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Archives des PORTRAIT DÉCOUVERTE - Page 8 sur 20 - Journal Intégration

Journal Intégration

Catégorie : PORTRAIT DÉCOUVERTE

  • Digitalisation des procédures : la voie à suivre

    Digitalisation des procédures : la voie à suivre

    Le Réseau associatif des professionnels des métiers de la communication «Communicateurs-PMA» a montré le chemin aux professionnels de l’information du 4 au 6 mai dernier à Douala.

     

    Transformation numérique, dématérialisation, digitalisation, informatisation, numérisation, transformation digitale sont des concepts généraux sur lesquels repose la digitalisation des procédures. Saisir des opportunités liées à la digitalisation des procédures est une nécessité. Le numérique est un véritable levier de croissance, niche d’emplois, mais aussi sur les plans heuristiques. Il permet d’acquérir des connaissances, des savoir-faire et de sensibiliser sur les bonnes pratiques, à l’usage responsable des réseaux socioéconomiques, de partager des expériences et d’entrevoir des perspectives meilleures de collaboration prégnante et probante. «Nous nous sommes rendu compte que le numérique envahissait nos us et nos habitudes. C’était pour nous l’occasion de renforcer les compétences des professionnels des métiers de la communication au Cameroun. Il faudrait que les professionnels de l’information et de la communication s’y arriment. L’enjeu étant ici non seulement de changer nos habitudes mais surtout de pouvoir comprendre cette digitalisation à travers nos procédures, notre manière de fonctionner au quotidien», affirme Claver Etoundi, président du réseau associatif des professionnels des métiers de la communication (Communicateurs-PMA).
    C’est dans le contexte de la célébration de la Journée mondiale de la presse le 3 mai dernier que le réseau associatif «communicateurs-PMA» tient une rencontre générale annuelle du 4 au 6 mai 2023 à Douala.

    Démarche de la digitalisation
    Pour réussir une bonne digitalisation de ses procédures, il faut avant tout: «définir ses objectifs, dresser un état des lieux de la situation de l’entreprise, planifier le projet de digitalisation des procédures, choisir les bons outils pour accompagner le changement, communiquer et accompagner les équipes, évaluer et réajuster au besoin», définit le directeur des systèmes du PAK. Avant de réussir la digitalisation des procédures, les facteurs clés du succès sont: «le capital humain, la disponibilité des ressources technologiques et financières, le cadre législatif et juridique», ajoute Jean Marcel Belinga Belinga.

    Le président du réseau associatif (communicateurs-PMA) profite de cette occasion pour faire un plaidoyer en faveur des professionnelles des métiers de l’information et de la communication. «Nous proposons une restructuration de la communication; des formes, des systèmes et des modalités de communication. On devrait se départir de nos habitudes dites traditionnelles, en termes de communication, mais plonger dans le plein cœur du numérique. C’est un plaidoyer que nous faisons pour nos cibles des professionnels des métiers de l’information et de la communication, mais davantage à nos partenaires tant sur le plan institutionnel. L’une des raisons d’être de notre réseau associatif c’est davantage de fédérer les professionnels des métiers de l’information et de la communication autour des valeurs liées à l’éthique et à la déontologie», avance-t-il.

    Diane Kenfack

  • Chantal Nana Payong : entre divan et le divin

    Chantal Nana Payong : entre divan et le divin

    Officiellement présenté au public le 5 avril 2023 à Yaoundé, l’ouvrage posthume de l’épouse de Ferdinand Nana Payong joue sur deux tonalités pour raconter un destin qui chavire lentement à cause d’une maladie incurable.

     

    Écrire, créer une forme autobiographique, en enchaînant des phrases fermes et neutres, apparemment par hasard et par intuition. Le sujet est poignant, décapé de tout enduit invraisemblable. Abel Mbengue, célèbre chroniqueur sportif, en donne des définitions diverses: «Tout en art» ou bien « rusé», « habile», « sagace qui procède non pas par tâtonnements, mais par fulgurances et intuitions». Et ça débute comme ça: «Chantal Nana Payong… Méditations ultimes». Rarement un ouvrage aura raconté comme celui-là la disparition qui vient, la prescience que la maladie est en train de remporter la victoire. Chantal Nana Payong l’a écrit en pleine bataille; avec une phrase qui sait que c’est déjà fini: «À n’ouvrir qu’après mon départ». On peut donc se demander ce que signifie l’énoncé: «c’est le journal d’une maladie qui progresse inexorablement; on le lit comme dans un songe glacial», explique Alain Belibi. Au palais des Congrès de Yaoundé ce 5 mai 2023, la farandole du journaliste émérite a l’allure d’un champ de cendres tout juste refroidies. Son évocation redouble le sens du tragique qui a traversé l’existence de dame Chantal Nana Payong née Kadjoue Jakpou. De son vivant, elle était chirurgien-dentiste de profession.
    Pour la dédicace de l’ouvrage, l’endeuillé Ferdinand Nana Payong s’attache à dégager ce que son chagrin retient de son épouse.

    Une histoire d’amour. Intense, passionnée. Qui commence banalement dans les parages de l’École de police à Yaoundé en 1979. Hésitation, doute, va-t-on être déçu? Puis vient la première rencontre et le coup de foudre, comme une évidence. Avec ces regards qui se croisent, s’accrochent, se comprennent avant les premiers mots. Très vite, un nouveau rendez-vous, puis le début d’une vie à deux, une relation, devenue avec le temps une complicité. «Chantal était une artiste et une battante qui a su garder un esprit solidifié, doté de qualités stables», confesse Ferdinand Nana Payong. La suite souffle quelques anecdotes de plus: «Chantal aimait les livres et l’écriture. Elle a écrit ce livre à mon insu. Aujourd’hui, que la mort est venue mettre un point final à cette histoire, je la lis, ou plutôt, je la découvre pour deux raisons: pour maintenir et me maintenir».

    De telles confidences méritent les mots d’un littérateur, Gaston Kelman. Le décès de Chantal Nana Payong, il l’a appris lors d’une escale à l’aéroport de Bruxelles. «C’était une bonne âme; Son livre Ce livre, je le connais par cœur, pour l’avoir lu seulement la nuit dernière. Et je ne tarde pas à comprendre que l’homme est voué à accepter Dieu», dit-il. On comprend vite que «Méditations ultimes» est à la fois un livre et une réflexion sur le destin; une réflexion portée vers Dieu par l’écriture. «Et c’est gratuit pour ceux qui débourseront 10 000 FCFA pour acquérir un exemplaire», avance Abel Mbengue.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Sapin africain au pays de Voltaire

    Sapin africain au pays de Voltaire

    Si le pays de Voltaire oeuvrait au métissage des cultures, des traditions, des nations, du monde. Dans le pays de Gex, la quête infinie de précision et l’aspect intangible de la mesure du temps confèrent à la pratique horlogère une forte dimension philosophique. Entre les rives du Léman et les sommets du Jura, Voltaire avait choisi de devenir maître horloger, connaissant un véritable apogée au moment de la Manufacture royale de Ferney fondée par le philosophe.
    Un mouvement qui peut encourager des inventeurs à revenir à la racine de l’effervescence horlogère et du biomimétisme afro-futuriste.

    Soucieux de mobiliser des matériaux biosourcés d’Afrique centrale, plusieurs artistes et créateurs au milieu des collines de Yaoundé, future Tel Aviv de l’Afrique forment désormais une approche unique du métissage entre les arts décoratifs et des matériaux universels et naturels (bambou, pierre, Ndop, écorce obom, pagnes tissés d’Afrique et d’ailleurs…).

    Sortir du bois à la lisière du Sapin … africain ? La francophonie créative et afro-futuriste peut offrir un travail de médiation artistique et culturelle autour du “Sapin africain” construit autour d’un message sur le métissage des cultures, des tribus, des nations, du monde. Un mélange des esprits, des idées, des cultures et des traditions à la façon de Voltaire et de l’arc horloger transfrontalier entre la Suisse et la France.

    Pourquoi une référence au sapin, si prégnante de l’autre côté de la frontière ?
    Désormais annuelle, la Fête de l’urbanisme horloger célèbre l’inscription des villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour leur urbanisme horloger. L’histoire de ces villes se lit également à travers les courants artistiques qui l’ont traversée. Le Style sapin en fait partie.

    Autour de 1900, les Montagnes neuchâteloises sont en pleine effervescence industrielle et artistique. Dans le sillage du développement industriel se développe l’École d’art. Les professeurs et les étudiants y étudient l’Art nouveau, style très en vogue en Europe, basé sur l’observation des formes de la nature. Les artistes locaux s’inspirent de la nature locale : sapin et gentiane deviennent leurs modèles. Le Style sapin est né.

    Une tradition horlogère a existé dans le Pays de Gex. C’est pourquoi des artistes et créateurs francophones proposent un dialogue entre des objets d’art, parures et vêtements venus d’Afrique et les passerelles créatives et artistiques qui ont accompagné le développement de l’horlogerie des deux côtés de la frontière, entre la France et la Suisse.
    “Sapin africain” se veut offrir un croisement entre l’Europe de l’architecture et du biomimétisme et l’Afrique des matières premières cosmogoniques.

    Dans ses écrits philosophiques, Voltaire célébrait les caractéristiques humaines audacieuses nées de l’agilité de familles, de clans, de diasporas partis à l’assaut des mers du globe : Les Mahé de La Bourdonnais, les Duquesne, les Bart, les Duguay-Trouin, les Chanvril, les Lognoné, les Colvez, ces français capables de faire beaucoup avec peu… Des hommes entreprenants, qui auraient langui inconnus dans leur patrie, se placent et s’élèvent d’eux- mêmes dans ces pays lointains, où l’industrie est rare et nécessaire.

    Des passerelles créatives entre effervescence horlogère, biomimétisme (style Sapin) et cosmogonie africaine
    Perlage, pharmacopée à faible impact, diamants alternatifs sans extraction forestière, bioéconomie mondiale, low-tech, industries créatives et culturelles, transmission des savoirs… La féminisation des filières agro-forestières en Afrique centrale est riche de plateformes ou d’incubateurs de l’engagement pour l’Europe de demain et sa capacité à produire des innovations circulaires.

    La Francophonie créative et afro-futuriste peut contribuer à ce nouveau dialogue, un métissage entre ces thématiques à la croisée de l’art, des tissus biosourcés et de leur réappropriation dans l’univers décoratif ou l’espace public.

    Le pays de Gex foisonne de propositions en faveur du développement de nouvelles industries créatives et culturelles, à l’image de nouvelle édition du Festival de Contrebande Dessinée dans le cadre splendide du parc du château de Voltaire. A demain peut-être pour y découvrir un laboratoire en faveur du mécénat de compétences. Gex’perience !

    Kevin LOGNONÉ

  • Quartier Nkolmesseng : les curiosités d’une route alambiquée à Yaoundé

    Quartier Nkolmesseng : les curiosités d’une route alambiquée à Yaoundé

    Des pierres tombales, des immeubles bâtis et des poteaux électriques demeurent sur le tracé du chantier. Malgré l’avancée des travaux.

     

    À quoi ressemblera la route de Nkolmesseng au terme des travaux de construction liés au Programme de développement des villes inclusives et résilientes (PDVIR)? La question est sur les lèvres des riverains. Ces derniers multiplient des comparaisons entre les annonces initiales et les ouvrages réalisés à pas de fourmis. L’entreprise Sinohydro en a terminé avec la pose des rigoles le long du tracé. La mise en place du terre-plein central est déjà effectuée. L’entreprise chinoise procède depuis plus d’un mois au bitumage de la chaussée. Seul problème: cette activité ne suit pas une progression ordonnée. Seuls certains morceaux de ce tronçon bénéficient du précieux sésame, notamment l’itinéraire Lycée de Nkolmesseng-Dos d’âne. Moins d’un demi-kilomètre plus loin, le bitume est de nouveau disponible entre la Brigade de Gendarmerie-Nkolmesseng et le Carrefour Safari. «Moi je veux seulement qu’on finisse les travaux parce que nous sommes fatigués. La route est large à certains endroits et elle rétrécit à d’autres. Tu ne connais pas le tracé exact de la route. On jongle seulement pour circuler», commente Alexis Eba’a, mototaxi.

    Des poteaux sur la voie
    Une chose capte le regard sur le chantier de la route de Nkolmesseng. Il s’agit des poteaux de la société The Energy of Cameroon (Eneo). Notamment, une dizaine environ laissés sur le tracé. Certains sont pourtant récents. Ils datent d’un peu plus d’un an et y ont été posés lors d’une opération de remplacement des poteaux en bois par d’autres en béton. «Il y a un automobiliste qui a failli rentrer dans un poteau l’autre-jour. Le poteau divise carrément une voie en deux et pour nous qui roulons en voiture c’est un problème. Il faut vite décider avant de s’engager à cet endroit sinon, tu peux avoir des problèmes devant, surtout si quelqu’un d’autre passe au même moment», raconte Mathurin Enyegue, habitant du quartier.

    La situation est portée en «Haut-lieu», font savoir sous anonymat des employés rencontrés sur le terrain vendredi 21 avril 2023: «on a saisi l’entreprise qui a même répondu. Depuis là on attend».

    La faute aux indemnisations
    Entrée «Le maire», non loin de l’antenne Elecam. Un immeuble bâti (R+3) occupe une partie de la route. Les agents de la société Sinohydro n’y ont pas posé de rigoles. L’édifice n’a pas subi de casses. Il en est de même de quelques tombes situées à quelques mètres de là. Au chapitre des entraves à lever pour la finalisation du projet, il y a la station – service. L’infrastructure ronge une partie de la surface établie pour la route, en témoigne les croix de St André du PDVIR sur l’un des murs. «Les gens veulent être indemnisés. Beaucoup ne sont pas d’accord avec les montants qui leur ont été proposés. Pour d’autres, le problème c’est qu’ils exigent des montants que les autorités jugent élevés. Il y a par exemple un homme qui bloque le chantier à cause de deux manguiers. Il demande qu’on lui verse 500.000 FCFA avant de les couper. Donc les négociations continuent, mais ça affecte la façon dont nous travaillons», renseignent les employés.

    Le chantier de construction d’une route principale (2×2) et d’axes secondaires (1×2) au quartier Nkolmesseng dans le cinquième arrondissement est financé à hauteur de 12 milliards FCFA par la Banque mondiale. Le bailleur de fonds a par ailleurs fourni une enveloppe de 2 milliards FCFA pour les indemnisations des populations impactées. 1 milliard 300 millions FCFA ont été dispatchés entre les bénéficiaires au lancement des travaux en 2022, avait alors recoupé Intégration auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé. «Le projet était censé s’achever au mois de juillet. Mais avec toutes les difficultés rencontrées, le gouvernement a accordé un sursis de six mois. Le Chinois a donc demandé qu’on commence à travailler sur les tronçons libres. De façon à ce que s’il y a un problème, qu’on voit bien que ça ne vient pas de nous», soulignent les mêmes employés.

    Louise Nsana

  • Reconstruction du Noso : le Gouvernement, larmes au poing

    Reconstruction du Noso : le Gouvernement, larmes au poing

    Sans le dire clairement, il appelle ses partenaires à tenir leurs promesses d’appuis financiers au Plan présidentiel de reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (PPRD – NW/SW).

     

    La reconstruction du Noso peine à épouser le rythme souhaité par les pouvoirs publics. En posture de président du Comité de pilotage du PPRD – NW/SW, Balungeli Confiance Ebune était l’invitation du magazine «Présidence Actu», diffusée sur l’antenne télé de la CRTV le 10 avril dernier. Dans cette sortie, il relève que la mobilisation des ressources en vue d’une mise en œuvre sereine du PPRD – NW/SW fait défaut.

    À écouter Balungeli Confiance Ebune, seuls le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et le Japon ont déjà mis respectivement 400 millions FCFA et 3 milliards FCFA dans la cagnotte. À l’interprétation, cette précision permet d’évoquer l’enthousiasme suscité par de nombreux partenaires du Cameroun. « Vous avez cité le cas de notre partenaire stratégique la France. Elle avait annoncé ce soutien financier (près de 41 milliards de FCFA, il y a quatre ans, Ndlr). Donc nous les attendons toujours. On ne perd aucun espoir. Surtout avec les réalisations et le développement sur le terrain. Je pense que nous émettons l’attendons, y compris tant d’autres qui avaient aussi promis», Balungeli Confiance Ebune.

    Dans le fond, le président du Comité de pilotage du PPRD – NW/SW parle des délais qui courent. « Nous sommes à 8 mois de la clôture de la première phase », situe-t-il. C’est que, malgré une volonté politique basée sur des objectifs stratégiques clairement établis et résolument poursuivis, la réalisation des promesses des partenaires financiers du Cameroun s’avère être le maillon faible du dispositif. À en croire l’invitation d’Yves-Marc Medzo, c’est sans doute la raison pour laquelle il paie un prêt de 21 155 milliards de FCFA auprès de la Banque islamique de développement (BID).

    En soi, le PPRD– NW/SW, tel que mené sur le terrain, connait quelques avancées. Selon une évaluation faite pour le compte du Pnud en fin mars dernier par Mary Nyuryinui, 212 projets sont déjà réalisés (118 au Nord-Ouest et 94 au Sud-Ouest).

    Jean René Meva’a Amougou

  • Yaoundé : bouteilles recyclées, hygiène douteuse

    Yaoundé : bouteilles recyclées, hygiène douteuse

    Immersion dans les bulles de l’eau vendues en bordure de route.

     

    Le client la surnomme «La doyenne». Cela la fait sourire. Il s’ensuit un échange de civilités tout juste interrompu par l’ingurgitation de quelques gorgées d’eau. Le breuvage semble apporter satisfaction au taximan d’une cinquantaine d’années ; il a pourtant fallu plusieurs minutes pour que cette eau puisse décanter avant son conditionnement au bord de la route Omnisports à Yaoundé. C’est de l’eau de fourrage, rassure la commerçante. Et d’expliquer : « le fond a juste un peu de dépôt. Le bidon à un fond vert, donc en transvasant, ça se mélange avec l’eau. C’est pour cela que je laisse d’abord ça au repos».

    L’eau à boire est vendue au moindre coût en bordure de route. Un contenant d’un litre et demi est échangé à 50 FCFA. Le prix est revalorisé à 100 FCFA si le client emporte la bouteille ou si l’eau est fraîche. Quant au format du demi-litre, le coût est standard, 50 FCFA. L’activité fait le bonheur des opérateurs qui sont approvisionnés à raison de 100 FCFA le fût de 50 litres.

    Des bouteilles recyclées
    Les bouteilles d’eau minérale recyclée constituent, à côté de la glace, la principale source d’investissement des vendeurs d’eau. La véritable difficulté réside dans l’acquisition des conditionnements de petit format. « Les petites bouteilles sont rares, du coup, ça coûte cher. On nous vend six ou sept bouteilles à 100 FCFA», explique Cédric, la trentaine. Cet homme se ravitaille à Elig-Edzoa dans le 1er arrondissement. Le quartier abrite une concentration de distributeurs de bouteilles recyclées. Çà et là, des ballots de bouteilles encombrent le trottoir de l’artère principale de ce quartier. Certaines sont déjà prêtes pour la commercialisation. D’autres par contre attendent de passer au lavage. Les niveaux de variante, at-on pu observer. Certaines bouteilles sont maculées de boues à l’intérieur comme à l’extérieur. De grandes bassines d’eau, au savon et au chlore ont reçu les contenus des bulletins, les uns après les autres. Le changement d’eau n’est pas systématique, observe-t-on. «Ils ont des gars qui leur livre ça en gros. Maintenant, ils ramassent ça un peu partout, dans les établissements, les snacks, les entreprises, les maisons, en route et beaucoup viennent même des poubelles», indique une source riveraine.

    Tout en partage
    En ce mercredi, entrée du marché du Mfoundi, lieu-dit pont de la gare, un jeune homme propose de l’eau aux commerçants et aux passants via son porte – tout à deux roues. Sa marchandise est contenue dans des seaux et un fût d’apparence propre. Seul bémol, d’un client à un autre, les bouteilles ne sont pas systématiquement lavées. Cela n’émeut pas la clientèle trop occupée à se désaltérer. Le scénario ne s’arrête pas là. Le vendeur participe à des discussions avec ses paires. L’ouverture des conteneurs pour besoin de service ne fait pas tarir son flot de paroles. Celui de ses clients les plus bavards non plus. La marchandise est ainsi exposée à des postillons. Une source de contamination à diverses maladies, observe Clémence Mendouga, laborantine. «Ce sont des risques que l’on prend. Il y a beaucoup de maladies qui se transmettent par la salive entre autres, à l’instar de l’Hépatite B. Donc, rincer simplement un ustensile dans lequel quelqu’un dont on ne connaît pas l’état de santé a bu ne suffit pas . Il est mieux de laver les ustensiles à l’eau vive pour éviter de propager la souillure», martèle la laborantine. Elle tient par ailleurs l’attention sur la nécessité de conserver intact les récipients d’eau pour éviter des maladies.

    Louise Nsana

  • Manaouda Malachie : assigné à résistance

    Manaouda Malachie : assigné à résistance

    Depuis qu’il officie comme ministre de la Santé publique (Minsanté), faits et méfaits quotidiens obligent l’homme à se tailler une identité particulière au sein de l’opinion publique nationale.

    Le minsanté

    Une nomination symbolique pour incarner la diversité camerounaise ? Ou bien une promotion destinée à faire des contrepoids à l’image trop décriée d’un gouvernement de vieillards ? L’on voudrait bien savoir. Et très vite, on cède à la tentation de dire qu’en le nommant le 4 janvier 2019, Paul Biya a vu en Manaouda Malachie (50 ans) le profil d’un ministre de la Santé publique (Minsanté) capable de rester de marbre face à la force des scandales. Peut-être aussi, Paul Biya dans ses grimoires politiques, a bien voulu se servir de Manaouda Malachie pour rendre spectaculairement manifeste à l’observateur, tout le grand désordre entretenu dans les centres de santé au Cameroun.

    L’actu aidant, on dirait que Paul Biya n’a pas été raté sa cible. La preuve : le 10 mars 2023, quand on lui annonce qu’un nouveau-né est mort calciné dans une couveuse à l’hôpital régional de Nkongsamba, Manaouda Malachie a choisi le silence comme mode d’expression par rapport à cette affaire. Il n’est pas superflu de rappeler qu’après avoir pris connaissance du «thriller» survenu dans la nuit du 30 au 31 mars 2023 à la maternité de l’hôpital Laquintinie à Douala, Manaouda Malachie s’est personnellement rendu dans la capitale économique . Là-bas, personnellement, il est allé coacher quelques-uns des acteurs dans leur façon de débiter publiquement des contradictions.Dans son élan de communicateur de crise, le Minsanté propose même aux lanceurs d’alerte et à la presse de considérer qu’il n’y a pas eu vol de bébé. Et donc, prenez l’affaire comme un non-scandale. Face aux caméras et micros, Manaouda Malachie tient bon, en faisant montre d’une majesté et d’une prestance hors du commun, comme sur le plateau de Actualités Hebdo, le 16 avril sur l’antenne télé de la CRTV.

    USC
    Les mêmes traits, il les a affichés le 12 avril 2023 à Bertoua. Dans le chef-lieu de la région de l’Est, monsieur le Ministre est allé «lancer la phase I de la Couverture Santé universelle (CSU)». Sur le lieu de la cérémonie, le discours de Manaouda Malachie déclare : « le niveau d’enrôlement ce jour dans la région de l’Est, qui totalise plus de 7000 personnes enrôlées dans la plateforme dédiée à cet effet, alors même que nous ne lançons qu’aujourd’hui l’étape des enrôlements, témoigne du potentiel de la demande des soins et services ». Au vrai, monsieur le ministre campé sur deux versants. Le premier : faire de la longue attente de la CSU un sujet de propagande politique. Le deuxième ; montrer que l’Bref, le discours est plaisant aux oreilles de quelques militants politiques. Tout à côté, contre le même discours, de nombreux citoyens lancent une charge agressive. Ceux-là pensent qu’à la date de son lancement au Cameroun, la CSU est plus épuisée que jamais à force d’avoir été galvaudée, trahie er dévoyée par des scandales. Celui qui s’affiche vite à leur souvenir est la scène ubuesque du 21 mai 2021 à la maternité de l’Hôpital central de Yaoundé. Ce jour-là, Manaouda Malachie réalise qu’au Cameroun, où l’on a longtemps parlé de «Santé pour tous en l’an 2000», des femmes ayant accouché peinent encore à solder des ardoises allant de 43 000 FCFA à 150 000 FCFA. Pour enfumer l’opinion publique, le Minsanté va exploiter la puissance des symboles.Séance tenante, il demande la libération d’une dizaine de mères et de nourrissons « scellés » par la direction de l’Hôpital central de Yaoundé. Pr Fouda, directeur de cette formation sanitaire, renseigne même que,

    Toujours au sujet de la CSU, ceux qui connaissent bien le dossier disent que le Minsanté a fait le choix de mettre en touche son partenaire technique coréen Sucam (Société santé universelle Cameroun). « C’est à travers les médias que cette société avec laquelle l’État du Cameroun a signé un contrat de Partenariat Public-Privé pour l’implémentation de ce projet sur 17 ans a appris le lancement prochain de ladite première phase. La crise est d’autant plus sérieuse que de nouveaux partenaires arpentent déjà les couloirs du Minsanté pour financer et implémenter la CSU», écrit le site d’informations lurgentiste.com. Et d’autres citoyens comme Dr Albert Ze d’interroge: «Monsieur le Minsanté, pourquoi vous évitez d’Et pourquoi avez-vous mis à l’écart l’entreprise Sucam que vous avez vantée lors de la signature du contrat ? » Là, Manaouda Malachie semble avoir distribué avec distribué les verges pour se faire battre. Mais, c’est sans compter avec son caractère de baroudeur. Dans une réponse à un journaliste à Bertoua le 12 avril 2023, il estime que les critiques d’une certaine classe intellectuelle procèdent d’une mauvaise foi. Et puis, sur le coup, monsieur le ministre ne manque pas de se demander si ces procureurs drapés dans le savoir ont seulement lu ce dont ils parlent avec tant d’aplomb… c’est sans compterle coup, monsieur le ministre ne manque pas de se demander si ces procureurs drapés dans le savoir ont seulement lu ce dont ils parlent avec tant d’aplomb… c’est sans compter avec son caractère de Ministre ne manque pas de se demander si  ces procureurs drapés dans le savoir ont seulement lu ce dont ils parlent avec tant d’aplomb…

    COVID-19 [féminin
    Au 5 avril 2023, l’on signalait déjà trois rapports d’audit des fonds Covid par la Chambre des Comptes. Une actualité tournée en dérision par un internaute : « j’ai finalement compris que le PR avait fait un don à ses enfants ministres avec notre argent en nous mentant que c’est pour nous sauver de Covid ». À ce sujet, tout un programme de recherche s’ouvre. Il consiste, en premier lieu, à analyser comment ce scandale s’est transformé en simple affaire. Comment, autrement dit, une accusation publique, faite par une institution publique de renom, semble mise sous le boisseau ?Seconde direction de recherche : Celle qui consiste à tenter de mieux comprendre comment, à l’inverse, le scandale des fonds Covid ne se transforme toujours pas en affaire ? Comment, dit autrement encore, le Minsanté, l’un des accusés ne se défend pas et n’est défendu publiquement par personne ? ou du moins, comment sa défense ne procède-t-elle qu’à l’aide de dénégations et jamais par contre-accusations ?

    À force d’encaisser les « balles » salles de la Chambre des Comptes, Manaouda Malachie développe une stratégie : laisser prospérer le commerce et la rumeur à son sujet. Dans sa démarche, le Minsanté repère, de façon systématique, toute action destinée à rendre publiques certaines transgressions. Cela passe par une stratégie de conservation et de contrôle institutionnel. Lorsque nous lui demandons par exemple de nous éclairer sur le loyer mensuel de 12 millions FCFA versé au titre de la location des locaux du bâtiment dit Ancien Orca, Manaouda reste de marbre. Selon son entourage, cette façon lui permet de conserver son aura d’« arbitre » placé « hors des luttes contingentes à la gestion des fonds Covid ».

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Métropoles camerounaises : la pollution sonore en écho d’ambiance

    Métropoles camerounaises : la pollution sonore en écho d’ambiance

    Les autorités administratives au banc des accusés selon les populations. Le laxisme des pouvoirs publics se matérialise par la non- application des textes en vigueur dans le cadre des nuisances sonores.

    Des haut-parleurs pour porter la voix des vendeurs ambulants

    1-Eglises de réveil, Dieu est dans le bruit
    Toutes les églises de réveil sont dotées d’un orchestre de musique qui accompagne les activités au programme: cultes, adorations, délivrances et nuits de traversée. Dans un élan de guéguerre, de rivalité spirituels et du sensationnel, ces maisons de culte ont pour mode opératoire et principale caractéristique les chants assourdissants. La raison en est simple. «Chanter c’est prier deux fois», se défendent-ils. En plus, disent d’autres, «Dieu est un être suprême qui aime les louanges, adorations et même la danse. D’ailleurs les références bibliques sur le Roi David en témoignent à suffire».
    C’est donc le calvaire pour les riverains et voisins de ces églises. «On se plaint des bruits et des nuisances sonores, rien n’y fait. Vous observez que non loin de chez moi, il y a deux églises de réveil, et c’est chaque jour qu’elles prient», confie Paul Claude Atangana Atangana. Avec un regard très critique, le militaire à la retraite poursuit: «nous ne dormons pas avec tous ces bruits de jour comme de nuit. Nous ne sommes pas contre la foi de certains, mais il faut que ces églises respectent les libertés des autres. Imaginez que vous avez un malade à la maison qui ne parvient pas à dormir parce que le pasteur crie, la musique suit, les fidèles crient à tue-tête. Dans cette cacophonie indescriptible et quotidienne que pouvons-nous»?
    À Douala, les églises dites de réveil jouent le même couplet des nuisances sonores. «Prier Dieu, c’est bon. Mais le faire dans le strict respect des autres, c’est encore mieux. Lorsque cet acte doit nuire à autrui, c’est là que ça devient un problème. Des individus qui, à longueur de journée, sont en train de prier tout en faisant de grands bruits, c’est insupportable. Les gens se comportent comme s’il n’y a pas d’habitations autour d’eux. Je suis dépassée par leur façon de faire, parce que moi je suis dans une église de réveil, mais chez-nous ça ne se passe pas comme ça», résume pour plusieurs habitants de quartiers de la ville de Douala, Lionel. H.
    Des chambres aux murs crasseux ou des maisons en matériaux provisoires sont érigées en sanctuaires tenus dans la défiance par des «nouveaux pasteurs». Pour ces «hommes de Dieu», l’état de santé ou la tranquillité du voisinage ne compte pas. Ils tancent tous ceux qui n’adhèrent pas à leur chapelle et n’hésitent pas à les traiter de «païens, Satan, possédés ou de démons». Et les fidèles comme enchaînés dans un formatage d’esprit gobent les paroles du «nouveau Messie, de l’homme miracle, bref de celui qui va les décharger des lourds fardeaux qu’ils traînent au quotidien», entend-on dire çà et là.

    Dura lex
    Sans langue de bois et face à cette autre dérive de la société, on pointe dans les deux capitales, un doigt accusateur sur les autorités administratives. «Je pense que ce sont les pouvoirs publics qui ont laissé le phénomène prospérer. Etant donné que l’ouverture d’une église est conditionnée par une autorisation», peste un riverain. Certains vont en revanche jusqu’à penser que «si on mène une enquête profonde, certaines de ces églises ne sont pas autorisées à fonctionner et opèrent dans l’illégalité. Pour cela, il faut que les autorités fassent leur travail. Il faut procéder à la fermeture de ces églises parce que ça en fait trop. Celles qui ont des autorisations doivent être soumises aux heures réglementaires pour permettre à chacun de vivre dans la quiétude de son domicile.
    Les habitants de Douala entonnent également cet hymne en se réfugiant derrière la loi. Celle du 5 août 1996 relative à la gestion de l’environnement au Cameroun dispose justement à son article 60 alinéa 1 que «les personnes à l’origine de toutes émissions de bruits et d’odeurs susceptibles de nuire à la santé de l’homme et de constituer une gêne excessive pour le voisinage ou de porter atteinte à l’environnement, doivent prendre toutes les dispositions nécessaires pour les supprimer». L’alinéa 2 quant à lui prescrit qu’elles doivent «les prévenir ou en limiter la propagation dans la nécessité ou par manque de précaution et lorsque la situation le justifie». À l’alinéa 3, il est demandé aux communes de «prendre toutes mesures exécutoires destinées d’office à faire cesser le trouble. En cas de nécessité, elles peuvent requérir le concours de la force publique».

    2-Débits de boissons, cocktails aux décibels
    Dans la capitale économique camerounaise, chacun est roi chez lui et fait comme bon lui semble. Ce petit matin du jeudi 13 avril 2023 au quartier Bepanda, dans le 5ème arrondissement, une foule en colère se déchaîne et se livre à des injures. L’objet de la dispute, la musique jouée en fond sonore. Le gérant du bar hausse le ton face à son voisinage révolté. «Depuis que le monsieur a ouvert son bar, on ne parvient plus à respirer dans ce quartier. La musique par-ci, le volume par-là. Il ouvre à 15 heures et à cette heure-là, nos enfants sont encore à l’école. Il est devenu impossible pour notre progéniture d’étudier. Nous lui avons fait un premier reproche il y a quelques mois, il a répondu qu’il a compris et qu’il va baisser le volume de la musique. Mais une fois le dos tourné, il continue dans sa même lancée», confie une riveraine. Des propositions ont même été faites pour résoudre le problème, mais sans résultat. «Nous lui avons proposé qu’il pouvait jouer la musique de lundi à jeudi en fond bas, mais le vendredi jusqu’au dimanche puisque nous sommes conscients que c’est le week-end, il peut lever le volume. Nous avons donc décidé aujourd’hui de prendre les choses en main», explique notre interlocutrice.
    Du côté de Bonapriso, dans le 1er arrondissement, Mathilde fait appel aux agents de la police municipale pour nuisance sonore et incivisme. À notre arrivée, la police municipale est à l’œuvre. Elle détruit l’esplanade de ces débits de boissons. «Les clients font tellement de bruit, en plus ces clients après avoir bu, viennent uriner devant mon portail. Le matin ça empeste et ça finit par nous rapporter des maladies». À en croire cette dernière, «vous entendez même parfois comment quelqu’un force le portail. Pour un quartier aussi calme, ça devient dérangeant, désagréable même et c’est quelque chose d’inacceptable».
    Aux quartiers Nkomkana (Yaoundé 2) et Efoulan, les bars se livrent à une rude concurrence. Sans oublier les boîtes de nuit qui s’invitent dans la danse. Ici en effet, les jeunes filles recrutées se livrent aux danses bacchanales et assouvissent les plaisirs et désirs des hommes à la recherche de fortes sensations libidinales. Les tenues vestimentaires dans ces lieux laissent transparaitre leurs bustes et postérieures. Tous ces ingrédients, relevés par la hauteur des décibels de la musique, participent d’une stratégie marketing et de séduction, qui vise à attirer les clients. Les débits de boisson sont par ailleurs devenus des lieux d’insécurité et de ventes de stupéfiants. Ils opèrent jusqu’aux heures indues. «Finalement les bars, snack-bars et boîtes de nuit se confondent à nos quartiers. Je pense que chacun connaît ses heures de fermeture, mais il y a un laisser-aller. Chacun fait ce qu’il veut, tout est permis et c’est ça l’image du Cameroun. Rien ne semble fonctionner, personne ne respecte la loi», s’indigne Fabrice Djitap, malade assis sur une chaise roulante.

    3-Vendeurs à la criée et disquaire ambulant
    La nouvelle tendance du côté des vendeurs ambulants est à l’enregistrement audio dans une clé USB ou une carte mémoire. Le message enregistré est joué en boucle dans un baffle porté à bout de bras toute la journée. Le volume du son est très fort. «Les gars qui vendent les accessoires de téléphone exagèrent avec le volume de leurs baffles. Le volume est souvent si fort que lorsqu’ils arrivent dans notre carrefour, le bruit devient plutôt troublant et on leur demande soit de baisser, soit de partir», affirme Raphaelle. Rodrigue, commerçant, défend pourtant cette approche. «Le son qui provient du baffle fait partie de ma technique commerciale et d’un moyen de communication. C’est vrai que lorsqu’on doit circuler dans les quartiers calme comme Bonapriso, c’est un peu gênant, mais je ne peux que hausser mon volume pour me faire entendre, car c’est ainsi que je fais mon commerce», explique-t-il.
    Les bruits sont à leur paroxysme au Carrefour Nlongkak ce mercredi 17h. Les bruits de voitures se combinent à des audios publicitaires de quelques commerçants. Ici, des groupes de distributeurs d’un baume relaient leur message en boucle. Des haut-parleurs servent la cause. Un vendeur de médicaments naturels fait retentir son mégaphone depuis son véhicule pour attirer l’attention. Non loin, un vendeur de produits de dératisation ne se laisse pas faire. La réalité est désormais connue. Les commerçants ambulants se font entendre dans la ville de Yaoundé. À l’aide d’amplificateurs de sons, ces derniers imposent leurs marques dans les esprits. La raison en est économique. «On cherche à capitaliser nos ventes. Pour un baume vendu, j’ai 200 FCFA d’intérêt. Avec un capital de 30 000 FCFA qui correspond à un stock de 100 boîtes, j’ai 20 000 FCFA. Donc, je gagne plus si j’écoule vite mon lot», explique Hermine Yonda, distributrice du baume François.

    4-Taxis, haut-parleurs à quatre roues
    Les chauffeurs de taxi battent des records sur la production des bruits en pleine chaussée. Ils s’illustrent par l’amour des klaxons trop souvent inopportuns. Ce mercredi 12 avril 2023 dans certaines artères de Yaoundé, le Journal Intégration recense plusieurs scenarios. Les chauffeurs klaxonnent pour saluer un tiers reconnu au passage. L’instrument leur permet de revendiquer le passage, même au cœur des bouchons. Des transporteurs s’en servent pour héler des clients. La liste des nécessités pour eux est longue et même justifiable. «Un chauffeur n’a pas le temps pour formuler les phrases et communiquer. Donc on procède autrement», exprime Léopold Mefire, taximan. Tout cela est fait au mépris des textes réglementaires. Notamment le Code de la route. «On leur apprend qu’en milieu urbain, on ne doit klaxonner qu’en cas d’ultime nécessité, comme un risque d’accident. De même, il faut éviter les coups de klaxons abusifs dans les agglomérations», explique Fridolin Tam Mangock, moniteur d’auto-école.
    La vétusté des véhicules constitue une autre source de pollution sonore. «Les bruits peuvent provenir du régime normal du moteur (ronflement), où d’une anomalie due à une panne quelconque, le plus souvent causée par le manque d’entretien du véhicule, voilà pourquoi ils doivent tous au bout d’un certain temps aller à la visite technique, un peu comme un être humain fait son bilan de santé a un certain temps pour savoir avec exactitude comment il se porte», ajoute le formateur.

     

    Diane Kenfack, Olivier Mbessité et Louise Nsana

  • Yaoundé et Douala : Capitales poubelles

    Yaoundé et Douala : Capitales poubelles

    Les ordures sont partout et dictent leur loi dans les deux matropoles du Cameroun. Ce qui laisse penser que les autorités ne donnent qu’une apparence ordurière au sujet.

    Les autorités municipales et les populations dos à dos

    Les populations de la ville de Yaoundé et Douala suffoquent sous l’emprise des odeurs des ordures ménagères. Au niveau des carrefours et également à proximité des établissements scolaires (lycée d’Efoulan, Lycée de Ngoa-Ekelle et autres), se dressent des montagnes d’immondices. Au quartier «Bonas», dans la zone universitaire à Yaoundé, l’on se bouche les narines. Les odeurs puantes se dégagent, les essaims de mouches accueillent tout passager soit sous le coup du vent, soit au moment ou un enfant ou un adulte vient à vider sa poubelle. Les asticots rampent le long de la route, les ordures se décomposent sous le regard impuissant des riverains. «C’est depuis plus de six mois que la société d’Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) ne passe plus ici pour ramasser les ordures dans ce quartier. On ne sait quoi faire; nous sommes obligés d’inhaler ces odeurs nauséabondes chaque jour», fulmine Cédric, cordonnier. Et de poursuivre: «La société Hysacam a enlevé le bac à ordures du coup tout le monde jette ses ordures à même le sol sans gêne, cela est normal, et lorsqu’elles se décomposent vous sentez vous-mêmes les odeurs insupportables, nous sommes exposés aux maladies pulmonaires, respiratoires et autres si rien n’est fait», se lamente-il. Le coiffeur de la place s’interroge bien sur le rôle d’hysacam et de la commune d’arrondissement de Yaoundé 3. «Au regard de la situation, je me demande bien où sont passées les structures compétentes d’hygiène de la mairie de Yaoundé 3. On a l’impression qu’Hysacam a démissionné. Que fait le maire de la localité en de pareilles circonstances, puisqu’on nous parle de la décentralisation, et nous occupants des espaces commerciaux, payons des taxes? Ce n’est pas évident pour nous de travailler dans cet environnement pollué», peste Amougou.

    Les autorités municipales et les populations dos à dos

    Bouche d’égout
    Il ne fait pas bon vivre à Biyem-Assi (Yaoundé 6) au lieu-dit «Carrefour Caca». L’appellation fait sens au vu de la bouche d’égout majestueusement dressée en pleine chaussée et qui rejette des eaux noires souillées. «Cela fait déjà plus d’un an que ces matières fécales se déversent sur la route. Il y a des jours où on arrive au lieu de travail et tout le carrefour est inondé de matière fécale, y compris toutes les boutiques environnantes. L’odeur est très fortes et insupportable. Nous qui exerçons dans le secteur des affaires sommes déjà malades. On est contraints de nous rendre à l’hôpital. Pour nous désintoxiquer, on prend les produits pour purifier la poitrine», lâche Derick couturier.
    Avec le retour des pluies, la situation est plus grave. «Les drains sont bouchés, l’eau ne circule pas. Il y a des inondations partout, et avec la circulation des mototaxis, à la moindre petite erreur, ils tombent dans ces eaux souillées et dans la matière fécale», ajoute-t-il. Le plus embêtant est que le maire de Yaoundé 6 n’habite pas loin de là, et les autorités passent dans l’indifférence par là au quotidien pour regagner leur domicile au quartier Jouvence. «Nous sommes dépassés de la situation, en pleine capitale politique et à Biyem-Assi de surcroît. Si on pouvait faire quelque chose, nous les riverains on le ferait, mais là on se résigne». Nadège est indignée puisque cela fait déjà des mois que cette bouche d’égout déborde de nouveau, et ceci dans l’indifférence des autorités. «Pourtant nous payons les taxes pour l’hygiène, on ne sait où vont ces fonds. Nous respirons vraiment des odeurs nocives pour notre santé, nous sommes obligées de porter les cache-nez pour mieux respirer». Un autre interlocuteur fait savoir que la situation est similaire au quartier Tam-tam, au Marché central, et ailleurs. Et de se demander à quoi servent le service d’hygiène dans la ville de Yaoundé et la Communauté urbaine, vu que les fonds sont collectés auprès des populations pour l’assainissement de la ville. À cette interrogation, Florence Minkoumou fait savoir que cela relève de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY). «Les égouts et les boues de vidange sont gérées par la mairie de la ville. Tous les travaux sur la route principale relèvent des compétences de la communauté urbaine, et les voies secondaires des mairies d’arrondissement», explique le chef d’hygiène et d’assainissement de Yaoundé VI. Et plaide par la suite: «si nous avions les moyens nécessaires, nos engins, nous ne souffririons pas de ce type de problèmes. Parce que le maire Jacques Yoki Onana est disposé à soulager les populations. Bien que certains travaux ne relèvent pas de ses compétences, il s’y implique tout de même», dit-elle.

    Inondations assurées à Douala
    Caniveaux et drains bouchés, rigoles débordant et présence d’ordures ménagères à des carrefours, sont aussi le lot quotidien des habitants des quartiers Bonapriso, Ndokotti, Maképé Missoke, Bepanda, Logbaba, rondpoint Deido et autres. Dans certaines rues de ces quartiers, le ruissellement des eaux usées s’accompagne d’odeurs nauséabondes. À Bonapriso au lieu-dit Ancien dépôt Guinness, dans l’arrondissement de Douala 1er par exemple, les populations disent vivre le martyr. «À cause de ces odeurs, j’ai eu des problèmes respiratoires. Ma famille tombe malade tout le temps à cause des moustiques. Lorsqu’il pleut un peu, l’inondation est totale», se plaint une riveraine.
    À Tradex Ndokotti, c’est le même scénario. «Les drains sont bouchés. Conséquence l’eau trouve abri en route. Cette zone est toujours humide. De temps en temps, les gens de Tradex nettoient mais seulement, ce n’est pas suffisant. Il faut le faire plus fréquemment afin d’éviter que la situation ne se répète. Sinon, c’est toute la station qui sera dans l’eau», constate Valdès, mototaxi.

    Du côté du quartier Makepe Missoke, la situation est semblable. «Depuis des mois déjà, on ne parvient plus à respirer dans ce quartier à cause du ruissellement des eaux usées. Les rigoles sont bouchées, les caniveaux aussi. L’eau dévie des rigoles et part se caser au milieu de la route où elle crée l’insalubrité et entraîne des inondations à la moindre occasion de la tombée des pluies. La saison des pluies commencent déjà à Douala, et si rien n’est fait d’ici quelques temps, je pense que le choléra risque de repartir de plus belle», se plaint un riverain. Même chose au rondpoint Deido. Cette situation va jusqu’à creuser la chaussée et causé des embouteillages. «Piétons et automobilistes partagent une même voie. Le non-entretien des drains crée des embouteillages parce qu’il y a une marre d’eau sur la route. Et l’eau présente sur la route la creuse aussi. Conséquence, le mauvais état de la route qui à son tour provoque des accidents de la circulation», dixit un riverain. Les populations de Douala craignent le pire et lancent un appel aux autorités compétentes de la ville de Douala.

    Aveux de faiblesse
    Selon Florence Minkoumou, les récriminations des populations sont fondées. La responsable d’hygiène et d’assainissement à la commune de Yaoundé VI se veut néanmoins rassurante en soulignant les efforts faits pour endiguer l’insalubrité dans les quartiers.
    Approchée par Intégration, la société Hysacam incriminée, présente le planning de collecte d’ordures dans la cité. «Avec l’ordre du Maire de la ville de Yaoundé, Hysacam ne se déploie plus dans toutes les mairies d’arrondissement comme jadis. Elle s’occupe de Yaoundé I, II et VI. Et la société camerounaise Thychlof est chargée de ramasser les ordures à Yaoundé III, IV, et V», révèle le point focal d’Hysacam.
    De son côté, le maire de la ville, Luc Messi Atangana, a demandé à ladite société d’enlever ses bacs à ordures. «Ils seront remplacés progressivement par ceux de la Communauté urbaine de Yaoundé estampillés mairie de la ville», renchérit-elle.

    Olivier Mbessité et Diane Kenfack

  • Ulysse au Panama

    Ulysse au Panama

    Les idées sont comme Ulysse : elles voyagent. Il existe des routes du savoir, comme il y eut autrefois les routes de la soie et des épices.

     

    L’innovation et les changements technologiques ou créatifs qui voyagent avec différents volumes de bagages. Mais, sans l’intermédiaire des explorateurs et des échanges, les inventions, les technologies et les oeuvres de toute nature deviendraient un mot d’ordre pour la culture. La langue de ce voyage, la traduction de cette économie de l’innovation est précisément la traduction des inventeurs.

    « Port du monde et Coeur de l’univers », l’inauguration le 26 juin 2026 du canal du Panama élargi offre un élan supplémentaire aux nouveaux explorateurs du futur pour développer la Colon Free Zone, du nom du navigateur Christophe Colomb.

    Une aventure qui rappelle le pari d’autres entreprises grandioses, comme le 500e anniversaire qui célèbrait l’installation de Léonard de Vinci au Clos Lucé, l’ancienne demeure d’Anne de Bretagne. Les deux destins de ces personnages entretiennent chacun une relation fascinante avec l’élan de créativité et d’innovation légué par la Renaissance.

    Explorateur des nouvelles mutations technologiques, Léonard de Vinci s’était lancé dans un projet colossal : la construction d’un canal entre l’ouest de la France et le Rhône. Cependant, son travail ne s’arrêtait pas là. L’artiste et ingénieur visionnaire su concevoir un pont, ouvrage de génie civil sur la Corne d’Or à Constantinople pour le sultan ottoman Bayezid II.

    Demain, les vaisseaux du futur seront de gigantesques engins commandés à des programmes spatiaux, à l’instar de l’initiative SpaceLux. Votre itinéraire fonctionnera avec une quantité incroyable de données avec de grands volumes de technologies Internet et une petite quantité d’énergie grâce à des technologies environnementales ou vertes.
    Le canal de Panama sera identifié comme une « autoroute de la connaissance » à l’image de la proposition du Dr José Narro Robles, recteur de l’UNAM. Cette «autoroute de l’information» pourrait être comparée dans son importance à celle du chemin de fer avec la Canal Railroad Company ou la route panaméricaine à d’autres époques.

    Dans la nouvelle économie, l’infrastructure signifie autant l’information que le transport. Umberto Eco a dit que la traduction est la langue du monde. L’intermédiation est la langue de l’Isthme. Grâce à la plate-forme que représente le Panama, nous pouvons encourager l’échange d’inventions dans les espaces océaniques. « Mare Nostrum » entre Atlantique et Pacifique. Les deux côtés de ce couloir bi-océanique sont confrontés à de nombreux défis communs. Les océans ont toujours été un espace de connaissance et d’échange, de transmission et d’enrichissement. De plus, c’est un espace de tolérance avec la richesse des différentes diasporas réfugiées au Panama (troupes Cromwel…), d’ascendance inconnue : métis, jamaïcain, africain, juif, breton, irlandais et écossais ou chinois.

    Aujourd’hui, la libre circulation des oeuvres, des créateurs, des talents et des traducteurs est une priorité, à l’image de la diplomatie scientifique et technologique érigée par Ferdinand de Lesseps. Les explorateurs et traducteurs des nouvelles technologies sont les transporteurs irremplaçables de l’innovation et du savoir, les messagers vitaux de nos cultures.

    Nous appelons à agir pour soutenir leur reconnaissance, leur formation, leur mobilité et leur accueil. La coopération est la clé de nos identités partagées qui relient la façade européenne de l’Atlantique aux terres du Pacifique (la Calédonie est l’ancien nombre de l’Écosse), où tant d’ancêtres communs se relient avec la culture bretonne et celtique.

    Construisons ce pont sur les océans. A l’intersection des routes d’Aury, McGregor, Morgan, Mannswelt ou Simon Bolivar, « The Great Connection (chère aux héritiers de la gloire de Ferdinand de Lesseps) is here ». Les portes s’ouvrent au visiteur et ses ailes déployées. Sus puertas se abren al visitante con amplitud de alas desplegadas.

    Kevin LOGNONÉ

  • Nouveaux Mondes de Cancale à São Luís à la lumière du Rocher Anglo-Normand

    Nouveaux Mondes de Cancale à São Luís à la lumière du Rocher Anglo-Normand

    Moins connu que l’explorateur malouin Jacques Cartier ayant entrepris la découverte du Canada, Daniel de La Touche, seigneur de La Ravardière, est parti en 1604 de Cancale en direction du Brésil pour atteindre les rives fondatrices de São Luís, aujourd’hui capitale de l’Etat fédéral du Maranhão, trait d’union entre l’océan et le bassin amazonien. Au sein du district de la durabilité, le Brésil proposait à l’occasion de la dernière exposition universelle une recréation moderne du bassin amazonien dans le désert de Dubaï, permettant d’admirer les paysages, les sons et les parfums des zones fluviales du Brésil.

    Si les ambitions respectives de François 1er vers le Nouveau Monde et d’Henri IV vers la macro-frontière huguenote en Guyane apparaissaient complexes voire ambivalentes, les bretons et en particulier les malouins étaient en possession du « secret de Terre-Neuve » depuis une date qu’il est difficile de déterminer mais qui semble antérieure à la découverte de l’île par les anglais et les portugais. Aussi, les expéditions de pêche à la morue ont durablement marqué les aventures transatlantiques y compris vers les côtes du Brésil que Jacques Cartier connaissait. Une preuve de séjour du malouin Jacques Cartier au Brésil est le baptême à Saint-Malo, le 31 juillet 1528, d’une indigène brésilienne nommée Catherine du Brésil, la marraine étant la femme de Jacques Cartier. Dès lors, quels secrets d’histoire recèlent les « Nouveaux Mondes » de Cancale à São Luís ? Que peuvent nous apprendre la redécouverte du parcours et le destin huguenot de La Ravardière tout comme sa contribution à la francophonie des Amériques ? L’une des originalités d’une prochaine conférence-débat prévue le samedi 6 Mai 2023 à l’Espace Bouvet (salle Robert Surcouf) de Saint-Malo sera de proposer un axe de découverte à la lumière des îles Anglo-Normandes marquées par une influence protestante dont est issu le Cancalais de La Ravardière. Encore aujourd’hui, Jersey et Guernesey restent deux îles idéales pour effectuer des recherches généalogiques. La langue anglaise n’étant devenue la langue écrite officielle qu’en 1948, bon nombre de registres sont écrits en français ; ouvrant ainsi des découvertes singulières des archives de la Guille- Allès Library jusqu’aux sagas des Dobrée de Guernesey qui ont marqué les échanges avec le port deNantes. Et si demain de La Ravardière nous encourageait à ouvrir la porte de notre imagination vers de nouveaux archipels de francophonie et de lusophonie ? « Nous pourrions construire un Montmartre au Fort Régent » titrait récemment le Bailliwick Express de Jersey. Pour rendre l’île attrayante pour les visiteurs et les investissements privés, « Jersey doit offrir une vision audacieuse » a récemment déclaré un résident local dont la société d’investissement possède la plus grande marina du Portugal. Voyager dans les archives et le temps nous permet de faire le pont entre l’actualité d’hier et d’aujourd’hui. Les enjeux ont-ils tant changé? A nous de le découvrir. Cancale, Brésil et les îles Anglo-Normandes : peu encore imaginent une relation triangulaire avec des artistes et partenaires des deux côtés de l’Atlantique : européens et brésiliens. Entre le marché aux huîtres et les viviers de la houle, il est possible de se promener dans plusieurs rues sinueuses dont la rue Saint-Clément. La commune de Cancale est jumelée avec la paroisse Saint- Clément dans l’île de Jersey, depuis 2010. Si les relations existent entre le connétable (l’équivalent du maire) et l’équipe municipale de Cancale, le champ des possibles pourrait s’enrichir de passerelles festives et créatives communes. Et réveiller des traditions hautes en couleur telles que la Bataille de fleurs de Jersey (Battle of Flowers) ou le Carnaval de Cancale. Le Carnaval de Granville est inscrit à l’UNESCO. Mais le Carnaval de Cancale comme d’autres manifestations créatives peuvent elles aussi rayonner dans le monde. Et stimuler de nouveaux projets audacieux à l’occasion de la prochaine Journée internationale de la lumière célébrée le 16 mai de chaque année par l’UNESCO. Les frères Lumière avaient identifié l’Ille-et-Vilaine comme une terre d’innovation. Si c’est à Dinard qu’Auguste et Louis Lumière sont venus faire leurs premières expériences photographiques en 1877, les deux frères innovateurs étaient aussi passionnés par de nombreuses autres découvertes depuis le Serment de la « Goule és Fèes » née sur la côte d’Emeraude dans une graphie en langue gallèse. Les frères Lumière avaient par exemple acheté et rénové un moulin pour produire une fécule de pomme de terre très fine, ingrédient nécessaire à l’émulsion photographique. Symboles bucoliques et fluviaux, les moulins du département comme celui de la cale Robinson à Saint-Grégoire représentent une source d’énergie et par là même une source de lumière. A l’occasion de la Journée internationale de la lumière, une action symbolique avec Dinard et le Réseau de Maisons de la Francophonie pourrait s’imaginer dans des villes partageant une histoire avec la côte d’Emeraude en commençant par exemple par un pôle en Asie par exemple une île des malouins de l’Antarctique au niveau du Pacifique sud ( UTC +8 ) pour se terminer à Sao Luis, pôle de la France Équinoxiale ( GMT -03:00 ). Ces deux pôles ayant chacun un décalage horaire entraînant 12 heures d’avance. Nous aurions donc une Journée internationale de la lumière universaliste pour promouvoir une Francophonie créative sur les trois océans .

    Kevin LOGNONÉ

  • «Yello Digital Talent» : Sup’ptic, plus jaune que les autres

    «Yello Digital Talent» : Sup’ptic, plus jaune que les autres

    L’École nationale supérieure des postes, des Télécommunications et des Technologies de l’information et de la communication (Sup’ptic) est le vainqueur de la première édition du concours de l’innovation technologique et numérique pour étudiants.

    La joie de l’équipe Sup’ptic

    Lancée en décembre 2022, la compétition intitulée «Yello Digital Talent» est arrivée à son terme le 30 mars dernier à Yaoundé. Avec «Skolaar» (une application mobile qui aide plus de 2000 étudiants à avoir accès aux anciennes épreuves corrigées, des vidéos et des cours qui peuvent permettre de mieux s’outiller et se préparer aux examens de l’ enseignement secondaire), Sup’ptic a engrangé tous les suffrages du jury.

    La deuxième marche du podium revient à «Sukul» de l’Institut supérieur de Science, de Technologies, de Management et de Développement durable de l’Adamaoua. La plateforme en ligne est dédiée à d’éducation inclusive. Ainsi, les élèves déficients visuels et à mobilité réduite peuvent s’informer, mener des recherches et compétir avec d’autres grâce à la fonction «Quizz». La plateforme intègre également l’USDT qui permet à l’élève de payer sa pension via MTN mobile money. Les parents qui ont aussi accès à la plateforme peuvent recevoir les emplois de temps de leurs enfants.

    «Djanguirde», vient en troisième position. La plateforme est développée par les étudiants de l’École supérieure Polytechnique de Maroua. L’application permet aux élèves de pouvoir s’enregistrer, de discuter avec une intelligence artificielle, y compris ce qui n’ont pas de smartphones, en utilisant la messagerie classique. Il suffit d’envoyer une requête à notre numéro et le chabot va répondre simultanément.

    Organisée par la Fondation MTN Cameroon, sous le parrainage du ministère des Postes et Télécommunication (Minpostel), la première édition du «Yello Digital Talent» a primé dix finalistes correspondant aux 10 régions du Cameroun. 45 établissements étaient en lice au départ. Le vainqueur de chaque région a reçu une enveloppe d’un million FCFA plus un ordinateur. Les trois premiers ont, en plus de ces présents, reçu respectivement 2 500 000 FCFA, 2 000. 000 FCFA et 1500 000 FCFA.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Assistance et soutien aux orphelins : le soleil brille sur la «Maison des enfants en détresse»

    Assistance et soutien aux orphelins : le soleil brille sur la «Maison des enfants en détresse»

    Afin de l’aider à amortir un quotidien difficile, l’Association Enfant du soleil vient de signer une convention de partenariat avec cet orphelinat.

    Les enfants en détresse de l’orphélinat de Nkoabang

    Absence de nourriture, d’eau potable et d’électricité, lourdeur de la charge locative. Chaque jour qui passe est un nouveau challenge pour les 31 pensionnaires de l’orphelinat «Maison des enfants en détresse» de Nkoabang (arrondissement de Nkolafamba, région du Centre). Sur les épaules d’Ursule Zana, sa promotrice, repose une autre urgence. «À l’heure où je vous parle, le propriétaire demande de libérer les lieux, puisque la maison est déjà vendue. Je me demande bien où je vais m’installer avec ces enfants», dit-elle, exténuée.
    Pour avoir entendu ces cris, l’Association Enfant du soleil a débarqué à Nkoabang. Le 22 mars dernier, elle a signé une convention avec «Maison des enfants en détresse». « Nous sommes venus ici l’année dernière et avions fait des dons multiples. C’est au regard des besoins observés sur le terrain que nous avons jeté notre dévolu sur cet orphelinat, d’où la signature du partenariat de ce jour». À travers ce partenariat, nous comptons former les enfants aux petits métiers, notamment l’agriculture, l’élevage, la pisciculture et autres. Et la vision du fondateur qui se trouve en Suisse va au-delà des petits métiers. Il est question « pour lui de donner une certaine éducation, des valeurs de socialisation et de sociabilisation afin de renforcer l’amour, la paix, le vivre – ensemble, donner une certaine impulsion et de changer de mentalité,
    « Lorsque le responsable m’a fait part de son intention, je me suis dit, Dieu n’abandonne personne, je ne peux que les demander et prier l’Éternel de les bénir dans leur élan de gagner, et surtout dans leurs œuvres humanitaires en faveur des canapés vulnérables», indique la fondatrice de l’orphelinat. Elle dit également prier que l’Association jette son regard sur d’autres orphelinats de la ville de Yaoundé. « Je leur souhaite beaucoup de grâce. Ce partenariat sera bénéfique pour l’orphelinat et charrie de nombreuses ouvertures. Je pense que main dans la main, nous allons redonner du sourire à ces enfants», projette Ursule Zana.

    Olivier MBESSITE

  • Ramadan au Cameroun : la vie chère n’écorne pas la foi

    Ramadan au Cameroun : la vie chère n’écorne pas la foi

    Dans un contexte caractérisé par l’inflation et la pénurie, ils se disent prêts à affronter cette épreuve et à accomplir ce pilier de l’Islam aussi important pour leur relation avec le Divin.

     

    En ce vendredi 24 mars, les fidèles musulmans sont à leur deuxième jour du Ramadan au Cameroun. Pour cette communauté, l’heure est au jeûne, à la mortification, à la charité, et la prière. Le ramadan de cette année se tient dans un contexte difficile. L’inflation est perceptible sur toutes les denrées alimentaires nécessaires à la rupture du jeûne chaque soir. « Tout est cher sur le marché : la farine, le maïs, le sucre, l’huile raffinée. Cela fait qu’on est obligé de se soumettre aux conditions de vie, ce n’est pas du tout facile», lâche Oumarou Youssoufa fidèle musulman. Et de poursuivre : « il faut préciser que la situation s’enlise, puisqu’elle a commencé il y a deux ans avec la crise sanitaire liée au Covid-19 et il y a maintenant la crise en Ukraine. Ces facteurs exogènes ont des incidences sur les familles à revenu faible.

    Aïssatou trouve également que l’année est difficile. « Tu te rends au marché, rien n’est accessible, le prix du kilogramme de viande coûte 3000 FCFA, et cela est fonction des marchés. Il n’est pas facile pour la femme que je suis de faire toutes les emplettes, puisque tout est cher», renchérit-elle. Et à cela, il y a la pénurie de sucre en carreaux qui date de depuis la nouvelle année. «Le prix du kilogramme de sucre en poudre oscille entre 800 FCFA et 900 FCFA. Pour nous musulmans, c’est une denrée importante, après toute une journée de jeûne, il nous aide à remonter l’énergie dans les repas tels que la bouillie, les beignets sucrés, la boisson telle que le «Tchaï», et autres qui nous permettre de récupérer et de mieux nous préparer pour la nouvelle journée ».

    Solidarité
    Le mois du ramadan appelle à plus de solidarité et de partage. Face aux chocs économiques, ces valeurs sont des vertus cardinales pour tout musulman appelé à surmonter ces moments difficiles. « C’est ce qui explique le partage des repas en soirée avec tous les fidèles nantis et démunis, car devant Allah, nous sommes tous égaux et nous sommes tous ses enfants. Nous devons en ces moments de jeûner prôner l’amour autour de nous tel que nous recommandons le Coran. En soirée, pour rompre le jeûne, nous nous retrouvons en famille, entre amis musulmans ou non musulmans, ensemble nous communions et mangeons les repas faits par les différentes femmes», déclare Ismaël Messina. En plus, il faut souligner le rôle important des imams et autres qui ouvrent leurs portes aux personnes défavorisées, aux nécessiteux ; l’esprit étant la charité, l’amour du prochain. Ce n’est que dans ce sens que nous pouvons ensemble et unis surmonter la vie chère avec le cortège de ses conséquences sur les familles. Malgré la vie chère, nous allons tenir bon jusqu’au bout», conclu-il.

    Olivier Mbessité

  • Partenariat: l’association Enfant du soleil et la mairie de Yaoundé 5e font un

    Partenariat: l’association Enfant du soleil et la mairie de Yaoundé 5e font un

    Les deux entités ont signé des documents de nature à leur permettre de travailler en osmose pour mieux accomplir leur mission humanitaire en faveur des couches défavorisées.

    L’Association enfant du soleil du Cameroun a scellé sa coopération avec la commune d’arrondissement de Yaoundé 5ème (Essos). Le 17 mars dernier, les différents acteurs ont signé les documents devant leur permettre de travailler main dans la main pour le bien-être des enfants orphelins et des populations. Leur leitmotiv étant de lutter contre la pauvreté. «Cette signature de partenariat entre l’association enfant du soleil et la mairie de Yaoundé V est une initiative que nous avons entreprise auprès de celle-ci et nous sommes émus de la voir aboutir. C’est un plaisir pour nous, car nous savons qu’à travers ce partenariat, nous aurons de nombreuses activités à mener ensemble au niveau national pour venir en aide aux populations vulnérables que sont les orphelins, les veuves, et les personnes à motricité réduite», se réjouit Bienvenu Gabriel Ottou Ottou, président de l’Association. Et de poursuivre: «à travers ce partenariat, nous comptons raffermir nos liens de travail, et ceci est une aubaine de travailler en osmose avec l’association basée en Suisse, c’est un grand pas. Nous attendons beaucoup de la commune et ceci réciproquement pour l’atteinte de nos objectifs qui sont d’épanouir les orphelins, et les déshérités».

    Ouverture
    Selon Augustin Bala, maire de Yaoundé 5ème, la signature du partenariat permet de donner une large ouverture à notre commune. Dans l’ère de la décentralisation, «il va permette de jumeler les deux communes, celle de Yaoundé 5 et celle de Delémont située en Suisse. Cela devra contribuer inéluctablement au développement local, poussé, voulu, et boosté par les frères établis soit au Cameroun, soit à l’extérieur du pays. Dans le cas d’espèce, l’association enfant du soleil est basée au Cameroun, mais a des bras au niveau de la Suisse, c’est la raison pour laquelle nous saluons cette coopération, ce partenariat qui est naissant», explique-t-il. «Nous espérons qu’avec la communauté de Delémont d’abord, nous allons signer un accord de jumelage, et par ailleurs, nous pourrons l’étendre à d’autres commune de Suisse pour le plus grand bien de notre pays, pour le plus grand bien de notre ville et de Yaoundé 5, parce que cette coopération est souhaitée et voulue, et très utile à nos populations qui sont encore à un niveau de pauvreté assez préoccupante. Et donc, nous avons besoin de cette coopération pour lutter efficacement contre la pauvreté et ceci pour le développement de notre pays. L’action humanitaire qui anime l’Association enfant du soleil est louable».

    Olivier Mbessité

  • Journée de la Cemac : la Communauté face à ses réformes à l’Issea

    Journée de la Cemac : la Communauté face à ses réformes à l’Issea

    La séance de méditation collective conduite le 16 mars dernier par le Minepat a connu la participation du DGA du FMI, du gouverneur de la Beac et des représentants du président de la Commission de la Cemac.

    Photo de famille à l’issue de la Conférence à l’Issea

    Il est 18 heures 30 ce 16 mars 2023 au siège de l’Institut sous-régional de la Statistique et de l’Économie appliquée (Issea). Francial Giscard Libengue Dobele-Kpoka est aux anges. «Soyons fiers parce que la conférence sur les réformes structurelles pour une croissance inclusive et diversifiée a été un grand succès. Je suis surtout satisfait parce que c’était mon dernier jour en tant que DG. Dès demain, il sera désigné un nouveau directeur général de l’Issea», lance-il à ses étudiants agglutinés autour de lui. La conférence organisée dans le cadre de la commémoration de la 14ème édition de la Journée de la Cemac a en effet permis des échanges riches et denses, en plus d’avoir drainé du beau monde. De nombreuses personnalités ont pu faire le déplacement et y ont pris part. Parmi lesquelles Paul Tasong, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Kenji Okamura, directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac, Clément Belibanga et Jean-Claude Nguemeni, respectivement commissaire de la Cemac et directeur de la surveillance multilatérale. Jean Tchoffo, secrétaire général du Minepat et président du Conseil d’administration de l’Issea était également de la partie.

    Pref-Cemac
    Les exposés et réflexions menées sous la modération du directeur général de l’Issea portaient sur deux thématiques essentielles. À savoir: «Les réformes structurelles pour une croissance inclusive et diversifiée; et la mobilisation des recettes fiscales non pétrolières pour créer un espace budgétaire pour des dépenses productives et sociales». À en croire Francial Giscard Libengue Dobele-Kpoka, elles sont «en adéquation avec deux des piliers du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac)». Des options, y compris celles visant à conclure des programmes avec le FMI, prises par les chefs d’État pour faire face aux chocs exogènes. À l’instar «de la chute des prix du pétrole brut», mentionne Paul Tasong.
    Il se trouve simplement pour le ministre délégué auprès du Minepat que l’une des difficultés était de savoir «comment mettre en place une réforme sous-régionale pour faire face à un risque de dévaluation? Étant entendu que tous les pays de la Cemac sont certes membres du FMI, mais que la Communauté elle-même ne l’est pas». Et le membre du gouvernement camerounais d’indiquer que «le Pref-Cemac a donc servi de socle aux différentes réformes au niveau national». La mise en œuvre est en cours. «La conclusion des programmes avec le FMI reste aussi d’actualité», a conclu le ministre.

    FMI
    Les programmes successifs avec le Fonds monétaire international, certes dans des contextes internationaux souvent difficiles, ont mis en exergue la nécessité pour le Cameroun et les pays de la Cemac, de réformer leurs économies. En misant entre autres sur le capital humain. Kenji Okamura préfère pour sa part employer l’expression de «développement humain». Car selon le directeur général adjoint du FMI, le concept proposé au cours des échanges par un enseignant de l’Issea, correspond le mieux à l’idée que son institution et son pays, le Japon, se font de l’être humain. Ils en parlent en effet en termes de «trésor», souligne-t-il. Toutes choses qui cadrent aussi avec l’ambition de la Communauté déclinée dans le thème principal de la Journée de la Cemac. À savoir «Valoriser le capital humain pour une Cemac émergente», précise la note conceptuelle de l’événement.

    Beac
    «Lorsque nous avons eu des difficultés au niveau de la stabilité de notre situation macroéconomique, du fait de la chute brutale des cours des matières premières, nous avons été amenés à définir le Pref-Cemac», commence par énoncer le gouverneur de la Banque centrale. Les explications ensuite données par Abbas Mahamat Tolli donnent à savoir que «l’un des piliers dudit programme portait justement sur les réformes à mener au niveau de la politique monétaire et de l’environnement financier de la Cemac». La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a dès lors dû mettre en place un Plan stratégique pour éviter une dévaluation et une perte de pouvoir d’achat. Elle se conformait ainsi aux résolutions prises en août 2021 par les chefs d’État. L’objectif était d’assurer par ce moyen, la relance économique dans l’espace communautaire.

    Au final, «il y a eu beaucoup de réformes sur la gouvernance de la Banque centrale, des réformes de politique monétaire, stratégiques, opérationnelles et institutionnelles», se félicite le gouverneur en évoquant de nombreux résultats. S’agissant entre autres, «du compte d’exploitation de la Banque centrale. On était dans une situation d’un compte d’exploitation structurel moyen de l’ordre de 5 et 9 milliards. Et avec les ajustements que nous avons opérés, le Conseil d’administration a approuvé à la date d’hier, nos comptes annuels qui sont passés à 114 milliards FCFA», affirme Abbas Mahamat Tolli.

    Commission de la Cemac
    La Commission de la Cemac n’est pas en reste dans le lot de réformes entreprises au niveau sous-régional pour consolider la résilience des économies. Les représentants du Pr Daniel Ona Ondo, président de l’institution communautaire ont notamment relevé «le plan de relance sous-régionale». Celui-ci repose sur deux piliers. En l’occurrence «la stimulation de la croissance, ainsi que l’assurance de dépenses productives et sociales», souligne Jean-Claude Nguemeni. Le directeur de la Surveillance multilatérale pour lequel l’atteinte des résultats escomptés passe notamment «et en présence de contraintes de financement, par l’amélioration du climat des affaires, l’approfondissement de l’intégration régionale, l’amélioration de la croissance et de la cohérence». À l’en croire, la nécessité s’est également imposée de procéder au renforcement de la mobilisation des recettes. Il y a dans cette optique eu deux programmes d’assistance du FMI à l’endroit de la Cemac. Ils ont trait pour l’un à la politique fiscale avec à la clé plusieurs directives déjà adoptées. Et pour l’autre, il porte sur l’assistance aux administrations fiscales, a-t-on appris.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Tronçon routier Pouma-Edéa : la route infinie entre la vie et la mort

    Tronçon routier Pouma-Edéa : la route infinie entre la vie et la mort

    Au cours de chaque voyage, la grande histoire de ce segment de la Nationale N°3 est souvent dépassée par l’anecdote quotidienne.

    De tels cas sont courants entre Edéa et Pouma

    Il est amusant de constater que le magazine Culture Ébène situe respectivement Pouma et Édéa comme villes «à proximité du jardin d’Éden» et «la baie des anges». Pour un peu, on invoquerait «l’effet champagne» du classement des villes les plus belles du Cameroun. «Pouma ne vole pas son nom», vante Tonye Jean de Matha, ancien maire de la ville. «Une merveille à découvrir en compagnie d’un guide savant; c’est l’ornement et l’honneur du département de la Sanaga-Maritime», dégaine encore l’ex-édile.

    Située à une quarantaine de kilomètres de Pouma, Édéa atteste à elle seule d’un pan important du passé du Cameroun. L’implantation de la ville, tout comme son histoire ne manquent pas de piquant. En effet, s’il y a bien des localités dont l’étymologie demeure énigmatique et controversée, Édéa peut se targuer d’avoir une toponymie plutôt consensuelle chez les historiens. Ils s’accordent en effet pour dire que «la ville lumière» ne portait pas autrefois le nom qu’on lui connaît aujourd’hui, mais plutôt celui de «Idiè». «Cela rappelle l’époque de l’administration coloniale allemande», raconte Dr Albert Emmanuel Nlend, le maire actuel. Selon ce dernier, «ici à Édéa, l’eau et l’air affichent la même température: 30°C».

    Actu
    Entre Pouma et Édéa, c’est une suite de villages très plaisants, encerclés de portiques forestiers, de palmeraies opulentes et un moutonnement de petites collines verdoyantes. Entre Pouma et Édéa, c’est aussi la route: une partie de la Nationale N°3, plus connue sous l’appellation de «Axe lourd Douala-Yaoundé». Depuis des années, la grande histoire de celle-ci est dépassée par les anecdotes quotidiennes. La dernière en date fait état de plusieurs cas d’agressions sur des automobilistes. Selon des sources officielles, le mode opératoire des agresseurs consiste à lancer des pierres sur des véhicules. Nombre de professionnels en contact avec les personnes victimes de ces agressions affirment que, une fois stationnés, les véhicules sont délestés de certaines de leurs pièces importantes, pendant que les passagers sont dépouillés de leurs argents et objets de valeur. Aussi, des jeunes projettent leur subsistance dans les accidents. Selon une source sécuritaire, lorsqu’un drame survient à cet endroit de la Nationale N°3, des hordes de jeunes se rendent maîtresses de la situation en premier. «Chaque village a son équipe de secouristes. Ils font semblant d’aider les survivants, alors qu’ils les dépouillent systématiquement de tout avant d’appeler les services compétents», apprend-on. Bien plus, toujours d’après la même source, les campagnes de prévention routière régulièrement menées dans cet espace ont baissé le taux des accidents. «Alors, il y a des jeunes dans les bosquets qui ont fait le choix d’en provoquer en lançant des pierres sur les pare-brise des voitures».

    Regards
    «Quand on est d’astreinte entre Édéa et Pouma, on ne peut pas s’empêcher de se dire: pourvu qu’il ne se passe rien aujourd’hui sur ce tronçon. Et quand on est appelé, on a toujours une appréhension: on ne sait jamais qui on va trouver sur le terrain», explique un officier du détachement Alpha de la Gendarmerie nationale, en charge de la prévention routière. Il y a quelques jours, le pandore dit avoir «beaucoup ramassé» entre Édéa et Pouma. Il reste hanté par le souvenir d’un enfant de 5 ans dont les parents ont péri dans un «accident provoqué par des lanceurs de pierres». «À notre arrivée sur les lieux, sa mère était couchée sur lui, la tête sur ses genoux. Quand il nous a vus, il lui a murmuré en caressant ses cheveux: «Maman réveille-toi, les policiers sont venus nous arrêter». Le haut-gradé a le regard embrumé: «J’aurais payé n’importe quelle somme pour rendre sa maman à ce petit gamin».

    Toujours sur la bande de bitume qui relie Édéa à Pouma, «il y a aussi des miracles», rapporte le gendarme. Dans la nuit du 11 mars dernier, dans le même secteur, le conducteur d’une camionnette s’est assoupi au volant avec six personnes à bord. «Ils sont passés entre deux poids lourds avant de se retrouver dans le fossé, tous indemnes après avoir essuyé de nombreuses pierres sur le pare-brise». Pour notre premier interlocuteur, intervenir sur cette route, c’est toujours particulier: la proportion d’accidents graves y est plus élevée que sur n’importe quelle autre. Exactitude factuelle exigée, un autre officier du détachement Alpha de la Gendarmerie nationale rapporte que «depuis au moins 1988, sur une moyenne annuelle de 15 accidents survenus sur la Nationale N°3, au moins 6 ont pour théâtre le tronçon Édéa-Pouma».

    Ce n’est pas tout: le 12 juillet 2021, Jean Ernest Ngalle Bibehe, le ministre des Transports, mettait fin à l’arnaque de faux agents de son ministère, qui sévissaient entre Pouma et Édéa. Dans les mailles du Mintransports ce jour-là, une bande de jeunes flibustiers et usurpateurs en plein exercice de leurs activités: contrôle et verbalisation, des conducteurs. Disposant des dossiers réguliers ou pas, l’essentiel étant de créer un motif, pour soutirer des sous et se remplir la besace.

    Rationnel et irrationnel à la même vitesse
    Si les faits évoqués permettent de pénétrer la manière dont quelques jeunes «travaillent», des esprits réussissent à inscrire le sensible et l’irrationnel dans le quotidien de ce segment de la Route Nationale N°3. «Observez que les voitures qui assurent le transport des personnes et de leurs biens à partir des gares routières de Pouma et d’Édéa baptisés du nom de tous les saints. Ça ne vous dit rien?», s’interroge Joël Mahop. Pour une réponse, il se raconte que tous les chauffeurs (et par ailleurs fils des deux villes) savent que la violation de ce protocole représente une transgression grave qui justifie une réaction sévère des ancêtres. De fait, au-delà du concret, du mesurable, du factuel, beaucoup d’avis alignent des récits d’accidents qui se ressemblent mais survenus dans des conditions inexplicables.

    «En creux, c’est une situation qui suggère une autre approche», selon Pr Janvier Hiol Ma’a. Sans se soumettre aux préjugés et aux superstitions populaires, cet anthropologue et natif d’Ebombé (village situé entre Édéa et Pouma) accepte tout de même que les 48 kilomètres séparant les deux villes ont «l’étonnant pouvoir d’exagérer la mort et de la mettre en évidence depuis la mise en service de l’axe routier Douala-Yaoundé». Dans sa démonstration, Pr Janvier Hiol Ma’a égrène une série noire étalée entre 1990 et 2014. Au courant de cet intervalle justement, Niel Zock à Mbassa, Pr Roger Gabriel Nlep, Lieutenant-colonel Dieudonné Donfack et bien d’autres sont morts entre Édéa et Pouma. «En mai 2015, l’Onu n’a pas exagéré en parlant de segment routier le plus meurtrier au monde», soutient l’universitaire. Ce dernier, s’appropriant des témoignages de première ou de seconde main, estime que «le trajet Édéa-Pouma est devenu le lieu où se construisent chaque jour des expériences surnaturelles ayant valeur de phénomène».

    En ce sens, les accidents de la circulation qui y surviennent sont caractérisés par les effervescences corrélées de rationnel et d’irrationnel, malgré un corpus important de recherche et de données probantes (excès de vitesse, ivresse au volant, défaillance technique des véhicules, non-respect du code de la route notamment). «Pour le cas de la route qui nous intéresse, tout est à la fois diabolisé, divinisé parce que soutenu par des significations imaginaires régulées et dérégulées», soutient Sosthène Mbaka, un autre anthropologue. En effet, sous des formes diverses et variées, les récits sur ce qui se passe sur le tronçon routier Pouma-Edéa sont traversés par le thème d’ «une puissance revancharde ou en insurrection contre la profanation de sa tombe lors des travaux de construction de cette route». À ce sujet, plusieurs personnes n’hésitent pas à évoquer un certain «Mbombock de Ngwei» mort il y a plus d’un siècle et qui se révèlerait au dehors par un certain nombre de manifestations extraordinaires (les accidents mortels notamment) qui frappent d’étonnement les vivants.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Insertion et autonomisation des déplacés internes : ARREF ou la leçon  par l’exemple

    Insertion et autonomisation des déplacés internes : ARREF ou la leçon par l’exemple

    L’Association pour la réhabilitation des refugiés des jeunes et des femmes (Arref) présente les success stories pour susciter et inciter les défavorisés à saisir l’opportunité.

    Les nouvelles success stories de l’ARREF

    L’Association pour la réhabilitation des refugiés des jeunes et des femmes (Arref), fait son chemin. Depuis quatre ans, elle se déploie sur le terrain pour aider et soutenir les jeunes sexes confondus, les déplacés internes et le refugiés pour leur autonomisation. À son actif plus de 300 jeunes et femmes ont été formés, et sont opérationnels sur le terrain. La table ronde tenue ce 18 mars 2023 à Obili (Yaoundé VI), l’association fait son bilan, et présente les success stories, des personnes formées et dont aujourd’hui jouissent d’une autonomie financière. «L’idée de success stories émane du bilan pratique, palpable que nous venons faire quatre ans après notre existence. Il est question d’échanger avec les déplacés internes, jeunes et femmes que nous avons formés afin d’encourager ceux qui trainent encore le pas», précise Marthe Fioko Oloumé présidente et fondatrice de l’Arref. Pour ce faire, ils sont nombreux ces jeunes et femmes qui, aujourd’hui sont autonomes. «Je suis fière de ma formation reçue au sein de l’Arref, elle m’a sorti de l’oisiveté, et de l’ennui. Avec les formations bénéficiées je fabrique des savons liquides, le savon du gel hydroalcoolique, gel de douche, ce qui me permet de facto de les mettre sur le marché, ou de faire la vente de porte en porte», se réjouit Ernestine Mangwé commerçante. Et de poursuive: «Avec la crise dans les régions anglophones, j’ai accueilli de nombreux enfants. J’héberge 17 personnes dans la maison et les conditions devenaient difficiles, mon époux seul ne pouvait pas tenir et subvenir aux besoins et charges de la famille». Stève Pierro Cuk quant à lui, s’est formé dans la formation de l’agroalimentaire. «J’ai appris à faire des chocolat, et autres denrées alimentaires, et aujourd’hui cela me permet de ne plus dépendre de la société ou de la famille», dit-il.

    Le digital
    Toutefois, malgré la volonté et la détermination des jeunes et femmes pour l’auto-emploi, ils font face à de nombreuses difficultés. Notamment pécuniaire». J’ai des soucis financiers, puisque je tiens à augmenter la production des produits, et je souhaite avoir un espace commercial pour écouler la marchandise», se lamente Ernestine Mangwé. C’est au regard des plaintes, que le commerce en ligne leur est proposé, pour mieux faire usage du digital. Pour ce faire, des formations et en marketing digital ont été faites, les stratégies à utiliser pour booster leurs ventes sur les différents réseaux sociaux. Pour que les jeunes et femmes puissent commercialiser leurs produits pour une meilleure autonomisation, et surtout de mieux se prendre en charge. Le choix du digital entre en droite ligne du thème de la 38è journée internationale de la femme célébrée le 8 mars dernier. «Une initiative très louable qui permet aux jeunes et femmes de s’inscrire à l’ère du temps, le digital se présente aujourd’hui comme un outil d’autonomisation, et de réussite», se réjouit Yves Viang représentant du Centre multifonctionnel de promotion des jeunes (CMPJ).

    Olivier Mbessité

  • Déclaration suite à la création de la Commission franco-camerounaise pluridisciplinaire: «Le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition pour la période allant de 1945 à 1971»

    Déclaration suite à la création de la Commission franco-camerounaise pluridisciplinaire: «Le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition pour la période allant de 1945 à 1971»

    Nous avons pris connaissance par Radio France Internationale, le 3 Mars 2023, de la Déclaration de la mise en place d’une commission Franco-Camerounaise pluridisciplinaire sur «le rôle et l’engagement de la France» dans la lutte du Peuple camerounais pour son Indépendance. Nous souhaitons revenir ici au fond de l’objet de cette commission ainsi que sur sa composition.

     

    I- L’Objet de cette Commission
    – Nos constats:
    1. Nous constatons avec sidération, une fois de plus, l’attitude antipatriotique et le mutisme stupéfiant de l’Etat du Cameroun, depuis la création de cette commission, alors qu’au regard des membres, le gouvernement en est partie prenante.
    2. Cet État camerounais créé par décret n°57-501 du 16 avril 1957 portant statut du Cameroun par la France, n’a jamais rien fait ni dit sur la proclamation de l’indépendance du Cameroun non tenue par la France, depuis le 27 Août 1940 à Douala, et partant, l’extermination de plus de 200000 camerounais, dont principalement des upécistes traqués et méticuleusement massacrés de 1955 à 1971.


    3. Nous notons que la période choisie unilatéralement par la France va de 1945 à 1971.
    – La forme de la mise en œuvre de cette Commission
    4. Alors que pour nous Camerounais, le «Contentieux Historique Cameroun – France» court de 1922 à 2023.
    5. Surtout, il est fondamental de relever ici que le Cameroun n’a jamais été une colonie française.
    6. La composition de la Commission franco-camerounaise pluridisciplinaire sur «Le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition pour la période allant de 1945 à 1971».
    7. Cette dénomination prête à confusion, car elle laisse croire qu’il y avait plusieurs mouvements indépendantistes au Cameroun alors qu’il n’y avait que l’UPC.
    8. Cette «Commission Mémoire» annoncée par RFI, est désormais composée, entre autres, d’enseignants des universités camerounaises. Soit, le président Emmanuel Macron a recruté directement du personnel relevant de la fonction publique camerounaise, soit des responsables camerounais, avec l’onction du président Paul Biya, ont communiqué les noms des personnes devant siéger dans cette commission.
    II- Rappel historique
    9. Pour rappel, la France s’est invitée dans notre pays en 1916, mais nous avons circonscrit cette période de 1922 avec le Mandat de la Société Des Nations, la Tutelle des Nations Unies et l’après pseudo indépendance, ce, jusqu’en 2023 avec une date cruciale: le 27 août 1940.
    10. Lorsque la France est laminée par l’Allemagne nazie, le capitaine Leclerc arrive à Douala à la tête d’un petit groupe d’insurgés dans la nuit du 26 au 27 Août 1940. Leclerc s’octroie le grade de colonel car le plus haut gradé militaire de Douala est colonel. Ce même 27 août 1940, il proclame l’indépendance politique et économique du Cameroun.
    11. La France libre inexistante depuis l’appel de Juin du Général Charles De Gaulle à Londres, naît ainsi à Douala avec un territoire, des hommes et des moyens matériels et financiers. La proclamation de l’indépendance totale du Cameroun était inéluctable car étant sous mandat de la Société Des Nations, la France n’avait pas le droit de lever une armée de soldats camerounais.
    12. C’est à partir du Cameroun, avec son potentiel humain, ses richesses naturelles, et le soutien financier de l’Afrique équatoriale en général que la France Libre commence à faire entendre sa voix au côté des alliés. Le général de Gaulle à partir de Londres, n’avait en effet aucun combattant, ni matières premières, ni territoire national souverain.
    13. Ainsi un premier contingent de 40 000 camerounais environ, vont se porter volontaires pour l’enrôlement dans l’armée de la France libre nouvellement créée. C’est donc en citoyens libres, que plusieurs dizaines de milliers de camerounais ont versé de leur sang, participant activement à la libération de la France et de l’Europe du nazisme allemand.
    14. En 1945, alors que les soldats et nationalistes camerounais revenus de la guerre réclament l’application effective de l’indépendance, le général Charles de Gaulle décide de devenir amnésique. En lieu et place du respect de l’indépendance proclamée le 27 août 1940, la France décide de répondre par un début de répression meurtrière et brutale contre les populations dans leurs droits légitimes et fondamentaux.
    15. En 1948, face à cette duperie criminelle du général de Gaulle et de son gouvernement, les nationalistes camerounais décident de créer l’Union des Populations du Cameroun, « UPC », pour se donner des moyens légitimes de faire appliquer cette indépendance proclamée le 27 août 1940.
    16. Alors que la France avait pour mandat de nous amener à l’indépendance totale, elle va plutôt s’octroyer des droits criminels sous le pieux nom de « Opération de Maintien de l’Ordre », avec les massacres des nationalistes ayant participé à cette guerre, et qui ont formé l’épine dorsale de la résistance armée Upéciste. Aussi ne pas tenir compte de la participation de nos parents dans cette guerre d’avant 1945, c’est aussi faire abstraction de la genèse de la création de l’Union des populations du Cameroun, suite aux promesses non tenues et à l’abominable mensonge du général de Gaulle.
    17. En omettant ainsi cette période cruciale pour nos deux pays, la France fait montre aujourd’hui de mépris, d’ingratitude, de mauvaise foi et de cruauté vis-à-vis du peuple camerounais, avec la non-reconnaissance de la participation de nos parents dans cette guerre.
    18- Sur un autre plan, à la veille de la pseudo indépendance, la France avait signé avec les dirigeants camerounais des accords secrets, qui octroyaient à la France des privilèges incommensurables au détriment du peuple camerounais jusqu’en 2022. Ces accords n’ont pu être appliqués que grâce à la complicité des deux régimes politiques successifs camerounais. Les Camerounais ont le droit de savoir ce qu’il en retourne exactement.

    III-Nos propositions:
    19. Nous réitérons que la principale préoccupation de l’heure dans notre pays est la fin de la guerre fratricide au Cameroun Occidental, avec la «Résolution du Contentieux Historique National», créée par la France et ses collaborateurs camerounais dans cette partie du territoire national.
    20. La France et l’Etat du Cameroun doivent assumer la désastreuse conséquence de la pernicieuse «Conférence de Foumban» de 1961 et de l’inique «Référendum du 20 Mai 1972».
    21. Nous affirmons que la création de cette Commission en l’ état est une reconnaissance implicite et publique, que la France a agi en dehors du Droit International au Cameroun, territoire qui n’a jamais été sa colonie.
    22. La création de cette Commission en l’état actuel risque d’apparaître comme une vaine tentative de la France, ayant pour objectif de ne pas perdre sa mainmise sur le Cameroun, au moment où elle perd du terrain un peu partout sur les pays dits francophones du continent.

    Conclusion
    En conclusion, nous demandons au Peuple camerounais, aux Patriotes en général, de rester unis et vigilants quant aux réelles motivations de cette «Commission», et de continuer par nous-mêmes de nous doter de moyens pour atteindre notre objectif principal qui est la Résolution du Contentieux Historique Cameroun-France.
    EN LIEU ET PLACE D’UNE AUTONOMIE, LE CAMEROUN DOIT DEVENIR ENFIN UN ÉTAT INDÉPENDANT ET SOUVERAIN.

    Yaoundé le 10 Mars 2023

    Daniel YAGNYE TOM
    Représentant spécial de l’UPC en Afrique Australe et Centrale, Président de l’Alliance Patriotique

    Marie-Louise Eteki-Otabela
    Pour La Diaspora Africaine pour l’Alternative politique au Cameroun
    Co-Présidente de la Coordination des Forces Alternatives

    Pr. Jean Bahebeg
    Dirigeant upeciste
    Leader des fondamentalistes réformateurs

    Dikoume Mbondjo
    Vice-Président de l’Alliance Patriotique

    Jules Fogue
    Vice-Président de l’Alliance Patriotique

    Pouhè Pouhè
    Membre du Bureau Politique de l’Alliance Patriotique

    Paul Ndjama
    Secrétaire à l’organisation de l’UPC-AP

    Theophile Bong
    Membre du Bureau Politique de l’Alliance Patriotique

    Serge Banyongen
    Membre du Bureau Politique de l’AP, Conseiller

    NGASSA HAPPY LEWE
    Membre du Bureau Politique de l’AP

    Xavier Billong
    Dirigeant de l’Alliance Patriotique

     

  • Dans la Sanaga-Maritime : des plantations sous l’emprise des colonnes de feu

    Dans la Sanaga-Maritime : des plantations sous l’emprise des colonnes de feu

    À l’échelle du département, des exploitations agricoles sont décimées par des flammes.

    L’expérience ne suffit pas toujours à venir à bout de la fureur des flammes

    La saison pluvieuse présente des signes de sa venue. Les cultivateurs se préparent d’ores et déjà aux semis. Par-ci, par-là, l’on en aperçoit qui procèdent au désherbage. Les plus rapides ont déjà brûlé les herbes sèches et labourent la terre. La technique d’écobuage privilégiée par les agriculteurs n’est pas sans danger. Résultats: les cas d’incendie se multiplient dans les plantations. La région du Littoral en enregistre déjà plusieurs. Une plantation de cacaoyère de deux hectares est partie en fumée vendredi au village Sakbayeme, dans le département de la Sanaga-Maritime. Le sinistre est survenu par l’action d’un quinquagénaire. «Le monsieur a mis le feu. Il voulait mettre la propreté dans un champ d’un demi-hectare environ. Il n’a pas su contrôler son feu et les flammes ont traversé la piste pour entrer dans la cacaoyère d’à côté. On n’a rien pu faire, c’était très rapide», rapporte Christian Masonol.

    Des exemples de ce genre, l’autochtone du village peut en évoquer une dizaine. Tant des incidents similaires surviennent ces dernières semaines. «Ici derrière la maison, une femme nettoyait sa nouvelle plantation qui est limitrophe de sa bananeraie. Le feu a traversé et brûlé toute la plantation d’un hectare», ajoute-t-il.

    Missolé II, à quelque 130 kilomètres de Sakbayeme. Louise Ngo Tonye est aux abois après l’incendie d’un hectare de jeunes palmiers et la perte d’une trentaine de palmiers adultes. «La plupart ont totalement brûlé, il n’y a plus rien à faire. Mais les autres vont pousser, avec beaucoup de retard et de soins cependant. Mais quand je le regarde, le jeune homme-là peut me donner quoi? Il a quoi? J’ai demandé qu’il achète les engrais, il vient me donner je vais commencer à pulvériser dès que les pluies arrivent», raconte-t-elle. Sans décolérer, la sexagénaire impute la faute à des recrutements hasardeux. «Certaines personnes qui sont en ville recrutent n’importe qui ici au village pour apprêter leur champs et souvent, ce sont des jeunes qui manquent d’expérience. On ne peut pas s’en sortir comme ça. J’avais déjà eu un problème comme ça il y a de cela deux ans», déplore-t-elle.

    Saison sèche et puissance du vent
    La saison sèche bat son plein dans la région du Littoral. Les affres se font ressentir sur les éléments de la nature. Les cours d’eau tarissent l’un après l’autre ou perdent en affluence. De quoi rendre difficile toute intervention des populations en cas de sinistre. Cet élément est combiné à l’action des vents, abondants en saison sèche. «Généralement tout se passe la nuit. Le vent porte les brindilles encore en feu et les propage aux alentours. C’est ce qui cause souvent les incendies dans les plantations», explique M. Monthe, exploitant agricole au PK 20, non loin de Douala.

    Chacun y va à sa manière
    «Actuellement, il est préférable d’allumer le feu le matin, un peu après 8h, comme ça il n’y a pas de problèmes. Si tu allumes le feu dans l’après-midi, même si tu as l’impression que tout a brûlé, le vent va raviver le feu pendant la soirée et la nuit, et là, tu peux t’attendre à des problèmes», explique Louise Ngo Tonye.

    Christian Masonol se prépare à procéder à l’écobuage sur sa parcelle. Sa technique est définie à l’avance. «La meilleure technique consiste à allumer à partir des limites du terrain parce que le feu ne démarre jamais fort, il grandit au fur et à mesure qu’il progresse. Les flammes vont se rejoindre pour former un cercle et ça va se diriger vers le milieu». Pour la petite saison pluvieuse (mars-juin) en attente, il ambitionne de mettre en terre sa pépinière de piment.

    Louise Nsana

  • FIAC 2023 : L’armée camerounaise va «mettre le feu»!

    FIAC 2023 : L’armée camerounaise va «mettre le feu»!

    A un mois de l’ouverture de la Foire internationale des affaires et du commerce, les visites guidées se multiplient sur le site de l’événement au profit des entreprises et institutions ayant confirmé leur participation.

    Des chapiteaux de l’armée camerounaise

    Ce vendredi 03 mars 2023 est très bousculé au Parcours Vita de Bonamoussadi à Douala. Et pour cause, les exposants confirmés et pressentis sont de plus en plus nombreux sur le site d’exposition de la FIAC 2023, à l’effet de choisir l’emplacement de leur stand. Parmi les visiteurs remarqués de ce vendredi, il y a entre autres les entreprises Sofavin, Sotrabus et le ministère camerounais de la Défense. Les deux futurs exposants se voient grand dans le cadre de leur déploiement à la FIAC 2023. Sofavin, par exemple, en plus de son stand de 100m2, se propose d’avoir des points commerciaux éclatés sur l’ensemble du site à environ 35.000 mètres carrés. L’entreprise Sotrabus met des navettes à la disposition du public pour faciliter la visite du site étendue sur 3 km.

    L’armée camerounaise, quant à elle, occupera au moins 4000 m2 de surface. La délégation du ministère de la défense (Mindef), conduite par le chef de division de la communication, le colonel Cyrille Serge Atonfack Guemo, prépare un « show comme jamais organisé » dans la ville de Douala, pour parvenir au lien Armée – Nation. Les Forces de défense et de sécurité comptent y installer toutes les caractéristiques de l’armée camerounaise. « L’armée viendra au contact de la population de Douala dans le cadre du concept Armée-nation », confirme Cyrille Serge Atonfack Guemo. « Vous savez, l’armée à elle seule fait toute la FIAC », ajoute-t-il en souriant. Parmi les attractions annoncées, il y a un centre médical complet, des animations diverses,

    PME, Made in Cameroon…
    D’autres pavillons non moins intéressants ont dévoilé leurs espaces et leurs contenus au cours de la visite guidée du vendredi dernier conduite par le directeur du site. A en croire Olivier Essomba, « Nous avons déjà commencé à monter la grande tente de cirque, sur une superficie de 1200 m2. C’est une tente qui a été installée sur un terrain de football que nous avons doublement agrandi. Là, nous aurons la gastronomie et le grand podium pour les soirées culturelles de la FIAC. A côté de cette grande tente, nous installons des modules de 25 m2, 9 m2 et 100 m2». La visite guidée permet également de découvrir les zones réservées aux PME du made in Cameroun, à la bourse de l’emploi du Fonds national de l’emploi et aux restaurants.

    Pavillon santé
    La visite guidée s’achève par le pavillon santé. L’espace est dédié à tout ce qui touche à la santé sous le prisme économique et commercial. «À côté du ministère de la santé, nous allons retrouver tous les acteurs du privé : les laboratoires, les cliniques, les hôpitaux, les fabricants de matériel médical. Tout ce qui concourt à la santé et au bien-être de la population camerounaise. Ici, on aura des zones d’exposition, de dépistage, d’information par rapport aux vaccinations. La population peut venir dans cet espace prendre des informations concernant leur santé, la prévention. Il y aura également du divertissement, de la gastronomie, le tout tourné vers le bien-être», détaille Melanie Wabo.

    Le site a encore des espaces pour accueillir des entreprises. « Nous attendons environ 600 entreprises. Il y a des espaces de 9 m2, 25 m2, 50 m2, 100 m2, climatisés et non climatisés», explique le directeur du site. Pour Pierre Zumback, président de la Fondation internationale Inter-progress, organisateur mandaté de l’événement, des retardataires perturbent la bonne préparation de la FIAC 2023. Les raisons ? Beaucoup d’entreprises ont fortement et financièrement souffert du Covid-19 et ont encore des effets sur les économies de la guerre russo-ukrainienne. Aussi, les entreprises décident moins vite qu’avant. Pourtant, la FIAC est une opportunité pour ces entreprises de guérir d’une bonne partie de leurs difficultés commerciales. Les participants doivent donc se dépêcher de s’inscrire.

    Bobo Ousmanou et Diane Kenfack

  • Affaire Martinez Zogo : le procès peut s’ouvrir

    Affaire Martinez Zogo : le procès peut s’ouvrir

    L’enrôlement du dossier pour filature, enlèvement et torture du journaliste d’Amplitude FM est attendu après l’inculpation de Jean Pierre Amougou Belinga, Justin Danwe et Léopold Maxime Eko Eko.

     

    Les portes de la Prison centrale de Yaoundé se sont refermées ce 4 mars 2023 sur des têtes de proue du clan Belinga. L’incarcération de Jean Pierre Amougou Belinga, Maxime Eko Eko et Justin Danwe ouvre la voie à des débats de fond sur le rôle de ces personnes dans les évènements ayant conduit à la mort du journaliste Martinez Zogo.

    Ce polar à la camerounaise met à la barre le véhément homme d’affaires Jean Pierre Amougou pour «complicité de torture avec aide». Ses co-détenus doivent pour leur part répondre des chefs d’accusation de «filature», «enlèvement» et «torture».
    Le parton du média Vision 4 était suspecté depuis la découverte de la dépouille mutilée de Martinez Zogo d’être le commanditaire de ses malheurs. Les conjectures basées sur les révélations du disparu autour des malversations financières supposées de Jean Pierre Amougou Belinga ; ont pris une toute autre tournure au fil de l’enquête commandée par la présidence de la République le 27 janvier dernier.

    Des nouvelles parvenues sur la scène publiques pointent du doigt l’impact des révélations du colonel Justin Danwe sur l’évolution de l’enquête menée par une commission mixte gendarmerie-police. Ces accusations sont désormais formelles. Il aura fallu deux compléments d’enquêtes et 26 jours de garde à vue au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed) pour y parvenir. Aucune évocation sur le motif d’assassinat ne ressort cependant de l’acte pris samedi par le commissaire du gouvernement Cerlin Belinga.

    D’autres personnes indexées dans ce thriller sont purement relaxées à l’instar du colonel Etoundi Nsoé; à l’exception de Bruno Bidjang, le directeur général du groupe l’Anecdote. Ce dernier comparaitra libre.

    Louise Nsana

  • À la périphérie de Yaoundé : CMGT, forte valeur ajoutée médicale

    À la périphérie de Yaoundé : CMGT, forte valeur ajoutée médicale

    Situé à Ntoun (arrondissement de Bikok, dans la Mefou-et-Akono), le Centre médical Dr Gnipieven Tekombo (CMGT) allie efficacité, technique et accessibilité en matière d’offre sanitaire.

    Coupure du ruban par l’ambassadeur
    de Suisse au Cameroun

    L’établissement flambant neuf est constitué d’un bâtiment (R+1) avec un plateau technique de pointe. Ici, un bloc opératoire de dernière génération avec un lit d’opération permettant d’accéder à toutes les parties du corps humain. Là, une maternité hautement équipée. À côté, une pharmacie bien achalandée; un laboratoire high-tech et un espace de bactériologie. De manière permanente, deux médecins généralistes sont au service des malades. Pour le transport des malades, le CMGT dispose d’une ambulance revendiquant toutes les commodités technologiques de dernière génération. Côté hospitalisation, 7 lits haut-standing ornent les chambres, «pour le moment», selon Dr Gnipieven Tekombo, le promoteur.

    Bénéfices
    Tel qu’il est conçu, le CMGT est un outil de santé publique de haut niveau, autorisant une prise en charge transversale des malades. «Mis sur pied en partenariat avec les facultés de médecine des universités de Genève et de Bâle, c’est à la fois une unité des soins d’urgence, des soins hautement spécialisés, un lieu de de recherche grâce à des plateaux techniques les plus lourds et un lieu d’exercice des équipes soignantes les plus prestigieuses», vante Gnipieven Tekombo. Et dans un contexte économique très contraint, et surtout face à l’ardent souci de se soigner «sur place», c’est une véritable bouffée d’oxygène pour les populations. Elles ne parcourront plus des dizaines de kilomètres pour se rendre dans une structure appropriée. Pour Ahang, notable et représentant du chef de Ntoun, «cet hôpital va désenclaver la zone partant de d’Essazok jusqu’à Odza. Il fallait parcourir plusieurs kilomètres pour se rendre à l’hôpital de district d’Odza». Et de se féliciter: «Aujourd’hui, entrer au Centre médical Dr Gnipieven Tekombo nous donne beaucoup de garanties». Le constat est le même pour Marie Ngono. La riveraine dit ne plus avoir de problème pour se faire suivre. La maman compte s’abonner dans cette structure afin d’avoir des soins appropriés.

    Lors de l’inauguration de la structure le 22 février dernier, S.E. Martin Strub (ambassadeur de Suisse au Cameroun) a présenté le CMGT sous l’angle de «l’introduction d’un nouveau paradigme sanitaire en zone semi-urbaine [ …] Je suis content que mon pays a pu faire une petite contribution pour améliorer la santé pour ce village et ses environs. Je suis sûr que cette bonne coopération entre nos deux pays continuera aussi dans l’avenir», a déclaré le diplomate dans son allocution.

    André Gromyko Balla

  • Pour les orphelins et les déshérités : le soleil se lève en Suisse et au Cameroun

    Pour les orphelins et les déshérités : le soleil se lève en Suisse et au Cameroun

    À la découverte de l’association dénommée «Enfant du soleil».

    Les promoteurs aux côtés des orphelins à Nkoabang

    «Enfant du soleil» est née 2018 à Delémont en Suisse. La branche camerounaise de cette association existe formellement à Yaoundé depuis le dernier trimestre 2022. C’est à cette période en effet que «Enfant du soleil» se fait également remarquer par ses premières œuvres humanitaires en terre camerounaise. Selon son président fondateur, Jordan Barthelemy Ondoua Ayina, résidant en Suisse, le choix pour sa terre natale n’est pas fortuit. «Il est question de donner les armes aux jeunes orphelins en détresse pour leur autoréalisation. Conscient des difficultés que les orphelins vivent au quotidien, nous, à travers l’association, travaillons à illuminer leur vie». Et d’ajouter: «à cet effet, nous essayons de leur faire comprendre qu’en investissant sur leurs propres capacités ou potentialités, ils sont capables de faire de grandes choses. Il s’agit de leur faire comprendre en réalité que la vraie richesse renvoie à ce triptyque: «bonne santé, les relations interpersonnelles, la liberté d’expression ou échange d’idées», poursuit-il. L’association mène dans cette optique une kyrielle d’activités dans la culture, l’art urbain, le vivre ensemble, la paix et le sport. «Il s’agit d’une association aux missions pluridimensionnelles, qui au fond visent l’intégration nationale et le renforcement du tissu social entre les jeunes», précise Bienvenu Gabriel Ottou Ottou, représentant au Cameroun de l’association Enfant du soleil. En dehors de ces actions, l’association se focalise aussi sur l’humanitaire en faveur des couches vulnérables, à l’instar des enfants. Cela trouve son fondement dans le fait que «c’est à travers les enfants que naissent l’estime et l’espoir d’un peuple. C’est une couche sociale que l’on doit beaucoup protéger, parce qu’elle est la lumière du monde», martèle-t-il.

    Actions
    Selon Bienvenu Gabriel Ottou Ottou, l’association s’est déployée dans un orphelinat le 26 novembre 2022. «Dans la praxis, pour bien mener nos actions, nous avons recensé les orphelinats dans la ville de Yaoundé. Et nous nous sommes rendu compte que la Maison des enfants en détresse de NKoabang est plus nécessiteuse et démunie que le reste. Avec l’assentiment du sous-préfet de Nkolafamba, nous avons fait des dons alimentaires et vestimentaires, puisque nous étions à l’approche des fêtes de fin d’année. Et à cela, nous avons également ajouté des boites à pharmacie pour les premières interventions dans le cas des maladies infantiles», énumère le représentant de l’association Enfant du soleil. Pour plus d’efficacité et surtout à l’ère de la décentralisation, «nous avons signé le partenariat avec la mairie de Yaoundé V à Essos. Par ce partenariat, Enfant du soleil est inscrit dans le registre des associations reconnue par la mairie de Yaoundé 5. Le maire de ladite commune, Augustin Balla, a marqué son accord de principe. Et le conseil municipal à son tour a validé le partenariat», se réjouit le représentant de l’Association Enfant du soleil au Cameroun. L’objectif de ce partenariat avec la mairie est de toucher la cible, puisqu’elle est en contact direct avec les populations parmi lesquelles la jeunesse, les veuves et les personnes à motricité réduite. En plus, «nous voulons créer un jumelage, une fusion entre la mairie de Yaoundé et celle de Delémont en Suisse pour l’atteinte de ces objectifs», révèle-t-il.

    SOS
    D’après son représentant local, l’association Enfant du soleil, encore à ses débuts, rencontre des difficultés financières. L’impécuniosité plombe les actions, car selon le constat sur le terrain, les orphelinats ont des besoins énormes. «Pour le moment, ce sont les membres de l’association qui contribuent avec des dons. Il y a également l’apport du président fondateur de l’association. Nous lançons à cet effet un SOS auprès du gouvernement camerounais, des bienfaiteurs, des sponsors tels que les sociétés étatiques pour appuyer l’association. En attendant des apports venant des personnes de bonne volonté, nous souhaitons avoir notre propre source de revenus. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé une parcelle de terrain de deux hectares, qui va servir de champ de cultures vivrières et à l’élevage des volailles, pour venir en aide aux différents orphelinats. Tout ceci devra contribuer au bien-être des enfants», conclut Bienvenu Gabriel Ottou Ottou.

    Olivier Mbessité

     

    Bienvenu Gabriel Ottou Ottou

    Main tendue vers les pouvoirs publics et des bienfaiteurs

    Pour le représentant local de l’Association Enfants du Soleil au Cameroun, la taille de l’institution est appelée à grandir malgré les difficultés.

     

    Quelle stratégie envisagez-vous pour dupliquer les sièges dans les autres villes du Cameroun et au-delà de nos frontières?
    En ce qui concerne l’extension de l’Association Enfants du Soleil, nous avons justement l’ambition d’installer les antennes dans les différentes villes du pays, et à l’avenir dans les pays de l’Afrique centrale. Voilà les perspectives de l’association dans les jours à venir pour plus de visibilité.

    L’association s’est mobilisée sur le terrain en fin d’année 2022 dans les centres d’orphelinats. Quelles sont les difficultés rencontrées?
    Nous sommes descendus sur le terrain offrir des dons à la Maison des enfants en détresse de Nkoabang. Ceci avec l’approbation du sous-préfet de Nkolafamba. Les difficultés, elles sont nombreuses. À savoir le financement, puisque nous n’avons pas de budget pour mener à bon port toutes nos actions sur le terrain. Et nous avons contacté un donateur pour le champ. Nous sommes en train de vouloir le rentabiliser via l’agriculture, l’élevage, la pisciculture. Dans l’optique de venir en aide aux enfants. Pas seulement ceux de Nkoabang, mais aussi dans tous les orphelinats où les besoins se posent avec acuité.

    Pour plus d’efficacité, quelles sont vos attentes vis-à-vis des pouvoirs publics?
    Vous savez, en tant que jeune association, nous attendons énormément des pouvoirs publics, des bienfaiteurs, des sociétés parapubliques et des âmes de bonne volonté, aux niveaux national et international. Notre souhait est de mieux nous mouvoir sur le terrain. Ceci n’est possible que grâce aux soutiens multiformes venant de l’intérieur du pays ou de l’extérieur. Nous attendons beaucoup du gouvernement, par exemple la diligence de certains dossiers. En l’occurrence la demande que nous avons introduite au niveau du ministère de l’Administration territoriale pour donner à l’association le statut à caractère international, parce que l’association est basée en Suisse et nous constituons la base au Cameroun. Dans la même veine, le président fondateur a introduit une requête auprès de l’ambassade du Cameroun en Suisse. Nous souhaitons travailler en collaboration avec les autres associations pour le meilleur épanouissement des enfants au Cameroun et en Suisse.

    Propos recueillis par
    Olivier Mbessité

  • Les fouilles sous-marines du Saint Géran

    Les fouilles sous-marines du Saint Géran

    Parti de Lorient, le Saint Géran, lourd vaisseau de la Compagnie des Indes, attendu par le gouverneur Mahé de La Bourdonnais, arrive en vue de l’Isle de France (Maurice). Dans la nuit du 16 au 17 août 1744, drossé sur les brisants de l’ilot d’Ambre il fait naufrage. De nombreux noyés dont plusieurs femmes sont à déplorer… Lors de son séjour dans l’île quelques années plus tard, Bernardin de SaintPierre s’empare de ce drame pour écrire « Paul et Virginie », son roman à succès en 1778.
    En 2022, « la mission Saint Géran » pluridisciplinaire met en commun les moyens : du CHAM Centre de recherche spécialisé dans l’histoire d’OutreMer de l’université de Lisbonne; le département de géophysique et le laboratoire de Geociencias, de l’université de Aveiro; le Département de biologie marine de The University of Mauritius et bénéficie de l’expertise de deux d’analystes de l’imagerie satellitaire venus de Californie et d’Italie, et de la firme More Lda de Coimbra. 

    Avec JeanYves Blot, les équipes de scientifiques réalisent un travail remarquable en archéologie sousmarine sur une côte hostile où sont éparpillés les vestiges du Saint GéranA l’occasion d’une prochaine conférence, JeanYves Blot, archéologue sousmarin, qui a déjà exploré les restes de cette épave par le passé, présentera les résultats de cette mission, illustrés par les photos aériennes et photogrammétriques d’André Ferreira; les séquences vidéo sousmarines de Yann von Arnim et d’Alexandre Fortunato; ainsi que les clichés satellitaires de haute résolution du nordest de la côte de l’île Maurice par l’Agence Spatiale Européenne. 

    Ce déploiement de compétences et de moyens contribuent à élaborer un statut durable pour ces lieux d’histoire, patrimoine de la République de Maurice, patrimoine Mondial. La conférence « les fouilles sousmarines du SaintGéran » est organisée le mardi 28 mars 2023 à 18 heures par les Amis de Mahé de La Bourdonnais en partenariat avec la mairie du 7eme arrondissement de Paris.

    Kevin LOGNONÉ

  • Protection de la faune et sensibilisation : Camrail, l’Ong wildaid et JC Decaux main dans la main

    Protection de la faune et sensibilisation : Camrail, l’Ong wildaid et JC Decaux main dans la main

    Dans l’optique de toucher un large public, les trois entités lancent la diffusion dans les trains de courts métrages sur la préservation des espèces animales menacées par le braconnage au Cameroun.

     

    L’entreprise Camrail, concessionnaire du chemin de fer au Cameroun, et son partenaire publicitaire JCDecaux s’impliquent dans la préservation et la protection de la faune, par la diffusion dans les trains voyageurs de courts métrages depuis le 18 février dernier. Ils sont réalisés par l’organisation internationale wildaid spécialisée dans la préservation des espèces protégées. Selon le communiqué de presse parvenu à la rédaction, ces productions audiovisuelles baptisées «les héros méconnus de la protection de la nature» seront diffusées pendant cinq mois à bord du Train Express reliant les villes de Douala et Yaoundé. Soucieux de la protection des espèces protégées menacées par le braconnage, la représentante francophone de wildaid en Afrique centrale déclare: «si nous ne protégeons pas les animaux sauvages comme le pangolin qui protège nos forêts et nos sols, nous ne nuisons pas seulement à notre environnement, nous risquons également de perdre notre identité, car chaque créature vivante que l’on trouve au Cameroun fait partie de sa culture et de ses traditions.

    Nous devons vraiment prendre conscience de tout ce que nous pourrions perdre si les pangolins disparaissent». Ainsi, dans le cadre d’un mémorandum d’entente signé avec le ministre de l’Environnement et de la Protection de la nature depuis 2005, Camrail mène de nombreuses initiatives en faveur de la protection de la faune et de la flore. L’entreprise a notamment interdit le transport des espèces protégées dans les trains. L’entreprise veille à ce titre au contrôle strict des bagages sur l’ensemble de son réseau et contribue ainsi «à lutter contre le braconnage et le trafic des dites espèces». «La participation de Camrail à cette campagne de sensibilisation confirme notre détermination à contribuer à la protection de la faune et de la flore du Cameroun. Je salue la collaboration continue avec les administrations et les Ong qui nous accompagnent dans le cadre de notre programme environnemental et social», souligne Pascal Miny, directeur général de Camrail.

    In fine, les multiples opérations de sensibilisation des populations riveraines des 168 villages traversés par le rail, participent à leur prise de conscience, à l’amélioration de leurs connaissances sur les changements climatiques, et à la mesure de l’importance des aires protégées dans leur résilience face à ces changements.

    Olivier Mbessité

  • Santé: le Centre médical Dr Gnipieven Tekombo ouvre ses portes à Ntoun

    Santé: le Centre médical Dr Gnipieven Tekombo ouvre ses portes à Ntoun

    Il est situé tout près de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen et du complexe MUNDI. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée ce 22 février 2022 en présence de l’ambassadeur de Suisse au Cameroun.

     

     

    C’est un véritable joyau architectural et médical que le Dr. Gnipieven Tekombo, en partenariat avec les facultés de médecine des universités de Genève et de Bâle, met à la disposition des populations de Ntoun dans l’arrondissement de Bikok dans la Mefou-et-Akono. Jusqu’ici, il fallait parcourir plusieurs kilomètres pour pouvoir se faire soigner. Désormais, ces difficultés ne sont plus qu’un lointain souvenir pour les populations de Ntoun et ses environs. Le Centre médical Dr Gnipieven Tekombo (CMGT) est le fruit d’un long processus. Il leur offre depuis ce 22 février 2023 des soins appropriés, parce qu’il est l’un des meilleurs centres de santé de la capitale camerounaise et ses environs. «Ce centre de santé est doté d’un plateau technique de dernière génération. Nous sommes prêts à vous accueillir à tout moment», voilà le maitre-mot de Dr. Gnipieven Tekombo, promoteur du CMGT, lors de l’ouverture de ladite structure. En présence de l’ambassadeur de Suisse au Cameroun. La cérémonie d’ouverture a en effet constitué une occasion pour S.E. Martin Strub, de démontrer que son pays est toujours plus proche des populations. «Je suis contant que mon pays a pu faire une petite contribution pour améliorer la santé pour ce village et ses environs. Je suis sûr que cette bonne coopération entre nos deux pays continuera aussi dans l’avenir», a déclaré le diplomate dans son allocution.

     

    Côté jardin

    L’établissement flambant neuf est constitué d’un bâtiment (R+1) avec un plateau technique de pointe. Ici, l’on a un bloc opératoire de dernière génération avec un lit d’opération permettant de pouvoir opérer toutes les parties du corps. Côté imagerie, il existe une coopération entre les chercheurs camerounais et allemands. Ceci pour assurer le meilleur fonctionnement de l’appareil de radiologie. Une précision, l’outil a été tropicalisé par ces chercheurs. Il n’est dès lors pas nécessaire de faire recours à l’extérieur pour solliciter des techniciens ou pour obtenir des pièces en cas de pannes. Tout a été fait pour que les pièces en question puissent être trouvées localement. Lors de la visite guidée, le Dr Gnipieven Tekombo assure que «l’image produite par ces appareils n’a rien à envier à celle des grandes marques».

    La structure sanitaire est par ailleurs équipée de tout le nécessaire concernant l’accouchement, y compris les lits pour les bébés prématurés. Côté hospitalisation, le centre médical a pour le moment une capacité de 7 lits haut-standing. Ces derniers ont de multiples fonctions. De telle sorte qu’il n’est pas non plus besoin de déplacer le patient d’un endroit à un autre. Tout est fait sur place et sans gêner les autres patients.  Dans la même structure, on trouve une pharmacie bien achalandée, un laboratoire Hi-Tech, ainsi qu’un espace de bactériologie. De manière permanente, l’on compte deux médecins généralistes à la disposition des malades. Sans oublier l’ambulance flambant neuve dotée de dernières technologies contenant un bloc de travail.

     

    Populations

    Pour les populations, c’est une véritable bouffée d’oxygène pour les populations. Ils ne parcourront plus des dizaines de kilomètres pour se rendre dans une structure appropriée. Pour Ahang, notable et représentant du chef de Ntoun lors de la cérémonie, «cet hôpital va désenclaver la zone partant de d’Esazok jusqu’à Odza. Il fallait parcourir plusieurs kilomètres pour se rendre à l’hôpital de district d’Odza». Il tient à préciser que dans les environs, «seuls les petits centres de santé privés sans médecins existaient. Aujourd’hui, entrer au Centre médical Dr Gnipieven Tekombo nous donne beaucoup de garanties», se félicite l’autorité traditionnelle. C’est le même constat pour Marie Ngono. La riveraine dit ne plus avoir de problème pour se faire suivre. La maman compte s’abonner dans cette structure afin d’avoir des soins appropriés.

    André Gromyko Balla

  • Renforcement des capacités : outiller les journalistes à la transparence des finances publiques

    Renforcement des capacités : outiller les journalistes à la transparence des finances publiques

    La section camerounaise de l’Union internationale de la presse francophone et l’Institut des hautes études sur la Gouvernance Territoriale et la Décentralisation préparent trois ateliers régionaux de formation des professionnels de médias. Le chronogramme et les contenus de la formation validés le 17 février 2023 à Yaoundé.

    Session très courue ce 17 février

    Martinez Zogo, de regrettée mémoire, a fait de la bonne gouvernance des ressources publiques son cheval de bataille. Il dénonçait à tout – va les prévaricateurs de la fortune publique. Son assassinat monstrueux montre la pertinence de son combat et surtout l’urgence de continuer dans la même lancée avec professionnalisme. Pour Yvonne Eloundou, vice-présidente en charge de la déontologie à la section camerounaise de l’UPF, «notre objectif n’est pas de devenir des économistes experts en Finances publiques, mais nous avons besoin de renforcer nos capacités, d’apprivoiser toutes ces notions que nous manipulons au quotidien sans toujours en dégager la quintessence ou la différence: PIB, PNB, Balance Commerciale, Balance de paiement, Emprunt Obligataire, Titrisation…» Au fond, il est question de changement de paradigme en adoptant des bonnes pratiques professionnelles dans la recherche, le traitement et la diffusion de la bonne information en matière de gestion des finances publiques. Selon Yvonne Eloundou, «l’espace est envahi par une cohorte de spécialistes en tout, et experts en rien, qui profitent du vide et du silence laissé par ceux qui maitrisent».

    L’UPF et HEGTD main dans la main
    Pour bien outiller ses membres répartis sur l’ensemble du territoire national, la section camerounaise de l’UPF se lie de partenariat avec le HEGTD. Une coopération étroite entre experts financiers et journalistes. Afin de maitriser les instruments et les nouveaux paradigmes de pilotages de la performance des finances publique au Cameroun. Plus spécifiquement, la formation portera entre autres sur la maitrise du code de transparence et la loi de finances 2023, le contrôle-citoyen et la participation citoyenne au processus de transparence des finances publiques.

    Le changement de paradigme souhaité par l’UPF- Cameroun se fera au moyen de trois ateliers régionaux de formation: Centre- Sud-Est à Yaoundé ; Littoral, Sud-Ouest, Nord-Ouest et Ouest à Douala ; Adamaoua, Nord et Extrême-Nord à Garoua. Plus précisément, trois dates sont à retenir pour ces formations. Yaoundé – Mbankomo du 3 au 4 mai. Douala du 1er au 2 juin. Garoua du 6 au 7 juillet 2023. Il faut également noter que seul 60 professionnels des médias sont sélectionnés par atelier sous la houlette de l’UPF – Cameroun.

    André Gromyko Balla

  • Réduction du chômage en milieu jeune : L’entrepreneuriat ne fascine pas la jeunesse

    Réduction du chômage en milieu jeune : L’entrepreneuriat ne fascine pas la jeunesse

    Malgré le taux élevé de chômage en milieu jeune, ils sont très nombreux dont le fantasme est l’admission aux concours administratifs pour réussir leur vie.

     

    La 57ème édition de la fête de la Jeunesse s’est déroulée avec faste et solennité sur toute l’étendue du territoire. Cette année, l’on a noté la forte mobilisation des petites et moyennes entreprises (PME) et les Très petites entreprises (TPE) à l’esplanade de l’hôtel de ville de Yaoundé mué en village jeunesse. L’objectif est de promouvoir l’entrepreneuriat en milieu jeune. Ces PME et TPE sont là dans une logique de changement de paradigme, afin d’amener les jeunes à oser, à créer leur propre structure pour s’autonomiser. «Sachant que l’épineux problème des jeunes est celui de l’emploi, notre présence ici est de présenter à la jeunesse les bienfaits de l’entrepreneuriat pour leur permettre de s’auto-employeur après leurs études», fait savoir Irène Ndogmo, promotrice d’une petite entreprise qui excelle dans la pharmacopée, l’agroalimentaire et la cosmétique. Et d’ajouter : « Nous voulons à travers notre présence changer la mentalité des jeunes qui aspirent tous à travailler à la Fonction publique. J’ai 24 ans et j’ai une licence en comptabilité et gestion. L’entrepreneuriat est une passion. J’ai lancé le produit pendant la période Covid-19 pour pallier le problème de grippe. J’ai également fait des formations en amont», explique-t-elle.

    Faible adhésion
    En dépit des expositions faites et des discours des pouvoirs publics au sujet de l’entrepreneuriat, l’on observe une faible adhésion des jeunes. « Parce qu’ils ne veulent pas travailler manuellement, créer, ils sont emportés par les stupéfiants, la drogue, le vol, la paresse, le sexe et l’addiction aux réseaux sociaux. Et pour certains, leur ultime fantasme est de travailler dans l’administration camerounaise». Albertine Marie Imanou exprime sa déception à l’égard des jeunes. « Les jeunes n’aiment pas le travail, ils sont fournis par la vie facile, ils n’aiment pas trop souffrir, ils trouvent le chemin long et pensent ne pas être allés à l’école pour revenir exercer dans les métiers moins rémunérateurs qui animé de l’artisanat ».

    Difficultés
    L’entrepreneuriat est émaillé d’embuches. L’on peut comprendre ce désintérêt de la jeunesse. Les nombreuses difficultés ne permettent pas à ce segment de la population d’exploser. « Nous sommes confrontés à un sérieux problème de financement. Malgré les efforts de l’Etat qui promeut ce secteur d’activité, mais sur le terrain c’est une autre réalité. Lorsqu’on se rend dans les banques, elles trouvent qu’on n’est pas prêt, elles sont frileuses pour nous accompagner. Cela n’est pas de nature à motiver les jeunes à embrasser l’entrepreneuriat. Pour s’en sortir, nous sommes obligés d’aller vers les micro-finances parce qu’elles sont plus souples. Elles comprennent là où nous allons», se lamente Albertine Marie Imanou, promotrice de l’établissement Trésor de la Nature. «Nos produits ne sont pas acceptés dans les supermarchés, malgré que toutes les procédures soient faites. Pourtant, les produits sont de meilleure qualité», s’indigne Brigitte Senda, promotrice de l’entreprise Lumière et développement. L’entrepreneuriat peine encore à faire son chemin et les revenus ne sont pas conséquents. «Il faut que l’État accompagne et soutienne financièrement la jeunesse dans l’entrepreneuriat, conscient des défis de l’heure, afin de réduire le chômage à sa plus simple expression», suggère Brigitte Senda.

    Olivier Mbessité

  • Akol-Nnomo : Place marchande extraordinaire en plein Yaoundé

    Akol-Nnomo : Place marchande extraordinaire en plein Yaoundé

    C’est un marché hors du commun situé dans le quatrième arrondissement. À moins de deux kilomètres du centre-ville. Il est spécialisé dans la distribution des produits vivriers et frais.

     

    Quand on entend parler du marché d’Akol-Nnomo situé non loin du carrefour Mvog-Mbi, on se représente des infrastructures en bonne et due forme. Avec des hangars, des boutiques et des comptoirs. Que non! Dans ce marché, on a plutôt à faire au trottoir et à la chaussée occupés par les brouettes, parfois jusqu’aux devantures de maisons ou à la lisière des rigoles. L’on y met des ponts en bois. Ces espaces négligeables sont en fait des pépites d’or pour les commerçantes et commerçants, parce que loués aussi à prix d’or. Les bailleurs, autochtones pour la plupart, sont les propriétaires de maisons alignées le long de la route. Ils en sont les grands bénéficiaires. L’acquisition des places est un processus très complexe et malgré son aspect, c’est un marché qui tourne 24H/24, 7j/7. Hugor Abanda, septuagénaire, est un grand propriétaire de comptoirs. Il gagne sa vie via la location de ses petits espaces. «En n’évaluant que ce je gagne en un mois, je dépasse au moins trois salaires de professeurs de lycée. Je suis à plus de 650 mille FCFA le mois», informe le vieil homme.

    Capharnaüm
    Entre 6h et 9h du matin, aucune voiture ou moto ne s’hasarde à passer par cette route. Cette dernière est noire de monde et de marchandises. Dans cet environnement où grouille beaucoup de monde, les Bayem-sellam sont les maîtres du jeu. Et la régulation ici se fait par des insultes, des querelles et bagarres. Il faut attendre 11 heures de la matinée pour avoir un temps mort. Le deuxième round commence dès la tombée de la nuit. Ici, camions et «Opep» (voitures de brousse), en provenance des localités telles que Ngomedzap, Biwon-Bene, Dzeng, Ndangueng, Ebolowa sont chargés de marchandises. Le ballet de véhicules chargés de vivres frais commence vers 19 heures et s’achève au petit matin. Ce marché anormal est pourtant la base de ravitaillement en produits vivriers et frais (maniocs, maïs, légumes, noix de palmes) pour les marchés Acacia et Mendong de Yaoundé. C’est la base de ravitaillement des arrondissements de Yaoundé 6e et 3e.

    Nerf de la guerre
    Le fonctionnement de ce fameux marché est très complexe. C’est celui qui perçoit les taxes qui fait également office de régisseur. Mais, mettre la main sur ces personnes est une tâche complexe. Il faut être rusé, parce que l’on a à faire à plusieurs collecteurs. Ceux-ci, pour la plupart, sont des membres d’une même famille. Quand l’un perçoit 1500 FCFA de taxes en journée, l’autre perçoit 500 FCFA la nuit. Joséphine Mengue liquide ses filets de manioc. Elle risque de payer la taxe de la journée. «Il est 6h moins, les bailleurs sont très ponctuels. S’ils te trouvent, tu vas payer la taxe deux fois, que tu le veuilles ou pas», s’alarme la dame qui voit pointer le bailleur journalier.

    Marie Obam, en provenance de Sangmelima, commercialise les vivres en gros. Dans sa réserve, il y a un peu de tout: manioc, noix de palmes ou feuilles de maniocs (Pwem). Avant même de faire décharger le véhicule, «John des John» exige déjà les paiements, soit 500 FCFA pour l’espace. La vendeuse dit se plier à ce rituel tous les deux jours. «Mais, c’est mieux parce que là nous n’avons pas à faire à la mairie», confie-t-elle. Ce mercredi 7 février 2023, il est 6 heures et dame Toutouh, veuve et propriétaire d’un ensemble de boutiques juste en face de la résidence du maire d’Ekounou, vient percevoir les taxes auprès des femmes occupant le trottoir et la rigole devant ses vieilles maisons. Chacune des revendeuses doit payer soit en nature, soit en argent (500 FCFA) avant d’installer sa marchandise. «Madame, je ne vous connais pas, qui vous a dit qu’on pose la tomate comme ça ici. On paye avant de vendre», dit-elle. Antoinette, vendeuse de plantains lui propose un régime de plantain d’une valeur de 2500 FCFA, ce qui veut dire qu’elle a cinq jours sans être interpelée par la veuve.

    Coté commerce, c’est un très grand spectacle au quotidien. Ce même jour, trois bagarres éclatent entre les vendeuses. «C’est un spectacle auquel nous assistons chaque jour mon frère. Elles seront amendées et nous allons boire leurs bières», confie Jules, pousseur dans ce marché.

    André Gromyko Balla