Penci Sport plugin only working with the Soledad theme.

Archives des Zacharie Roger Mbarga - Page 10 sur 11 - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Zacharie Roger Mbarga

  • Un accord pour booster les échanges entre Bangui et Brazzaville

    Un accord pour booster les échanges entre Bangui et Brazzaville

    Le Congo et la Centrafrique vont fluidifier leurs échanges. Ceci à partir du port autonome de Pointe-Noire et à travers le chemin de fer Congo – Océan, le corridor routier via les routes nationales 1 et 2, ainsi que par bateau, à partir du fleuve Congo.

    Le 30 mai dernier, les ministres congolais et centrafricain ont signé un accord pour la facilitation et la promotion du transit des marchandises entre les deux pays. Le texte fait suite au mémorandum d’entente paraphé, le 9 novembre 2016, par les deux Etats, visant l’actualisation du cadre juridique dans le secteur des transports de surface.

    Ce cadre juridique prévoit un mécanisme sécurisé et fluide de circulation des marchandises. Selon les termes de l’accord, le Congo et la République centrafricaine s’engagent, entre autres, à maintenir la liberté de transit des marchandises à destination ou en provenance de l’un ou l’autre Etat, mais aussi à faciliter le passage aux frontières et la libre circulation sur leurs territoires respectifs.

    Les deux pays disent «être conscients des enjeux économiques que procure le transit entre les deux Etats. Et veulent développer leurs infrastructures routière, ferroviaire et fluviale. Afin de mieux capitaliser la politique d’intégration de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale et de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale». Selon le ministre centrafricain, Théodore Jousso: «Nos deux pays sont intimement liés par l’histoire et la géographie. Il faut donc aménager cet espace communautaire pour favoriser la mobilité des biens et services.

    Il s’agit de faire voyager librement les personnes, les biens et les capitaux, afin de susciter une valeur ajoutée au processus d’intégration de notre sous-région». Cette coopération sur le transport des marchandises de la façade maritime vers la RCA vient en bonus ou en malus (c’est selon) du port de Douala, qui en a l’exclusivité dans la sous-région depuis plusieurs décennies.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Coopération UE-UA: Vers un Erasmus africain

    Coopération UE-UA: Vers un Erasmus africain

    Bruxelles vient de mettre à la disposition du continent 262 milliards de francs CFA. Une partie de cet argent servira à renforcer les programmes d’échange entre les universités africaines.

    Le renforcement des capacités de résilience de la jeunesse africaine a été le grand crédo du 5e sommet Union africaine (UA) Union européenne (UE). A Abidjan en fin novembre 2017, les pays membres des deux organisations ont vu en cette solution la panacée pour la lutte contre l’immigration. Celle-ci passe, selon eux, par «une attention particulière à l’amélioration de l’employabilité et de la mobilité des jeunes et à la promotion de l’innovation technologique».

    Le financement mise à disposition par Bruxelles devrait permettre par exemple «de renforcer les programmes d’échanges entre universités africaines en se fondant sur l’expérience acquise dans le cadre du programme Erasmus, et de soutenir la reconnaissance des qualifications et l’harmonisation de l’enseignement supérieur en Afrique, en s’inspirant du processus de Bologne mené par l’UE». Un semestre après ce sommet, les exécutifs des deux institutions continentales se sont retrouvés le 23 mai dernier à Bruxelles pour notamment organiser le schéma cette interconnexion universitaire africaine.

    I- L’appoint européen
    «Dans le contexte du partenariat Afrique-UE, l’UE a mis à disposition une enveloppe supplémentaire de 400 millions d’euros [262 milliards de francs CFA] destinée à des projets régionaux et continentaux», peut-on lire dans le communiqué sanctionnant cette 9e réunion entre la Commission de l’UA et de la Commission de l’UE. «Ceux-ci visent notamment à promouvoir le renforcement des capacités institutionnelles de la Commission de l’Union africaine et à apporter un soutien aux jeunes.

    Cette aide facilitera la mobilité des jeunes à l’échelle du continent, par exemple en renforçant les programmes d’échanges entre universités africaines et en améliorant la reconnaissance des qualifications et l’harmonisation de l’enseignement supérieur en Afrique», détaille le document. L’objectif de l’UE c’est de contribuer à faciliter la mobilité continentale des jeunes. A travers le renforcement des programmes d’échange entre les universités africaines, l’amélioration de la reconnaissance des qualifications et l’harmonisation de l’enseignement supérieur en Afrique.

    Environ 122 universités dans 39 pays africains ont été impliquées dans les «partenariats de mobilité académique intra-ACP et intra-Afrique». En Afrique, ces partenariats ont facilité le mouvement interuniversitaire à 2 500 chercheurs et membres du personnel académique. Le programme Erasmus de l’UE a, quant à lui, permis aux chercheurs africains de bénéficier de son offre scientifique. Jusqu’en 2017, plus de 2 000 étudiants à travers l’Afrique ont reçu des bourses pour les cours Erasmus Mundus.

    Parmi eux, plus de 120 boursiers africains ont participé aux doctorats communs Erasmus Mundus et 230 ont été formé au parcours master. Entre 2014 et 2017, les programmes de mobilité Erasmus + ont soutenu 770 partenariats de mobilité. 9 700 étudiants et chercheurs africains en ont bénéficié pour un peu moins de 4 300 européens seulement. Plus de 195 000 Africains ont été inscrits dans l’enseignement supérieur en 2015.

    Le soutien à l’éducation et à formation professionnelle est le premier concours européen au développement des savoirs avec une enveloppe de 1,34 milliard d’euros entre 2014 et 2020. En 25 ans (1990 – 2015), le taux net de scolarisation dans le primaire en Afrique subsaharienne est passé de 52% à 80%. Soit la plus forte augmentation dans le monde.

    Grâce aux programmes de l’UE (entre 2015 et 2016), 190 000 enfants ont été scolarisés dans l’enseignement primaire et secondaire en Afrique subsaharienne. En matière de formation professionnelle, 53.560 personnes en Afrique ont bénéficié de programmes de développement des compétences et d’autres programmes actifs du marché du travail. Pour l’encadrement, 15.400 enseignants ont été formés grâce aux initiatives financées par l’UE.

    II- Le dispositif africain
    Dans sa Stratégie de la science, la technologie et de l’innovation pour l’Afrique (STISA-2024), l’UA souligne l’importance de la «transformation des universités en centres d’excellence, comme en témoigne l’Université panafricaine». La stratégie est bâtie sur 6 domaines prioritaires : la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la prévention et lutte contre les maladies, la mobilité physique et intellectuelle, la protection de l’espace environnemental, le vivre ensemble et la construction de l’identité africaine, ma création des richesses.

    L’union africaine envisage la mise sur pied des réseaux nationaux pour la recherche et l’éducation. Ceux-ci se chargeront de faciliter la collaboration coordonnée entre les institutions d’enseignement et de recherche à l’échelle régionale puis continentale par la convergence des curricula et domaines de recherche afin de réaliser l’interconnexion des écosystèmes de la recherche et de l’innovation.

    Un Fonds africain pour la science, la technologie et l’innovation (ASTIF) sera constitué comme instrument financier panafricain. Il sera alimenté par un mécanisme national où les Etats doivent allouer au moins 1% de leur PIB à la recherche et l’innovation. Au niveau régional, les communautés économiques régionales (CER) mettront sur pied des fonds régionaux servant à financer les centres d’excellence régionaux, la collaboration transfrontalière en matière de recherche et d’innovation.

    Ces fonds permettront d’exécuter les initiatives régionales, de renforcer l’impact des initiatives nationales des États membres des CER et de veiller de manière générale au développement durable. Université Pan Africaine est un réseau continental d’université dont la mission est de fournir un enseignement de troisième cycle dans 4 campus (Cameroun, Nigéria, Kenya, Algéries).

    III- Le contexte
    Le programme panafricain est le tout premier programme de l’UE en matière de développement et de coopération qui concerne l’Afrique dans son ensemble. Il a été adopté en 2014 pour un budget total de 845 millions d’euros et constitue l’instrument financier spécialisé pour soutenir le partenariat Afrique-UE. La première phase du programme (2014-2017) a contribué à avancer sur la mise en œuvre du système des droits de l’homme de l’UA.

    À l’occasion de cette neuvième rencontre, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré: «nous nous sommes réunis aujourd’hui afin de passer des paroles aux actes, afin de traduire nos engagements en mesures concrètes. Nous avons lancé des programmes pour un montant de 400 millions d’euros pour soutenir, entre autres, la jeunesse africaine — cette priorité est d’autant plus importante sachant que 60 % de la population africaine a moins de 25 ans. L’avenir du monde dépend de la bonne coopération entre l’Europe et l’Afrique».

    Le président de la commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a ajouté: «le multilatéralisme est la seule réponse aux défis mondiaux d’aujourd’hui dans un monde de plus en plus polarisé. Le partenariat UA-UE est fondé sur des valeurs communes et des responsabilités partagées; il offre une plate-forme unique pour faire face aux défis communs liés à la paix, à la sécurité et au développement durable sur nos deux continents».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : comprendre la fluctuation

    Dans sa note de conjoncture économique et financière des pays membres de la Cemac en 2017 et les perspectives pour l’année 2018, la Beac indique qu’en décembre de l’année dernière, la masse monétaire se situait à 10 602,9 milliards de francs CFA.

    Regard du FMI sur certaines économies de la sous-région

    Ce qui constitue une baisse de 0,4 %. La banque centrale projette une hausse de la masse monétaire (+5,3%) en 2018 due à la fois à une augmentation attendues de 30,8 % des avoirs extérieurs, entrainant une remontée du taux de couverture extérieure de la monnaie à 64,2 % ; à un accroissement projeté des crédits à l’économie de 6,7 %, en rapport avec l’évolution attendue de l’activité économique non pétrolière dans les États membres et à une amélioration espérée de la position nette débitrice des Etats vis-à-vis du système monétaire de 0,9%, à 2 720,6 milliards de francs CFA.

    Selon l’expert financier Roger Ngaya, «la masse monétaire est la quantité de monnaie en circulation dans une économie. Sa mesure permet de connaitre la capacité de dépense des agents économiques et donc de prévoir les évolutions de prix. Sa maitrise permet en outre de connaitre la consommation et l’investissement. Son évolution à la hausse ou à la baisse est la résultante de la nature de la politique monétaire appliquée par une banque centrale».

    A en croire celui qui est par ailleurs CEO de Strategy, une agence de communication financière, la fluctuation de la masse monétaire est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs: «la baisse des avoirs nets extérieurs, l’augmentation des créances nettes sur les Etats, le décrochage du taux de couverture de la monnaie et la contraction de l’encours des crédits à l’économie».

    Cependant, rassure-t-il, son recul de 0,4% l’année dernière «n’est pas assez significative pour conduire à une réduction considérable de la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Elle ne pourra pas augmenter les besoins en capacités de production et impacter négativement sur la compétitivité des entreprises».

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : risques d’un nouveau cycle

    Cemac : risques d’un nouveau cycle

    «En 2018, la demande intérieure serait le moteur de la croissance en raison principalement de la bonne tenue de la consommation privée, la reprise de la consommation publique ainsi que celle de l’investissement privé non pétrolier».

    C’est la conviction de la Beac. Les supports de cette certitude sont: l’augmentation des ressources publiques attendues, notamment au Congo et au Tchad avec l’augmentation de la production pétrolière. La reprise éventuelle des dépenses publiques prioritaires du fait de la disponibilité des nouvelles ressources. L’aboutissement des réformes mises en œuvre par les Etats en vue d’assainir leurs fichiers de soldes pour une gestion optimale des effectifs de la fonction publique. Ce qui pourrait favoriser de nouveaux recrutements.

    Les ressources nouvelles escomptées pour la reprise de l’investissement public (dépenses prioritaires) viendront clairement du frémissement positif du prix du baril de pétrole sur le marché international. La «budgétisation» de ces ressources non encore perçues démontre bien de la tentation des Etats à sombrer à nouveau dans le cycle du pétrole.

    Compréhension
    Pour l’expert financier Roger Ngaya, «il est clair que les économies de la Cemac resteront encore dépendantes de la manne pétrolière. Les variations erratiques des cours des hydrocarbures suite aux changements de la demande globale et de la production globale seront encore une menace exogène pour l’équilibre budgétaire des Etats de la Cemac. Le pétrole représente 70% des exportations de la Cemac et plus d’un tiers des recettes budgétaires».

    A en croire le CEO de Strategy, une agence de communication financière, bien qu’urgente, la  diversification économique n’est pas pour demain. «Il faudra entreprendre des reformes structurelles visant l’amélioration des appareils productifs. La zone devra passer à une diversification accrue, une réduction des dépenses publiques et une accentuation des échanges commerciaux», soutient-il.

    Zacharie Roger Mbarga

  • France-Rwanda : la reconnexion francophone

    France-Rwanda : la reconnexion francophone

    Près de sept ans après sa dernière visite à l’Élysée, Paul Kagame, président du Rwanda, vient de déjeuner en travaillant à nouveau avec un président français. Un séjour qui sonne comme une reconnexion entre Kigali et Paris.


    Les premiers signes de brouille entre les deux capitales apparaissent pendant la vague de commémoration des cinquantenaires d’indépendance sur le continent. Le président Kagame critique vertement plusieurs fois le comportement néocolonial de certaines anciennes puissances tutélaires et coloniales. Le torchon s’enflamme entre les deux pays en 2014. Lors des commémorations du 20ème anniversaire du génocide rwandais, Paul Kagamé pointe la responsabilité du gouvernement de François Mitterrand dans le génocide.

    La France de Hollande ne digère pas cette accusation. L’hexagone boude les cérémonies et se fait représenter par son ambassadeur à Kigali. Depuis lors, le crédo de Kigali ne s’étiole pas. La conviction de la participation française s’affermie. Une visite de l’ancien président Sarkozy à Kigali ne parvient pas à faire «entendre raison» à l’exécutif rwandais. En juillet 2017, Kigali refuse même le visa à une délégation diplomatique française. Un sérieux précédent !

    Nouvelle donne

    Dans sa volonté de rénovation, Emmanuel Macron entend aplanir ses relations avec «un pays qui n’est plus le même qu’en 1994». Le Rwanda est présenté comme une locomotive en matière de gouvernance, un pilier et un leader dans la dynamisation de l’intégration régionale sur le continent. Le président Kagame est le leader qui correspond à la «nouvelle Afrique» de Macron. Celle qui n’a pas de complexe et fait du business. Il fait partie des rares chefs d’Etat trainant peu de casseroles. C’est par là que passe la nouvelle politique africaine de la France qu’ambitionne Emmanuel Macron.

    Avec Kigali comme allié, la France se doterait d’un solide tremplin en Afrique de l’est et en Afrique centrale. Bref, sur la région des grands lacs, jadis dénommée le heartland africain. Là sommeille l’essentiel de la puissance énergétique africaine. Là se trouve le bassin du Congo qui est le second poumon de la planète. Pas loin, le golfe de Guinée voit son trafic augmenté au fur et à mesure que les économies de la région croissent. Surtout en pleine conjoncture de frémissements positifs sur le pétrole.

    Le Rwanda est aussi un acteur pour la stabilité de cette vaste région. Le Burundi, la RDC et l’Ouganda son limitrophes du pays de Kagame. Ces pays font face à des tensions politiques et sécuritaires. L’insécurité sanitaire est une autre pesanteur dans une région où la bataille pour le contrôle des ressources en eau fait rage

    Francophonie

    Le Rwanda est resté une simple coquille francophone. Paul Kagame et son gouvernement s’expriment rarement dans la langue de Molière. Depuis 2010, le système administratif dans son entièreté et la globalité du système éducatif sont en anglais. A l’époque, la décision jugée radicale est qualifiée de «défrancisation» du Rwanda. Depuis le sommet de Trinidad et Tobago de 2009, le Rwanda a profondément renforcé ses relations avec le Commonwealth.

    Sans acte de candidature formelle ou informelle du Rwanda, la proposition française de soutenir la ministre rwandaise des Affaires étrangères au poste de Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie apparait comme un calumet de la paix. Mais pas que ! Un gage d’alliance certainement.

    Pour s’en faire à l’idée, il faut cerner les déclarations de la conférence de presse Macron – Kagame à l’Elysée. Pour Emmanuel Macron, «l’essentiel, c’est de reprendre notre coopération. Il faut avancer de manière pragmatique sans rien enlever à la complexité des histoires du passé». Le président français évite toutefois de se prononcer sur le retour d’un ambassadeur français à Kigali, poste vacant depuis 2015.

    Pour le président Kagame, «le Rwanda a toujours été membre de la francophonie. Et ce malgré quelques confusions. Le Président Macron a une nouvelle approche qui correspond à une nouvelle époque. Les attentes sont également celle d’une nouvelle époque».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Intégration numérique: Tout est à faire en Afrique centrale

    Intégration numérique: Tout est à faire en Afrique centrale

    En l’absence d’un écosystème numérique intégré, le développement de l’infrastructure du numérique est disparate. De fait, la sous-région reste  peu compétitive en la matière.

    Les officiels à la cérémonie d’ouverture.

    L’accès au numérique favorise une croissance du PIB (Produit intérieur brut) de plusieurs points. Malheureusement, «l’Afrique est encore sous le joug de la fracture numérique. L’appropriation et la maitrise des Technologies de l’information et des télécommunications (TIC) constituent un préalable indispensable pour amorcer un saut qualitatif vers la voie de développement», reconnait la ministre camerounaise des Postes et Télécommunications.

    Minette Libom Li Likeng, s’exprimant ainsi pendant la conférence sous-régionale sur le développement de l’économie numérique pour les pays d’Afrique centrale, continue: «En dépit de l’essor de la téléphonie mobile et nonobstant l’importance des investissements réalisés à ce jour dans chaque pays, le niveau d’utilisation des TIC par les populations et les entreprises locales en Afrique centrale demeure très limité. Il en est de même de la vulgarisation et de l’appropriation des TIC». Le développement hétéroclite de la numérisation dans les pays pourrait faire jaillir des clivages.

    Les études faites sur le terrain révèlent par ailleurs un développement disparate de ce secteur selon les pays: le taux de connexion de certains pays de la sous-région et l’accès aux réseaux à haut débit restent très faibles. Pour le secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), «il s’agit donc pour les Etats d’élaborer des stratégies communes, propres à atténuer le risque que la numérisation de l’économie aggrave les clivages existants, et crée de nouvelles disparités». Les solutions à cette situation sont immatérielles et physiques.

    Infrastructure immatérielle

    Le premier niveau de réponse est la détermination d’un corpus d’encadrement. C’est l’avis de la ministre camerounaise: «l’économie numérique évolue à un rythme rapide, mais très variable. Pour qu’aucun pays ne soit laissé à l’écart, le renforcement de la coopération sous-régionale est nécessaire, afin d’apporter l’appui voulu aux pays qui en ont besoin».

    Pour Nii Quaynor, «l’Afrique centrale ne devrait pas courir le risque d’être une cathédrale sans plan en matière de numérique». L’expert ghanéen estime que le principal défi pour la région est la détermination d’une stratégie intégrée de long terme sur laquelle viendront se greffer les lois et plans stratégiques nationaux. Le paysage architectural lui donne raison.

    Seuls deux à trois pays ont érigé une stratégie à l’échelle nationale: le Cameroun, le Gabon et le Rwanda. Il y a donc urgence à faire converger l’ensemble des instruments qui naitront à la suite de cette première conférence de l’UIT. Le Rwanda, par la voie de son représentant à la conférence de Yaoundé, insiste sur l’importance de la formation. Selon lui, le fait que l’apprentissage soit optionnel et davantage scolaire fait que l’on se trompe d’enjeu. Il faut mettre l’accent sur l’ingénierie des TIC.

    Infrastructure physique

    Dans sa leçon inaugurale à la conférence sur le développement du numérique pour les pays de l’Afrique centrale, le Pr. Jean Emmanuel Pondi révèle qu’entre 1990 et 2016, le taux de pénétration du téléphone mobile est de 344% en Afrique. Pourtant, l’Afrique elle-même n’en fabrique que très peu. Des téléphones utilisés dans un continent arrosé à 51% par le réseau mobile.

    Internet est lui utilisé à 40% selon les chiffres de l’UIT. En Afrique centrale, l’UIT estime que 50% des populations utilisent un téléphone et seulement 35% ont une connexion internet continue. Il est donc urgent, suggère le Secrétaire Général de l’Union africaine des radios télécommunications (UAT) de développer des infrastructures de large bande, le capital humain, la recherche et l’innovation.

    Pour le Jean Emmanuel Pondi, le problème en Afrique centrale est certes l’infrastructure, mais il est crucial de développer des contenus numériques intéressants pour les populations de la sous-région. Ainsi, il propose aux startups d’adapter leurs contenus à l’environnement et aux modes de vie ou de consommation des citoyens. Il propose en outre que la numérisation s’applique aux petites et moyennes entreprises (PME) et à l’administration en priorité.

    L’Afrique centrale veut réussir sa transition digitale. Région à mobilité laborieuse, elle veut capitaliser sur les outils technologiques pour dynamiser le développement des pays membres et son processus d’intégration. Yaoundé vient de servir de laboratoire à penser pour ce dessein.

    L’architecture de la digitalisation est immense. La feuille de route montre qu’un travail de fond est à engager. Il intègre l’adoption de règlementations et stratégies adaptées aux niveaux national et régional, le développement de l’infrastructure numérique et la promotion des prouesses techniques par des incitations.

    Soit le triptyque : infrastructure, innovation et inclusion. Comment capter le dividende du numérique pour améliorer les résultats économiques ? Décryptage à la lumière de la conférence sous-régionale sur le développement de l’économique numérique pour les pays d’Afrique centrale, organisée à Yaoundé du 23 au 26 mai dernier, sous l’égide de l’Union internationale des télécommunications (UIT), avec l’accompagnement du ministère camerounais des Postes et Télécommu-nications.

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Déchets du numériques: L’Afrique centrale

    L’industrie du numérique est également un danger pour le développement durable. Il n’y a qu’à voir les objets et les appareils jonchant les décharges et les voiries.

     

    les déchets numériques diminuent les richesses écologiques

    L’importation des machines électroniques d’un certain âge constitue un danger lointain. Ces machines «en fin de carrière», vendues dans des brocantes des villes de la sous-région, viennent des trottoirs et décharges de pays occidentaux. Où la taxe de recyclage est perçue par les administrations compétentes lors de la vente de l’appareil neuf. L’absence d’industrie de recyclage en Afrique centrale handicape fortement la capacité d’adresser cette situation dans la sous-région.

    Par le nombre sans cesse croissant d’ordinateurs, de Smartphones, de tablettes, écrans et autres consoles de jeux vidéo, les TIC contribuent de manière conséquente à la consommation en énergie des ménages et des entreprises, et donc au réchauffement climatique. Lors de leur fabrication, les TIC consomment d’énormes quantités de combustibles (plus de 10 fois la masse du produit fini) ainsi que des tonnes d’eau claire, notamment pour le traitement du silicium.

    Pendant leur utilisation, les TIC requièrent beaucoup d’énergie. Ceci est accentué par de nombreuses et lourdes mises à jour qui prennent du temps de calcul. Une utilisation non responsable peut aussi augmenter significativement la consommation et donc la facture d’électricité. Aujourd’hui, avec l’avènement de l’ère informatique, plusieurs centaines de millions d’ordinateurs sont remplacés chaque année. Et une grande partie des déchets est enfouie sous terre.

    Certains déchets sont envoyés illégalement en Asie ou en Afrique dans des conteneurs soi-disant destinés au réemploi des TIC (matériels d’occasion). L’UIT estime à 150.000 tonnes (de déchets électroniques potentiels) qui sont exportées chaque année vers les pays du Sud par les pays de l’UE. Ils atterrissent alors dans des décharges à ciel ouvert, rejetant de nombreuses substances polluantes dans l’atmosphère et dans le sol, infiltrant parfois les nappes phréatiques.

    L’Afrique centrale est encore dans l’incapacité de mesurer le stock de déchets numériques qu’elle accumule. Ici, certains déchets électroniques brûlés projettent une fumée polluée au monoxyde d’azote et au dioxyde de soufre. Cette fumée provoque des nuages noirs qui causent les pluies acides. Celles-ci, au contact de la peau, engendrent des maladies.

    Santé en danger

    Les pluies acides entrainent des maladies de la peau, du cerveau et des poumons. Sur le cerveau, la présence d’aluminium et de plomb dans l’eau (pluie, piscine, eau de consommation et de bain) peuvent endommager le cerveau et le système nerveux. L’impact sur les poumons est lié à l’inhalation de nombreux polluants de l’atmosphère.

    Ces polluants peuvent engendrer l’asthme et autres allergies. L’organisme absorbe facilement le monoxyde de carbone qui l’empêche de prendre tout l’oxygène dont il a besoin. En outre, l’ozone des villes peut provoquer des douleurs aux yeux, au nez et à la gorge.

    Recyclage

    L’option soulevée par les experts, pour empêcher la prolifération des déchets du numérique et leur impact, est la prise de mécanismes régionaux et intégrés. Il est suggéré de règlementer les conditions d’importation des machines électroniques. Au-delà de deux années de vie, la règlementation devrait interdire l’entrée d’appareils électroniques dans l’espace régional.

    Autre solution, la promotion d’un capital humain compétent en ingénierie électronique. Enfin, créer des entreprises de recyclage des déchets du numérique à l’échelle nationale ou régionale (comme dans le cas de l’Union Européenne).

    Zacharie Roger Mbarga

     

    Les recommandations de conférence sous-régionale sur l’économie numérique pour les pays d’Afrique centrale

    Au terme des travaux, la conférence sous-régionale sur l’économie numérique pour les pays d’Afrique centrale organisée par l’UIT du 23 au 25 mai 2018 au palais des congrès de Yaoundé, sur le thème: «Economie numérique en Afrique centrale: états des lieux et défis dans un monde globalisé», recommande les actions suivantes :
    – La signature de l’engagement de Yaoundé ;
    – L’adoption d’une vision intégrée des Etats sur le numérique ;
    – Le développement d’une infrastructure d’interconnexion sous régionale de qualité ;
    – La production des contenus locaux ;
    – La mise en place d’une plateforme africaine numérique de services ;
    – La numérisation de la chaine PME-PMI-Administration ;
    – L’adaptation de la formation et le renforcement des capacités aux exigences du numérique ;
    – La coordination et la lutte concertée contre la cybercriminalité ;
    – La protection des données à caractère personnelle, en procédant à des aménagements juridiques et règlementaires ;
    – L’adoption des politiques et des stratégies appropriées basées sur les expériences d’autres pays ;
    – L’élaboration et l’harmonisation des politiques de gestions des déchets ;
    – La sensibilisation des populations sur l’usage des terminaux mobiles ;
    – L’encouragement des Etats de la sous-région à mettre en place une stratégie nationale en faveur de l’inclusion financière ;
    – La sensibilisation des populations et toutes les parties prenantes à l’usage et à la maitrise de l’inclusion financière notamment la culture de l’épargne ;
    – La création des plateformes de commerce électronique ainsi que des services en ligne ;
    – L’éducation et la sensibilisation des populations sur les effets bénéfiques des technologiques de blockchain ;
    – La sensibilisation des banques centrales africaines et des gouvernements sur les avantages de cette technologie ;
    – La facilitation de l’accès au financement aux jeunes entrepreneurs;
    – L’exploration du secteur informel qui pourrait être un véritable gisement de levée de fonds pour les startups ;
    – La mise en place des points d’échanges internet et leur mutualisation, afin de créer un écosystème sous-régional et de réduire les couts du trafic internet entre les Etats membres ;
    – La création d’un comité sous-régional de mise en œuvre du roaming ;
    – L’adoption des stratégies communes pour la réduction des tarifs et la mise en œuvre d’accord d’itinérance sur les réseaux mobiles ;
    – La création d’un observatoire de veille au respect de la règlementation communautaire en matière de roaming ;
    – La mise en œuvre de la décision des ministres des télécommunications/TIC des Etats membres de la CEEAC visant l’harmonisation et la baisse des tarifs du roaming ;
    – L’élaboration et la mise en œuvre d’un MoU régional qui règlemente les aspects techniques, tarifaires et juridiques d’un roaming ;
    – La mise en place d’une zone unique qui régisse les directives, règlements et décisions contraignants pour les pays membres ;
    – L’adoption des politiques publiques de marché unique ;
    – L’harmonisation des règlementations et des législations nationales des TIC ;
    – L’adoption d’une régulation multisectorielle des domaines ou secteurs coexistant ;
    – La convocation d’une réunion de relance des activités de l’ARTAC du 6 au 7 aout 2018 dont mandat a été donnée à la république de Guinée ;
    – La prise en compte par l’ART du Cameroun du rappel de l’ARCEP du Tchad pour la signature de l’accord de coordination Tchad-Cameroun révisé ;
    – La mise en place d’un groupe de travail sous-régional pour la préparation de la CMR-19 lors de la réunion de l’ARCEP de Malabo ;
    – La mise en place d’un groupe de travail sous-régional pour la mise en œuvre des recommandations relatives à la coordination des fréquences aux frontières ;
    – L’extension de l’accord de coordination de Maroua sur toutes les autres fréquences susceptibles d’avoir une incidence préjudiciable ;
    – L’invitation des autres pays de l’Afrique centrale à suivre l’exemple de l’accord de coordination Tchad-Cameroun ;
    – La prise en compte de la dimension de la qualité d’expérience dans l’évaluation de la qualité de service.

     

    Electricité: L’Afrique broie du noir

    Le secteur de l’énergie sur le continent continue de faire face à des défis liés notamment à la faiblesse de la capacité de production et du rendement, à des coûts prohibitifs, au caractère instable et aléatoire de l’approvisionnement et à l’accès très limité à cette ressource.

    Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africain.

    En matière de ressources, l’Afrique dispose de 10 % des réserves hydrauliques mondiales exploitables, 10 % des réserves prouvées de pétrole, 8 % de celles de gaz et de 6 % de celles de charbon. A cela s’ajoute un énorme potentiel photovoltaïque dans les deux zones tropicales, les gisements géothermiques du Rift et les capacités éoliennes d’une quinzaine de zones côtières. Cerise sur le gâteau, l’Afrique subsaharienne est recouverte de 60 % des terres arables non encore cultivées au niveau mondial, soit un gigantesque potentiel en biomasse.

    En revanche, le tableau de l’énergie disponible, particulièrement de l’énergie électrique, est nettement plus inquiétant. Ainsi, la capacité de production totale d’électricité de l’Afrique s’élève à 114 GW, ce qui correspond à peu près aux 120 GW de la France qui compte 65 millions d’habitants. Pire, si on exclut l’Afrique du Sud du total, les 860 millions d’habitants de l’Afrique subsaharienne ne disposent plus que de 74 GW, capacité comparable à celle du Royaume-Uni.

    En dépit de nombreuses interventions au cours des 10 dernières années, la fourniture en électricité (toutes sources confondues) demeure déficitaire. Selon les données de la Banque mondiale (Global Electrification database), seulement 42,81% de la population d’Afrique subsaharienne reçoit de l’électricité. Avec l’Afrique du nord, le pourcentage pourrait atteindre la barre des 50%. Car l’Afrique du nord et le Moyen – orient cumulés fournissent l’électricité à 98,0% de leurs populations selon l’institution de Bretton Woods.

    La disproportion est identique entre les pays, car certains disposent de plus d’infrastructures que d’autres. Dans de nombreux pays africains, les infrastructures électriques en particulier semblent être en inadéquation avec les enjeux actuels. Même dans les pays disposant de systèmes énergétiques modernes, comme l’Afrique du Sud, les déficits énergétiques continuent d’affecter négativement le produit intérieur brut du pays. La demande énergétique connaît une croissance remarquable dans la région.

    Elle a augmenté de 45% entre 2000 et 2012, mais ne représente toujours que 4% de la demande mondiale totale. En dépit de cette croissance de la demande, il y a la détérioration entre l’offre énergétique et la demande, en particulier dans les zones rurales et dans certains centres urbains. Cette situation des infrastructures énergétiques en Afrique ne saurait favoriser un développement porteur de transformation du continent.

    Interconnexion

    Une évaluation du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida) démontre que l’Afrique doit consacrer 68 milliards de dollars par an jusqu’en 2020 en investissements en capital et à la maintenance. La Banque mondiale estime à 40 milliards d’euros par an d’investissement pendant 10 ans pour rattraper le retard et accompagner la croissance de la demande.

    L’institution financière estime également que chaque euro investi dans le système électrique sera susceptible de créer 15 euros de PIB supplémentaire. L’enjeu est donc clairement économique, social et environnemental pour toute l’Afrique; et de sa réussite dépend sans doute aussi une partie de la stabilité géopolitique de ce continent.

    Autre problème, les infrastructures de transport d’électricité sont très limitées tant géographiquement qu’en termes de puissance. Une seule grande interconnexion devrait relier l’Afrique du Sud à la RCA, mais elle n’est encore qu’au stade de projet. De surcroît, l’âge moyen des équipements atteint 44 ans voire 60 ans pour certains. Ce qui explique leur manque de fiabilité, des pannes répétitives, aggravées par les phénomènes climatiques de la saison des pluies.

    A ce tableau s’ajoutent des standards techniques qui ne sont pas identiques entre les Etats (voltage, normes des matériels) et environ un quart des capacités qui sont, tout simplement, hors d’état de fonctionner. Enfin, le dernier point à prendre en compte est celui du déséquilibre géographique. L’Afrique du Sud et l’Egypte possèdent à elles seules 65 % des capacités de productions du continent, ce qui, a contrario, signifie que 33 Etats disposent de capacités inférieures à 500 MW (l’équivalent d’une centrale unique de charbon) et que 11 Etats n’ont même pas 100 MW (soit l’équivalent d’une trentaine d’éoliennes).

    Le rapport préliminaire présenté devant le Comité des représentants (Corep) de l’UA indique que la stratégie d’harmonisation des cadres réglementaires en Afrique vise à «mettre en place un marché de l’électricité pleinement intégré, compétitif et harmonisé afin d’accélérer le développement de l’Afrique et d’améliorer l’accès à l’électricité pour les Africains». Elle repose sur la réforme des architectures nationales de l’électricité afin que les cadres politiques, juridiques, réglementaires et institutionnels nationaux soutiennent le commerce transfrontalier de l’électricité avec des tarifs reflétant la compétitivité des coûts.

    Ce qui suppose «l’adoption des politiques régionales et les mécanismes régionaux de financement pour la facilitation du commerce régional de l’électricité» indique le rapport préliminaire. Les Etats doivent ainsi tous adhérer aux pools énergétiques régionaux. Une unité de coordination continentale assurera la convergence des dispositifs régionaux. Elle devrait être intégrée à la Division de l’Energie du Département des Infrastructures et de l’Energie de la Commission, et que son mandat ne devrait pas faire double emploi avec d’autres institutions, y compris l’agence du Nepad.

    Défis

    Une phase pilote débutera au mois de juin prochain et concernera deux pools d’énergie et une ligne de transmission comme projet pilote. «Elle sera menée parallèlement à une formation intensive des institutions nationales et régionales concernées par le commerce régional de l’électricité, à savoir les pools énergétiques, les services d’électricité, les gestionnaires de réseaux de transport, les autorités nationales de régulation et les ministères de l’Energie des États membres». Pour ce qui est de la méthode du tarif de transport, ce sera celle de «MW-km avec flux de charge». Celle-ci base le tarif sur la distance de transmission supportée par les études de flux de charge.

    Entamé depuis 2015, le programme relatif au cadre réglementaire harmonisé des marchés de l’électricité a jusqu’à présent été possible grâce au soutien financier et technique de l’UE. Concrètement, le programme a été élaboré en collaboration avec l’Union européenne (UE), dans le cadre de la Facilité d’assistance technique de l’UE (EU-TAF). Pour Moussa Faki Mahamat, «étant donné l’importance du programme pour l’intégration continentale et la compétitivité de l’Afrique, il est nécessaire de diversifier les sources de financement et, en particulier, d’accroître l’autofinancement par les États membres».

    L’achèvement de la mise en place des infrastructures physiques reliant différents marchés et pools énergétiques est également crucial. Les retards considérables observés dans plusieurs interconnexions régionales démontrent le rôle prépondérant des États membres et des CER. Si le rapport est validé, il pourrait être évalué lors du prochain sommet de l’UA en juillet prochain à Nouakchott (Mauritanie).

    Zacharie Roger Mbarga

  • RCA : la Minusca renforce

    RCA : la Minusca renforce

    Six policiers internationaux de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (Minusca) ont prêté serment le 22 mai dernier, en qualité d’officiers de police judiciaires (OPJ) de la Cour pénale spéciale (CPS).

    Prestation de serment des OPJ de la Minusca

    La cérémonie était présidée par le patron de la Cour d’appel de Bangui, en présence du ministre centrafricain de la Justice, Flavien Mbata. Ce contingent vient porter à 26 le nombre d’OPJ dont dispose cette cours d’exception créée officiellement en 2015 et chargée d’«enquêter, instruire et juger les violations graves des droits humains et les violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire de la République Centrafricaine depuis le 1er janvier 2003».

    Pour Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca, «le fait que cette prestation de serment coïncide avec l’examen par la commission des lois de l’Assemblée nationale, du projet de règlement de procédure et de preuve de la CPS transmis au parlement par lettre du 15 mai 2018 révèle un progrès dont la Minusca se réjouit et voudrait féliciter les plus hautes autorités nationales».

    Irrégularité
    L’article 30 de la loi organique portant création, organisation et fonctionnement de la CPS stipule que «l’unité spéciale de police judiciaire est composée d’officiers de police judiciaire nationaux issus des rangs de la gendarmerie nationale et de la police Centrafricaine».

    Interrogé par le Réseau des journalistes centrafricains pour les droits de l’Homme (RJDH) sur ce qui parait clairement être la violation de la loi, Éric Didier Tambo, procureur général près la Cour d’appel de Bangui brandit l’article 32 de la loi sur la CPS et le mémorandum d’entente entre le gouvernement et la Minusca.

    L’article 32 en question dispose que «sur requête motivée du procureur spécial, la Minusca peut mettre à la disposition de la Cour pénale spéciale autant de policiers que le chef de la composante police de cette mission des Nations unies jugera nécessaire».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Des solutions technologiques mobilisables

    Des solutions technologiques mobilisables

    L’Afrique centrale est à la croisée des chemins pour réussir le double pari de la mobilité et de la sécurité. Fintech, intelligence artificielle, blockchain, autant de technologies susceptibles de contribuer à cette dynamique.

    La création des chaines de valeur numérique en Afrique centrale pourrait dynamiser l’intégration économique. Les startups d’Afrique centrale vont jouer un rôle déterminant dans la prestation de ces services. A l’issue de la conférence de Yaoundé sur l’économie numérique en Afrique centrale, plusieurs outils technologiques ont été présentés.

    Parmi les solutions technologiques les plus révolutionnaires, les Fintech (Financial technology) occupent la première place. C’est le secteur des M-services (Mobile banking, mobile insurance et mobile commerce). La technologie financière est une nouvelle industrie financière basée sur le décloisonnement. Elle offre des services de paiement itinérant (en ligne ou sur mobile), portés par des startups innovantes, qui utilisent la technologie pour repenser les services financiers et bancaires.

    C’est le cas de M-Pesa au Kenya. C’est un système de microfinance et de transfert d’argent par téléphone mobile qui couvre l’ensemble du territoire kenyan. Ce service révolutionne le mode de vie des abonnés. Il s’est depuis étendu en Tanzanie. Les Fintech contribuent grandement à l’inclusion financière. Et l’Afrique centrale doit fournir beaucoup d’efforts en la matière.

    La valeur ajoutée des Fintech à l’intégration économique de l’Afrique centrale serait de faciliter le financement des projets de la jeunesse. Comme c’est le cas du crowdfunding. Cette plateforme en ligne permet de lever les financements par la mise en relation directe des entrepreneurs en besoin, avec les pourvoyeurs du capital. Le second outil est l’intelligence artificielle et les métadonnées.

    Grâce à sa capacité de générer et stocker un maximum d’informations, l’intelligence artificielle pourrait contribuer au perfectionnement du marché commun. A la fois pour améliorer la circulation libre des personnes et des biens. Ceci en répertoriant les informations commerciales d’une part, et en assurant le profilage des ressortissants de la région qui circulent d’autre part. C’est donc également un enjeu de sécurité. Pour Interpol, la conservation des informations d’identités dans une zone intégrée en mobilité est une impérieuse nécessité.

    L’une des technologies à la pointe dans ce contexte est la blockchain. Une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle. Une blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est sécurisée et distribuée: elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire.

    Ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne. Le caractère décentralisé de la blockchain, avec sa sécurité et sa transparence, promet des applications bien plus larges que le domaine monétaire. Dans la libre circulation, les blockchain peuvent servir de registre en assurant une meilleure traçabilité des produits et des actifs. Dans le cadre du marché financier, les blockchain sont un atout pour le transfert d’actifs (titres, actions, obligations).

    Zacharie Roger Mbarga

     

  • Cemac : 3 000 milliards de F CFA de transactions mobile money en 2017

    Cemac : 3 000 milliards de F CFA de transactions mobile money en 2017

    En 2017, les pays de la communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont enregistré plus de 197 millions de transactions de mobile money.

    Ces transactions ont fait circuler un montant supérieur à 3000 milliards de francs CFA.C’est la quintessence de l’étude de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) sur l’état des systèmes de paiement par monnaie électronique dans la Cemac (Janvier – Septembre 2017). Le nombre de porte-monnaie électroniques a également augmenté de façon considérable, passant de 12,6 millions d’inscrits à la fin 2016 à seize millions en décembre de l’année 2017.

    Le taux d’actifs passant de 21% à 28% pendant la période étudiée. En 2017, les recharges de porte-monnaie électronique, c’est-à-dire les dépôts en espèces de la clientèle dans les points de vente, ont atteint 1814 milliards francs CFA. Le mobile money représente 1726 milliards francs CFA, soit 99% des transferts d’argent de ce montant.

    Contradictions
    La pénétration du mobile money dans la sous-région montre une très grande disparité entre les pays de Cémac. La Guinée équatoriale ne dispose pas d’établissement autorisé à émettre de la monnaie électronique. En République Centrafricaine, le seul produit de mobile money n’a été lancé qu’en avril 2016 avec une activité de «Orange Money RCA» demeurée très modeste.

    Quant au Tchad, l’Institut d’émission note un manque de dynamisme des acteurs, notamment ceux émettant le mobile money ainsi que l’environnement économique du pays. Sur le terrain, le rapport de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) constate que le Gabon dispose du meilleur taux d’actifs (51% en 2017) et «peut donc être considéré comme celui où la population s’est mieux appropriée le téléphone portable pour effectuer ses transactions financières».

    En outre, les sommes générées par le mobile money interpellent une fois de plus l’environnement de la réforme de ce moyen de paiement dans la Cemac. Les experts redoutent que le mobile money ne développe une économie de paiement, car jusqu’ici elle ne produit que très peu de valeur ajoutée. Certains pays de la sous-région réfléchissent à taxer cette activité, car c’est une manne financière qui «serait sans contribution» aux efforts de développement des Etats.

    Zacharie Roger Mbarga

  • RCA : 467 millions de dollars de déficit en besoins humanitaires

    RCA : 467 millions de dollars de déficit en besoins humanitaires

    Dans sa présentation récente sur la situation humanitaire en RCA, le bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) révèle que, jusqu’en mars 2018, seulement 48, 6 millions de dollars des besoins en humanitaire de la RCA avaient été financés sur les 515,6 millions requis. Soit 90,2% de déficit.

    La situation humanitaire en RCA reste très préoccupante. En mars 2018, le pays enregistrait 687.398 personnes déplacées internes et 568.572 réfugiés. Ceci signifie que plus de 1,2 millions de Centrafricains (soit une personne sur quatre) sont toujours des déplacés internes ou des réfugiés dans les pays voisins. La Centrafrique est parmi l’un des pays au monde où les interventions humanitaires sont plus importantes.

    Données humanitaires
    Le tableau de conséquences sur le terrain démontre que près d’un enfant sur sept meurt avant son cinquième anniversaire et près d’une femme sur cent meurt dans les suites de son accouchement. Tandis qu’à peine plus d’un tiers des enfants centrafricains sont vaccinés. En matière d’assainissement, deux Centrafricains sur trois n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement.

    Sur le plan alimentaire, un Centrafricain sur trois est en situation d’insécurité alimentaire, dans un pays où 80% de la population vit d’agriculture. 6% des ménages (295 000 personnes) sont en insécurité alimentaire sévère. A ce jour, 58% des infrastructures de santé sont tenues par les acteurs humanitaires. Les efforts de reconstruction des services sociaux de base (santé, éducation…) sont mis en péril par la résurgence des violences.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cameroun: la fête de l’unité à l’épreuve de la crise anglophone

    Cameroun: la fête de l’unité à l’épreuve de la crise anglophone

    Le titre de ce texte introductif est également la trame du dossier que la rédaction de votre journal publie en cette édition. Le contexte de la célébration du 46è anniversaire de l’avènement de l’Etat unitaire suite au référendum du 20 mai 1972 a décidé votre journal à rendre compte du jeu des différents acteurs en présence, aussi bien dans les parties anglophone que francophone, en passant par les représentations diplomatiques. Entre matraquage idéologique, culte de la personnalité, protestations ostentatoires inédites d’une poignée de défilants, affrontements armés dans la partie anglophone, manœuvres des chancelleries ou participation remarquable d’un carré de soldats nigérians au Boulevard du 20 mai à Yaoundé, le Journal Intégration vous promène en toute neutralité. Lisez plutôt. 

    La tribune présidentielle lors du défilé du 20 mai 2018.

    Au Boulevard du 20 mai 1972

    Entre célébration de l’unité et culte de la personnalité

    Qui du Cameroun ou de Paul Biya était à l’honneur à l’occasion de la 46è fête de l’unité du pays ? La question n’est pas dénuée de sens, en s’en tenant à la parade militaire et civile  sous l’aiguillon de la CRTV.

    «Le 20 mai est l’un des générateurs incontestés de nombreuses émotions positives, dont le bénéfice est reconnu sur le chantier de la consolidation de l’unité nationale». Il ne fait aucun doute que, commentant pour le compte de la radio à capitaux publics (CRTV), un reporter a accueilli, à sa façon, la nouvelle limousine présidentielle.

    Aperçue pour la première fois le 20 mai dernier au Boulevard éponyme, le flamboyant véhicule est venu s’inscrire dans l’étreinte spectaculaire du défilé cette année. A peu de choses près, cette «nouveauté» est venue dissiper la déconvenue vécue, il y a quelque temps, au cours de pareille occasion. En ce jour du 20 mai 2018, il y a dans le phrasé du commentateur, comme une résonnance de réparation d’un couac. En fait, sur ce coup-là, tout est à la portée de la compréhension de tous pour donner le ton du reportage.

    Tout à la fois

    La ligne de force qui, d’emblée, agit sous l’œil d’un caméraman de la CRTV, est celle de Paul Biya face au drapeau de la République. Dans un contexte sociopolitique abondamment explicité par les reporters de la télévision nationale, la séquence draine, selon eux, un gothique  héritage transmis comme un patrimoine précieux. En s’inclinant, il est dit du chef de l’Etat qu’«il a ratatiné les têtes et les cœurs». Plus loin, on entend: «Pour qui connaît les codes de convenance en pareille circonstance aurait pu dire que se tisse, sous un nouveau jour, une nouvelle  histoire des relations entre le président de la République et ce symbole républicain».

    Bien que cela soit inscrit dans une logique convenue, on ne peut s’empêcher d’évoquer une dose d’ingéniosité, voire d’ingénierie déployée par ce carrousel médiatique. Belle symphonie qui a pu rythmer la revue des troupes. Instant condensé dans un commentaire: «l’attitude présidentielle est servie par trois qualités rarement réunies : une démarche sans jargon, une connaissance méticuleuse des vrais problèmes du pays et un sens du dialogue politique sans faux-semblant», même si les passages du SDF et du Mrc ont montré un président différent.

    Au pas !

    Et que dire de l’armée et autres corps para – militaires ? Par-delà les multiples interprétations de leurs expériences respectives, le 20 mai 2018 donne à tous l’occasion d’exprimer et de souligner la confluence de leurs histoires propres comme celle de la grande histoire du pays. «Bien sûr, ils se pensent comme pris dans une série d’épreuves parallèles et comme le relève souvent le président Paul Biya, c’est la communauté de ces épreuves qui dessine l’être-ensemble et le vivre-ensemble au sein de ces corps», commente, pour le compte de la télé nationale, un haut-gradé.

    Et sur le fil du défilé militaire, pas de changement de tonalité…même dans les airs. Dans une embardée bien construire, la flotte aérienne n’a cessé de renauder, à sa manière, le thème de l’unité du Cameroun. Porté par un même élan que les troupes pédestres, les appareils des forces aériennes configurent un ciel aux couleurs du Cameroun. «Le tout est à mettre à l’actif du président Paul Biya, chef suprême des forces de défense», ajuste-t-on aussitôt.

    Instant civil

    Au Boulevard du 20 mai, la politique se dit essentiellement au pluriel. Pour ce faire, les militants du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) semblent s’être regroupés au sein de carrés chargés d’inventer des preuves que Paul Biya reste «le meilleur choix». Ce slogan-là a investi les domaines les plans variés des caméras, avec en bonus, des pancartes portées contre «les ennemis de la paix». A titre d’exemple: «Paul Biya assomme le coup de grâce à la division» ; «Quel bilan pour les diviseurs ?» ou encore «le vivre-ensemble à sang pour sang».

    De leur côté, les jeunes des grandes écoles (Enam et INJS notamment) semblent s’être passés le mot pour un usage responsable des réseaux sociaux dans un environnement balloté par les appels à la division, non sans y mettre du «Paul Biya». «Président Paul Biya: «Jeunes, Internet c’est un boulevard d’inepties», a-t-on pu lire sur une pancarte de l’INJS. Comme pour oser le vrai diagnostic, les étudiants de l’Enam ont brandi que «le grand roman national ne s’écrit pas sur watshap et facebook. Dixit Paul Biya».

    Jean-René Meva’a Amougou

    SDF et MRC, insoumis du 20 mai

    A Yaoundé et dans certaines autres localités du pays, ces formations politiques ont marqué l’événement par des attitudes controversées, afin, disent-elles, de baliser un autre espace de solution de la crise anglophone. D’autres ont simplement fait le choix du boycott.

    On pourrait penser que la paix, la démocratie ou encore la crise anglophone, tels que clamés, réclamés ou exposés au cours des précédentes éditions de la fête de l’Unité au Cameroun ont pris une couche supplémentaire de sens cette année au Boulevard du 20 mai 1972 à Yaoundé. A elle seule, l’actualité sociopolitique a fait naître un tissu d’images, gracieuses ou simplement audacieuses en ce lieu symbolique.

    A décrypter les passages du Social Democratic Front (SDF) et du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), il est incontestable que ces deux appareils politiques (opportunément porte-paroles des zones anglophones) avaient tous en commun, plus ou moins confusément, un certain nombre de convictions qui permettent de mieux les catégoriser par rapport à la crise anglophone.

    Et le 20 mai dernier, leur passage devant Paul Biya a pris les contours d’un aveu public de leurs angoisses relativement à ce qui se passe au Nord-ouest et au Sud-ouest du Cameroun. Sur la place du défilé, ces deux partis politiques ont choisi de manifester leur ras-le-bol aux autorités de Yaoundé, relativement à «la gestion très calamiteuse de la crise dans ces régions».  De fait, pour parler symboliquement à Paul Biya, les partisans du Chairman Ni John Fru Ndi et du Pr Maurice Kamto n’ont pas circonscrit l’élan de leurs émotions.

    Lors de leurs passages respectifs, l’on a aperçu des défilants au torse nu pour le cas du SDF et les bras sur la tête en signe de deuil pour le MRC. Tous adressaient des  incantations bruyantes et des appels débridés. Là encore, ont-ils scandé,  c’est en réaction contre le chef de l’Etat. Les militants du SDF et ceux du MRC accusent Paul Biya d’avoir perverti le débat, et surtout d’avoir oublié que «le rêve d’unité nationale a pris l’allure d’un pari démodé du fait de la crise anglophone». Pris dans leur globalité et leurs modes d’expression, leurs messages disent clairement que l’antienne de l’unité nationale ne suffit plus comme poncif à la résolution du problème.

    Pour certains observateurs, il est tout aussi possible que le SDF et le MRC aient opté pour un usage stratégique la 46ème édition de la fête de l’Unité. «En cette année électorale, pense le Pr Eric Mathias Owona Nguini, tout levier capable de subvertir les paramètres politiques est actionné avec une plus grande solennité par ceux qui aspirent à la victoire à la prochaine présidentielle».

    A en croire le socio-politiste s’exprimant ce matin sur la radio urbaine Magic Fm, ce qui s’est passé à Yaoundé est la preuve que la fête de cette année a été l’espace d’expression de forces contraires qui se disputent l’opinion nationale à la veille du scrutin. Il en est ainsi de ceux qui, à l’instar du Cameroon People’s Party (CPP) de Edith Kah Walla, ont délibérément choisi de se tenir à l’écart de toute civilité républicaine liée à l’événement.

    Les sécessionnistes n’ont pas hésité à mettre à exécution leurs menaces d’un 20 mai à feu et à sang dans les zones anglophones du pays. Ils ont en effet fait flotter au-dessus des populations de cette partie du pays un vent de déstabilisation et de terreur. On ne peinerait que difficilement à l’établir au regard de certains faits: enlèvement d’une autorité administrative dans le département du Lebialem ; incendie perpétré, le même jour, au poste de police d’Ekona (département du Fako, region du Sud-ouest) avec à la clé au moins deux morts ; affrontements larvés entre l’armée et les sécessionnistes à plusieurs endroits du Sud-ouest.

    Jean Réné Meva’a Amougou

     

    Unité nationale, intégration nationale, vivre ensemble

    Les Camerounais perdent leur latin

    Dissemblables dans la réalité qu’elles incarnent, les notions en question tendent à la réalisation d’un objectif commun. Comprendre !

    Des étudiants scandant des slogans sur le vivre ensemble.

    Au plus fort des tensions dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, le débat sur la forme de l’Etat camerounais a très vite exhumé les critiques sur l’appartenance commune à un pays appelé Cameroun. Pour atténuer voire dominer cet envenimement de l’opinion, la riposte consiste à exacerber les déterminants de la communauté nationale.

    Face à un emploi régulier, il est utile de préciser l’étendue de chacune des notions suivantes : unité nationale, intégration nationale, vivre ensemble. Confusions et incompréhensions jalonnent leur usage depuis la montée en puissance du débat sur la forme de l’Etat.

    I- Résoudre les cloisonnements à différents niveaux
    La réalisation d’une communauté nationale exige la convergence sur plusieurs fronts de ce dessein. Aux plans ethnique, territorial comme sentimental, il est question d’adapter des réponses «multimodales» à une dynamique unique. L’unité nationale, pour l’expert statisticien Dieudonné Essomba, renvoie à «la qualité des interactions qu’entretiennent les divers segments d’une communauté nationale, individuellement et collectivement, dans leurs activités civiles et citoyennes : mariages, transactions diverses, associations, etc.»

    Pour lui, c’est donc la symbiose entre les entités ethniques. Sa finalité est de «créer un citoyen unique et des Camerounais sans différence aucune, surtout tribale», ajoute Joseph Ntigui, chercheur en philosophie à l’université de Yaoundé I. Charly Atchom, chercheur en science politique, illustre temporellement ce point de vue: «l’unité nationale émerge avec la crise de Boko Haram, s’intensifie avec la crise anglophone et vise la domestication des particularismes ethniques par une identité camerounaise construite par l’Etat».

    Quant à l’intégration nationale, elle est la dévolution de l’ensemble des corps sociaux à une entité supérieure commune. Mais aussi le processus qui «favorise la collaboration harmonieuse des différentes segments sous une entité supérieure» analyse Charly Atchom. Dans son ouvrage Pour le libéralisme communautaire, Paul Biya considère que la construction d’un réseau routier qui désenclave et relie les villes permettant la circulation, sans discrimination, des camerounaises et des camerounais sur l’ensemble du territoire national, est un catalyseur de l’intégration nationale.

    Le vivre ensemble est le sentiment d’une appartenance à un destin commun. D’où le terme «communauté de destin» qui est récurrent. Pour Joseph Ntigui, c’est le pan axiologique qui fait référence aux valeurs communes, à une vision commune. Et d’ajouter, «on parle ici d’une morale ouverte et inclusive». Et même à une histoire commune (origines, ancêtres) comme le soulève le Pr. Daniel Abwa. Moins opposés, les concepts sont plus des notes au service d’une même musique.

    II- Un objectif commun : l’identité camerounaise
    La construction de l’identité camerounaise est le nœud qui donne une connexion aux trois concepts. Pour Charly Atchom, Intégration et unité nationales sont au service du vivre ensemble dans l’opérabilité de la communauté camerounaise et de son identité.

    C’est dire que la dématérialisation culturelle et les interconnexions des peuples et des territoires sous la bannière d’une nation sont les meilleures braises du sentiment d’appartenance à une nation et à une histoire. Ceci pour une reconnaissance mutuelle et pour un contenu concret à la réalité camerounaise.

    Au demeurant, Dieudonné Essomba pense que les occurrences sémantiques analysées consolident la dévolution à un Etat unitaire. Car, estime-t-il, «la nation camerounaise est unie et n’a plus besoin d’une unité nationale. Par contre, c’est l’Etat qui est le problème, dans sa prétention morbide à effacer l’hétérogénéité naturelle du Cameroun, autrement dit, l’histoire quelquefois multimillénaire de nos communautés, pour fabriquer son peuple à lui».

    Sous le prisme de la sociologie politique, Charly Atchom y décèle la crise du monopole de l’Etat dans la construction d’une identité camerounaise. Et par conséquent de son incapacité à dominer le champ social.

    Zacharie Roger Mbarga

    Crise anglophone

    Passe d’armes entre Yaoundé et Washington

    Les autorités camerounaises accusent les Etats-Unis d’héberger des sécessionnistes et les américains pointent des «assassinats ciblés» imputés à l’armée régulière dans le Nord – Ouest et le Sud – Ouest. 

    L’ambassadeur des USA et le Mindef, lors de la remise des aéronefs.

    Les 90 minutes d’entretien entre le président camerounais et l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Cameroun, le 17 mai dernier, ont dû être tendues. Henry Barlerin révèle en effet dans une déclaration publiée après cette rencontre que les discussions avec Paul Biya ont notamment porté sur la crise socio – politique dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest. «Le mois d’avril s’est avéré le plus sanglant pour que les choses s’améliorent. J’ai discuté avec le président de notre point de vue selon lequel les deux parties au conflit ne s’écoutent tout simplement pas», affirme le diplomate américain.

    Sans ménager les séparatistes qu’il accuse de tuer des gendarmes, d’enlever des fonctionnaires ou encore d’incendier des écoles, l’ambassadeur des Etats-Unis reproche au gouvernement camerounais «des assassinats ciblés, des détentions sans accès à un soutien juridique, à la famille ou à la Croix-Rouge, et des incendies et pillages de villages ». Et d’ajouter, «Nous continuons d’appeler les deux parties à cesser immédiatement la violence», avant d’affirmer avoir «demandé au président d’utiliser son leadership pour encourager les deux parties à s’écouter les unes les autres».

    Méfiance

    La rencontre entre Paul Biya et Peter Henry Barlerin intervient quelques jours après ce qui a (plus ou moins) parasité la scénographie de réception d’un don de deux avions militaires offerts par les Etats-Unis d’Amérique. C’était à la Base aérienne 101 de Yaoundé, le 11 mai. Ce jour-là, de petites phrases débitées respectivement par  Peter Henry Barlerin et Joseph Beti Assomo, ministre délégué à la présidence en charge de la Défense (Mindef), avaient tout pour prolonger le miel d’une polémique sur la crise anglophone.

    Premier à prendre la parole, le diplomate américain a trouvé en cette occasion un appât commode pour circonvenir les esprits des autorités camerounaises. «Monsieur le ministre,  je sais que vous m’avez rassuré à maintes reprises que les  équipements et le soutien fournis par les États-Unis ne seront utilisés que dans le respect strict des termes de l’accord…Ces deux avions sont destinés à être utilisés exclusivement dans la lutte contre Boko Haram au Nord du Cameroun… Vous m’avez assuré que les équipements fournis par les États – Unis ne seront pas utilisés à d’autres fins, dans d’autres conflits… » a insisté Peter Henry Barlerin, comme pour définir les lignes d’usage des deux aéronefs C-208Cessna remis.

    Au vrai, même si le diplomate américain condamne «les discours haineux et les appels à la violence d’une très petite minorité de personnes nées au Cameroun vivant aux États-Unis», Washington interdit à l’armée camerounaise de mettre ces appareils de surveillance sous le ciel de la partie anglophone du pays, en proie à une crise sociopolitique depuis 2016.

    Berger à la bergère

    Et ce fut comme une étincelle. Dans son discours, Joseph Beti Assomo a fait œuvre des propos de l’ambassadeur des Etats-Unis. «Le gouvernement camerounais se réjouit de votre condamnation publique en direction de l’opinion nationale et internationale des activistes, dont les donneurs d’ordre du mouvement sécessionniste auquel notre pays fait face en ce moment, sont tapis à l’étranger, en Amérique et en Europe où ils possèdent à des levées de fonds pour venir porter la déstabilisation au Cameroun.

    Nous comptons sur la coopération active de nos amis pour que leur pays ne serve pas de base de conception, d’endoctrinement, de collecte de fonds pour venir déstabiliser le Cameroun» a déclamé le ministre en charge de la Défense. Avec le trésor de significations qu’ils insinuent, les mots du Mindef n’ont plus appelé de tact diplomatique. Pour en cerner les contours, Joseph Beti Assomo a voulu mettre à nu la bienveillance des dollars américains sans la  trahir en mots clairs.

    La divergence entre le Cameroun et les Etats-Unis est manifeste sur la crise anglophone. Où Washington voit un problème politique qui devrait se résoudre par le dialogue, Yaoundé appréhende la question comme une lutte contre le terrorisme et pour l’intégrité du pays.

    Jean-René Meva’a Amougou

    L’Afrique du Sud à la barre

    Pretoria est accusé par Yaoundé d’héberger les médias dédiés à la propagande sécessionniste.

    L’audience du 17 mai dernier entre le ministre camerounais de la Communication et le Haut-commissaire d’Afrique du Sud au Cameroun avait tout l’air d’un procès. En posture de procureur de la République, Issa Tchiroma Bakary charge l’accusé, en l’occurrence l’Afrique du sud représentée par Mgomosto Ruth Magau: «les sécessionnistes répandent à travers leur télévision, leur radio et Internet des contre-vérités, des mensonges. Avec pour but d’intoxiquer et de désinformer les populations dans les régions du Nord – Ouest et du Sud -Ouest, par leurs discours haineux.

    A partir de l’exploitation que les services spécialisés font, ainsi que des éléments techniques à notre disposition, il est apparu que ces sécessionnistes émettraient à partir d’un pays qui se trouve être un pays ami. Toutes choses que le Cameroun ne saurait accepter. Nous avons donc reçu le Haut-commissaire d’Afrique du Sud pour lui faire part de nos inquiétudes», indique le Mincom avec comme témoins à charge  le ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng et le directeur général de la Cameroon Telecommunications (Camtel), David Nkoto Emane.

    Le Cameroun souhaite que Pretoria prenne les mesures qui s’imposent en vue d’interrompre leurs émissions à partir de son territoire. A en croire le Mincom, la diplomate sud -africaine s’est montrée réceptive. Au sortir de l’audience, l’accusé n’a mot dit. «Le Haut-commissaire a demandé à avoir toutes les données qui permettront de prendre des mesures nécessaires. Comme elle a si bien dit, l’Afrique du sud ne se permettrait pas d’être une base de déstabilisation d’un pays ami comme le Cameroun. Elle a pris l’engagement de saisir son pays dès lors que des informations fiables seront mises à sa disposition», laisse entendre Issa Tchiroma Bakary.

    Aboudi Ottou

     

    Crise anglophone : les secrets des câbles diplomatiques français

    Ces documents, récemment déclassifiés, concernent notamment la période 1961-1985. Ils montrent bien l’existence d’une volonté d’assimiler le Cameroun occidental-anglophone au Cameroun oriental-francophone, pendant le processus de construction de l’Etat unitaire.

    «La réunification s’est faite sur une équivoque, Yaoundé considérant que la fédération ne constituait qu’une phase transitoire alors que outre-Mungo l’on voyait dans la réunification la consolidation d’une très large autonomie à l’égard de toute métropole européenne ou africaine». Nous sommes le 08 janvier 1962 lorsque l’ambassadeur de France au Cameroun écrit ces lignes. Jean-Pierre Bernard, en transmettant ses instructions à Ives Robin, le nouveau consul de France à Buea, fait cette précision pour que son collaborateur comprenne dans quel contexte s’inscrit sa mission. Cette correspondance fait partie de la pile de documents que vient de déclassifier la France. Il s’agit des courriers échangés entre les diplomates français présents au Cameroun et ceux destinés au ministère français des Affaires étrangères. Les lettres en notre possession couvrent la période 1961-1985.

    L’ambassadeur de France au Cameroun d’alors illustre mieux cette équivoque lorsque le 28 novembre 1962, il fait, à l’attention du Quai d’Orsay, le bilan de l’an un de la réunification. «Dès le départ, les malentendus étaient nombreux. Les dirigeants de l’ancienne République, formés à l’école des légistes français souhaitaient un Etat fort, centralisé, unitaire. Sur les pentes du Mont Cameroun, on rêvait d’une République pastorale et patriarcale, que des liens plus sentimentaux que juridiques auraient rattachés à une grande sœur. La réunification représentait plus pour monsieur Foncha (Premier ministre du Cameroun occidental) et son entourage l’espoir d’être aidés et secourus par Yaoundé, que d’être gouvernés par lui», analyse-t-il.

    Fédéralisme aux forceps

    Comme l’ont souvent soutenu nombre d’historiens, le diplomate français affirme que la colonisation est la cause de ces divergences: «les deux Etats fédérés après une brève période d’union sous la domination Allemande, avaient connu des régimes profondément dissemblables. Le système anglais de l’Indirect Rule avait respecté les structures indigènes et délégué aux autorités traditionnelles une bonne part de responsabilité. L’opposition était fondamentale avec un régime centralisateur, unificateur et législateur à outrance, tel que la République du Cameroun l’avait hérité de l’administration française et qu’elle se plaisait à exagérer certains traits», peut-on lire dans ce câble de Jean-Pierre Bernard du 28 novembre.

    Ives Robin, consul de France à Buea: «le bilan est largement positif et si le mouvement non d’harmonisation mais « d’alignement » du Cameroun occidental sur le Cameroun oriental n’a pas été aussi rapide que les autorités fédérales l’auraient souhaité, il est néanmoins en bonne voie»

    «Depuis la réunification pour laquelle il avait été contraint d’accepter une constitution fédérale, il a poursuivi patiemment ses efforts en vue d’une centralisation effective», écrit Jacques Dupuy, ambassadeur de France au Cameroun de l’époque, en rendant compte au ministère français des Affaires étrangères d’une visite de 48 heures d’Ahmadou Ahidjo, ancien président du Cameroun oriental, devenu, après la réunification, président de la République fédérale du Cameroun. Nous sommes le 21 avril 1972. Un mois plus tard, Ahmadou Ahidjo organise le référendum constitutionnel du 20 mai 1972 qui transforme la «République fédérale» en «République unie». Pour montrer combien la fin du fédéralisme lui tenait à cœur, le 20 mai devient jour de fête nationale. Paul Biya, son héritier idéologique, qui lui succède à la tête du pays le 06 novembre 1982, parachève l’œuvre en passant de «République unie du Cameroun» à «République du Cameroun».

    Projet d’assimilation

    «La suppression par M. Biya en février 1984 de l’adjectif « unie » et le retour à l’expression « République du Cameroun » (nom du Cameroun francophone avant la réunification) ont été perçus par les anglophones comme « l’acte final » du processus d’assimilation historique de leur identité particulière», soutient l’historien Yves Mintoogue dans une tribune libre publiée en 2004. C’est cette frustration qui constitue d’ailleurs le problème anglophone dont la crise sociopolitique actuelle dans les régions du Nord-Ouest et du Sud – Ouest est l’une des métastases. En fait de perception, les câbles diplomatiques français ne laissent pas de doute sur l’existence d’un projet d’assimilation. A en croire Jean-Pierre Bernard, alors que la «conférence de Foumban de juillet 1961» prévoit de respecter «la personnalité des deux Etats membres», Ahidjo entreprend, après la réunification, de «franciser le territoire occidental».

    Dans sa lettre faisant le bilan de la première année de fonctionnement de l’Etat fédéral, le diplomate ajoute: «Le ministre de l’Education nationale et son entourage se sont en particulier institués les promoteurs acharnés d’une instruction bilingue dans l’enseignement secondaire et supérieur. M. Eteki [Mboumoua] considère sans doute que l’adoption d’une telle formule est susceptible de permettre au Cameroun d’échapper à la fois au monopole culturel français et d’autre part, sur la scène africaine, d’ouvrir à son pays d’assez larges perspectives comme trait d’union entre les Etats francophones et anglophones. Une telle tendance va à contre-courant des buts unitaires poursuivis par le président de la République».

    Accéder aux vingt-et-un câbles diplomatiques français

    La correspondance du consul de France à Buea au Quai d’Orsay portant sur «la mise en place de la fédération et ses à-coups» enfonce le clou. «Un examen de la situation démontre que le bilan est largement positif et si le mouvement non d’harmonisation mais « d’alignement » du Cameroun occidental sur le Cameroun oriental n’a pas été aussi rapide que les autorités fédérales l’auraient souhaité, il est néanmoins en bonne voie et ne semble pas, à moins d’un évènement extraordinaire, devoir être remis en cause», écrit Ives Robin, le 20 octobre 1962. Pour justifier son évaluation, le diplomate cite même quelques exemples de «réussite»: «la gendarmerie fédérale (…) vient de terminer son implantation et d’obtenir pour le compte du 1er septembre l’ensemble des pouvoirs qui sont les siennes au Cameroun oriental. (…) Enfin, c’est dans le domaine de l’exécution du budget fédéral au Cameroun occidental que la victoire la plus nette a été remportée. Une conférence réunie à Yaoundé les 10 et 11 octobre (…) a décidé que l’exécution du budget fédéral au Cameroun occidental se ferait suivant les règles comptables françaises», peut-on lire dans cette correspondance.

    Appui de la France

    En fait, il apparait que Paris a toujours été conscient que la réunification s’achèverait par une assimilation. «Étant donné l’importance relative du Cameroun oriental par rapport au Cameroun occidental, la différence du chiffre de population, de richesses, de degré d’évolution des habitants, il est évident que cette politique d’unification aboutira en définitive et dans la plupart des cas à implanter au Cameron occidental la langue, les méthodes administratives, les structures économiques de l’ancienne République du Cameroun», avance l’ambassadeur de France en transmettant ses directives au consul de France à Buea, désigné moins d’un an après le référendum du 11 février 1961, actant la réunification.

    De ce fait, le soutient de l’hexagone au processus est naturel : «nous ne saurions nous désintéresser de la volonté du gouvernement camerounais de faire bénéficier l’ancienne zone britannique de l’acquis de 40 ans d’administration française. Nous devons au contraire l’appuyer et lui apporter notre entier concours. C’est dans cette perspective que devra être essentiellement orientée votre action», enjoint alors Jean-Pierre Bernard à Ives Robin. Pour la France, l’objectif est d’étendre son influence sur cette zone. Aussi est-elle très active tout au long de la mise en œuvre du projet d’assimilation. On le voit notamment à travers les multiples courriers de ses diplomates en poste au Cameroun, sollicitant davantage de moyens pour appuyer le régime d’Ahmadou Ahidjo et le nombre de câbles portant sur les faits et gestes des agents britanniques et nigérians, de même que sur les officiels américains accusés de vouloir saboter le projet d’assimilation.

    Aboudi Ottou

  • Développement : Le Cameroun a mal à ses outils de planification

    Développement : Le Cameroun a mal à ses outils de planification

    Une réflexion s’est tenue la semaine dernière à Yaoundé entend remédier à la situation, afin de ne pas hypothéquer les objectifs d’émergence du pays.

    Le Cameroun est à la recherche de nouveaux outils (modèle) de simulation économique. Ce 22 mai, le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) a organisé, en collaboration avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), un atelier sur la question. La méthodologie actuelle, basée à la fois sur le long et le court terme, ne permet pas de faire de bonnes prévisions. Isaac Tamba ne le cache pas.

    «Les outils de planification (court terme et long terme) utilisés dans le cadre du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) sont désuets», confesse le directeur général de l’Economie et de la Programmation des Investissements Publics au Minepat, lors de l’atelier. Du fait de cette situation, les partenaires financiers du Cameroun (FMI, Banque mondiale) émettent des réserves sur l’efficacité des dépenses publiques et des investissements publics en particulier. Ce qui influe indubitablement sur un ensemble de programmes communs liés à l’équilibre macroéconomique du Cameroun.

    Le bureau sous régional pour l’Afrique centrale de la CEA propose de moderniser ces outils et leur méthodologie. «Des outils modernes de modélisation économique, le Cameroun réussira son objectif de stabilité macroéconomique et fiscale», justifie Bartholomew Armah, chef de la section Renouveau de la planification à la CEA. «L’un de nos soucis majeurs est que les besoins d’ajustement budgétaires de court terme, qui du reste sont indispensables, pour maintenir la confiance des investisseurs et relancer la croissance économique, ne compromettent pas les objectifs de long terme aussi important que la transformation structurelle et l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD).

    C’est pour cela que nous pensons que nos Etats doivent se doter des meilleurs outils qui leur permettent de préserver la marge de manœuvre budgétaire nécessaire à la promotion de ces objectifs de long terme», ajoute Antonio Pedro, directeur du bureau sous régional de la CEA. Mama Keita, chef du centre des données au bureau sous régional de la CEA, précise que «les Etats ont besoin d’outils modernes pour définir leurs objectifs prioritaires sur le long terme. Ceci pour atteindre les impacts sociaux, environnementaux et économiques pour lesquels les politiques publiques sont prises».

    Diversification

    La crise qui sévit dans la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) est avant tout une crise de devises. La diversification économique est de ce fait un impératif pour les pays de la sous-région. «Les Etats de la sous-région ont une croissance basée sur un secteur primaire peu moderne et des services qui sont parfois peu modernes eux aussi. Nous prônons une accélération de la transformation structurelle de ces économies à travers la diversification économique. La juste planification a un rôle très importantI», rappelle à juste titre Mama Keita.

    Au Cameroun, les secteurs de croissance sont certes diversifiés, mais les produits sont peu élaborés. Exportés à l’Etat brut, sans valeur ajoutée, ils rapportent très peu de devises à l’économie. Pour adresser cette préoccupation, trois options sont mises en œuvre: la diversification verticale et horizontale (augmentation des secteurs de croissance et transformation en produits manufacturiers), la politique des champions nationaux (appui aux entreprises industrielles pour la création d’un label Cameroun) et le patriotisme économique (promotion de la priorité à la consommation du made in Cameroun).

    Zacharie Roger Mbarga

  • Echanges interafricains : La CEA appelle à la libération fiscale

    Echanges interafricains : La CEA appelle à la libération fiscale

    Ce qu’il faut retenir de la 51ème session de la réunion des ministres de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).

    Le Premier ministre éthiopien, la CEA et les ministres africains de l’économie.

    La création d’un véritable marché commun africain exige la prise de «mesures audacieuses sur plusieurs fronts». C’est la conviction de Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA. Les accords commerciaux comportent des obligations qui peuvent exiger que les pays changent leurs pratiques intérieures, mettent en route des réformes ou créent de nouvelles entités, notamment par le remaniement des opérations douanières, la mise en place d’institutions domestiques et la création de mécanismes pour la facilitation du commerce.

    Fiscalité

    Afin de rentabiliser la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), la CEA recommande aux gouvernements africains de revoir les politiques macroéconomiques, en particulier, les mesures fiscales. Cet axe est essentiel pour l’attrait des investissements. Au-delà des pertes de recettes douanières, la CEA invite les pays africains à la pratique d’une fiscalité avantageuse. L’objectif visé est la facilitation de la production et de la consommation. Mais c’est surtout un levier nécessaire pour la diversification économique.

    Cette option regorge un risque énorme de perte de ressources budgétaires pour les Etats. Mais l’intensification de l’activité dont elle augure est susceptible de minorer les impacts. Toutefois, la CEA ne s’avance pas sur un scénario précis. La secrétaire exécutive pense d’ailleurs que la création d’un «espace fiscal homogène» est une action importante et urgente pour une meilleure diversification économique en vue de créer des emplois.

    La libéralisation fiscale prônée par la CEA devrait être rattrapée par l’augmentation de la productivité et surtout par des actions de sécurisation des ressources. D’où l’expression de Vera Songwe: «nous devons accroître les recettes fiscales, améliorer l’efficacité de la gestion des dépenses publiques, lutter contre les flux financiers illicites et développer les financements privés pour les projets publics».

    À la base de toute zone de libre-échange, il y a une réduction des tarifs et, par conséquence, des recettes fiscales. Il s’agit d’un coût supporté par les gouvernements, mais qui touche les ménages et les entreprises bénéficiaires des dépenses publiques.

    Dans la configuration actuelle des échanges intra-africains, les pertes de recettes fiscales seront vraisemblablement faibles, car s’élevant à 8% en moyenne des recettes fiscales totales. Cela s’explique également par le fait que ces coûts sont déjà couverts par les zones de libre-échange des communautés économiques régionales.

    Interconnexion

    Un autre plaidoyer porte sur les mesures incitatives susceptibles de décloisonner le commerce intra-africain. La CEA évoque des régimes simplifiés pour les commerçants transfrontaliers informels et la modernisation des infrastructures continentales pour aider les entreprises souhaitant pénétrer sur de nouveaux marchés.

    Le secteur privé doit jouer un rôle central dans la réalisation de ce projet, afin de bâtir un continent plus autonome et plus inclusif. Il est également essentiel que les entreprises s’associent aux gouvernements pour développer des solutions de financement novatrices afin de relever les défis en matière de santé, éducation, infrastructures et environnement.

    La mise sur pied d’une fiscalité avantageuse ne devrait pas éluder la viabilité budgétaire. Certes, les inquiétudes sur les pertes de recettes douanières sont légitimes. Mais, les répercussions de la ZLEC sur les taxes appliquées aux biens importés et exportés seront «faibles et progressives». Pour la CEA, «les revenus supplémentaires liés à la croissance générée par la ZLEC devraient l’emporter sur les pertes de recettes douanières».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Transport multimodal: L’appoint de la Banque mondiale au Cameroun

    Transport multimodal: L’appoint de la Banque mondiale au Cameroun

    L’institution de Brettons Woods a présenté la semaine dernière ses appuis pour une plus grande fluidité du transport des biens au port de Douala et dans les corridors sous régionaux qui dépendent de cette infrastructure.

    Port de Douala, point de départ de plusieurs corridors sous-régionaux.

    Dans le cadre de sa stratégie intégrée sur le transport multimodal, la Banque mondiale appuie le Cameroun dans la facilitation du transit des marchandises. Cet appui prend corps à partir du port de Douala à travers l’amélioration des stockages et des procédures de dédouanement. Il s’achève dans la densification du réseau routier sous-régional qui lie le Cameroun au Tchad et à la RCA.

    Transport multimodal

    L’institution de Bretton Woods apporte son soutien à la mise en place d’un nouveau régime de transit au Cameroun. Celui-ci consiste à rendre automatique et à réduire le nombre et la durée des autorisations administratives. Il consiste en outre à un meilleur traitement des marchandises pour un passage rapide des frontières. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’établissement du guichet unique et l’augmentation des tarifs de l’entreposage des conteneurs au port de Douala.

    Pour l’équipe d’experts en transport de la Banque mondiale, cette augmentation vise à contraindre les opérateurs économiques à débarrasser les quais d’entreposage. Car, estiment-ils, les prix avantageux pratiqués par le Cameroun encourageaient certains opérateurs à prolonger le séjour portuaire de leurs conteneurs. Ce qui a occasionné la congestion du port de Douala.

    D’autres secteurs tels que le transport aérien et ferroviaire bénéficient de l’accompagnement de la Banque mondiale. Pour le premier, il s’agit d’un accompagnement dans l’amélioration de la sureté et la sécurité. Pour le second, il s’agit de la sécurisation des voix ferroviaires. Pour appuyer la stratégie intégrée du transport multimodal qu’elle œuvre à mettre en place, l’institution financière octroi 4 millions de dollars. Un plan d’investissement prioritaire dans les transports devrait être présenté en mars 2019.

    Corridors

    A travers les corridors transfrontaliers de la sous-région, la Banque mondiale veut soutenir les échanges intracommunautaires. Dans le cadre du projet «Cemac transport and trade facilitation» d’un montant de 650 millions de dollars validé depuis 2007, deux tronçons sont actuellement en réhabilitation sur le corridor Douala-Ndjamena.

    Il s’agit de l’axe Mora-Dabanga-Kousseri long de 207 km. D’un coût de 61 milliards de francs CFA (45 milliards pour la banque mondiale et 15 milliards pour le Cameroun), ce chantier a connu des perturbations après le kidnapping des employés de la précédente entreprise de construction. Aujourd’hui, c’est le génie militaire qui assure les travaux.

    Le second tronçon relie Babadjou à Bamenda. Il est en cours d’exécution. Un premier satisfecit de la Banque mondiale est la livraison déjà effective des chantiers routiers au nord et au sud de N’Gaoundéré. Pour améliorer le service sur les tronçons sous régionaux, la Banque mondiale envisage mettre sur pied un observateur des corridors.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Jérusalem, une fracture pour l’Afrique !

    Jérusalem, une fracture pour l’Afrique !

    A la veille de la Nakba (exode de 700.000 Palestiniens suite à la création de l’État d’Israël en 1948) et de la commémoration de l’indépendance d’Israël, l’Amérique de Donald Trump a symboliquement inauguré son ambassade transférée à Jérusalem.

     

    Une inauguration aux allures de reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, en violation du droit international et des résolutions successives des Nations unies (résolutions 242 et 478 du Conseil de sécurité). Le 21 décembre 2017, l’Assemblée générale de l’Onu avait condamné par vote (128 voix contre 9 et 35 abstentions) la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

    Dans cette lutte de droit et d’intérêts, l’Afrique apparait très divisée. Si la Tunisie a interpelé la responsabilité américaine dans les violences à la frontière avec la bande de Gaza, l’Afrique du Sud, quant à elle, a rappelé son ambassadeur avec effet immédiat après la mort de 55 Palestiniens à la frontière. Cette décision s’expliquant par la proximité historique entre l’ANC et l’autorité palestinienne.

    Bravant tout questionnement sur le continent, douze pays africains ont assisté à l’inauguration de la mission diplomatique des Etats-Unis d’Amérique. Il s’agit de l’Angola, du Cameroun, de la République du Congo, de la Côte d’Ivoire, de l‘Ethiopie, du Kenya, du Nigeria, du Rwanda, du Soudan du Sud, de la Tanzanie, de la Zambie et de la République du Soudan. Plusieurs de ces pays sont d’ailleurs membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), proche idéologiquement et religieusement de la Palestine.

    Parmi ces pays, d’aucuns font face à des mouvements de sécession et d’indépendance. D’autres en ont souffert. Certains connaissent la légitimité de l’histoire et du droit international dans la violation des espaces terrestres. Au niveau social, des manifestations ont été menées sur le continent. C’est le cas en Mauritanie et au Sénégal. La société civile est montée au créneau pour dénoncer la décision américaine.

    L’Union Africaine (UA), organisation continentale de 54 pays, a fait entendre sa position. Pour elle, «la relocalisation de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem ne peut qu’aggraver les tensions dans la région et compliquer encore davantage la recherche d’une solution durable au conflit israélo-palestinien». Le président de la Commission de l’UA rappelle d’ailleurs «la solidarité de l’Union africaine avec le peuple palestinien dans sa quête légitime d’un État indépendant et souverain avec Jérusalem-Est pour capitale»

    Valeurs idéologiques ?

    L’histoire renseigne que les peuples noir et juif ont le plus subi la persécution et l’humiliation. On pourrait sans doute se mettre à rêver que ceux-ci soient des chantres invétérés de la cohabitation pacifique, du dialogue, de la justice et de la paix. Le capitalisme étant passé par là, on est aujourd’hui plus enclin à préserver ses intérêts et à faire attendre les idéaux qui valorisent l’humanité et le bien être humain. Sinon comment comprendre que la plupart de ces pays, qui s’étaient abstenus à l’Onu en décembre 2017, ont répondu présents à l’exception du Togo, qui avait lui voté favorablement.

    Le durcissement de ton de Washington a donc eu l’effet escompté. En décembre dernier, l’administration américaine n’avait pas digéré l’issue du vote. Nikki Haley, ambassadrice des USA à l’Onu avait alors déclaré : «les Etats-Unis se souviendront de ce jour où ils ont été pris pour cible à l’assemblée générale pour le simple fait d’avoir exercé leur droit de nation souveraine.

    Nous nous en souviendrons lorsque l’on nous demandera à nouveau d’être les principaux contributeurs des Nations unies». Donald Trump avait, pour sa part, menacé de frapper au portefeuille en ces termes: «nous prenons note de ces votes. Tous ces pays qui prennent notre argent et ensuite votent contre nous au Conseil de sécurité».

    Depuis l’annexion par Israël de Jérusalem-Est en 1967, la ville est intégralement sous administration civile israélienne (siège du pouvoir des institutions de pouvoir: Knesset, gouvernement). Tel Aviv et d’autres villes accueillant les chancelleries.

    Zacharie Roger Mbarga

     

  • Zone de libre-échange africaine: Le temps des ratifications

    Zone de libre-échange africaine: Le temps des ratifications

    Le Kenya et le Ghana ont déposé leurs instruments de ratification à Addis Abeba en Ethiopie.

    La salle de conférence N°1 a servi de cadre à la remise jeudi dernier des instruments de ratification l’Accord de libre-échange continental (Alec) du Kenya et du Ghana. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a réceptionné ces documents des mains de l’envoyé spécial du Kenyan et de l’ambassadeur du Ghana à l’UA. Ceci en présence de Vera Songwe secrétaire exécutive de la Commission économique des nations unies pour l’Afrique et Albert Muchanga Commissaire au commerce et à l’industrie.

    Moussa Faki Mahamat a salué l’engagement de ces pays: «Je félicite le Kenya et le Ghana qui ont été les premiers Etats membres de l’UA à avoir déposé les instruments de ratification auprès de la Commission de l’UA. Définitivement, Jomo et Kwame Nkrumah doivent être fiers de vous, fiers de nous», a-t-il indiqué avant d’appelé les autres Etats membres de l’UA à en faire de même.

    Ambitions

    Plusieurs autres pays africains sont déjà engagés dans le processus législatif de domestication des lois et règlements sur la zone de libre échange. Le parlement nigérien a adopté jeudi dernier la loi autorisant le président Mahamadou Issoufou à ratifier l’Alec. Le Rwanda, lui, a connu une grande étape le 24 avril dernier. Son Assemblée nationale a approuvé à l’unanimité le projet de loi du gouvernement portant ratification de l’Alec.  Le texte est présentement en étude au sénat pour validation. Ces deux pays devraient déposer leurs instruments lors du prochain sommet de l’UA prévu à Nouakchott en juillet.

    L’article 23 de l’accord Kigali du 21 mars précise que la zone de libre-échange continentale (ZLEC) prend naissance 30 jours après le dépôt du 22ème instrument de ratification. Lequel doit comporter l’accord et les protocoles sur le commerce des marchandises, le commerce des services, les règles et procédures relatives au règlement des différends. Le président de la Commission de l’UA assure le rôle de dépositaire.

    Il a ensuite le devoir de notifier les autres Etats membres par copie certifiée conforme. Il faut donc encore 18 ratifications pour que la ZLEC soit lancé. Plusieurs diplomates de l’organisation continentale estiment que ce minimum est à trouver en Afrique de l’ouest, en Afrique l’est et en Afrique du nord. L’UA s’est fixé comme date butoir, la fin 2019.

    Zacharie Roger Mbarga

  • CEEAC: un programme pour faciliter les échanges

    CEEAC: un programme pour faciliter les échanges

    Le programme d’appui institutionnel à la mise en œuvre de l’Accord de facilitation des échanges (PAI AFE) est désormais officiel dans les pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC).

    On l’a appris au terme de la première réunion de lancement officiel dudit programme dans tous les Etats membres tenue à Pointe -Noire (Congo) les 07 et 08 mai dernier.

    Il est question de renforcer les capacités institutionnelles du secrétariat de la CEEAC en vue d’une bonne coordination des activités liées à la mise en œuvre de l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) d’une part, celles des Etats par la création et l’outillage des comités nationaux de facilitations des échanges (CNFE) d’autre part.

    A cet effet, une session de formation du personnel de la CEEAC et de la Cemac sur la facilitation des échanges a eu lieu le 02 mai. Elle portait sur la dimension régionale de la facilitation des échanges, ses mesures et l’environnement institutionnel.

    Le PAI AFE est prévu pour une durée de trois (03) années. Il coute 1 milliard 633 millions francs CFA et est financé à 97% par la Banque africaine de développement (BAD) et à 3% par la Fondation pour le renforcement de capacités en Afrique (ACBF).

    Déterminants
    Dans sa dernière publication Etat de l’intégration régionale en Afrique (Tome 8), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique estime à 1% le niveau d’exportations intrarégionales en proportion au PIB régional.

    La faute à la prolifération de barrières tarifaires et non tarifaires qui trahit l’inexistence d’une règlementation opposable régissant la zone de libre-échange «administrative ».
    Pour y faire face, la CEEAC a encouragé ses pays à ratifier l’Accord de facilitation des échanges de l’organisation mondiale du commerce (AFE OMC).

    Il est fait obligation à ses souscripteurs de prendre des mesures pour réduire le coût du commerce international en simplifiant, modernisant ou harmonisant les règles et procédures du pays à l’exportation et à l’importation.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Nucléaire iranien : le malheur des uns, le bonheur des autres

    Nucléaire iranien : le malheur des uns, le bonheur des autres

    Une fois de plus, le proche et le moyen orient sont en état d’alerte.

    La région court un sérieux risque d’instabilité. L’accord sur le nucléaire iranien est presque mort ! Les Etats-Unis, principal pourvoyeur de moyens, se sont retirés de l’accord et ont infligé de nouvelles sanctions à l’Iran. Devant une Europe commentatrice et une agence de l’énergie atomique (AIEA) ignorée.

    Dans la soirée du mercredi 9 mai, la force Al-Qods, force extérieure de la révolution iranienne, a tiré de Kiswa en Syrie sur le plateau Golan occupé par Israël. Le système de défense antiaérien Dôme de fer a intercepté plusieurs roquettes parmi les vingt tirées. L’immédiateté de la riposte israélienne a été violente, comme il fallait s’y attendre.

    Selon l’observatoire syrien des droits de l’homme, elle a fait plus de 40 victimes. A travers son ministre de la défense, Avigdor Lieberman, Israël a été laconique dans sa mise en garde : «ils (iraniens) ne doivent pas oublier l’adage selon lequel, si la pluie nous tombe dessus, la tempête s’abattra sur eux». Une situation qui n’est pas loin de rappeler les prémices du conflit en Irak.

    Enjeux

    Comme en 2002 sur l’Irak, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, «a prouvé», à l’aide d’un PowerPoint, l’enrichissement d’uranium par l’Iran à des fins militaires. Motivant ainsi la décision américaine de quitter l’accord-cadre sur le nucléaire iranien signé en juillet 2015 par les cinq membres permanents du conseil de sécurité des Nations unies, l’Allemagne, l’Union européenne et l’Iran. Le jour d’après, l’envahissement de l’Irak créa un engrenage qui engendra l’industrie de l’extrémisme violent.

    L’axe anti iranien dans la région, constitué de l’Arabie saoudite et de l’Etat hébreu, a vu en la décision américaine une victoire stratégique voire idéologique. La rivalité qu’entretiennent ces deux pays avec l’Iran est profonde et ancienne. La querelle séculaire entre sunnites (Arabie saoudite) et chiites (Iran) a dépassé le seul cadre des divergences de sensibilités sur la foi musulmane. Le chiisme est une religion d’Etat en Iran tandis qu’en Arabie saoudite les sunnites constituent près de 97% de la population.

    Cette divergence impacte le positionnement et le soutien à des conflits. Dans toute la région, selon qu’une tendance soit minoritaire ou majoritaire, au pouvoir ou dans l’opposition, les revendications sont constantes et les frictions entre ces deux pays permanentes.

    Avec Israël, ce sont des considérations stratégiques qui animent les antagonismes. L’Etat hébreu, à maintes reprises, a été confronté au Hezbollah libanais. Le pays de Netanyahou a toujours affirmé que Téhéran soutenait et armait le hezbollah en Syrie, au Liban et en Jordanie.

    Le renforcement des positions iraniennes en Syrie, dans le plateau du Golan et participe de cette entreprise, mais constitue un danger pour la sécurité d’Israël. L’Iran à travers le hezbollah conteste à Israël l’annexion du Golan se trouvant dans la partie chiite syrienne. C’est le fondement de la guerre israélo-arabe, le principal théâtre d’affrontement ces deux pays.

    Radicalisation

    La décision de Donald Trump de reprendre les sanctions contre Téhéran intervient alors que le pays n’a pas récupéré des embargos successifs depuis 1987. Ceux-ci ont asphyxié le pays et entrainé la radicalisation progressive du régime de Téhéran. Une reprise pourrait occasionner un glissement intégriste du régime. Mais cela dépend du retrait ou non des autres signataires de l’accord de 2015.

    Plus intéressant encore, mais très peu envisagé par certains observateurs orientés, un nouvel embargo sur le pétrole iranien va impacter le prix du baril sur le marché international. On se rappelle que la levée de l’embargo sur le pétrole iranien avait provoqué une surproduction internationale.

    Provoquant une dépréciation des cours mondiaux de pétrole et de gaz. A l’époque seuls les produits du schiste américain (pétrole et gaz) tiraient leur épingle du jeu.

    La visite du Président nigérian Muhammadu Buhari à la maison blanche a du sens. Et si Donald Trump protégeait simplement les intérêts américains ? Et si l’Afrique économiquement extravertie allait devoir une fière chandelle à Trump ?

    Zacharie Roger Mbarga

  • Escalade de violence préoccupante en RCA

    Escalade de violence préoccupante en RCA

    De sources médicales à Bangui, au moins 24 personnes ont été tuées et 170 blessées lors des affrontements du mardi 1er mai.

    Jusqu’au mercredi 2 mai, la capitale centrafricaine vivait sous une atmosphère de panique. Le même jour, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra a dénoncé, en présence de l’archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques par des groupes armés.

    Pour sa part, le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres, s’est offusqué de l’instabilité persistante en RCA. Dans un communiqué publié mercredi 2 mai, il a «exhorté tous les acteurs à mettre fin à la violence et à travailler ensemble pour ramener la paix et la stabilité dans le pays».

    Condamnant les violences du 1er mai à Bangui, il a suggéré aux autorités centrafricaines «d’en traduire rapidement les responsables en justice». Sa préoccupation reste entière «face à la rhétorique incendiaire qui semble prévaloir. Il rappelle qu’il n’y a pas de justification à l’incitation à la violence ou au discours de haine».

    Chassé-croisé
    Après les joutes verbales à l’origine des violences survenues à PK5, la Minusca était très tôt montée au créneau pour appeler au calme et souligner la responsabilité de toutes les couches d’acteurs à la préservation de la quiétude sociale.

    Le 23 avril dernier, des ressortissants russes ont distribué des produits de première nécessité à 11 chefs de quartier à destination d’environ 300 personnes particulièrement vulnérables du 3e arrondissement. «Ils font ça pour redorer leur image ici», commente un notable du PK5. L’objectif étant de mettre la main sur le «général Force», chef du groupe d’autodéfense du PK5 à Bangui.

    Des discussions entre les russes, les groupes d’autodéfense et la Minusca ont été entamées et marquent une étape importante de franchie. Ces discussions ambitionnent de faire retomber la tension et permettre un retour de l’autorité de l’Etat sur ce quartier de la capitale surtout après «les tentatives de manipulation de l’opération Sukula lancée par le gouvernement et la Minusca au PK5».

    De son coté, «la Minusca stigmatise en particulier toute tentative de raviver les dissensions entre anti-Balaka et ex-Seleka, qui ont entretenu la crise politico-militaire sans précédent de laquelle le pays tout entier était plongé et a tant de peine à se remettre».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Beac: chute de la valeur des titres de trading

    Beac: chute de la valeur des titres de trading

    Pour l’exercice clos au 31 décembre 2017, le rapport de contrôle de la salle des marchés révèle que la situation des avoirs a connu une dépréciation.

     

    Cette décote concerne les avoirs en devises placés auprès des contreparties (dépôts monétaires, opérations sur titres) et en comptes espèces et titres auprès des correspondants ainsi que la valorisation du stock. Cette position en 2017 s’élève à près de 345,7milliards de francs CFA. Au 31 décembre 2016, elle s’est hissée à près de 1621,7 milliards.

    Au chapitre des raisons de cette adynamie figure la cession intégrale du portefeuille de placement constitué des 75% de la valeur des titres d’investissement. En outre, l’arrivée à maturité de 3 lignes de titres du portefeuille d’investissement de valeur nominale (moins 124,5 milliards de francs CFA).

    Actifs
    Les charges et les produits générés par la salle des marchés retracés dans la comptabilité générale ont permis de dégager un résultat comptable net (hors intérêts sur compte d’opérations et compte spécial de nivellement) de près de 121, 2 milliards de francs CFA au 31 décembre 2017 contre 273 milliards au 31 décembre 2016.  Cette baisse significative s’explique par la plus-value marginale dégagée sur la cession des titres de l’exercice d’une valeur de plus de 111 milliards francs CFA (contre près 230, 7 milliards).

    Pour ce qui est du stock d’or, sa valeur n’a pas connu de variation entre les exercices 2016 et 2017 demeurant fixe à 201 865,777 onces. Ayant connu une très légère décote, la valeur de marché, elle, s’élève à près de 142, 2milliards francs CFA au 31 décembre 2017 contre près 144 milliards en 2016. Cette baisse découle d’une évolution défavorable du cours de l’once sur la période.

    En effet, le cours de l’once d’or s’est déprécié de 1,16% (de 711330 francs CFA en 2016 à 703470 au 31 décembre 2017). Le placement d’or géré par la salle des marchés a généré, au cours de l’exercice 2017, des produits de 248 millions de francs CFA contre 389 millions en 2016. Ceux-ci ont été directement imputés dans le résultat de la Banque.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Maintien de la paix et la sécurité: Appel à la tropicalisation des solutions

    Maintien de la paix et la sécurité: Appel à la tropicalisation des solutions

    C’est le plaidoyer et le maitre mot de la 7ème édition du forum Tana sur la paix et la sécurité en Afrique qui vient de s’achever à Bahir Dar en Ethiopie.

    Allocution d’ouverture du président de la Commission de l’UA.

    I/ Une plateforme de réflexion en consolidation
    Tenu du 21 au 22 avril 2018 sur le thème «l’appropriation des solutions de paix et de sécurité en Afrique: financer et réformer l’Union africaine», le 7ème forum Tana vient de réunir en Ethiopie un parterre de hauts responsables.

    Au nombre desquels Abiy Ahmed Ali, Premier ministre de l’Éthiopie ; Omar al-Bashir, Président du Soudan ; John Dramani Mahama, ancien Président du Ghana ; Dr Aminata Touré, ancien Premier ministre du Sénégal, Kgalema Motlanthe, ancien président d’Afrique du Sud ; Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda ; Workneh Gebeyehu, ministre des Affaires étrangères de l’Éthiopie ; Eusebio Lambo, ministre des Combattants du Mozambique ; Graça Machel, fondatrice et directrice du Graça Machel Trust ; et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine.

    Dans son allocution d’ouverture, Abiy Ahmed Ali a félicité le forum de Tana pour avoir «prouvé qu’il méritait d’être pris au sérieux en tant que véritable plateforme de discussions animées et ciblées sur les défis urgents, concrets et pertinents de la paix et de la sécurité auxquels l’Afrique est confrontée».

    Dans son propos, Moussa Faki Mahamat note que «les seules réponses viables aux défis auxquels nous sommes confrontés seront endogènes». Et d’ajouter que «l’expérience a montré trop souvent la futilité des solutions qui font fi des contextes dans lesquels elles sont censées être mises en œuvre», a déclaré Moussa Faki Mahamat.

    Cette appropriation ne se fera certainement pas sans le concours des partenaires dont le rôle «ne doit pas être minimisé ou négligé. L’indépendance signifie un engagement constructif avec différentes parties prenantes intéressées par l’Afrique, sur un pied d’égalité» précise le président de la Commission de l’UA.

    Dans cet élan, Moussa Faki Mahamat annonce la formalisation d’un Accord de coopération sur la paix et la sécurité entre l’institution qu’il dirige et la Commission européenne en ce mois de mai. Il permettra de «formaliser les relations déjà étroites qui existent entre nos deux institutions», a-t-il précisé. John Dramani Mahama, ancien président de la République du Ghana, lui, est péremptoire et affirme sans ambages que «le forum de Tana a pris de l’ampleur et est devenu le premier groupe de réflexion

    Management

    Au terme de cette édition, la présidence du conseil de ce forum a vu son dirigeant le président Obasanjo céder son fauteuil après sept années de fondation. Son mandat, qui a débuté en 2012 avec la création de la plateforme, a vu le forum Tana devenir l’une des cadres les plus pertinentes sur la paix et la sécurité en Afrique.

    La cérémonie de passation a été conduite par l’ancien Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, qui a remercié Obasanjo pour son engagement. L’ancien président ghanéen John Dramani Mahama lui succèdera à ce poste. Pour Hailemariam Desalegn, le nouveau venu est une personnalité avec «un pedigree de panafricaniste éprouvé et engagé, mais aussi d’homme d’État respecté».

    Le nouveau patron a tout de suite souligné l’importance des systèmes de connaissances traditionnelles africaines en tant que «riches répertoires de la science, de la technologie et du savoir en général. Vous y trouverez des leçons de gouvernance, de stratégie, d’inclusivité, de spiritualité, de responsabilité et de leadership».

    Il a en outre appelé à un «changement de mentalités pour s’approprier et promouvoir notre savoir traditionnel africain et intégrer également les meilleures pratiques d’ailleurs dans le renforcement des capacités de nos peuples et de nos institutions».

    Une expression qui semble donner un aperçu de l’orientation qu’il donnera à la tête du forum. Si le baobab fait partie de l’identité africaine, il en est de même du lieu où se tient le forum. Le lac Tana, le plus grand d’Ethiopie et le quatrième d’Afrique, a donné son nom à la plateforme. Source du Nil Bleu, le lac Tana compte plus de 21 îles dont celle de Bahir Dar.

    L’Institut des études de paix et de sécurité (IPSS) de l’Université d’Addis-Abeba sert de secrétariat au Forum. L’IPSS gère également le Programme de paix et de sécurité en Afrique (APSP), un projet conjoint avec l’Union africaine. L’APSP vise à renforcer les capacités africaines pour développer et mettre en œuvre des solutions africaines en matière de paix et de sécurité en Afrique.

    Dans ce contexte, les résultats du forum alimentent les activités de l’institut en matière d’éducation, de recherche et de dialogue politique, dans le cadre d’objectifs plus larges d’information, de formulation et de mise en œuvre des politiques à l’Union africaine, et des communautés économiques régionales (Cer).

    II/ Finances et réforme de l’Union africaine
    Reconnaissant la nécessité pour les États membres de financer leur propre sécurité, Abiy Ahmed Ali, Premier ministre éthiopien, estime que «Ce n’est que grâce à un financement à long terme durable que l’UA pourra suivre un programme indépendant qui réponde aux pratiques et besoins communs de ses États membres».

    Dans une mise à jour aux participants sur l’état actuel du plan de réforme, le président de la Commission de l’UA a indiqué que «41,6 millions USD ont été versés au fonds pour la paix, avec pour objectif, la mobilisation de 65 millions USD pour l’année en cours. C’est la plus importante contribution jamais versée au Fonds pour la paix depuis sa création en 1993».

    Concernant l’ambitieux prélèvement de 0,2% sur les importations admissibles qui serviraient de contribution des États membres à l’UA, il a reconnu que «davantage de négociations politiques» seraient nécessaires pour s’assurer que les États appliquent «fidèlement» la taxe.

    Dans un environnement politique mondial en constante évolution, il existe un besoin manifeste de disposer d’institutions plus puissantes et efficaces et ayant la capacité d’assumer une forte appropriation des questions continentales et mondiales. L’UA a un agenda très chargé et ambitieux qui comprend, entre autres, la paix et la sécurité, la libéralisation du commerce, la sécurité alimentaire, l’utilisation durable des ressources naturelles et de l’énergie, les changements climatiques et les migrations.

    Ces activités ont abouti au développement de plusieurs initiatives de réforme, telles que le nouveau programme de financement de l’UA, ainsi que sa réforme institutionnelle. Ces réformes aspirent à une intégration à l’architecture mondiale de la paix et de la sécurité où l’Afrique assume la responsabilité principale de sa propre sécurité par opposition à la situation actuelle où il existe encore une forte dépendance envers des partenaires et des acteurs extérieurs.

    Zacharie Roger Mbarga 

  • CEEAC: un comité pour la facilitation des échanges

    CEEAC: un comité pour la facilitation des échanges

    Ouverture des travaux du CRFE.

    Pointe noire, capitale économique du Congo, vient d’accueillir les travaux de lancement du Comité régional de facilitation des échanges (CRFE) de l’Afrique centrale, plateforme de dialogue multi-acteurs visant à faciliter à la fois le pilotage, la coordination et la mise en œuvre de l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en Afrique centrale.

    En prolongement du Projet d’appui institutionnel pour la mise en œuvre de l’AFE de l’OMC en Afrique centrale (PAI-AFE), le secrétariat général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) s’entoure de la Banque africaine de développement (BAD) et la Fondation pour le renforcement des capacités pour l’Afrique (ACBF), à l’effet de renforcer l’intégration régionale à travers des actions visant la stimulation du commerce et de la compétitivité régionale.

    Le CRFE a pour mission de parachever la mise en œuvre de l’AFE. Pour la Cnuced, le CRFE doit soutenir les Comités nationaux de facilitation des échanges (CNFE), coordonner les plans nationaux et le plan régional, veiller à la mise en œuvre des CNFE, développer un système de monitoring, évaluer et suivre les progrès réalisés.

    Formalisation
    Dans sa feuille de route, la CRFE entend se consacrer à une tâche immatérielle. Il s’emploiera ainsi au dialogue politique et à la vulgarisation de l’AFE, à l’appui à la mise en place des CNFE et du CRFE, l’auto-évaluation des besoins prioritaires, l’élaboration de programmes nationaux et du plan d’action régional d’assistance technique en facilitation des échanges, la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre de l’AFE en Afrique centrale, l’actualisation et l’adaptation du cadre juridique régional à l’AFE, les études, activités de formation et échanges d’expériences.

    Financée conjointement par la CEEAC et la Cemac, la création du CRFE devrait être cosignée par les deux exécutifs communautaires. Il reste également attendu la désignation conjointe d’un coordonnateur du secrétariat technique.

    Il est de notoriété publique qu’en Afrique, les couts administratifs et de transactions sont disproportionnellement élevés. En 2012 et selon certaines études, dont le Doing business et les rapports de la Cnuced, les exportateurs africains prenaient en moyenne une semaine de plus pour exporter un conteneur standard et payaient 404 dollars américains de plus. Il en est de même en ce qui concerne l’importation. Importer en Afrique exige en moyenne une semaine de plus et coûte jusqu’à 668 dollars américains de plus.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Réserves de change: 2,9 mois d’importations pour la Cemac

    Réserves de change: 2,9 mois d’importations pour la Cemac

    Les réserves de changes de la Beac ont connu une très légère embellie sur l’année 2017.

    En effet, encore engluées dans les effets pervers de la chute des cours de matière première, ces réserves sont passées de 2,2 (mois d’importations) en fin décembre 2016 à 2,9 au 31 décembre 2017. L’inversement de cette tendance baissière des réserves de changes est le résultat de la mise en œuvre d’un ensemble de mesures.

    Notamment, les efforts de consolidation budgétaire entrepris par tous les pays de la sous-région, la conclusion par quatre pays de la Cemac d’un programme soutenu par le FMI, le resserrement progressif de la politique monétaire, le renforcement de l’exercice de la surveillance multilatérale, ainsi que le maintien de la surveillance renforcée du système bancaire régional.

    Pour la Beac, «des efforts conséquents restent à être consentis». A cet effet, des orientations nouvelles préconisées sur l’année 2018 sont déjà en implémentation. Elles portent sur les mesures de rétablissement de la stabilité du cadre macroéconomique, de réformes structurelles, d’approfondissement de l’intégration régionale et de renforcement de la sécurité.

    Réformes
    Pour la stabilité macroéconomique, les Etats membres sont exhortés à l’assainissement des finances publiques, à la conduite d’une politique budgétaire ciblée en matière de dépenses publiques, et à la reconstitution rapide des réserves de change de la Cemac.

    L’amélioration du climat des affaires et la diversification de la base productive sont également prescrits pour réformer la rentabilité interne des pays. Pour ce faire, les six Etats membres devront rendre opérationnel l’Observatoire du climat des affaires de la Cemac, accompagner l’ajustement budgétaire par de profondes réformes structurelles visant à transférer à terme le moteur de la croissance au secteur privé et améliorer les indicateurs en matière de facilité à faire les affaires (transfert de titre de propriété, création d’entreprises, etc.).

    Autre domaine stratégique mais névralgique, c’est l’approfondissement de l’intégration régionale. Sur ce plan, les actions prioritaires consistent à renforcer l’édification du marché commun à travers la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, l’aboutissement rapide du projet de nouveau Code des douanes de la Cemac ainsi que la révision des directives fiscales afin de les conformer davantage aux standards internationaux, l’application des textes communautaires et la mise en place un tableau de bord de suivi des instruments de l’intégration.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Sahara Occidental : le dernier round …

    Sahara Occidental : le dernier round …

    Le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au 31 octobre 2018, soit six mois au lieu d’un an habituellement, le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).

    Déployée en septembre 1991 afin d’y surveiller le cessez-le-feu et d’organiser un référendum qui permettrait aux habitants de décider du futur statut de ce territoire, la mission onusienne n’est toujours pas parvenue à ses fins.

    Par la résolution 2414 (2018), adoptée par 12 voix pour et 3 abstentions (Chine, Éthiopie et Fédération de Russie), le Conseil instruit le retrait immédiat du Front Polisario de la zone tampon de Guerguerat. Il devra en outre renoncer à déplacer des fonctions administratives à Bir Lahlou comme envisagé.

    L’institution onusienne appelle à des progrès dans la recherche d’une solution politique «réaliste, pragmatique et durable». Elle «demande» une reprise des négociations «sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».

    Désaccords

    Les trois délégations qui se sont abstenues lors du vote (Chine, Éthiopie et Fédération de Russie) ont déploré que les propositions qu’elles avaient présentées pendant les négociations n’aient pas été prises en compte, aboutissant à un texte qu’elles ont jugé déséquilibré. Une position partagée par certaines des délégations qui ont voté en sa faveur, comme la Bolivie et la Suède.

    Le représentant russe a ainsi mis en garde contre tout règlement de la situation qui serait fixé «en coulisses», alors que l’Éthiopie invitait le conseil à «ne pas donner l’impression qu’il prend parti». Pour sa part, la Chine a regretté la «précipitation» dont avait fait preuve les Etats-Unis, délégation porte-plume. Une précipitation, selon l’Empire du Milieu qui ne peut avoir qu’une «incidence négative» sur les travaux du conseil, alors que ce dernier devrait chercher à faire preuve d’unité. Une exigence également rappelée par la Suède et le Kazakhstan.

    Pour, la délégation porte-plume de la résolution, la Minurso aurait dû terminer son mandat il y a longtemps. Le fait est que le Conseil de sécurité a laissé le Sahara occidental devenir une opération de maintien de la paix qui ne correspond plus au contexte, a commenté sa représentante, qui a estimé qu’après 27 ans, il fallait «absolument sortir du statu quo».

    Enjeux

    Dans sa résolution, et en lien avec l’interpellation du rapport du secrétaire général des Nations unies sur la situation au Sahara occidental, le Conseil de sécurité «demande aux États voisins d’apporter une contribution importante au processus politique et de s’engager plus avant dans les négociations».

    Plus loin, il estime que «la solution politique de ce différend de longue date et le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA) contribueraient à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel, ce qui créerait des emplois et favoriserait la croissance ainsi que des possibilités pour tous les habitants de la région».

    Sans les nommer donc, le Conseil de sécurité appelle certains pays à formaliser leur implication dans le processus de résolution de ce «conflit dormant». Sans doute une bonne nouvelle pour le Royaume chérifien qui a longtemps appelé l’Algérie à prendre part aux négociations vu son statut assumé de soutien politique à la République arabe sahraoui démocratique (RASD). Pour le Maroc, avoir l’Algérie en interlocuteur sur ce dossier est un vieux plaidoyer.

    Assurément, une discussion directe entre les deux pays, sous l’égide de l’Onu, serait une impulsion déterminante au processus de négociation. Et pourquoi pas, dans le meilleur des cas, une rampe de lancement pour la redynamisation de l’UMA. Il est constant sur les plans économique, stratégique, politique et culturel que la quiétude diplomatique de cette zone revêt un caractère déterminant pour le développement du continent africain.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac: les défis de la nouvelle régulation du mobile money

    Cemac: les défis de la nouvelle régulation du mobile money

    Malgré l’avantage singulier que représente le mobile money pour l’inclusion financière, cet outil de paiement reste très embastillé par une règlementation rigide et ultra restrictive.

    Le développement de la monnaie électronique en général et du mobile money en particulier, est pourtant le fruit d’une double expression. A savoir: le besoin de décloisonnement (désintermédiation) né du libéralisme économique mais aussi la volonté d’auto-supervision bancaire. Cela traduit aussi quelque part, un besoin d’intensification des échanges. Or, le mécanisme reste au contraire cloisonné.

    Au nombre des nœuds, on peut évoquer la cherté des transactions, le coût élevé des opérations inter-opérateurs, l’inopérabilité sous régionale, régionale et continentale. Et pourtant le portefeuille d’acteurs (clients, opérateurs mobiles, opérateurs numériques, banques émettrices) s’étend un peu plus chaque jour. Failles La situation s’explique par un certain déficit dans le contrôle de la licéité des fonds échangés. C’est dans ce sillage que des plafonds ont été imposés aux usagers du mobile money.

    `Dans son dernier rapport d’août 2017 sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique Centrale (Gabac) dévoile comment les nouveaux moyens de paiement (mobile money, carte prépayée, paiement en ligne) peuvent favoriser la criminalité financière. Intitulé «Les nouveaux moyens de paiement face au défi de la lutte anti blanchiment et contre le financement du terrorisme dans la zone Cemac», le document détaille les failles de sécurité que peuvent présenter les nouveaux moyens de paiement (NMP).

    On retient donc la faiblesse de l’encadrement juridique des NMP (flou juridique dans les rapports entre établissements de crédit et leurs partenaires, le caractère limité de l’obligation de traçabilité et une certaine vacuité sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme), la défaillance de la technologie pour le contrôle, l’inexistence d’une plateforme unique des banques émettrices et la multiplicité des intermédiaires dans la chaîne de fonctionnement.

    Pour tenter de répondre à ce problème, la Beac peaufine actuellement un nouveau cadre juridique de supervision de cette activité en expansion soutenue. La Cemac compte 13 banques émettrices de mobile money et 11 opérateurs de téléphonie mobile. On pourrait conclure que le mobile money en Afrique centrale se porte bien s’il charrie autant de convoitises.

    Zacharie Roger Mbarga

     

  • Union africaine: Nepad à la croisée des chemins

    Union africaine: Nepad à la croisée des chemins

    17 ans après le sommet de Lusaka, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique peine à satisfaire les espoirs placés en lui. L’Agenda 2063 et le processus de réforme de l’UA rende mécanique le besoin de mutation de cette organisation.

    Ibrahim Mayaki, CEO du NEPAD
    I- Nouveaux défis 
    Au crépuscule de son format organique actuel, l’agence du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) semble être essentiellement positionnée sur le plan décennal de l’Agenda 2063. A l’observation, cette nouvelle opérationnalisation repose sur 5 axes : les technologies et les compétences, le développement durable et l’environnement, la santé, agriculture et alimentation, l’interconnexion régionale.
    Infrastructures
    Le Nepad dispose désormais d’une étude de la faisabilité technique du projet de réseau continental de train à grande vitesse. Le secrétariat de l’Unité de mise en œuvre du projet sera hébergé par l’agence du Nepad. Conformément au programme minimum d’intégration de l’Union africaine, une campagne d’augmentation des ressources africaines aux infrastructures africaines a été lancée.
    L’objectif est de faire passer ces allocations à 5%. Actuellement, le seuil représente 1,5% des actifs sous gestion (ASG). La feuille de route proposée suggère une augmentation des fonds de pensions africains et des fonds souverains. Le Nepad escompte une participation de ces fonds dans les infrastructures africaines à hauteur de 5%. La campagne a été menée sur différentes plateformes, y compris un Réseau d’affaires continental tenu à la 72ème réunion de l’Assemblée générale des Nations unies.
    En matière d’innovation, l’Union africaine vient de retenir trois technologies pour une exploitation entrepreneuriale. Il s’agit de l’application du forçage génétique pour l’élimination du paludisme, l’application de la technologie des drones pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, la promotion de micro-réseaux pour étendre l’accès à l’énergie en Afrique.
    Grâce à une étude menée conjointement par les Nations unies, l’université (UNU-MERIT) et l’agence du Nepad, un riche corpus de connaissances sur les innovations en Afrique a été produit et présenté dans le rapport intitulé «Innovations en Afrique : mesures, politiques et enjeux mondiaux». L’étude a débouché sur la mise en œuvre des programmes et stratégies suivantes: l’Initiative science et indicateurs d’innovation technologique en Afrique (ASTII), la Stratégie pour la science, la technologie et l’innovation en Afrique (STISA) 2024 et les implications de la révision du Manuel d’Oslo sur l’innovation dans le secteur des entreprises en Afrique. Tout ceci rentre dans l’agenda de transformation numérique en Afrique.
    Production
    Le tout premier Rapport Biennal sur l’agriculture et le développement rural en Afrique présente en Janvier 2018 à Addis Abeba a permis de souligner les progrès réalisés sur les engagements de la déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie. Bien plus, le Nepad justifie également d’un outil d’évaluation appelé Cadre de Résultats du Programme de Développement Global de l’Agriculture en Afrique (PDDAA).
    Celui-ci œuvre à la collecte et l’analyse des données et dote les pays africains des compétences et aptitudes requises pour le suivi et l’établissement de rapports. Dans le cadre du plan de durabilité, 34 experts ont été certifiés pour fournir un soutien technique aux processus d’examen biennal. Contribuant au corps de connaissances sur la gestion des risques agricoles dans le cadre de la transformation de l’agriculture sur le continent, quatre notes d’orientation ont été élaborées.
    En outre, un cadre conceptuel accompagné de directives techniques pour l’intégration de la gestion des risques agricoles dans les plans nationaux d’investissement agricoles et de sécurité alimentaire (NAFSIPs) a été finalisé.
    Des avancées significatives ont également été enregistrées dans la biosécurité. Le Nepad a instauré le réseau d’expertise sur la biosécurité en Afrique du (ABNE). En matière de sécurité alimentaire, de sécurité environnementale d’une part et sur les questions socio- économiques, juridiques et de communication, pertinentes en matière de biosécurité d’autre part, les pays peuvent faire recours à l’expertise du Nepad.
    Développement durable
    La position commune africaine dans les conférences internationales sur le changement climatique et la résilience environnementale a été renforcée depuis la Cop22 de Marrakech. Le soutien de l’agence du Nepad s’est fait par le biais d’une approche multidimensionnelle comprenant le lobbying, le plaidoyer et l’appui technique et financier aux plateformes stratégiques et autres groupes ciblés. En gros, le renforcement des facultés de négociation.
    En outre, pour aider les pays à accéder au Fonds vert pour le climat, l’agence s’est soumise à un audit d’évaluation portant sur les normes fiduciaires du fonds, les garanties environnementales et sociales et la politique de genre.
    En matière d’aquaculture, une plateforme politique portant sur le commerce continental de poisson a été mise sur pied. La plateforme envisage l’amélioration du commerce continental et régional du poisson et des produits de la pêche. Dix-neuf pays ont souscrit jusqu’ici.
    S’agissant de la santé, une agence africaine des médicaments (AMA) est en création au niveau du Nepad. Elle est instamment en attente d’approbation des organes politiques de l’UA. Des experts juridiques et des experts en réglementation des médicaments de 33 pays planchent depuis peu sous cette initiative. L’éradication de la tuberculose se veut un pan important de cette politique continentale du médicament. Des essais ont été menés avec succès dans des laboratoires utilisant des technologies de forçage génétique pour modifier efficacement les populations de moustiques anophèles. Les Etats, les communautés économiques régionales (Cer), le secteur privé et la société civile se sont fixés pour objectif d’éradiquer le fléau d’ici 2030.
    II- Pistes de la mutation
    Le constat que pose la task force Kagame sur la réforme institutionnelle de l’UA est sans équivoque. Le Nepad a été incorporé à la Commission en tant qu’organe technique, mais dans la pratique ce n’est vraiment pas le cas. La coordination entre la Commission et le Nepad est toujours un défi pour chaque activité de planification et de mobilisation des ressources. Chaque institution mène ces activités quasiment de manière indépendante. Créant un climat de collaboration mêlant concurrence, imbrication et chevauchement.
    Dans un contexte de rareté de la ressource financière, les actions indépendantes deviennent invisibles et sans impacts escomptés. Dans certains cas les deux institutions s’alignent sur les mêmes programmes et la même ressource financière. Par exemple, le Nepad se concentre sur l’industrie et les infrastructures, tandis que la commission couvre également ces domaines. De plus, la commission et le Nepad ont des rapports parallèles sur l’Assemblée de l’Union africaine et le comité des représentants permanents.
    Recommandations
    Le Nepad devrait être pleinement intégré à la Commission, peut-être en tant qu’agent de développement de l’UA, aligné sur les domaines prioritaires convenus et étayé par un cadre amélioré de suivi des résultats. Sur le plan thématique, les enjeux qui vont se présenter comprennent la création d’emplois, en particulier pour les jeunes, la dynamique rurale-urbaine, le changement climatique ainsi que l’industrialisation dans le but de renforcer les capacités de fabrication en Afrique. Les questions liées au commerce et aux marchés, en particulier au niveau régional et continental, constitueront des leviers importants pour la conduite des ambitions de développement nationales, régionales et continentales.
    La mise en œuvre de la décision de l’Assemblée de l’UA en janvier 2018 sur le renforcement des capacités des organes et des institutions continentales constituera également une orientation importante pour la forme et le caractère futurs de l’Agence du Nepad. Cela devrait également avoir un impact sur l’amélioration et la rationalisation de la collaboration de l’Agence du Nepad avec les communautés économiques  régionales et la Commission de l’UA.
    Zacharie Roger Mbarga
  • CEEAC: 40 milliards de francs CFA d’arriérés de contribution

    CEEAC: 40 milliards de francs CFA d’arriérés de contribution

    Le rapport sur l’étude d’évaluation du mécanisme de financement autonome de la CEEAC est sans équivoque.

    En 2017, la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale totalise 40 milliards francs CFA (61 millions d’euros) d’arriérés de contribution. Ce qui équivaudrait à près de 3 années de cotisations. Pour Mangarel Bante, conseiller à la réforme institutionnelle «l’institution fait face à un problème de sous-financement chronique qui s’aggrave au fil du temps.

    Le taux de recouvrement des contributions des Etats membres est en baisse régulière. Il est passé de 73% en 2013 à 11% en 2017». La conséquence, relève-t-il, est que la CEEAC n’arrive plus à remplir son mandat et ses engagements vis-à-vis de ses partenaires. «Les institutions spécialisées de la CEEAC ne reçoivent quasiment plus la subvention annuelle que leur alloue la communauté», informe le secrétaire général.

    A en croire Ahmad Allam Mi, à l’exception du Tchad, «aujourd’hui, la quasi-totalité des Etats membres de cette institution n’appliquent pas le dispositif prévu pour la mise en œuvre effective de la Contribution communautaire d’intégration (CCI)». Amélioration En vue d’inverser la tendance préoccupante actuelle, il a été recommandé à l’ensemble des administrations nationales de s’approprier le mécanisme de financement et à organiser les bases d’une amélioration de la situation financière de la CEEAC, en vue d’apurer les arriérés de contributions et d’améliorer les procédures de recouvrement.

    Au préalable, il est indispensable que les Etats inscrivent les lignes de prélèvement dans leur loi de finance . La CCI est assise sur un cordon douanier ou son taux de prélèvement est 0,4% de la valeur des douanes des importations hors CEEAC. A Ndjamena le 11 avril dernier, la validation du rapport sur l’étude d’évaluation du mécanisme de financement autonome de la CEEAC a, semble-t-il permis « d’obtenir un consensus autour des évolutions de ce mécanisme pour améliorer ses performances » à en croire la CEEAC. Aucune orientation nouvelle ne circule jusqu’ici.

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • CEEAC : Ali Bongo pour arbitrer le match Burundi-Rwanda

    CEEAC : Ali Bongo pour arbitrer le match Burundi-Rwanda

    Le président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) vient de séjourner à Bujumbura, la capitale du Burundi.

    Les présidents burundais et gabonais main dans la main.

    Avec le président Nkurunziza, il a notamment évoqué les tensions enregistrées à la frontière avec le Rwanda depuis le contentieux électoral de 2015. En vue d’amener les deux voisins à fumer le calumet de la paix, Ali Bongo prône le dialogue: «Nous avons suffisamment d’expérience en Afrique qui consiste à l’écoute et au dialogue.

    Pour les personnes de bonne volonté, il n’y a rien qui puisse empêcher que nous trouvions des solutions à des problèmes. Donc, nous sommes conscients de cette situation (problème entre le Burundi et le Rwanda, ndlr) et nous voulons faire en sorte que l’on dépasse cela ; et ce qui est encourageant, c’est que l’on sent dans toute la sous-région le désir de dépasser un certain nombre de ces problèmes-là», indique-t-il.

    Sommet

    Le Rwanda, qui héberge des réfugiés burundais ayant fui la crise de 2015 née d’un contentieux électoral, est accusé par Bujumbura de leur fournir une assistance en matière d’entraînement militaire pour venir attaquer le pays. Kigali a toujours démenti. La situation s’est depuis envenimée après des accusations d’intrusions mutuelles.

    En mars 2017, le collectif SOS Médias Burundi accusait des militaires rwandais d’avoir tué trois pêcheurs burundais à la frontière avec le Rwanda. La même source, citant des riverains, avait avancé le fait que «ces pêcheurs se seraient introduits dans les eaux rwandaises». Pour le régime de Kigali, les représailles rwandaises se fondent sur le fait que le Burundi tenterait de déplacer le problème interne. Ces poussées de fièvre qui brouillent davantage ces «cousins germains», fragilisant la précaire quiétude de la région.

    Dans l’optique du sommet extraordinaire prévu en juin prochain, le président Ali Bongo se montre dynamique et déterminé à offrir des perspectives «il est clair que si on veut un développement, il faut plus de paix et de stabilité. Les échanges de cette envergure vont m’aider à proposer un agenda aux différents chefs d’Etat de la sous-région». Le Burundi est le 8e pays dans lequel séjourne président gabonais en vue de la préparation de ce sommet.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Exploitation forestière: un certificat de conformité en vigueur en Afrique centrale

    Exploitation forestière: un certificat de conformité en vigueur en Afrique centrale

    Le programme Pan African Forest Certification (Pafc) vient de délivrer son premier certificat de conformité.

    Partenaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) en matière de gouvernance forestière, le Pafc octroie à l’Afrique centrale, à travers la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac), une expertise en matière de normes et qualité dans la chaine de production-commercialisation des produits forestiers.

    C’est l’entreprise Precious woods-ceb, dirigée par Frederic Ober, qui est la première société à obtenir le certificat Pafc. Ce parchemin atteste que l’entreprise récipiendaire a rempli les conditionnalités de bonne gestion forestière, de traçabilité des bois et autres produits forestiers. La certification Pafc atteste la labellisation des produits bois.

    Selon le management du programme, le certificat Pafc offre à son détenteur l’accès sur le marché international, l’augmentation des avantages compétitifs et des bénéfices, l’accès aux marchés exigeants des produits certifiés, la traçabilité d’approvisionnement en bois, l’avantage compétitif par rapport aux entreprises non certifiées, entre autres.

    Opérationnalisation

    Le processus d’évaluation de la gestion forestière est mis en œuvre par des associations pays. Afin d’encourager le mécanisme, certains Etats comme le Gabon octroient des incitations fiscales aux entreprises de la filière bois qui reçoivent cette certification. Le Pafc se positionne comme le système de certification forestière qui intègre les valeurs et les réalités socio-culturelles et économiques de la gestion forestière en Afrique. Il est une jonction entre la gestion durable des forêts et l’adaptation à l’évolution des marchés internationaux de bois d’œuvre.

    En foi de quoi il constitue une alternative au monopole des systèmes internationaux de certification forestière. Utilisant les déterminants (principes, critères et indicateurs) de gestion durable des forêts définis par l’OAB (Organisation africaine du bois) et l’OIBT (Organisation internationale des bois tropicaux), la démarche de certification Pafc s’inscrit dans une dynamique participative qui intègre producteurs, transformateurs, consommateurs, associations environnementales et associations d’usagers. L’évaluation est effectuée par des organismes indépendants accrédités par des tiers.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : une convention pour baliser la fusion de la Cosumaf et CMF

    Cemac : une convention pour baliser la fusion de la Cosumaf et CMF

    Signature de la convention.

    Conformément à l’acte additionnel portant unification du marché financier de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac), signé le 19 février dernier par Idriss Deby Into, président en exercice de la Cemac, les institutions de régulations des deux places financières de la sous-région ont scellé leur intégration.

    En effet, le 11 avril 2018, Nagoum Yamassoum, président de la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf) et Jean-Claude Ngbwa, président de la Commission du marché financier (CMF), ont paraphé, à Brazzaville (Congo), le document qui va baliser la fusion entre les régulateurs de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) et la Douala Stock Exchange (DSX).

    Etaient présents, Gilbert Ondogo, ministre congolais de l’Economie, par ailleurs président du Comité de pilotage du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac, Daniel Ona Ondo, président de la Commission et Mahamat Abbas Tolli, gouverneur de la Beac. Même si on ignore pour l’instant son contenu, la convention d’unification de ces deux régulateurs est un pas vers la fusion des structures du marché financier régional et de celui du Cameroun prévue pour s’achever en juin 2019, selon l’acte additionnel.

    A la Commission de la Cemac, on estime que «l’ambition de faire de l’Afrique centrale une place forte de la finance sur le continent, vient de connaître une avancée certaine». Seules certitudes pour l’instant, le régulateur unique, basé à Libreville au Gabon, s’appellera Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale.

    Il sera financé à partir subventions des Etats membres «acquittées en début d’exercice, par débit direct des comptes des Etats auprès de la Banques des Etats de l’Afrique centrale», ainsi que l’indique l’article 7 de l’acte additionnel. Objectif: «assurer l’indépendance et le bon fonctionnement de l’autorité de régulation».

     

    Zacharie Roger Mbarga