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Quartier Nkolmesseng : les curiosités d’une route alambiquée à Yaoundé

Des pierres tombales, des immeubles bâtis et des poteaux électriques demeurent sur le tracé du chantier. Malgré l’avancée des travaux.

 

À quoi ressemblera la route de Nkolmesseng au terme des travaux de construction liés au Programme de développement des villes inclusives et résilientes (PDVIR)? La question est sur les lèvres des riverains. Ces derniers multiplient des comparaisons entre les annonces initiales et les ouvrages réalisés à pas de fourmis. L’entreprise Sinohydro en a terminé avec la pose des rigoles le long du tracé. La mise en place du terre-plein central est déjà effectuée. L’entreprise chinoise procède depuis plus d’un mois au bitumage de la chaussée. Seul problème: cette activité ne suit pas une progression ordonnée. Seuls certains morceaux de ce tronçon bénéficient du précieux sésame, notamment l’itinéraire Lycée de Nkolmesseng-Dos d’âne. Moins d’un demi-kilomètre plus loin, le bitume est de nouveau disponible entre la Brigade de Gendarmerie-Nkolmesseng et le Carrefour Safari. «Moi je veux seulement qu’on finisse les travaux parce que nous sommes fatigués. La route est large à certains endroits et elle rétrécit à d’autres. Tu ne connais pas le tracé exact de la route. On jongle seulement pour circuler», commente Alexis Eba’a, mototaxi.

Des poteaux sur la voie
Une chose capte le regard sur le chantier de la route de Nkolmesseng. Il s’agit des poteaux de la société The Energy of Cameroon (Eneo). Notamment, une dizaine environ laissés sur le tracé. Certains sont pourtant récents. Ils datent d’un peu plus d’un an et y ont été posés lors d’une opération de remplacement des poteaux en bois par d’autres en béton. «Il y a un automobiliste qui a failli rentrer dans un poteau l’autre-jour. Le poteau divise carrément une voie en deux et pour nous qui roulons en voiture c’est un problème. Il faut vite décider avant de s’engager à cet endroit sinon, tu peux avoir des problèmes devant, surtout si quelqu’un d’autre passe au même moment», raconte Mathurin Enyegue, habitant du quartier.

La situation est portée en «Haut-lieu», font savoir sous anonymat des employés rencontrés sur le terrain vendredi 21 avril 2023: «on a saisi l’entreprise qui a même répondu. Depuis là on attend».

La faute aux indemnisations
Entrée «Le maire», non loin de l’antenne Elecam. Un immeuble bâti (R+3) occupe une partie de la route. Les agents de la société Sinohydro n’y ont pas posé de rigoles. L’édifice n’a pas subi de casses. Il en est de même de quelques tombes situées à quelques mètres de là. Au chapitre des entraves à lever pour la finalisation du projet, il y a la station – service. L’infrastructure ronge une partie de la surface établie pour la route, en témoigne les croix de St André du PDVIR sur l’un des murs. «Les gens veulent être indemnisés. Beaucoup ne sont pas d’accord avec les montants qui leur ont été proposés. Pour d’autres, le problème c’est qu’ils exigent des montants que les autorités jugent élevés. Il y a par exemple un homme qui bloque le chantier à cause de deux manguiers. Il demande qu’on lui verse 500.000 FCFA avant de les couper. Donc les négociations continuent, mais ça affecte la façon dont nous travaillons», renseignent les employés.

Le chantier de construction d’une route principale (2×2) et d’axes secondaires (1×2) au quartier Nkolmesseng dans le cinquième arrondissement est financé à hauteur de 12 milliards FCFA par la Banque mondiale. Le bailleur de fonds a par ailleurs fourni une enveloppe de 2 milliards FCFA pour les indemnisations des populations impactées. 1 milliard 300 millions FCFA ont été dispatchés entre les bénéficiaires au lancement des travaux en 2022, avait alors recoupé Intégration auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé. «Le projet était censé s’achever au mois de juillet. Mais avec toutes les difficultés rencontrées, le gouvernement a accordé un sursis de six mois. Le Chinois a donc demandé qu’on commence à travailler sur les tronçons libres. De façon à ce que s’il y a un problème, qu’on voit bien que ça ne vient pas de nous», soulignent les mêmes employés.

Louise Nsana

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