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Yaoundé : bouteilles recyclées, hygiène douteuse

Immersion dans les bulles de l’eau vendues en bordure de route.

 

Le client la surnomme «La doyenne». Cela la fait sourire. Il s’ensuit un échange de civilités tout juste interrompu par l’ingurgitation de quelques gorgées d’eau. Le breuvage semble apporter satisfaction au taximan d’une cinquantaine d’années ; il a pourtant fallu plusieurs minutes pour que cette eau puisse décanter avant son conditionnement au bord de la route Omnisports à Yaoundé. C’est de l’eau de fourrage, rassure la commerçante. Et d’expliquer : « le fond a juste un peu de dépôt. Le bidon à un fond vert, donc en transvasant, ça se mélange avec l’eau. C’est pour cela que je laisse d’abord ça au repos».

L’eau à boire est vendue au moindre coût en bordure de route. Un contenant d’un litre et demi est échangé à 50 FCFA. Le prix est revalorisé à 100 FCFA si le client emporte la bouteille ou si l’eau est fraîche. Quant au format du demi-litre, le coût est standard, 50 FCFA. L’activité fait le bonheur des opérateurs qui sont approvisionnés à raison de 100 FCFA le fût de 50 litres.

Des bouteilles recyclées
Les bouteilles d’eau minérale recyclée constituent, à côté de la glace, la principale source d’investissement des vendeurs d’eau. La véritable difficulté réside dans l’acquisition des conditionnements de petit format. « Les petites bouteilles sont rares, du coup, ça coûte cher. On nous vend six ou sept bouteilles à 100 FCFA», explique Cédric, la trentaine. Cet homme se ravitaille à Elig-Edzoa dans le 1er arrondissement. Le quartier abrite une concentration de distributeurs de bouteilles recyclées. Çà et là, des ballots de bouteilles encombrent le trottoir de l’artère principale de ce quartier. Certaines sont déjà prêtes pour la commercialisation. D’autres par contre attendent de passer au lavage. Les niveaux de variante, at-on pu observer. Certaines bouteilles sont maculées de boues à l’intérieur comme à l’extérieur. De grandes bassines d’eau, au savon et au chlore ont reçu les contenus des bulletins, les uns après les autres. Le changement d’eau n’est pas systématique, observe-t-on. «Ils ont des gars qui leur livre ça en gros. Maintenant, ils ramassent ça un peu partout, dans les établissements, les snacks, les entreprises, les maisons, en route et beaucoup viennent même des poubelles», indique une source riveraine.

Tout en partage
En ce mercredi, entrée du marché du Mfoundi, lieu-dit pont de la gare, un jeune homme propose de l’eau aux commerçants et aux passants via son porte – tout à deux roues. Sa marchandise est contenue dans des seaux et un fût d’apparence propre. Seul bémol, d’un client à un autre, les bouteilles ne sont pas systématiquement lavées. Cela n’émeut pas la clientèle trop occupée à se désaltérer. Le scénario ne s’arrête pas là. Le vendeur participe à des discussions avec ses paires. L’ouverture des conteneurs pour besoin de service ne fait pas tarir son flot de paroles. Celui de ses clients les plus bavards non plus. La marchandise est ainsi exposée à des postillons. Une source de contamination à diverses maladies, observe Clémence Mendouga, laborantine. «Ce sont des risques que l’on prend. Il y a beaucoup de maladies qui se transmettent par la salive entre autres, à l’instar de l’Hépatite B. Donc, rincer simplement un ustensile dans lequel quelqu’un dont on ne connaît pas l’état de santé a bu ne suffit pas . Il est mieux de laver les ustensiles à l’eau vive pour éviter de propager la souillure», martèle la laborantine. Elle tient par ailleurs l’attention sur la nécessité de conserver intact les récipients d’eau pour éviter des maladies.

Louise Nsana

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