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Archives des Beac - Page 7 sur 9 - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Beac

  • Marché des titres publics de la BEAC : 305 milliards FCFA à lever par le Cameroun

    Marché des titres publics de la BEAC : 305 milliards FCFA à lever par le Cameroun

    Le marché des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) est en passe de connaître un pic dans ses transactions.

    En effet, pour le compte du premier trimestre de l’année 2020, le Cameroun entend lever une enveloppe globale de 305 milliards FCFA. Cette mobilisation record de la part de ce pays pivot de l’Afrique centrale est prioritairement destinée à financer une partie du budget de l’Etat, mais surtout à achever les importants projets infrastructurels liés ou non au Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2020 et à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021. Il s’agira en définitive pour les autorités camerounaises d’émettre successivement au cours du mois de janvier, février et mars prochain, des bons du Trésor assimilables (BTA) et des obligations du Trésors assimilables (OTA).

    Le gouvernement camerounais a en effet fait connaître ses intentions et fait parvenir à la Banque sous-régionale d’émission de la monnaie un calendrier prévisionnel. Il en ressort qu’au cours de ce mois finissant de janvier, les autorités camerounaises sont censées avoir émis «deux bons du Trésor assimilables à 26 semaines de maturité, pour respectivement 20 et 50 milliards FCFA, puis un BTA à 52 semaines de maturité d’une valeur de 10 milliards FCFA». Pour ce qui est du mois de février, il est également prévu deux émissions de BTA à 26 et 52 semaines respectivement, pour espérer une mobilisation de 20 milliards FCFA pour chacune des opérations. Dès le 20 février prochain, le Cameroun procèdera alors à la première émission d’obligation du Trésor assimilable. De la sorte, le pays espère lever auprès des investisseurs actifs sur le marché monétaire de la BEAC, une enveloppe de 75 milliards FCFA pour une maturité de 5 ans.

    En mars prochain, le Cameroun mettra également en jeu sa crédibilité auprès des investisseurs. «Deux opérations d’émissions de BTA à 26 et 52 semaines de maturité sont prévues pour une enveloppe de 40 milliards FCFA à raison de 20 milliards par opération», selon le calendrier prévisionnel. Au cours du même mois et précisément les 5 et 19 mars prochains, le gouvernement camerounais sollicitera à nouveau, par le moyen de deux Obligations du Trésor assimilables, une enveloppe de 70 milliards dont 50 milliards FCFA à 3 ans de maturité et 20 milliards FCFA à 7 ans de maturité.

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

  • Disponibilité des jetons : Le cauchemar plein la caisse

    Disponibilité des jetons : Le cauchemar plein la caisse

    Alors que certains médias annoncent le retour des pièces de monnaies sur le marché camerounais, à Yaoundé, les agents économiques disent subir la pénurie.

    Voilà plusieurs mois que les agents économiques attendent en vain l’entrée de nouvelles pièces de monnaies sur le marché au Cameroun. Dans la cité capitale, la situation reste aussi alarmante qu’il y a quelques mois.

    Selon le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune (CT), la situation semble s’améliorer dans les grandes surfaces. Dans sa parution du 9 janvier 2020, le journal fait état d’un «léger mieux». «Si pour certains, elles [les pièces de monnaies, Ndlr] sont toujours aussi rares, d’autres commerçants et usagers observent que la situation s’améliore ». Et pour s’en convaincre, le journal Cameroon Tribune étale ces dires : «Il y a deux ou trois mois, c’était vraiment difficile. Quelqu’un arrivait avec un billet pour faire des achats, on était incapables de rembourser. Même les autres commerçants ne voulaient pas vous aider pour ne pas être en rupture à leur tour. Même si la situation persiste un peu, les clients eux-mêmes sont assez vaccinés donc chacun cherche sa monnaie », témoigne un gérant d’un commerce général au marché Mvog-Mbi», écrit CT.

    Constat

    La crise des pièces de monnaie tire-t-elle à sa fin ? Non, répondent plusieurs de nos interlocuteurs. Et ce n’est pas faux de le dire. Ce 16 janvier, dans un supermarché situé en plein cœur de Yaoundé, le constat reste le même. Les pièces de monnaies se font rares. Dans une micro-finance située au quartier Madagascar (Yaoundé II), une caissière nous assure qu’«aucune pièce de monnaie n’a été mise à leur disposition depuis novembre 2019 par la Banque des Etats de l’Afrique centrale». Elle n’est pas la seule à chanter cet hymne. Au quartier Ngousso le problème se pose avec acuité. Dans les petits commerces et les grandes surfaces, difficile d’acquérir un article de 150 F lorsqu’on possède 500FCFA dans son porte-monnaie.

    Du côté des taximen, la vie sans pièces de monnaie n’est pas rose non plus. «Depuis que le problème de monnaie se pose à Yaoundé, je ne porte plus les clients qui ont 100 F ou 150 F dans 500F. Parce que je n’ai pas de monnaie». Les vendeurs de fruits de Nkomkana n’en disent pas mieux «la seule urgence en ce moment c’est le manque de pièces de monnaies».

    Interpellé sur la question, la Banque des Etats de l’Afrique centrale ne dit mot. Cependant, nous apprend u média gabonais, la Beac prendrait le problème à bras le corps. Dans sa parution du 15 janvier 2020, le site d’informations Gabonreview.com rassure les populations de la zone Cemac: «la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) vient d’annoncer l’approvisionnement des pays de la sous-région en pièces de monnaie de 100, 50 et 25 francs CFA. Cette allocation «permettra de répondre de manière significative aux besoins sans cesse croissants des usagers», a indiqué l’institution monétaire».

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • Financement des infrastructures : La BADEA devient actionnaire de la BDEAC

    Financement des infrastructures : La BADEA devient actionnaire de la BDEAC

    C’est l’une des résolutions du Conseil d’administration de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) tenu à Brazzaville (Congo) le 19 décembre 2019. «Le Conseil a proposé à l’Assemblée générale d’approuver l’admission de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) au capital de la BDEAC», informe le communiqué de presse.

    Il s’agit d’une action stratégique visant à attirer et lever des investissements arabes vers la Banque au bénéfice du financement des infrastructures dans l’espace Cemac.

    La BDEAC est en effet à la croisée des chemins. En pleine restructuration par le truchement d’une réforme structurelle, elle doit désormais faire sans les apports financiers de la banque centrale: la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Le fonds monétaire international (FMI) vient de marteler cela par décision de son conseil d’administration. Une motivation supplémentaire pour achever la réforme de la Bdeac qui prévoyait déjà ce scénario.

    Nouveau

    Le conseil d’administration a approuvé le financement des projets de l’ordre de 126 milliards FCFA. Les projets seront construits au Cameroun, au Congo, au Gabon et en Guinée Équatoriale dans les secteurs de l’énergie, le logement social, l’agro-industrie, la microfinance et l’agropastoral.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale : Polémique autour du recrutement d’un nouveau DG

    Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale : Polémique autour du recrutement d’un nouveau DG

    Le communiqué du gouverneur de la BEAC ouvrant la voie au remplacement de Jean Claude Ngbwa fait l’objet de contestations depuis sa publication le 24 décembre dernier.

    Le cœur n’est pas à la fête à la direction générale à Douala de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC). Et pour cause, Abbas Mahamat Tolli a surpris tout le monde. Le 24 décembre dernier, le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) a signé un communiqué tenant lieu d’avis de recrutement d’un nouveau directeur général à la Bourse sous-régionale. Selon ledit communiqué, le nouveau responsable «devra établir et exécuter des plans pour atteindre les objectifs stratégiques de la Bourse ; donner des éclairages et orientations permettant d’accroître les liquidités et d’approfondir les marchés financiers de la CEMAC». Et pour définitivement fixer l’actuel titulaire du poste, le Camerounais Jean Claude Ngbwa, sur son sort, la décision indique que «le contrat à plein temps d’une durée d’un an sera renouvelable à la date du démarrage des services prévue pour le mois de mars 2020. Les trois premiers mois devront constituer une période probatoire».

    Contestation

    Jean Claude Ngbwa a été nommé directeur général de la BVMAC en Juillet 2019 à la faveur de la fusion de la Douala Stocks-Exchange (DSX) et de la défunte Bourse sous-régionale. Au moment où le communiqué mettant aux enchères son poste est publié sur le site Internet de la BEAC le 24 décembre dernier, son contrat avec l’institution boursière court encore. L’ancien secrétaire général de la Commission interafricaine des marchés d’assurances (CIMA) n’est finalement informé de l’existence de l’avis de recrutement que par le biais du quotidien gouvernemental Cameroon tribune. Et pour ses collaborateurs au siège de l’institution à Douala, cela est tout simplement inadmissible. «Pour commencer, ce n’est pas à la BEAC de lancer le recrutement d’un nouveau directeur général à la Bourse. Elle était chargée de la fusion et cela est fait depuis juillet dernier. Nous sommes désormais une société privée et fonctionnons avec un Conseil d’administration. Or, même le président du Conseil d’administration, le Gabonais Henri-Claude Oyima, a été tenu dans l’ignorance», fera observer l’un d’eux.

    Protestant alors contre le processus de recrutement en cours, plusieurs collaborateurs de Jean Claude Ngbwa, actuel directeur général de la BVMAC, pensent avoir percé à jour les intentions de Abbas Mahamat Tolli. Pour eux, «le gouverneur de la BEAC veut clairement inféoder la BVMAC. Rien autrement ne peut expliquer que son institution veuille se comporter en gendarme alors que la Bourse est une entreprise relevant du droit OHADA». Autant dire en tout cas que si l’opération va jusqu’à son terme, le nouveau dirigeant pourrait faire face à l’hostilité de certains cadres de l’institution. Ce d’autant que ledit recrutement n’a pas reçu l’assentiment des institutions de Bretton Woods. Selon certaines sources en effet, la Banque mondiale aurait refusé de valider cette procédure, indiquant à toutes fins utiles que «cela ne rentrait pas dans les prérogatives de la BEAC». En clair, Jean Claude Ngbwa n’est pas encore parti et Abbas Mahamat Tolli n’aura pas d’autre choix que de convaincre les membres du Conseil d’administration de la BVMAC pour voir sa démarche prospérer.

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

  • BEAC : La zone CEMAC ravitaillée en pièces de monnaie

    BEAC : La zone CEMAC ravitaillée en pièces de monnaie

    Encore appelée monnaie divisionnaire, la pénurie des pièces de monnaie rend difficile le commerce. Les commerçants avaient d’énormes difficultés à rembourser leurs clients du fait de leur rareté sur le marché.

    Cette page triste est tournée. C’est ce qui ressort de la quatrième réunion ordinaire du comité de politique monétaire de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale tenue le 18 Décembre 2019 à Douala. Abbas Mahamat Tolli, Gouverneur de la BEAC a annoncé au terme de ces assises la fin de la pénurie des pièces qui causait un énorme préjudice aux économies de l’Afrique Centrale.

    Dès lors, la bonne circulation et la disponibilité des pièces de monnaie pourront faire retrouver une santé financière aux économies de la sous région. ‘’La commande a été passée. Les livraisons sont faites. Je viens du Gabon où j’ai vu des camions la livrer. A Douala, c’est arrivé. Tout comme dans d’autres pays. Ce problème est maintenant réglé. Nous sommes en phase d’attente les commandes arrivées aux agences les plus reculées’’ a assuré Mahamat Abbas Tolli. Dès lors, la BEAC redoute une nouvelle pénurie dans la mesure où ‘’il y a eu des usages non autorisés de monnaie dans certains de nos pays. Des procédures judiciaires ont été engagées.

    Certaines autorités ont même pris des actes pour interdire l’usage des signes monétaires à autre chose que l’objet pour lequel ces pièces ont été mises en circulation. Nous suivons cela de près avec les autorités monétaires’’ insiste le gouverneur de la BEAC. Pour ce qui est de la stratégie du dispatching, il indique que  ‘’en ce qui concerne les nouvelles commandes, nous avons donné des instructions nécessaires pour veiller à payer les entreprises en pièces de monnaie en bonne partie, quand elles viennent en refinancement, pour que la monnaie divisionnaire ait une circulation un peu plus étendue au niveau de nos économies.

    Alain Biyong

  • Croissance en zone Cemac : La BEAC projette 2,7 % en 2019

    Croissance en zone Cemac : La BEAC projette 2,7 % en 2019

    En 2019, l’économie mondiale ne sera pas au mieux, mais celle des pays de la Cemac a des perspectives relativement bonnes.

    Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Beac

    2,7 %, c’est à cette barre que la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) situe le taux de croissance au cours de cette année dans cette zone. Abbas Mahamat Tolli, qui fait cette annonce ce 8 novembre 2019 à Yaoundé, dit s’inspirer des relevés de la situation économique et monétaire récente dans la sous-région.

    Rapportant les travaux de la 3e réunion ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) Du 08 novembre dernier, le gouverneur de la Banque centrale avise: «dans l’exercice d’évaluation du climat économique de la Cemac, les experts ont raisonné de façon paramétrique».

    Les commentaires qu’il en fait confirment davantage le chiffre de 2,7% contre 1,8% en 2018. La suite révèle que dans la sous-région, en 2019, l’inflation se maintiendra à 2,5% (contre 2,2% en 2018), bien en dessous du seuil communautaire fixé à 3%. Débitée par Abbas Mahamat Tolli en posture de président du CPM, la gamme de bonnes nouvelles s’arrête sur le solde budgétaire base engagements. Pour 2019, un excédent de celui-ci remonterait à 0,8% du PIB, contre 0,3% en 2018.

    En ce qui concerne le creusement du déficit du compte courant, le gouverneur de la BEAC informe qu’il passe de 2,7% du PIB en 2018 à 3,6% en 2019. Dans l’espace communautaire, projette-t-il, l’on devrait assister à une expansion de la masse monétaire de 8,3%, pour un taux de couverture de la monnaie qui, lui, se situerait autour de 68,5% à la fin 2019.

    Maintien
    En possession d’autres indicateurs sur le fonctionnement du marché monétaire et des facteurs de risques pesant sur la stabilité monétaire, le Tchadien dévoile: «les taux d’intérêt des appels d’offres, de la facilité de prêt marginal, celui de la facilité de dépôt ainsi que les coefficients des réserves obligatoires restent inchangés». Le CPM a décidé de les maintenir respectivement à 3,50%, 6%, 0% et 7%. Bon à savoir: le taux de 4,5% sur les exigibilités à vue et à terme est également maintenu.

    Pour amortir les chocs conjoncturels et développer les investissements, l’institution bancaire sous-régionale dit continuer de resserrer sa politique monétaire en vue de faire remonter ses avoirs de réserves à un niveau adéquat, soit à un niveau minimal correspondant à 3 mois de couverture des importations de biens et services et du service de la dette publique extérieure.
    Au-delà, Abbas Mahamat Tolli précise que le CPM a soutenu les mesures envisagées par la BEAC pour résorber la liquidité excédentaire des banques.

    Dans le registre des annonces, on retient que durant la réunion de ce jour, les actions de la Banque centrale ont été actées. Le but de ces actions est de renforcer le secteur financier et améliorer le fonctionnement du marché interbancaire. Les projets de textes du cadre réglementaire révisé relatif au taux global, à la répression de l’usure et à la publication des conditions de banque dans la Cemac ont aussi été validés. En outre, la charte de bonne conduite des acteurs du marché monétaire de la sous-région a été adoptée. Plusieurs projets de textes réglementaires encadrant le fonctionnement du marché des valeurs ont également été validés.

    Bobo Ousmanou

    Réglementation des changes

    Les entreprises extractives coopèrent à la mise en œuvre

    Parce que très contraignante, la nouvelle ligne contraint ces compagnies à s’arrimer à ses exigences.

     

    Abbas Mahamat Tolli et Daniel Ona Ondo étaient à Washington le 18 octobre dernier. Dans la capitale américaine, le gouverneur de la BEAC et le président de la Commission de la Cemacont enfourché la trompette pour l’urgence économique du moment dans la sous-région: la mise en œuvre de la réglementation des changes. En guise de compte-rendu, Abbas Mahamat Tolli ouvre, ce 8 novembre 2019 à Yaoundé, les coulisses du séjour américain des deux personnalités aux journalistes. «Cette expédition avait pour objet la sensibilisation de la communauté des affaires».

    Aux premières loges de cette communauté des affaires se trouvaient d’éminents acteurs de la Corporate Council on Africa et de la Chambre de commerce des États-Unis. De la bouche du patron de la BEAC, il ressort de cela que les discussions ont globalement porté sur certaines dispositions de la réglementation des changes en zone Cemac; il est vrai que celle-ci reste une préoccupation majeure pour les entreprises pétrolières et minières. «À travers une démarche participative, il était de bon ton de sensibiliser les patrons des compagnies exploitant les ressources naturelles à s’arrimer à la légalité, à favoriser une application effective et harmonieuse de la réglementation des changes, en ligne avec les axes du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-Cemac)», amorce Abbas Mahamat Tolli. Enjeu décliné: «établir un dialogue constructif et aplanir les divergences d’interprétation».

    Le tout, insiste le gouverneur de la Banque centrale, sur un double fond fait de fermeté et de souplesse. Au finish, remarque réjouissante: «les entreprises comprennent et se déploient dans cet effort communautaire en rapatriant régulièrement les recettes d’exportation des ressources naturelles dans les pays où ils opèrent (…) En tout cas, l’érosion dangereuse des réserves de change s’est considérablement estompée. De quoi se féliciter des retombées du sommet de crise des chefs d’État de la Cemac, tenu en décembre 2016 à Yaoundé».

    À l’examen, Abbas Mahamat Tolli et Daniel Ona Ondo ont voulu réitérer le discours de la 5e session du Comité de pilotage des programmes économiques et financiers de la Communauté, tenue le 22 juin 2018 à Douala. À cette occasion-là, constat avait été fait quant au non-respect de la «nouvelle ligne» par des entreprises qui concluent des accords avec certains États. Aussi, la présentation du rapatriement des recettes d’exportation des ressources naturelles comme «une exigence communautaire» avait-elle nourri des débats houleux.

    Bobo Ousmanou

    Zone Cemac

    Vers une régression de la croissance économique en 2020

    Selon le rapport Commodity Markets Outlook publié par la Banque mondiale, les prix du pétrole seront revus à la baisse en 2020, du fait du ralentissement de la demande.

     

    S’exprimant sur la situation économique de la sous-région lors de la cérémonie d’ouverture de la 34e session du comité Inter-États de Yaoundé (du 31 octobre au 2 novembre 2019), le Pr Daniel Ona Ondo laissait entendre que la Cemac augure des lendemains meilleurs. Bien que modérément optimiste, le président de la Commission économique de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) a déclaré: «on relève l’évolution, bien que faible, de la croissance économique portée par le secteur pétrolier».

    Contrairement à cette peinture de lendemains prometteurs dans la sous-région, une certaine analyse prédit un avenir économique moins reluisant dans la zone Cemac en 2020.Cas du rapport Commodity Markets Outlook, produit par la Banque mondiale. Dans sa publication du 29 octobre 2019, ledit rapport prévient sur la chute des prix de ressources pétrolières, en raison d’une croissance mondiale plus faible qu’anticipée et du relâchement de la demande qui en découlerait.

    «Le prix du baril de pétrole brut devrait s’établir en moyenne à 60 dollars en 2019, avant de fléchir à 58 dollars en 2020, soit un niveau inférieur de 6 et 7 dollars respectivement par rapport aux prévisions du mois d’avril dernier. À la suite du ralentissement de la croissance mondiale, la consommation de pétrole devrait progresser à un rythme bien plus faible qu’anticipé auparavant, avant de croître modérément l’année prochaine», lit-on dans l’analyse.

    Cette prévision est d’autant plus alarmante que l’économie de la sous-région est tirée par les ressources pétrolières. «La croissance du secteur hors pétrole a enregistré un ralentissement en 2018 de 1,7% après 2,3% en 2017», a précisé le Pr Daniel Ona Ondo. De plus, «les économies en développement, qui sont tributaires des recettes d’exportation provenant d’un petit groupe de produits de base, sont vulnérables, car la poussée de la demande et la hausse des prix sont des facteurs susceptibles de stimuler l’innovation et de faciliter la substitution d’un produit de base par un autre», explique Ayhan Kose, directeur du groupe d’étude des perspectives à la Banque mondiale.

    Publié deux fois par an (avril et octobre), Commodity Markets Outlook, rapport du groupe de la Banque mondiale, fournit une analyse de marché détaillée pour les principaux groupes de produits parmi lesquels l’énergie, l’agriculture, les engrais, les métaux et les métaux précieux.

    Joseph Julien Ondoua Owona (stagiaire)

  • Marché financier : La masse des obligataires ECMR 5,60% tient ses ambassadeurs

    Marché financier : La masse des obligataires ECMR 5,60% tient ses ambassadeurs

    Les représentants des souscripteurs ont été élus le 10 octobre dernier au cours de l’Assemblée générale élective de la masse des obligataires organisée par le ministère des Finances (Minfi) à Yaoundé.

    Elles sont un préalable au déblocage des appuis budgétaire des partenaires financiers qui accompagnent le pays dans le cadre de son programme d’ajustement.
    Siège du ministère des Finances à Yaoundé.

    Les trois porte-parole reflètent les différentes catégories des instances ayant prêté de l’argent à l’État. Ils ont été élus le 10 octobre 2019 à Yaoundé, au cours de l’Assemblée générale élective de la masse des obligataires ECMR 5,60%. La concertation a duré plusieurs heures. Après des débats houleux, les délégués des souscripteurs ont été dévoilés au public.

    En sa qualité de représentante du Minfi, Louis Paul Motaze, madame Yecke ENdale epse Eko EKo, inspecteur général au ministère des Finances, a rappelé le rôle de la représentation élue. «S’assurer que l’État respecte ses engagements, que toutes les dispositions sont prises pour que les souscripteurs ayant fait confiance à l’État soient remboursés à bonne date». Ce n’est pas tout. Les trois délégués de la masse des obligataires devront également prendre des mesures si nécessité il y a, précise-t-elle. «En cas de survenance d’un problème grave, les élus peuvent convoquer une assemblée extraordinaire le non-respect par l’émetteur d’une ou de plusieurs déchéances de remboursement».

    À cet égard, on apprend que ces mandataires devront rendre compte à ceux qu’ils représentent à la fin de chaque mois, « par voie de communiqué officiel ». Objectif, les informer sur l’État d’avancement du remboursement de l’emprunt contracté par l’État. Parce que, le gouvernement camerounais a demandé à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) de prélever une certaine quantité d’argent sur son compte à la fin de chaque mois, pour rembourser sa dette.

    L’élection qui visait à répondre à «un impératif de l’égalité, de transparence et de crédibilité de l’État» vient définitivement sceller le partenariat de confiance entre l’État, et ses créanciers locaux.

    Depuis décembre 2010, l’État camerounais recourt régulièrement au marché des capitaux nationaux et internationaux pour couvrir son besoin de financement à travers la mobilisation des ressources. S’agissant spécifiquement de l’épargne domestique, ce mode de financement offre aux investisseurs et souscripteurs la possibilité de diversifier les placements en participant au financement de l’économie nationale. Le présent emprunt a ainsi permis de mobiliser plus de 200 milliards de francs CFA. Cet argent, nous dit-on, permettra la construction de certaines infrastructures d’envergure telles que l’autoroute Yaoundé-Douala les barrages de Lom Pangar et Me Mve’elle, la phase 1 du complexe industrialo-portuaire de Kribi, etc.

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • La Beac consolide le non-recours à une dévaluation du FCFA

    La Beac consolide le non-recours à une dévaluation du FCFA

    La Banque centrale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) s’est engagée auprès du Fonds monétaire international à porter ses avoirs en devise à 4,5 milliards d’euros (plus de 3 000 milliards FCFA) d’ici à la fin décembre 2019.

    À la fin du mois de juin 2019, ces avoirs étaient estimés à 3,5 milliards d’euros (2 296 milliards FCFA). Il s’agit d’une amélioration de la position extérieure des pays de la Cemac, c’est-à-dire une augmentation des avoirs en devises qui éloignent toute dévaluation monétaire. Dupont Ngossi, économiste et expert financier, directeur technique à l’agence de communication financière Strategy, explique: «la Beac agit ainsi pour assouplir la balance de paiement et anticiper sur une éventuelle dévaluation du FCFA.

    Premièrement, lorsqu’une zone économique décide d’augmenter son stock de réserve en termes de devises, la première raison c’est la stabilisation de la balance de paiement et le renforcement de son instrument monétaire. Quand un État importe plus qu’exporte, il s’endette en devises. En achetant à l’extérieur, un agent économique (État, entreprises, opérateur économique) doit régler ses fournisseurs dans leur monnaie.

    Du fait d’une propension à l’importation et une faible capacité de production afin d’exporter (capacité davantage affaiblie avec la baisse du cours de pétrole), la dette en devises des pays de la Cemac s’est accrue. C’est ce qui a très vite fait planer la possibilité d’une dévaluation, afin de baisser la valeur de la monnaie et augmenter les avoirs en devises. La décision de la Beac va donc dans le sens de consolider cette position extérieure en augmentant le stock de devises et éloigner le risque de la dévaluation».

    Pour rappel, les pays de la Cemac ont clairement pris position contre la dévaluation leur instrument monétaire, le FCFA. À la place, ils se sont engagés à mener des réformes structurelles portant à la fois sur le rééquilibrage des comptes publics et la diversification des supports des économies.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Monnaie : Bientôt de nouveaux billets en zone Cemac

    Les coupures de 500, 1  000, 2000, 5 000 et 10 000 FCFA utilisés dans l’espace communautaire  vont devoir changer de design et de format, selon Umac

    C’est l’une des annonces fortes de la récente session ordinaire du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac), tenue le 2 octobre 2019 au siège de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) à Yaoundé. Selon la résolution numéro 7 desdites assises, la banque centrale s’apprête à mettre en circulation une nouvelle gamme de billets de banque dans les 6 pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, République centrafricaine (RCA) et Guinée Équatoriale), conformément à l’article 33 des statuts de la Beac. Sur une ligne de ladite résolution, l’on peut lire que le Comité ministériel de l’Umac a pris acte du lancement des travaux de conception d’une nouvelle gamme de billets la Beac et que la même instance a d’ores et déjà engagé le gouvernement de la Banque à finaliser les travaux nécessaires à la création et à la mise en circulation progressive de cette nouvelle gamme, dans les meilleurs délais possible. Il est à relever que les transactions financières en zone Cemac se font encore à l’aide des coupures officiellement mises en circulation depuis le 24 novembre 2003.

    Ongoung Zong Bella

  • Titres publics: le Cameroun récolte 10 milliards FCFA

    Titres publics: le Cameroun récolte 10 milliards FCFA

    Sur le marché de la Beac (Banque des États de l’Afrique centrale), le 18 septembre 2019, le Trésor public camerounais a, une nouvelle fois, réussi à lever une enveloppe de 10 milliards de FCFA. Sur la foi du communiqué rendu public à cet effet par la Direction générale du Trésor du ministère des Finances, l’opération a été clôturée par un taux d’intérêt moyen de 2,2 %. De l’avis des analystes de la place financière d’Afrique centrale, c’est le taux moyen le plus bas enregistré sur les titres camerounais sur ce marché, depuis 2011. Après avoir longtemps stagné à 2,5 %, le taux d’intérêt moyen sur les titres publics camerounais sur le marché de la Beac avait même atteint 3,9 % dès la fin de l’année 2015. Ceci s’est fait à la faveur de la concurrence née sur ce marché des titres à cette époque, du fait de la baisse des recettes publiques dans les États de la Cemac.

    Ongoung Zong Bella

  • Emprunts bancaires dans la Cemac : Le chemin de croix des opérateurs économiques

    Emprunts bancaires dans la Cemac : Le chemin de croix des opérateurs économiques

    Les emprunteurs (États, entreprises, personnes morales ou particuliers) se voient appliquer des taux d’intérêt élevés et à la carte.

    Le financement de la croissance reste une grosse équation

    Dans son rapport sur l’évolution des taux débiteurs pratiqués par les établissements de crédit dans la Cemac au second semestre 2018, les chiffres produits par la banque des États de l’Afrique centrale (Beac) font constater le niveau élevé des taux directeurs des établissements de crédit. Globalement, le taux de crédit moyen pratiqué par les banques de la Cemac au second semestre 2018 s’élève à 9,71%. Pour ce qu’il est des établissements financiers, il s’élève, sur la même période, à 16,46%.

    L’écosystème économique de la sous-région dicte sa loi et influence le comportement des banques et établissements financiers. On observe trois autres phénomènes clés : les taux débiteurs sont plus élevés que le taux directeur de la banque centrale (3,50 %) ; ils varient d’un pays à un autre et ils sont appliqués d’un agent économique à un autre. C’est-à-dire que le taux de crédit dans les banques varie selon que l’on est une PME, une grande entreprise, une entité publique ou une personne morale. Ainsi, par bénéficiaire, au second semestre 2018, les taux débiteurs moyens pratiqués par les banques et établissements financiers se présentent ainsi : 16,22% pour les particuliers ; 12,61% pour les PME ; 8,4% pour les grandes entreprises ; 6,86% pour les administrations publiques.

    Légère hausse
    Le marché du crédit a été marqué, au second semestre 2018, par un léger regain de l’offre de financements bancaires, après le repli enregistré au 1er semestre de la même année. Les données déclarées par les établissements de crédit implantés dans la Cemac révèlent que le montant des nouveaux financements bancaires accordés entre le 1er juillet et le 31 décembre 2018 s’est établi à près de 4797 milliards de FCFA, soit près de 297 milliards de plus qu’au 1er semestre 2018 (soit une hausse de 6,59%). Cette évolution est liée à «l’accroissement saisonnier de l’activité de crédit au cours de cette période de l’année (fêtes de fin d’année, crédits scolaires)», renseigne le rapport de la Beac.

    Sur l’ensemble de l’année 2018, la Cemac a plutôt connu un recul de la production de crédits par rapport à l’année précédente. Au total, le cumul des crédits mis en place en 2018 s’élève à 9297 milliards de FCFA, contre 9897 milliards en 2017, soit un retrait de 6,07%.

    Zacharie Roger Mbarga

    Information financière

    Une pesanteur de plus pour les emprunteurs

    La méconnaissance des statistiques adéquates du marché par les demandeurs de crédits est une autre pesanteur.

    Les usagers sont à la merci de l’asymétrie d’information financière. Certains pâtissent de leur manque de culture financière. Il est par exemple indéniable pour un emprunteur de maitriser la différence entre le taux d’intérêt et le coût réel TEG (coût réel de l’argent).

    Entreprises comme particuliers, vous pouvez comparer le «coût» moyen d’un emprunt dans les différentes banques du pays. Au Cameroun, il y a un écart moyen de 7,5 % entre le «prix de gros» de l’argent et le coût appliqué aux usagers. Au Gabon, il y a un écart moyen de 9,44 % entre le «prix de gros» de l’argent et le coût appliqué aux usagers.
    Les chiffres de la Beac dans ce rapport peuvent aider l’emprunteur à préparer son dossier de crédit. Il va ainsi pouvoir négocier les conditions, comparer la compétitivité-prix des différentes banques.

    Absence de concurrence
    Du fait d’une absence accrue de concurrence, les établissements de crédit dictent leur loi sur le marché. Le niveau élevé du crédit serait ainsi une résultante d’un secteur financier peu dynamique. Nelson Essiane, Chercheur au Laboratoire d’analyses et de recherche en économie mathématique (LAREM) estime que «c’est bien connu, lorsque vous êtes peu à offrir un bien sur un marché (oligopole), les prix ont tendance à être plus élevés que s’il y avait plus de concurrence. Ce phénomène joue aussi dans la détermination des taux appliqués au secteur privé. D’autant plus qu’en général, le demandeur de crédit est en position de “faiblesse” face au banquier : il a besoin d’argent, il voit en lui son “seul” espoir de voir son problème financier résolu. Ce ne sont clairement pas des conditions adéquates pour négocier !».

    Zacharie Roger Mbarga

    Crédits aux entreprises

    Le secteur privé ne finance pas l’investis-sement

    Les nouveaux crédits distribués au second semestre 2018 demeurent à court terme et essentiellement orientés vers le financement des besoins de trésorerie des entreprises et la consommation des ménages. En effet, les crédits à court terme représentent 76,78% des concours bancaires accordés au cours de la période de référence, suivis des prêts à moyen terme, dont la part est de 13,11%. Les crédits à long terme et les opérations de crédit-bail, pourtant indispensables pour le financement des investissements et l’accumulation des outils de production, restent très marginaux, avec des proportions établies respectivement à 1,05% et 0,35%.

    Pourtant, la répartition par type de clientèle montre que les entités du secteur productif (grandes entreprises, petites et moyennes entreprises) demeurent les principaux bénéficiaires des financements bancaires octroyés au second semestre 2018. Ces catégories concentrent à elles seules 3951 milliards de FCFA, soit près de 82,37% du total des nouveaux concours, réparties à hauteur de 63,51 % pour les grandes entreprises et 18,86% pour les petites et moyennes entreprises (PME). Les crédits aux particuliers, quant à eux, qui n’ont atteint que 406,4 milliards de FCFA, soit 8,47% du total des prêts, ressortent en hausse par rapport au montant du semestre précédent, chiffré à 239,16 milliards de FCFA, et représentant 5,31% du total des nouveaux financements accordés.

    Dictature des poids lourds
    Les grandes entreprises de la Cemac captent 63,5% des crédits. Entre le 1er juillet et le 31 décembre 2018, les établissements de crédit implantés dans la Cemac ont accordé des prêts de l’ordre de 4  797 milliards de FCFA. Cet argent est essentiellement englouti par les grandes entreprises.

    Zacharie Roger Mbarga

     

    ‘’Il ne faut jamais perdre de vue que les banques sont des entreprises’’

    Nelson Essiane

    On peut rechercher les causes du coût élevé du crédit du côté des demandeurs de crédit (entreprises, particuliers, etc.), des offreurs de crédit (les banques), mais également de la structure des économies de la Cemac

    Le chercheur au Laboratoire d’analyses et de recherche en économie mathématique (Larem) fournit des réponses au phénomène de hausse de taux de crédits en zone Cemac.

     

    La publication du dernier rapport de la BEAC sur l’octroi de crédit démontre le caractère élevé des taux de crédits dans la sous-région. Quelles en sont les causes?
    Il serait hasardeux de prétendre donner de manière exhaustive toutes les causes du niveau de coût du crédit observé dans la Cemac. Toutefois, certains phénomènes et causes doivent retenir notre attention. Comme pour la plupart des prix (pour rappel, le taux d’intérêt est un prix), il est le résultat d’un ensemble d’interactions plus ou moins complexes.

    Il est souvent didactique de considérer que le taux qu’une banque pratique à un de ses clients correspond au taux directeur de la banque centrale (qu’on peut considérer comme « le prix de gros » de l’argent) plus «quelque chose». C’est ce «quelque chose» qui est le plus complexe à expliquer en pratique. Certains l’appelleront «prime de risque», mais la perception du risque de crédit ne saurait expliquer en totalité l’écart entre le taux de la Banque Centrale et le Taux effectif global (TEG) supporté par un emprunteur.

    Une fois cela dit, on peut rechercher les causes du coût élevé du crédit du côté des demandeurs de crédit (entreprises, particuliers, etc.), des offreurs de crédit (les banques), mais également de la structure des économies de la Cemac.

    Les banques ont tendance à augmenter les taux d’intérêt lorsqu’elles font face à des emprunteurs qu’elles jugent «risqués». Cela peut expliquer (en partie) pourquoi au premier semestre 2018 dans la Cemac les banques ont appliqué un taux d’intérêt moyen de 6% aux grandes entreprises, contre 14,5% pour les particuliers et 9% pour les PME.Les particuliers et PME n’offrent pas généralement les mêmes garanties que des grandes entreprises. Les informations financières de ce type d’acteurs économiques sont souvent moins fiables ;les risques de défaut sont relativement plus importants ; la rigueur dans la gestion des fonds alloués est parfois moins marquée que dans des entreprises plus grandes et mieux organisées.

    …Pour les banques du Cameroun, au second semestre 2018, le taux d’usure sur les découverts s’élevait à 21,76 %, 15,55 % et 10,69 % pour les particuliers, les PME et les grandes entreprises respectivement.

    D’un autre côté, les banques ont des pratiques commerciales qui peuvent accentuer l’écart entre le prix d’achat de l’argent et le taux appliqué aux emprunteurs. Ainsi, elles peuvent pratiquer des grilles de prix standardisées par type de clients (grandes entreprises, PME, fonctionnaires, commerçants, etc.). Cette pratique est très courante en situation de relative faible concurrence. Elle permet aux banques de maintenir des taux élevés auprès de segments de marchés qui ont le plus faible pouvoir de négociation (généralement les particuliers), tandis que les grandes entreprises (qui ont souvent des comptes dans plusieurs banques et dont les volumes d’emprunt sont plus importants) ont la possibilité de faire jouer la concurrence pour bénéficier de taux plus avantageux. Il ne faut jamais perdre de vue que les banques sont des entreprises recherchant du profit, et donc redoublant d’ingéniosité pour maximiser leurs marges autant que possible.

    Au-delà des caractéristiques liées aux offreurs et demandeurs de crédit, il faut considérer la structure de l’économie et du système bancaire proprement dit. Il n’est pas étonnant d’avoir un coût du crédit élevé dans un environnement global où le climat des affaires n’est pas assez favorable, où les systèmes judiciaires ont d’importantes marges de progression avant d’être pleinement optimaux pour l’activité économique, et où l’instabilité sociopolitique génère de l’incertitude.

    Est-ce la seule responsabilité du risque pays ?
    Comme je l’ai mentionné précédemment, le coût élevé du crédit dans un pays donné ne peut dépendre d’un seul facteur. Toutefois, il est assez bien établi qu’un pays qui voit sa note souveraine significativement dégradée aura tendance à avoir des taux d’intérêt débiteurs plus élevés. Cela montre encore à quel point un gouvernement (et globalement l’ensemble des acteurs de la scène publique) doit attacher de l’importance à la stabilité macroéconomique et sociopolitique. Un mauvais rating peut sensiblement nuire à l’investissement et donc à la croissance et l’emploi sur le long terme.

    Parmi les contraintes à l’accès au crédit par les agents économiques (entreprises, individus), il y a l’asymétrie d’informations. Y a-t-il un outil d’information, voire de benchmark des offres de crédit ?
    L’asymétrie d’information joue un rôle non négligeable dans la négociation d’un crédit. Les pays de la Cemac n’échappent pas à cette logique. Les fausses déclarations de certains emprunteurs, tout comme le fait que certaines banques ne présentent pas explicitement le coût global du remboursement d’un crédit, sont des situations d’asymétrie d’information qui peuvent survenir dans notre contexte. Des solutions comme des contrôles de cohérence sur les états financiers des emprunteurs, des contrôles sur place, etc. sont adoptées par les banques. Mais c’est très probablement les emprunteurs qui sont en moyenne les moins bien outillés pour se prémunir de l’asymétrie d’information. C’est pourquoi la publication et la vulgarisation des taux débiteurs pratiqués par chaque banque sont un début de solution pour ce type d’agent.

    La liberté des banques à décider d’un taux d’intérêt différent de celui de la banque centrale est-elle encadrée ?
    Dans les pays de la Cemac (tout comme la plupart des économies du monde aujourd’hui), nous avons adopté le marché comme principal mode d’allocation des ressources. De ce fait, les pouvoirs publics laissent une assez grande liberté aux entreprises de définir leurs politiques de prix, tout comme les usagers sont libres de recourir aux prestations des entreprises de leur choix. C’est le même principe en ce qui concerne le crédit. La banque centrale cherche à influencer le coût du crédit via ses instruments de politique monétaire, mais ne dicte pas, coercition à l’appui, la politique de prix (de taux d’intérêt) des banques. Toutefois, conscient des abus qui pourraient survenir dans la pratique du crédit, le Comité ministériel de l’Umac a fixé les modalités de calcul du taux d’usure (le taux au-delà duquel une convention de crédit ne devrait pas être signée). Celui-ci est défini comme le taux effectif global (TEG) qui excéderait de 33% «le TEG moyen pratiqué au cours du semestre précédent par les opérations de même nature comportant des risques analogues». Par exemple, pour les banques du Cameroun, au second semestre 2018, le taux d’usure sur les découverts s’élevait à 21,76 %, 15,55 % et 10,69 % pour les particuliers, les PME et les grandes entreprises respectivement.

    Le crédit bancaire est la principale source de financement des structures économiques, principalement des entreprises. N’y a-t-il pas lieu de vulgariser les autres mécanismes ?
    Déjà, c’est une affirmation à relativiser. Le shadowbanking (tontines notamment) est déjà aujourd’hui une modalité de financement bien établi dans notre paysage économique (notamment chez les TPE et PME). En outre, les établissements de microfinance jouent un rôle socioéconomique non négligeable, bien que le volume de crédits octroyés soit bien moins important que celui des banques. Disons donc qu’avec près de 71% des crédits bancaires accordés aux grandes entreprises, ce sont plutôt ces dernières qui ont principalement recours à ce mode de financement pour leur activité.

    Toutefois, on assiste à la montée en puissance de modèles alternatifs de financement comme le financement participatif (crowdfunding) en Afrique (près de 100 % de croissance en 2015 selon la Banque mondiale). Beaucoup de porteurs de projets, notamment dans des secteurs plus ou moins innovants, qui ne peuvent recourir aux microfinances ou aux banques, sont susceptibles d’y trouver leur compte. Les succès africains, sur des plateformes comme Kiva, peuvent en témoigner. Au Cameroun, de plus en plus de jeunes entreprises sont séduites par ce mode de financement. Personnellement, j’accueille avec beaucoup d’optimisme cette dynamique. Des plateformes comme Guanxi-Invest ou la récente campagne de levée de fonds de la société Kiro’o Games sont des exemples qui montrent bien que des mécanismes complémentaires de financement sont envisageables avec des résultats probants. Une plus grande considération de ceux-ci, tant par les porteurs de projets que par les autorités publiques, est donc la bienvenue.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

  • CEMAC : La situation économique et monétaire au scanner

    CEMAC : La situation économique et monétaire au scanner

    Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) a tenu, dans la Salle du Conseil du siège de la Banque à N’Djaména (République du Tchad), sa deuxième réunion ordinaire de l’année le 24 juillet 2019, sous la présidence de Monsieur ABBAS MAHAMAT TOLLI, Gouverneur de la BEAC, son Président statutaire.  Au cours de cette séance, le CPM a pris connaissance des perspectives macroéconomiques mondiales et sous-régionales.

    Abbas Mahamat Tolli, Gouverneur de la BEAC

    Au plan international, la croissance économique mondiale devrait ralentir en rapport avec : i) la persistance des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ii) la baisse de la confiance des entreprises et des consommateurs, iii) la chute des échanges et de l’investissement, en particulier en Chine et en Europe, et iv) les incertitudes entourant l’action des pouvoirs publics dans la plupart des grandes économies.

    Au niveau sous régional, le CPM a passé en revue la situation économique et monétaire récente de la CEMAC, ainsi que les perspectives à court terme. En 2019, l’activité économique des pays membres continuera de se relancer, bien qu’à un rythme légèrement plus modéré que celui signalé en début d’année. Ainsi, il est prévu pour 2019: i) un taux de croissance de 3,0 %, au lieu de 3,2 % prévu initialement, contre 1,6 % en 2018; ii) une remontée des tensions inflationnistes avec un taux d’inflation à 2,5 %, contre 2,1 % en 2018; iii) un excédent du solde budgétaire base engagements, qui remonterait à 0,4 % du PIB en 2019, contre + 0,1 % du PIB en 2018; iv) une aggravation du solde du compte courant passant de 3,4 % du PIB en 2018 à 6,1 % en 2019 en lien principalement avec la hausse des importations du secteur pétrolier ; et v) une expansion de la masse monétaire de 8,2 %, pour un taux de couverture extérieure de la monnaie qui se situerait autour de 68,6 % en 2019, contre 61,4 % en 2018.

    Tenant compte de ces perspectives macroéconomiques et après analyse du fonctionnement du marché monétaire et des facteurs de risques pesant sur la stabilité monétaire, le CPM a décidé de maintenir inchangés :

    ✓ le Taux d’Intérêt des Appels d’Offres à 3,50 %;

    ✓ le Taux de la facilité marginale de prêt à 6,00 % ;

    ✓ le Taux de la facilité marginale de dépôt à 0,00%;

    ✓ le Taux de pénalité aux banques à 8,30 %;

    les coefficients des réserves obligatoires à 7,00 % et 4,50 % sur les exigibilités à vue et à terme respectivement.

    En plus des décisions de politique monétaire, le Comité a : (i) fixé les décotes applicables aux créances privées à court terme, aux crédits octroyés à la petite clientèle nationale, aux petites et moyennes entreprises et aux entrepreneurs individuels admissibles en garantie des opérations de politique monétaire ; (ii) défini les conditions d’éligibilité des signatures au refinancement de la Banque Centrale et (iii) adopté le cadre de traitement des établissement de crédit en situation de dépendance du refinancement de la BEAC. /

    Fait à N’Djamena, le 24 juillet 2019 

    Le Président du Comité de Politique Monétaire, 

    ABBAS MAHAMAT TOLLI 

  • Abbas Mahamat Tolli, Gouverneur de la Béac : Pourquoi la nouvelle réglementation des changes est vitale

    Abbas Mahamat Tolli, Gouverneur de la Béac : Pourquoi la nouvelle réglementation des changes est vitale

    A fin mai 2019, les rétrocessions de devises ont atteint 1 376,1 milliards de FCFA pour les cinq premiers mois de l’année, contre 605,2 milliards de FCFA sur la même période de l’année précédente, en hausse de 127 %. De plus, le Compte d’opérations, a connu une forte hausse (+32 %) entre 2017 et 2018 passant de 2 552 milliards de FCFA au 31 décembre 2017 à 3 360 milliards de FCFA à fin 2018 ; et, à fin juin 2019, il s’est situé à 3 822 milliards de FCFA.

    Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Beac

    Lors de leur sommet du 23 décembre 2016 à Yaoundé, les Chefs d’Etat avaient arrêté une stratégie de sortie de crise. Le cadre juridique des transactions avec l’extérieur étant un élément fondamental de cette stratégie, il était apparu nécessaire de réviser la réglementation des changes en vigueur dans la Communauté. La nouvelle réglementation des changes de la CEMAC a été adoptée par le Comité Ministériel de l’UMAC en date du 21 décembre 2018. Elle a été élaborée dans le cadre d’une approche participative associant toutes les parties prenantes, dont le FMI, les Ministères en charge de la monnaie et du crédit de la CEMAC et la profession bancaire.

    Conscients de ce qu’une application stricte de ce nouveau texte conditionne fortement la soutenabilité externe de notre monnaie, la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC a, lors de sa session du 24 mars 2019 tenue à N’Djamena, insisté sur l’impérieuse nécessité d’un strict respect de la réglementation des changes par toutes les parties concernées que sont notamment les grandes entreprises minières et pétrolières, les entreprises opérant dans le secteur extractif, l’industrie bancaire et les autres secteurs économiques.

    La présente réunion de lancement de la campagne de sensibilisation sur les dispositions de la nouvelle réglementation des changes de la CEMAC s’inscrit dans ce cadre. La sensibilisation est en effet rendue nécessaire à la fois par les nombreux changements qu’impliquent l’application de la nouvelle réglementation des changes dans la réalisation des opérations internationales et par la complexité des activités des entreprises pétrolières et minières.

    Cette réunion regroupe les Ministres en charge de la monnaie et du crédit des États membres de la CEMAC, le Président du Comité de Pilotage du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), le Fonds Monétaire International à travers ses résidents pour le Cameroun et pour le Gabon, le Président de la Commission de la CEMAC, le Président de la Commission de Surveillance du Marché Financier de la CEMAC (COSUMAF), les représentants des entreprises minières et pétrolières opérant dans la sous-région, les représentants des Associations Professionnelles des établissements de crédit de la CEMAC ainsi que des organisations patronales.

    Les échanges autour de ce nouveau dispositif tournent autour de trois principaux points :

    i) La présentation du nouveau dispositif.

    ii) Les modalités et les résultats escomptés de sa mise en œuvre.

    iii) Les critiques enregistrées relatives au nouveau dispositif.

    I- Présentation du dispositif

    Cette présentation fait ressortir le fait générateur de la réforme, les objectifs poursuivis et les principales modifications introduites.

    I.1. Fait générateur de la réforme

    Trois facteurs ont justifié la refonte du cadre réglementaire existant, afin de le rendre plus efficient dans la gestion des transactions financières extérieures.

    Premièrement, le constat avait été fait d’un faible rapatriement des recettes d’exportation dû principalement à l’ineffectivité de la mise en oeuvre du cadre réglementaire et opérationnel de la réglementation des changes.

    Deuxièmement, la réglementation des changes communautaire ne reflétait pas les évolutions intervenues dans les sphères économiques et financières mondiales et sous régionales, caractérisées par le développement des systèmes et moyens de paiement électronique, la consolidation des marchés boursiers ainsi que les exigences internationales et communautaires en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

    Troisièmement, le diagnostic de la situation macroéconomique réalisé par les hautes Autorités de la CEMAC et le Gouvernement de la BEAC faisait ressortir que la politique monétaire n’était pas sous-tendue par une règlementation des changes adaptée à l’évolution de notre environnement et conforme aux engagements internationaux de nos Etats.

    I.2. Objectifs majeurs de la réforme

    La réforme de la réglementation des changes visait à :

    i) contribuer à la stabilité externe de la monnaie à travers une optimisation des transactions financières extérieures, de manière à minimiser les sorties des devises non causées et maximiser les entrées de devises provenant des activités légales ;

    ii) adapter la règlementation des changes à de nouvelles problématiques telles que l’émergence de nouveaux moyens de paiement et la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

     

    I.3. Principales évolutions de la nouvelle réglementation de changes

    Elles portent sur :

    i) L’attribution du rôle d’administration de la réglementation des changes à la Banque Centrale, afin de s’arrimer à ses missions statutaires de conduite de la politique de change et de gestion des réserves de change de la Communauté ;

    ii) La formalisation des obligations de cession et de rétrocession des devises à la BEAC dans le sens de renforcer le principe de centralisation des avoirs extérieurs auprès de celle-ci. Il est précisé que la rétrocession des devises par les établissements de crédit doit intervenir dans un délai de 5 jours ouvrés courant à compter de leur encaissement (et non plus dans un délai de 30 jours), avec la faculté d’en conserver 30 % pour la couverture de leurs besoins courants

    iii) L’obligation faite aux différents acteurs d’inclure dans leurs dispositifs les diligences indispensables à la lutte anti-blanchiment, dans un environnement marqué par la montée des activités illicites et le financement du terrorisme ;

    iv) L’obligation d’indication ou de justification de l’origine des fonds pour la réalisation des opérations de change ;

    v) La possibilité d’ouvrir des comptes séquestres, de garantie et assimilés en devises dans les livres de la Banque Centrale pour la couverture des engagements souscrits par les États et autres personnes morales autorisées par le Conseil d’Administration ;

    vi) L’insertion des mesures de sauvegardes en cas de crise affectant les comptes extérieurs de la CEMAC ;

    vii) L’assouplissement des sanctions et la formalisation des procédures de constatation des infractions et d’application des sanctions.

    II- Les modalités et les résultats escomptés de sa mise en œuvre.

    La mise en œuvre du nouveau dispositif s’opère à travers deux méthodes :

    i) les contrôles de vraisemblance auprès des établissements de crédit, par le biais de l’obligation de rétrocession à la BEAC des devises rapatriées par certains opérateurs économiques ;

    ii) le déploiement des outils internes nécessaires au suivi des positions de trésoreries extérieures des établissements de crédit.

    Pour ce faire, la BEAC a créé en son sein, en octobre 2017, une entité ad hoc dénommée Cellule Centrale d’Etudes des Transferts et de Suivi de la Réglementation des Changes (CCETSRC). Les travaux de cette Cellule ont efficacement contribué à la pleine maîtrise des flux de devises dans la sous-région et à l’amélioration du niveau des réserves de change de la CEMAC. Cette Cellule dispose de relais dans chacune des six Directions Nationales afin de suivre de plus près l’application de la réglementation des changes. Cette réorganisation a donné des résultats probants, caractérisés par une très forte réduction des délais de traitement des transferts. A titre illustratif, le délai de traitement des dossiers de transferts aux Services Centraux était en moyenne de 20 jours. Depuis la création de la Cellule en octobre 2017, il est passé à 1 journée. Les premiers résultats de la mise en œuvre de la nouvelle réglementation des changes font état d’une remontée des réserves de change. Ainsi, à fin mai 2019, les rétrocessions de devises ont atteint 1 376,1 milliards de FCFA pour les cinq premiers mois de l’année, contre 605,2 milliards de FCFA sur la même période de l’année précédente, en hausse de 127 %. De plus, le Compte d’opérations, a connu une forte hausse (+32 %) entre 2017 et 2018 passant de 2 552 milliards de FCFA au 31 décembre 2017 à 3 360 milliards de FCFA à fin 2018 ; et, à fin juin 2019, il s’est situé à 3 822 milliards de FCFA.

    III- Critiques enregistrées relatives au nouveau dispositif.

    En dépit des résultats encourageants enregistrés, l’on enregistre certaines résistances au changement dans la mise en oeuvre de la réglementation des changes.

    Ces résistances trouveraient leur motivation dans :

    i) les rejets des demandes de transferts par la Banque centrale. Or, entre janvier et avril 2019, 77 % des demandes de transferts présentés ont été autorisés. Les rejets observés l’ont été, dans 32,4%, pour avoirs extérieurs suffisants qui auraient dû servir à l’exécution, par les banques elles-mêmes, de ces transferts sans recourir à la BEAC ;

    ii) les ouvertures des comptes en devises sans autorisation préalable de la BEAC : à cet égard, il importe de relever que la détention de ces comptes par les résidents constitue une entrave au principe de centralisation des devises à la BEAC et un moyen insidieux de spéculation contre notre propre monnaie. Il y aura donc lieu de procéder à la régularisation de tous ces comptes durant la période transitoire de six mois, à partir du 1er mars 2019, impartie par le nouveau Règlement ;

    iii) les autorisations requises pour les importations de billets étrangers (achat de devises) par les banques. Ces autorisations visent un triple objectif, à savoir éviter une double circulation fiduciaire dans la CEMAC, lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, limiter la détention des billets étrangers aux stricts besoins de voyage.

    En violation de cette exigence réglementaire, certaines banques de la sous-région procèdent illégalement à des importations de devises. Plusieurs cas ont ainsi été observés en avril et en mai de cette année, les établissements concernés ont écopé de sanctions, conformément à la réglementation des changes en vigueur.

    En définitive, la nouvelle réglementation apporte des innovations visant à stimuler l’activité économique et à favoriser la transformation profonde de nos économies, condition sine qua non de leur résilience. Le gage de la bonne application de cette réglementation reste, sans conteste, la sensibilisation, la formation et l’imprégnation de l’ensemble des assujettis, en vue de son appropriation collective.

  • Marché monétaire de la Cemac : Le Cameroun lève avec succès 174 milliards de francs Cfa

    Marché monétaire de la Cemac : Le Cameroun lève avec succès 174 milliards de francs Cfa

    Une autre opération similaire est programmée au troisième trimestre de cette année pour collecter 100 milliards de francs Cfa.  Lire l’interview Moh Sylvester Tangongho, Directeur Général du trésor, donnée ce 20 juin à Yaoundé.

    Comment appréciez-vous le résultat de l’opération d’émissions des OTA en fin mai dernier?

    Dans le cadre de la mise  en œuvre du programme des émissions des titres publics pour le compte du 2ème trimestre 2019, il était prévu outre l’émission des Bons du Trésor pour 20 milliards, les Obligations du Trésor Assimilables (OTA) pour 150 milliards. En ce qui concerne les OTA, le montant total à lever était structuré en trois émissions successives de 50 milliards chacune pour des maturités de 3 ans, 4 ans et 5 ans. Conformément au calendrier des adjudications organisées par la BEAC, à savoir tous les mercredis, les trois émissions des OTA ont été  organisées respectivement, les 22 et 29 mai pour les deux premières et le 12 juin pour la dernière émission.

    Les  résultats obtenus au terme de ces émissions ont été très satisfaisants. D’abord par le taux de couverture de près de 120%. Pour  150 milliards sollicités, les Spécialistes en valeurs du Trésor ont souscrit pour plus de 175 milliards. Ce qui traduit la bonne qualité de la signature de l’Etat. Ensuite par rapport aux taux d’intérêts de sortie obtenus pour chacune des émissions, soit respectivement 4% ; 4,85% et 5,9% pour les Obligations de 3 ans, 4 ans et 5 ans. Ces taux sont inférieurs à la moyenne sur le marché et meilleurs que ceux obtenus sur les emprunts obligataires. Le dernier motif de satisfaction et non le moindre est que ce coup d’essai a été un véritable coup de maître, car c’est la toute première fois qu’un tel volume de ressource est mobilisé sur le marché monétaire.

     Pourquoi avez-vous retenu plus que le montant sollicité ?

    Pour l’ensemble de ces émissions, nous avons finalement retenu 174 milliards. Nous avons retenu ce montant parce que nous disposons encore d’importantes marges par rapport au plafond de 260 milliards fixé par la loi de finances initiale. Bien plus, l’ordonnance du 29 mai 2019 a relevé ce plafond à 350 milliards. En ce qui concerne le rythme d’endettement, il est conforme à la stratégie nationale d’endettement. C’est le lieu ici de rappeler que le taux d’endettement du Cameroun est inférieur à 35% de son PIB, tandis que la norme communautaire en la matière est de 70%. Donc l’Etat dispose encore des grandes marges d’endettement pour financer son développement et améliorer les conditions de vie des citoyens.

     Quelle garantie a-t-on que l’argent mobilisé sera réellement affecté aux projets identifiés ?

    En ce qui concerne l’affectation des ressources aux projets identifiés, cela ne fait l’objet d’aucun doute. Il faut d’abord préciser que lesdits projets sont régulièrement inscrits dans la loi de finances. À date, de nombreux décomptes relatifs à ces projets sont en attente de paiement au Trésor. C’est le cas de certains projets du PLANUT,  de la CAN et même du Fonds Routier. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue le contrôle du Parlement sur l’exécution du budget.

    Comment l’Etat s’est-il assuré que les capitaux mobilisés ne proviennent pas de la corruption ou du blanchiment ?

    Les obligations du Trésor sont souscrites par les Spécialistes en valeurs du Trésor, en l’occurrence les banques. Elles sont assujetties à l’obligation de déclaration à l’ANIF pour les mouvements de capitaux douteux. En effet, elles doivent céder une part des titres souscrits aux autres agents économiques dont vous et moi, pour  alimenter  le  marché secondaire. Ces opérations sont suivies à travers des comptes titres ouverts  spécialement pour garantir la traçabilité des transactions.

    L’ordonnance du chef de l’Etat a augmenté le plafond des émissions des titres publics. Peut-on s’attendre à d’autres opérations ?

    Effectivement, l’ordonnance du président de la République du 29 mai a relevé le plafond des émissions des titres publics de 260 à 350 milliards pour l’année 2019. Le ministre des Finances a déjà saisi les Services du Premier ministre pour solliciter une nouvelle habilitation du président de la République à l’effet de procéder à des nouvelles émissions. Nous travaillons en ce moment sur le programme des émissions des titres publics pour le 3ème trimestre. Ledit programme sera examiné lors de la prochaine réunion du cadre de concertation entre le ministre des Finances et les SVT. Après validation, il sera rendu public. Je puis déjà vous dire que le Trésor devra émettre au moins 100 milliards de nouvelles obligations au cours dudit trimestre. Nous allons convenir du calendrier avec les SVT. Nous devrons également travailler ensemble pour animer le marché secondaire, c’est-à-dire développer les transactions des titres entre les SVT et les autres agents économiques. Normalement, un agent économique rationnel ne devrait pas avoir une épargne oisive. Il est préférable de constituer son épargne plutôt en titres publics car le taux d’intérêt est plus intéressant que le taux d’épargne. Bien plus, les titres sont sécurisés et convertibles en liquidité en temps réel.

    Propos rassemblés par

    Rémy Biniou

  • BEAC: Plus de 62 milliards  en moins sur les bénéfices en 2018

    BEAC: Plus de 62 milliards en moins sur les bénéfices en 2018

    Les comptes annuels de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ne sont pas bons. Au 11 avril 2019, ils ont indiqué que cet institut d’émission des six États de la Cemac a réalisé un résultat net positif de 14,4 milliards de francs CFA, au terme de l’année 2018.

    Ce résultat est très en deçà des 77,1 milliards de francs CFA de bénéfice engrangés au cours de l’année 2017. Les spécialistes de la finance expliquent cette contre-performance par la baisse des produits sur les placements réalisés par la salle des marchés, avec l’arrivée à échéance en janvier, avril et juillet 2018, de trois lignes de titres du portefeuille investissement.
    Selon un rapport repris par le magazine Investir au Cameroun, la BEAC affiche une posture de prudence et de maîtrise du risque. Au cours de l’année 2018, la banque a décidé de «ne pas constituer un nouveau portefeuille d’investissement, compte tenu du ratio de couverture des réserves de change à 2,4 mois, inférieur au seuil cible de trois mois fixé par le Comité de politique monétaire».

    Il est à noter que la courbe des bénéfices de la BEAC décroît depuis le record de 164,17 milliards de FCFA réalisé en 2016. Les experts y voient un repli des produits sur les avoirs extérieurs de sa zone d’émission, qui constituent sa première source de revenus. De 310 milliards de FCFA en 2016, ils sont passés à seulement 156,7 milliards de FCFA à la fin de l’année 2017.
    Les performances baissières de la BEAC surviennent dans une conjoncture morose pour la Cemac. La sous-région dans son ensemble a connu une année 2017 difficile, marquée par une croissance du PIB négative (-0,1%).

    Alors que baisse le produit des avoirs extérieurs, le conseil du Fonds monétaire international invite la Banque centrale à supprimer les avances statutaires au bénéfice des États et «envisager un nouveau durcissement de la politique monétaire». Ce qui risque d’être difficile à suivre, car au final, ce sont les placements sur le marché monétaire local qui soutiennent le plus sa rentabilité.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Marchés financiers: un seul régulateur pour la Cemac

    Désormais, il n’y aura qu’un seul marché financier en Afrique centrale. Il sera basé à Libreville (Gabon). C’est l’essence de l’acte posé par les représentants des pays membres de la Cemac qui consacre l’union entre les deux commissions des marchés financiers.

    L’ancien premier ministre tchadien est le nouveau président de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf). Il a été installé à ce poste le 15 décembre dernier par Calixte Nganongo, le président en exercice du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac).
    Au centre, Nagoum Yamassoum, nouveau président de la Cosumaf

    Matérialisée par la signature, le 31 mars 2019 à Douala, de la convention entre la CMF (Commission des marchés financiers) et la Cosumaf (Commission de surveillance des marchés financiers d’Afrique centrale), la fusion met ipso facto fin à l’existence de ces deux instances de régulation. Conséquence, la Cosumaf absorbe la CMF, et déjà «tous les cadres de la CMF ont été transférés à la Cosumaf pour compléter l’équipe de la Cosumaf» ajoute le président de la CMF.

    «Nous avons fini avec le régulateur. Nous avons signé à Ndjamena une convention semblable avec la BEAC et les deux dépositaires centraux qui existaient, à savoir la caisse d’amortissement du Cameroun pour le Dsx et la Bvmac pour le marché régional» précise Jean Claude Ngwa, président de la CMF. De ce fait, la banque centrale jouera le rôle de dépositaire central du marché financier régional des deux structures. Dès lors, il ne reste qu’à assister à la signature du traité de fusion entre la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique Centrale (Bvmag) et la Douala Stock Exchange (Dsx). «En ce moment, des procédures sont en cours pour aboutir assez rapidement dans les prochaines semaines certainement à la signature du traité de fusion entre les bourses elles-mêmes, et avoir finalement à Douala une bourse régionale mobilière» atteste Jean Claude Ngwa.

    Nagoum Yamassoum, président de la Cosumaf, pense «que cette fusion va permettre la libéralisation du marché financier parce qu’en dehors du marché camerounais, les autres marchés étaient embryonnaires et atones. On va s’engager à faire la pédagogie financière pour faire connaître le marché régional et ses opportunités. C’est le défi, réussir l’unification».

    Alain Biyong

  • La Beac veut améliorer ses données statistiques

    La Beac veut améliorer ses données statistiques

    Le dernier Comité de politique monétaire (CPM) de la banque centrale a officialisé l’entrée en production de la Centrale des bilans de la Cemac. Il s’agit d’un démembrement de la Beac chargé de collecter et publier la situation financière des opérateurs économiques (entreprises, fondations grandes associations…). Elle doit aussi établir des statistiques par secteur à partir des comptes annuels standardisés.

     

    Tenu à Ndjamena le 21 mars 2019, le CPM indique que la centrale des bilans va contribuer à « l’amélioration de la disponibilité et de la qualité de l’information financière sur les entreprises non financières, gage d’un meilleur accès aux financements bancaires ».

    En pleine conception d’une nouvelle infrastructure financière de la région, la Cemac doit travailler à l’amélioration et à la transparence de la comptabilité des entreprises. Il s’agit, bien entendu, de celles qui sont candidates au marché financier. Les règles communautaires de la Cemac exigent d’ailleurs la cotation en bourse des entreprises publiques, parapubliques et privées.
    Il va donc de l’intérêt des opérateurs économiques de souscrire à cet outil d’attractivité de l’investissement privé, afin de dynamiser et de donner de la profondeur tant souhaitée au marché financier de l’Afrique centrale.

    Zacharie Roger Mbarga 

  • La Beac dans le fauteuil du dépositaire unique

    La Beac dans le fauteuil du dépositaire unique

    La Caisse autonome d’amortissement (CAA) du Cameroun et la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) ont transféré leurs compétences à la Banque centrale.

    Les conventions de transfert ont été signées le 22 mars à Ndjamena (Tchad), entre les 3 acteurs sus-identifiés. D’après Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac, cet acte consacre «l’aboutissement de la première phase, pour ce qu’il est de l’unification des dépositaires centraux». En d’autres termes, «la Cemac dispose d’un dépositaire central unique», qui sera pour l’instant logé au siège de la Beac à Yaoundé, au Cameroun.

    Cette fusion juridique devrait désormais conduire les acteurs du marché financier à faire allégeance à la Beac. Les agréments des entreprises et les procédures seront désormais sous le lead de la Beac. Il lui reviendra donc désormais de sensibiliser les entreprises et les autres acteurs visés par l’article 8 de l’Acte additionnel portant unification du marché financier de la Cemac. La Banque centrale devra aussi travailler à la création d’une entité autonome qui assurera le rôle de dépositaire central unique du marché financier.

    Achoppement
    Par ailleurs, la fusion physique des institutions de régulation des deux marchés financiers coexistants est achevée depuis le 1er mars 2019. Dans le même temps a eu lieu le transfert du personnel de la Commission des marchés financiers du Cameroun (CMF) pour la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale (Cosumaf), désigné pour être l’unique régulateur.

    Reste à franchir une dernière étape: arriver à une bourse unique dans la sous-région. A ce sujet, un traité de fusion, validé par la DSX, attend l’adhésion de la BVMAC. Celle-ci, aidée par le Gabon, conteste les termes de la fusion proposée par le rapport d’audit du cabinet Price Water Cooper (PWC) Cameroun et validé par la Beac et la Cosumaf. Il s’agit de la géographie du capital de la nouvelle infrastructure boursière, de l’évaluation du patrimoine de chaque bourse et du montant de l’indemnisation du personnel à licencier. La Beac a jusqu’au 30 juin pour achever le processus.

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • Fusion des bourses : les chefs d’Etat refusent d’arbitrer le match Gabon-Beac

    Fusion des bourses : les chefs d’Etat refusent d’arbitrer le match Gabon-Beac

    Réunis ce 24 mars 2019 à Ndjamena en session ordinaire, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac n’ont pas tranché les querelles sur le dossier de la fusion des deux bourses de la sous-région (BVMAC et DSX). Au sortir de leur rencontre, ils se sont contenté d’instruire «la Beac d’accélérer de mettre en application les dispositions de l’Acte additionnel portant unification du marché financier de l’Afrique centrale».

    Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac, au sommet de Ndjamena le 25 mars.

     

    Pourtant, le processus tel que mené jusqu’ici par la banque centrale est contesté par le Gabon. Libreville remet en cause 3 points de la fusion proposée par le rapport d’audit du cabinet Price Water Cooper (PWC) Cameroun validée par la Beac et la Cosumaf. Il s’agit de la géographie du capital de la nouvelle infrastructure boursière, de l’évaluation du patrimoine de chaque bourse et du montant de l’indemnisation du personnel.

    Sur le capital de la nouvelle bourse, une note du ministre gabonais de l’Économie Jean-Marie Ogandaga, dont Jeune Afrique relève quelques extraits, indique que «le Cameroun représente environ 30 % du poids économique de la communauté. Nous estimons que les actionnaires actuels de la BVMAC devraient au moins avoir une majorité symbolique de 51 % au capital de la nouvelle bourse». De son côté, PWC octroie 59 % des parts aux actionnaires de la DSX et 41 % à ceux de la BVMAC.

    Au sujet des patrimoines, PWC estime la valeur de la plateforme de cotation de BVMAC à 73 millions de francs CFA. Il la juge «trop obsolète». Les responsables de cette bourse l’évaluent à 500 millions. De plus, ces derniers relèvent que l’immeuble siège n’a pas été pris en compte dans l’évaluation du patrimoine.

    Pour ce qui est de l’indemnisation des dirigeants et du personnel des institutions boursières, Libreville a arrêté la somme à près de 1,2 milliard de francs CFA. L’expertise de PWC propose 228 millions de francs CFA pour la DSX et 155 millions pour la BVMAC. Des montants validés par la Banque centrale.

    Au regard de cette opposition, la Beac a tenté de passer en force en mettant la BVMAC sous administration provisoire. Le processus a été bloqué par Libreville.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Un sommet de la Cemac pas si ordinaire que ça

    Un sommet de la Cemac pas si ordinaire que ça

    Après trois sessions extraordinaires successives (décembre 2016, octobre 2017 et octobre 2018), les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se retrouveront à Ndjamena en session ordinaire.

     

    Après Djibloho en 2017, où les dirigeants de communauté notaient les avancées de réformes institutionnelles et structurelles, le sommet ordinaire du 24 mars prochain devrait être celui du suivi/évaluation des mesures du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref Cemac); à quelques mois de la fin des programmes contractés avec le Fonds monétaire international (FMI).

    Au regard de la menace qui pèse toujours sur la sous-région, l’état des négociations entre le Congo, la Guinée Équatoriale et le FMI sera sur la table. Comme indicateur et révélateur de l’état de santé économique de la sous-région, la Beac vient d’entamer la modification de ses statuts, afin de renforcer davantage la préservation des avoirs extérieurs de la région. Pas si ordinaire que ça finalement, la session des chefs d’État et de gouvernement de la Cemac ! Les urgences demeurent dans la continuité des sessions précédentes.

    Planning
    Cette Conférence des chefs d’État de la Cemac sera précédée des réunions statutaires des ministres de l’Économie et des Finances. La 34e session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (Ueac) se tiendra le 22 mars 2019. Le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale aura lieu le 23 mars 2019.

    Les ministres des Finances, qui prépareront la situation financière et monétaire de la Cemac à soumettre à l’ordre du jour de la Conférence des chefs d’État le lendemain, vont sans doute communiquer sur le niveau réel de la fusion des bourses de la communauté. Les régulateurs (Cosumaf et CMF) et les dépositaires (Beac et CAA) ayant déjà réalisé le premier niveau de leurs processus respectifs.

     

    Zacharie Roger Mbarga 

  • Cemac : La Beac va limiter l’accès des États aux devises

    Dans les prochains jours, la Banque centrale va soumettre à son Conseil d’administration un projet d’amendement de ses statuts. 

    Le taux de couverture de la monnaie (la capacité des pays à couvrir leurs importations par leurs revenus d'exportations) a connu une évolution séquencée en zone Cemac tout au long de l’année.
    Le siège de la BEAC

    L’information est contenue dans un rapport du Fonds monétaire international, rendu public le 1er mars dernier. « La Beac (Banque des États de l’Afrique centrale), en étroite collaboration avec la France, élabore un projet d’amendement à ses statuts afin d’apporter de meilleurs mécanismes d’intervention en cas de détérioration des positions extérieures », lit-on, dans ce document qui fait le point sur la mise en œuvre de la politique commune à l’appui des programmes de réforme des pays membres de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), pour faire face à la crise économique.

    Ajustement forcé
    Selon le FMI, « l’amendement envisagé prévoira notamment de plus fortes décotes sur les titres d’État utilisés en garanties des opérations monétaires. Il s’agit de réduire le refinancement par la Beac, lorsque les réserves tombent en deçà des seuils spécifiques aux niveaux national et régional ». Concrètement, ce projet d’amendement, qui devrait être soumis à l’approbation du Conseil d’administration de la Beac au cours de ce mois de mars, va donner les pouvoirs à la Banque centrale d’autoriser l’accès des États aux devises, en fonction de leurs avoirs extérieurs. Actuellement par exemple, un pays comme le Tchad, qui n’a plus des réserves de change, a accès aux devises au même titre que le Cameroun, propriétaire du plus grand volume d’avoirs extérieurs. C’est à ce système que la banque centrale veut mettre fin.

    Pour les experts, cette réforme va pousser les États, plus gros consommateurs de devises, à plus de discipline. Ils seront désormais tenus d’adopter des budgets plus réalistes, en arrimant notamment leurs dépenses en devises (service de la dette, importations…) à leur niveau d’exportations (volumes des devises). Objectif, réduire le déficit courant afin de sauvegarder la parité de la monnaie communautaire (francs CFA). Il faut dire que si la Banque centrale en arrive là c’est que, malgré les programmes d’ajustement des États, la courbe de relèvement des avoirs extérieurs ne suit pas les objectifs fixés (voir page 7). La zone reste donc sous la menace d’une dévaluation de sa monnaie.

    Pression sur  les banques
    La situation est telle que, ces derniers mois, la Beac « a pris des mesures correctives en durcissant l’orientation de sa politique monétaire et en renforçant l’application de la règlementation des changes », se félicite le FMI. Face à la lenteur des banques commerciales à rétrocéder à la Banque centrale leurs avoirs extérieurs nets accumulés, l’application des plafonds de position de change a été renforcée en septembre; et onze banques ont été sanctionnées en infraction à ces plafonds. Sur cet aspect, les États, et même les sociétés extractives, sont également sous pression (voir colonne).

    Pour le président de l’Union patronale d’Afrique centrale, la rationalisation de l’accès aux devises est même déjà imposée aux opérateurs économiques du secteur privé. Célestin Tawamba, par ailleurs président du Groupement inter patronal du Cameroun, l’a dit le 18 février dernier, lors de la Journée officielle du salon Promote. Depuis, le gouverneur de la Beac multiplie les sorties médiatiques pour démentir ce qu’il qualifie d’« informations infondées ». Abbas Mahamat Tolli assure que « la Beac dispose des avoirs en devises permettant de couvrir largement les besoins des économies de la Cemac ». Le Tchadien n’a pas dit exactement la même chose dans sa lettre adressée à la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le 5 décembre dernier (voir page 7).

     

    Face à face

    Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac

    «La Beac dispose des avoirs en devises»

    « Au cours des dernières semaines, des informations, infondées et totalement inexactes relayées dans la presse, font état d’une rareté des devises dans la Cemac, en rapport avec une politique de rationnement qui serait entretenue par la Banque centrale. Ces rumeurs font état d’un rejet, systématique et sans motif, par la banque centrale, des demandes de transfert de fonds à l’étranger, soumises par les banques.

    Je porte à la connaissance du grand public que ces informations sont totalement infondées. En effet, la Beac dispose des avoirs en devises permettant de couvrir largement les besoins des économies de la Cemac. La stabilité extérieure de notre monnaie est confortable, comme l’atteste son taux de couverture extérieure qui s’établit à plus de 62 %.

    Au quotidien, la Beac met à la disposition des agents économiques, à travers les banques, les devises sollicitées, dès lors que les dossiers soumis sont conformes aux exigences de la règlementation des changes. Celle-ci prescrit aux banques, en son article 34, un délai de deux jours ouvrés pour l’exécution des ordres remis par la clientèle, sous réserve que toutes les conditions de conformité à la règlementation des changes et au dispositif de lutte anti-blanchiment soient réunies.»

    Extrait du communiqué du 7 mars 2019

     

    Célestin Tawamba, président de l’Union patronale d’Afrique centrale

    «Les entreprises sont confrontées à une pénurie des devises»

     

    « Les entreprises sont confrontées, depuis quelques temps, à une pénurie des devises. De fait, cette pénurie de devises ralentit les opérations des entreprises qui essaient d’importer équipements, intrants et matières premières. Elle met à mal la crédibilité des entreprises auprès des fournisseurs, dégrade les risques pays dans la sous-région et tend à discriminer l’exécution du crédit fournisseur, assureur-crédit de nos entreprises. Elle expose nos entreprises à des risques réels et importants, au regard de la protection de leurs actifs, du fait de la non-effectivité du paiement des primes dues aux compagnies des assurances et réassurances internationales.

    C’est la raison pour laquelle nous lançons un appel pressant pour l’examen en urgence de la question des devises. Il importe en effet que soient prises des mesures établissant des priorités dans le choix des opérations en monnaie étrangère.
    Aussi arbitraire qu’il puisse être, l’établissement de ces priorités est absolument stratégique et nécessaire pour passer le cap critique, afin d’éviter les difficultés de chaine, préjudiciable aux entreprises et à l’économie en général dans la sous-région. L’Unipace et ses membres (organisations patronales) sont disposés à s’associer à la réflexion.»

    Extrait du discours prononcé lors de la Journée officielle de Promote 2019

     

    Rapatriement des avoirs extérieurs

    Le cahier de charges des États

     

    « Les autorités nationales doivent soutenir les efforts que la Beac et la Cobac déploient pour assurer une application plus rigoureuse de la règlementation des changes. Compte tenu des montants encore élevés de dépôts détenus à l’étranger par des résidents de la Cemac, éventuellement en infraction à la règlementation des changes, la Beac et la Cobac ont convenu qu’il faut assurer une participation plus active au niveau national, faute de quoi, la règlementation des changes serait inopérante.
    Les autorités nationales doivent notamment:

    i) fournir, d’ici la fin de 2018, des exemplaires de tous les contrats/ conventions qu’elles ont signés avec des entreprises des secteurs extractifs ;

    ii) contrôler rigoureusement la domiciliation de toutes les transactions d’exportation avec une banque commerciale résidente ;

    iii) fournir à la BEAC des exemplaires de toutes les licences d’exportation ;

    iv) assurer que toutes les entités publiques (notamment les entreprises publiques des secteurs extractifs) rapatrient et rétrocèdent toutes leurs recettes de change aux banques résidentes et ne détiennent pas de comptes de dépôts à l’étranger sans autorisation de la BEAC ;

    v) remplacer, d’ici le milieu de l’année 2019, tous les comptes séquestres détenus à l’étranger dans le cadre d’accords de financement de projet avec des créanciers extérieurs par des comptes avec ces créanciers auprès de la BEAC ;

    vi) réviser leurs codes miniers et pétroliers pour les harmoniser, d’ici la fin de 2019, avec la règlementation des changes ;

    vii) s’engager à se porter candidates à l’ITIE si elles n’en sont pas déjà membres. De nouveaux engagements ont été pris dans ce sens par les autorités nationales bénéficiant de programmes appuyés par le FMI. La BEAC dressera également une liste des entreprises exemptées pour assurer un meilleur suivi du rapatriement des devises. »

    Source : rapport du FMI
    N° 19/1, février 2019

    Le niveau des réserves de change préoccupe 

    Dans une lettre adressée à la directrice du FMI, le gouverneur de la Beac avoue que «l’accumulation d’avoir extérieurs nets par la Beac n’a pas été à la hauteur des attentes». Abbas Mahamat Tolli expose par ailleurs les mesures prises et à prendre pour durcir la politique monétaire afin de rattraper la situation. Extrait.

    « Madame la directrice générale,
    À la suite des consultations régionales tenues du 23 octobre au 3 novembre par les services du Fonds monétaire international (FMI) avec les institutions de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), et dans le cadre de l’appui apporté par cette dernière aux programmes de redressement et de réformes économiques entrepris par les pays membres, j’ai le plaisir de vous tenir informée de l’état de la mise en œuvre des mesures auxquelles s’étaient engagées la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), ainsi que des mesures qu’entendent prendre ces deux institutions au cours des mois à venir.

    Dans l’ensemble, en dépit des efforts déployés, la situation de la Communauté demeure difficile. Malgré la reprise de la production pétrolière, la croissance reste faible et le niveau d’activité est insuffisant pour créer des emplois et générer des revenus pour une population qui augmente.

    En outre, l’accumulation d’avoirs extérieurs nets par la BEAC n’a pas été à la hauteur des attentes ces derniers mois, puisque les avoirs extérieurs nets se sont chiffrés à 2,94 milliards d’euros à fin juin 2018, soit en deçà des projections de 3,10 milliards d’euros. Cette insuffisance peut s’expliquer par les facteurs suivants :

    i) les retards dans les décaissements de l’appui budgétaire extérieur (50 millions d’euros) ;

    ii) le non-rapatriement des dépôts détenus à l’étranger, estimés à 70 millions d’euros ;

    iii) l’insuffisance de rapatriement et de rétrocession de devises par un certain nombre de banques commerciales ;

    iv) l’ajournement des programmes avec le Congo et la Guinée équatoriale et de l’appui budgétaire qui en découle.
    Cette insuffisance est d’autant plus préoccupante qu’elle survient à un moment où a été observée une hausse des cours du pétrole, et où les mesures de rééquilibrage budgétaire prises par les pays membres de la CEMAC ont été globalement conformes aux objectifs fixés par les programmes auxquels ils ont souscrit auprès du FMI.

    Dans ce contexte, la BEAC et la COBAC ont fait tout leur possible pour favoriser la reconstitution d’un niveau approprié d’avoirs extérieurs nets. À cet égard, elles ont pris des mesures correctives qui témoignent de leur volonté indéfectible de contribuer, dans la limite de leurs mandats et des instruments à leur disposition, au redressement des réserves de change. Ces mesures correctives ont notamment consisté à:

    • Renforcer l’application de la règlementation des changes. Cette mesure s’est notamment traduite par des sanctions disciplinaires prises par la COBAC à l’encontre de 11 banques n’ayant pas respecté les règles relatives à la rétrocession de leurs avoirs extérieurs nets et à leur position extérieure. La COBAC poursuivra ces mesures sans relâche afin de s’assurer que les banques améliorent la rétrocession de leurs avoirs. La BEAC a mis en place un mécanisme de suivi des transferts, de façon à répondre, dans les meilleurs délais, aux demandes justifiées de devises émises par les banques.

    • Durcir la politique monétaire. Le Comité de politique monétaire de la BEAC, lors de sa réunion du 31 octobre 2018, a en effet relevé son taux directeur de 55 points de base, pour l’établir à 3,50 %. En outre, dans les mois à venir, la BEAC visera à réduire progressivement les montants de ses adjudications de liquidité, ce qui devrait contribuer au développement du marché interbancaire et améliorer l’efficacité de la politique monétaire.

    « L’accumulation d’avoirs extérieurs nets par la BEAC n’a pas été à la hauteur des attentes ces derniers mois, puisque les avoirs extérieurs nets se sont chiffrés à 2,94 milliards d’euros à fin juin 2018, soit en deçà des projections de 3,10 milliards d’euros ».

    Je tiens également à souligner une fois encore les considérables progrès accomplis pour réformer le cadre opérationnel et la mise en œuvre de la politique monétaire. Le nouveau mécanisme de la BEAC pour garantir les opérations de refinancement des banques, qui prévoit un système de décote sur les titres d’État pour mieux tenir compte des risques associés à chaque État, est aujourd’hui totalement opérationnel. Il en va de même du calibrage des opérations de politique monétaire en fonction des prévisions des facteurs autonomes de liquidité. Depuis juin 2018, l’offre de liquidité bancaire de la BEAC passe donc par un système d’adjudications/appels d’offres à taux multiples. Le corridor de taux d’intérêt, délimité par les guichets marginaux de dépôt et d’emprunt auxquels les banques ont librement accès, a été officiellement mis en place. Il ne nous reste donc plus qu’à adopter le nouveau système de comptabilisation des transactions monétaires. Les travaux ont bien avancé en ce sens et seront achevés, comme nous nous y étions engagés, d’ici la fin de l’année 2018.

    Par ailleurs, la réforme de la règlementation des changes a nettement progressé. En vue de favoriser la reconstitution des réserves de change et d’éviter autant que possible toute transaction non légitime, la BEAC a révisé la règlementation existante pour renforcer les dispositions relatives au rapatriement des recettes d’exportation et aux pouvoirs de la BEAC et de la COBAC en matière de suivi et d’exécution du cadre de sanctions. Le projet de règlementation révisée a été soumis aux parties prenantes et à nos autres partenaires techniques et financiers, notamment au FMI.

    Nous tiendrons compte de leurs observations avant de soumettre le texte révisé aux instances de la BEAC pour adoption, qui, conformément à nos engagements, devrait intervenir d’ici la fin de l’année. Pour être pleinement efficaces, ces mesures doivent être soutenues par les pays membres. Ceux-ci doivent à la fois mettre à disposition les contrats qu’ils ont signés avec les entreprises des secteurs minier et pétrolier, assurer le rapatriement des avoirs extérieurs par leurs entreprises publiques, et veiller à la stricte application des règles relatives à la domiciliation des exportations et à la centralisation des réserves de change auprès de la BEAC.

    Ces mesures, conjuguées aux plans d’assainissement budgétaire des pays membres et à l’appui budgétaire des partenaires de développement, devraient permettre aux avoirs extérieurs nets de la BEAC d’atteindre, d’ici la fin de 2018, un niveau de 3,45 milliards d’euros. Cette accumulation, plus faible que prévu, est entièrement due à l’ajournement de nouveaux programmes pouvant être appuyés par le FMI avec le Congo et la Guinée équatoriale, et de l’appui budgétaire qui y est lié. Pour 2019, les avoirs extérieurs nets de la BEAC devraient se rétablir, puis retrouver les niveaux que nous avions projetés en juin dernier. Ils atteindraient alors 3,50 milliards d’euros à la fin juin 2019, puis 4,60 milliards d’euros à fin décembre 2019.

    Comme je l’ai fait dans ma précédente lettre, je tiens à souligner que l’atteinte de ces objectifs ne dépend pas seulement des mesures prises par la BEAC, mais aussi de la mise en œuvre satisfaisante des plans d’assainissement budgétaire et de réformes structurelles par les pays membres de la CEMAC, ainsi que de l’appui budgétaire de nos partenaires extérieurs, notamment d’autres financements extérieurs (non liés à des projets) que nous attendons à hauteur de 0,89 milliard d’euros au cours du deuxième semestre 2018, de 0,63 milliard d’euros au cours du premier semestre 2019, et de 1,28 milliard d’euros sur l’ensemble de l’année 2019.

    En outre, d’autres financements exceptionnels de la part de sources commerciales et bilatérales sont attendus pour couvrir une part non négligeable du service de la dette payable par le Congo en 2019 et les années suivantes. À cet égard, il me semble nécessaire de souligner une fois encore qu’il est fondamental que soit rapidement donnée l’approbation des programmes appuyés par le FMI dans tous les pays membres, et que soient élaborées et mises en œuvre des stratégies de remboursement des arriérés intérieurs, de façon à sauvegarder la stabilité des secteurs bancaire et financier, et de rester dans la droite ligne de l’objectif de reconstitution des réserves de change. »

     

  • La Beac ferme les robinets à la BDEAC

    La Beac ferme les robinets à la BDEAC

    La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a suspendu ses financements à sa sœur en charge du développement (BDEAC).

    On ignore quand cette décision a été prise. Tout ce que l’on sait c’est que la banque centrale conditionne sa levée à la mise en œuvre de la réforme de la BDEAC. « Notre Conseil d’administration évaluera la mise en œuvre effective des réformes de la gouvernance qu’il a recommandée, ainsi que celles prescrites lors de la séance extraordinaire de la Conférence des chefs d’État du 25 octobre 2018 à Ndjamena, avant d’autoriser tout nouveau financement à la BDEAC ». Ces mots sont du gouverneur de la Beac, dans la lettre d’appui aux programmes de redressement et de réformes entrepris par les pays membres de la Cemac. Cette lettre a été adressée, le 5 décembre dernier, à la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).

    Pour Abbas Mahamat Tolli, « il s’agit d’une question de sauvegarde pour la Banque centrale, compte tenu du financement relativement élevé qu’elle a fourni à cette institution ». À ce jour, la dette de la BDEAC vis-à-vis de la Beac s’élève à 220 milliards de francs CFA, selon le FMI. Pour l’institution de Bretton Woods, qui soutient cette décision de la Beac, « le rôle d’une banque centrale n’est pas de financer une banque de développement ». Aussi, l’institution conseille à la BDEAC de chercher d’autres sources de financement dès que possible, afin de réduire l’exposition de la Beac à la BDEAC.

    La réforme de la BDEAC vise plusieurs points : le renforcement de sa gouvernance ; l’arrimage de sa gestion aux standards internationaux; l’amélioration de son efficacité fonctionnelle et opérationnelle ; la modernisation de la gestion du personnel ; la définition de nouvelles règles d’éthique et de déontologie applicables aux administrateurs, aux dirigeants et au personnel ; l’élargissement de sa zone d’intervention et de nouvelles formes d’intervention. En décembre dernier, le président de la Commission de la Cemac, Daniel Ona Ondo, a soumis des projets de textes relatifs à cette réforme au président en exercice de la Communauté, Idriss Deby Itno.

     

    Aboudi Ottou

  • Souveraineté monétaire : l’Afrique cherche sa voie après l’assassinat de Kadhafi

    Souveraineté monétaire : l’Afrique cherche sa voie après l’assassinat de Kadhafi

    Le projet de monnaie unique africaine devrait franchir un nouveau palier. Du 4 au 8 mars prochain, Yaoundé (Cameroun) accueille le troisième comité technique de l’UA spécialisé sur les finances, les affaires monétaires, la planification économique et l’intégration. Les experts et les ministres devront aborder le projet de monnaie unique africaine.

    Deux moments forts vont meubler ces échanges. De prime abord, la présentation du rapport de l’association des banques centrales africaines. Ledit rapport fera l’état de la coopération monétaire en Afrique. Il est également attendu que les dirigeants des banques centrales africaines proposent un cadre de suivi de la convergence macroéconomique accompagné d’un mécanisme d’évaluation par les pairs. De manière précise, les experts évoqueront le raffinement des critères de convergence du Programme de coopération monétaire en Afrique (PCMA). Ils vont présenter l’évolution des réflexions sur l’agence de notation africaine.

    Défis
    L’examen du rapport du Comité des ministres africains des finances (F15) constituera le second temps fort de ces échanges. Il montrera la préparation des États à la mise en œuvre de l’union monétaire et reviendra sur le fonctionnement du Fonds monétaire africain (FMA). Pour que cette institution, dont le siège a été fixé à Yaoundé, soit opérationnelle, il faut qu’au moins quinze des 54 États que compte l’Afrique ratifient ses textes fondateurs. À ce jour, aucun pays africain ne l’a fait.

    «En raison de quelques difficultés financières (salaires impayés et non disponibilité d’un budget de fonctionnement), le comité de pilotage du FMA mis en place en septembre 2009, ne fonctionne plus depuis 2011: les experts et personnel qui le composaient sont rentrés dans leur pays respectif (Nigeria, Côte d’ivoire, Mali, Tunisie, Éthiopie)», révèle l’ancien ministre camerounais Gankou Fowagap, dans la «Lettre de la Recherche» de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) publiée le 3 janvier 2019.

    Lors de leur dernière assise, les banques centrales africaines ont repoussé l’échéance d’une monnaie unique africaine à l’horizon 2045. Les dates préalablement retenues et sans cesse repoussées étaient 2020 puis 2025, 2030. L’Association des banques centrales africaines (ABCA) a présenté l’incompatibilité des modèles économiques des États africains et la persistance des chocs exogènes. Mais l’on sait que le projet est regardé avec méfiance par les puissances occidentales. Selon un courriel confidentiel adressé à Hillary Clinton, l’intervention de Nicolas Sarkozy en Libye aurait été motivée par la décision de Mouammar Kadhafi de créer une monnaie panafricaine vouée à se substituer au franc CFA et menaçant donc l’influence française.

    Dynamisme
    La correspondance est datée du 1er avril 2011, figure dans le train de courriels divulgués fin décembre 2015 dans le cadre du «e-mailgate» de Clinton Hillary. Il évoque l’existence d’un stock d’or (143 tonnes) et d’argent (143 tonnes également) -soit une valeur de 7 milliards de dollars- accumulé par Kadhafi dans le but de lancer le projet de monnaie panafricaine. Difficile de dire à ce jour où se trouve cet argent.

    Aujourd’hui, plusieurs unions monétaires à l’échelle des communautés économiques régionales sont sur le point de voir le jour. En Afrique de l’Ouest, la Cedeao veut réussir le pari de sa monnaie unique en 2020. Le 1er février dernier, au terme de son 20ème sommet ordinaire, la communauté d’Afrique de l’Est (CAE) a annoncé la mise en eau de sa monnaie unique en 2024.
    Au moment où la mise sur pied du FMA piétine, il est légitime de s’interroger si la stratégie du traité d’Abuja sera respectée. À savoir, des unions monétaires régionales qui fusionneraient pour ne créer qu’une seule union monétaire continentale.

    Première publication Intégration n°355 du 5 au 10 février 2019.

     

    Zacharie Roger Mbarga

     

  • Cemac : 240 milliards de FCFA pour le refinancement des banques

    Cemac : 240 milliards de FCFA pour le refinancement des banques

    La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) vient de mettre à disposition 240 milliards de francs CFA pour aider les banques de la sous-région en besoin de liquidité.

    L’appel d’offres a été publié le 30 janvier 2019. Cette opération vise à permettre aux banques commerciales d’éviter la pénurie. Certaines peuvent être en difficulté au vu de la conjoncture économique et financière que traverse la sous-région. Mais les conditions permettent uniquement de renflouer les caisses des établissements bancaires en bonne santé.

    Conditionnalités
    Le taux de refinancement appliqué est de 3,5% et les banques intéressées devront également mettre en garantie des actifs admis lors des opérations de refinancement auprès de la banque centrale. Ces conditions sont cohérentes avec la politique monétaire restrictive de la Beac, entamée depuis 2017. Celle-ci vise à optimiser le niveau de réserve de changes de la communauté.

    Cette option qui n’est pas du gout de certains observateurs. Les conditions de cette opération de financement semblent rudes pour quelques-uns. C’est le cas du juriste congolais Jean Didier Boukongou. Il estime que le taux est «trop cher !» Pour lui, «un taux de 1 % serait plus raisonnable pour une région en crise économique et financière».

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • Souveraineté monétaire : l’Afrique cherche sa voie après l’assassinat de Kadhafi

    Souveraineté monétaire : l’Afrique cherche sa voie après l’assassinat de Kadhafi

    Le projet de monnaie unique africaine devrait franchir un nouveau palier. Du 4 au 8 mars prochain, Yaoundé (Cameroun) accueille le troisième comité technique de l’UA spécialisé sur les finances, les affaires monétaires, la planification économique et l’intégration. Les experts et les ministres devront aborder le projet de monnaie unique africaine. 

    Deux moments forts vont meubler ces échanges. De prime abord, la présentation du rapport de l’association des banques centrales africaines. Ledit rapport présentera l’état de la coopération monétaire en Afrique. Il est également attendu que les dirigeants des banques centrales africaines proposent un cadre de suivi de la convergence macroéconomique accompagné d’un mécanisme d’évaluation par les pairs. De manière précise, les experts évoqueront le raffinement des critères de convergence du Programme de coopération monétaire en Afrique (PCMA). Ils vont présenter l’évolution des réflexions sur l’agence de notation africaine.

    Défis
    L’examen du rapport du Comité des ministres africains des finances (F15) constituera le second temps fort de ces échanges. Il montrera la préparation des États à la mise en œuvre de l’union monétaire et reviendra sur le fonctionnement du Fonds monétaire africain (FMA). Pour que cette institution, dont le siège a été fixé à Yaoundé, soit opérationnelle, il faut qu’au moins quinze des 54 États que compte l’Afrique ratifient ses textes fondateurs. À ce jour, aucun pays africain ne l’a fait.
    «En raison de quelques difficultés financières (salaires impayés et non disponibilité d’un budget de fonctionnement), le comité de pilotage du FMA mis en place en septembre 2009, ne fonctionne plus depuis 2011: les experts et personnel qui le composaient sont rentrés dans leur pays respectif (Nigeria, Côte d’ivoire, Mali, Tunisie, Éthiopie)», révèle l’ancien ministre camerounais Gankou Fowagap, dans la «Lettre de la Recherche» de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) publiée le 3 janvier 2019.

    Lors de leur dernière assise, les banques centrales africaines ont repoussé l’échéance d’une monnaie unique africaine à l’horizon 2045. Les dates préalablement retenues et sans cesse repoussées étaient 2020 puis 2025, 2030. L’Association des banques centrales africaines (ABCA) a présenté l’incompatibilité des modèles économiques des États africains et la persistance des chocs exogènes. Mais l’on sait que le projet est regardé avec méfiance par les puissances occidentales. Selon un courriel confidentiel adressé à Hillary Clinton, l’intervention de Nicolas Sarkozy en Libye aurait été motivée par la décision de Mouammar Kadhafi de créer une monnaie panafricaine vouée à se substituer au franc CFA et menaçant donc l’influence française.

    Dynamisme
    Le courriel est daté du 1er avril 2011, figure dans le train de courriels divulgués fin décembre 2015 dans le cadre du «e-mailgate» de Clinton Hillary. Il évoque l’existence d’un stock d’or (143 tonnes) et d’argent (143 tonnes également) -soit une valeur de 7 milliards de dollars- accumulé par Kadhafi dans le but de lancer le projet de monnaie panafricaine. Difficile de dire à ce jour où se trouve cet argent.

    Aujourd’hui, plusieurs unions monétaires à l’échelle des communautés économiques régionales sont sur le point de voir le jour. En Afrique de l’Ouest, la Cedeao veut réussir le pari de sa monnaie unique en 2020. Le 1er février dernier, au terme de son 20ème sommet ordinaire, la communauté d’Afrique de l’Est (CAE) a annoncé la mise en eau de sa monnaie unique en 2024.
    Au moment où la mise sur pied du FMA piétine, il est légitime de s’interroger si la stratégie du traité d’Abuja sera respectée. À savoir, des unions monétaires régionales qui fusionneraient pour ne créer qu’une seule union monétaire continentale.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : la santé des banques s’améliore

    La politique rigoureuse de la Banque centrale de la Cemac porte ses fruits. Une nette amélioration du nombre de banques respectueuses des ratios prudentiels est perceptible dans le rapport de décembre 2018 sur la politique monétaire de la banque des États de l’Afrique centrale.

    Le taux de couverture de la monnaie (la capacité des pays à couvrir leurs importations par leurs revenus d'exportations) a connu une évolution séquencée en zone Cemac tout au long de l’année.
    Le siège de la BEAC

    Publié la semaine dernière, le document indique que « les normes prudentielles respectées par le plus grand nombre d’établissements sont celles se rapportant à la limite globale en matière de division des risques et à la couverture des risques. La norme relative à la limite individuelle en matière de division des risques est celle à l’égard de laquelle on observe le plus grand nombre de banques en infraction ».

    Si la gestion du risque demeure une épine partiellement retirée de l’écosystème bancaire de la Cemac, la trésorerie des banques tend à l’être également. Contrairement à l’année 2017, 10 banques supplémentaires ont amélioré leur seuil de fonds propres pour les rendre suffisants. En 2018, c’est au total 25 banques qui disposent de fonds propres nets suffisants, tandis que 15 seulement observaient cette exigence en 2017. La politique monétaire restrictive de la Beac, entamée en fin 2017, porte le crédit de ce léger progrès.

    Optimisation
    Il faut néanmoins relever que la situation demeure inquiétante, 53 % de banques n’ont pas de fonds propres suffisants. Pour améliorer cet état de fait, la surveillance bancaire de la Cobac sera plus agressive avec des sanctions. De nouveaux textes y relatifs ont été publiés en décembre dernier.

    Au niveau de la Beac, après analyse du fonctionnement du marché monétaire et des facteurs pesant sur la stabilité monétaire, le dernier comité de politique monétaire a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt des appels d’offres ; de relever le taux de la facilité marginale de prêt de 75 points de base, pour le porter de 5,25 % à 6,00 % ; de maintenir inchangé le taux de facilité marginale de dépôt ; de relever le taux de pénalité aux banques de 75 points de base, pour le porter de 7,55 % à 8,30 %, et de maintenir inchangés les coefficients des réserves obligatoires.

    Zacharie Roger Mbarga 

  • La Beac va poursuivre sa politique monétaire restrictive

    La Beac va poursuivre sa politique monétaire restrictive

    La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) vient de rendre public son rapport de politique monétaire pour l’année 2018.

    Le document confirme le léger frémissement de la croissance dans la zone Cemac en 2018. Selon les calculs de la Banque centrale, la croissance a atteint 1,5 %. Même si elle est inférieure aux différentes prévisions et projections, la croissance a finalement été supérieure à celle de 2017, soit 0,2 %. Ceci s’est fait sous l’effet d’un dynamisme des activités économiques dans le secteur pétrolier (pétrole et gaz). En effet, le pétrole conserve son importance comme ressource considérable dans le financement des économies. L’inflation est en augmentation de près de 100% sur un an (1,7 % à la fin décembre 2018, contre +0,9% un an plus tôt).

    Les finances publiques ont connu une amélioration avec notamment un excédent du solde budgétaire à +0,1 % du PIB. Les projections ont tablé sur un déficit de -0,3 % du PIB, ce qui aurait toujours été mieux que la réalisation de l’année 2017 (-4,5 %). Les transactions courantes demeurent en déficit, mais la diminution est observable. Projeté à -4,2 % du PIB après -4,6 % un an plus tôt, ce déficit s’est finalement situé à -3,5% du PIB.

    Au regard de ce qui précède, la Banque centrale a décidé de poursuivre sa politique monétaire restrictive. Ceci s’est fait en conformité avec sa stratégie de reconstitution des avoirs de réserves pour éviter la dévaluation du franc CFA.

    Zacharie René Mbarga

  • Le Congo cherche 43 milliards sur le marché de la Beac

    Le Congo cherche 43 milliards sur le marché de la Beac

    Entre le 3 janvier et le 21 mars 2019, le Congo prévoit lever 43 milliards de francs CFA à travers des émissions de titres.

    Répartie sur 6 émissions de bons du trésor assimilables, l’opération vise à satisfaire la commande publique interne. Avec un budget en hausse de 44% soit 2.308,8 milliards de francs CFA, le pays table sur une reprise de la croissance pour sortir de son immersion économique actuelle.

    La dette de l’État a atteint 110% du produit intérieur brut. Le recours à la dette intérieure permet au pays de garder une petite marge de manœuvre. Même la mobilisation des ressources intérieures, notamment la fiscalité, devient très peu probable. Au mois de juin 2018, les recettes budgétaires engrangées étaient inférieures de 43% par rapport aux prévisions.

    Contracyclique
    Pour justifier la hausse du budget de près de 50%, le gouvernement table sur un baril de pétrole à 70 dollars US. Selon les autorités congolaises, les recettes budgétaires vont progresser de 46%, à 2.226,2 milliards de francs CFA, tirées par la croissance de la catégorie «autres recettes», qui devrait progresser de 82%. Comptant pour 60% des revenus publics en 2019, cette catégorie était constituée à 98% de ventes de cargaisons pétrolières en 2018. Les dépenses budgétaires n’augmentent que de 27%, à 1.656 milliards de francs CFA. Les principaux postes budgétaires sont les dépenses de transferts (36%), les dépenses de personnel (23%) et les dépenses d’investissement (21%). La charge de la dette compte pour 7,3% du budget 2019, d’après les autorités congolaises.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Redynamisation du marché interbancaire sous-régional

    Dans son rapport de politique monétaire du mois d’octobre récemment publié, la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale) présente un marché interbancaire en pleine renaissance.

    Selon des experts, la redynamisation en cours du marché interbancaire a permis à la Banque centrale d’entamer la diminution progressive de ses injections de liquidités, en cohérence avec l’orientation restrictive de la politique monétaire et de sa stratégie opérationnelle.

    Sur le marché interbancaire à proprement parler, les activités sont sensiblement en hausse. Depuis le lancement du nouveau cadre opérationnel de la politique monétaire, les volumes échangés se sont fortement accrus. Leur montant, cumulé du 12 juin 2018 au 30 septembre 2018, s’est situé à 456,2 milliards pour un nombre total de 168 transactions, soit 83,1 % du volume total depuis le début de l’année (548,6 milliards).

    Cette évolution est imputable au démarrage des appels d’offres compétitifs et à la réduction graduelle du montant mis en adjudication lors des appels d’offres. Les spécialistes de la finance évoquent aussi trois leviers positifs : les actions de sensibilisation des acteurs de marché, menées par la BEAC ; l’amélioration du dispositif de reporting mis en place pour faciliter la remontée des informations sur les transactions interbancaires et l’entrée en production de la plateforme des contreparties des transactions interbancaires.

    Toutefois, il importe de relever que ce regain observé sur le compartiment interbancaire ne concerne pour l’instant qu’une vingtaine d’établissements de crédit, sur les 53 que compte la sous-région. Par ailleurs, la plupart des transactions enregistrées sont des opérations de revolving (renouvelées à chaque tombée d’échéance).

    Zacharie Roger Mbarga

  • Environnement des affaires : La Cemac recule

    Environnement des affaires : La Cemac recule

    En décembre 2016, le sommet extraordinaire de la Cemac de Yaoundé a consacré l’amélioration substantielle du climat des affaires comme l’un des piliers de la sortie du marasme économique actuel. Les pays de la Cemac, deux ans après, continuent de reculer dans le classement de la Banque mondiale. À l’exception de la Centrafrique et dans une moindre mesure de la Guinée Équatoriale, tous les pays de l’espace communautaire reculent dans le classement depuis 2017.

    Cette fois, la performance est inférieure à celle de l’Afrique subsaharienne. En implémentant 107 réformes l’an dernier contre 83 l’année précédente, cette partie du continent enregistre un nouveau record pour la troisième année consécutive : au moins une réforme dans 40 des 48 économies de cette zone. La région compte d’ailleurs quatre des 10 économies les plus réformatrices de cette année : le Togo, le Kenya, la Côte d’Ivoire et le Rwanda. Si les réformes introduites par les pays d’Afrique subsaharienne couvrent un grand nombre de domaines, beaucoup concernent le transfert de propriété et le règlement de l’insolvabilité.

    La Cemac est donc l’une des régions les moins réformatrices du monde, tout au moins sur le plan de l’amélioration des affaires. Le dossier propose une large vue du déficit dans lequel la Cemac se plonge davantage, obérant un peu plus, et sur la base de sa propre feuille de route, ses chances d’une sortie planifiée de cette crise économique.

    Environnement des affaires

    La Cemac dans le brouillard

    Avec une moyenne pondérée de 41,89 en matière de facilité à faire les affaires, la sous-région se situe parmi les 15 performances (178e) mondiales les moins réformatrices et donc les moins attractives.

    Les pays de la Cemac, comme ceux de l’Afrique subsaharienne, ont entrepris des réformes. Au total, 16 réformes ont été engagées entre juin 2017 et mai 2018. Le Gabon est, de loin, le pays le plus réformateur, avec 6 rénovations socioéconomiques mises en œuvre au cours de la période identifiée. Mais dans l’ensemble, les pays sont de très loin compétitifs. Pour démarrer une affaire, il faut attendre en moyenne 34,5 jours, et avoir satisfait au moins à 9,5 procédures.

    L’accès au crédit est un autre serpent de mer dans la région. L’indice de solidité des droits légaux s’établit à 6. Celui de l’information sur la profondeur du crédit se fixe en moyenne à 1,83 et la couverture du registre de crédit frôle à peine les 11,4% d’adultes.

    Une fois qu’on veut installer une affaire, on est confronté au problème de la fourniture d’électricité. L’opérateur économique en zone Cemac est en moyenne connecté à l’électricité après 103 jours et 5,5 procédures. L’administration fiscale vient parachever cette course des opérateurs économiques contre eux-mêmes en zone Cemac. Le Doing business 2019 révèle que les entreprises perdent en moyenne 62,55 % de leurs bénéfices dans les taxes et contributions. De même, tous les contribuables (privés et publics) effectuent 50 paiements de taxes en moyenne par an. Ils perdent ainsi 600 heures (soit 25 jours) à essayer de régulariser leur situation fiscale.

    D’où le point de vue de l’économiste gabonais May Mouissi : «tandis que les pays de la Cemac font des rénovations d’étapes et n’avancent que très peu, les autres pays, désireux d’attirer des investisseurs, y vont fondamentalement. C’est faute de faire du surplace que l’Afrique centrale généralement se retrouve en arrière-train».

    Léthargie
    La résolution 17 du sommet extraordinaire de la Cemac de 2016 à Yaoundé stipule que les chefs d’État ont décidé de «renouveler leur engagement commun, ainsi que leur détermination à améliorer substantiellement le climat des affaires en zone CEMAC, afin de promouvoir de manière vigoureuse l’activité économique créatrice de richesses, et mobiliser de façon optimale les recettes fiscales internes». À côté de la diversification des économies, l’amélioration de l’environnement des affaires fait partie des réformes structurelles que la Cemac s’est engagée à implémenter. Ces mesures visent à permettre aux 6 pays de la sous-région de sortir du climat économique critique actuel, en plus de raffermir leurs économies pour mieux résister aux chocs exogènes.

    Dans son allocution, en ouverture du récent sommet extraordinaire de la Cemac, le président de la commission de la Cemac a réitéré l’emphase qu’il fallait désormais porter à la mise en œuvre des réformes. Daniel Ona Ondo disait alors qu’«il est plus que jamais impératif d’accélérer les réformes structurelles en cours visant la diversification de l’économie, l’amélioration du climat des affaires et l’approfondissement de l’intégration régionale».

    Zacharie Roger Mbarga

    Les pays et les réformes 

    Cameroun
    166e en 2019, 163e en 2018 et 166e en 2017.
    2 réformes :
    En matière de création d’entreprise, le Cameroun a facilité la création d’une entreprise en publiant en ligne les avis de constitution de société via le guichet unique. En matière d’exécution des contrats, l’État a adopté une loi réglementant tous les aspects de la médiation en tant que mécanisme alternatif de résolution des conflits.

    Gabon
    169e en 2019, 167e en 2018 et 164e en 2017.
    6 réformes :
    Pour la création d’entreprise, le Gabon publie désormais un avis d’incorporation avec l’enregistrement de la société auprès du guichet unique.
    Pour les permis de construire, le pays a mis en œuvre la responsabilité décennale et a réduit les coûts d’obtention d’une autorisation de sécurité incendie.

    En matière de branchement à l’électricité, l’État procède désormais à l’enregistrement des données pour l’indice annuel moyen de la durée de coupure du système et l’indice moyen de fréquence des interruptions du système. En outre, le régulateur national contrôle désormais les performances du service public sur l’effectivité de l’approvisionnement.

    Pour l’enregistrement d’un bien immobilier, la transparence du cadastre est désormais de mise. En matière fiscale, deux taxes supplémentaires sont prélevées : la taxe spéciale de contribution de solidarité et la taxe de formation professionnelle.

    Pour ce qui est de l’exécution des contrats, le Gabon s’est aligné sur le régime camerounais.

    Guinée Équatoriale
    177e en 2019, 173e en 2018 et 178e en 2017.
    1 réforme :
    Pour améliorer l’exécution des contrats, la Guinée Équatoriale s’est alignée sur le régime du Cameroun.

    Congo
    180e en 2019, 179e en 2018 et 177e en 2017.
    2 réformes :
    En vue d’optimiser l’enregistrement de propriété, le Congo a réduit les frais de transfert de propriété. Pour ce qui est de l’exécution des contrats, l’État a réformé en suivant le régime du Cameroun.

    Tchad
    181e en 2019, 180e en 2018 et en 2017.
    3 réformes :
    Pour fluidifier la création d’entreprises, l’enregistrement des statuts se fait auprès du Guichet unique. En matière d’enregistrement de propriété, l’État tchadien a réduit de moitié les frais d’enregistrement. Pour ce qui est de l’exécution des contrats, le Tchad a réformé sur le modèle camerounais.

    RCA
    183e en 2019, 184e en 2018 et 185e en 2017.
    2 réformes :
    Pour faciliter la création d’entreprises, la République centrafricaine a réduit le capital minimum requis pour la constitution d’une société. Pour ce qui est de l’exécution des contrats, elle applique la réforme du Cameroun.

    ZRM

     

    Martin EYEBE SOPPO

    Pour qu’on puisse penser dévaluation du Fcfa, il faudrait que l’une des devises constituant nos réserves de change perdent sa valeur d’origine

    « L’objectif de la zone qui lance une politique de dévaluation est d’améliorer la balance commerciale. Mais il faudrait être propriétaire de la monnaie émise. Nous avons une réserve de change dont on reçoit une quotité, l’Euro, qu’on n’émet pas et qui ne correspond pas à l’offre globale des économies

    L’expert en problèmes économiques et financiers est titulaire d’un 3e cycle en sciences des organisations option finance d’entreprise, marchés financiers, marchés de capitaux et bourse de commerce. Il est diplômé du CBOT (Chicago Board of Trade) à Chicago et à Philadelphie en bourse d’instrumentalisation de capitaux pour des options négociables. Il estime que l’instrument monétaire de la zone Franc est un avatar. Et donc l’optimisation de la compétitivité des économies de la Cemac devrait passer soit par la dévaluation des avoirs du Fmi soit par la dévaluation de l’Euro. Il nous livre sa théorie en exclusivité !

    Sommes-nous réellement concernés par le mécanisme de dévaluation, dans la zone Franc, par rapport à nos réserves de change ?
    Aujourd’hui, la Bourse de Paris est attendue en baisse dans le sillage de Wall Street et des marchés asiatiques après un communiqué de la Fed qui laisse la porte ouverte à une hausse des taux en décembre.
    En fait, nous sommes en plein dans la théorie des avantages comparatifs. Une vraie conjonction des théories économiques qui permettent de comprendre pourquoi une dévaluation est possible ou non. Ici l’Etat peut décider politiquement de dévaluer pour des raisons stratégiques autres que techniques. Mais ayons toujours en mémoire, tel que nous l’avons déjà évoqué, que les réserves de change sont les moyens de règlement dont disposent les autorités monétaires d’un pays ou d’une zone. C’est à dire la banque centrale ici la B.E.A.C, pour solder les déficits de la balance des paiements de la zone envers l’étranger. Ces réserves sont libellées en devises étrangères dont l’émission ne nous appartient pas.

    Et, c’est dans ce couloir que se situent les exportations des pays de la zone CEMAC qui alimentent le compte des réserves de change. Nous sommes en phase avec le gouverneur de la BEAC pour dire qu’il n’y a aucune raison de dévaluer. Mais nous ajoutons aussi que les mécanismes propres à l’économie qui alimentent les options technique de dévaluation ou non n’indiquent pas une dévaluation. Alors pour qu’on puisse penser dévaluation du Fcfa, il faudrait que l’une des devises constituant nos réserves de change perde sa valeur d’origine. C’est-à-dire : dévaluation de l’euro ou du dollar ou d’autres éléments constituant réserves. En ce moment-là on va faire une pondération dans le panier et voir le pourcentage qu’on va pondérer au décrochage du FCFA. Cela signifie aussi que toute correction à la hausse devra aussi bénéficier au FCFA.

    La Banque des États de l’Afrique Centrale joue-t-elle son rôle ?
    Oui ! Elle joue techniquement son rôle sur les fonds qui lui sont alloués pour répondre aux positions de l’offre et de la demande monétaire. Mais elle voudrait bien jouer totalement ce rôle en fonction de la taille de l’économie de la CEMAC qu’elle couvre. Mais elle a des limites conjoncturelles.

    Pourquoi ?
    En théorie, les banques centrales ont d’abord été des banques commerciales dotées d’une charte et de privilèges plus ou moins étendus d’émission de billets en échange du financement de la dette publique. Cependant, leur définition et leurs fonctions ont évolué en même temps. À mesure que se développait l’usage de la monnaie scripturale émise par les différentes banques, la banque centrale est devenue la « banque des banques ». C’est-à-dire l’agent de leur refinancement.

    De ce fait, elle exerce une action directe sur leur liquidité en leur fournissant de la monnaie centrale. Dès lors, une question se pose : cette hiérarchisation des systèmes bancaires constatée de nos jours dans tous les grands pays est-elle le résultat d’interventions exogènes de la puissance publique ? Ou est-elle le fruit de forces endogènes propres à l’évolution des systèmes bancaires qui se seraient eux-mêmes dotés de banques de « premier rang » ?

    Le rôle de la banque centrale est aujourd’hui directement relié à l’unité et à la pérennité du système de paiement. Elle est la garante de la monnaie nationale et assure la confiance en elle. Pour cela, elle doit d’abord veiller à la stabilité de la valeur interne et externe de la monnaie.

    En pratique, les fonds alloués sont des valeurs de contrepartie d’une partie de la réserve de change à savoir l’euro qui nous permet d’avoir une parité fixe contre les autres valeurs de la réserve de change. Un mécanisme assez complexe !

    A notre avis, c’est sur cette valeur qu’il faut parler de dévaluation. Selon la conjonction des économistes évoquée plus haut, lorsqu’un gouvernement ou une zone, comme celle qui nous concerne, décide de relancer sa compétitivité économique, puisque la valeur de la monnaie baisse, les exportations augmentent. Cependant, les produits importés deviennent plus chers. L’objectif de la zone qui lance une politique de dévaluation est d’améliorer la balance commerciale. C’est le mécanisme classique appliqué à partir des théories contemporaines sur la croissance. Mais, il faudrait pour ce faire être propriétaire de la monnaie émise, nous avons une réserve de change dont on reçoit une quotité, l’euro, qu’on n’émet pas et qui ne correspond pas à l’offre globale des économies.

    Peut-on décider de la flexibilité de l’euro, le trésor n’étant pas la banque centrale européenne ?
    Nous craignons que ce soit difficile car les monnaies sont tout d’abord territoriales. Ensuite, elles sont interchangeables parce qu’elles obéissent à des chartes précises. En outre, leur masse correspond à l’offre et à la demande de leur zone d’émission. Sur la base de la masse des exportations de nos produits, nous avons une valeur dont les émissions hors zone ne correspondent pas à notre offre globale. Celle que génèrent nos produits à la consommation courante.

    Si on obéit à la théorie de la politique monétaire moderne, une dévaluation serait un abaissement officiel de la valeur de la monnaie d’un pays. Or nous n’avons pas de monnaie dans le cadre d’un système de taux de change fixe par lequel l’autorité monétaire fixe formellement un nouveau taux par rapport à une devise de référence ou à un panier de devises. Nous n’émettons pas, c’est ceux qui ont la devise étrangère qui ont une politique propre à eux-mêmes. Toutefois si on modifiait la parité du taux fixe, ce serait alors comme un billet de change ou une monnaie virtuelle dont les bénéficiaires seraient les pays de la zone.

    Que préconiser ?
    S’il y a une rupture brusque du mécanisme, cela va entrainer un choc qui va avoir des conséquences sur plusieurs économies européennes. Car en impactant une seule valeur du serpent monétaire qui constitue l’euro, il y aurait des répercutions spectaculaires au niveau du marché financier et surtout du marché européen de capitaux. Il faudrait peut-être garder la parité et observer la non convertibilité de la quotité qui nous revient sur le partage de valeur liées à l’exportation.

    Notre avis importe certainement peu ! Mais de notre point de vue, il serait judicieux de ne plus convertir en FCFA la quote-part en devises de la zone pour permettre à la BEAC au même titre que d’autres d’intervenir au forex. Cela permettrait, sans bouger la provision au compte du trésor français, de pouvoir se refinancer sur le marché financier à des taux intéressants à partir uniquement des primes dédiées comme effet de levier. L’avantage de ce procédé nous permettrait d’éviter les éventuelles dévaluations de contrepartie comme celle qui nous pend au nez.

    Pendant ce temps, la diversité des ventes internes, exportables vers d’autres directions, nous emmènerait un panier de devises qui renforcerait notre monnaie nationale. Il faut quand même savoir que sur nos produits courants, la banane plantain est consommée dans toute l’Afrique, le manioc est consommé en Asie et en Amérique latine. Le sésame et la gomme arabique sont consommés en Inde. Le maïs est consommé aux Etats-Unis et les ignames en Afrique du Sud. Toutes ces directions représentent des renforts potentiels en termes de réserve de change qui vont accélérer la croissance des produits tels que le cacao et autres en continuant d’alimenter le compte du trésor français.