PANORAMAPORTRAIT DÉCOUVERTE

Dans la Sanaga-Maritime : des plantations sous l’emprise des colonnes de feu

À l’échelle du département, des exploitations agricoles sont décimées par des flammes.

L’expérience ne suffit pas toujours à venir à bout de la fureur des flammes

La saison pluvieuse présente des signes de sa venue. Les cultivateurs se préparent d’ores et déjà aux semis. Par-ci, par-là, l’on en aperçoit qui procèdent au désherbage. Les plus rapides ont déjà brûlé les herbes sèches et labourent la terre. La technique d’écobuage privilégiée par les agriculteurs n’est pas sans danger. Résultats: les cas d’incendie se multiplient dans les plantations. La région du Littoral en enregistre déjà plusieurs. Une plantation de cacaoyère de deux hectares est partie en fumée vendredi au village Sakbayeme, dans le département de la Sanaga-Maritime. Le sinistre est survenu par l’action d’un quinquagénaire. «Le monsieur a mis le feu. Il voulait mettre la propreté dans un champ d’un demi-hectare environ. Il n’a pas su contrôler son feu et les flammes ont traversé la piste pour entrer dans la cacaoyère d’à côté. On n’a rien pu faire, c’était très rapide», rapporte Christian Masonol.

Des exemples de ce genre, l’autochtone du village peut en évoquer une dizaine. Tant des incidents similaires surviennent ces dernières semaines. «Ici derrière la maison, une femme nettoyait sa nouvelle plantation qui est limitrophe de sa bananeraie. Le feu a traversé et brûlé toute la plantation d’un hectare», ajoute-t-il.

Missolé II, à quelque 130 kilomètres de Sakbayeme. Louise Ngo Tonye est aux abois après l’incendie d’un hectare de jeunes palmiers et la perte d’une trentaine de palmiers adultes. «La plupart ont totalement brûlé, il n’y a plus rien à faire. Mais les autres vont pousser, avec beaucoup de retard et de soins cependant. Mais quand je le regarde, le jeune homme-là peut me donner quoi? Il a quoi? J’ai demandé qu’il achète les engrais, il vient me donner je vais commencer à pulvériser dès que les pluies arrivent», raconte-t-elle. Sans décolérer, la sexagénaire impute la faute à des recrutements hasardeux. «Certaines personnes qui sont en ville recrutent n’importe qui ici au village pour apprêter leur champs et souvent, ce sont des jeunes qui manquent d’expérience. On ne peut pas s’en sortir comme ça. J’avais déjà eu un problème comme ça il y a de cela deux ans», déplore-t-elle.

Saison sèche et puissance du vent
La saison sèche bat son plein dans la région du Littoral. Les affres se font ressentir sur les éléments de la nature. Les cours d’eau tarissent l’un après l’autre ou perdent en affluence. De quoi rendre difficile toute intervention des populations en cas de sinistre. Cet élément est combiné à l’action des vents, abondants en saison sèche. «Généralement tout se passe la nuit. Le vent porte les brindilles encore en feu et les propage aux alentours. C’est ce qui cause souvent les incendies dans les plantations», explique M. Monthe, exploitant agricole au PK 20, non loin de Douala.

Chacun y va à sa manière
«Actuellement, il est préférable d’allumer le feu le matin, un peu après 8h, comme ça il n’y a pas de problèmes. Si tu allumes le feu dans l’après-midi, même si tu as l’impression que tout a brûlé, le vent va raviver le feu pendant la soirée et la nuit, et là, tu peux t’attendre à des problèmes», explique Louise Ngo Tonye.

Christian Masonol se prépare à procéder à l’écobuage sur sa parcelle. Sa technique est définie à l’avance. «La meilleure technique consiste à allumer à partir des limites du terrain parce que le feu ne démarre jamais fort, il grandit au fur et à mesure qu’il progresse. Les flammes vont se rejoindre pour former un cercle et ça va se diriger vers le milieu». Pour la petite saison pluvieuse (mars-juin) en attente, il ambitionne de mettre en terre sa pépinière de piment.

Louise Nsana

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *