accélérée comme prévu ». On est en effet loin des 3 % espérés en début d’année dernière.
    Il y a même plus inquiétant : cette légère embellie reste fortement dépendante du secteur pétrolier. « La croissance hors secteur pétrolier devrait tomber en 2018 à 1,0 %, contre 2,6 % en 2017. Un rebond plus marqué que prévu du PIB pétrolier (+ 7,3 %) contribuerait néanmoins à une accélération de la croissance globale, de 1,0 % en 2017 à 2,2 % en 2018 », indique le FMI dans son communiqué daté du 18 décembre 2018, et sanctionnant les entretiens annuels concernant les politiques communes de la Cemac.

    Risque de rechute
    Et même les 3 % de croissance espérée cette année dépendent aussi en partie du secteur pétrolier. Le budget 2019 de certains pays repose par exemple sur l’hypothèse d’un baril à 63 dollars (Cameroun) voire 70 dollars (Congo Brazzaville). Or les cours sont repartis à la baisse. Il y a quelques jours, le baril de pétrole s’est même échangé contre 48 dollars seulement.
    « Un retournement des prix du pétrole accroitrait les pressions sur les comptes budgétaires et extérieurs et sur le secteur financier, surtout dans les pays qui dépendent le plus des recettes pétrolières (comme le Congo et la Guinée Équatoriale) », prévenait déjà le FMI en juillet dernier. En un mot, une telle perspective menace les réserves de change de la région qui restent faibles (moins de trois mois d’importations). Et bonjour le risque de dévaluation du franc CFA dont la stabilité de la parité avec l’euro dépend du volume des avoirs extérieurs.

    Les inquiétudes sont d’autant plus grandes que la situation sécuritaire, qui fait exploser les dépenses de sécurité et obère l’activité économique, est loin de s’améliorer. En plus de la secte terroriste Boko Haram (qui n’a pas été totalement éradiquée), le Cameroun, locomotive économique de la sous-région, fait face, depuis la fin d’année 2017, à un sanglant conflit sécessionniste. Il a déjà engendré, selon le Programme alimentaire mondial, plus de 440 000 déplacés dont il faut s’occuper. En Centrafrique, la situation sécuritaire demeure très précaire alors que le climat politique se dégrade au Gabon où un putsch a été déjoué la semaine dernière.

    Indiscipline
    Comme s’ils n’étaient pas conscients de la gravité de la situation, les États se pressent lentement à mettre en œuvre les mesures censées générer une croissance durable et inclusive. Réformes décidées lors du sommet extraordinaire de la Cemac, tenu le 23 décembre 2016 à Yaoundé. À quelques mois de la fin de la période arrêtée pour conclure et exécuter les programmes avec le FMI, et à 2 ans de la clôture du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac), le taux de mise en œuvre des réformes est seulement de 32,5 %. On l’a appris le 22 décembre dernier lors de la 6e session du Comité de pilotage du Pref-Cemac, tenue à Yaoundé.

    À l’occasion, le président de la Commission de la Cemac a d’ailleurs regretté le comportement de certains États. « J’observe pour le déplorer que les plans triennaux de convergence à moyen terme ne sont pas parvenus à la Commission pour parfaire, en sus de l’exercice de surveillance multilatérale, la démarche de convergence des politiques macro-économiques et budgétaires », a indiqué Daniel Ona Ondo. Cette indiscipline envers les règles communautaires « pourrait ouvrir la voie à des ajustements d’autre nature aux conséquences imprévisibles pour nos États », a-t-il prévenu.

    Aboudi Ottou

     

    Mise en œuvre des réformes : Les performances des États membres

    Revue des réalisations et les défis de chaque État au terme de l’année 2018. 

    C’est fortune diverse dans la mise en œuvre des réformes, à quelques mois de la fin de la période arrêtée pour conclure et exécuter les programmes avec le FMI, et à 2 ans de la clôture du Pref-Cemac. Alors que la crise continue de sévir, les 6 États se donnent des libertés dans le respect des mesures de sorties de crise. Une situation déplorée lors du récent sommet extraordinaire de la Cemac, le 3e en 3 ans. Implémentation partielle des réformes, nouvelle sanctification de la dépendance aux ressources pétrolières : voilà ce qui caractérise les pays de la Communauté au terme de l’année 2018, selon le rapport d’étape sur la mise en œuvre du Pref-Cemac. Intégration, qui a eu copie du document, fait le point.

    Cameroun
    C’est le meilleur élève en matière de mise en œuvre des réformes en 2018. Précisément, il affiche 50 % pour le pilier politiques budgétaires ; 45,5 % pour les réformes structurelles; 53,8 % pour l’intégration régionale et 100 % pour la coopération internationale.

    Ces résultats s’expliquent par l’opérationnalisation du budget programme, l’amélioration du dispositif de collecte des taxes fiscales et celui du remboursement des crédits TVA, l’élargissement de l’assiette fiscale, la transposition en cours des directives Cemac sur la gestion des finances publiques, le respect des critères de convergence en matière d’endettement et d’inflation, la mise en œuvre du programme filets sociaux pour la protection des couches démunies.

    Le Cameroun a en outre pris des mesures à l’effet de diversifier son économie, améliorer le climat des affaires et développer des sources alternatives de financement des économies. Dans le cadre du programme en cours avec le FMI, le gouvernement s’est engagé à avoir recours aux Partenariats publics privés (PPP). L’État a adopté son Plan directeur d’industrialisation en 2016 et renforcé les exonérations fiscales en matière d’incitation à l’investissement dans le secteur industriel.

    En matière d’intégration, le Cameroun met en œuvre les projets du marché commun de la Cemac, et il a adhéré aux instruments communautaires africains en vue de renforcer son infrastructure statistique. L’État tente également de densifier ses interconnexions (routières, énergétiques et numériques) avec la sous-région.

    Pour ce qui est de la coopération internationale, la conclusion d’un accord avec le FMI (et les trois revues toutes concluantes effectuées jusqu’ici) a permis au pays de recevoir des partenaires (FMI, Bad, AFD, BM, UE…) 799 milliards de francs CFA, soit 63% des financements attendus.

    Zacharie Roger Mbarga

    République centrafricaine


    La RCA c’est 33,3 % pour le pilier politiques budgétaires, 27,3 % pour les réformes structurelles, 30,8 % pour l’intégration régionale et 100 % pour la coopération internationale.

    La performance est justifiée par un faible élargissement de la base fiscale (droits d’accise sur les tabacs et boissons non alcoolisées), la facilitation du remboursement des crédits TVA, la transposition des règles communautaires de gestion saine des finances publiques, le respect des critères de convergence que sont le solde budgétaire et le niveau d’endettement.

    En matière de diversification, le gouvernement envisage la création d’une zone industrielle. Pour l’amélioration du climat des affaires, le pays a adopté un code des PME.

    Au plan régional, la Centrafrique applique le tarif extérieur commun de la communauté. Il est inscrit dans la Loi de finances 2018. En matière de statistiques, la RCA a adhéré à la Charte africaine de statistique en vue de renforcer son système de collecte, de gestion et d’interprétation des données statistiques.

    La coopération internationale de la RCA consiste au suivi, jusqu’ici satisfaisant, d’un programme avec le FMI d’un montant de 68,7 milliards francs CFA. Quatre revues satisfaisantes ont été menées. Parallèlement, il bénéficie de l’assistance technique de ses partenaires pour le renforcement des capacités techniques de ses administrations économiques et financières.

     

    Congo


    Le Congo, l’un des passagers clandestins, termine l’année 2018 avec les chiffres ci-après : 25 % pour le pilier politiques budgétaires, 27,3 % pour les réformes structurelles, 23,1 % pour l’intégration régionale et 25 % pour la coopération internationale.

    L’État examine en ce moment les mécanismes pour un meilleur recouvrement de la taxe foncière afin d’élargir l’assiette fiscale. La restructuration de la dette bilatérale avec la Chine ainsi qu’avec les autres créanciers bilatéraux et multilatéraux demeure en étude. La Chine a toutefois donné son accord de principe. Le Congo a achevé la transposition des directives Cemac sur la gestion des finances publiques. Mais pour ce qui est des critères de convergence, seul celui sur l’inflation a été respecté.
    Pour l’industrialisation, le gouvernement a adopté un plan national de développement des infrastructures. Ceci s’est accompagné de plusieurs actes gouvernementaux pour stimuler le dynamisme du secteur privé, afin d’améliorer l’environnement.

    En vue de tirer profit du commerce régional, le Congo a mis sur pied un comité chargé de superviser l’étude sur l’application des règles d’origine. Le pays s’est situé dans la même dynamique que le Cameroun et la RCA pour la solidification de l’infrastructure statistique.

    Après quatre missions du FMI pour la conclusion d’un programme économique, les négociations se poursuivent avec l’institution de Bretton Woods. Le Congo a signé des accords avec la Banque mondiale, la Bad et l’Agence française de développement. Ces accords dépendent toutefois de l’aboutissement des négociations avec le FMI.

     

    Gabon


    Les performances de Libreville sont de l’ordre de 33,3 % pour le pilier politiques budgétaires, 18,2 % pour les réformes structurelles, 30,8 % pour l’intégration régionale et 100 % pour la coopération internationale.

    Le plus grand chantier a été l’optimisation des ressources intérieures. La réforme de l’infrastructure du fisc devrait conduire à l’amélioration du recouvrement des ressources fiscales. L’élargissement de l’assiette fiscale s’est caractérisé par la création d’une taxe sur les transferts de fonds et l’importation de véhicules gros calibre. En vue d’améliorer la dépense publique, l’État a modernisé la gestion de son personnel pour maitriser la masse salariale. En matière de critère de convergence, seuls l’endettement et l’inflation ont été maitrisés.

    Des mesures de diversification économiques ont été prises et ont porté sur la mise en place d’une plateforme de dialogue public-privé. En sus, on a l’opérationnalisation du guichet unique regroupant l’ensemble de structures intervenant dans le processus de création de l’entreprise.

    En ce qui concerne le pilier intégration régionale, le Gabon s’est cantonné à rendre effectif la libre circulation des personnes. En matière statistique, un projet de développement de la statistique est en vigueur avec la coopération de la Banque mondiale.
    Le Gabon a conclu avec l’Agence française de développement une convention de financement pour un prêt de soutien budgétaire triennal. Le montant global est de 147,5 milliards de francs CFA. Le pays connait une exécution sereine de son programme avec le FMI. La gestion a conduit à plusieurs décaissements de tranche dont la dernière en date est de 55 milliards de francs CFA.

     

    Guinée Équatoriale


    La Guinée Équatoriale a réalisé 16,7 % pour le pilier politiques budgétaires, 18,2 % pour les réformes structurelles, 15,4 % pour l’intégration régionale et 75 % pour la coopération internationale.

    Plusieurs mesures immatérielles ont été prises par l’État : on a la réflexion pour la création de nouvelles taxes, l’accroissement des ressources pour la santé, l’éducation et l’eau, la transmission à la Cemac des textes de transposition des règles de gestion des finances publiques, la définition d’un plan pour le remboursement de la dette interne sur 10-14 ans. L’État a observé trois critères de convergence : les seuils d’endettement, d’inflation et du solde budgétaire.

    La Guinée Équatoriale prépare la reprogrammation de sa stratégie de développement «Horizon 2020». La 3e conférence économique nationale se tiendra au premier semestre 2019. Le pays mettra plus l’accent sur la diversification économique avec la promotion des investissements privés dans le secteur non pétrolier.

    Le FMI et la Banque mondiale soutiennent le pays dans la modernisation de l’appareil statistique national. Au niveau communautaire, Malabo est resté conforme à ses engagements du sommet de février 2017 en matière de libre circulation, bien que sa frontière avec le Cameroun a été fermée en début décembre.

    En matière de coopération internationale, la Guinée Équatoriale a satisfait à un programme de référence en 6 mois. Les négociations se poursuivent pour un programme optimal de restructuration macro-économique.

     

    Tchad


    Ndjamena réalise 25 % pour le pilier politiques budgétaires, 27,3 % pour les réformes structurelles, 30,8 % pour l’intégration régionale et 100 % pour la coopération internationale.

    Ceci est dû au relèvement du taux de pression fiscale, au durcissement des mesures d’exonérations fiscales, à l’élargissement de l’assiette fiscale avec la taxe foncière et le respect des critères de convergence liés au seuil d’endettement, d’inflation et de solde budgétaire.

    En pleine élaboration d’un plan national d’industrialisation, le Tchad a adopté une ordonnance portant régime juridique du partenariat public privé (PPP). Celle-ci a créé une commission nationale des partenariats publics privés et une cellule de coordination d’appui aux PPP.

    La mise en œuvre du pilier de l’intégration régionale s’est caractérisée par la consolidation de l’adhésion à la libre circulation. Le Tchad conduit un processus de rénovation de son service de statistique.

    En matière de coopération internationale, le Tchad bénéficie d’une facilité élargie de crédit. Le pays a satisfait à quatre revues du FMI. Près de 100 millions de dollars ont été versés au pays au titre de l’appui budgétaire. Dans le cadre du programme national de développement du Tchad, 10 000 milliards de francs CFA demeurent escomptés, mais plusieurs conventions ont été signées.

     

    ‘’Il faut lever les obstacles à une croissance durable’’ 

    Michel Cyr Djiena Wembou

    Nos ressources se retrouvant à l’extérieur doivent être mises à contribution pour accroitre l’investissement public 

    Juriste et diplomate, le Camerounais est le secrétaire permanent du Pref-Cemac, instance chargée du suivi et de la mise en œuvre des décisions du sommet extraordinaire de Yaoundé. Il souligne les défis que la sous-région doit encore relever pour sortir du marasme économique. 

     

     

    Au terme des assises de la 6e session du Comité de pilotage du Pref Cemac, que devons-nous retenir de la situation globale dans l’espace Cemac ?
    Après deux années très difficiles (2016, 2017), le taux de croissance projeté sera de 1,7 % pour 2018. En 2019, on envisage 2,9 %. Le problème maintenant est que nous ne voulons pas, qu’après ces taux de croissance positifs, nous retombions dans les situations antérieures. Et pour ne pas le faire, il faut lever les obstacles à une croissance durable. Ceci doit se faire en mettant en exécution les mesures prises du point de vue de la diversification économique, de la rationalisation des dépenses publiques, de la politique monétaire avec la nouvelle règlementation.

    Plus important, la question du rapatriement des ressources issues de l’exportation. On ne peut pas faire un taux de croissance uniquement autocentré sur nos ressources. Nous avons déjà réfléchi sur l’élargissement de la base de l’impôt. Mais nos ressources se retrouvant à l’extérieur doivent être mises à contribution dans nos pays pour accroitre l’investissement public.
    Le second message de cette session a trait au caractère inclusif de nos performances de croissance. Si nos croissances positives ne permettent pas de lever les problèmes sociaux (éducation, santé…), alors le citoyen lambda ne percevra pas les progrès dont nous parlons. Pour qu’elle soit gérable et durable, une croissance a besoin d’être inclusive.

    Quelles solutions le Comité de pilotage a-t-il envisagées et soumis à l’appréciation des chefs d’État ?
    Parmi les mesures envisagées, nous voulons accélérer et approfondir la construction des projets intégrateurs. Il n’est pas normal que dans certains pays nous dépensions beaucoup d’argent pour acheter de la viande d’Argentine. Et pourtant ces viandes se trouvent au Cameroun et au Tchad. Chacun des pays voudrait produire du sucre alors qu’il est possible de mutualiser les efforts et produire à grande échelle. Il en est ainsi du mobilier à base de bois. Nos pays sont tous producteurs de bois, mais nous dépensons des millions à importer des meubles en bois. Ce qui favorise la corruption et la dépense nocive. Or avec la mutualisation, les budgets d’investissements publics et les bons de commande seraient en réalité utilisés pour intensifier la fabrication locale et créer de la valeur ajoutée. Les mesures que nous envisageons, vous l’aurez constaté, se consacrent à la création des économies d’échelle.

    …Parmi les mesures envisagées, nous voulons accélérer et approfondir la construction des projets intégrateurs. Il n’est pas normal que dans certains pays nous dépensions beaucoup d’argent pour acheter de la viande d’Argentine. Et pourtant ces viandes se trouvent au Cameroun et au Tchad…

    Au terme des débats, les ministres ont convenu qu’il faut identifier les priorités et aller de l’avant. Je vous prends un exemple. Nous sommes allés très vite de l’avant pour l’intégration. Les commerçants de Foumbot qui se déploient à Brazzaville n’ont pas eu besoin d’autres choses. Dès que les marchés ont été ouverts, ils les ont investis. Aujourd’hui, 13 % des produits vivriers sur le marché du Congo sont camerounais. Nous attendons l’étude pour ce qui concerne le marché du Gabon. Pas plus tard qu’il y a quelques années, ces produits venaient de l’extérieur de l’Afrique.

    Il y a des avancées. C’est le cas de l’assurance des véhicules. Vous pouvez aller d’un pays à un autre avec la carte rose et aucune loi ne vous frappera. Maintenant, il faut régler les interconnexions routières. Les commerçants souffrent énormément de l’état des routes. Il faut régulariser les contrôles le long des corridors. Il y en a que les gouvernements autorisent, mais il y en a aussi qui sont informels. Ces derniers créent plus de mal que de bien, car ils impactent sur le prix des marchandises.

    Vous l’avez rappelé, l’un des chantiers prioritaires de la Cemac c’est le rapatriement des ressources du secteur extractif. Les pays de la Cemac font de ces secteurs des domaines de souveraineté (pétrole, minerais…). Comment inciter les grandes entreprises étrangères à respecter les règles qui, pour certaines, existent déjà ?
    Nous voulons amener les sociétés transnationales à respecter la règlementation communautaire. C’est là le problème ! Pour faire respecter la règlementation, il faut faire jouer deux acteurs : le régulateur et le régulé. La règlementation existante a déjà été mise à jour et le régime des sanctions a été amélioré. Le comité ministériel de l’Union monétaire a servi de cadre d’adoption à cela. Pour conduire le processus de négociation avec les entreprises, une réunion regroupant les ministres en charge de l’Économie et des Finances de la Cemac et les premiers responsables des sociétés du secteur extractif se prépare. C’est déjà une bonne chose que ces partenaires aient accepté de prendre part à ces négociations.

    Est-ce qu’il y aura les résultats escomptés ? Tout dépendra de notre capacité de persuasion, de gestion et la préparation des dossiers de négociation. Je crois savoir que tout le monde est conscient qu’il faut faire quelque chose. Le premier paragraphe du dernier sommet extraordinaire de Ndjamena évoque l’urgence du rapatriement des ressources.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

     

    Politique monétaire et système financier : mi-figue mi-raisin 

    En 2018, le second pilier du Pref Cemac a connu un niveau d’exécution estimé dans le rapport d’étape à 38,7 %. Ce pilier est constitué de 4 activités : la reconstitution des réserves de changes (45,5 %), le renforcement de l’efficacité de la politique monétaire (100 %), le renforcement de la stabilité et de l’inclusion financière dans la Cemac et la lutte contre le blanchiment (31 %), la redynamisation des marchés financiers (28,6 %).

    Les trois premiers indicateurs sont directement sous le leadership de la Banque centrale. Tout au long de l’année 2018, le niveau de réserve n’a pas réussi à atteindre son niveau requis à savoir 3 mois d’exportation. L’encours des réserves de change s’est situé à 3 069 milliards de francs CFA à la fin avril 2018, représentant 2,5 mois d’importations. Pour parvenir à restaurer une stabilité extérieure, la Beac a continué à resserrer sa politique monétaire.

    Le troisième Comité de politique monétaire (CPM) de l’année 2018 a vu l’annonce du relèvement du taux directeur de la banque centrale des pays de la Cemac, passant ainsi de 2,95 % à 3,5 %. En un an, ce taux aura connu une hausse de 105 points de base, respectivement 50 points en mars et 55 points le 31 octobre dernier. En décembre, lors du dernier CPM, le taux de la facilité marginale de prêt est passé de 5,25 à 6 % et le taux de pénalité aux banques a augmenté de 75 points, passant de 7,55 à 8,30 %.

    La nouvelle configuration du marché financier est le dernier indicateur de ce pilier. Il est piloté par la Commission Cemac. Février 2018 a vu l’adoption de l’Acte additionnel. La première phase, à savoir la fusion des bourses, est attendue pour le 15 février.

    ZRM

  • Programme des réformes économiques et financières : Malade, la Cemac souhaite toujours guérir

    Programme des réformes économiques et financières : Malade, la Cemac souhaite toujours guérir

    CEMAC

    Le tour de vis de Ndjamena !

    À presque deux ans de la mise en œuvre des résolutions du sommet extraordinaire de Yaoundé de 2016, la sous-région Cemac ne parvient toujours pas à sortir du marasme économique. Si les indicateurs macro-économiques ont connu un frémissement, la fragilité des économies reste préoccupante.

    La croissance économique reste très faible et contrastée entre les pays de la zone. Les réserves de change se situent en deçà des 3 mois d’importation requis, malgré la remontée des cours du pétrole et les appuis budgétaires reçus des bailleurs. Les performances budgétaires entre les États membres sont très inégales, avec des dérapages budgétaires observés dans certains pays en lien entre autres, avec la pression exercée sur les finances publiques par le défi sécuritaire.

    Deux ans après, la menace d’un nouveau choc extérieur hante les esprits, notamment dans contexte où le phénomène de passager clandestin est réel. Le récent sommet extraordinaire de Ndjamena a servi de grand-messe de la réaffirmation du sérieux économique et financier. La discipline budgétaire est le maitre mot de cette troisième rencontre en moins de 3 ans. On retiendra que la sous-région va renforcer sa discipline économique et financière, dynamiser le rapatriement des recettes d’exportation et booster la mobilisation des ressources intérieures.

     

    Conjoncture économique de la Cemac

    Agir ou mourir 

    Le sommet extraordinaire engage les États au respect scrupuleux de la discipline économique et financière, à travers l’implémentation rigoureuse des programmes de réformes.

    Les plénipotentientaires du sommet de Ndjamena

    La situation économique et financière des États de la sous-région était le principal objectif du sommet extraordinaire de N’Djamena. La mise en œuvre disparate des résolutions du sommet de Yaoundé de 2016 par les États membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a été remplacée par un rappel des troupes. À N’Djamena, les États ont engagé les ministres et les institutions communautaires à renforcer l’implémentation de la discipline économique et financière. Ceci, à travers les programmes avec le Fmi et la Cemac (voir extrait des résolutions en page 7).

    Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac attire l’attention des États en ces mots : «la croissance économique reste très faible et contrastée entre les pays de la zone. Les performances budgétaires entre les États membres sont très inégales, avec des dérapages budgétaires observés dans certains pays, en lien entre autres, avec la pression exercée sur les finances publiques par le défi sécuritaire». Cette attitude des États conduit à une disparité de performances, d’où la fragilité. Bien plus, la remontée des cours du pétrole entraine un léger frémissement. Les États ont la tentation du relâchement des ajustements, pire, chacun voudrait aller à son rythme. Cette situation fait ainsi craindre le risque d’un nouveau choc extérieur.
    Pour y remédier, le président de la Commission de la Cemac prescrit : «l’amélioration du volume des réserves de change, le strict respect de la règlementation des changes, le rapatriement des recettes d’exportation et la renégociation des contrats d’exploitation des grandes entreprises».

    Indicateurs
    Dans son rapport sur le programme des réformes économiques et financières publié à l’occasion de la réunion des ministres de la zone franc, la Banque de France évoque «des fortunes diverses» dans la mise en œuvre des critères de convergence de la surveillance multilatérale.

    En occurrence, le critère portant sur les arriérés de paiement n’a été respecté par aucun État membre. Le solde budgétaire quant à lui est respecté par quatre pays, à savoir la Centrafrique, le Congo, la Guinée Équatoriale et le Tchad, signale le document.

    S’agissant du critère d’inflation, le rapport souligne qu’il a été respecté par tous les États, sauf la République centrafricaine, tout comme celui de l’endettement, mais à l’exception du Congo.

    Passagers clandestins
    Cette situation est d’autant plus gênante que deux États de la Communauté n’ont toujours pas entamé les ajustements contenus dans la stratégie régionale de sortie de crise. Le chef de l’exécutif communautaire est ferme : «la conclusion urgente de programmes économiques et financiers avec le FMI par le Congo et la Guinée Équatoriale s’impose avec acuité afin d’éviter le risque de passager clandestin». Le Congo et la Guinée Équatoriale présentent une situation macroéconomique des plus inquiétantes. Les deux pays sont sortis des canons sous-régionaux avec un endettement au-delà des 70 % du Pib. L’urgence d’efforts conséquents pour restaurer la viabilité des cadres budgétaires et des comptes extérieurs n’est plus à démontrer. Il y va de la crédibilité de la sous-région. «Cette situation suscite de fortes inquiétudes chez nos partenaires qui ont accepté de nous accompagner dans nos efforts de sortie de crise. Ils attendent de nous des réponses claires aux dysfonctionnements de nos économies» rappelle Daniel Ona Ondo.

    Zacharie Roger Mbarga

    Financement de l’économie 

    Résolu à mobiliser les ressources 

    Afin de réduire l’endettement intérieur et assurer le financement pérenne des États face à la rareté des ressources des produits d’exportations, les États veulent mieux mobiliser les ressources intérieures et les recettes issues de l’exportation.

     

    La Cemac souhaite augmenter ses ressources sur deux axes : les ressources intérieures notamment la fiscalité et le volet extérieur. Ce dernier axe concerne les performances d’exportation. Il s’agit de l’amélioration du volume des réserves de change et le rapatriement des recettes d’exportation. Dans son dernier rapport de politique monétaire, la Beac évaluait le stock de réserve de change à 2,4 mois d’exportations. Le président de la Commission de la Cemac évoque «moins de 3 mois d’importations». Pour y arriver, la Cemac prévoit «le strict respect de la règlementation des changes». Pour ce qui est de l’amélioration des recettes d’exportation, il est prévu une renégociation des contrats d’exploitation des grandes entreprises.
    Lors de la dernière rencontre du Pref-Cemac à Douala, les ministres de l’Économie, des Finances et la Commission de la Cemac se sont accordés sur la mise à contribution des entreprises de la sous-région exerçant dans l’exploitation du sol et du sous-sol. Celles-ci ne devront plus rapatrier leurs recettes, mais les réinvestir dans la région.

    Quant à la mobilisation des recettes fiscales, «nous devons, sans plus attendre, face au resserrement des conditions de financement et des impératifs de soutenabilité de la dette publique, mobiliser davantage nos ressources intérieures» présente Daniel Ona Ondo à l’ouverture du sommet extraordinaire. Les États sont tenus de situer la pression fiscale à hauteur de 20 % du Pib. À la récente réunion des ministres de la zone franc à Paris, un débat a fait fureur. Celui de la suppression des exonérations fiscales. La réflexion suit sans doute son cours, vu que la Beac porte la copaternité de cette idée. Rappelons que les exonérations fiscales sont utilisées dans tous ces pays pour inciter à l’investissement et au réinvestissement.

    Au niveau du fonctionnement de la Cemac, la persistance de graves distorsions dans le processus de recouvrement de la Taxe communautaire d’intégration met à rude épreuve le fonctionnement des institutions communautaires et l’exécution de leurs programmes. À peine 30 milliards de FCFA sur les 99 milliards de FCFA potentiels sont recouvrés en moyenne depuis quelques années. La faible mobilisation de la Taxe communautaire d’intégration (TCI) est à l’origine de l’incapacité du Fonds de Développement communautaire à porter la réalisation des projets intégrateurs.

    Zacharie Roger Mbarga

    L’état de santé économique de la Cemac

    Le président de la Commission de la Cemac en fait le diagnostic à l’occasion du sommet extraordinaire des chefs d’Etats N’Djaména (Tchad), 25 octobre 2018

    Daniel Ona Ondo

    Les circonstances particulières, qui vous ont conduit à convoquer la tenue de ce Sommet me donnent l’occasion de rappeler quelques traits critiques de la situation économique de la Zone, d’esquisser l’état de fonctionnement de la Communauté avant d’évoquer quelques pistes de solutions qui me paraissent utiles à mettre urgemment en œuvre.

    En réponse à la crise sévère induite par la chute des cours du pétrole en 2014, vous avez décidé à l’issue de votre rencontre de Yaoundé en décembre 2016, en présence de la Directrice Générale du Fonds Monétaire International et du Ministre Français de l’Economie, de 21 mesures appropriées destinées à rétablir la stabilisation du cadre macroéconomique, et à jeter les bases de la relance d’une croissance inclusive et durable.

    Votre engagement a porté, faut-il le rappeler, sur l’ouverture et la conclusion à brève échéance de négociations de programmes économiques et financiers avec le FMI.

    Au terme des deux premières années de mise en œuvre desdits programmes, les résultats, il faut l’admettre, restent globalement en deçà des attentes.

    En dépit des améliorations des indicateurs macro-économiques, du fait en grande partie de l’appréciation des termes de l’échange, la fragilité de nos économies reste un sujet de préoccupation majeure.
    En effet,

    • La croissance économique reste très faible et contrastée entre les pays de la zone ; ·
    • Les réserves de change se situent en deçà des 3 mois d’importation requis, malgré la remontée des cours du pétrole et les appuis budgétaires reçus des bailleurs ;
    • Les performances budgétaires entre les Etats membres sont très inégales avec des dérapages budgétaires observés dans certains pays en lien entre autres, avec la pression exercée sur les finances publiques par le défi sécuritaire.
    A ces effets, il convient de relever le risque patent pour nos Etats, d’une implémentation, chacun à son rythme, de la stratégie régionale des réformes que vous avez adoptée à Yaoundé.
    Autre menace qui pèse sur la mise en œuvre de cette stratégie, c’est le relâchement des efforts de redressement suite à la remontée des cours du pétrole.
    Ces fragilités sont accentuées par les chocs sécuritaire et humanitaire qui persistent dans notre zone et qui pèsent irrémédiablement sur les économies.
    Dans ce contexte, la survenance d’un nouveau choc récessif extérieur compromettrait nos efforts de redressement et de transformation structurelle que vous avez engagés.
    Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,
    Cette situation suscite de fortes inquiétudes chez nos partenaires qui ont accepté de nous accompagner dans nos efforts de sortie de crise.
    Ils attendent de nous des réponses claires aux dysfonctionnements de nos économies.
    C’est ici le lieu de rappeler combien il est important de préserver la confiance que ces derniers ont placé en nous.
    C’est également le lieu de rappeler l’urgence d’efforts conséquents pour restaurer la viabilité des cadres budgétaires et des comptes extérieurs, procéder à des corrections nécessaires, en somme, maintenir le cap des réformes économiques.
    Dans cet élan, un accent particulier devrait être porté sur certains domaines prioritaires.
    • En ce qui concerne l’amélioration du volum·e des réserves de change, le strict respect de la règlementation des changes, le rapatriement des recettes d’exportation et la renégociation des contrats d’exploitation des grandes entreprises peuvent y contribuer.
    • Quant à la mobilisation des recettes fiscales, nous devons sans plus attendre, face au resserrement des conditions de financement et des impératifs de soutenabilité de la dette publique, mobiliser davantage nos ressources intérieures.
    • Pour ce qui est de nos rapports avec le FMI, la conclusion urgente de programmes économiques et financiers avec le FMI par le Congo et la Guinée Equatoriale s’impose avec acuité afin d’éviter le risque de passager clandestin.
    • Et enfin, il est plus que jamais impératif d’accélérer les réformes structurelles en cours visant la diversification de l’économie, l’amélioration du climat des affaires et l’approfondissement de l’intégration régionale.

    Dans cette dynamique, le rôle des institutions de financement de l’économie de la sous-région revêt un caractère prioritaire.
    En effet, celles-ci doivent procéder à des réformes nécessaires pour le renforcement de leurs capacités managériales et opérationnelles, qui leur permettent de mener à bien leurs missions.

    Pour autant, le processus doit se dérouler dans un environnement qui consacre la sérénité dans les relations entre les Institutions communautaires.

    Dans la même veine, il est impératif que les échéances relatives à la fusion des deux marchés financiers soient tenues.
    L’application effective de ces différentes mesures est attendue de nos partenaires extérieurs. Elle montre notre volonté de sortir de la crise et de donner un nouvel élan à nos engagements de 2016.

    Excellences, Messieurs les Chefs d’Etat,
    Aux vulnérabilités que j’ai rappelées ci-dessus, il faut relever la faible intégration des économies des pays de la CEMAC.
    Nous vivons dans une des zones la moins intégrée du Continent.

    Cet état des choses pénalise les réformes économiques ét notre marche pour l’émergence de notre Communauté.
    Depuis 1964 que le chantier de l’intégration et du marché commun a été ouvert, nous ne pouvons plus nous satisfaire de l’état actuel du processus, marqué notamment par le volume des échanges intra-communautaires qui ne dépasse guère les 3%.
    Si ce n’est pas la préférence nationale, nos Etats restent attachés aux importations de biens et services de pays lointains.
    Pendant que nous déplorons l’érosion des réserves de change, quel anachronisme, cette préférence de s’approvisionner au bout du monde en biens pourtant produits chez le voisin à coté dans l’espace CEMAC?

    Nous ne ferons plus l’économie de porter une attention soutenue sur les mesures urgentes visant à lever tous les obstacles et barrières intra-zone qui pèsent sur la circulation des échanges dans l’espace communautaire.

    Il s’agit là d’un levier pour stabiliser nos réserves de change et conséquemment, protéger notre monnaie commune.
    La faible intégration de nos économies se mesure aussi à l’aune des dysfonctionnements dans le financement du fonctionnement de nos institutions communautaires.

    Malgré votre fort engagement, nous relevons la persistance de graves distorsions dans le processus de recouvrement de la Taxe Communautaire d’intégration.

    A peine 30 milliards de FCFA sur les 99 milliards de FCFA de potentiel sont recouvrés en moyenne depuis quelques années.
    Cette situation met à rude épreuve le fonctionnement des Institutions communautaires et l’exécution de leurs programmes.
    La faible mobilisation de la TCI est à l’origine de l’incapacité du Fonds de Développement Communautaire à porter la réalisation des projets intégrateurs.

    La faible intégration se mesure enfin au rôle marginal que joue la Commission dans le processus décisionnel au sein de la Communauté, au regard de l’absence de sanctions dans la non observation par les Etats de leurs engagements communautaires en général, et des critères de convergence en particulier.

    Dans cette même logique, il faut noter le rôle moins marquant joué par la Commission dans les deux unions économiques et monétaires.

    C’est l’occasion de donner à la Commission la place centrale qu’elle doit occuper dans le processus décisionnel et la coordination harmonieuse des politiques économiques et budgétaires de la Communauté.
    En outre, dans le cadre de notre vision d’efficacité et de cohérence institutionnelle, nous pensons qu’il importe de procéder à la rationalisation de nos Institutions communautaires.

    Excellences, Messieurs les Chefs d’Etat,
    Il ne fait aucun doute que de votre rencontre d’aujourd’hui, dans cette capitale où des grandes décisions ayant marqué l’histoire de notre Communauté ont été prises, sortiront des réponses à même de conforter nos efforts visant à rendre nos économies plus résilientes.

    Je ne doute pas de votre volonté d’insuffler une nouvelle dynamique à notre Communauté après les décisions courageuses prises en décembre 2016 à Yaoundé.

    Je crois en votre volonté de donner une place centrale à la Commission de la CEMAC dans le processus décisionnel dédié à la résolution de la crise et un rôle primordial dans la conduite de l’intégration sous-régionale.
    Je ne saurais terminer mon propos, Excellences Messieurs les Chefs d’Etat, sans en appeler à votre très haute attention sur· l’impérieuse nécessité de renforcer la solidarité communautaire.

    Cette solidarité nous impose d’avancer ensemble, au même rythme dans la mise en œuvre du programme d’actions décidées lors de votre Sommet de Yaoundé.

    Avancer ensemble, c’est s’approprier les programmes triennaux de convergence dont les Etats peinent à adopter, ôtant ainsi à la Commission de la CEMAC, toute possibilité de rappel à l’observation de la discipline budgétaire notamment.

    Avancer ensemble, c’est renforcer l’intégration économique de notre espace CEMAC et œuvrer à l’aboutissement des initiatives engagées en faveur de la paix.

    C’est dans la solidarité et l’unité que nous pourrons relever les nombreux défis auxquels fait face notre Communauté et à l’endroit de laquelle, vous n’avez eu de cesse de marquer votre soutien multiforme.

    Vive la CEMAC,
    Vive l’intégration sous-régionale.
    Je vous remercie de votre aimable attention.

     

    RÉSOLUTIONS DE LA CONFÉRENCE DES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DE LA CEMAC

    Pour les États membres :
    La Conférence des chefs d’État encourage les États membres à faire respecter la convention régissant l’Union Monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) et la règlementation des changes en vigueur, en vue de favoriser le rapatriement intégral des recettes d’exportation.

    Les États membres réaffirment l’urgence de mettre en œuvre toutes les mesures contenues dans les programmes économiques conclus avec le Fonds monétaire international (FMI).

    La Conférence des chefs d’État instruit les ministres en charge des négociations ou du suivi du programme économique avec le FMI de faire montre d’une détermination sans faille dans la mise en œuvre des réformes indispensables au redressement économique de la sous-région.

    La conférence des chefs d’État encourage les États membres à mettre en place, suivant le calendrier convenu, le plan d’actions du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (GABAC), visant à pallier les faiblesses identifiées dans les dispositifs de lutte anti-blanchiment à capitaux et le financement du terrorisme.

    Pour les institutions communautaires:
    La Conférence des chefs d’État encourage la BEAC à poursuivre l’application de toutes les mesures de son ressort nécessaires à la stratégie de sortie de crise, au redressement des économies de la CEMAC, et au maintien de la stabilité monétaire et financière.

    La Conférence des chefs d’État instruit la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) de renforcer la suspension prudentielle des établissements de crédit afin de garantir la stabilité du système bancaire sous-régional.

    La Conférence des chefs d’État instruit la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) d’accélérer les réformes des politiques sectorielles communes et le renforcement de l’intégration sous-régionale, et d’améliorer sa gouvernance.

    La Conférence des chefs d’État engage l’Union Économique de l’Afrique centrale (UEAC) et l’Union Monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) à mettre en place un dispositif plus contraignant, afin d’assurer le plein respect des critères de convergence et favoriser ainsi la coordination des politiques budgétaires nationales et de la politique monétaire commune.

    S’agissant de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), la Conférence des chefs d’État décide de la réforme de cette institution et prend notamment les mesures suivantes :
    – La séparation des fonctions de président de la BDEAC et de président du Conseil d’administration ;
    – La création d’un Comité de crédit et d’un Comité de rémunération.

  • Sommet de l’Union africaine: Les dossiers sur la table des chefs d’Etat

    Sommet de l’Union africaine: Les dossiers sur la table des chefs d’Etat

    Bien que placée sous le thème de la lutte contre la corruption, la 31e édition de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement du continent planchera sur quatre sujets majeurs: le projet de réforme institutionnelle de l’UA, la zone de libre-échange continentale, les relations ACP-UE post 2020, le budget 2019 de l’organisation continentale. Décryptage.

    Les responsables de la réforme institutionnelle de l’UA.

    Les assises des chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union africaine (UA) se dérouleront en Mauritanie les 1er et 2 juillet 2018. Elles seront précédées par les travaux du conseil exécutif (28-29 Juin) et du comité des représentants permanents (25-26 Juin). Le sommet est placé sous le thème «vaincre la corruption: une voie durable pour la transformation de l’Afrique». Le président nigérian Muhammadu Buhari, leader désigné pour la promotion du thème de l’année 2018 exposera les acquis et défis de la lutte contre cette gangrène aux niveaux continental et régional. Cette présentation ouvrira le bal d’un ensemble de communications.

    Paix et la sécurité

    En matière de paix et de sécurité, trois temps forts seront scrutés. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA présentera son rapport sur l’état de la paix et de la sécurité en Afrique. Sur ce sujet, la présentation du rapport sur la mise en œuvre de la feuille de route des démarches pratiques pour faire taire les armes en Afrique en 2020 par cette instance est très attendue. Lors d’un précédent sommet, les chefs d’Etat ont instruit sa préparation pour y voir clair.

    Le dernier mouvement de cette rubrique sera consacré au Sahara occidental. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, va exposer son rapport sur cette épineuse question. Il se penchera sur le dernier rapport du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies sur le sujet, la prolongation de la mission onusienne sur le referendum au Sahara occidental (Monurso) et les négociations en cours. L’Onu vient de consacrer la participation aux négociations des pays tiers ayant une influence sur le problème, en l’occurrence l’Algérie.

    Agenda 2063

    Le sommet sera aussi l’occasion pour les chefs d’Etat de faire le point sur le projet de réforme de l’organisation panafricaine. La commission des 15 ministres africains des finances a rendu son verdict sur les consultations liées au financement de l’UA. L’arbitrage des chefs d’Etat est attendu sur la diminution du nombre de sommets par an et la mutation du Nepad en agence de développement. Le sujet le plus délicat est le renforcement de la position du président de la Commission de l’UA, qui, à défaut de nommer pourrait désormais valider les candidatures des commissaires. Le président Rwandais, Paul Kagame, président en exercice de l’UA et leader de la réforme de l’organisation continentale, va exposer à huis clos sur le sujet. Un rapport assorti de recommandations concertées est attendu.

    Après l’enregistrement de quatre dépôts d’instruments de ratification, la zone de libre-échange continentale (Zlec) est à nouveau à l’ordre du jour des préoccupations des chefs d’Etat et de gouvernement. Le président nigérien Mahamadou Issoufou, porte – étendard de la Zlec, va présenter l’état des lieux à ses homologues. Il les informera de l’avancée des négociations de la seconde phase qui concerne l’érection des protocoles additionnels à l’acte constitutif sur la politique de concurrence, les droits de propriété intellectuelle, l’investissement et la circulation des personnes d’affaires. Ce sera surtout l’occasion de lever les équivoques qui pèsent sur la non- signature et la non- ratification par certains Etats.

    La dernière communication du président de la Commission portera sur la position africaine commune sur les relations ACP (Pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) avec l’Union européenne (UE) après 2020. L’accord de Cotonou censé durer 20 ans arrive à expiration. L’UE a déjà fait valoir le nouveau format de déploiement. Il sera adossé sur les ensembles régionaux. Le rapport de Moussa Faki Mahamat proposera aux chefs d’Etat africains des pistes pour adopter une position concertée à l’effet de transmettre des contre-propositions.

    Budget et nominations

    Le budget de l’exercice 2019 sera examiné et adopté. Celui de l’exercice 2018 s’élevait à près de 650 millions de dollars (366 milliards de francs CFA). Le nouveau budget est plafonné à 800 millions de dollars. Ceci est dû à «l’embellie économique et financière des Etats», indique le projet d’ordre de jour de l’institution.

    Le personnel des institutions spécialisées connaitra un mouvement. Avec la nomination de quatre juges de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples; cinq membres du Conseil de l’Union africaine pour le droit international ; quatre membres du Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant et du vice-président du Conseil de l’Université panafricaine (UPA).

     

    Elargissement de la CEDEAO

    La CEA ouvre la réflexion

    La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique réunit une palette d’acteurs pour des discussions profondes, fécondes et dépassionnées sur les implications socioéconomiques et culturelles réelles des nouvelles adhésions dans cette communauté économique régionale.

    Afin de lever les contraintes et relever les défis relatifs à l’adhésion de certains pays d’Afrique du Nord à la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), la CEA réunit cette semaine, du 25 au 26 juin 2018 à Cotonou, les experts des Etats-membres, les représentants des Communautés économiques régionales et des Organisations intergouvernementales de l’Afrique de l’ouest, le secteur privé et la société civile. Les experts du commerce extérieur, des questions douanières et de l’intégration dans les ministères en charge du commerce et ceux en charge de l’économie et des finances sont principalement ciblés au niveau des pays.

    L’élargissement de la CEDEAO est un chantier majeur, selon la CEA. La réunion ad-hoc du groupe d’experts permettra aux participants d’examiner les implications économiques en termes de flux commerciaux et de recettes publiques, d’identifier et de discuter les principaux défis et enjeux pour la CEDEAO et les pays candidats à l’adhésion. La réunion ad-hoc va formuler des recommandations pour un élargissement économiquement et socio – économiquement avantageux pour les différentes parties et surtout pour l’effectivité de la zone de libre-échange continentale (Zlec).

    Selon, Dimitri Sanga, directeur de la CEA pour l’Afrique de l’ouest, «Alors que l’Afrique s’engage résolument sur la voie de la mise en œuvre de la Zlec, nous sommes en train de franchir une étape importante de la création de la Communauté économique africaine telle que prônée par certains pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). C’est le cas des demandes en cours d’élargissement potentiel de la CEDEAO. Nous sommes convaincus que les experts de l’Afrique de l’ouest vont donner des pistes de solutions pour mener à bien tous ces chantiers qui sont censés nous mener vers l’intégration de la sous-région et du continent dans son ensemble».

    Zacharie Roger Mbarga

    ‘’Les reformes doivent se poursuivre’’ 

    Daniel Ona Ondo

    On a du mal à convaincre nos ministres des finances de financer la Cemac. Ils se disent, «à quoi sert cet argent?» Je puis vous rassurer aujourd’hui, nous utilisons le franc que nous recevons pour faire en sorte qu’il y ait des projets intégrateurs

    Le président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) fait le point des avancées du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-CEMAC).

     

    Monsieur le président, quelles sont les principales avancées observées au niveau du Pref-Cemac depuis le sommet des chefs d’Etat du 23 décembre 2016?
    Nous nous sommes réunis pour la cinquième édition d’évaluation du Pref-Cemac ce vendredi 22 juin 2018. Comme vous le savez, le Pref-Cemac a été créé par les chefs d’Etat à la suite des décisions qui ont été prises en 2016. Je crois qu’ils ont bien été inspirés de créer le Pref-Cemac, pour redresser la situation économique de nos pays. Il y a eu des avancées considérables parce que tous les pays ont fait un ajustement réel. Ils ont revu leurs dépenses et ils ont essayé d’augmenter leurs recettes. En matière d’ajustement financier et monétaire, des décisions importantes ont été prises au niveau de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).

    Aujourd’hui, nous sommes heureux de constater qu’en matière de couverture extérieure, nous avons des réserves qui vont au-delà de deux mois. Au niveau des reformes structurelles, je pilote ce dossier avec le Pref-Cemac. Avec le Fodec, nous avons des reformes structurelles qui sont en place et nous avons des reformes qui vont dans le même sens, faire en sorte qu’il y ait des projets intégrateurs. Les gens ne croient pas à l’intégration parce qu’ils ne voient pas les résultats d’intégration. Donc tout va dans le bon sens. Il y a lieu de ne pas perdre espoir. Nous allons continuer.

    Vous savez que sur les six pays de la sous-région, quatre ont signé des accords avec le Fonds monétaire international (FMI), pour trois ans. Ils bénéficient des ressources financières. Deux sont en phase de signer. La Guinée Equatoriale, qui va avoir un programme de référence et la République du Congo qui est aussi en phase de signer. Tout ne va peut-être pas dans le meilleur des mondes, mais tout va dans le bon sens. Je puis vous rassurer que nous avons fait du bon travail. Nous avons des embellies aujourd’hui. Des recettes pétrolières sont en train d’augmenter, donc nous disons aux Etats «ce n’est pas le moment de relâcher l’effort».

    Il faut continuer les reformes structurelles. Il faut continuer le travail. Il ne faut pas se dire qu’on a des recettes. Je crois que ces recettes doivent permettre de régler notre endettement et faire des projets intégrateurs qui permettent à nos pays de connaître une croissance importante. Aujourd’hui, la croissance est au rendez-vous par rapport à l’année dernière, où la croissance était négative. Nous en sommes heureux. Nous allons rendre compte aux chefs d’Etat pour dire que les dossiers qu’ils nous ont confiés vont dans le bon sens.

    Peut-on avoir une idée des discussions que vous avez eues avec les responsables des compagnies qui exploitent nos ressources naturelles ?
    Le principe est simple : les compagnies sont tenues de rapatrier les recettes d’exploitation conformément aux règlements que nous avons édictés, même s’il y a libre convertibilité au niveau de la zone franc. Elles doivent transférer les réserves. Ça nous arrangerait parce que ça nous permettra de conforter les réserves de change dans la sous-région. Maintenant, vous savez que nous sommes des éducateurs. Il faut des gens pour passer le message.

    Que des gens sachent qu’il y a une loi qui existe. Il faut qu’ils se conforment à cette loi. Avant de passer à la phase répressive, il faut que des gens soient informés des lois qui existent dans nos Républiques, qui font obligation aux acteurs économiques de rapatrier leurs recettes. Bien sûr, ils ont signé certaines conventions avec nos pays. Dans ces conventions, ils ont la possibilité de garder certaines recettes de change pour le fonctionnement régulier de ces entreprises. Nous avons regardé tout ça. Nous avons discuté entre nous pour édicter des mesures qui permettent de ne plus signer ce genre de conventions qui pénalisent nos pays.

    …Tout ne va peut-être pas dans le meilleur des mondes, mais tout va dans le bon sens. Je puis vous rassurer que nous avons fait du bon travail. Nous avons des embellies aujourd’hui. Des recettes pétrolières sont en train d’augmenter, donc nous disons aux Etats «ce n’est pas le moment de relâcher l’effort». Il faut continuer les reformes structurelles…

    Il y avait au programme de la dernière session du Pref-Cemac l’amélioration du cadre des affaires, la diversification des économies des pays membres de la Cemac. A quel niveau en sommes-nous ?
    C’est une question fondamentale. Vous savez, nos économies ont en partie d’être mono producteur de pétrole. Naturellement, quand le prix du pétrole baisse, nous allons vers le bas. Aujourd’hui, nous essayons de faire en sorte que les économies soient diversifiées. Il y a des économies qui ont déjà fait un gros effort de diversification. Le pays dans lequel nous nous trouvons [Cameroun] est mieux diversifié que tous les autres de la sous-région.

    Ces réformes doivent se poursuivre. Nous mettons un accent dessus. Au niveau de la Commission, on améliore la communication pour faire en sorte que l’intégration soit acceptée par tout le monde parce que plus on est nombreux, mieux ça vaut. Nous avons des économies de petites dimensions. Dans la sous-région, je pense que nous sommes à 40 millions d’habitants. Vaut mieux qu’on produise pour 40 millions pour avoir des économies d’échelle. Donc la diversification est au centre des préoccupations de nos Etats.

    Et pour ce qui concerne l’amélioration juridique et l’attractive des différentes économies ?
    C’est normal. On ne peut pas attirer des investisseurs avec le bâton. Il faut créer un cadre qui soit adapté. Donc il faut créer un environnement qui améliore le cadre des affaires. Au niveau de la Commission, nous sommes en train de voir le problème de partenariat public-privé, qui permettrait de concilier le public et le privé dans un cadre organisé. C’est une piste qui est là. Nous faisons en sorte que les lois ne soient pas des lois qui empêchent aux entreprises de pouvoir s’implanter. C’est dans l’intérêt de nos économies.

    Je profite de l’occasion pour remercier les autorités camerounaises pour ce qu’elles font afin qu’on puisse avoir un cadre agréable pour pouvoir discuter. C’est la deuxième ou la troisième fois que nous tenons une réunion du Pref-Cemac ici, et les conditions de travail sont toujours agréables. Je remercie la presse qui fait en sorte que notre voix soit mieux entendue. Parce que souvent, moi, là où je me trouve, on a du mal à convaincre nos ministres des finances de financer la Cemac.

    Ils se disent, «à quoi sert cet argent?» Je puis vous rassurer aujourd’hui, nous utilisons le franc que nous recevons pour faire en sorte qu’il y ait des projets intégrateurs. Pour le Pref-Cemac, nous avons eu plus de dix milliards pour créer des projets. Nous avons des études qui sont déjà lancées aujourd’hui, qui permettront à terme, de financer certains projets intégrateurs dans la sous-région.

    Monsieur le président, où en sommes-nous avec la libre circulation dans la zone Cemac ?
    La libre circulation est effective. Si vous allez dans des aéroports, vous allez y trouver des points de passage de la Cemac, comme en France il y a des points de passage de l’Union européenne. La libre-circulation a été actée par les chefs d’Etat à la conférence de Ndjamena. Donc elle est effective. Il y a eu un petit problème. Je crois que c’est à cela que vous faites allusions. Nous sommes en train d’y remédier. Je crois qu’il faut éviter d’invectiver les Etats. Ce sont ces Etats qui ont accepté la libre circulation. Je crois qu’il y a une avancée considérable de l’intégration sous-régionale. Et effectivement, il y a encore des scories, il y a encore des petits problèmes.

    Il faut éduquer les gens. Que les Camerounais ne soient pas mal vus au Gabon, qu’un Gabonais ne soit pas mal vu en République Centrafricaine, qu’on s’accepte mutuellement. Au niveau de la Cemac, nous avons mis de l’argent au niveau d’Interpol pour faire des passeports sécurisés. Nous allons faire en sorte que des points de passage soient sécurisés. C’est un travail à faire. Ça ne se fera pas du jour au lendemain parce que là aussi, il faut qu’on travaille nos mentalités. Qu’on accepte de vivre ensemble. Ça s’est fait en Afrique de l’ouest, il n’y a pas de raison que ça ne se fasse pas en Afrique centrale. Il y a des pays qui ont déjà des passeports Cemac. Nous faisons en sorte que tout le monde puisse disposer d’un passeport Cemac.

    Propos recueillis par
    Didier Ndengue

  • Dix-huit mois de reformes soutenues à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et à la COBAC

    Dix-huit mois de reformes soutenues à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et à la COBAC

    Le 6 février 2017, Monsieur ABBAS MAHAMAT TOLLI a pris ses fonctions en tant que Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale et Président de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC). Depuis cette date, la BEAC a engagé des réformes d’envergure en vue d’aligner l’organisation et le fonctionnement de l’Institut d’Emission sur les meilleures pratiques internationales. De même, la COBAC a initié des réformes en profondeur en vue du renforcement de la surveillance du système bancaire.

    Ces réformes sont une contribution décisive de la BEAC et de la COBAC à la stratégie de sortie de crise engagée par les pays et les institutions communautaires de la CEMAC, en cohérence avec les directives de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC tenue à Yaoundé le 23 décembre 2016.

    Les efforts ainsi engagés, de même que les réformes macroéconomiques et structurelles appliquées par les Etats, avec le soutien de la communauté financière internationale, contribuent progressivement à stabiliser le cadre macroéconomique et financier de la CEMAC. Les effets bénéfiques de ces actions sont perceptibles sur le niveau des réserves de changes dont l’hémorragie a été stoppée, et les évolutions constatées augurent favorablement d’un retour progressif sur un sentier de croissance économique saine et soutenue. L’objectif ultime est en effet de restaurer les grands équilibres macroéconomiques, de doper la croissance et de renforcer la soutenabilité extérieure de la Sous-région, dans une perspective à moyen terme de transformation économique profonde et de réduction sensible de la pauvreté.

    C’est dans ce contexte spécifique que le Gouverneur de la BEAC, Président de la COBAC, vient d’effectuer une visite de travail particulièrement édifiante auprès du FMI à Washington. Au cours de sa rencontre avec Madame Christine Lagarde, Directrice Générale cette institution, le 14 juin 2018, ils ont notamment évalué les progrès sensibles réalisés par la BEAC et la COBAC pour accompagner la stratégie sous-régionale de sortie de crise adossée aux programmes économiques et financiers soutenus par le FMI. Aussi, la Directrice Générale du FMI s’est-elle félicitée du chemin parcouru, tout en invitant toutes les parties prenantes à savoir les Etats, les institutions communautaires et les bailleurs de fonds à maintenir le cap.

    Ces échanges riches et fructueux ont donné lieu à la publication d’un communiqué de presse par le FMI. Les réformes saluées par le FMI se déclinent ainsi qu’il suit, au niveau de la BEAC, d’une part, et de la COBAC, d’autre part :

    Au niveau de la BEAC, la mise en œuvre de ce train de réformes s’est traduite au cours des dix-huit derniers mois par la révision des Statuts de la Banque Centrale, la réforme des instruments de la politique monétaire, le lancement du Plan Stratégique de la Banque (PSB) et le soutien à la mise en œuvre du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC).

    La réforme du cadre juridique et statutaire de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) avait pour objectif principal l’amélioration de l’indépendance et de la gouvernance de la BEAC.

    Ainsi, les nouveaux Statuts de la BEAC ont été adoptés par son Conseil d’Administration en … 2017. Les principaux axes de cette révision du cadre juridique et statutaire portent sur : i) l’amélioration de l’indépendance et de l’autonomie de la BEAC, au sens principalement de la protection de la Banque Centrale des influences extérieures,

    1. ii) le renforcement de la gouvernance et l’exercice de la collégialité dans la gestion courante, et iii) la nouvelle articulation des attributions du Conseil d’Administration et du Comité de Politique Monétaire en matière de gestion des réserves de change.

    Au terme de cette révision des statuts, le dossier de la révision des règlements intérieurs des différents organes de la BEAC a été engagé, pour la mise à jour de ces textes inférieurs avec les nouveaux Statuts révisés de la BEAC.

    Par ailleurs, par décision du 05 août 2017, le Conseil d’administration de la BEAC, suivi en cela par le Comité Ministériel de l’UMAC, a décidé de la suppression des avances directes aux Etats de la CEMAC. Cette décision est effective depuis le 31 décembre 2017. Ce changement, qui représente une évolution majeure dans la politique monétaire de la BEAC, a été consigné, depuis mars 2018, dans les Statuts de la BEAC.

    Toutefois, le remboursement des concours directs aux Etats ne pouvant être réalisés immédiatement au regard de la situation des finances publiques des pays de la CEMAC, des conventions de consolidation ont été signées entre chacun des Ministres en charge des finances et le Gouverneur de la BEAC pour l’étaler sur une période de 10 ans à compter du 31 décembre 2017.

    En définitive, les avances de la BEAC aux Etats sont proscrites mais l’encours des engagements publics existant s’éteindra progressivement d’ici décembre 2027. Il est toutefois prévu qu’en cas de retour à meilleure fortune, un remboursement accéléré et anticipé puisse être réalisé par les Etats concernés.

    Dans le cadre de la conduite de la politique monétaire, afin de faire face aux difficultés économiques et financières auxquelles les économies de ses Etats membres sont confrontées depuis 2014, et pour renforcer les réserves extérieures de la Sous-région, la BEAC a procédé depuis mars 2017 à une réorientation de sa politique monétaire.

    Les mesures prises visent principalement cinq objectifs, à savoir : i) réduire le volume de la liquidité banque centrale pour abaisser la pression sur les avoirs de réserve,

    1. redynamiser le marché interbancaire et optimiser la gestion de la liquidité, iii) assurer un meilleur suivi des transferts sortants et de la position extérieure, iv) réduire la perception du risque de crédit par l’amélioration de la qualité de l’information financière ; et v) promouvoir les marchés de capitaux, notamment ceux des titres de créances négociables (TCN) et des titres

    Les principales actions mises en œuvre dans cette perspective sont les suivantes :

    • La redynamisation du système bancaire : quatre séries de mesures ont été engagées : i) le lancement effectif du marché des titres de créances négociables (TCN) ; ii) la dynamisation du marché interbancaire à travers l’amélioration de l’infrastructure de marché et le renforcement de la transparence du compartiment interbancaire ; iii) le déploiement du mécanisme de la pension-livrée ; et iv) l’adoption d’un cadre d’assistance de liquidité d’urgence.
    • Le développement du système financier : dans cette perspective, la BEAC a engagé un ensemble de mesures visant à améliorer la qualité de l’information financière et à réduire la perception du risque de crédit qui sont bien avancés, avec : i) l’entrée en production au courant du second semestre 2018 de la Centrale des bilans ; ii) la refonte de la Centrale des risques bancaires lancée en 2017, qui aboutira en 2019 ;
    • la mise en place d’ici la fin de l’année 2018 des bureaux d’information sur le crédit (credit bureau) ; iv) l’implémentation à l’horizon 2018 de la Centrale des Incidents de Paiement (CIP). Par ailleurs, la BEAC participe activement au capital de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) dont il est le principal .
    • Pour sa part, le Plan Stratégique de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (PSB), horizon 2017-2020, vise à « porter l’Institut d’Emission au « niveau des meilleurs standards internationaux ».

    Lancé en mars 2017, le PSB constitue l’outil par excellence pour la réalisation de cet objectif. Il a été élaboré selon une démarche participative impliquant toutes les entités de la BEAC (Siège, Directions Nationales et Agences). Cette démarche a permis de dresser un état des lieux et de bâtir les stratégies susceptibles de favoriser un saut qualitatif dans les activités l’Institut d’Emission, en mobilisant les énergies et en canalisant les efforts et les ressources de la Banque en un programme rigoureux axé sur les résultats.

    Globalement, les différents axes de cette stratégie sont :

    1. L’amélioration de l’efficacité de la politique monétaire : il s’agit pour la BEAC d’adapter sa stratégie de politique monétaire au contexte actuel de crise économique ; de finaliser la réforme du cadre stratégique, institutionnel, analytique et opérationnel de la politique monétaire, de redynamiser les marchés des capitaux dans la Sous- région, de renforcer l’information financière des acteurs sur les marchés par la mise en place de la Centrale des Bilans, de la Centrale des incidents de Paiement et d’un bureau d’information sur les crédits ;
    2. Le renforcement de la fonction étude et recherche : l’objectif poursuivi est de développer les études approfondies et les travaux de recherche sur les thèmes en rapport avec la politique monétaire et son environnement ; de renforcer l’appareil statistique et redynamiser la gestion de la base de données économiques, monétaires et financières afin de garantir la disponibilité, la cohérence et la fiabilité des statistiques de la Banque ; d’élaborer des outils d’aide à la décision en appui aux différentes activités de la Banque ;
    3. Le perfectionnement de la gestion des signes monétaires : il vise à améliorer la gestion quantitative et qualitative de la circulation fiduciaire, réduire les délais de traitement des opérations (comptage, tri et destruction), élaborer une méthode rigoureuse de prévision des besoins en signes monétaires ;
    4. La redynamisation de la gestion des réserves de change : il s’agit d’optimiser la gestion des réserves de change de la Banque, renforcer son expertise dans ce domaine, doter la Salle de marchés d’outils et de moyens adéquats ;
    5. Le renforcement du dispositif de la réglementation des changes : le but recherché est d’améliorer le suivi du respect des dispositifs de la réglementation des changes afin de mieux maîtriser les flux de devises dans la Sous-région ;
    6. La consolidation des systèmes de paiement et de règlement : l’ambition est de renforcer l’efficacité du dispositif en vigueur, accélérer le développement de la monétique et de la bancarisation, et accélérer l’inclusion financière dans la CEMAC à travers la vulgarisation et un meilleur encadrement de la monnaie électronique ;
    7. La promotion de la stabilité financière : il s’agit d’améliorer le cadre d’analyse et la politique macroprudentiels dans la CEMAC ;
    8. La rationalisation de la gestion des ressources humaines et le renforcement de la formation du personnel : l’objectif est de satisfaire les attentes légitimes des agents en termes d’équité, de justice et de conditions de travail ; développer la culture du résultat et du mérite ; assurer une gestion transparente des ressources humaines ;
    9. L’optimisation de la gestion des moyens financiers, administratifs et immobiliers : elle vise à rationaliser la gestion des moyens budgétaires et du patrimoine de la Banque ;
    10. Le renforcement du contrôle interne et de la prévention des risques : il s’agit de poursuivre le renforcement du dispositif de contrôle interne, redynamiser les outils de prévention des risques, développer les indicateurs d’évaluation des performances ;
    11. La rationalisation du système d’information : elle vise à garantir un bon fonctionnement des applicatifs métiers, et la qualité et la disponibilité des données grâce notamment à l’élaboration d’un schéma directeur informatique (SDI) qui définira les axes à développer et en assurera leur cohérence.

    L’adoption du PSB par le Conseil d’Administration en décembre 2017 a ouvert la voie à sa mise en œuvre, laquelle doit être encadrée par un dispositif efficace de suivi- évaluation et de conduite du changement adapté aux spécificités de la Banque.

    A cet égard, une batterie d’indicateurs de performance destinés à mesurer périodiquement les résultats et l’impact des différents projets a été conçue, de même qu’un cadre de référence pour la gestion des projets.

    Enfin, le Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), est la réponse de la Communauté à la dégradation du cadre macroéconomique de la CEMAC à compter du second semestre 2014. En effet, dans ce contexte difficile, la Conférence Extraordinaire des Chefs d’Etat tenue à Yaoundé le 23 décembre 2016 a décidé de mettre en place une stratégie sous-régionale de sortie de crise. Articulée autour de plusieurs actions rapides, vigoureuses et coordonnées sur le double plan national et sous-régional, cette stratégie vise la stabilisation du cadre macroéconomique et la transformation structurelle et profonde des économies de la Sous- région, avec l’appui de la Communauté internationale. A cet égard, la plupart des pays ont d’ores et déjà conclu des accords avec les Institutions de Bretton-Woods, particulièrement le Fonds Monétaire International.

    Le PREF-CEMAC s’appuie sur cinq piliers, portant sur : i) l’amélioration des politiques budgétaires, ii) l’orientation adéquate de la politique monétaire et le

    renforcement de la stabilité financière, iii) l’approfondissement des réformes structurelles,

    1. la redynamisation de l’intégration régionale, et v) le renforcement de la coopération internationale. Les objectifs et actions contenus dans la matrice élaborée à cet effet servent de base aux Etats dans leurs négociations avec le

    En droite ligne du deuxième pilier du PREF-CEMAC, et dans l’optique de renforcer les réserves extérieures de la Sous-région, la BEAC a procédé depuis mars 2017 à une réorientation de sa politique monétaire. Les mesures prises visent principalement cinq objectifs, à savoir :

    1. l’optimisation de la gestion de la liquidité centrale pour abaisser la pression sur les avoirs de réserve ;
    2. la redynamisation du marché interbancaire, avec entre autres le déploiement du mécanisme de la pension-livrée et l’adoption d’un cadre d’assistance de liquidité d’urgence ;
    • la mise en place d’un meilleur suivi des transferts sortants et de la position extérieure de la CEMAC ;
    1. la réduction de la perception du risque de crédit par l’amélioration de la qualité de l’information financière en finalisant divers projets dédiés (centrale des bilans, centrale des risques bancaires, bureaux d’information sur le crédit) ;
    2. la promotion des marchés de capitaux, notamment par le renforcement du marché des titres de créances négociables (TCN) et des titres

    La mise en œuvre de ces actions, combinée aux importantes mesures engagées par les Etats membres, singulièrement la consolidation budgétaire et la mise en œuvre des réformes structurelles dans le cadre des programmes financiers conclus avec le FMI, a contribué à la stabilisation du cadre macroéconomique et au renforcement des réserves extérieures, tendance qui devrait se poursuivre à moyen terme. Ainsi, à fin 2017, la chute des réserves de change a pu être enrayée. Ils ont crû à 2,7 mois d’importations de biens et services, contre 2,2 mois en 2016.

    Pour sa part, la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) a décidé de mettre à jour son dispositif de supervision afin de tenir compte des mutations de l’environnement international ainsi que des carences relevées par le Secrétariat Général  de la COBAC dans ce domaine. Depuis le 1er janvier 2017, plusieurs réformes majeures, en droite ligne avec les meilleurs standards internationaux, sont entrées en vigueur en ce qui concerne les établissements de crédit et de microfinance. Ces réformes visent à corriger les vulnérabilités du système bancaire de la CEMAC et à renforcer sa résilience,

    notamment à travers une intensification des efforts de résolution des banques en  difficulté, la mise en place de mesures d’astreintes dissuasives pour faire respecter la réglementation, et l’implémentation d’un cadre de supervision des banques systémiques. De plus, une surveillance des groupes bancaires a été instaurée, et la Commission Bancaire a édicté plusieurs réglementations pour mieux encadrer le secteur de la microfinance, dont la réforme du cadre réglementaire constitue une étape importante pour la maîtrise des risques auxquels font face les acteurs de ce secteur.

    Dans ce contexte, la COBAC a adopté et mis en œuvre un plan stratégique, dénommé « COBAC : une dynamique nouvelle », qui s’articule autour des missions ci- après :

    • réformer et réglementer pour garantir une bonne maîtrise des mutations et innovations accélérées de la finance ;
    • transformer le Secrétariat Général de la COBAC en rationalisant et en modernisant sa structure organisationnelle, ainsi que ses méthodes et outils de travail ;
    • renforcer et garantir les compétences.

    A terme, ce plan devrait également poursuivre la mise en place de la supervision basée sur les risques, le renforcement de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et la modernisation de certaines règles présidentielles./-

    Source BEAC

  • Marché financier : La révolution que prépare la Cemac

    Marché financier : La révolution que prépare la Cemac

    En vue de renforcer le rôle de la bourse dans le financement des économies de la communauté, un acte additionnel, signé le 19 février 2018, exige des réformes aux Etats-membres. Celles-ci appellent la modification de leur idéologie économique.

    Jusqu’ici, l’attention des citoyens de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) est focalisée sur la fusion des deux bourses en activité dans la sous-région. Concomitamment à ce processus, une révolution beaucoup plus importe se prépare pourtant dans le secteur.

    Elle est contenue dans l’acte additionnel du 19 février 2018 portant justement unification du marché financier de la Cemac. En vue de renforcer le rôle du marché financier dans le financement des économies de la Cemac, l’article 8 de ce texte donne deux ans, c’est-à-dire jusqu’au 19 février 2020, aux Etats membres de la Cemac pour effectuer un ensemble de réformes pour le moins révolutionnaires au regard du contexte.

    Cet article dispose en effet: «en vue de renforcer le rôle du marché financier dans le financement des économies de la Cemac, dans un délai de vingt-quatre (24) mois, à compter de la date de signature du présent acte additionnel, les Etats procèdent à la cession partielle ou totale en bourse de leurs participations dans le capital d’entreprises publiques, parapubliques, ou issues de partenariat public-privé, notamment dans le cadre de programme de privatisation.

    A l’adoption de cadres législatifs rendant obligatoire la cotation ou l’ouverture en bourse du capital d’entreprises ayant pour profession habituelle, la gestion ou la conservation de l’épargne publique (banques, compagnies d’assurance etc.). A l’adoption de cadres législatifs rendant obligatoire la cotation ou l’ouverture en bourse du capital d’entreprises multinationales ou filiales de multinationales exerçant leurs activités sur le territoire des Etats membres.

    A l’adoption de mesures incitatives permettant d’assurer le recours des entreprises des secteurs économiques stratégiques aux marchés financiers. A leur entrée dans le capital de la bourse régionale à hauteur de 30%, soit 5% par Etat membre».

    Changements

    L’obligation faite aux entreprises publiques et parapubliques, aux microfinances, aux banques et aux compagnies d’assurance d’entrer en bourses, appelle de la part de ces structures des changements importants. D’abord en termes de transparence. Il faudra désormais tenir une comptabilité régulière et fiable sanctionnée par la production annuelle des états financiers crédibles (bilan, tableau financier des ressources et emplois, compte de résultats, états annexés, déclaration statistique et fiscale).

    Ce qui est loin d’être le cas à ce jour.  Cette situation va contraindre les Etats d’améliorer la gestion des entreprises où ils sont actionnaires (unique, majoritaire, minoritaire…). Ensuite, beaucoup d’entreprises devront revoir leur statut juridique. Dans une interview au bihebdomadaire Défis Actuels, édition du 03 au 06 mai, l’économiste Jean-Marie Biada, indique que pour accéder au marché financier, «il faut être une société de capitaux, notamment une société anonyme avec conseil d’administration».

    Or, constate cet expert des questions boursières, «la grande majorité des PME et grandes entreprises au Cameroun, ne sont pas des Sociétés anonymes avec conseil d’administration. (…) la grande majorité de sociétés de capitaux recensées, n’est faite que de sociétés anonymes avec administrateur général : ici, la taille du tour de table ne dépasse guère trois actionnaires». «Le vrai changement doit s’opérer à ce stade : au niveau des mentalités de nos opérateurs économiques à qui, Aimé Césaire, d’heureuse mémoire, rappelle dans Cahier d’un retour au pays natal, que l’ère des Destinées solitaires est révolue», estime l’économiste.

    En somme, les six Etats membres de la Cemac sont fondamentalement conviés à modifier, dans un délai de 24 mois, leur idéologie économique. Celle-ci devrait davantage se muer vers une économie de marché clairement assumée. Mais l’intervention de l’Etat comme agent/client et agent/régulateur suggère davantage un keynésianisme proche de l’ordolibéralisme allemand. Un courant libéral selon lequel la mission économique de l’État est de créer et maintenir un cadre normatif permettant la concurrence libre et non faussée entre les entreprises. L’ordolibéralisme est parent du système d’économie sociale de marché.

    Un marché peu développé

    L’atonie actuelle du marché des capitaux en Afrique centrale est une préoccupation pesante. Jusqu’ici, les entreprises publiques et parapubliques, les microfinances, les banques, les compagnies d’assurances et les filiales multinationales exerçant dans la Cemac sont très peu présentes en bourse.

    Au niveau du Cameroun, seules trois sont cotées au compartiment des titres de capital (Semc, Socapalm et Safacam). Au 31 janvier 2017, le montant des fonds levés sur le marché financier régional s’établit à 800 milliards de francs CFA. Aujourd’hui, sur les bourses du Cameroun et d’Afrique centrale réunies, la quantité de fonds levés ne représente que 1,4% du PIB.

    Au Nigéria, les volumes de transactions boursières représentent 40% du PIB, même si on ne prend comme indice que la capitalisation. Au niveau de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), le seuil avoisine 20% du PIB. Il y a donc du pain sur la planche. L’exemple des Etats-Unis montre bien que le marché est le meilleur moyen de financement. Le pays de l’oncle Sam finance son économie à 80% par l’intermédiaire des marchés financiers et à 20% par les banques.

    Les pays d’Afrique centrale financent leur économie à 80% par les banques et à peine 0,5% par les marchés financiers. Le potentiel est pourtant réel. L’étude du cabinet Roland Berger sur le potentiel du marché financier régional révèle que le marché de la Cemac avait une profondeur estimée de 250 milliards de francs CFA en 2015 et pourrait atteindre 2 150 à 2 450 milliards de francs CFA en 2025.

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Fusion des régulateurs: Le clair-obscur persiste

    Malgré la signature le 11 avril 2018 d’une convention de coopération entre la Cosumaf et CMF, le flou demeure sur le processus d’unification des deux structures.

    Signature de la convention de coopération entre la Cosumaf et CMF.

    Alors que les craintes d’une autorégulation se propagent, les inquiétudes rejaillissent sur la fonte définitive de la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf) de la Cemac et la Commission des Marchés Financiers du Cameroun (CMF). Les pays de la sous-région reconnaissent l’avantage comparatif de l’institution camerounaise en expertise.

    Mais la peur de voir le Cameroun «envahir» cet organe spécialisé de la Cemac rallonge les réflexions sur la méthode d’imbrication à mettre en œuvre. On en saura certainement davantage le 26 août prochain. A en croire Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac et responsable du processus d’unification du marché financier, à cette date, «il va y avoir une réunion technique à Douala impliquant tous les acteurs des bourses et les régulateurs pour déterminer un calendrier avec un échéancier clairement établi pour nous permettre d’accélérer la mise en place de cette réforme».

    Pour l’heure, seule une plateforme d’échange lie les deux institutions. Cessant ainsi d’être concurrente, la Cosumaf et la CMF ont récemment contractualisé une collaboration transitoire. Devant prendre fin en juin 2019 au maximum, la convention entre les deux institutions concerne l’échange d’informations et de documentations.

    Le premier alinéa de l’article 2, section 2 de la convention du 27 mars 2018 postule en effet que «les autorités s’obligent, pendant la période transitoire, à se transmettre, recevoir ou échanger toutes les informations et la documentation jugées utiles à l’exercice de leurs missions respectives, en matière de délivrance de visas et d’agréments, de contrôle ou de surveillance des opérations et des entités assujetties».

    Le second axe majeur est la reconnaissance mutuelle des visas relatifs aux opérations de bourse. L’article deux indique «les visas relatifs aux opérations de marché délivrés dans le cadre de l’exercice de leur missions par l’une ou l’autre des autorités aux émetteurs de leur juridiction sont mutuellement reconnus et acceptés par elle. Ces visas produisent leur effet sur le territoire des 6 Etats de la Cemac. Aucun émetteur ou opérateur ne peut se voir contraint de solliciter simultanément les visas des deux autorités parties à la présente convention»

    Craintes

    Le troisième trépied de cette convention concerne la reconnaissance mutuelle des agréments et habilitations délivrés aux entités assujetties. Il s’agit ici, tel que précise l’article 4, du fait pour les deux parties à la convention d’accepter, dans le cadre de l’exercice de leurs missions, les agréments et habilitations délivrés par l’une ou l’autre.

    Ces parchemins sont investis du pouvoir que leur confèrent leurs signataires sur toute l’étendue du territoire sous régional. La convention encadre bien d’autres domaines tels que participation mutuelle aux réunions des organes délibérant (article 5), l’échange d’expérience (article 7), coopération technique et opérationnelle des bourses (article 10), tarification des services (articles 11).

    Avec des structures étatiques comme principaux émetteurs des capitalisations boursières et obligataires, se dirige-t-on vers l’autorégulation ? Ou vers une détention majoritaire des capitalisations des Etats ? Le régulateur nouveau devrait, semble-t-il faire montre de séduction à l’égard des opérateurs privés ?

    Zacharie Roger Mbarga

     

    ‘’Le principe premier qui gouverne les opérations du marché financier est la transparence’’

    Jean-Claude Ebe-Evina

    L’information et la formation constituent les deux pieds de la stratégie de vulgarisation des marchés financiers, à graduer en fonction des cibles et des produits

    Le Camerounais est conseil expert financier près les Cours d’appel du Cameroun et enseignant-associé des universités. Il décrypte les ressorts de l’acte additionnel pourtant unification du marché financier de la Cemac.

     

    La signature récente de l’acte additionnel portant unification du marché financier de la Cemac acte enfin l’unicité de l’entreprise de marché, de l’autorité de régulation et du dépositaire central. Que vous suggère cette décision des autorités sous régionales ?

    Notons tout d’abord que cet acte qui date du 19 février 2018, survient peu de temps (soit trois mois et demi) après la résolution prise dans le cadre de la dernière session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat de la Cemac à N’Djamena (du 31 Octobre 2017), et la consacre de ce fait.

    Rappelons que ladite résolution qui faisait elle-même suite au communiqué de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat de la Cemac du 23 décembre 2016 à Yaoundé d’une part, et à la décision prise le 27 février 2018 dans le cadre de la session du comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac) d’autre part, visait à établir une seule place financière dans notre zone par voie de fusion de la place régionale domiciliée à Libreville avec la place nationale basée à Douala.

    A l’observation du délai de réactivité des chefs d’Etat de la zone, cela est l’expression d’une réelle volonté politique commune mise au service de l’intérêt communautaire, qui a si souvent manqué et a été tout autant très souvent attendue, tant il est vrai que l’intégration régionale, puisqu’il s’agit bien de cela, est avant tout le produit d’une volonté politique, c’est-à-dire des hommes qui animent et tiennent le destin des Etats.

    Dans ce sens, l’«avènement» de cet acte ne peut qu’être salué, surtout par les fervents de l’intégration régionale que nous sommes, s’agissant particulièrement de l’intégration financière qui constitue un puissant contributeur ou levier, à la croissance économique.

    La plateforme transitoire des régulateurs financiers que crée la convention de Brazzaville sonne pour d’aucuns comme une mise à niveau de la Cosumaf par la CMF. Quel usage commun des ressources ces deux institutions peuvent entretenir à terme ?

    La « Convention de coopération et d’échange d’informations entre la Cosumaf et la CMF », a été faite à Yaoundé le 27 mars 2018. Elle a pour objet «… d’organiser, pendant la période transitoire, la coopération, l’assistance mutuelle sur tous les sujets d’intérêt commun et l’échange d’informations entre la Cosumaf et la CMF ». On note que le période transitoire qui est d’une durée limitée, est la période comprise entre la date de signature de l’acte additionnel portant unification du marché et la date butoir (30 juin 2019) pour l’achèvement du processus d’unification du marché financier sous-régional.

    Il s’agit pendant ladite période de prendre toutes dispositions utiles visant à poser dans un premier temps « la passerelle » entre les deux places concernées à l’effet de fluidifier les transactions financières sur l’ensemble du territoire zonal, et dans un second temps, à assurer la cohérence, C’est-à dire l’harmonisation des pratiques. D’où la nécessité de procéder par la phase initiale d’échanges d’informations en vue de leur analyse puis de leur validation le cas échéant.

    Il s’agit notamment des textes organiques, des documents relatifs au processus de délivrance des visas et agréments ou licences, des documents relatifs aux instruments financiers qui ont cours sur les marchés, et toutes informations concernant la connaissance des opérateurs et acteurs des marchés.
    Dans cet esprit, il n’est nullement question d’une quelconque inféodation ou suprématie d’une place par rapport à l’autre, mais plutôt de la mise en commun au profit de tous des infrastructures qui seront jugées efficaces.

    Pour finir, il est utile de signaler que cette convention est d’ores et déjà opérante dans la mesure où elle dispose en son article 3 que « les visas relatifs aux opérations de marché délivrés dans le cadre de l’exercice de leurs mission par l’une ou l’autre des Autorités aux émetteurs de leur juridiction sont mutuellement reconnus et acceptés par elles. Ces visas produisent leurs effets sur le territoire des six (06) Etats de la Cemac ».

    Il s’agit là d’une décision forte, qui consacre les démarches et négociations qui avaient déjà été entreprises depuis près de deux ans, entre les autorités ou régulateurs des deux marchés financiers.

    L’obligation faite aux Etats membres de procéder à une cession partielle ou totale en bourse de leur participation dans les entreprises rentrant dans le domaine public contribue-t-il, selon vous, à consolider la présence des Etats ou à accroitre le rôle du marché financier dans le financement des économies locales ?

    L’article 8 de l’acte additionnel dispose effectivement «En vue de renforcer le rôle du marché financier régional que les Etats membres procèdent à la cession partielle ou totale de leurs participations dans le capital d’entreprise publiques, parapubliques, ou issues de partenariats public-privé, notamment dans le cadre de programmes de privatisation ».

    Pour apporter une réponse à votre question, il faut distinguer deux cas de figure. Pour ce qui est des entreprises existantes : l’incidence sur le financement de l’économie est indirecte, en ce sens que les opérations de cession de titres sont effectuées dans le marché secondaire (la bourse des valeurs mobilières), permettant simplement à l’Etat en l’occurrence de mobiliser son portefeuille, c’est-à-dire d’en tirer de la liquidité.

    Cependant, il peut avoir un impact indirect en termes de contribution au financement de l’économie dans le cadre du recyclage qui est fait desdites ressources en investissant dans de nouvelles affaires éventuellement (quid du programme d’affectation des ressources). Par ailleurs, et non des moindres, l’autre effet attendu de cette opération de cession des titres par les Etats réside dans d’animation des marchés en y fournissant des produits, et à vulgariser la pratique d’investir en bourse en élargissant la base des investisseurs potentiels (les particuliers notamment en vue de développer l’actionnariat dit populaire).

    L’autre situation relève des entreprises nouvelles. Dans ce cas, l’Etat en faisant appel public à l’épargne (APE) amène le marché financier à contribuer efficacement et de façon directe au financement de l’économie, plus justement et en l’occurrence, des économies.
    Toujours en vue de montrer l’intérêt définitivement accordé par les Etats au développement du marché financier régional, il est requis « ….leur entrée dans le capital de la Bourse Régionale à hauteur de 30%, soit 5% par Etat membre ».

    Cette orientation n’induit-elle pas automatiquement des réformes économiques et financières des Etats en vue de s’adapter aux exigences pointues du marché financier dont la transparence, la solvabilité, la rentabilité et l’équilibre des comptes ?
    En effet. Mais il ne s’agit pas seulement des Etats, mais de l’ensemble des acteurs du marché financier, s’agissant en particulier des entreprises privées. Le principe premier qui gouverne les opérations du marché financier c’est la transparence. Le reste suit, car tout est affaire d’acceptation du risque en fonction du volume et de la qualité des informations disponibles, et de certaines exigences en termes de rentabilité à court ou moyen terme, et de degré de liquidité fonction de la profondeur du marché, c’est-à-dire la capacité dont dispose un investisseur à mobiliser les titres qu’il détient

    La Cemac appelle en outre les Etats à adopter des cadres législatifs obligatoires pour l’introduction en bourse des entreprises privées nationales et des multinationales et des mesures incitatives pour le recours des entreprises stratégiques aux opérations du marché financier. A l’épreuve de la réalité, quelle est l’opérabilité d’une telle mesure ?

    Le cadre juridique de base existe déjà : il s’agit des dispositions contenues dans l’acte uniforme Ohada relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique.
    Pour ce qui est des cadres législatifs à caractère « compulsif », il s’agit là de mesures attendues visant à créer les conditions d’une animation du marché régional, qui me paraissent somme toute du domaine du faisable. Il faut se donner les moyens si et quand on veut atteindre un objectif.

    Pour ce qui des mesures incitatives, on peut affirmer qu’il s’agit depuis 1990 d’une réalité, notamment pour le marché national camerounais, notamment en matière fiscale. Cependant, des améliorations demeurent attendues sur certains aspects comparativement aux autres marchés, y compris africains.
    En fait, les points repris dans l’acte additionnel relèvent des conclusions de différentes études et diagnostics posées depuis quelques années, au vu de l’atonie constatée des deux marchés financiers de la zone.

    Au regard de tout ce qui précède. Règle-t-on l’épineux et structurel déficit en culture financière ?

    Certes pas. La question de la culture financière constitue un des points faibles relevés dans les diagnostics sus-évoqués. Dans ce sens, c’est un aspect critique qui entre dans le cadre de la stratégie de développement des marchés financiers de notre zone, comme cela a d’ailleurs été le cas dans le monde entier, et pour tous les marchés. L’information et la formation constituent les deux pieds de la stratégie de vulgarisation des marchés financiers, à graduer en fonction des cibles et des produits.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga