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Journée de la Cemac : la Communauté face à ses réformes à l’Issea

La séance de méditation collective conduite le 16 mars dernier par le Minepat a connu la participation du DGA du FMI, du gouverneur de la Beac et des représentants du président de la Commission de la Cemac.

Photo de famille à l’issue de la Conférence à l’Issea

Il est 18 heures 30 ce 16 mars 2023 au siège de l’Institut sous-régional de la Statistique et de l’Économie appliquée (Issea). Francial Giscard Libengue Dobele-Kpoka est aux anges. «Soyons fiers parce que la conférence sur les réformes structurelles pour une croissance inclusive et diversifiée a été un grand succès. Je suis surtout satisfait parce que c’était mon dernier jour en tant que DG. Dès demain, il sera désigné un nouveau directeur général de l’Issea», lance-il à ses étudiants agglutinés autour de lui. La conférence organisée dans le cadre de la commémoration de la 14ème édition de la Journée de la Cemac a en effet permis des échanges riches et denses, en plus d’avoir drainé du beau monde. De nombreuses personnalités ont pu faire le déplacement et y ont pris part. Parmi lesquelles Paul Tasong, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Kenji Okamura, directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac, Clément Belibanga et Jean-Claude Nguemeni, respectivement commissaire de la Cemac et directeur de la surveillance multilatérale. Jean Tchoffo, secrétaire général du Minepat et président du Conseil d’administration de l’Issea était également de la partie.

Pref-Cemac
Les exposés et réflexions menées sous la modération du directeur général de l’Issea portaient sur deux thématiques essentielles. À savoir: «Les réformes structurelles pour une croissance inclusive et diversifiée; et la mobilisation des recettes fiscales non pétrolières pour créer un espace budgétaire pour des dépenses productives et sociales». À en croire Francial Giscard Libengue Dobele-Kpoka, elles sont «en adéquation avec deux des piliers du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac)». Des options, y compris celles visant à conclure des programmes avec le FMI, prises par les chefs d’État pour faire face aux chocs exogènes. À l’instar «de la chute des prix du pétrole brut», mentionne Paul Tasong.
Il se trouve simplement pour le ministre délégué auprès du Minepat que l’une des difficultés était de savoir «comment mettre en place une réforme sous-régionale pour faire face à un risque de dévaluation? Étant entendu que tous les pays de la Cemac sont certes membres du FMI, mais que la Communauté elle-même ne l’est pas». Et le membre du gouvernement camerounais d’indiquer que «le Pref-Cemac a donc servi de socle aux différentes réformes au niveau national». La mise en œuvre est en cours. «La conclusion des programmes avec le FMI reste aussi d’actualité», a conclu le ministre.

FMI
Les programmes successifs avec le Fonds monétaire international, certes dans des contextes internationaux souvent difficiles, ont mis en exergue la nécessité pour le Cameroun et les pays de la Cemac, de réformer leurs économies. En misant entre autres sur le capital humain. Kenji Okamura préfère pour sa part employer l’expression de «développement humain». Car selon le directeur général adjoint du FMI, le concept proposé au cours des échanges par un enseignant de l’Issea, correspond le mieux à l’idée que son institution et son pays, le Japon, se font de l’être humain. Ils en parlent en effet en termes de «trésor», souligne-t-il. Toutes choses qui cadrent aussi avec l’ambition de la Communauté déclinée dans le thème principal de la Journée de la Cemac. À savoir «Valoriser le capital humain pour une Cemac émergente», précise la note conceptuelle de l’événement.

Beac
«Lorsque nous avons eu des difficultés au niveau de la stabilité de notre situation macroéconomique, du fait de la chute brutale des cours des matières premières, nous avons été amenés à définir le Pref-Cemac», commence par énoncer le gouverneur de la Banque centrale. Les explications ensuite données par Abbas Mahamat Tolli donnent à savoir que «l’un des piliers dudit programme portait justement sur les réformes à mener au niveau de la politique monétaire et de l’environnement financier de la Cemac». La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a dès lors dû mettre en place un Plan stratégique pour éviter une dévaluation et une perte de pouvoir d’achat. Elle se conformait ainsi aux résolutions prises en août 2021 par les chefs d’État. L’objectif était d’assurer par ce moyen, la relance économique dans l’espace communautaire.

Au final, «il y a eu beaucoup de réformes sur la gouvernance de la Banque centrale, des réformes de politique monétaire, stratégiques, opérationnelles et institutionnelles», se félicite le gouverneur en évoquant de nombreux résultats. S’agissant entre autres, «du compte d’exploitation de la Banque centrale. On était dans une situation d’un compte d’exploitation structurel moyen de l’ordre de 5 et 9 milliards. Et avec les ajustements que nous avons opérés, le Conseil d’administration a approuvé à la date d’hier, nos comptes annuels qui sont passés à 114 milliards FCFA», affirme Abbas Mahamat Tolli.

Commission de la Cemac
La Commission de la Cemac n’est pas en reste dans le lot de réformes entreprises au niveau sous-régional pour consolider la résilience des économies. Les représentants du Pr Daniel Ona Ondo, président de l’institution communautaire ont notamment relevé «le plan de relance sous-régionale». Celui-ci repose sur deux piliers. En l’occurrence «la stimulation de la croissance, ainsi que l’assurance de dépenses productives et sociales», souligne Jean-Claude Nguemeni. Le directeur de la Surveillance multilatérale pour lequel l’atteinte des résultats escomptés passe notamment «et en présence de contraintes de financement, par l’amélioration du climat des affaires, l’approfondissement de l’intégration régionale, l’amélioration de la croissance et de la cohérence». À l’en croire, la nécessité s’est également imposée de procéder au renforcement de la mobilisation des recettes. Il y a dans cette optique eu deux programmes d’assistance du FMI à l’endroit de la Cemac. Ils ont trait pour l’un à la politique fiscale avec à la clé plusieurs directives déjà adoptées. Et pour l’autre, il porte sur l’assistance aux administrations fiscales, a-t-on appris.

Théodore Ayissi Ayissi

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