Mise en réseau du marché communautaire : À la veille de la table ronde de Bruxelles

À la recherche de 2323 milliards FCFA pour la construction de 11 projets intégrateurs prioritaires, la Commission de la Cemac, le Comité de pilotage et le secrétariat permanent du Programme de réformes économiques et financières tenteront de lever cette somme à Bruxelles (Belgique) en décembre 2020, au cours d’une rencontre avec les investisseurs.

Plusieurs partenaires démarchés ont exprimé des intérêts sur les projets intégrateurs prioritaires

14 mois après la 2e session extraordinaire du Comité de pilotage du programme de réformes économiques et financières de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Pref-Cemac), la table ronde pour le financement des projets intégrateurs prioritaires est programmée. Elle se tiendra à Bruxelles (Belgique) au mois de décembre 2020. Les États membres de la Cemac, la commission et le Comité de pilotage (Copil) tenteront de lever 2 322 940 524FCFA. Il s’agit de 85,88% du montant du coût global. 5 projets ont trouvé des financements partiels qui représentent dans l’enveloppe 14,42% en valeur relative et 391 milliards FCFA en valeur absolue.

Situation
Les 11 projets intégrateurs prioritaires sont évalués à plus de 2714 milliards FCFA. C’est moins 110 milliards FCFA du montant initial retenu à Yaoundé (Cameroun) en octobre 2019 lors de leur adoption par la 2e session extraordinaire du Copil Pref-Cemac. En effet, au terme de plusieurs réunions du comité technique d’organisation, plusieurs projets ont été revus en intégrant certaines réalités géographiques et sociologiques. Au niveau technique, deux projets ont été jumelés à savoir le corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena et la route Mbaikoro-Benja-Bekoninga-Frontière RCA (devenue composante).

Ainsi, on est passé de 12 projets en octobre 2019 à 11 projets en juillet 2020. L’impact financier de cette réécriture des fiches de projets est la revue à la baisse de 3,75%, passant de 2820 milliards FCFA en octobre 2019 à 2714 milliards FCFA en juillet 2020. Le comité technique d’organisation est constitué d’experts de la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), la Commission de la Cemac, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) et du Pref-Cemac.

La Banque africaine de développement (Bad) a été désignée comme chef de file dans la mobilisation des fonds. Sa signature s’est avérée jusqu’ici très importante dans la crédibilisation. La Bad a recruté un cabinet pour la communication coorporate sur les projets et la table ronde.

Stratégie de porte-à-porte
La table ronde est l’ultime étape d’une campagne de recherche et de mobilisation déployée depuis octobre 2019. Les autorités communautaires ont déroulé une stratégie de porte-à-porte. Plusieurs missions de présentation de projets aux partenaires techniques et financiers (PTF) ont été menées. Une délégation de haut niveau de la Cemac s’est rendue auprès des PTF (Agence française de développement à Paris, Banque islamique de développement à Djeddah, Dubai Port World et Millenium Finance Coorporation à Dubai, et The Private Office of Sheikh’ Saeed Bin Ahmed Al Maktoum) entre le 12 et le 20 janvier 2020. Il s’agissait de rechercher et de mobiliser les financements des projets intégrateurs prioritaires, avec pour output l’intérêt des partenaires démarchés.

La Commission de la Cemac, le Pref-Cemac et les ministres ont, au cours des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, tenues à Washington du 14 au 20 octobre 2019, eu des échanges avec les partenaires techniques et financiers sur les projets intégrateurs. Le président du Copil a adressé des correspondances à certains partenaires, annonçant la mission du 13-22 janvier 2020. Ces correspondances annonçaient la présentation des projets en vue de solliciter l’appui financier et technique devant permettre la réalisation. Les représentants des bailleurs et des PTF accrédités à Brazzaville (Congo) ont tous été sensibilisés sur les besoins de financements nécessaires pour l’exécution des projets intégrateurs.

Mobilisation interne
Au plan interne, des ressources devront également être mobilisées. Dans cette perspective, les Etats ont été invités à affecter des ressources conséquentes aux projets intégrateurs inscrits dans le budget des États dans le cadre de leurs programmes nationaux de développement. La BDEAC et le Fonds de développement de la communauté (Fodec) ont également été mis à contribution.

À ce jour, des dispositions ont été prises par la BDEAC, notamment la traduction en anglais des fiches de projets intégrateurs. L’institution sous régionale de financement du développement a intéressé plusieurs de ses partenaires au financement multiforme des projets prioritaires du PER. Il s’agit principalement de la Banque européenne d’investissement (BEI), de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), d’Africa Finance Corporation (AFC), de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), de la Banque indonésienne d’import-export, de la Banque sud-africaine de développement et de la Banque thaïlandaise d’import-export.

 

Les discussions devraient se poursuivre au cours de l’exercice 2020 pour identifier les projets susceptibles d’être financés par ces partenaires, ainsi que les mécanismes d’intervention. La BDEAC a également pris part à la mission de haut niveau de la Cemac qui s’est rendue auprès de l’AFD, de la BID et de diverses institutions financières à Dubai, du 12 au 20 janvier 2020.

Enjeux
Le marché communautaire de la Cemac est morcelé. Les pays ne sont pas optimalement interconnectés entre eux. Le réseau routier transfrontalier est très peu opérationnel. Les projets intégrateurs prioritaires construits sur la période 2021-2025 constituent une réponse. Le bitumage des corridors apportera des gains de temps et de coûts et va augmenter le volume du trafic passager et des marchandises entre les États membres. Ces avancées vont doper de plus de 20% les échanges commerciaux au sein de la Cemac, à en croire la note conceptuelle de la table ronde.

Plus loin, il y a lieu de souligner la fluidification du transport des marchandises entre les ports maritimes congestionnés et les grands centres de consommation enclavés comme N’Djamena et Bangui; la fourniture d’une énergie stable, bon marché et accessible aux habitants de la zone Cemac. Cinq-millions de personnes supplémentaires auront accès à l’électricité grâce à une production électrique plus importante et mieux partagée.

Les projets intégrateurs sont divisés en 4 axes de contribution: facilitation du transport et des échanges; production et interconnexion des réseaux électriques et de communications; marché commun et diversification économique; capital humain.

Remy Biniou

Présentation des onze (11) projets intégrateurs à financer

Axe N° 1: Facilitation du transport et des échanges

Construction d’un pont sur le fleuve Ntem et facilitation du transport et de la sécurité routière sur la route transnationale Kribi-Campo-Bata reliant le Cameroun et la Guinée Équatoriale;

Construction de la voie express Lolabé-Campo (40 km) entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale;

Construction des tronçons manquants (179 km) de la route Ndende-Dolisie du corridor Libreville-Brazzaville;

Construction de la route Kogo-Akurenam (Sud-Est Guinée Équatoriale-Gabon);

Corridor Brazzaville- Ouesso-Bangui-Ndjamena (Congo/RCA/Tchad), dont la route Mbaikoro-Benja-Bekoninga-Frontière RCA constitue une des composantes.

Axe N°2: production et interconnexion des réseaux électriques et de communications

Aménagement hydroélectrique de Chollet et des lignes électriques (Cameroun/ Congo/ Gabon/RCA);

Interconnexion des réseaux électriques (Cameroun-Tchad);

Interconnexion du Cameroun avec les pays de la Cemac par la fibre optique.

Axe N°3: Marché commun et diversification économique

Construction du port sec de Beloko (Corridor Douala-Bangui);

Construction du port sec de Dolisie (Corridor Gabon-Congo).

Axe N°4: Capital humain
Université inter-État (Cameroun-Congo).

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