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Mois : juillet 2018

  • Présidentielle 2018: Comment Paul roule pour Popol

    Présidentielle 2018: Comment Paul roule pour Popol

    Certaines figures politiques nationales se disent prêtes à soutenir la politique du Renouveau. Portée par le ministre de l’Administration territoriale, l’initiative est soigneusement préparée depuis mars dernier.

    Dans un hôtel de Yaoundé, le 20 juillet 2018, quelques personnalités politiques se revendiquant de l’opposition ont tourné casaque. Solennellement. Comme libérées de leurs fausses postures, elles ont donné le meilleur en choisissant clairement leur camp. «Pour le moment, au regard des enjeux, en attendant que l’opposition camerounaise puisse proposer à son peuple une alternative structurée, nous disons que nous ne pouvons pas porter notre choix sur l’aventure», a expliqué Robert Bapooh Lipot, pour justifier l’élan de ce qui est, officiellement ou non, appelé «G20». Dans ce groupe, l’on retrouve outre le député de l’Union des populations du Cameroun (UPC), l’avocat Jean de Dieu Momo (candidat à l’élection présidentielle de 2011), Joachim Tabi Owono, (président de l’Action pour la méritocratie et l’égalité des chances, Amec) et bien d’autres noms.
    Aussi curieuse qu’elle est apparue, la cérémonie, de l’avis de quelques observateurs, ressemblait plus à un coup de semonce qu’à un coup d’envoi d’une nouvelle manière de faire de la politique. Loin d’être spontanée, l’opération est soigneusement calée depuis plusieurs semaines. «C’était juste la formalisation d’un scénario bien huilé depuis mars 2018, au lendemain des sénatoriales», souffle une source.

    Acte 1

    Le 04 avril 2018, deux proches de Paul Atanga Nji sont faits «chargés de mission». Le Minat leur recommande de saisir, au plus vite, les états-majors de quelques partis de l’opposition. Ces «envoyés spéciaux» doivent y faire tourner un appel à «répondre à la main tendue» par le parti de Paul Biya. La feuille de route est claire : procéder à une razzia dans les partis décapités de certains de leurs membres d’envergure, prêts à entériner sans rechigner les promesses du candidat Biya. Dans cette fourchette, apprend-on, l’UPC et le Cameroon People’s Party (CPP) de KahWalla sont particulièrement visés.

    Acte 2

    15 mai 2018. Dans un hôtel de Douala, les mêmes émissaires de Paul Atanga Nji descendent. Avec leurs interlocuteurs du jour, ils embrayent sur un plaidoyer pour un pluralisme au sein de la majorité présidentielle. Ils réussissent à convaincre sur un objectif : créer de la diversité, des différences, le tout au nom de l’enjeu de la paix. Selon nos sources, l’option d’un «mandat impératif» est balayée par les «opposants». Les deux parties tablent sur une discipline de groupe, structurée autour de la surveillance des gestes des autres formations politiques et des dénonciations.

    L’on assiste alors au «grand déballage». Celui-ci est porté contre Peter Henry Barlerin. Par la grâce médiatique, l’ambassadeur des États-Unis près de la République du Cameroun est accusée d’avoir investi un pactole évalué à près de 03 milliards de francs CFA pour armer politiquement Maurice Kamto, Joshua Oshi et Akéré Muna. Au cours d’une édition de Scène de presse diffusée sur l’antenne télé de la CRTV (Cameroon radio television), Robert Bapooh Lipot jette le vrai-faux «scoop», bétonnant du coup la démarche de Paul Atanga Nji. Car ce dernier est occupé à deux choses : attiser les querelles de personnes et monter les ambitions au sein des écuries politiques pour tenter d’enfoncer par-là même, le dernier clou dans le cercueil des autres candidats à la présidentielle. Toujours par la grâce médiatique, la dimension idéologique qui fait l’identité de ceux-ci au sein de l’opinion est supposée perdre en pertinence. Et aux effectifs de ceux qui s’y référent de s’amoindrir, au profit de Paul Biya.

    Acte 3

    Paul Atanga Nji donne l’impression de se placer à la remorque de l’opposition, afin de surfer sur la vague de la présidentielle. Il tient là une opposition tribunitienne, pour laquelle il signe, le 18 juillet 2018, une décision pour désigner les «mandants officiels» du CPP, de l’UPC et du Manidem. Dans les coulisses, instruction est donnée aux personnalités présentes sur la short-list de dessiner un bloc: celui du camp totalement acquis à Paul Biya. De sources concordantes, l’on obtient que la pratique renvoie à l’abécédaire politique mis en place à chaque présidentielle.

    Jean-René Meva’a Amougou 

    Après l’annonce de l’élection présidentielle

    Flambée de violences dans la zone anglophone 

    Le Nord-ouest et le Sud – ouest du pays pris dans plusieurs feux depuis la convocation du corps électoral.

    Depuis une dizaine de jours, il y a une remontée en puissance de l’insécurité dans la zone anglophone. Où certaines circonscriptions administratives, jusque-là épargnées par la crise sécuritaire, subissent désormais les attaques des sécessionnistes. Wum, chef-lieu du département de la Menchum, a connu sa première attaque le 18 juillet dernier. Celle-ci a débouché sur l’enlèvement du gardien de la paix de deuxième grade Nai et l’assassinat du gardien de la paix de premier grade, Charles Daouda dont la tête a été emportée par ses bourreaux. La semaine d’avant, mile 25 Ndop, dans la chef-lieu du département du Ngoketunjia essuyait une autre attaque soldée par la tuerie d’un autre policier à un poste de contrôle.

    Le lycée technique de Ndop est incendié depuis ce samedi 21 juillet. Vraisemblablement, la branche armée des sécessionnistes serait passée par là. Mardi 17 juillet, les forces séparatistes ont semé la panique dans la cité capitale du Nord-ouest, contraignant les populations à fermer boutique afin de se mettre à l’abri des balles perdues. Au moins un élément de cette milice avait été abattu devant une ligue des caisses populaires et coopérative, vers Azire New Church à Bamenda. Même la cité universitaire à Bambili a été l’objet d’une de ces attaques, avec un bilan de cinq (5) civils tués dont un étudiant. C’est pratiquement six des sept départements de la région du Nord-Ouest qui connaissent une poussée de violence.

    Buéa

    Le Sud-ouest n’échappe pas à la dégradation sécuritaire. Des villages entiers sont rasés, comme Kwa-kwa, dans le département de la Manyu, dont les populations sont réfugiées au Nigéria. Limbe, la seule ville de cette région jusque-là épargnée, a été attaquée la semaine dernière. Le cortège du Mindef Joseph Beti Assomo, en visite de travail le 12 juillet 2018 dans le Sud-ouest, a été pris pour cible au cours d’une attaque armée des Amba Boys sur l’axe Kumba-Ekondo Titi. Comble de curiosité, on ne sait plus qui dirige ces ambazoniens. C’est chacun qui fait à sa tête dans son coin. La semaine dernière, trois jours de ville morte ont été imposés à la population. Ce qui est contraire au seul jour de ville morte jadis imposé aux populations. Même le démenti du secrétaire de la communication du gouvernement intérimaire Mark Barata n’a pas empêché à la milice ADF de descendre dans la rue mardi dernier. Pour contraindre la population à fermer boutique. Tout ceci mis ensemble démontre que les ambazoniens sont déterminés à déstabiliser le pays à l’occasion de l’élection présidentielle du 07 octobre prochain. On attend de voir comment les candidats en lice vont organiser les meetings politiques dans cette partie du pays ?

    En rappel

    Les huit (08) antennes communales d’Elections Cameroon (Elecam) dans la ville de Bamenda ne sont pas fonctionnelles depuis plusieurs mois. Le nouveau directeur général d’Elections Cameroon (Elecam) en est informé depuis sa récente visite dans le chef-lieu de la région du Nord-ouest par le délégué régional Ngah Gaspar. Le personnel en service dans ces antennes a déserté les bureaux à cause de l’insécurité grandissante dans la ville de Bamenda et ses arrondissements (Belo, Njinikom, Fundong, Batibo, Widikim, Ngie, Andek, etc.) Les populations ont par ailleurs quitté les villages de ces municipalités à cause des affrontements sanglants réguliers entre l’armée gouvernementale et les forces séparatistes ambazonienes (ADF). Les victimes de ces confrontations sont généralement les civils, pris dans l’étau des combats entre les forces de l’armée régulière et la milice ADF.

    Zéphirin Fotso Kamga

  • Cameroun 2018 : Le seul projet gagnant pour le Peuple Camerounais.

    Cameroun 2018 : Le seul projet gagnant pour le Peuple Camerounais.

    Le but de l’action du Peuple Camerounais en tant que communauté politique doit consister à doter notre pays des capacités fondamentales propres d’organisation et de détermination politique et économique, c’est à dire des moyens de la souveraineté nationale.

    Dans ce but, le Peuple Camerounais a un impérieux besoin d’unité. La cohésion sociale nationale en est la condition. Aujourd’hui, le Peuple Camerounais doit être conscient de l’éventualité d’avoir à se dresser sous peu pour faire face à une agression extérieure. Nous serions bien inspirés en disqualifiant tout acteur politique national qui s’aventure à se maintenir au pouvoir ou à construire son plan de carrière sur un crime d’intelligence avec des puissances étrangères.

    Le Président de la République, garant de l’unité nationale, a convoqué le corps électoral pour un scrutin présidentiel dont il est certain que les citoyens résidant dans deux régions sur dix au moins en seront exclus. Aucun de ses rivaux les plus en vue pour ce scrutin n’a démenti les allégations de la presse selon lesquelles ils ont explicitement sollicité l’ingérence des États Unis d’Amérique. En toute illégalité, le Ministre de l’Administration Territoriale vient de nommer, par écrit cette fois, les représentants légaux de certains partis politiques ! Ainsi, son « opposition » comprise, le régime RDPC est à nouveau prêt pour le jeu de cirque d’une alternance sans alternative. Mais le Peuple Camerounais n’est pas condamné à un seul choix consistant à désigner le prochain contremaître d’une Françafrique éventuellement revue et corrigée par Washington. Nous devons faire le choix de nous-mêmes, le choix de penser le Cameroun comme son propre centre et débattre des conditions de possibilité de ce qu’implique choix, y compris dans le cas où le scrutin présidentiel d’octobre 2018 se tiendrait effectivement. Ce choix est celui du projet gagnant du Peuple Camerounais résumé plus bas.

    Les véritables protagonistes de la guerre dans les régions South-West et North-West.

    Le régime UNC-RDPC qui ruine le peuple camerounais depuis des décennies et a conduit le pays aujourd’hui au seuil de la dislocation est un collège « anglophones » et « francophones » réunis, soumis à des puissances étrangères et menant une politique au service des intérêts de ces dernières et des leurs propres, contre l’intérêt national et le bien-être des populations. La guerre qui a cours dans les régions South-West et North-West ne met pas face à face le gouvernement de Mr Paul Biya et les sécessionnistes armés comme étant les deux seuls protagonistes. Les véritables protagonistes de cette guerre sont le Peuple Camerounais tout entier et le régime UNC-RDPC. Les revendications et aspirations de base des populations sont en effet les mêmes sur toute l’étendue du territoire national. Seule diffère en certains points leur mode d’expression, selon les spécificités sociales, historiques et culturelles locales et régionales.

    Dans le South-West et le North-West, ces spécificités sont en lien direct avec l’annexion de fait de ces deux régions fixée par le Référendum de 1972, date depuis laquelle les revendications si mal nommées « problème anglophone » sont récurrentes. Pour seule réponse à l’éruption pacifique de 2016, le Gouvernement a proposé une répression brutale, suivie depuis le dernier trimestre de 2017 par la guerre. Cette faute, grave, a pour résultat d’avoir crédibilisé un mouvement sécessionniste pris en mains et instrumentalisé par les USA et l’univers anglo-saxon. Aux yeux des populations du South-West et du North-West, la légitimité de la sécession grandit à mesure que la guerre déploie ses effets intrinsèques et que le Gouvernement martèle l’amalgame entre sécessionnisme et terrorisme. Un appui, paradoxal, apporté en actes au mouvement sécessionniste par un régime RDPC qui prétend le « Cameroun un et indivisible ». Cet appui en actes est la seule manière pour la Françafrique de sauver ce qu’elle peut encore face aux ambitions des États Unis d’Amérique en Afrique Centrale dans le contexte de la nouvelle donne géopolitique mondiale.

    La nouvelle donne géopolitique mondiale et l’Afrique Centrale.

    Une nouvelle donne géopolitique mondiale se dessine en effet sous nos yeux depuis la fin du siècle dernier. Bien que ses contours durables ne soient pas encore clairement discernables, elle sera le produit conjugué de trois facteurs identifiables : Le premier, massif, est la ré émergence et l’affirmation de la Chine comme pôle de développement et de puissance, avec l’Inde à sa suite ; le second est le relèvement de la Russie sous Vladimir Poutine après sa course à l’abîme sous l’ère Gorbatchev-Eltsine ; le troisième est la volonté affirmée des États Unis d’Amérique appuyés par ses alliés de l’OTAN de poursuivre leur ambition assumée d’hégémonie mondiale. Dans le cadre international qui se construit dans ce contexte, des signes faibles repérables montrent un timide frémissement de la volonté des pays d’Afrique Sub-Saharienne de sortir du statut de fait qui est le leur depuis l’époque coloniale, à savoir simple réserve de matières premières sous contrôle de puissances étrangères.

    Jusqu’à une période récente, les ressources naturelles des pays Africains étaient à la disposition des pays de l’OTAN, exclusivement ; ses marchés étaient réservés aux firmes adossées aux puissances de l’OTAN ; toute initiative politique ou économique Africaine, y compris au niveau interne à un pays, était soumise à examen et aval préalables de Washington, Londres, Paris, quand elle n’était pas purement et simplement pensée et organisée par les capitales de la « liberté des peuples » et de la « démocratie » puis exécutée par leurs contremaîtres Africains ; ces derniers, en contrepartie, étaient assurés de l’action armée des maîtres pour se maintenir ou accéder au pouvoir. Telles sont en effet, dans leur contenu, les dispositions explicites des clauses secrètes des « Accords » dits de « coopération » liant les régimes soumis des pays africains aux puissances impérialistes. Le cas de la France et son « pré-carré » africain sous contrôle d’une « Françafrique » insubmersible à ce jour constitue l’illustration emblématique de l’architecture qui maintient les Peuples Africains captifs d’une spirale de sous-développement. C’est cette architecture qui est déstabilisée par le mode de coopération mis en œuvre par la Chine et ses partenaires Africains.

    Pour les Peuples Africains en tant que communautés politiques, la nécessité de doter leurs territoires des capacités fondamentales propres d’organisation et de détermination politique et économique est une nécessité de survie. A l’inverse, cette éventualité est une menace à l’ordre au service des puissances de l’OTAN. Cette opposition d’intérêts antagoniques entre l’impérialisme et les populations Africaines est au cœur des évènements actuels en Afrique Centrale. Ainsi, en RD Congo, c’est moins la volonté prêtée à Joseph Kabila de garder le contrôle du pouvoir que le Nouveau Code Minier timidement inspiré du mode de coopération de la Chine avec la RD Congo qui mobilise les puissances de l’OTAN contre Kinshassa. En République Centrafricaine, c’est la présence diplomatique de la Russie à Bangui et la présence croissante de la Chine dans le secteur minier qui ne tarderont pas à être montées en épingle par les puissances de l’OTAN pour structurer l’articulation entre la nébuleuse Boko Haram et la nébuleuse Seleka qui contrôle une grande partie Est du territoire Centrafricain et dont les affrontements avec les milices rivales ont dores et déjà débordé sur l’est du Cameroun.

    Le projet gagnant pour le Peuple Camerounais aujourd’hui.

    A ce jour, l’exploitation des ressources naturelles des pays Africains sert essentiellement l’accroissement de la puissance des principaux pays de l’OTAN, le renforcement de leur pouvoir d’influence et de domination, en particulier sur Afrique, leurs intérêts propres et ceux de leurs contremaîtres Africains. Pour qu’il en aille autrement, pour que l’exploitation des ressources naturelles des pays Africains se fasse au profit du développement humain de leurs populations, il est indispensable que les Peuples Africains en tant que communautés politiques se dotent des capacités fondamentales propres de détermination politique et économique, autrement dit, des moyens des souverainetés nationales.

    Le Peuple Camerounais peut remplir cette condition incontournable du développement social à horizon d’une génération humaine à compter du moment où ses élites dirigeantes auront entrepris de se désintoxiquer de l’aliénation mentale et psychologique qui interdit à l’Afrique de penser par elle même, de redevenir son propre centre. Aujourd’hui, les ressources naturelles, en particulier du sous-sol, demeurent l’unique monnaie d’échange qui permettra de financer les infrastructures humaines et matérielles ouvrant aux Peuples Africains la possibilité d’atteindre et franchir le seuil au-delà duquel les moyens de la souveraineté pourront être considérés comme étant en bonne voie d’être acquis. Commencer à écrire la première page d’une trajectoire décidée par nous-mêmes et qui prend ce cap nous impose aujourd’hui de sortir du régime UNC-RDPC, c’est à dire de la logique alternance sans alternative. C’est le sens du projet gagnant du Peuple Camerounais, un projet en deux objectifs immédiats, guidé par deux principes.

    Les deux principes :

    1/L’intégrité du territoire national délimité par ses frontières internationalement reconnues n’est pas négociable. 2/L’aspiration du Peuple Camerounais à la souveraineté effective n’est pas négociable.

    Les deux objectifs :

    1/Mettre fin sans délai et sans conditions à la guerre et à l’effusion de sang dans les régions South-West et North-West. D’ici la fin de son mandat en cours, le Président de la République , Mr Paul Biya, a seul le pouvoir de poser cet acte. Il en sortirait grandi. Les chefs de la sécession armée ne sont responsables que d’eux-mêmes, et tout au plus devant leurs adeptes, c’est à dire une partie de nos concitoyens. Le Chef de l’État, quant à lui, est garant de l’unité nationale, c’est à dire de tous les Camerounais. Il lui appartient, par une mesure d’État, de prendre l’initiative d’un cessez-le-feu à effet immédiat afin de désarmer politiquement la sécession armée et faciliter à ses chefs la décision d’un cessez-le-feu. Il n’est pas avisé d’attendre d’un mouvement manipulé par des entités politiques et économiques étrangères qu’il ait le courage d’une initiative dont un des résultats attendus serait précisément la mise hors jeu de ses mandataires extérieurs. Un cessez-le-feu unilatéral aurait déjà été proclamé par la sécession armée si la clairvoyance politique était une qualité pour ses chefs.

    2/Ouvrir sans délai un Dialogue National Inclusif (DNI), y compris des forces qui militent pour une « Ambazonie » indépendante. Le DNI n’est pas un dialogue entre la sécession armée et le gouvernement Paul Biya, ou entre «anglophones» et «francophones». Le DNI est le moment, pour les Camerounais, de débattre, délibérer, décider et poser souverainement les bases institutionnelles de l’unité nationale, qui reste à construire, ainsi que chacun peut en convenir. «Réunification, indépendance, élévation du standard de vie des populations» : C’est dans cet ordre que furent formulées les revendications du Peuple Camerounais portées en son nom par Ruben UM NYOBE et l’Union des Populations du Cameroun. Cet ordre n’était pas le fruit du hasard.

    En premier, se retrouver, puis, ensemble, produire collectivement le cadre de notre avenir commun en tant que nation. Ici, il s’agirait en particulier de débattre, délibérer et décider d’une réorganisation administrative du territoire, indispensable pour rapprocher le pouvoir de décision au plus près des populations concernées par un sujet, définissant les matières de souveraineté y compris fiscale par niveau de division territoriale, les matières de souveraineté du niveau fédéré et celles de niveau fédéral. Le principe de la fédération ne doit pas être un tabou, ni faire l’objet d’une religion quand au nombre d’États fédérés. L’Allemagne est une République fédérale qui compte plus de dix États fédérés (Länder), les États Unis d’Amérique en comptent cinquante, la Suisse est une confédération ; ces trois pays ne se portent pas moins bien que la République du Cameroun. Entre autres missions, le DNI aurait à :

    2a/Définir les modalités d’organisation et de convocation d’une Assemblée Constituante chargée de préparer un projet de nouvelle Loi Fondamentale (Constitution).

    2b/Nommer un Gouvernement chargé d’assurer la continuité de l’État sur une période transitoire de deux à trois ans jusqu’à l’entrée en vigueur des Nouvelles Institutions.

    La nation compte d’éminentes personnalités d’une grande probité, ayant une expérience et un sens de l’État reconnus ; nombre d’entre eux font consensus dans toutes les Régions du Pays. Il n’est pas irréaliste de penser qu’elles s’impliqueront pleinement, les unes pour encadrer les travaux d’une DNI de grande qualité utile à la nation, d’autres pour assurer la continuité de l’État au cours de la période de transition, car le DNI est incompatible avec le statu quo institutionnel.

    A moins de se faire des illusions sur la possibilité pour les Forces de Défense et de Sécurité d’écraser les sécessionnistes, chacun sait qu’il faudra bien un dialogue national dont le mouvement sécessionniste sera nécessairement partie prenante. Il est désespérant de constater que pour en arriver là, ceux qui ont le pouvoir de décider estiment nécessaire un supplément chaque jour plus élevé de vies perdues, de familles endeuillées, de villages incendiés et d’équipements publics squelettiques détruits. Aucune élection n’est une fin en soi.

    Tout scrutin reste un instrument au service d’une fin. Quelle est donc la finalité attendue du prochain scrutin présidentiel par Mr Paul Biya et chacun de ses rivaux ? Que pèse cette finalité au regard des risques évidents de guerre civile généralisée et de dislocation du pays que la réalisation des deux objectifs du projet énoncés ci-dessus permettent de conjurer ? Dans le cas où le processus du scrutin présidentiel d’octobre 2018 serait maintenu et irait à son terme, Mr Paul Biya ou son successeur, quel qu’il soit, sera confronté à la même situation sociale et sécuritaire actuelle, sans doute aggravée, et à l’obligation de lui trouver une solution satisfaisante qui ne pourra en aucun cas faire l’économie des deux objectifs du projet ci-dessus.

    Le Président de la République, Mr Paul Biya, a encore toute latitude avant la fin de son mandat pour manifester en deux actes que l’unité nationale et l’intérêt national sont au dessus de toute échéance électorale. Dans le cas où ces actes ne sont pas posés avant le scrutin d’octobre 2018, ses rivaux du tropisme présidentiel ont toute latitude de manifester par un acte -retirer leurs candidatures et laisser Mr Paul Biya candidat face à lui-même- que l’unité nationale et l’intérêt national sont au dessus de leur promotion sociale personnelle comme Président de la République. Une candidature unique de l’« opposition » est impossible, non pas seulement en raison des egos, mais surtout du fait que l’unité ne peut se faire qu’autour d’un projet qui serait ensuite porté et incarné par un candidat de consensus.

    Est-il possible qu’un candidat se révèle assez responsable pour incarner publiquement les deux objectifs soulignés du projet ci-dessus ? Ce cas de figure est possible. Quiconque a pour soucis l’intérêt national et l’unité nationale avant tout serait en devoir de soutenir un tel candidat dès lors que serait acté l’engagement du candidat, public, écrit et juridiquement opposable, de faire des deux objectifs soulignés ci-dessus les deux premières décisions de son mandat. Cet engagement serait sans préjudice pour le candidat sur la durée du mandat de Président de la République en vigueur, mais le candidat une fois élu serait tenu par le respect des résolutions du DNI, des conclusions du processus d’élaboration de la nouvelle Loi Fondamentale, et de l’entrée en vigueur des Nouvelles Institutions. A partir de cette date, le titre de Premier Ministre est celui avec lequel il terminerait son mandat si telle est la décision qui ressort des travaux du DNI. Afin de rendre possible ce cas de figure, il serait utile que le mouvement Alliance Patriotique et/ou toute autre personnalité ou personne physique ou morale indiquée prenne sans tarder l’initiative d’organiser une rencontre qui aurait pour objet d’en débattre. Cette rencontre réunirait réunirait l’Alliance Patriotique, l’UPC-MANIDEM, l’UPC, le CPP, le MANIDEM, le Cameroon Patriotic Diaspora Forum, toutes autres organisations pertinentes, ainsi que tout candidat qui a foi en la démocratie et en la capacité de l’électeur Camerounais de faire la décision par son vote une fois seul avec les bulletins de vote dans l’isoloir. En effet, l’important est que les deux objectifs du projet gagnant pour le Peuple Camerounais aujourd’hui soient atteints, avant l’échéance prévue pour le scrutin présidentiel si l’actuel Chef de l’État finit par entendre raison, dès le lendemain du scrutin si le candidat du cas de figure possible sort vainqueur, sinon, que ces deux objectifs soient poursuivis après la tenue du scrutin présidentiel si l’état du rapport des forces politiques diffère leur réalisation.

     

    ABBO A BEYECK

    24 Juillet 2018

    L’auteur : Économiste. Consultant en stratégie. Retraité.

    Ancien membre du Bureau Politique du Comité Central de l’UPC

    et Président de la Commission des Opérations Spéciales

    (période de la lutte clandestine pour la démocratie au Cameroun).

  • Bertin Kisob

    Bertin Kisob

    Son nom figure sur la liste (provisoire) des candidats à la présidentielle 2018 au Cameroun, publiée par Elections Cameroon (Elecam). Seulement, l’homme qui prétend se présenter au scrutin sous la bannière du Parti pour la justice sociale au Cameroun (PJSC) est sous le coup d’un mandat de dépôt. Il séjourne actuellement à la prison centrale de Yaoundé pour de présumés «actes de rébellion». Fondateur de l’Eglise Maatiste, ce fils de John Kisob (colonel retraité de l’armée camerounaise) avait, selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, revendiqué une fusillade au pont du Wouri à Douala, le 29 septembre 2011. Mais aussi l’assassinat de deux gendarmes dans la péninsule de Bakassi, le 9 octobre, sous la bannière de l’Armée de libération du peuple camerounais. Actuellement, les questions fusent et suscitent des commentaires sur sa candidature à la magistrature suprême. Verdict le 08 août prochain.

  • 700 000 francs CFA

    700 000 francs CFA

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    C’est le montant total au terme d’une séance de collecte de fonds organisée le 20 juillet 2018 au palais des Congrès de Yaoundé par l’Association des journalistes patriotes du Cameroun (AJPC). L’argent a été remis à Yampen Ousmanou, sous-préfet de Yaoundé II, pour acheminement vers les instances du Plan humanitaire d’urgence initié par le chef de l’Etat. Présents à la cérémonie, de nombreux journalistes ont milité pour le retour d’une paix durable dans les régions anglophones du pays, en proie depuis près de deux ans aux violences des groupes armés. Selon Léopold Clovis Noudio, le président de l’AJPC, «cette somme collectée est certes modeste, mais traduit le cri des professionnels des médias en faveur d’un Cameroun uni et indivisible». Bien plus, a-t-il ajouté, «il s’agit d’un article écrit symboliquement par toute une corporation en vue de dire non aux fauteurs de troubles».

  • S.E. Jean-Christophe Heidsieck

    S.E. Jean-Christophe Heidsieck

    Avant la visite officielle de Son Altesse Eminentissime Fra’Giacomo Dalla Torre Del Tempio Di Sanguinetto, Grand Maître de l’Ordre Souverain de Malte, il n’était pas très connu de sa casquette de membre du corps diplomatique accrédité à Yaoundé.

    A l’évocation de son nom, les amateurs de potins diplomatiques ne disposaient pas de matière. Simplement parce que cet ambassadeur n’évolue pas trop dans le registre mondain et que le versant de son action au Cameroun se veut discret. Ailleurs, comme en Côte d’Ivoire, il a même fait office, selon le journal français Le Point, de conseiller de la Compagnie fruitière dont la filiale camerounaise est PHP.

    Et pourtant, à Yaoundé, il représente bel et bien le modeste palazzo di Malta, un territoire de poche bénéficiant du statut d’extraterritorialité. Sans sol, sans armée, sans monnaie autre que de collection, l’ordre est malgré tout reconnu par 106 pays et organisations spécialisées auprès desquels il délègue ambassadeurs et ministres plénipotentiaires. En fait, l’ordre de Malte est surtout actif par son action caritative.

     

  • 65,7 milliards francs CFA

    65,7 milliards francs CFA

    C’est le nombre de villages camerounais qui pourront, grâce à la République populaire de Chine, accéder au signal de la télévision numérique terrestre lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2019. S.E. Wang Yingwu, l’ambassadeur de Chine au Cameroun, l’a annoncé le 12 juillet dernier à Yaoundé.

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    Reçu par Issa Tchiroma Bakary (ministre camerounais de la Communication), le diplomate chinois a indiqué que 300 kits adaptés seront distribués. Plus concrètement, c’est StarTimes, géant chinois des medias, qui offre des bouquets basiques et uniques aux localités sélectionnées. Il s’agit, selon S.E. Wang Yingwu, d’un système de téléviseur projecteur innovant qui utilise l’énergie solaire. Comme la majorité des pays africains, le Cameroun est en retard dans le processus de migration numérique dont la date butoir avait été fixée au 17 juin 2015, selon l’accord de Genève signé en 2006 sous l’égide de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

  • Barrage de Nachtigal: La Banque mondiale libère son financement

    Barrage de Nachtigal: La Banque mondiale libère son financement

    Le conseil d’administration de l’institution de Bretton Woods vient d’approuver son investissement pour accompagner la réalisation de cette infrastructure.

     

    La maquette du barrage de Nachtigal

    C’est désormais acquis. La banque mondiale va investir 794,5 (soit environ 448,2 milliards de francs CFA) millions de dollars dans le barrage hydroélectrique de Nachtigal. Une infrastructure qui devrait permettre d’augmenter la puissance installée du Cameroun de 420 MW. Lors du conseil d’administration tenu le 19 juillet 2018 à Washington DC, aux Etats-Unis, la banque a approuvé son investissement dans ce projet. Un investissement porté par plusieurs filiales du groupe.

    Dans le détail, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (Bird) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (Miga) fournissent respectivement 300 millions de dollars et 262,5 millions de dollars de garanties, afin notamment de transformer les prêts courts des banques commerciales locales engagées dans le projet en prêts à long terme. La Société financière internationale (IFC) apporte 70 millions de dollars de prises de participation et 152 millions de dollars de prêts.

    «En tant que coordinateur global des créances de premier rang, IFC a mobilisé des prêts d’institutions de financement du développement et de banques commerciales locales pour un montant avoisinant 735 millions d’euros (soit 482, 9 milliards de francs)», explique Oumar Seydi, directeur régional d’IFC pour l’Afrique. La mobilisation des fonds pour ce projet, d’un coût de 1140 millions d’euros (près de 750 milliards de francs CFA), aurait donc sérieusement progressé.

    Impact
    «Cet investissement dans une énergie propre est indispensable pour faire baisser le coût de l’électricité» souligne Elisabeth Huybens, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Cameroun. Le projet Nachtigal va en effet permettre d’augmenter la capacité de production de l’électricité de 30%, à un coût de production très bas (un peu plus de 35 francs CFA). Alors qu’aujourd’hui, le coût moyen de production est d’environ 70 francs CFA).

    De ce point de vue, le barrage devrait également avoir un impact positif sur les finances publiques. «Avec la construction du barrage de Lom Pangar en 2016, le montant annuel estimé de la compensation tarifaire est passé de 25 millions de dollars pour 12 mois (2017) à 16 millions de dollars pour 24 mois (2018-20). Quand il sera opérationnel, le barrage de Nachtigal permettra au pays d’économiser chaque année 100 millions de dollars supplémentaires de coûts de production», évalue la Banque  mondiale.

    Aboudi Ottou

  • Ethiopie-Erythrée : le mariage de raison !

    Ethiopie-Erythrée : le mariage de raison !

    La reconnexion est consommée entre les «deux frères ennemis» de la corne de l’Afrique ! En réciprocité au séjour du Premier ministre éthiopien à Asmara (Erythrée), le président érythréen vient d’effectuer une visite officielle de trois jours à Addis-Abeba. Ce lundi 16 juillet, Issayas Afeworki conclut son voyage par la réouverture de l’ambassade érythréenne à Addis-Abeba. Ce réchauffement des relations, après plus de deux décennies de froid, est une bonne nouvelle pour deux économies en manque d’oxygène.

     

    Aujourd’hui, l’économie éthiopienne souffre toujours de la perte de sa souveraineté maritime consécutive à l’indépendance de l’Erythrée. En effet, ses activités maritimes, à la fois commerciales et militaires, étaient devenues plus coûteuses. La dépendance envers le port de Djibouti s’est accrue au fur et à mesure que la dynamique économique se consolidait. La question maritime figure d’ailleurs parmi les projets prioritaires de reconnexion. Sans plus d’explication, on sait que les deux pays se dirigent vers un corridor commercial permettant à l’Ethiopie de se faire une embouchure sur la mer rouge à travers le territoire de l’Erythrée.

    Autant cette mesure pourrait réduire les coûts et faciliter le transit pour Addis-Abeba, autant elle impactera significativement l’économie de l’Erythrée. Une économie dirigiste que soutiennent un secteur agricole très étroit et une industrie extractive crépusculaire. Le secteur agricole emploie 80% de la population active, mais la production est insuffisante pour subvenir aux besoins de toute la population. Pour alimenter les caisses de l’État, le pays compte sur le secteur minier. L’Érythrée produit de l’or, du cuivre et du zinc à Bisha. Mais ce site, qui fournit 40 % des revenus de l’État, devrait fermer dans trois ans. Avec des mines d’argent et de potasse, le secteur minier est le seul qui draine les investissements étrangers, particulièrement chinois.
    Une autre valeur ajoutée du tournant diplomatique en cours entre Addis-Abeba et Asmara est la réaffectation des dépenses publiques érythréennes. Jusqu’ici, 25% du budget de l’Etat est consacré aux dépenses militaires. La nouvelle dynamique économie et la démilitarisation effective des frontières pourraient ainsi avoir un effet d’entrainement positif sur l’économie du pays.

    Fragilités à gommer

    Au milieu des accolades, des étreintes, du courage des déplacements historiques et des déclarations de bonnes intentions, il reste des inconnues et imprécisions sur la normalisation des relations entre les deux pays. Aucun agenda matérialisant la volonté affirmée de reconnexion n’est jusqu’ici proposé. De l’ensemble des projets évoqués, aucun n’a une date d’implémentation connue. Pis encore, aucun des dossiers fâcheux du contentieux historique n’a connu une inflexion déterminante. Il en est ainsi de la militarisation des frontières ou encore de l’occupation et de la fortification de la ville de Badme par l’Ethiopie. Une ville qui, selon la démarcation onusienne de la frontière, devrait revenir à l’Erythrée. Si l’Ethiopie a dit reconnaitre cette démarcation, il reste que le retrait des troupes militaires se fait toujours attendre.

    De l’avis de Gérard Prunier, spécialiste de la Corne de l’Afrique et chercheur indépendant, le président Erythréen a conçu sa légitimité sur le conflit avec le voisin éthiopien. «Je suis le gendarme qui vous protège de l’agression éthiopienne», affirmait-il il y a quelques années. Il est devenu en outre un allié de premier plan des pays comme les Etats-Unis et les Emirats Arabe – Unis. Il y a à cet effet une interaction immédiate avec la péninsule arabique et la guerre du Yémen. Les avions qui bombardent le Yémen ne décollent pas seulement d’Arabie saoudite, mais aussi d’Erythrée. Des imbrications qui devraient également influencer le processus de réconciliation actuel.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Flux financiers illicites: HEVECAM SA, pêcheur en eaux troubles

    Flux financiers illicites: HEVECAM SA, pêcheur en eaux troubles

    La filiale camerounaise de la multinationale Singapourienne GMG GLOGAL LTD, leader mondial de la production et de la transformation de l’hévéa, brille par la discrétion lorsqu’il s’agit de dissimuler ses résultats. Pas suffisant pour dribbler la douane et les impôts qui ont découvert des curiosités.

    Ramer à contre-courant semble être l’option de HEVECAM SA, la filiale camerounaise de la multinationale singapourienne GMG GLOBAL LTD, leader mondial de la production et de la transformation de l’hévéa. A l’heure du triomphe tous azimuts des technologies de l’information et de la communication, HEVECAM SA semble choisir l’adage populaire au Cameroun: «pour vivre heureux, il faut vivre caché». Le site internet de HEVECAM SA (www.hevecam.com), vitrine par excellence de l’entreprise, brille par des omissions suspectes. Vous aurez beau chercher les simples communiqués des conseils d’administration, l’organigramme de l’entreprise, les membres du conseil d’administration, les résultats de l’entreprise, etc. que vous seriez déçus.

    Les demandes d’informations adressées -comme recommandé à l’administrateur du site- demeurent sans réponse. Nous l’avons douloureusement appris à nos dépens. Par contre, ce qui est présenté comme responsabilité sociale de l’entreprise, est en vedette sur www.hevecam.com Visiblement, HEVECAM SA a du cœur. On apprend pelle – mêle que pour les besoins de 35 000 âmes (dont près de 6000 employés) qui habitent les 40 000 hectares de plantation, l’entreprise a construit «un hôpital, 17 dispensaires, des écoles maternelles et primaires, un lycée bilingue et un lycée technique, 3400 logements, un forage et des aires de jeu». Mais, l’on oublie de préciser que la charge de ces investissements est partagée à parts égales avec l’Etat. Du moins au regard de la convention d’établissement de 1975, liant HEVECAM SA (appelée alors Sud Cameroun hévéa) au Cameroun.

    Que cache donc HEVECAM SA ?
    Pourquoi refuse-elle de faire savoir son savoir-faire ? Les bons résultats de la filiale camerounaise de la multinationale singapourienne GMG GLOBAL LTD, tels que présentés officiellement, feraient pâlir de jalousie n’importe quel manager sérieux, par ces temps de morosité économique. Ils mériteraient d’être montrés à une plus grande audience. «Des scores de production de 120 % réalisés en 2017», présente HEVECAM SA, dans Hévéa – news, numéro 017 de janvier 2018. Un exploit comme celui-là, dans un l’anonymat d’un journal d’entreprise ! Comme si le secret de la bonne nouvelle devrait demeurer entre initiés, à défaut de mériter une publicité conséquente. C’est un choix!

    Les impôts et la douane pas du tout impressionnés
    Les impôts et la douane du Cameroun semblent avoir rapidement flairé la manœuvre à distance. Ils ont refusé de se laisser endormir par le somnifère de l’humilité et de la discrétion de HEVECAM SA. Pourtant, à la direction générale des impôts du Cameroun, la discrétion et la méfiance sont de mise lorsqu’il faut se renseigner sur HEVECAM SA. D’aucuns, surpris- disent apprendre la nouvelle d’un éventuel redressement fiscal de cette agro-industrie à partir de nos sollicitations. Ce ne sont pas les «ne me met pas dans les problèmes» de ce fonctionnaire méfiant, en réponse à notre quête d’information qui nous découragerons. Même si ce dernier dit soupçonner «des pratiques déloyales de HEVECAM SA», sans autre précision.

    Le secret semble bien gardé, autant à la douane qu’aux impôts. Du reste, un passage de la convention liant HEVECAM SA au Cameroun souligne que «tout différent entre le gouvernement et l’investisseur devra être résolu à l’amiable. Dans le cas contraire, c’est la Cour d’arbitrage de Paris qui est compétente». Soulignons que notre demande d’informations adressée à la filiale camerounaise de GMG GLOBAL LTD, pour éclairer notre lanterne sur les relations orageuses entre HEVECAM SA et les régies financières du ministère des finances attend toujours. Pour combien de temps ?

    Des indices
    Quoi qu’il en soit, le compte rendu du 27ème conseil d’administration de HEVECAM SA, tenu le 4 décembre 2017 à Yaoundé, reconnait explicitement les deux «redressements fiscaux et douaniers» infligés à HEVECAM SA en 2017. «La direction générale a largement entretenu le conseil d’administration (dirigé par Jean Kueté, le secrétaire général du comité central du RDPC, le parti au pouvoir, ndlr) des problèmes fiscaux auxquels elle fait face et sollicité l’appui et l’orientation de celui-ci afin de trouver des solutions idoines», peut-on lire à la page 6 de Hévéa news numéro 17 de janvier 2018, le journal de HEVECAM SA, grâce à la plume de Mpouma Ekong.

    L’entreprise de production d’hévéa reconnait explicitement avoir commis des «erreurs, omissions ou manquement dans ses déclarations aux impôts et à la douane» relève, ironique un fin connaisseur des méthodes de cette entreprise qui, pour notre malheur, a catégoriquement refusé d’en dire davantage.

    Quand le bourreau se prend pour la victime
    Offensif et téméraire, HEVECAM SA semble vouloir rebondir sur le terrain de la communication, en se faisant passer pour une victime. L’entreprise revendique ainsi à l’Etat du Cameroun «le remboursement des crédits TVA» et se positionne ainsi en victime devant un Etat bourreau qui ne respecte pas ses engagements.

    Compensation de créance
    Visiblement, le redressement fiscal et douanier infligé à HEVECAM SA pour ses trous de mémoire a dû «peser» sur sa trésorerie, puisque «le conseil d’administration (du 4 décembre 2017, ndlr) a autorisé une compensation de créance entre GMG GLOBAL LTD, la maison-mère et HEVECAM SA» précise hévéa-news qui demeure muet sur les modalités de cette transaction. L’on est en droit de se poser une question. Ne s’agit-il pas d’une stratégie destinée à noyer le bénéfice de l’entreprise pour minimiser le payement de l’impôt ? Allergique aux chiffres – peut-être par pudeur et humilité, HEVECAM SA ne précisera pas combien de dollars ont exactement transité entre le Cameroun et Singapour, pour irriguer GMG GLOBAL LTD.

    Le commissaire aux comptes de l’entreprise – ce magicien des chiffres, préposé à la certification des résultats en rapport avec la législation en vigueur au Cameroun, a été vite remercié. Sans explication officielle ! Tout au plus, le 27ème conseil d’administration du 4 décembre 2017 à Yaoundé, se contente de plaider pour «la nomination d’un nouveau commissaire aux comptes». Qu’à cela ne tienne, globalement HEVECAM SA revendique en 2017, des résultats de 120%. Avec 14 756 tonnes d’hévéa, les plantations ont atteint 92,23 % des objectifs de production. L’usine de caoutchouc s’est aussi distinguée avec une production de 17908 tonnes, soit 94,15 % des objectifs souligne hévéa – news.

    De quoi donner un large sourire aux actionnaires de GMG GLOBAL LTD, du fait des dividendes conséquents. Tout le contraire des employés qui, de leur côté, semblent broyer du noir au quotidien. Les agronomes camerounais Fon Dorothy et Mbondji Ntombé de l’université de Dschang (Ouest) s’expliquent, dans une étude parue en 2015 dans la revue scientifique «agricultural soil sciences» d’octobre 2015. Ils soutiennent que le mauvais traitement des ouvriers agricoles (avec des salaires compris entre 30 000 F et 70 000 F) entraîne, outre des épidémies, des grèves, l’absentéisme maladif au travail (14% du personnel), et des cascades de démissions -de l’ordre de 80%- dès les six premiers mois d’embauche.

    Une performance qui grippe la productivité de l’entreprise. Celle-ci perd par an près de 8231 tonnes de latex, évalués par les auteurs de l’étude à plus de 103 millions de F CFA. Pourtant, comme reconnaissent les administrateurs de GMG GLOBAL LTD dans leur rapport annuel de 2017, l’hévéa produit par le «holding du Cameroun est très apprécié sur le marché pour sa qualité». Mais où sont les hommes ? Où sont les travailleurs ? Après avoir échoué à chasser des plantations d’hévéa les grands maux tels: «le mal, l’ennui et le besoin», le travail chasse-il déjà… les hommes à HEVECAM SA ?

    Jean David MIHAMLE
    Dans le cadre du programme 2017 « La richesse des Nations »,

    un programme panafricain de développement des compétences

    medias dirigé par la Fondation Thomson Reuters en partenariat avec

    Trust Africa. Plus d’informations sur http://wealth-of-nations.org/fr/

  • Depuis Yaoundé: L’Union africaine affiche ses ambitions de puissance

    Depuis Yaoundé: L’Union africaine affiche ses ambitions de puissance

    Le 13 juillet dernier, lors d’une conférence à l’Institut des relations internationales du Cameroun, le président de la Commission de l’UA a présenté les tenants et les aboutissants de la réforme de son institution.

    La réforme de l’Union africaine (UA) vise «le renforcement de notre intégration continentale. C’est surtout un moyen opportun de positionner notre continent comme un acteur crédible sur la scène internationale. Nous devons désormais parler d’égal à égal. De continent à continent. Mais cela passe par le renforcement de notre union», a déclamé Moussa Faki Mahamat à l’Iric vendredi dernier. L’Afrique doit augmenter sa «capacité à se positionner stratégiquement dans le multilatéralisme et même d’en avoir une vision singulière à elle», dévoile le président de la Commission de l’UA. En novembre prochain, à Addis – Abeba, les chefs d’Etat et de gouvernement du continent se réuniront en conférence extraordinaire pour adopter la réforme de l’Union africaine. Autant le dire, si plusieurs axes ont connu des avancées, plusieurs autres attendent le consensus ou sont en cours de discussion.

    Souveraineté budgétaire

    Toujours dépendante de subventions extérieures à hauteur de 90% de son budget, l’UA – dans le cadre de la réforme – va mettre en application la taxe de 0,2% sur les importations non africaines. A ce jour, 26 pays ont intégré le mécanisme dans leur loi de finance. Le Cameroun en fait partie. «Sur dix ans, cette taxe pourrait permettre à l’organisation de récolter 1milliard 500 million de dollars de budget» affirme le président de la Commission de l’UA. Cette taxe permettra de financer nos opérations de maintien de la paix, pour les rendre «conformes à nos cultures et adapter aux menaces». C’est la raison d’être du forum Tana que préside l’ancien président ghanéen John Dramani Mahama.

    La souveraineté budgétaire de l’UA est également le gage de la «rupture du cordon ombilical» avec les puissances colonisatrices d’hier et néocolonialistes d’aujourd’hui, aux velléités d’impérialisme jamais assouvies. «Notre sécurité auto-entretenue, nos projets intégrateurs à travers l’agenda 2063 pour dynamiser l’interconnexion du continent, le fonctionnement de notre organisation ; voilà les clés de notre indépendance dans ce monde incertain» tranche Moussa Faki. Le financement autonome est donc une impérieuse nécessité.

    Du point de vue opérationnel, la division du travail est le premier et principal résultat que vise la réforme. Il s’agit de responsabiliser et de bien faire jouer leur rôle à chacun des acteurs de l’intégration continentale, en l’occurrence les Etats, la Commission de l’UA, les Communautés économiques régionales (Cer), les institutions spécialisés de l’UA, les agences d’exécution…

    Autant le président de la Commission de l’UA salue la mutation déjà actée du Nepad en agence de développement, autant il insiste sur le besoin d’introduire plus de performance au sein la Commission, non sans rappeler le rôle central à jouer par les Cer. De fait, l’une des articulations nouvelles de la réforme est de réinstaller les Cer dans leur rôle de pilier de l’intégration continentale. A travers une meilleure convergence entre les programmes des Cer et une densification du jumelage programmatique entre les Cer et l’UA. Une instance de concertation permanente entre les tops management des Cer et de l’UA devrait voir le jour à cet effet.

    Afin d’introduire de l’efficience au sein de la Commission, un mécanisme de sélection des commissaires est prévu. La répartition régionale de deux commissaires par région sera sauvegardée. Mais le respect des profils et la recherche de l’excellence constitueront la nouvelle trame de désignation des commissaires. Pour Moussa Faki, à travers cette inflexion du mode désignation, l’UA compte renforcer l’exécutif et atteindre la célérité nécessaire.

    Dans le diagnostic justifiant la préparation de la réforme, Paul Kagame affirmait: «nous avons une organisation dysfonctionnelle dont la valeur pour nos Etats membres est limitée, qui a peu de crédibilité auprès de nos partenaires internationaux et en laquelle nos citoyens n’ont pas confiance» (Rapport Kagame, p8). Pour le président rwandais, président en exercice de l’institution supranationale africaine, l’Afrique et son organisation continentale souffrent aussi d’une déconnexion à ses citoyens. Ce qui amplifie l’absence d’une citoyenneté communautaire ou continentale. Le rôle du Parlement panafricain dans ce processus de transformation de l’organisation continentale est aussi souligné.

    Inquiétudes

    A côté de la nécessité impérative de la division du travail entre les acteurs de l’intégration continentale et la réalisation d’une souveraineté financière ou budgétaire, il y a un besoin de représentativité et de légitimité. D’où la pertinence à renforcer les mécanismes de contrôle de l’action du gouvernement continental (Commission) et les dispositifs de suivi de l’exécution physique et financière du budget.

    A prendre également en compte: l’établissement de la loi (protocole additionnel, directives) représentative de l’environnement des citoyens africains. Parallèlement, le besoin d’équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) à la tête de l’UA est une dimension muette. Le renforcement des pouvoirs du président de la Commission de l’UA qui promeut la réforme n’est-elle pas susceptible de remettre en cause ce principe démocratique ? Surtout que pour le Président Kagame, en charge des réformes, «sans respect des principes démocratiques, notre organisation demeurera moins performante et peu crédible».

    La sécurité est un pan important que veut corriger la réforme. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA aura ses compétences renforcées. Le nouveau mode de financement va favoriser le dynamisme du fonds africain pour la paix. Aujourd’hui constitué de 15 membres dont 3 par région, le CPS/UA sera assisté d’un comité technique et stratégique.

    Celui-ci sera constitué des ministres africains de la défense ou des chefs d’état major des armées. Avec la mise en eau de la base logistique de la Force africaine en attente, il est attendu «une mise en œuvre plus opérationnelle de l’architecture africaine de paix et de sécurité», explique le chef de la Commission UA. Dans ce sillage, la force africaine en attente (FAA) devrait connaitre un déploiement plus offensif. A travers l’entrée en scène plus régulière des brigades régionales, on peut espérer un tiédissement des tensions opérationnelles qui guettent certaines armées (Afrique du sud, Soudan, Ethiopie, Tchad, Cameroun…) Ce qui pourrait également limiter le nombre d’opérations de maintien de la paix.

    «Au Sahel, en Lybie, autour du Lac Tchad, en Centrafrique, au Cameroun… la sécurité en Afrique est un enjeu de tous les instants. Nous devons nous renforcer de la prévention à la méthode curative. Comment ces hydres de la mort parviennent-elles à être financées, à s’informer, à se fournir en logistique, à se mouvoir ? Nous devons mutualiser nos forces pour qu’ensemble nous venions à bout de ces agents de la déstabilisation du continent», plaide Moussa Faki.

    Zacharie Roger Mbarga

    Iric 

    Une tradition de fleuron de la diplomatie africaine

    Une fois de plus, l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) a déroulé le tapis rouge à un dinosaure des relations internationales, en visite au Cameroun. Dans l’après-midi de ce 13 juillet, la colline bleue d’Obili est noircie de véhicules et de dignitaires. Les étudiants de l’auguste académie de diplomatie cherchent un chemin pour écouter le patron et le porte-parole de la plus grande organisation continentale.

    Devant un dispositif de sécurité renforcé, le protocole est rigoureux. A son arrivée, le président de la Commission de l’Union africaine est accueilli par le ministre des Relations extérieures. La conférence débute après l’exécution des hymnes du Cameroun et de l’Union africaine. L’amphithéâtre 300 de l’Iric est plein comme un oeuf.

    Dans son mot de bienvenue, le directeur de l’Iric Salomon Eheth parle d’«un institut qui, en près d’un demi-siècle d’existence, se dévoue dans la formation de l’essentiel de l’élite diplomatique africaine». Un haut lieu aux «missions d’enseignement et de recherche… son internationalisation et le renforcement de sa posture d’observatoire des relations internationales», indique le directeur de l’Iric. Et d’ajouter en anglais, «Disons que l’Iric qui vous accueille a été créé en 1971, il aura bientôt cinquante ans.

    Conçu à l’origine comme une académie diplomatique, au service de la performance des États africains, dans un contexte où l’action diplomatique des États africains était centrée sur la libération du continent, la construction de nations solides et l’assistance de son développement. Aujourd’hui, l’Iric est progressivement devenu un centre de référence pour la production et l’acquisition de connaissances et de savoirs-faire dans les métiers internationaux. À ce jour, il a formé des centaines de diplomates et de stagiaires ; et je dois souligner qu’une cinquantaine de nationalités sont passées par ce campus.

    Ils sont Africains, Américains et Asiatiques. De plus, il y a deux jours, notre institut a mis à la disposition des Etats partenaires le 46e groupe de stagiaires diplomatiques et protocolaires. L’Iric est une institution multiculturelle, avec une belle atmosphère, qui reflète l’intégration africaine, digne d’une académie diplomatique continentale. L’Iric est un véritable laboratoire de l’intégration africaine, à travers ses enseignements et le mélange de différentes nationalités, différentes cultures, différentes religions».

    Zacharie Roger Mbarga

    Message 

    Akono dit merci à Paul Biya

    Dignitaires traditionnels et élites de l’arrondissement l’ont scandé à Yaoundé le 15 juillet 2018. Ils se félicitent de la nomination de Gaston Eloundou Essomba au poste de ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee). 

    Leurs mots sortent tout droit des tréfonds de l’arrondissement. Pour un cérémonial à forte tonalité traditionnelle, le format reste celui voulu par une quarantaine de chefs Mvog-Tsoung Mballa et Elega. Sa Majesté Jean Ondoua, leur porte-parole, fixe le cadre: «ce qui nous réuni ici c’est la nomination de notre fils Gaston Eloundou Essomba au poste de ministre de l’Eau et de l’Energie». En termes de prétexte, c’est tout trouvé pour remercier le président de la République. «Sa plume et la main de Dieu ont reconnu la valeur de notre enfant dans un Cameroun où fourmillent mille et une intelligences», jure le chef Mvog-Tsoung Mballa.

    Dans un phrasé hautement proverbial , le tout Akono exhorte l’heureux promu à tenir la dragée haute. Bien plus, les gardiens de la tradition invitent le Minee à s’écarter des postures répréhensibles. Celles qui, par le passé, ont construit une scabreuse réputation autour de l’arrondissement d’Akono. L’acte de nomination de Gaston Eloundou Essomba et le maintien de Cathérine Abena Ondoa , insistent les chefs, soulignent d’une meilleure manière, l’attention que le chef de l’Etat porte sur cette contrée et à ses fils. D’où l’exigence d’un merci appuyé et d’une promesse de vote massif au scrutin présidentiel d’octobre 2018.
    En rapport avec l’environnement sociopolitique actuel dans le pays, la confrérie traditionnelle d’Akono en a profité pour se désolidariser solennellement des fauteurs de troubles et des vautours de la sécession.

  • Transports : un syndicat géant créé en Afrique centrale

    Transports : un syndicat géant créé en Afrique centrale

    Libreville (Gabon) a accueilli le 27 juin dernier l’assemblée constitutive de la fédération des transporteurs de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) en abrégé (Fetrans-CEEAC).

    Une initiative salutaire qui vient renforcer l’organisation du secteur des transports dans le sillage de la mobilité des biens et des personnes dans la CEEAC. Cette rencontre a également permis à l’ensemble des représentants membres des pays de la CEEAC, exerçant dans le domaine du transport de s’unir dans un premier temps, mais aussi et surtout, de s’organiser pour mieux exercer leurs activités en vue de la facilitation du transport des produits au niveau de la sous-région.  Au terme de cette Assemblée générale, le Camerounais Ibrahima Yaya a été porté à la tête de cette fédération. Ancien membre et responsable de l’Organisation des transporteurs terrestres du Cameroun (OTTC), l’élu se montre ambitieux, «mieux on est uni, mieux on est fort».

    Valeur ajoutée
    La nouvelle organisation des patrons de transports a pour objectif de concourir à de meilleures politiques publiques en vue de faciliter les transports et le commerce au sein de la sous-région. Elle ambitionne en outre de mieux défendre les droits des transporteurs et apporter sa contribution au processus d’intégration en Afrique centrale. Il s’agit également, pour le Président de Fetrans-CEEAC «d’éduquer, de changer le comportement des usagers de la route, de former même nos conducteurs pour leur permettre d’avoir au moins la notion du code de la route nous permettant d’éviter les accidents».

    L’initiative est bien accueillie par la CEEAC. Le secrétaire général adjoint de ladite institution communautaire en charge du département de l’intégration physique, économique et monétaire a reçu en audience les responsables de l’organisation. Marie Thérèse Chantal Mfoula a salué la naissance de cette fédération et féliciter ses membres. Elle a par ailleurs souligné que cette fédération arrive à point nommé, dans la mesure où les problématiques de la facilitation des échanges sont au centre des actions actuellement menées par le secrétariat général de la CEEAC. Elle a enfin rassuré de la disponibilité de la CEEAC à travailler avec la Fetrans-CEEAC.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Réserve de changes : une réforme de la réglementation en vue

    La baisse des réserves de change de la Cemac, qui a failli provoquer fin 2016 la dévaluation du franc CFA, serait en partie due au non-respect de la réglementation de changes. «La position extérieure nette des pays membres de la Cemac continue de pâtir des pratiques peu orthodoxes des établissements de crédit», dénonce le directeur général des études, finances et relations internationales de la Beac.

    A l’issue du dernier sommet extraordinaire des chefs de l’Etat tenu en N’djamena le 31 octobre 2017, un nouveau gouvernement de la communauté a été mis en place. Qui est qui dans ce gouvernement ?

    Lors d’une réunion de concertation entre la Cobac, le régulateur du secteur bancaire de la Cemac et les responsables des établissements de crédits en activité dans cet espace communautaire, organisée le 27 juin 2018 à Yaoundé, Ivan Bacale Ebe Molina a notamment reproché aux banques des opérations de transferts entachées d’irrégularité et a déploré le non-rapatriement des recettes d’importation par le canal de la Banque Centrale. Pour comprendre l’ampleur du problème, il faut savoir qu’en 2017 plus de 37 % de demandes d’importation étaient irréguliers.

    Pour résoudre ces, l’équato-guinéen a révélé «qu’une réforme de la réglementation des changes était en cours de finalisation». Selon nos informations la Beac envisage la création d’un guichet unique pour le rapatriement des recettes d’exportation. Objectif: contraindre les opérateurs économiques à s’aligner sur l’intermédiation réglementaire et compétente de la banque centrale dans les transferts internationaux.

    D’autres mesures correctives devraient accompagner la précédente. Il s’agit de la lisibilité des délais de traitement des opérations de transfert et de rapatriement des fonds, de la notification des motifs de rejet des opérations liées aux comptes en devises des résidents, de la définition de la notion des avoirs injustifiés, du besoin de formation et d’accompagnement des établissements par la Banque centrale.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Centrafrique : un système informatique pour le redéploiement de l’Etat

    Centrafrique : un système informatique pour le redéploiement de l’Etat

    Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) viennent de soutenir le développement d’un système informatique intégré, dénommé Lisango 2.0.

    Le président centrafricain

     

    Cet outil facilitera le suivi du redéploiement et de la présence des fonctionnaires et agents de l’Etat dans leurs lieux d’affectation. C’est en appui à la mise en œuvre de la Stratégie nationale de restauration de l’autorité de l’Etat (RESA) élaborée et adoptée par le gouvernement centrafricain depuis 2017.

    Pour la Minusca, «le développement de ce système fait partie des efforts communs pour la restauration de l’autorité de l’état sur le territoire national à travers entre autres, la relance des services publics à la base par le biais du redéploiement et de la sédentarisation des fonctionnaires dans les régions, préfectures et sous-préfectures du pays, un enjeu majeur pour le rétablissement du contrat social avec la population».

    Fonctionnalité
    Une fois suffisamment renseigné en données fiables, Lisango 2.0 permettra de générer des tableaux de bord sur la présence des fonctionnaires et agents de l’Etat par préfecture, sous-préfecture et par département ministériel; d’élaborer de manière interactive les cartes d’illustration et de fournir aux départements ministériels les données nécessaires pour l’élaboration de leurs plans de déploiement mais aussi la prise d’autres décisions stratégiques relatives à la restauration et extension de l’autorité de l’état.

    A l’initiative du Comité interministériel chargé de la coordination et de suivi de la RESA, des ateliers d’appropriation et de formation sur l’utilisation de Lisango 2.0 sont organisés au bénéfice des points focaux (chargés des ressources humaines et responsables de l’informatique) de tous les départements ministériels. Animées par le Pnud et la Minusca, lesdites formations seront orientées vers les préfets et sous-préfets en appui au Ministère de l’administration du territoire et du développement local. L’objectif poursuivi est d’offrir des capacités de collecte d’informations et de maitrise des fiches techniques sur le terrain.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Transit de marchandises: le Cameroun perd près de 200 milliards de francs CFA

    Transit de marchandises: le Cameroun perd près de 200 milliards de francs CFA

    Selon le directeur général (DG) du port autonome de Douala (Pad), «la côte et le corridor nationaux ont perdu plus de 600 mille tonnes de marchandises en transit depuis 2014».

    Photo de famille, à l’ouverture de l’atelier

    «Une telle chute du trafic en transit représente près de 200 milliards de francs CFA, prestations portuaires et transport compris», estime Cyrus Ngo’o. «Si on s’en tient aux plaintes des transporteurs, ces 600 mille tonnes équivalent 20 milles conteneurs de 40 pieds, auraient déserté notre corridor, à cause, en grande partie, des tracasseries évaluées à 140 000 francs CFA par voyage, soit 2 milliards de francs CFA entrés dans des poches privées. En clair, le tissu économique a perdu 200 milliards de francs CFA sur l’autel des intérêts personnels!», dénonce le DG du Pad au cours d’un atelier d’évaluation de la mise en œuvre des recommandations du 2e forum tripartite Tchad-RCA-Cameroun tenu à N’Djamena du 12 au 14 décembre 2017.

    A la fin de cette évaluation, les participants ont néanmoins constaté que beaucoup a été fait pour l’amélioration des conditions de circulation des hommes et des marchandises à destination des ports de Douala et de Kribi. Ces ports doivent désormais faire face à la concurrence d’autres infrastructures de même nature qui se sont multipliés dans la région. «La communauté portuaire nationale est consciente que beaucoup de choses doivent être faites pour améliorer l’offre de transport et de logistique que nous devons offrir à la sous-région. Et depuis les recommandations du dernier forum à N’Djamena et la rencontre à Bangui, tout le monde a pris conscience que beaucoup de choses se sont améliorées», assure Gabriel Maninben, vice-président du port synthèse.

    Au regard des enjeux, une stratégie d’adaptation aux besoins de sa clientèle de l’offre camerounaise en matière de commerce extérieur maritime a été élaborée au cours de l’atelier. Elle se décline en la prise en compte des préoccupations du Cameroun, la confortation de sa position comme pays de transit par excellence et la révision du cadre réglementaire (accélération du processus de relecture des textes pour les adapter aux impératifs du contexte actuel). De fait, l’accent doit sera mis sur l’accueil et le séjour des navires, la politique tarifaire et procédurale incitative aux transformations et à la création des hubs et des plateformes d’éclatement.

    Alain Biyong

  • Bernard Njonga: Un «paysan» dans le champ de la présidentielle

    Bernard Njonga: Un «paysan» dans le champ de la présidentielle

    Le candidat qui se positionne comme celui du monde rural, a bâti son arsenal idéologique sur le « comment faire décoller le Cameroun par l’agriculture ». Portrait.

    «Dans la filière agropastorale,depuis le 28 juillet 2018,l’actualité est dominée par le projet d’accord-cadre entre le Cameroun et la France, fixant la coopération dans le domaine de l’enseignement et de la formation agropastorale et rurale». Pour quelqu’un qui s’improvise présentateur du journal télévisé, Bernard Njonga veut vite savoir si son test est concluant. A un angle de son bureau, où trônent des ouvrages sur José Bové, il se tient droit, sérieux, presque sévère.

    Il pose des questions sur sa voix, son débit, sa maîtrise de l’actualité et sa manière de la rendre. Il ricane à l’idée qu’il vient de pécher en valorisant uniquement «l’info agricole». «C’est mon affaire: l’agriculture et le monde rural», justifie-t-il joyeusement ce 11 juillet 2018, devant un jury tout aussi improvisé. Et puis, le sourire se crispe, comme si l’homme se rend compte de la violence du vocabulaire. Il cherche un mot dans lequel il se retrouve mieux. «Je suis paysan, parce que je n’exploite personne, mais bien au contraire je coopère avec la vie», soutient-il en bon avocat de lui-même.

    Ecce homo

    Cette posture est comptée à l’aune de ce qu’il est ou de ce qu’il semble être: «versatile», «conséquent», «bateleur», «sympathique»… A 63 ans, on le dit oublieux des traîtrises, les siennes et celles des autres. En tout cas, certains parmi ses amis renseignent que, très souvent, Bernard Njonga plaide pour «les coups au foie plutôt qu’au menton», parce qu’ils atteignent plus profondément que les uppercuts classiques de la politique. Et comme ils le connaissent trop bien, ils le voient parfois flotter, se tromper, se détourner. Et s’excuser. Car Bernard Njonga ne se justifie pas, ou si peu ; il élude et passe à autre chose. La vie, c’est la vie. «Ces amis-là ont raison», plaide l’ancien «pousseur».

    D’autres craignent pour sa candidature, tant celle-ci est assise sur un parcours d’actions d’éclats et une inexpérience gouvernementale. «Au moins, cela en fait à coup sûr, un animal politique sans précédent dans l’histoire du Cameroun», abrège Jean-Paul Kameni, un observateur de la scène nationale. Mais, le candidat peut compter sur le parti sous la bannière duquel il se présente à la présidentielle: le Crac («Croire au Cameroun»). De cette formation, le président qu’il est esquisse une définition: «c’est la simple émergence d’une nouvelle génération composée de profils venant d’horizons différents, rassemblés autour d’un homme et d’un projet, déterminés à refuser la reconstitution des schémas du passé et animés par le pragmatisme, ce que certains appellent aussi, tout simplement, «le bon sens».

    Campagne

    Là-dedans, assure-t-il, le tout n’est pas de pourfendre régulièrement le «système politique» actuel, même si on dénonce sa vacuité. A ceux qui soupçonnent quelques accointances avec le «système», Bernard Njonga invite à un tour d’horizon de ses soutiens actuels. A l’en croire, ceux-ci dessinent, au contraire, le profil d’un candidat n’ayant aucune entrée dans les sphères dudit «système».

    Tout cela donne un inventaire structuré et alimente sa campagne présidentielle. Avant le 28 janvier 2018, date d’officialisation de sa candidature au scrutin du 07 octobre prochain, ce fils des Grassfields insiste sur les valeurs paysannes héritées de sa famille, pour défendre une agriculture adaptées aux défis agro-alimentaires du pays. D’ailleurs, «Trente ans de lutte citoyenne, Je continue…», l’ouvrage qu’il commet en 2016, tente de rapprocher entre elles, toutes les pièces d’un vaste puzzle pour montrer que tous les enjeux liés à l’agriculture, à l’alimentation et au développement du Cameroun sont interconnectés. «Ce document est un agréable et fort réussi cocktail de tous les genres. Il raconte de petites histoires sur la Grande Histoire du monde agricole camerounais. Sinon, il aurait pu être raté», commente Mahama Mbeunoun, homme politique et critique littéraire.

    Un programme et une vision

    Et avec ça, Bernard Njonga est sûr de lui-même. Pas replié sur ses secrets, il dit faire de la politique «autrement». Selon lui, «ceux qui s’amusent de la chose politique et ceux, il y en a de plus en plus -il suffit de soulever une pierre-, qui causent de la vie de tous les jours: slip, chaussettes, femmes, maris, maîtresses, amants, ex, belle-mère font une politique au goût écœurant, au bout de laquelle une candidature précède le programme, alors que la logique imposerait l’inverse».

    Belle brèche pour brandir ses «40 mesures pour faire décoller le Cameroun par l’agriculture en 5 ans». «Du concret, un projet économique soigneusement concocté depuis des années par notre parti». L’affaire ne se limite pas à des effets de manche dans des salles de réunions et devant des auditoires conquis d’avance. «C’est du fond!», martèle l’ingénieur agronome. Et le fond ici, contrairement à la fable du laboureur et de ses enfants, c’est bien ce qui, à son avis, manque le plus aux politiques publiques promues par les énarques aux commandes.

    «Regardez, le prestigieux ministère de l’Agriculture qui fut longtemps la clé de voûte de la politique économique nationale, ne dispose plus d’aucun pouvoir maintenant. Qui sait mieux que les victimes de cette politique suicidaire, qu’un pays qui se désindustrialise déplore ensuite une augmentation du déficit commercial, du chômage et de la précarité, de la dépense publique et de sa dette ?», s’interroge-t-il. Pour cela, il estime qu’une posture politicienne pointant du doigt les conséquences est inopérante et il convient de s’attaquer prioritairement aux causes de la pauvreté.

    Grosse raison pour se présenter comme le candidat de l’optimisme et du volontarisme, celui du «nouveau monde» contre le «monde d’hier». Cela se fait sur plus de 200 pages d’un interminable discours. Les mots sont la base idéologique politique et une vision à long terme. Ses militants et lui-même disent qu’ils avancent en douceur. Ils ont pris tout leur temps pour développer leur stratégie de conquête politique, et s’adaptent à l’environnement… Aujourd’hui, leur joker sait qu’il ne rassemble pas tous les Camerounais mais se positionne comme le représentant de l’ensemble des paysans. C’est ce qu’il souhaite insuffler à l’opinion avant et après le scrutin du 07 octobre 2018. Dans cette dynamique, Bernard Njonga affirme qu’il y a une vraie stratégie.

    Jean-René Meva’a Amougou

     

    A propos de l’intégration

    Le candidat du Crac est formel: Le Cameroun traverse une période de questionnement profond sur son leadership sous-régional. «C’est la conséquence tardive d’une vision diplomatique qui a privé le pays de continuité stratégique», valide Bernard Njonga. Et de fait, l’intégration sous-régionale n’apparaît, à ses yeux, que comme un terme de plus dans le balancier permanent entre repli égoïste et aventurisme messianique.

    Du point de vue du candidat du Crac, un nouvel équilibre sous-régional n’est pas évident à cibler. Mais il faut anticiper et redonner au Cameroun les moyens d’y faire face. Cette approche invite à s’appuyer sur les capacités d’initiatives des entrepreneurs camerounais en leur redonnant un système financier doté d’un marché libre de taux. C’est-à-dire dont le fonctionnement ne serait plus biaisé par une politique monétaire administrant de facto les taux ; c’est-à-dire aussi avec des acteurs surveillés, et non plus administrés, au moyen de procédures normalisées. Ce marché libre est le seul système éprouvé pour sélectionner les bons projets d’investissement.

    Sur le chapitre de l’intégration nationale, «ce bidonnage sémantique alimente l’insatisfaction des populations paysannes camerounaises autrefois aisées qui se voient de plus en plus coincées par la double concurrence des populations pauvres, rendant irréversible leur éviction».

    Jean-René Meva’a Amougou

    Bio-Express 

    • Date et lieu de naissance : 18 octobre 1955 à Bangoua (Ouest-Cameroun)
    • Nationalité : camerounaise
    • Formation : ingénierie agricole
    • Carrière : Après ses études universitaires, il devient un fonctionnaire camerounais en tant qu’assistant de recherche à l’Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD). Après trois ans de service, il démissionne en 1987 de la fonction publique.
    Vers les années 1980, il crée l’organisation non gouvernementale Service d’appui aux initiatives locales de développement (SAILD) qui publie le journal La Voix du Paysan
    Ami de l’altermondialiste français José Bové, il a dénoncé les détournements de fonds dans la filière maïs ou l’introduction des OGM lorsqu’il dirigeait l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic).
    Bernard Njonga est également Secrétaire général du réseau Dynamiques africaines et porte-parole de la COSAC (Coalition pour la souveraineté alimentaire du Cameroun). En 2004, il a fait campagne contre l’importation de l’excédent de cuisses de poulets surgelées en provenance d’Europe.
    Il se déclare candidat à l’élection présidentielle de 2018 au Cameroun pour le Croire au Cameroun (Crac), parti politique qu’il a fondé et dirige.

    • Ouvrages :
    2016-Trente ans de lutte citoyenne, Je continue… (collection Osons Esemble)
    2012-Pauvre paysan, «voyage au cœur d’une campagne»
    2008-Le poulet de la discorde
    1998-Recueil des fiches techniques de l’entrepreneur rural (tomes 1 et 2)
    1992-Cheminement démocratique des organisations paysannes
    1994-Financer les organisations paysannes sans les étouffer

     

     

  • Manœuvres: Paul Biya investi sans l’avis des militants du RDPC

    Manœuvres: Paul Biya investi sans l’avis des militants du RDPC

    Aidé par quelques caciques et des textes taillés sur mesure, le président sortant a réussi à s’imposer une énième fois comme candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais à l’élection présidentielle du 07 octobre.

    Le président national du RDPC

    «Paul Biya, candidat naturel du RDPC». La formule rappelle le parti communiste soviétique et tranche avec l’image d’un homme «moderne voire futuriste» (pour citer Jacques Fame Ndongo) que le président sortant, 85 ans dont 35 passés à tête de l’Etat, se donne du mal à se construire. Au RDPC, son parti, l’expression agace beaucoup même si seuls quelques courageux osent l’avouer. Saint-Eloi Bidoung est le sacrifié qui accepte d’en parler à visage découvert. «Le président Biya aurait dû être adoubé lors du congrès du parti», indique-t-il.

    Pour le 1er adjoint au maire de Yaoundé 6, invité éclair de Policam, l’émission politique de la RTS, une radio urbaine de Yaoundé, cette investiture sans congrès frise le «déni de démocratie». Sur la masse de militants revendiquée par le parti, c’est en effet une vingtaine de caciques, réunis au sein du bureau politique, où on entre sur proposition ou par nomination du président national (voir article 26 des statuts du RDPC), qui a investi Paul Biya comme candidat de cette formation politique à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018.

    Tout s’est joué en cette matinée du 03 novembre 2016. Convoqué au palais de l’Unité, «le saint des saints», comme il se fait appeler, proroge le mandat de Paul Biya comme président national du RDPC et donc fait de lui le candidat du parti au pouvoir à la future élection présidentielle. Il faut savoir que, selon l’article 27, alinéa 3, le président national «est le candidat du parti aux élections présidentielles».

    Désir d’éternité

    La décision du bureau politique est prise «conformément à l’article 18 des statuts du RDPC», justifie la présidence de la République du Cameroun. Mais rien n’est vraiment clair à la lecture de cet article. «Le congrès définit l’orientation politique, économique, sociale et culturelle ainsi que le cadre général de l’action du Parti. Il se tient tous les cinq ans. Toutefois, en cas de nécessité, cette période peut être abrégée ou prorogée par le bureau politique.Il peut être convoqué en session extraordinaire dans les conditions fixées à l’article 22 des présents statuts», indique-t-il. «Comme le congrès élit le président national, c’est donc de manière incidente que le bureau politique étend son pouvoir à la prorogation du mandat du président national», explique un cadre du parti.

    Mais à bien lire les textes du RDPC, Paul Biya est candidat à vie de cette formation politique car élu à vie président du parti, un peu comme le sont les membres du comité central dont les mandats ne sont pas renouvelés. C’est que l’article 19 des statuts de ce parti indique que «le congrès élit le président national du parti, les membres du comité central au scrutin de liste et les membres suppléants du comité central», sans préciser pour combien de temps.

    Jacques Fame Ndongo est d’ailleurs formel: «il y a aucune disposition qui limite ce mandat», affirme ce membre du bureau politique et secrétaire national à la communication du RDPC en mi-septembre 2016 alors que le débat fait rage sur la nécessité de la tenue d’une convention du parti. La preuve, lorsque Paul Biya convoque la réunion du bureau politique ce 03 novembre, il y a plus de 5 ans que s’est tenu le dernier congrès qui l’a réélu. C’était précisément les 15 et 16 septembre 2011. Paul Biya sera le candidat du RDPC «à toutes les autres élections présidentielles (futures) jusqu’à ce que lui-même en décide autrement», indiquait en juillet 2011, le ministre de l’Enseignement supérieur.

    Manipulations

    A quoi a donc servi la prorogation du mandat du président national par le bureau politique ? «A envoyer le messager que le patron est toujours partant et à déclencher l’avalanche d’appels en faveur de sa candidature», confie une source. D’ailleurs, au sortir de cette réunion, les membres du bureau politique ont, dans une motion commune, invité Paul Biya à être «le candidat du RDPC à la prochaine élection présidentielle».

    Ce sont ces appels que Paul Biya utilise ce 13 juillet pour donner une certaine légitimité à sa candidature. «Chers compatriotes du Cameroun et de la diaspora, conscient des défis que nous devons ensemble , relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère, j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants», prétexte le président sortant avant d’ajouter: «Je serai votre candidat à la prochaine élection présidentielle». «Paul Biya est candidat depuis longtemps», affirmait pourtant Grégoire Owona, secrétaire adjoint du RDPC, dans le quotidien Le Jour, édition du 11 juillet.

    Aboudi Ottou

    Déclaration de candidature

    Entre good buzz et bad buzz

    Dans l’opinion publique locale et la diaspora, l’annonce provoque des réactions ultra-négatives et ultra-positives.

     

    Décidément, «Dieu ne descend pas sur les marchés». C’est en tout cas ce que démontre encore Paul Biya. Plutôt que d’annoncer sa candidature au cours d’une conférence de presse ou d’un meeting politique, l’actuel chef de l’Etat préfère le costume du président se voulant (très) au-dessus de la mêlée, «jupitérien» comme les éléments de langage veulent l’imposer. En un tweet, un peu à la façon Donald Trump, «l’Homme-Lion» se dédouble pour réussir son coup de com’.

    Performance

    Dans la mousse médiatique qui escorte l’affaire, il y en a un qui confirme le changement d’époque. Ce 13 juillet 2018, en ouverture du 13 heures de l’antenne radio de la Cameroon Radio Television (CRTV), Charles Ndongo estime que Paul Biya a surpris tout le monde. «Toute la toile s’est littéralement embrasée», constate l’éditorialiste. Cela sonne juste: dimanche 15 juillet en mi-journée, 581 commentaires, 623 retweets et 941 j’aime font crépiter le compteur présidentiel.

    «Aucun autre candidat à la prochaine présidentielle ne peut se vanter d’une telle performance. Surtout que là où les autres crantent avec de l’aspérité, lui y parvient grâce à des éléments concrets de son programme», évalue Jean-Baptiste Atemengue. A ce militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) d’en fournir la preuve par le tweet présidentiel: «Conscient des défis que nous devons, ensemble, relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère». «Et le flot est loin de s’arrêter», projette Charles Atangana Manda, le chef de la division de l’observatoire des médias et de l’opinion publique au ministère de la Communication.

    A l’observation, il se passe un «jeu»: les supporters de Paul Biya attaquent dès qu’on s’en prend à leur candidat ; parfois ils se limitent à relayer les messages positifs, ils arrêtent de répliquer sur les polémiques. Une série d’utilisateurs particulièrement mobilisés tente ainsi de faire vivre les propositions de leur candidat sur les plateformes sociales. Le tempo vient de la diaspora, précisément de la section RDPC Afrique du Sud: «100% Paul Biya notre joie aujourd’hui est débordante, nous avons reçu le plus beau cadeau de notre Champion et Candidat Président Paul Biya, Merciiiiii mon Champion», dixit Pouokam Messy.
    Ailleurs, on lit: «Hum, grand-père, si c’est la volonté de Dieu alors que sa volonté soit faite, mais il faut que tu saches, nous le bas peuple on subit, alors si tu peux modifier le système en place et mettre un système plus favorable et équitable, beaucoup de courage car les enjeux sont énormes», tempère Giresse Belinga.

    Boulets rouges

    Et comme l’on peut s’y attendre, en déclarant sa candidature via tweeter, Paul Biya semble agacer ses poufendeurs, affichés sur la page présidentielle. A l’instar d’Arthur Owono qui croit au canular: «J’espère que c’est un fake news», dit-il en guise de commentaire. Pour d’autres, ce n’est plus l’information qui compte mais le personnage au centre de l’information. Cela se lit dans la diaspora, pourtant ciblée par Paul Biya. «Je suis camerounaise, mais je ne me rappel pas avoir sollicité votre candidature.

    Précisez souvent que vous répondez à l’appel d’un clan de vieillards, antipatriotes. Tous responsables de l’échec de ce pays. Vous voulez organisez les élections, mais refusez de régler la crise», avise Anne Doris. «C’est drôle, on dirait que ce monsieur n’écoute le peuple qu’une fois tous les 7ans et sur un seul sujet, sa participation aux présidentielles. Une fois élu, il redevient le premier sourd du pays pour 7 ans», ajoute Rostan TC.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • 05

    05

    C’est le nombre de catégories de l’aide destinée aux populations du Nord-ouest et du Sud-ouest, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan humanitaire d’urgence.

    Le 14 juillet 2018 sur la CRTV-télé, Paul Atanga Nji (ministre de l’Administration territoriale et président du Comité ad hoc chargé de la coordination du Plan) a déclaré que l’aide se décline en 05 visages: aide alimentaire, matériel de première nécessité, kits hygiéniques, matériel agricoles et aide à la reconstruction des habitations.

    Ces matériels, a précisé le membre du gouvernement, doivent être déployés dans les deux régions anglophones du pays dès le 18 du mois en cours. Aucune autre indication sur le chronogramme n’a été révélée. Toutefois, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations unies (Ocha), associé à la distribution de l’aide, celle-ci sera opérationnalisée sur le terrain par des organismes tels que la Croix-Rouge, les confessions religieuses et les GIC.

  • S.E. Wattana Kunwongse

    S.E. Wattana Kunwongse

    C’est l’ambassadeur de Thaïlande au Cameroun. Depuis son arrivée au Cameroun, ce diplomate de carrière s’active dans la consolidation des relations commerciales entre Bangkok et Yaoundé. Le 10 juillet 2018, il a effectué une visite de courtoisie au ministère du Commerce.

    Avec Luc Magloire Mbarga Atangana, le maître des lieux, le Thaïlandais a discuté de la mise en œuvre d’un cadre de travail en vue de booster les échanges entre son pays et le Cameroun. Ces échanges, pense-t-il, ne reflètent pas les potentialités. «Il existe des possibilités d’accroitre ce volume des échanges. Le Cameroun regorge de nombreux produits de première nécessité et de grande consommation.

    Il se situe en une zone stratégique et peut servir de porte d’entrée en Afrique Centrale pour notre pays. Nous invitons l’invitons aussi à considérer la Thaïlande comme porte d’entrée en Asie», explique le diplomate. S.E. Wattana Kunwongse a par ailleurs présenté la TICA (Agence thaïlandaise pour la coopération et le développement international) comme un instrument au service des entreprises camerounaises désireuses de se déployer en Thaïlande.

  • Election présidentielle: Le coup de force  de Paul Biya

    Election présidentielle: Le coup de force de Paul Biya

    L’élection présidentielle de cette année au Cameroun aura lieu le 07 octobre prochain. Et Paul Biya est candidat à sa succession, pour un autre bail de sept années à la tête du pays. Voilà la quintessence de l’actualité politique récente au Cameroun.

    President of Cameroon Paul Biya and Chinese President Xi Jinping (not pictured) attend a signing ceremony at the Great Hall of the People in Beijing on March 22, 2018. / AFP PHOTO / POOL / Lintao Zhang

    Le président sortant, âgé de 85 ans, cumule déjà 35 années de magistrature suprême. Un record inédit, qui n’apaise pas pour autant son appétit insatiable du pouvoir. L’octogénaire Biya est sans état d’âme dans sa quête de conservation du fauteuil présidentiel. Sourd aux conseils avisés des pays amis (en l’occurrence les Etats-Unis d’Amérique) à passer la main, Paul Biya dans un tweet vendredi dernier répond favorablement aux «appels» à briguer une fois de plus la magistrature suprême.

    Une déclaration de candidature urbi et orbi, amplifiée fort opportunément par la visite officielle à Yaoundé du patron de la commission de l’Union africaine et le matraquage médiatique de la CRTV. Le média audiovisuel à capitaux publics, prenant fait et cause en faveur du président – candidat, au mépris des normes recommandées en période pré-électorale ou électorale, a naturellement mis sous le boisseau les violations de l’article 86 du code électoral par Paul Biya.

    En effet, selon Jean Marc Bikoko de Dynamique Citoyenne (coalition des acteurs et des organisations de la société civile camerounaise), le président de la République n’a pas respecté les délais de la loi électorale sur la convocation du corps électoral pour les municipales et les législatives. «Il avait jusqu’au 21 juin 2018 pour les législatives et jusqu’au 27 juin 2018 pour les municipales. Il ne l’a pas fait, pour proroger les mandats plusieurs jours plus tard», dénonce Dynamique Citoyenne.

    Jean Marc Bikoko poursuit la dénonciation: «Le président de la République justifie le report des législatives et des municipales par le chevauchement des élections. Or, seul le motif de «crise grave» est reconnu par la loi pour justifier l’ajournement des élections». Le réseau des organisations de la société civile suspecte également la priorité accordée à l’élection présidentielle par l’establishment. «Paul Biya veut être le seul à avoir la légitimité du suffrage.

    Il préfère que les autres, notamment les magistrats municipaux, tiennent leur légitimité de lui». Calcul politique du prince qui remet au goût du jour l’éternelle revendication de publication (au moins un an à l’avance) du calendrier électoral du pays. Cette revendication et bien d’autres sont contenues dans le code électoral alternatif proposé depuis janvier 2017 aux autorités camerounaises par la société civile.

    Selon des sources crédibles, d’autres propositions de réforme du code électoral, respectivement formulées par Elections Cameroon (Elecam) et le ministère de l’administration territoriale, dorment depuis plusieurs années dans des tiroirs et placards de la présidence de la République. Paul Biya, attendu pour adresser la problématique de la réforme du système électoral camerounais, n’a pas levé le petit doigt.

    Il opte d’organiser l’élection présidentielle d’octobre prochain avec le système électoral ô combien décrié par toutes les parties prenantes, et qualifié par Dynamique Citoyenne de «machine de fabrication des victoires du parti au pouvoir». Vous avez dit verrouillage électoral !

    Universalité du suffrage

    Comment le scrutin du 07 octobre prochain va-t-il se dérouler dans les régions anglophones du pays, en proie à une crise sécuritaire sans précédent ? La question est sur toutes les bouches au vu du durcissement des revendications séparatistes et des affrontements armés grandissants sur le terrain. «L’universalité du suffrage ne sera pas respectée sur l’ensemble du territoire, précisément dans le Sud-ouest et le Nord-ouest du pays», prédit d’emblée Dynamique Citoyenne.

    L’élu du 07 octobre prochain sera-t-il auréolé de toute la légalité et de toute la légitimité pour diriger le pays ? A l’observation, les standards internationaux pour «une élection libre, crédible et transparente» seront mis à mal le 07 octobre prochain au Cameroun. Paul Biya le sait certainement. Mais, il choisit le passage en force. Comme il l’a fait dans son parti politique, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).

    Où l’investiture classique du champion à l’élection présidentielle n’a pas eu lieu. Le président national du RDPC a royalement snobé sa machine électorale dans le processus de préparation et déclaration de sa candidature à la présidentielle d’octobre prochain. Paul Biya a opté pour le «cavalier seul», qui ne lésine sur aucun moyen pour conserver le strapontin présidentiel. Les méthodes d’un autre âge. Son âge.

    Thierry Ndong Owona

  • Joseph Beti Assomo

    Joseph Beti Assomo

    On n’est plus tranquille nulle part dans la partie anglophone du Cameroun. Le 12 juillet 2018 à Kumba, l’une des localités de cette zone, c’est là que se trouvait le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense (Mindef) lorsque des hommes armes au poing, s’attaquent au convoi.

    Si Joseph Beti Assomo a dû avoir une belle frayeur, les assaillants ne sont, quant à eux, pas tous repartis. En dehors des morts, beaucoup ont été neutralisés. Désormais, apprend-on de sources crédibles, le Mindef a pris en compte les «menaces intentionnelles» contre l’armée camerounaise et les représentants du pouvoir de Yaoundé. Dans cet environnement, l’ancien gouverneur ne se console pas d’avoir échappé belle.

    D’office, il ne peut que convoquer vigilance des bidasses pour empêcher que le Nord-ouest et le Sud-ouest ne deviennent des arènes de gladiateurs, où les brigands de toutes natures pourraient se croire en droit de faire exercer leurs vengeances, rendant vaine toute possibilité d’alternative à la guerre, méprisant même ceux qui œuvrent à trouver les moyens de résoudre pacifiquement la question dite anglophone.

  • 300

    300

    C’est le nombre de villages camerounais qui pourront, grâce à la République populaire de Chine, accéder au signal de la télévision numérique terrestre lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2019. S.E. Wang Yingwu, l’ambassadeur de Chine au Cameroun, l’a annoncé le 12 juillet dernier à Yaoundé.

    Reçu par Issa Tchiroma Bakary (ministre camerounais de la Communication), le diplomate chinois a indiqué que 300 kits adaptés seront distribués. Plus concrètement, c’est StarTimes, géant chinois des medias, qui offre des bouquets basiques et uniques aux localités sélectionnées.

    Il s’agit, selon S.E. Wang Yingwu, d’un système de téléviseur projecteur innovant qui utilise l’énergie solaire. Comme la majorité des pays africains, le Cameroun est en retard dans le processus de migration numérique dont la date butoir avait été fixée au 17 juin 2015, selon l’accord de Genève signé en 2006 sous l’égide de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

  • Mondial 2018: Une victoire arrivée un peu en retard

    Mondial 2018: Une victoire arrivée un peu en retard

    Des avis glanés à chancellerie française, le trophée de Russie 2018, gagné 4 buts contre 2 par les Bleus face à la Croatie, aurait donné plus de couleur à la fête du 14 juillet à Yaoundé.

    Le 14 juillet 2018 à l’ambassade de France

    «Le 14 juillet serait plus festif si une autre étoile venait s’accrocher au maillot français». La phrase de Laurent Veysssière esquisse l’orientation que de nombreux Français, venus célébrer, aux côtés de l’ambassadeur Gilles Thibaut, la 229ème commémoration de la prise de la Bastille. L’événement, par la manière dont il se trouve aujourd’hui mis en scène à la chancellerie, semble même artificiel, voire strictement à vocation historique.

    D’aucuns (l’ambassadeur en premier) auraient préféré surfer sur une nostalgie fort conviviale. «Le trophée aurait transformé la fête en culte vintage du maillot bleu, mais le calendrier, on ne va pas le défaire», avance le diplomate. Pour Nicolas Martov, «si la finale se jouait ce 14 juillet, en l’espace d’une soirée, la France et ses amis, auraient rajeuni de 20 ans, en brandissant de nouveau la Coupe du monde au ciel».

    Ici à l’ambassade de France, le regret résonne comme airain rappelant France 98. Repris en allegro, les derniers mots de la Marseillaise affichent des visages aux yeux rivés sur Moscou. «Et puis c’est loin, la capitale russe», constate Gilles Festor. Le jeune lycéen s’imagine une garden party bousculant le calendrier Fifa. «Ainsi, l’exceptionnalité de l’exploit sportif aurait provoqué une communion rarement observée. Et le 14 juillet serait une date qui pèse dans l’histoire de la France avec un H majuscule», déballe Georges Frézet.

    Mbappé et Um Titti

    Deux noms qui, de l’avis des uns et des autres, ont fait plier des équipes «particulièrement appliquées et sérieuses». «Des Camerounais pur-sang», martèle Lucien Ebongoh, invité du fait de sa parenté avec les Mbappé. Féru des données anthropologiques, cet économiste a son opinion. «Si la finale avait eu lieu le 14 juillet, et qu’on la vive ici, personne ne songerait à en faire en élément explicatif de la sélection des uns et des autres mais tout le monde s’accorderait à en faire un symbole de la réussite du modèle d’intégration français», dit-il.

    Sous son raisonnement, il y a à lire les difficultés (fondées ou non) d’obtention des visas et même de racisme. «Le 14 juillet aurait été le moment qui rassemble parce qu’il est le rappel périodique de l’instant zéro des sociétés africaine et française. C’est-à-dire qu’il répète la fondation, la fusion d’une multitude en une unité sous la figure du sens et l’ivresse footballistique», théorise l’homme, en «sawa éclairé».

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Poste centrale de Yaoundé: Quand le Mfoundi écrit son roman-fleuve

    Poste centrale de Yaoundé: Quand le Mfoundi écrit son roman-fleuve

    A cet endroit stratégique de la capitale, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) a, sur ordre du président de la République, ouvert un titanesque chantier. Reportage.

    Vues du lit du Mfoundi

    «Tôt ou tard, il faudra réinventer le Mfoundi, redessiner ses bords et ses canaux, pour les inscrire dans la modernité ». Peu avant sa mort, André Fouda l’a confié à Paul Biya au cours d’une causerie. Au quartier Fouda dans le 5e arrondissement de Yaoundé, le 1er mars 1980, le Premier ministre du Cameroun de l’époque choisit la même phrase en guise d’hommage au premier délégué du gouvernement auprès de la commune urbaine de Yaoundé. Trente-huit ans plus tard, Paul Biya est le président de la République. Le scénario s’avère être un écho aux mots prononcés par l’intéressé sur la place du deuil: «Cher André, la capitale que tu as aimée sera à l’image de ton vœu, nous porterons et réaliserons tes projets sur le Mfoundi».

    Le chef dans l’eau

    En fin d’après-midi du 29 mai 2007, les eaux déchainées du Mfoundi ramènent ce propos à leur surface. Etalant leur furie au lieu-dit «Poste centrale» de Yaoundé, elles coincent le chef de l’Etat Paul Biya, de retour du Nigéria. L’inondation est remarquable par son coefficient. Jouée sur fond de happening spectaculaire, la scène fait gronder les puristes de l’urbanisme moderne. Pr Théophile Yimgaing Moyo explique la «déconvenue» par le fait d’avoir enterré le Mfoundi. A côté de ce regret du président de l’Ordre national des architectes-urbanistes du Cameroun, d’autres commentaires se situent à rebours de toute logique rationnelle. Ils dévalorisent la simple métaphore au profit du prolongement d’un esprit tourmenté.

    «C’est André Fouda qui parlait ainsi à Paul Biya», avance Léon Nsi. L’octogénaire Mvog-Ada estime que l’«enterrement » (entre 1978 et 1979) du Mfoundi, sous l’actuel Boulevard du 20 mai, marque le début de tous les problèmes d’inondation à la Poste centrale. «André Fouda n’avait pas voulu cela, mais les polémiques ont eu raison de lui», soutient-il, en posture de détracteur de l’ouverture d’un nouveau chantier. Celui que Jean-Claude Mbwentchou attribue, en urgence assortie d’un délai de deux semaines à la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), est du registre de l’ultime.

    Satisfactions

    Les Yaoundéens se félicitent pourtant de l’approche nouvelle qu’impulse le ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Mindhu). Entre le marché du Mfoundi et l’immeuble SNI, une armée d’ouvriers s’active sans relâche. Ce 14 juin 2018, sous une fine pluie, Pa logistique est titanesque. C’est un ballet incessant de pelleteuses, camions et grues. Plusieurs enseignes commerciales n’échappent pas à la destruction, moyen inévitable pour ouvrir une voie plus grande aux eaux rougeâtres.

    De temps en temps, on aperçoit la silhouette de Gérard Essi Ntoumba. Le chef de la cellule de développement urbain à la CUY et non moins coordonnateur du Projet d’assainissement de Yaoundé (Pady II), mène de main de maître ce chantier lourd, qui n’est pas sans susciter la joie journalière des riverains. «Que le président ait enfin pris la mesure du problème ici à la Poste centrale, il ne fallait plus que çà», se félicite dame Valérie Noumbissi, tenancière d’un espace de vente de produits phytosanitaires.

    La réalité du terrain conforte : sur le lot 2 du chantier (Pont de la gare-Immeuble SNI, soit 0,9 kilomètres), le canal est aménagé sur 0,7 kilomètres, selon les données fournies par la CUY. Au nom de la même institution, Gérard Essi Ntoumba annonce des réelles avancées au niveau de la boulangerie Acropole, avec 1,4 kilomètre de canal aménagé sur 1,8.
    A regarder de près, on comprend mieux la dimension de ce projet d’une mixité inédite. «Il y a des canaux souterrains qu’il faut curer, débarrasser de leurs ordures et de leur boue ; c’est complexe tout çà», renseigne le coordonnateur du Pady II.

    On s’est donné des moyens pour réaliser ce travail. Gilbert Tsimi Evouna, délégué du gouvernement auprès de la CUY, les énumère: «Evoluer avec son époque a un coût. On a mis les bouchées doubles pour partir enfin sur des bases solides: réalisation d’une enquête publique modificative, adoption d’une ordonnance permettant la création d’une société de projet publique, obtention d’une subvention européenne du coût du projet, engagement des études techniques approfondies, mise au point d’un protocole de gouvernance et de financement avec les collectivités locales décentralisées». Ironiquement, le «super-maire» en donne la raison: «On dit du feu qu’il n’y a rien de plus terrible ; mais l’eau, elle, on ne peut pas la maîtriser. Capricieuse et vicieuse, elle s’infiltre partout sans qu’on ne puisse rien y faire. C’est pour cela que vous avez un chantier lourd».

    «Chantier»

    Au mot, des prolongements lexicaux sont greffés. «Chantier de rénovation, de restructuration et de reconstruction», entend-on à la cellule de communication du Mindhu. En somme, un challenge. Sauf que depuis peu, celui-ci additionne les complexités. Inscrit dans un tissu urbain très dense de logements, édifices publics et commerces, l’ouvrage fait face à une circulation incessante et à la pluie. De surcroît, il doit composer avec d’autres chantiers concomitants tels que ceux tenus par les commerçants du marché du Mfoundi. «Parfois, on a affaire à de gros appendices de béton jetés dans le canal par ceux-ci», allègue un ouvrier.

    A en croire ce dernier, le chantier sur le Mfoundi, Poste centrale, continue de faire office de déchetterie à ciel ouvert. «Par jour, au moins une demie tonne de troncs d’arbres, des bouteilles, des meubles ou encore des appareils électroménagers», évalue notre interlocuteur. A l’observation, l’on constate un tassement des déchets en amont des portes des écluses. «C’est comme çà tous les jours, c’est un mythe !», se lamente un ingénieur en posture de Sisyphe. «On enlève… Ils jettent… On recommence… Tous les jours », tonne-t-il.

    Pris comme tels, les mots soulignent que les populations ne comprennent toujours pas le sens des rêves de la CUY. «Il me semble que les gens s’emploient à ne pas fructifier nos ambitions ; nous ne tiendrons peut-être pas dans les délais, mais nous tiendrons», indique Gilbert Tsimi Evouna.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Sponsoring : Orange Cameroun joue son championnat de vacances

    Sponsoring : Orange Cameroun joue son championnat de vacances

    Depuis une vingtaine d’années, la société de télécommunication contribue au développement du football à travers des appuis multiformes. 

    Des promoteurs de championnats de vacances recevant les dons d’Orange Cameroun

    Le 26 juin dernier, Orange Cameroun a distribué à Yaoundé des ballons et des jeux de maillots aux promoteurs de championnats de vacances. Cette cérémonie marque le début d’Orange foot vacances 2018. Cette initiative, qui dure depuis 15 ans, permet au premier opérateur de téléphonie mobile du Cameroun de soutenir le football de proximité. Commencé depuis 2013 avec une poignée de tournois, «Orange foot vacance» couvre aujourd’hui environ 150 localités à travers le pays où interagissent plus de deux millions d’acteurs et de spectateurs et plus de 12 millions de téléspectateurs et d’internautes.

    Un soutien apprécié à sa juste valeur. «Auparavant, on jouait à Eleveur avec des ténues multicolores ; depuis cinq ans que Orange nous accompagne, Orange habille toutes les équipes. Ça fait une plus-value», témoigne Brice Ngondi Balla, promoteur de la Super coupe Balla Augustin Balla, encore appelée Ndamba Ossou. «Ça fait que chacun mette du sien pour pouvoir aller plus loin et pour remporter le million qui est en jeu», agrémente le promoteur de ce championnat. Ce tournoi détient le titre de Championship, réservé aux meilleurs championnats de vacances.

    L’appui d’Orange Cameroun au football jeune ne s’arrête pas là. L’entreprise est également engagée dans la promotion du football scolaire à travers l’accompagnement de la Fédération nationale des sports scolaires (Fenasco). «C’est au cours de ces rencontres que de jeunes talents et amoureux du ballon rond sont identifiés et encouragés. Ils pourront ensuite entrer dans la tanière des Lions et continuer l’œuvre que les autres ont commencée en préservant cette formidable aventure qui doit être transmise de génération en génération», justifie la structure.

    Le mariage entre Orange et le football camerounais commence en 2001 à la faveur de la signature d’un contrat de sponsoring avec la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). La filiale locale de la multinationale française devient alors le premier partenaire et supporter inconditionnel de l’équipe nationale de football du Cameroun. Objectif: fédérer des millions de Camerounais autour du ballon rond (leur passion) et des Lions Indomptables. Alors que le contrat qui court de 2001 à 2006 ne concerne exclusivement que l’équipe fanion, son renouvellement l’étend à l’ensemble des équipes (fanion, A’, juniors, cadets, hommes et femmes).

    «Le Football (…) constitue un puissant facteur de rassemblement, de fédération des énergies et des talents, un formidable vecteur des valeurs d’efforts, d’abnégation, de discipline, et sans doute un parfait ferment du patriotisme. Orange Cameroun, qui connait ces valeurs parce qu’elles font partie de son ADN, ne peut qu’être fière de contribuer au développement à l’épanouissement de ce sport», justifie Frédéric Debord, directeur général d’Orange Cameroun.

    Bobo Ousmanou

     

  • Akere Muna : «Monsieur propre» dans la gadoue

    Akere Muna : «Monsieur propre» dans la gadoue

    En se jetant dans la course au palais de l’Unité, l’ancien bâtonnier a placé sa candidature sur les valeurs d’intégrité, d’honnêteté et de patriotisme. Depuis, il doit faire face à de nombreuses affaires qui tendent à éroder cette réputation. Le match avant la lettre.

    Akere Muna, candidat déclaré à la présidentielle d’octobre prochain

    Plutôt que du «monsieur le président», Akere Tabeng Muna (ATM) préfère qu’on lui donne du «monsieur propre». «J’aime bien ça», avoue-t-il aux journalistes du Club politiques qu’il rencontre ce 7 juin dans un hôtel de Yaoundé. En réalité, c’est sous ce jour que le candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2018 se présente devant les Camerounais. En vue de conquérir les déçus de la politique qu’il sait nombreux, l’ancien vice-président de Transparency International se positionne comme une alternative aux politiciens camerounais réputés véreux, corrompus et calculateurs.

    D’où l’idée d’«une Nouvelle République» portée par le sexagénaire. Pour la construire, «nous devons changer radicalement notre attitude vis-à-vis de la chose politique et promouvoir un comportement citoyen», explique-t-il ajoutant que «la marque d’un bon homme politique est l’honnêteté, l’intégrité et la confiance». De l’avis de cet avocat anglophone, «cela doit être suivi par l’amour pour le pays et pour le peuple».

    Réputation

    Aussi ATM travaille-t-il à démontrer qu’il incarne ces valeurs. A travers des visites dans les campagnes, les marchés…, l’époux de l’Anglo-Américaine Beverly Bird affiche sa proximité avec le bas peuple. Rien de feint défend Paul Mahel. L’ancien journaliste, devenu porte-parole du candidat, soutient qu’en dépit du fait que membre de l’une des familles les plus puissantes du pays, «Akere est très proche du citoyen et très accessible». «L’une des manifestations de cette proximité est la fondation Salomon Tandeng Muna [du nom du père des Muna] qui œuvre dans le social», brandit-on dans l’entourage de l’ancien bâtonnier.

    «Akere Muna et Donald Kaberuka ont quelque chose en commun, ce qui n’est pas toujours fréquent, c’est de réussir mais en même temps d’être des hommes droits, avec des valeurs», ajoute pour sa part Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce. Un témoignage bien mis en exergue dans la section de la biographie officielle du candidat titrée «la réputation d’Akere T. Muna».

    Revirement

    Sauf qu’en politique tenir dans le manteau de «monsieur propre» n’est pas donné. Sa seule déclaration de candidature est déjà considérée comme problématique. Avant la présidentielle de 2011, l’homme qui ne quitte presque jamais ses lunettes rondes et son nœud papillon assure qu’il ne se présentera jamais contre Paul Biya. Or, ce dimanche 08 octobre 2017, lorsque l’ancien président du conseil d’administration d’Ecobank Cameroun annonce qu’il brigue la magistrature suprême, on ignore toujours si oui ou non le président sortant sera candidat à sa propre succession. ATM n’exclut donc plus cette option.

    Sur cette question, la plaidoirie de cet avocat qui cumule une quarantaine d’année d’expérience tient à deux choses. D’abord, à l’en croire, il ne s’agirait pas d’un rétropédalage sur «une question de principe». «Le pays n’était pas en guerre quand je faisais cette déclaration», justifie-t-il. D’ailleurs «seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Et c’est parce que certains refusent de changer d’avis que nous sommes en ce moment en guerre», réplique-t-il faisant allusion à la crise anglophone. Ensuite, se persuade-t-il, «si je ne mets pas mon expérience au service du pays, j’aurais été complice d’une situation alarmante». N’empêche, pour certains, cela reste une tache sur la cape d’homme de parole qu’essaie de se coudre cet amateur de bonne musique.

    Muna contre Muna

    Dans sa pièce de théâtre «Les mains sales» (1948), l’écrivain français Jean-Paul Sartre estime que faire de la politique s’assimile à plonger ses mains dans «la merde et dans du sang». L’engagement d’ATM, dans les années 1990, au sein du SDF de Fru Ndi, dont il a contribué à la rédaction des statuts, ne lui a pas fait retenir la leçon. Peut-être était-il trop dans l’ombre… Mais à bien écouter cette figure de proue de la lutte anti-corruption, le message semble être aujourd’hui passé. «Mes détracteurs vont voir de quoi je suis capable dans ce monde. Je leur rappelle que j’ai fait 22 ans à Transparency International. Je connais leurs dossiers. Si c’est par là qu’ils veulent qu’on passe, on va y passer. Je suis prêt», menace-t-il en cette matinée du 14 juin 2018 en réaction à l’affaire l’opposant à sa sœur cadette Ama Tutu Muna (ATA).

    La colère d’ATM est à la hauteur des enjeux. L’ancienne ministre des Arts et de la Culture (Minac) vient de lui porter plainte. ATA reproche à son frère aîné la gestion de l’héritage de leur père et réclame sa nomination comme co-administratrice de la succession. Elle l’accuse de faux et usage de faux et affirme n’avoir jamais eu connaissance du jugement d’hérédité établi par la famille à la mort en 2002 de l’ancien Premier ministre. Dans cette affaire, ATM risque gros. S’il est reconnu coupable, sa réputation de «monsieur propre» va s’écrouler et avec, ses ambitions présidentielles.

    Laurent Esso

    L’avocat formé à l’école anglo-saxonne le sait trop bien. L’actuel administrateur du patrimoine des Muna, soutenu par le reste de la fratrie, voit donc derrière la démarche de sa sœur, une machination politique ourdie par le ministre de la Justice Laurent Esso: «je suis un candidat déclaré à la présidentielle. Le ministre de la Justice bat campagne pour un autre candidat. Si je suis emprisonné, je suis disqualifié pour gagner la présidentielle», indexe-t-il. Les soupçons sont renforcés par la proximité avec Laurent Esso qu’on prête à ATA.

    Mais en face, l’avocate de l’ancien Minac, dément toute manipulation. Fostine Chébou Kamdem, met plutôt en avant, la volonté de sa cliente de rentrer dans ses droits. A l’issue de la dernière audience de l’affaire tenue le 26 juin dernier au tribunal de première instance de Yaoundé, elle soupçonne ATM de vouloir faire traîner le jugement sur le fond, en sollicitant «une décision avant dire droit sur la question de prescription». Attitude que le député juge «peu orthodoxe pour un candidat qui veut vite démontrer à ses électeurs qu’il est innocent».

    Reste que, certaines allégations de l’ancien bâtonnier restent troublantes. Selon ce dernier, depuis qu’il a déclaré sa candidature, il perd systématiquement tous ses procès et le ministre de la Justice manœuvrerait pour que ses honoraires ne soient pas payés dans les affaires où il défend l’Etat du Cameroun. «Dis à ton patron de retirer sa candidature sinon, ça va chauffer», aurait même conseillé un juge au conseil de l’ancien bâtonnier.

    Financement

    Outre cette affaire, l’ancien vice-président du conseil d’administration de Transparency International, doit aussi gommer l’étiquette de candidat de l’extérieur que lui colle une partie de l’opinion. Cette perception s’est renforcée avec sa saisine de l’Onu. Il y dénonçait «un génocide» dans les régions anglophones. Une image que le pouvoir contribue à grossir les traits. Au lendemain de la déclaration de candidature d’ATM, Issa Tchiroma, ministre de la Communication, l’accuse par exemple, au cours d’une conférence de presse, d’avoir, en complicité avec d’autres Camerounais basés à l’étranger, «planifié un bain de sang» dans le but de provoquer «une intervention internationale». Des accusations restées à ce jour sans suite judiciaire.

    Pour ne rien arranger, il s’est ajouté ces derniers jours des rumeurs, démenties par l’ambassade des Etats-Unis, de financements par le pays de l’Oncle Sam. «De la vraie sorcellerie», commente Paul Mahel. L’ancien journaliste explique que, jusqu’ici, les activités de l’ancien bâtonnier sont financées «sur fonds propres» et celles du mouvement Now qui porte sa candidature, par ses membres. Cette organisation dite de citoyens engagés, compte parmi ses «membres fondateurs» l’Alliance des forces progressistes (AFP) de Bernard Muna, frère aîné d’Akere. Mais c’est le Front populaire pour le développement, un parti de seconde zone basé dans la région de l’Adamaoua, qui a investi ATM le 23 juin dernier. «Je suis le tout premier candidat anglophone investi par un parti francophone», préfère mettre en exergue le natif de Ngyen Mbo dans le Nord-ouest.

    Aboudi Ottou

    Panafricaniste d’opportunité 

    ATM a pris part au 31e sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union africaine (UA) qui s’est achevé le 02 juillet dernier. L’UA l’a invité pour participer à un panel sur la lutte contre la corruption. Ses 25 années d’engagement dans la lutte contre ce fléau en Afrique et dans le monde y sont pour beaucoup de même que sa proximité avec l’organisation panafricaine. L’ancien bâtonnier y a d’ailleurs occupé de hautes fonctions (président du Conseil économique, social et culturel de l’UA, membre du groupe de personnalités éminentes du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs…). Le candidat à la présidentielle d’octobre prochain est même qualifié de «panafricaniste» par Donald Kaberuka, l’ancien président de la Banque africaine de développement.

    Mais dans son programme aucune ligne n’est consacrée à l’intégration. Les priorités de l’avocat sont principalement orientées vers l’édification d’un Etat de droit au Cameroun. Interrogé sur la question, ATM n’a pas donné l’impression d’avoir une idée originale sur le rôle du Cameroun dans la dynamique d’intégration au niveau sous régional et continental comme le prédispose sa riche expérience au sein de l’UA. Du peu que l’on a pu comprendre, avec Akere Tabeng Muna président, le Cameroun devrait demeurer dans la Cemac tout en conduisant le processus de rationalisation des communautés économiques d’Afrique centrale dont il assure le leadership. La seule innovation concerne les relations commerciales. «Nous allons privilégier les échanges de proximité», confie l’avocat qui n’exclut pas une dénonciation de l’Accord de partenariat économique avec l’Union européenne.

    «Je crois beaucoup à la force de l’intégration régionale. Et tout ce que la France peut faire pour faciliter, y compris dans le cadre d’une politique monétaire qui devrait être repensée, la France le fera», assure le président français Emmanuel Macron en visite la semaine dernière au Nigéria. Paradoxe, l’avocat anglophone, qui milite pour un retour à la République fédérale de 1961, ne semble pas encore prêt à couper ce cordon ombilical avec l’ancienne puissance colonisatrice du Cameroun oriental. «En l’état, il serait imprudent d’amener le franc CFA dans le débat politique. Parce que le sujet anime les passions», esquive le candidat. «Moi, président de la République, vous et moi discuterons pour trancher cette question», conclut-il.

    AO

  • Viviane Ondoua Biwole : Sociétés d’Etat : les oublis gênants des lois de 2017

    Viviane Ondoua Biwole : Sociétés d’Etat : les oublis gênants des lois de 2017

    Viviane Ondon Biwole, DGA ISMP.

    Les lois de 2017 dévoilent en effet d’importantes réserves de pouvoir aptes à hypothéquer l’horizon de performance envisagée

    Le directeur général adjoint de l’Institut supérieur de management public du Cameroun a codirigé l’ouvrage «Lois sur les établissements et les entreprises publics au Cameroun. Innovations et reculades», paru le 20 juin dernier aux Editions Afrédit. Cette passionnée des préoccupations de gouvernance pointe les oublis gênants de ces lois qui pourraient hypothéquer la performance des sociétés d’Etat recherchée par ces textes.

     

    Ne pas reconnaître l’utilité des lois 2017/010 et 2017/011 du 12 juillet 2017 relèverait de la mauvaise foi. Nées de l’abrogation de la loi n°99/16 du 22 décembre 1999 régissant les entreprises et établissements publics, elles consacrent la séparation entre ces deux entités. Elles apparaissent comme une réponse du législateur à l’évolution du contexte marquée par des exigences de performance d’une part et, par les récriminations formulées à l’endroit des entreprises publiques par le Ministère des Finances, le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale relayées par les médias, d’autre part.

    Plus qu’une simple scission, les nouvelles lois matérialisent un engagement pour la performance. Cette option est confirmée par les exposés de motifs des lois. Il y est rappelé que l’existence jumelée des dispositions relatives au fonctionnement des établissements et entreprises publics a induit des confusions qui ont créé des erreurs de gestion. Les lois de 2017 permettent alors de parachever la réforme de ce secteur et faire de ces entités des structures viables et capables de contribuer, de manière significative, à la promotion de l’emploi et à la création de la richesse nationale 1.

    I- Poids des sociétés d’Etat
    L’importance des établissements et entreprises publics s’apprécie aux plans quantitatif et qualitatif. Au plan quantitatif 2, ils représentent au moins 184 entités dont 143 établissements publics (EPA), 28 sociétés à capital public (SCP) dans laquelle l’État détient 100% du capital, 12 Sociétés d’économie mixte (SEM) dans lesquelles l’État est actionnaire majoritaire et 1 administration de sécurité sociale (la CNPS). Aucun secteur ne leur est épargné, du secteur purement public au secteur financier, industriel et commercial.

    Ces entités économiques mobilisent une importante masse financière en termes de budget. En 2015, les 40 entreprises publiques mobilisent 1794,1 milliards, la CNPS 117,2 milliards, les EPA 269,8 soit un montant total de 2181,1 milliards de francs CFA représentant 54,62 % du budget global de l’Etat (3992,6 milliards) de 2015. Cette proportion est suffisamment importante et ne suscite pas l’indifférence au regard des contre performances décriées dans ce secteur.

    Au plan qualitatif, les établissements et les entreprises publics emploient plusieurs âmes. Le rapport du FMI3 évalue cet effectif à plus de 22 000 à la Cameroon Development Corporation, qui est le deuxième employeur du pays, à environ 40 000 personnes dans 17 entreprises publiques. On imagine que les 184 établissements et entreprises publics pourraient employer plus de 200 000 personnes.

    Malgré cette importance, la contribution des établissements et entreprises publics à l’économie, semble mitigée. Les lois de 2017 présentent alors un espoir à plusieurs titres. Elles complètent efficacement le dispositif légal en matière d’arrimage aux directives CEMAC relatives à la gestion des finances publiques et à l’arrimage aux dispositions d’OHADA. En effet, le Cameroun a été longtemps invité à transposer ces dispositions dans la législation nationale. Ces lois prétendent accompagner les entreprises du secteur public sur la voie de la performance.

    Elles préparent également le Cameroun à respecter son engagement pris dans le cadre de l’acte additionnel portant unification4 des marchés financiers qui interviendra au plus tard le 30 juin 2019. L’article 8 de cet acte additionnel stipule que les Etats ont 24 mois à compter du 19 février 2018 (soit le 19 février 2020), pour procéder à une cession partielle ou totale en bourse de leurs participations dans les entreprises publiques, parapubliques ou issues des partenariats publics-privés, notamment dans le cadre de programme de privatisation.

    …les établissements et les entreprises publics emploient plusieurs âmes. Le rapport du FMI évalue cet effectif à plus de 22 000 à la Cameroon Development Corporation, qui est le deuxième employeur du pays, à environ 40 000 personnes dans 17 entreprises publiques. On imagine que les 184 établissements et entreprises publics pourraient employer plus de 200 000 personnes….

    II- Oublis et reculades
    Au final, les lois du 12 juillet 2017 consacrent des avancées importantes, autant en ce qui concerne leur arrimage aux dispositions OHADA qu’aux principes de bonne gouvernance. On regrette néanmoins des oublis gênants et quelques reculades. Leur mise en œuvre et leur efficacité restent alors conditionnées par le contexte institutionnel dont les travers peuvent constituer des freins importants. L’analyse approfondie du contexte institutionnel des établissements et des entreprises publics constitue donc en soi une piste d’analyse à explorer. Les lois de 2017 dévoilent en effet d’importantes réserves de pouvoir aptes à hypothéquer l’horizon de performance envisagée. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous évoquons quelques réflexions à entrevoir :

    1. Confiance ou contrôle, que doit- on favoriser ? La perspective disciplinaire privilégiée par les lois de 2017 repose sur 3 postulats : (1) les dirigeants et les actionnaires ont des intérêts divergents ; ce sont des acteurs calculateurs et intéressés; (2) il y’a asymétrie d’information, comportements opportunistes, incomplétude des contrats et donc risque moral ; (3) dans ce contexte, la création et la répartition de la richesse sont conditionnées par les incitations proposées aux dirigeants et le contrôle assuré par les actionnaires. La principale question est donc de savoir comment assurer l’efficacité du système de surveillance et comment choisir celui qui minimise les coûts de contrôle.

    Doit-on maintenir les Conseils d’Administration ou convenir d’un autre mode de surveillance des établissements et entreprises publics ? La surveillance par le Conseil d’Administration a montré ses limites, pourquoi la maintenir ? De même, les lois excluent les autres parties prenantes dans le contrôle des entreprises notamment le personnel et les bénéficiaires. Pourtant leur proximité quotidienne avec les dirigeants de l’entreprise peut en faire des donneurs d’alerte en cas de violation flagrante des règles ou de comportements opportunistes des dirigeants.

    2. Par ailleurs, la perspective disciplinaire annihile toute innovation de la part des dirigeants. Ces derniers exécutent les orientations données par les actionnaires et les tutelles ; ils s’abstiennent de s’en détourner, au risque d’être sanctionnés. Ce qui est contraire aux discours et philosophies de gestion en vigueur marqués par les principes de gestion axée sur les résultats. Les lois de 2017 semblent alors s’opposer à celles de 2007 sur le régime financier de l’Etat qui en est le socle principal. Cette réalité constitue une reculade conceptuelle dont les effets bloquants n’assurent pas l’effectivité des lois de 2017.

    3. Les lois de 2017 restent relativement myopes et privilégient les problématiques de court terme. Elles continuent dans la logique du micro management et des procédures à triple validation (validation du Conseil d’Administration, de l’Assemblée Générale, de la tutelle…). La consécration de la forte hiérarchie empêche d’anticiper sur les enjeux à venir. La plupart des métiers de l’avenir ne sont pas encore connus, les compétences de demain ne sont donc pas maîtrisées par les acteurs d’aujourd’hui, contraindre les dirigeants à des rôles d’exécutants apparaît comme une grave erreur. Ils ont besoin de plus d’autonomie et de marge de manœuvre pour anticiper sur l’avenir, voire l’inventer. Pour cela il faut disposer de bons dirigeants dont le choix n’est pas toujours garanti par la procédure discrétionnaire la plus répandue actuellement.

    4. Comment fabrique-t-on les gestionnaires ? Il est difficile de faire l’économie de cette préoccupation. Avec 184 établissements et entreprises publics, ce sont au moins 2453 dirigeants qui sont conviés à l’œuvre soit 184 PCA, 368 DG et DGA, 61 tutelles (en moyenne 3 entreprise pour une tutelle), 1840 membres des Conseil d’Administration (soit 10 membres en moyenne pour chaque conseil). Il convient de réfléchir au processus de leur désignation dont la qualité pourrait prédire le succès de l’entreprise. Le dire ne s’oppose pas au processus discrétionnaire en vigueur mais contribue à le rationnaliser. L’enjeu étant de capter les meilleurs talents !

    5. L’exigence de disposer de dirigeants talentueux est aussi valable pour le choix des personnels au sein des établissements et des entreprises publiques. Il n’existe actuellement aucune procédure harmonisée et connue pour le recrutement au sein de ces entités. Les recrutements affinitaires ou de nature sociale sont des pratiques qui hypothèquent leur performance. Et pourtant cette préoccupation adresse la question de la création et de la répartition des richesses générées par les entreprises du secteur public. Il s’agit d’un problème de gouvernance sérieux dont il est risqué de faire l’économie. De même, il n’existe pas de missions précises attribuées au poste de Directeur Général Adjoint.

    La fameuse formule la direction générale est placée sous l’autorité d’un Directeur Général, éventuellement assisté d’un Directeur Général Adjoint viole le sacrosaint principe de la division du travail jamais renié dans les théories managériales. D’ailleurs, de l’échange que nous avons avec les DG, plusieurs d’entre eux se passeraient volontiers de leurs adjoints. Les adjoints, à leur tour, se sentiraient soulagés de se départir d’une hiérarchie parfois indifférente et le plus souvent peu collaborative. Ces problématiques et d’autres, autorisent à prolonger le débat sur les conditions d’une meilleure gouvernance des établissements et entreprises publics.

    1. Extrait de l’exposé des motifs de la loi portant statut des établissements publics.

    2. Les données des établissements et entreprises publiques mentionnées ici sont issues du rapport final de l’évaluation

    du système de gestion des finances publiques selon la méthodologie PEFA 2016 et publié en Juin 2017.

    Cette évaluation a été financée par l’Union Européenne et exécutée par ADE SA (Belgique).

    3. Rapport FMI sur les entreprises publiques, mars 2017
    4. Il s’agit de la fusion de la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique Centrale

    et la bourse de Douala. Cette bourse a son siège à Douala.

  • Union africaine: Le sommet de la consolidation

    Union africaine: Le sommet de la consolidation

    Les 55 membres de l’organisation panafricaine se sont séparés le 02 juillet 2018 avec des avancées importantes. Les leçons à retenir. 

    Le 31e sommet de l’Union africaine (UA) est le dernier sous le magistère du président rwandais Paul Kagame. Il aura été celui de la consolidation des acquis. L’un des signaux les plus expressifs de ce succès est l’onction donnée par l’ensemble des chefs d’Etat à la candidature rwandaise au secrétariat général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). L’assemblée générale a exhorté tous les Etats membres à soutenir la candidature de Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Communauté d’Afrique de l’est, au poste de secrétaire général de l’OIF. Le débat aura donc été très court sur les atermoiements d’un soutien collectif à cette candidature.

    Plusieurs sujets ont connu une réelle avancée. L’une des principales recommandations pour la lutte contre la corruption (thème de l’année 2018) a été : l’adoption par les Etats des mesures de garantie de déclaration des avoirs par les personnalités publiques. Et ensuite, l’abolition progressive des juridictions du secret bancaire et des paradis fiscaux. Les projets intégrateurs de l’Agenda 2063 qui semblent concentrer l’action de la Commission de l’UA ont aussi connus des avancées.

    I- Zone de libre-échange continentale africaine
    Cinq nouvelles signatures de l’Accord de libre-échange continental ont été enregistrées lors de ce sommet. Pour l’essentiel, ce sont les pays d’Afrique de l’est qui ont rejoint leurs compairs africains. L’Afrique du Sud, la Namibie, le Burundi, le Lesotho et la Sierra Leone portent ainsi à 49 le nombre de pays signataires. Le cas de l’Afrique du Sud est suffisamment saisissant. L’acte que pose le président sud-africain Cyril Ramaphosa est le marqueur d’une reprise des relations saines entre la nation arc en ciel et l’organisation continentale.

    Lors du sommet-anniversaire des Brics prévu en Afrique du Sud du 25 au 27 juillet prochain, Pretoria devrait rassurer ses partenaires en vue d’une ratification de l’Alec. A ce sujet, la Commission de l’UA, dépositaire des instruments de ratification, a reçu deux instruments de plus. Ils viennent du Tchad et l’Eswatini (anciennement le Swaziland). Ce qui porte ainsi à 6 le nombre d’États ayant ratifié l’Alec. Il faut encore 16 pour que cet accord entre en application.

    Afin de dynamiser l’entrée en vigueur de la Zlec, «les chefs d’Etat et de gouvernement ont exhorté les Etats membres qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier l’accord et ont exhorté tous les Etats membres à s’abstenir de conclure des accords commerciaux bilatéraux jusqu’à l’entrée en vigueur de l’Accor de libre-échange continental (Alec)», indique le communiqué publié à la fin de la séance de travail sur la Zlec.

    La seconde phase de négociations de l’Alec se poursuivant et en rapport avec la préparation des protocoles de la Zlec sur les services, l’assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement a retenu cinq secteurs prioritaires des services. Il s’agit des transports, de la communication, des finances, du tourisme et des services aux entreprises.

    II- Réformes institutionnelles
    La principale avancée est la création de l’agence de développement de l’UA. L’assemblée des chefs d’Etat a approuvé la création de l’African Union Developpment Agency (AUDA) en tant qu’organe technique de l’organisation panafricaine. Elle a demandé à la Commission de l’UA d’élaborer un statut et à le soumettre au sommet de janvier 2019. Ceci en consultation avec l’Agence de planification et de mise en œuvre du Nepad (Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique).

    Pour mémoire, l’agence du Nepad est l’organisation responsable de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et soutient la réalisation de divers programmes et initiatives de développement dans les pays africains. La transition du Nepad à l’AUDA se fera avec le processus de création de l’agence. C’est-à-dire qu’à l’image de la transition OUA-UA, les deux institutions vont cohabiter pendant un certain nombre d’années (généralement 2 ou 3 ans) avant la mort du Nepad.

    D’autres institutions centrales telles que le Parlement panafricain, le Conseil de paix et de sécurité, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs et le Conseil consultatif sur la corruption doivent encore voir leur contenu préciser. Les chefs d’Etat ont prescrit la finalisation des propositions et recommandations basées sur les conclusions initiales, sur ces organes.

    Enfin, les chefs d’Etats ont demandé la mise en œuvre de la feuille de route sur la clarification de la division du travail entre l’Union africaine, les Communautés économiques régionales, les États membres et les organisations continentales techniques. Une curiosité quand on sait que le leitmotiv de la réforme déjà en cours est de clarifier les compétences entre ces différents acteurs de l’intégration continentale.

    III- Paix et sécurité
    En matière de paix et de sécurité, l’UA a adopté la décision du Conseil de paix et de sécurité de désigner le 7 avril de chaque année Journée de commémoration de l’Union africaine du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda. Elle a en plus exhorté les pays à transmettre leur rapport sur les initiatives à entreprendre pour faire taire les armes d’ici 2020. Seuls deux pays, la Zambie et le Zimbabwe l’ont fait jusqu’ici.

    Les chefs d’Etat ont en outre planché sur la situation sécuritaire du contient. Ils se sont félicité de l’amélioration des relations Ethiopie-Erythrée et de la visite historique d’une délégation érythréenne à Addis Abeba qu’a personnellement accueillie le Premier ministre Abyi Ahmed le 26 juin dernier.

    Au Soudan du Sud, l’UA a réaffirmé son soutien à l’imposition de mesures punitives contre les entraves aux efforts visant à la réconciliation et à la paix dans le pays. La conférence des chefs d’Etats invite l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à maintenir voire accentuer ses efforts visant à revitaliser le processus de mise en œuvre de l’accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud.

    Pour la situation en Libye, « l’assemblée a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation sécuritaire persistante en Libye, qui continue de prolonger les souffrances du peuple libyen. Tout en notant les progrès réalisés dans diverses situations préoccupantes sur le continent, l’Assemblée a également décrit les mesures à prendre pour résoudre les crises et a attribué les responsabilités aux diverses parties prenantes impliquées dans les processus» indique le communiqué au terme de la réunion ad hoc.

    IV- Budget
    Pour l’exercice 2019, le budget de l’organisation continentale s’élève à 681.485.337 us dollars. Il couvrira trois composantes : les opérations, les programmes et les opérations de soutien de la paix. C’est un budget réduit de 12% par rapport à celui de 2018. C’est le premier budget à être adossé sur les programmes et les compétences. Les sommets de l’année 2019 se dérouleront sous le thème «année des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées en Afrique : vers des solutions durables au déplacement forcé». L’égyptien Abdel Fattah Al Sissi présidera aux destinées de l’organisation.

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Moussa Faki Mahamat à Yaoundé 

    Le président de la Commission de l’Union africaine effectue une visite officielle au Cameroun du 12 au 13 juillet 2018.

    16 mois après son élection à la tête du gouvernement de l’organisation continentale, Moussa Faki Mahamat se rend au Cameroun. Un pays qu’il connait bien ayant été le ministre des Affaires étrangères de la République du Tchad au plus fort des menées terroristes de Boko Haram. C’est justement cette relation chaleureuse qu’il entretient avec le cercle diplomatique et politique camerounais qui a pesé dans son élection à la tête de la Commission de l’Union africaine. Le soutien de Yaoundé avait été déterminant dans son adversité sous-régionale avec le candidat équato-guinéen et dans sa quête continentale avec les représentants des autres régions. Au Comité des représentants permanent comme au Conseil exécutif, le Cameroun l’a fortement soutenu. Désormais auréolée de son magistère, la première visite de Moussa Faki en terre camerounaise depuis son élection est un croisement de remerciements et de visite de travail.

    Dossiers
    Au Cameroun, le président de la Commission de l ’UA fera le point sur les dossiers d’intégration régionale, de sécurité et évidemment de politique nationale. Il tentera d’arracher la ratification de l’Alec au Cameroun ainsi que son soutien agissant à la réforme institutionnelle de l’organisation. Le Cameroun n’a pas encore marqué son adhésion pour le projet de marché unique de l’aérien susceptible de donner une accélération à la libre circulation des personnes sur le continent. Sur le plan de la sécurité, le pays de Paul Biya ne s’est toujours pas positionné sur l’initiative «faire taire les armes en 2020».

    Il est pourtant dans une région où crépitent très souvent les armes notamment légères et de petits calibres. Deux conférences successives ont estimées à 10 millions d’armes de cet acabit qui circuleraient dans la région. Autre sujet dans ce sillage, la lutte contre Boko Haram. Sur le sujet de la crise dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, Moussa Faki pourra réitérer sa position à savoir: «les circonstances et l’intérêt de l’Afrique appellent au dépassement de soi, au compromis et au sens de l’intérêt général».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Marchés financiers de la Cemac: Les premiers hoquets de la fusion

    Marchés financiers de la Cemac: Les premiers hoquets de la fusion

    Du fait de l’indisponibilité des ressources financières et des contraintes administratives liées à la dissolution de certaines entités et aux procédures de licenciement-indemnisation du personnel non retenu dans les nouvelles institutions, le calendrier initial du projet ne sera pas respecté.

    Le journal Intégration vient d’obtenir copie du premier rapport d’évaluation de la fusion des marchés financiers de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Il a été rédigé le 18 juin dernier au cours d’une réunion organisée à Douala par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), institution communautaire à qui les ministres de la Cemac ont confié la supervision de ce projet. Il ressort de ce document que le calendrier initialement arrêté ne sera pas respecté. «Compte tenu des potentielles contraintes administratives liées à la dissolution de certaines entités et aux procédures de licenciement/indemnisation du personnel non retenu pour intégrer les nouvelles entités, le délai de réalisation de la première phase du projet, initialement envisagé à fin septembre 2018, est reporté au 30 novembre 2018 au plus tard», indique le rapport en guise de conclusion.

    Ce report pourrait conduire au non-respect de la date du 30 juin 2019 arrêté pour la fin du processus. En effet, selon la démarche stratégique choisie pour la conduite du projet de fusion, la seconde phase ne peut démarrer avant l’achèvement de la première. Cette phase est «consacrée à la fusion effective des deux bourses, des deux régulateurs et des dépositaires centraux». Alors que la seconde porte sur «la restructuration et l’accompagnement des structures du marché financier unifié (régulateur, bourse des valeurs et dépositaire central unique)», afin de garantir leur démarrage efficace et réussi et d’hisser toutes les instructions du marché aux meilleurs standards. Ce risque est d’autant plus grand qu’à l’heure actuelle, le plan d’actions de cette phase n’est pas encore défini.

    En plus, le processus souffre d’un manque de ressources financières. «Dans l’ensemble, les travaux à réaliser dans la première phase du projet avancent de manière satisfaisante en dépit de légers retards liés à la disponibilité des ressources financières», lit-on dans le rapport. C’est que, jusqu’à ce jour, le budget des travaux de fusion des marchés financiers n’est pas disponible. Il est à la charge de la communauté et la Cemac a décidé de le financer à travers le Fonds de développement de la communauté (Fodec). Mais les procédures administratives prennent du temps. Elles consistent «d’une part à la formalisation de l’inscription du projet fusion des marchés financiers sur la liste des projets financés par le Fodec conformément à ses règles de procédures et, d’autre part, le réaménagement subséquent de son budget, en y inscrivant le montant du budget de la fusion des marchés financiers de la Cemac».

    Anticipant sur la lourdeur de la procédure, le comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) a, lors de sa session extraordinaire tenue le 12 avril 2018 à Brazzaville, pris une résolution autorisant le gouverneur de la Beac à couvrir toutes les dépenses relatives au projet de fusion des marchés financiers de la Cemac, avant leur prise en charge par la communauté, via le Fodec. Ce qui n’est pas suivi d’effet au regard du contenu de ce rapport d’étape. Les perspectives en matière de coordination «concernent principalement les aspects budgétaires, le déblocage du budget accordé par le Fodec restant attendu. Dès qu’il sera effectif, les budgets sollicités par les différents sous-groupes seront mis à leur disposition afin de finaliser les travaux prévus dans leur chronogramme respectif», peut-on y lire.

    Le document laisse par ailleurs entrevoir que le coût du projet pourrait dépasser le milliard de francs CFA estimé au départ. «Le sous-groupe régulateur a revu certains aspects de ses travaux, ce qui a conduit à réviser son budget à la hausse. Le budget supplémentaire est évalué à 300 millions de francs CFA, portant le budget du sous-groupe à 495 millions de francs CFA», révèle le rapport. En plus, «le sous–groupe bourses communiquera dans les prochains jours le budget révisé de ses travaux ainsi que le montant nécessaire pour assurer leur fonctionnement durant le second semestre 2018» et «la CMF [Commission des marché financier, le régulateur camerounais] et la COSUMAF [la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale, le régulateur communautaire] communiqueront également, le plus rapidement possible, le montant du budget nécessaire pour assurer leur fonctionnement durant le second semestre 2018». D’ores et déjà, des discussions ont été engagées avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement pour solliciter leur assistance technique et financière en vue de la mise en œuvre de la seconde phase du processus. Etape dont le début est envisagée en décembre 2018.

    Aboudi Ottou

     

    Les prochains chantiers 

    I- Coordination
    Les perspectives sur ce point concernent principalement les aspects budgétaires, le déblocage du budget accordé par le Fodec [Fonds de développement de la communauté] restant attendu. Dès qu’il sera effectif, les budgets sollicités par les différents sous-groupes seront mis à leur disposition afin de finaliser les travaux prévus dans leurs chronogrammes respectifs. Le budget à mettre à la disposition du sous-groupe bourse tiendra compte des dépenses à exposer par la BEAC pour le recrutement du cabinet chargé de l’évaluation des deux bourses, en vue de leur fusion.

    II- Sous-groupe régulateurs
    Pour le trimestre à venir, les travaux à conduire par le «sous-groupe régulateurs» concernent principalement :
    • le recrutement effectif, courant juin 2018, des trois (03) personnes ressources externes chargées, d’une part, de réaliser le diagnostic organisationnel et fonctionnel des deux autorités de régulation et, d’autre part, de la réforme du corpus réglementaire du marché financier régional. Les revues des rapports du diagnostic organisationnel et fonctionnel des deux régulateurs sont prévues les 19 juillet et 20 août 2018 ;
    • la finalisation de l’état des lieux des pistes d’harmonisation des cadres réglementaires des deux marchés financiers, prévue du 25 au 29 juin 2018 ;
    • la revue des rapports d’inspection des bourses et la validation de l’harmonisation des textes réglementaires des deux régulateurs. Ces travaux devront se tenir du 16 au 20 juillet 2018. Les résultats de ces travaux constituent un important élément de base pour le processus de fusion effective des deux bourses et devront être transmis à la Beac.
    • Les régulateurs devraient également se pencher sur la question de la fonction de banque de règlement, qui doit revenir à la Banque Centrale.
    En outre, dans la perspective de la finalisation de la fusion, se posera la problématique de la capacité d’accueil des locaux actuels de la Cosumaf, déjà très insuffisante. L’attention des autorités gabonaises devrait être attirée afin de procurer au futur régulateur unique des locaux appropriés.

    III- Sous-groupes bourses
    Les perspectives des travaux du «sous-groupe Bourses» portent sur:
    • Le recrutement et le lancement dès mi-juin 2018 des travaux du cabinet chargé de l’évaluation des deux bourses (BVMAC et DSX), préalablement à leur fusion. Le rapport d’évaluation des deux bourses est attendu d’ici fin juillet 2018. Dès réception de ce rapport, une réunion du sous-groupe bourses, élargie au secrétariat technique et aux deux régulateurs (Cosumaf et CMF), sera organisée dans le but d’apprécier la suite des actions à mener en vue d’aboutir à la fusion effective des deux bourses. Les résultats de ces travaux seront adressés aux conseils d’administration, pour observations et avis ;
    • La validation, en collaboration avec les deux régulateurs, des rapports des missions d’inspection conduites conjointement par les deux régulateurs du 28 mai au 08 juin 2018 ;
    • L’évaluation des plateformes de cotation existantes en vue de la définition de l’architecture cible de cotation de la bourse régionale. Ces travaux ont été engagés en juin 2018 et devraient aboutir au plus tard à fin juillet 2018 ;
    • L’organisation, au cours du mois d’août 2018, d’une concertation avec les différentes parties prenantes (régulateurs, dépositaires centraux, prestataires de services d’investissement (PSI) et sociétés de bourses) sur l’architecture cible de cotation de la bourse régionale dans sa phase transitoire.

    IV- Sous-groupe dépositaires centraux
    Conformément à son chronogramme adopté le 09 mai 2018, les activités à mener par le «sous-groupe dépositaires centraux» au cours du prochain trimestre sont relatives à :
    • La finalisation de l’accord d’assistance de Maroclear, dépositaire central du Royaume du Maroc, pour l’évaluation des plateformes des trois dépositaires centraux et la définition d’une architecture cible optimale du dépositaire central unique régional. La mission de Maroclear, prévue pour débuter dès début juillet 2018, consistera, sur la base des premiers travaux réalisés par le «sous-groupe dépositaires centraux», à finaliser l’évaluation des plateformes et à proposer une configuration optimale du ou des plateformes retenues pour la gestion de l’ensemble des titres du marché ;
    • L’inventaire exhaustif des titres (actions et obligations) conservés par les trois dépositaires centraux;
    • La conduite des missions d’inspection conjointe, par les trois dépositaires actuels (BVMAC, CAA et CRCT), des teneurs de comptes conservateurs en vue de la vérification de la concordance des inventaires des dépositaires avec les avoirs ségrégués détenus auprès des teneurs de comptes conservateurs ;
    • Le choix et la mise à disposition des plateformes retenues pour la gestion de l’ensemble des titres du marché financier à la Beac;
    • La configuration et le déploiement des plateformes à la Beac ;
    • La migration effective des données vers les plateformes placées sous la gestion et la responsabilité de la Beac.

    Source : rapport d’étape n°1 de la fusion

    des marchés financiers de la Cemac

    Le bilan des 100 premiers jours 

    I- Réunion de prise de contact et de validation de la stratégie de fusion
    S’appuyant sur la note de cadrage préparée par la BEAC, les échanges avec les différents acteurs des marchés financiers ci-dessus désignés, au cours d’une réunion tenue le 26 mars 2018 à Douala, ont permis de déboucher sur un consensus relatif à la démarche stratégique de fusion des marchés financiers de la CEMAC, articulée en deux phases :

    – La première phase sera consacrée à la fusion effective des deux bourses, des deux régulateurs et des dépositaires centraux, dont le délai de réalisation est fixé à fin septembre 2018. A cet égard, il convient de signaler qu’un cabinet sera recruté pour procéder spécialement à l’évaluation de la BVMAC et de DSX, en vue de leur fusion ;

    – La deuxième phase portera sur la restructuration et l’accompagnement des structures du marché financier unifié (Régulateur, Bourse des valeurs et Dépositaire central uniques), afin de garantir leur démarrage efficace et réussi. Des plans d’actions seront définis et mis en œuvre afin de hisser toutes les instructions du marché (Régulateur, Bourse et Dépositaire Central), aux meilleurs standards. Cette phase devra être achevée au plus tard le 30 juin 2019.

    Afin de mettre en œuvre de manière diligente et efficace cette stratégie, des sous-groupes de travail ont été constitués avec l’ensemble des acteurs des marchés financiers, sous la coordination de la BEAC. Il s’agit des sous-groupes suivants: régulateurs des marchés financiers (COSUMAF et CMF), bourses des valeurs mobilières (BVMAC et DSX) et dépositaires centraux (CAA, BVMAC et BEAC). La suite du présent rapport fait le point des avancées obtenues et souligne les perspectives des travaux suivis par chacun des trois sous-groupes.

    II- Sous-groupe Régulateurs
    Depuis sa mise en place, les travaux réalisés par le «sous-groupe Régulateurs» ont permis d’enregistrer d’importantes avancées, à travers :

    1) – La signature, le 11 avril 2018 en marge de la réunion de la Zone franc, d’une convention de coopération et de reconnaissance mutuelle entre la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF) et la Commission des Marchés Financiers du Cameroun (CMF), sous la supervision du Président du PREF-CEMAC. Cette convention encadre les relations entre les deux régulateurs pendant la période transitoire jusqu’en juin 2019, délai fixé pour la mise en place d’un organe de régulation unique. Outre la reconnaissance mutuelle des visas et agréments, cette convention de coopération prévoit la reconnaissance mutuelle des visas et agréments, cette convention de coopération prévoit la participation réciproque des premiers responsables des deux autorités aux réunions des organes délibérants respectifs et l’organisation du contrôle conjoint des acteurs et structures agréées. Cette signature consacre également l’unification juridique des marchés financiers de la CEMAC ;

    2) –La tenue, le 4 avril 2018 à Libreville, d’une réunion de concertation entre les deux régulateurs (COSUMAF et CMF), afin d’engager des réflexions sur la mise en place d’une structure organisationnelle et du cadre réglementaire cibles de l’Autorité de régulation du marché financier régional. À l’issue de ces travaux, il a été notamment retenu de recourir à un cabinet indépendant chargé de réaliser un audit organisationnel des deux autorités et de proposer une nouvelle structure organisationnelle cohérente avec l’objectif de développement du marché financier régional dans sa nouvelle configuration. Une assistance technique externe est également financier régional dans sa nouvelle configuration. Une assistance technique externe est également prévue pour définir et mettre en œuvre un schéma d’évolution du cadre réglementaire adapté aux impératifs de l’unification, de l’harmonisation des pratiques et du développement du marché financier régional ;

    3) – La participation aux travaux tenus le 6 avril 2018 à Douala, pour la validation des termes de référence pour le recrutement du cabinet chargé de procéder à l’évaluation des deux bourses en vue de leur fusion ;

    4) – La tenue, les 18 et 19 avril 2018, d’une deuxième réunion des régulateurs, pour définir les modalités de mise en œuvre de la convention de coopération et de reconnaissance mutuelle, signée le 11 avril 2018. Il a également été question au cours de cette réunion d’évaluer la faisabilité technique d’ici septembre 2018 et les modalités opérationnelles de la double cotation des entreprises sur les deux places ;

    5) – L’organisation le 23 avril 2018 à Douala, d’une réunion avec les différents acteurs de la place financière du Cameroun pour les informer et les sensibiliser sur les modalités de mise en œuvre des dispositions de la Convention signée le 11 avril 2018 ;

    6) – Les 10 et 11 mai 2018, une troisième réunion a été organisée à Libreville pour définir les termes de référence en vue du recrutement de personnes ressources extérieures chargées, d’une part, de réaliser un audit organisationnel des deux autorités et de proposer une nouvelle structure organisationnelle cohérente, avec l’objectif de développement du marché financier régional dans sa nouvelle configuration et, d’autre part, de réaliser la réforme du corpus réglementaire du marché financier régional ;

    7) – la réalisation des missions d’inspection conjointes des deux bourses (BVMAC et DSX), conduites du 28 mai au 1er juin 2018 à la DSX, et du 04 au 08 juin 2018 à la BVMAC. Ces missions, recommandées lors de la réunion du 6 avril 2018 à Douala, se situent en ligne avec les dispositions prévues dans la Convention de coopération signée le 11 avril 2018 entre la COSUMAF et la CMF ;

    8) –une quatrième réunion des Régulateurs, tenue du 04 mai au 07 juin 2018 à Libreville, a permis : i) d’adopter les termes de référence pour le recrutement des trois personnes ressources extérieures, d’une part pour le diagnostic organisationnel et fonctionnel et, d’autre part pour la réforme du corpus réglementaire ; et ii) d’engager le processus de sélection des personnes ressources extérieures devant accompagner le sous-groupe dans la réalisation des travaux inscrits dans son chronogramme.

    …Afin de mettre en œuvre de manière diligente et efficace cette stratégie, des sous-groupes de travail ont été constitués avec l’ensemble des acteurs des marchés financiers, sous la coordination de la BEAC. Il s’agit des sous-groupes suivants: régulateurs des marchés financiers (COSUMAF et CMF), bourses des valeurs mobilières (BVMAC et DSX) et dépositaires centraux (CAA, BVMAC et BEAC). La suite du présent rapport fait le point des avancées obtenues et souligne les perspectives des travaux suivis par chacun des trois sous-groupes…

    III- Sous-groupe Bourses
    Les travaux accomplis par le «sous-groupe Bourses» ont principalement porté sur quatre points:
    1) – la validation, au cours d’une réunion de concertation entre les bourses et les régulateurs sous la supervision de la BEAC tenue le 6 avril 2018 à Douala, des termes de référence pour le recrutement du cabinet indépendant chargé d’évaluer les deux bourses (BVMAC et DSX) en vue de leur fusion. Les travaux de cette réunion ont également permis d’arrêter une liste restreinte de huit cabinets de renom implantés dans la CEMAC, susceptibles de réaliser la mission d’évaluation des deux bourses ;

    2) – la signature, le 19 avril 2018, d’une décision par la Gouverneur de la BEAC portant création d’une Commission ad hoc chargée du marché relatif à la sélection- sur la base d’une liste restreinte de huit cabinets arrêtés lors de la réunion du 6 avril 2018- d’un cabinet pour l’évaluation de la DSX et de la BVMAC en vue de leur fusion. Outre l’évaluation financière exhaustive des deux bourses, le cabinet devrait également proposer une stratégie optimale de fusion. Les résultats des travaux du cabinet, attendus d’ici fin juillet 2018, serviront ainsi de base pour la fusion effective des deux bourses d’ici fin septembre 2018 ;

    3) – la tenue d’une première séance de travail, les 11 et 12 juin 2018 à Libreville, entre les responsables en charge des systèmes d’information des deux bourses (BVMAC et DSX), a permis d’élaborer un projet de chronogramme pour l’évaluation des plateformes de cotation existantes, la définition de l’architecture cible de l’infrastructure technique de la bourse régionale et la migration des données de l’ensemble des deux bourses vers la plateforme unique de cotation du marché financier régional ;

    4) – le projet de chronogramme de travail sur les plateformes de cotation des deux bourses a été examiné au cours de la première réunion de concertation des Directeurs Généraux des deux bourses (BVMAC et DSX), organisée le 14 juin 2018 à Libreville. Lors de cette rencontre, les directeurs généraux des bourses ont marqué leur accord pour la réception du Cabinet en cours de recrutement pour l’évaluation de la BVMAC et de DSX en vue de leur fusion, tout en réitérant le vœu que le processus de fusion soit conduit dans le respect des intérêts des actionnaires historiques et la préservation des emplois de toutes les catégories du personnel des deux bourses.

    IV- Sous-groupe dépositaires centraux
    À l’issue de sa première réunion, tenue le 9 mai 2018 à Yaoundé, le «sous-groupe dépositaires centraux» a validé le budget et le chronogramme de ses travaux, qui se décline en cinq principales phases successives : i) l’examen des capacités techniques des plateformes de gestion des trois dépositaires centraux actuels (BVMAC, CAA et CRCT) ; ii) l’état des lieux et la migration des données de l’ensemble des dépositaires centraux vers la BEAC ; iii) la prise en main et la gestion transitoire du dépositaire central unique régional par la BEAC ; iv)la création d’une structure autonome de dépositaire central unique de la CEMAC ; et v) l’accompagnement et la restructuration du dépositaire central unique de la CEMAC.

    Les deux premières phases ont été engagées et devraient être bouclées au plus tard à fin septembre 2018, tandis que l’aboutissement des trois dernières est prévu pour fin décembre 2019.

    En effet, l’évaluation technique conjointe des plateformes de la CAA et de la BVMAC ont été réalisées du 06 au 16 juin 2018, et les travaux devraient se poursuivre les 20 et 21 juin 2018 à la BEAC.

    Par ailleurs, la BEAC a sollicité et obtenu l’accord de MAROCLEAR pour l’accompagner dans l’évaluation technique des plateformes de gestion des titres et la définition d’une architecture cible optimale du dépositaire central unique régional (création d’une structure autonome de dépositaire central unique régional avec un actionnariat constitué des trois dépositaires actuel et des sociétés de bourses, ou mise en place d’un département en charge des activités du dépositaire central au sein de la bourse régional unique). Des contacts sont déjà pris pour arrêter les modalités de l’assistance de MAROCLEAR.

    V- Budget des travaux
    Le budget des travaux de la fusion des marchés financiers est à la charge de la Communauté, qui a décidé de le financer à travers le Fonds de Développement de la Communauté (FODEC). Sur cette base, le vice-Gouverneur de la BEAC a saisi le Président du Comité de Pilotage du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PEF-CEMAC), par lettre n°C/259 du 17 avril 2018, pour la mise à disposition du budget sollicité par le «sous-groupe Régulateurs», évalué à 195 millions de FCFA, pour la réalisation des actions de la première phase devant aboutir à l’unification effective des deux régulateurs au plus tard fin septembre 2018.

    Le Comité Ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) a, lors de sa session extraordinaire tenue le 12 avril 2018 à Brazzaville, pris une résolution autorisant le Gouverneur de la BEAC à couvrir toutes les dépenses relatives au projet de fusion des marchés financiers de la CEMAC, avant leur prise en charge par la Communauté, via le FODEC.

    Pour donner suite à la résolution du Comité ministériel de l’UMAC, la cellule technique du comité de gestion du FODEC s’est réuni le 18 mai 2018 à Douala, sous la présidence du directeur de cabinet du Président de la CEMAC, pour, d’une part, la formalisation de l’inscription du «Projet Fusion des marchés financiers» sur la liste des projets financés par le FODEC conformément à ses règles de procédures et, d’autre part, le réaménagement subséquent de son budget, en y inscrivant le montant du budget de la fusion des marchés financiers de la CEMAC évalué initialement à 1 milliard de FCFA.

    Le sous-groupe régulateur a revu certains aspects de ses travaux, ce qui a conduit à réviser son budget à la hausse. Le budget supplémentaire est évalué à 300 millions de FCFA, portant le budget du sous-groupe à 495 millions FCFA.
    Par ailleurs, le sous–groupe Bourses communiquera dans les prochains jours le budget révisé de ses travaux ainsi que le montant nécessaire pour assurer leur fonctionnement durant le second semestre 2018.
    La CMF et la COSUMAF communiqueront également, le plus rapidement possible, le montant du budget nécessaire pour assurer leur fonctionnement durant le second semestre 2018.

  • Les contours du corridor Ndjamena-Brazzaville

    Les contours du corridor Ndjamena-Brazzaville

    On en sait un peu plus sur le projet de construction d’une route moderne reliant Ndjamena au Tchad à Brazzaville au Congo. La fiche technique du projet informe que le tronçon s’étendra sur 1200 km. Baptisé «Corridor treize», cette route passe par Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC) et Bangui en République centrafricaine (RCA).

     

     

    Ce projet routier rentre dans le cadre du portefeuille infrastructure du Nouveau partenariat pour le développement en l’Afrique centrale (Nepad-AC) et du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (PDCT-AC). La maturation du projet et le bouclage des financements ont été confiés au fonds Africa50 de la Banque africaine de développement (Bad). «Il est évident que ce corridor permettra de décloisonner l’interconnexion des pays de la région avec non seulement une amélioration dans la circulation des personnes et des biens, mais également, une augmentation des échanges économiques et commerciaux qui se situent actuellement à moins de 5%» reconnait-on au secrétariat général de la CEEAC.

    Selon un récent rapport de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) en Afrique centrale, les axes les plus utilisés sont Douala-Bangui et Douala-Ndjamena du fait non seulement de l’existence des routes mais davantage parce que la Centrafrique et le Tchad qui sont deux pays d’hinterland, utilisent le port de Douala comme principal point de desserte. Plus de 80% du volume de leurs marchandises destinées à l’importation et à l’exportation transite par la plateforme portuaire camerounaise.

    Zacharie Roger Mbarga

  • CEEAC–CEDEAO: conseil de guerre conjoint le 30 juillet

    CEEAC–CEDEAO: conseil de guerre conjoint le 30 juillet

    En marge du 31e sommet de l’Union africaine, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ont tenu un conclave.

    Les chefs d’État d’Afrique centrale en séance de travail à Nouakchott.

    A l’ordre du jour figuraient les questions liées à la sécurité notamment en RCA et en RDC, au sommet de la CEEAC et à celui conjoint avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Au terme de cette rencontre, Ali Bongo Ondimba, président du Gabon et de la CEEAC, a confirmé la tenue du sommet conjoint CEEAC-CEDEAO le 30 juillet 2018 à Lomé au Togo. Il sera précédé d’une réunion ministérielle le 28 du même mois. La thématique de cette rencontre portera sur la paix, la sécurité, la radicalisation et l’extrémisme violent et donnera l’occasion aux deux sous-régions d’examiner les questions d’intérêt commun.

    Longtemps attendue par les Etats et les observateurs, la rencontre est présentée comme charnière pour deux régions donc le niveau de dépendance mutuelle s’est davantage accrue. Avec 3000 km de frontière partagée, les deux communautés économiques régionales subissent communément les menées terroristes de Boko Haram dans la région du lac Tchad. Si les deux communautés sont déjà engagées dans la réduction de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, la formule reste à trouver pour une montée en régime de cette stratégie commune. La question des échanges économiques n’est pas en reste non plus, l’extrémisme faisant son lit où baignent misère et précarité.

    Au cours de cette réunion, les présidents des Républiques du Tchad et de Guinée équatoriale, le Premier ministre du Cameroun et les représentants de Sao Tomé-et-Principe et du Burundi ont fait un exposé sur la situation politico-sécuritaire dans leurs pays. Par ailleurs, tous les chefs d’Etat présents, dont Ali Bongo Ondimba, Denis Sassou Nguesso, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Idriss Deby Itno et les chefs de délégation, ont appelé à plus de solidarité dans notre zone communautaire notamment dans la prise en charge des défis et des enjeux propres à notre sous-région.

    Zacharie Roger Mbarga