Ramadan au Cameroun : la vie chère n’écorne pas la foi

Dans un contexte caractérisé par l’inflation et la pénurie, ils se disent prêts à affronter cette épreuve et à accomplir ce pilier de l’Islam aussi important pour leur relation avec le Divin.

 

En ce vendredi 24 mars, les fidèles musulmans sont à leur deuxième jour du Ramadan au Cameroun. Pour cette communauté, l’heure est au jeûne, à la mortification, à la charité, et la prière. Le ramadan de cette année se tient dans un contexte difficile. L’inflation est perceptible sur toutes les denrées alimentaires nécessaires à la rupture du jeûne chaque soir. « Tout est cher sur le marché : la farine, le maïs, le sucre, l’huile raffinée. Cela fait qu’on est obligé de se soumettre aux conditions de vie, ce n’est pas du tout facile», lâche Oumarou Youssoufa fidèle musulman. Et de poursuivre : « il faut préciser que la situation s’enlise, puisqu’elle a commencé il y a deux ans avec la crise sanitaire liée au Covid-19 et il y a maintenant la crise en Ukraine. Ces facteurs exogènes ont des incidences sur les familles à revenu faible.

Aïssatou trouve également que l’année est difficile. « Tu te rends au marché, rien n’est accessible, le prix du kilogramme de viande coûte 3000 FCFA, et cela est fonction des marchés. Il n’est pas facile pour la femme que je suis de faire toutes les emplettes, puisque tout est cher», renchérit-elle. Et à cela, il y a la pénurie de sucre en carreaux qui date de depuis la nouvelle année. «Le prix du kilogramme de sucre en poudre oscille entre 800 FCFA et 900 FCFA. Pour nous musulmans, c’est une denrée importante, après toute une journée de jeûne, il nous aide à remonter l’énergie dans les repas tels que la bouillie, les beignets sucrés, la boisson telle que le «Tchaï», et autres qui nous permettre de récupérer et de mieux nous préparer pour la nouvelle journée ».

Solidarité
Le mois du ramadan appelle à plus de solidarité et de partage. Face aux chocs économiques, ces valeurs sont des vertus cardinales pour tout musulman appelé à surmonter ces moments difficiles. « C’est ce qui explique le partage des repas en soirée avec tous les fidèles nantis et démunis, car devant Allah, nous sommes tous égaux et nous sommes tous ses enfants. Nous devons en ces moments de jeûner prôner l’amour autour de nous tel que nous recommandons le Coran. En soirée, pour rompre le jeûne, nous nous retrouvons en famille, entre amis musulmans ou non musulmans, ensemble nous communions et mangeons les repas faits par les différentes femmes», déclare Ismaël Messina. En plus, il faut souligner le rôle important des imams et autres qui ouvrent leurs portes aux personnes défavorisées, aux nécessiteux ; l’esprit étant la charité, l’amour du prochain. Ce n’est que dans ce sens que nous pouvons ensemble et unis surmonter la vie chère avec le cortège de ses conséquences sur les familles. Malgré la vie chère, nous allons tenir bon jusqu’au bout», conclu-il.

Olivier Mbessité

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