Journal Intégration

Mois : août 2019

  • BVMAC : l’expertise de la Banque mondiale sollicitée

    BVMAC : l’expertise de la Banque mondiale sollicitée

    Sur son site internet ce 22 août 2019, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) informe que le projet d’unification de la bourse de la Cemac (Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale) est entré dans sa seconde phase.

    Selon la banque centrale, une mission de la Banque mondiale (BM), relative aux mesures de restructuration et de développement des entités unifiées du marché financier régional (régulateur, bourse et dépositaire central), est déjà en cours.
    La même institution explique que, à cette étape, l’institution de Bretton Woods est chargée d’accompagner le projet sur trois aspects : l’harmonisation du corpus réglementaire, l’optimisation des infrastructures du marché (plateforme de cotation, système d’information du dépositaire central, etc.) et le renforcement des capacités humaines des différentes structures fusionnées.

    L’objectif de la mission d’assistance de la Banque mondiale est, décrit la Beac, d’aboutir à terme à la création des conditions de départ pour la redynamisation du marché financier régional. Il se fera par des mesures ponctuelles fortes des États, à travers notamment des apports directs de titres à la cote à court terme (programmes de privatisation, mesures de dernier recours contraignant certaines entreprises opérant dans la Cemac à introduire une partie de leur capital sur le marché, etc.).

    La BM doit également permettre la mise en valeur d’émetteurs « modèles » et d’intermédiaires de référence. Ces derniers doivent être capables de porter le marché et de véhiculer une image positive. Ceci passe par une promotion active du marché auprès des émetteurs potentiels, via un plan marketing, l’accompagnement et le développement de la culture boursière locale.
    Malgré quelques retards qui ont entraîné un léger glissement du délai initial (fixé à fin septembre 2018, puis reporté à fin novembre 2018), la première phase de la fusion des marchés financiers de la Cemac s’est achevée en juillet 2019. Au cours de cette première phase, le processus de fusion des structures des deux marchés boursiers d’Afrique centrale a abouti à une nouvelle configuration du marché financier régional, articulée autour d’un régulateur unique, basé à Libreville (Gabon) et une bourse unique, dont le siège est fixé à Douala (Cameroun).

    Source : Beac

  • Libre échange : le marché vu par le Gabon

    Libre échange : le marché vu par le Gabon

    «Le Gabon doit se préparer à s’ouvrir». Alain-Claude Bilie-By-Nze l’a déclaré à Libreville, le 22 août 2019, sur le site du journal Gabon Review.

    Au cours de cette sortie, le ministre gabonais des Affaires étrangères s’est prononcé sur les réformes pour la redynamisation de l’intégration dans l’espace CEEAC. Il a souligné l’ambition de son pays à faire en sorte que le Plan stratégique de la CEEAC visant l’interconnexion des différentes capitales de la sous-région soit une réalité à moyen terme. En réponse aux affirmations selon lesquelles le Gabon n’est pas prêt pour l’intégration, Bilie-By-Nze tranche : «Très peu d’États sont prêts en tant que tel. C’est un débat». Au-delà, il a tenu un discours en faveur de la zone de libre-échange et de la libre-circulation. Selon lui, «le Gabon s’active à réformer son économie, à avoir des indicateurs qui nous permettent d’y aller. Le principe c’est d’adhérer, de ratifier et d’ajuster notre économie pour que chacun prenne sa part. Je vais prendre deux exemples simples : si vous êtes consommateurs de poulet et que vous n’avez que le Gabon comme marché, non seulement vous ne pouvez plus empêcher la concurrence d’intégrer le marché gabonais (vous subissez donc la concurrence), mais vous n’avez pas d’espace pour vendre. Par contre, la libre-circulation des personnes et des biens est une réalité qui est adossée sur la zone économique régionale. Celle-ci permet au producteur de vendre ses poulets aux Camerounais ou aux Tchadiens, sans droits de douane».

    Synthèse : Jean René Meva’a Amougou

  • CEEAC : Libreville tient le nouveau siège

    CEEAC : Libreville tient le nouveau siège

    C’est plus qu’officiel : Libreville abrite le nouveau siège du Secrétariat général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Dans la capitale gabonaise, le 22 août 2019, S.E. Ahmad Allam-mi, le secrétaire général de ladite institution a symboliquement reçu les clefs des mains de Alain-Claude Bilie-By-Nze, le ministre gabonais des Affaires étrangères.

    Cérémonie de remise de clés à Libreville

    La cérémonie s’est déroulée dans les jardins des locaux dudit siège (bâtiment qui abritait les services de la Beac Gabon, à l’Avenue Jean-Paul II de Libreville), en présence de certains membres du gouvernement gabonais, du corps diplomatique accrédité au Gabon, et des cadres et experts de la CEEAC. Deux discours ont été prononcés au cours de la cérémonie : celui du ministre des Affaires étrangères de la République gabonaise, président du Comité de pilotage de la Réforme institutionnelle de la CEEAC et celui du secrétaire général de la CEEAC, en guise de remerciement à l’endroit du chef de l’État gabonais Ali Bongo Ondimba, en sa qualité de président en exercice de la CEEAC. Pour le premier, ledit siège est en adéquation avec les ambitions de la CEEAC. Celles-ci, a ajusté Alain-Claude Bilie-By-Nze, sont arrimées aux réformes de l’Union africaine, décidée de s’appuyer sur les communautés économiques régionales pour accélérer le processus d’intégration africaine.
    Pour le second, c’est «un acte de portée historique qui restera gravé dans la mémoire de la communauté».

    Bobo Ousmanou

  • Positionnement économique : L’Oncle Sam lance son lobbying à Yaoundé

    Positionnement économique : L’Oncle Sam lance son lobbying à Yaoundé

    L’ambassadeur des États-Unis au Cameroun estime que, par rapport aux « autres », son pays accuse un retard sur la scène des affaires.

    Peter Henry Barlerin, l’ambassadeur des USA au Cameroun

    Bousculer pour que les États-Unis aient leur part de marchés, voilà le réflexe qui, depuis, fait partie du programme de Peter Henry Barlerin. Le plénipotentiaire américain en a donné une nouvelle illustration le 21 août 2019 à Yaoundé. Rendu chez Alamine Ousmane Mey pour faire le point sur les liens entre les deux pays, l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun a déclaré aux journalistes que sa rencontre avec le ministre de l’Économie, de la Planification et l’Aménagement du territoire lui servait de prétexte pour rattraper son retard.

    En clair, une belle occasion pour présenter quelques nouveaux instruments de coopération que les États-Unis mettent à la disposition du Cameroun. «Nous avons discuté de diverses opportunités pour le Cameroun de profiter des facilités du gouvernement américain telles que l’Export-Import Bank of the United States et la nouvelle US International Development Finance Corporation qui vient d’être créée sous le BUILD Act», a confié Peter Henry Barlerin au micro de la CRTV.

    Normal, car d’ici fin 2019, les États-Unis mettront en œuvre un nouveau moyen d’attirer davantage d’investissements américains provenant du secteur privé dans les pays en développement. C’est d’ailleurs l’une des grandes lignes de la diplomatie économique du gouvernement Trump. À Washington, on appelle cela «une nouvelle ère dans le financement du développement par les États-Unis». À l’origine de cette action : un nouvel organisme qui s’appelle l’US International Development Finance Corporation (DFC).

    Il aura accès à 60 milliards de dollars en capital financier. Ce montant a pour finalité d’aider les entreprises américaines à investir sur les marchés émergents du monde entier, sans faire tomber les pays dans le piège de l’endettement à long terme. Ce montant représente près du double de la capacité de prêt de l’organisme qu’il remplacera. Les prêts sont accordés à des investisseurs privés et non à des gouvernements.

    L’Export-Import Bank of the United States est en partie l’agence officielle de crédit à l’exportation du gouvernement fédéral américain.

    Bobo Ousmanou

     

  • Développement des entreprises africaines: les quatre principes cardinaux

    Développement des entreprises africaines: les quatre principes cardinaux

    «Selon vous, combien d’entreprises en Afrique génèrent un chiffre d’affaires supérieur à un milliard de dollars?» C’est la question que nous avons soumise à de nombreux dirigeants d’entreprises en Afrique et ailleurs. La plupart ont répondu «moins de 50», alors que ce chiffre est en réalité de 438 ! Ce «test» révèle à quel point la puissance économique du continent et, plus encore, son potentiel demeurent sous-estimés. Car ces champions africains se caractérisent par une croissance supérieure et une rentabilité au moins équivalente à celles de leurs homologues mondiaux.

    Prendre la mesure des opportunités d’un continent pesant déjà 3000 milliards de dollars de PIB nous paraît indispensable, car nous avons la conviction que l’Afrique est sur la voie d’une accélération sans précédent de sa croissance économique, similaire à celle qu’ont connue les marchés asiatiques il y a vingt-cinq ans.

    Croisant analyses macroéconomiques et décryptage de centaines de stratégies d’implantation, nos recherches permettent de tirer des enseignements précieux pour les entreprises désireuses de mieux comprendre les enjeux des marchés africains et d’y établir des activités alliant rentabilité et durabilité, tout en maîtrisant un environnement complexe et volatil.

    Nous anticipons que la consommation des ménages et des entreprises en Afrique atteindra 5 600 milliards de dollars d’ici 2025.Cependant, les besoins de sa population en croissance restent encore largement insatisfaits. Il existe, selon nous, une opportunité historique, de l’ordre de 1 600 milliards de dollars, de produire en Afrique une offre susceptible de répondre à la demande intérieure et d’alimenter les marchés d’exportation mondiaux. Au-delà de vastes ressources naturelles critiques pour l’avenir (minéraux rares tels que le cobalt, terres agricoles avec près de 60 % des réserves mondiales…), le continent voit aujourd’hui s’ouvrir de nouvelles perspectives en termes d’investissements en infrastructures.

    Ceux-ci sont passés à 60-80 milliards de dollars par an, et devraient atteindre environ 150 milliards par an à l’horizon 2025. Par ailleurs, il pourra doubler sa production industrielle, notamment manufacturière, passant de 500 milliards de dollars à 1 000 milliards d’ici 2025.

    Enfin, l’adoption rapide des technologies digitales devrait accélérer l’expansion économique de la région. Cette dernière compte déjà près de 700 millions d’abonnés mobiles et plus de la moitié des utilisateurs de services financiers mobiles dans le monde.
    Les entreprises internationales qui entrent tôt sur ces marchés pourraient, à l’instar des champions africains, bénéficier d’une croissance forte de leurs revenus au cours des décennies à venir. Pour réussir, elles doivent, à nos yeux, réunir quatre impératifs :

    Concevoir une stratégie ciblée. Une fois leurs ambitions clarifiées, elles devront cartographier les marchés africains sur lesquels investir, évaluer les meilleures approches afin de créer des effets d’échelle et réunir les partenariats nécessaires pour leur croissance.

    Innover en matière d’offres et de chaînes de valeur. Elles devront comprendre précisément les attentes des consommateurs afin de développer des offres répondant exactement aux besoins non satisfaits, exprimés ou latents, tout en identifiant les maillons de la chaîne de valeur à maîtriser pour assurer qualité et régularité de l’expérience client.

    Garantir une capacité de résilience des activités. Tout l’enjeu pour les dirigeants d’entreprises consistera d’une part à parer à la volatilité des marchés, en diversifiant les offres et la présence par pays et secteurs d’activités ; d’autre part, il s’agira d’appréhender avec finesse le contexte local et bien gérer leurs interactions avec les pouvoirs publics.

    Remporter le pari des talents. Réussir à long terme nécessitera d’investir pour développer les compétences des collaborateurs. Ceci passera par la construction des approches efficaces d’enrichissement du capital humain, et notamment celui lié à la diversité et à la progression des femmes au sein des organisations. Au-delà de ces axes stratégiques, nous observons que les dirigeants des entreprises connaissant le succès en Afrique sont animés par une ambition qui dépasse largement leurs propres activités économiques : celle de faire réussir le continent. Tous sont conscients des fragilités structurelles existantes. Cependant, loin d’y voir des obstacles insurmontables à leur développement, ils parviennent à les intégrer dans leurs stratégies et leurs actions, en combinant valeur pour les actionnaires et intérêt général.

    Acha Leke et Georges Desvaux, seniors partners de Mc Kinsey aux bureaux de

    Johannesburg et de Hong Kong et coauteurs de l’ouvrage « Africa’s Business Revolution:

    How to Succeed in the World’s Next Big Growth Market »

  • RCA: près de 3 millions de personnes appellent à l’aide humanitaire

    RCA: près de 3 millions de personnes appellent à l’aide humanitaire

    Il manque 35,5 millions de dollars au Programme alimentaire mondial (Pam) pour pouvoir doubler son aide humanitaire et venir au secours de près de 3 millions de Centrafricains.

    Rapporté par l’agence de presse chinoise Xinhua, le 23 août 2019, le cri de cœur est de Hervé Verhoosel, porte-parole du Pam, récemment en visite en République centrafricaine (RCA). D’après les estimations du fonctionnaire onusien, c’est près de 2 personnes sur trois qui sont concernées. «1,8 million de personnes en RCA sont en situation d’insécurité alimentaire grave. Avec un taux de 38 % sur l’ensemble du pays, la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans reste élevée. La malnutrition aiguë reste également très répandue avec au moins un enfant sur deux, âgé de 2 à 6 ans, qui en souffre. Cela en fait la troisième plus grande crise humanitaire au monde, après le Yémen et la Syrie, en termes de proportion de la population totale nécessitant une aide humanitaire», a déclaré Hervé Verhoosel.

    Ce dernier a appelé la communauté internationale à financer, d’ici la fin de l’année, le montant évoqué supra. En réponse aux besoins urgents croissants, apprend-on, le Pam a déjà révisé ses objectifs en RCA. L’institution a amélioré la qualité de son assistance aux populations touchées. En perspective, il est prévu, l’élargissement de la riposte par l’intensification des distributions générales de vivres et des activités de nutrition (préventives et thérapeutiques). Il s’agit de cibler les enfants âgés de 0 à 5 ans, ainsi que les mères enceintes et les mères allaitantes, pour lutter contre la malnutrition infantile à la source.

  • Rentrée scolaire dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest : Mystères et boules de crainte

    Rentrée scolaire dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest : Mystères et boules de crainte

    Deux sons de cloches sonnent avant la reprise des classes dans les régions anglophones du pays. Entre assurances gouvernementales et surenchères séparatistes, parents et élèves sont aux abois.

    Une école incendié à Kumbo (Nord-ouest)

    Entre la fin 2017 et juin 2019, lit-on dans une récente note du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), 4 400 écoles ont fermé leurs portes dans les zones anglophones du Cameroun. «Par les temps qui courent, il est peu probable de voir les cours de récréations grouiller d’élèves dès le 2 septembre prochain», conclut le Social Democratic Front (SDF). Dans leur logique régalienne, les pouvoirs publics tiennent leur calendrier. «La rentrée scolaire aura bel et bien lieu partout au Cameroun le 2 septembre 2019», a martelé Laurent Serge Etoundi Ngoa. Au cours d’une sortie dans l’émission Espace politique diffusée sur la CRTV-télé le 22 août dernier, le ministre de l’Education de base a assuré la communauté éducative nationale que «l’offre sécuritaire n’a pas décliné , donc rien à craindre !». Avec ses homologues des Enseignements secondaires, de la Communication et de l’Enseignement supérieur, il a réitéré la même maxime au cours d’une conférence de presse conjointe donnée le 26 août 2019 à Yaoundé.

    Sur le terrain
    Sur sa page facebook, le parti de Ni John Fru Ndi pense que «dans les régions du Notrd-Ouest et du Sud-Ouest, la perspective d’une rentrée scolaire sereine est dans le rouge». «Envers l’école ici, toute civilité a disparu», s’indigne un parent basé à Babessi (Ngoketunjia). «Des menaces de mort sont ouvertement adressées aux parents et élèves par des milices séparatistes. Elles annoncent même une opération villes mortes étalée du 2 au 13 septembre prochain sur toute l’étendue des régions anglophones du pays», renseigne Ndefcam Radio. Sur la foi de nombreux témoignages recueillis par ce média émettant sur 94.9 Mhz à partir de Bamenda, l’annonce émane du Ground Zero Defense Council (GZDC) et de l’ Ambazonia Military Forces (AMF). Les deux factions séparatistes, apprend-on, entretiennent la glose du «Here, no school this year» (Pas d’école cette année ici). L’une comme l’autre, ces organisations ne manquent pas d’ailleurs d’enfoncer le clou en exposant leur projet commun : tuer tous ceux qui tenteront de transgresser cette directive.

    Initiatives
    Et du coup, tout comme l’an dernier, le thème de la rentrée scolaire dans cette partie du Cameroun est promu dans le débat public. Face à la presse le 21 août 2019 à Douala, le cardinal Christian Tumi a jugé «inadmissible que cette année encore, des centaines de milliers d’élèves soient privés d’école…». Sous la bannière de l’«Initiative populaire pour la paix», l’archevêque émérite de Douala qu’accompagne Jean Jacques Ekindi, leader du Mouvement progressiste (MP), a lancé un appel au retour de l’école dans les deux régions anglophones du pays par le biais d’un conclave. Ce dernier ouvert à toutes les forces sociales (églises, société civile, presse, politiques, artistes…) éprises de paix, se tiendra le 29 août prochain à la salle des fêtes d’Akwa (Douala).

    Face à la presse lui aussi, Peter Ngufor s’est exprimé sur le sujet le 23 août 2019 à Bamenda. «Si priver les enfants d’aller à l’école était le moyen pour faire passer le message aux autorités, le message est passé et il n’est pas nécessaire d’essayer de trop insister. Il serait malveillant de continuer à garder les enfants à la maison», a dit le promoteur de Farmers House.

    À l’examen, les uns tiennent schémas du boycott de la rentrée scolaire. Se lançant dans une valse d’encouragements à l’endroit des parents et élèves, les autres exposent le contraire. Dans un tel contexte, la population prise entre le marteau des séparatistes et l’enclume du gouvernement, ne sait plus à quel saint se vouer. Cela est davantage observable dans les zones rurales. Ici, le risque d’une nouvelle année blanche est trop grand. Contrairement à Bamenda, Buea et certains chefs-lieux de départements (Nkambe, Kumba, Limbe, etc.) où quelques établissements scolaires sont obstinés à ouvrir leurs portes.

    Zéphirin Fotso Kamga

    Le passé se recompose

    Comme l’an dernier, veille de rentrée scolaire rime avec exode massif des populations de ces régions. Reportage.

     

    En pidgin english, le dialecte courant dans les villes et villages du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, cela s’appelle «go for go» (partir pour partir). Etranglées méthodiquement par les provocations et les déclarations martiales des miliciens séparatistes, plusieurs localités de la partie anglophone du pays se vident au fil des jours. Dans cet engrenage délétère, la valse des départs est en hausse. Car, «on ne sait pas ce qui peut arriver», se perd Mariama Bi, candidate au départ. C’est que l’imminence de la rentrée scolaire est, cette année encore, une étape extrêmement inquiétante. Face à la menace, les habitants des zones «dangereuses» n’ont d’autre choix que l’exode. Plusieurs dizaines (selon les sources), sont passées vers le Littoral, l’Ouest et le Centre.

    Ambiance
    Le pic a été observé vendredi et surtout samedi voire dimanche. Lors d’un tour dans des agences de voyage à Bamenda, ce samedi 24 août 2019, difficile à se frayer du chemin. De longues files devant les guichets pour obtenir les tickets de transports. Des bagages constitués essentiellement des lits, matelas, sacs de voyages, sacs de nourritures notamment les pommes de terre et autres jonchent les cours de ces agences de voyage. Dans la foule bigarrée, certains sont prêts à débourser 5000F voire 7O00F contre 2000 FCFA pour rallier Bafoussam, une distance de 70Km environ.

    Mariama Bi tient entre les mains sept billets de transports pour Yaoundé. A côté d’elle, se trouvent ses enfants. «Je n’ai ni maison, ni un emploi. Dès que j’arrive à Yaoundé, je vais chercher un motel à côté de l’agence de voyage et installer mes enfants avant de me mettre à la recherche d’une maison à louer. Même si ça va me prendre le temps que ça peut prendre. Si en trois ou quatre jours, mes enfants mangent seulement du pain pendant que je cherche la maison à louer, ils ne vont pas mourir. Nous allons en aventure», lâche-t-elle sans ambages. Dans une autre compagnie de transports, un autre voyageur qui a requis l’anonymat précise qu’«on avait espoir que les choses vont changer et l’école va reprendre. Malheureusement, le constat qui se dégage est que ce n’est pas de si peu. Les activistes ont décrété trois semaines de villes mortes pour empêcher la reprise des classes ici». «Je préfère partir avec mes enfants les inscrire à l’école dans la zone francophone», explique Moh Peterson.

    Bien plus, le tribunal militaire de Yaoundé a condamné à vie les leaders séparatistes. Tout ceci mis ensemble, rend le climat délétère dans les régions anglophones. «Voyez-vous, avec la condamnation à perpétuité des leaders séparatistes, la ville de Bamenda du moins le centre urbain s’est vue imposer mercredi dernier un mouvement de désobéissance civile (ville morte) improvisé. Ce qui traduit que nous allons vers une autre année scolaire difficile dans ces régions anglophones. Autant mieux prendre dès maintenant, des dispositions pour se mettre à l’abri de ces perturbations», développe Vanessa Anchong.

  • 118 milliards de FCFA

    118 milliards de FCFA

    Ce montant, la Banque mondiale vient de le mettre à la disposition du Cameroun en guise d’appui budgétaire. Le pactole, a-t-on appris de l’institution de Bretton Woods, est destiné à la poursuite des projets nationaux et transnationaux. Il s’agit, entre autres, de l’interconnexion entre le Tchad et le Cameroun sur le plan électrique ; du renforcement de la résilience dans la région du Lac-Tchad ; de l’amélioration des conditions de vie des populations de Douala. Le financement ainsi consenti rentre dans le cadre du Programme économique et financier, appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC), signé entre le Cameroun et le Fonds monétaire international (FMI) en juin 2017. Un programme triennal devant permettre au Cameroun de bénéficier d’un financement de 396 milliards de FCFA.

  • Louis-Paul Motaze

    Louis-Paul Motaze

    Yaoundé a posé à nouveau la question sur la table la semaine dernière à l’occasion de la visite d’une délégation du Conseil de l’Union européenne sur l’Afrique.
    Le Minepat, Louis Paul Motaze.

    Selon un rapport sur la résistance des économies de l’Afrique subsaharienne, publié le 15 août 2019 par l’agence de notation financière américaine Moody’s, le Cameroun est classé 2e pays (après le Rwanda et devant la Côte d’Ivoire) des pays les plus capables de réagir en cas de crise économique mondiale (et donc capables de continuer à rembourser leurs créanciers).

    D’après une évaluation de Moody’s, le pays fait ainsi partie de ceux qui peuvent maîtriser le mieux leurs dépenses publiques obligatoires (salaires de la fonction publique, subventions, investissements, etc.) en cas de choc extérieur. «Il fait partie de ceux qui montrent une capacité à réduire leurs dépenses, mais aussi une volonté gouvernementale d’appliquer cette politique», affirme David Rogovic, Vice-Président de Moody’s et co-auteur de l’étude.

    La 2e place du Cameroun dans ce rapport vient confirmer le caractère résilient de l’économie camerounaise. «En cas de fort ralentissement de l’économie mondiale, les politiques budgétaires du pays résisteraient le mieux au choc, car elles seraient capables d’une plus grande flexibilité», explique le rapport. Toute chose destinée à rassurer les éventuels investisseurs étrangers sur la capacité du gouvernement camerounais à rembourser ses créanciers, même en cas de coup dur. Et parmi ceux qui sont dans les rouages de remboursement se trouve le ministre des Finances.

  • S.E.Tsutomu Osawa

    S.E.Tsutomu Osawa

    Une nouvelle fois, on parle de l’ambassadeur du Japon au Cameroun. Diligenté par ce dernier, le financement du Projet de développement de la riziculture pluviale (Proderip) de plateaux en zone forêt vient d’aboutir. Il s’agit d’un don de 200 millions de yens, soit environ un milliard de FCFA. «Le Japon a décidé de faire ce don pour promouvoir le développement socioéconomique du Cameroun.

    Nous voulons accroître la productivité et la qualité du riz, et renforcer la sécurité alimentaire et la croissance de l’agroalimentaire du Cameroun. Nous voulons contribuer à l’amélioration», a déclaré le diplomate nippon au cours de la cérémonie de signature de convention y relative le 20 août 2019 à Yaoundé.

    Depuis son arrivée au Cameroun, le Japonais roule pour la poursuite et le renforcement de la coopération entre Yaoundé et Tokyo, à travers l’accompagnement du secteur privé de son pays d’accueil. À ce titre, le Cameroun a reçu un important appui du Japon dans le secteur piscicole.

  • 251 millions de dollars

    251 millions de dollars

    C’est la somme mise à la disposition de l’initiative Action positive pour le financement en faveur des femmes en Afrique (Afawa) de la Banque africaine de développement (Bad), a-t-on appris de cette dernière le 26 août 2019. Apportés par le président français Emmanuel Macron et les chefs d’État du G7 réunis à Biarritz (France), les fonds sont déclinés en prêts en faveur de l’entreprenariat féminin en Afrique. Après l’annonce, Adesina Akinwumi, le président de la Bad a salué le «soutien extraordinaire de tous les chefs d’État et de gouvernement du G7, permettant de donner un élan formidable» au programme Afawa. «C’est un grand jour pour les femmes en Afrique, a affirmé le président de la Banque africaine de développement. Investir dans l’entrepreneuriat féminin en Afrique est un investissement fort de sens car les femmes ne sont pas seulement l’avenir de l’Afrique, elles sont le présent de l’Afrique!», a-t-il ajouté.

    «Je suis particulièrement fier, en tant que président en exercice du G7, que la solution que nous portons aujourd’hui, l’initiative Afawa, vienne d’une organisation africaine, la Banque africaine de développement, qui travaille avec un fonds de garantie africain et un réseau de banques africaines», a déclaré le président français.

  • Mvet : ce qui structure le quotidien Ekang

    Mvet : ce qui structure le quotidien Ekang

    Musicologie

    Selon les experts, cet instrument à cordes est une belle passerelle pour entrer dans les entrailles des peuples de la forêt.

    Séance de Mvet Oyeng lors du festival éponyme à Ambam

    Que l’expression «dzom bia» (notre chose) soit fréquemment utilisée sur le site du festival Mvet Oyeng ici à Ambam, c’est qu’il y en a qui déclinent des symboles de la richesse. «Chez le peuple Ekang,le mvet fait partie de celles-là», aborde le musicologue congolais Patrice N’ndaba. L’affaire ne s’arrête pas là. Hier Oyono Ada Ngono, Messi Me Nkonda, Jacob Medjo Me Nsom… tant d’exquis cités. Et ce n’est pas tout: aujourd’hui, il y a Sally Nyolo. Le constat : «Les Ekang ont leur icônes», selon la formule de la promotrice culturelle gabonaise Béatrice Ntoutoumou. La conclusion : «Voir tout cela, posséder tout cela, écouter tout cela, on n’en finira pas qu’on soit Ekang du Cameroun, du Congo ou du Gabon», atteste François Bingono Bingono. Et, sitôt la promenade terminée, le musicologue et anthropologue camerounais invite à l’évidence selon laquelle «le mvet est une belle passerelle pour entrer dans les entrailles des Ekang ; il donne à voir sous un autre angle le spectacle du lien social, surtout dans ce qui touche les émotions et le sensible». Il ajoute : «il faut pour pénétrer cette réalité découvrir des notions en quelque sorte liquides, capables de décrire des phénomènes de fusion, d’ébullition, d’interpénétration, qui se moulent sur une réalité vivante, en perpétuelle transformation».

    Pendant près de deux semaines ici à Ambam, ça se fête à travers programmation exclusivement «mvet». «Depuis les temps anciens, cet instrument est au centre des conversations musicales propres ou initiatiques», affirme Patrice N’ndaba. A l’aide de son phrasé, le Congolais démontre comment les séances de mvet racontent les histoires de tout le monde ; comment il anime des romances auxquelles tout Ekang s’identifie.

    Sur scène, ce 18 juillet 2019, l’affiche est pléthorique et embrasse plusieurs sous-genres (ozima, bol, akakuya, megan…). Dans les rangs, il y a de petits labels amateurs gabonais, des grands noms congolais et camerounais venus étaler leurs productions confidentielles. Il y a aussi quelques passionnés bénévoles qui se voient d’ailleurs offrir les honneurs d’un espace VIP récompensant leur capacité à faire vivre cette culture. Ceux-là disent parler au nom de leurs aïeux. «La parole n’a pas souvent été donnée officiellement à nos aïeux pour qu’ils se racontent et leurs connaissances sont en train de se perdre peu à peu avec leur disparition progressive. Il faut donc, quand l’occasion se présente, les laisser s’exprimer», confie François Bingono Bingono.

    A chacune des prestations des Mbom-mvet (joueur de mvet), l’humilité tranche avec une maestria qui ne joue jamais dans la cour de la démonstration et du m’as-tu-vu. Un régal. À rebours des idées reçues, l’ambiance est allègre. Les corps et les codes sont relâchés : Cette bonhomie tranche avec l’imagerie de la culture Ekang, tel que l’imaginent les non-initiés. Car, plus que d’une «culture sans âme», comme le dénonçait Christine Boutin, «ce qui se joue ici relève plutôt d’un vieil esprit non pas tant extrême, mais intense, car physique, puissante, qui saisit le corps et porte une réelle force d’évocation», démontre François Bingono Bingono.

    Jean-René Meva’a Amougou, à Ambam

    Prochain article: l’Ekang et son dieu

     

    Patrice N’ndaba

    «Nos aïeux apparaissent comme de véritables visionnaires»

    Dans cette analyse, le musicologue congolais détruit des clichés imposés au mvet. En même temps, il met en exergue l’apport des joueurs de cet instrument dans le savoir universel.

    Quel intérêt y a-t-il d’exalter le mvet tout au long de ce festival ?
    L’intérêt réside notamment dans le fait qu’il tord le cou à l’idée très répandue non seulement dans les écrits des anciens explorateurs mais également dans l’esprit de nombreux intellectuels africains, d’une société ancestrale Ekang sans culture poétique ou musicale. Tout au long de ce festival Mvet Oyeng, on découvre une réalité occultée par l’absence d’investigations et par le peu de considération accordée aux témoignages oraux sortis de la mémoire de nos aïeux.

    Quel commentaire faites-vous à propos du glissement sémantique qui décrit les griots et les conteurs Ekang?
    Les Ekang n’avaient pas de griots, mais des conteurs de mvet qui ont bâti les mythes et légendes de la société fang et des narrateurs d’histoires qui avaient gardé dans leur mémoire des récits d’évènements ancestraux transmis oralement de génération en génération.

    Et que dites-vous de cette génération qui tend à disparaître ?
    La disparition progressive de nos aïeux, que l’écrivain et ethnologue Amadou Hampathé Ba considérait comme des bibliothèques de l’histoire africaine, n’a fait qu’accentuer la perte de ces souvenirs. Néanmoins, nous avons gardé d’eux de nombreux récits oraux, des contes, des chants, des usages, des principes, des rites, des adages et maximes bien connus dans nos villages et que nous pouvons exploiter. Ils constituent, assurément, des sources intarissables d’informations que l’on peut interpréter de façon objective pourvu qu’on connaisse la langue et que l’on systématise et approfondisse la recherche. Dans le domaine des épopées et des légendes du mvet, nos aïeux apparaissent comme de véritables visionnaires. Les contes qu’ils nous ont laissés constituent une œuvre orale abondante et variée. Dans leurs récits épiques, les joueurs de mvet imaginaient déjà, il y a plusieurs siècles, des avions, des missiles, des fusils à répétition, des téléphones et autres engins télécommandés, utilisés par des combattants presque invincibles. De nos jours, ces armes qui n’étaient que de pure fiction à l’époque, sont devenues réalité et existent désormais dans n’importe quelle armée moderne.

    Propos recueillis à Ambam par JRMA

     

  • Inondations à Babessi : 700 familles sans abris dans le Nord-Ouest

    Inondations à Babessi : 700 familles sans abris dans le Nord-Ouest

    Outre un déluge impressionnant de chiffres, l’épisode pluvieux de cette année dans la localité fait poindre d’autres risques graves.

    Babessi: les pieds dans l’eau

    Babessi (département du Ngoketunjia, région du Nord-Ouest) connaît des pluies torrentielles depuis le 5 août 2019. Dans la matinée du dimanche 11 août courant, plus de 8 litres d’eau par mètre carré sont tombés sur cet arrondissement, selon la délégation départementale des Transports du Ngoketunjia. Ici, «245 millimètres de pluie sont tombés en quelques heures, tandis que la moyenne de précipitations habituelles pour un mois d’août n’est que de 95 mm», renseigne un cadre de cette administration publique. Nombreuses, les trombes d’eau y ont provoqué des glissements de terrain et une inondation sans précédent, selon le maire Choh Isa Buba.

    Joint au téléphone, ce dernier dresse un premier bilan. «Près de 700 familles déplacées et plus de 1000 personnes affectées ; environ 200 maisons détruites partiellement ou entièrement ; plusieurs dizaines d’hectares de champs de maïs, de riz et autres plantes dévastées ; animaux emportés ; fosses septiques ont été vidées de leur contenu ; des sépultures ouvertes ou détruites. Mbow, Abakwa, Chui et Mbezoh sont les quartiers les plus touchés», expose l’édile de Babessi. «Il n’y a pas de victimes à ce stade», dit-il. À l’en croire, il a décrété l’état de crise, le plus haut niveau d’alerte, et a recommandé que la population ne sorte dans la rue qu’en cas de nécessité. Il pleuvait encore mardi, mais à moindre intensité. Alertée, l’administration est descendue sur le terrain pour évaluer les dégâts qui se chiffrent à des millions de FCFA, à côté d’un réel risque d’épidémie de maladies hydriques.

    Autre risque
    Du fait de sa proximité avec le barrage de Bamendjin, la situation de Babessi s’aggrave au fil des jours. Les eaux montantes du barrage menacent de faire céder l’unique digue. «L’évacuation est nécessaire dans ce site pour préserver les vies humaines ; ce serait un moindre mal», alerte Choh Isa Buba. Dans un élan de solidarité, certaines familles des quartiers épargnés ont accueilli les sinistrés. Fouinant dans leurs annales, les populations révèlent que ce n’est pas une première. En 2012, une situation similaire s’était produite ici.

    On avait enregistré un mort, 95 familles sans abris et d’importants dégâts matériels. À cette époque-là, Jules Doret Ndongo, alors ministre délégué auprès du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), avait effectué le déplacement de la localité pour réconforter les sinistrés et leur apporter un appui du chef de l’État. En 2015, ce sont 26 familles qui avaient été affectées dans cette zone. Cette année-là, elle avait été déclarée dangereuse. Les pouvoirs publics avaient viabilisé une zone de recasement des victimes, tout en les indemnisant. Malheureusement, attachées à cet endroit (certains ayant enterré les restes des leurs dans leurs maisons et sous leurs lits, tradition oblige), les populations n’ont pas daigné s’en aller.

    Zéphirin Fotso Kamga

  • Frontière Cameroun-Guinée Équatoriale : Malabo dos au mur à Yaoundé

    Frontière Cameroun-Guinée Équatoriale : Malabo dos au mur à Yaoundé

    Porteur d’un message du président Teodoro Obiang Nguema à son homologue Paul Biya le 16 août dernier, le ministre équato-guinéen des Relations extérieures et de la Coopération nie la construction d’une muraille pour séparer les deux pays. Non sans accuser les réseaux sociaux de manipuler l’opinion communautaire.

    Siméon Oyono Esono, ministre équato-guinéen des Relations extérieures et de la Coopération

    Depuis quelques semaines, votre journal dévoile l’existence d’un chantier de construction d’un mur à la frontière Cameroun-Guinée Équatoriale. Sur le terrain, les derniers développements en date font état d’une descente du général de corps d’armée René-Claude Meka dans la zone. En mission de contrôle opérationnel le 6 août 2019, le chef d’état-major des armées camerounaises s’est bel et bien rendu compte de la matérialité du chantier de la forteresse. Après les alertes lancées par la presse au sujet de l’empiètement du territoire camerounais (à la lisière de la localité de Kyé Ossi, dans le Sud-Cameroun), le rapport de mission adressé par René-Claude Meka à sa hiérarchie a davantage ému Yaoundé. D’après nos sources, les autorités locales ont décidé de formaliser leur mécontentement à travers une «consultation» de l’ambassadeur de Guinée Équatoriale au Cameroun.

    C’est dans ce contexte que Siméon Oyono Esono, ministre équato-guinéen des Relations extérieures et de la Coopération, a été aperçu, le 16 août dernier, à Yaoundé, au premier ministère. En posture d’envoyé spécial du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, l’hôte de Joseph Dion Ngute s’est contenté du minimum face à la presse. Il a réitéré les propos de Anastsio Asuma-Mum Munos (l’ambassadeur de Guinée Équatoriale au Cameroun) rapportés par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune (CT) du 9 août 2019.

    «L’information qui circule sur les réseaux sociaux et fait état de ce que les soldats équato-guinéens ont traversé la frontière pour aller mettre la borne, je vous assure que ce n’est pas vrai. Nos soldats ne peuvent pas traverser la frontière à deux kilomètres pour aller mettre des bornes», a-t-il déclaré chez CT. Et sans se priver d’une pointe d’acidité envers une opinion de plus en plus répandue, Anastsio Asuma-Mum Munos a tapé un coup sur la table. Pour l’ambassadeur de Guinée Équatoriale au Cameroun, son pays construit effectivement un mur. Mais, indique-t-il dans CT du 9 août : «Ce n’est pas sur la frontière. C’est dans le territoire équato-guinéens».

    Le 10 juin 2019 à Yaoundé, au sortir d’un entretien avec Paul Biya sur la construction de ce mur frontalier, Baltasar Engonga Edjo’o, le ministre d’État équato-guinéen chargé de l’Intégration régionale, avait usé de la langue de bois diplomatique pour éviter le sujet devant la presse accréditée au palais de l’Unité. Il s’était lancé dans une présentation ambiguë des politiques mises en place par son pays en matière de libre circulation des biens et des personnes. Comme obstiné à polariser sa déclaration sur l’esthétique (réjouissante) des relations entre la Guinée Équatoriale et ses voisins, l’hôte du chef de l’État camerounais était resté aphone sur le chantier évoqué.

    Ongoung Zong Bella

  • Afrique centrale : Des barrages pour booster l’intégration

    Afrique centrale : Des barrages pour booster l’intégration

    Les études d’avant-projet sommaire et d’avant-projet détaillé des barrages hydroélectriques de Booué et de Tsengué-Lélédi ont été adoptées le 23 avril 2019 à Libreville.

     

    Les parties prenantes et les partenaires techniques et financiers édifiés sur les contours des deux projets.

    Les parties prenantes et les partenaires techniques et financiers intéressés par les barrages hydroélectriques de Booué et de Tsengué-Lélédi en savent un peu plus sur ces projets. Les études d’avant-projet sommaire et d’avant-projet détaillé de ces barrages hydroélectriques ont été adoptées le 23 avril 2019, au terme de l’atelier régional de lancement, tenu à Libreville au Gabon.

    Les barrages hydroélectriques de Booué et de Tsengué-Lélédi sont des projets intégrateurs au bénéfice de quatre pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Ces projets visent à appuyer le Cameroun, le Gabon, le Congo, et la Guinée équatoriale à mettre en place un cadre formel de gestion durable des ressources en eau partagées, un système de suivi des ressources en eau.

    Selon le secrétariat général de la CEEAC, le projet «Booué et Tsengue-Lélédi» revêt un caractère régional phare pour l’Afrique centrale. Il permet non seulement de renforcer la coopération et l’intégration régionales, mais aussi de construire un maillon important d’infrastructures de réseau électrique interconnecté dans cette zone. Il a pour objectif de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population des pays concernés par le projet (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale), dans le cadre du soutien au développement économique et social.

    Financé à hauteur de 757 millions de FCFA par la Banque africaine de Développement (BAD), la Facilité africaine de l’Eau (FAE), la Facilité pour la préparation des projets d’infrastructures du Nepad (IPPF/Nepad), la CEEAC et les quatre États membres, les deux projets sont mis en œuvre par l’Unité de démarrage du centre régional de coordination et de la gestion des ressources en eau de l’Afrique centrale (UD/ CRCRE). Les études s’achèvent en février 2020.

    L’atelier de Libreville a réuni une cinquantaine de participants composés des membres de la Structure focale nationale (SFN) du Gabon, des experts venant du Cameroun, du Congo, de la CEEAC, des partenaires techniques et financiers (Délégation de l’Union africaine, le Pool énergétique de l’Afrique Centrale, l’Agence française de développement, la Banque mondiale, la Cemac), du Groupe de la BAD ainsi que du Groupement ISL.

    Les travaux ont permis plusieurs actions : examiner et valider le rapport de démarrage de l’étude portant élaboration des études d’avant-projet sommaire et d’avant-projet détaillé des barrages hydroélectriques ; sensibiliser les parties prenantes au projet afin qu’ils aient une lisibilité de toutes les activités à conduire par le Groupement dans le cadre des prestations qui lui sont confiées; mobiliser les Structures focales nationales afin qu’elles jouent leurs rôles d’assistance aux consultants pour la collecte des données et informations, de revue et production des commentaires sur chaque livrable de l’étude ; sensibiliser les partenaires techniques et financiers afin qu’ils soutiennent la mobilisation des ressources financières pour la réalisation des travaux des projets d’investissements.

    Rémy Biniou

    Intégration 

    Pas assez d’énergie à Memve’ele pour les pays voisins 

    La puissance de 211 MW attendue de l’ouvrage est à peine suffisante pour assurer une autosuffisance électrique au Cameroun. Mais il y a encore de nombreuses questions règlementaires à clarifier pour une interconnexion des réseaux électriques dans la sous-région.

    Avec cet ouvrage, le Cameroun ambitionne de devenir un exportateur d’électricité, mais rien n’est moins sûr.

    «Dans quelques années, on pourra voir ici se dresser un barrage alimentant une centrale d’environ 200 mégawatts. Il permettra de renforcer en énergie le réseau interconnecté-sud et d’approvisionner le futur complexe industriel et portuaire de Kribi, la région du Sud et peut-être nos voisins, s’ils en expriment le désir». Sept ans presque, jour pour jour, après cette annonce de Paul Biya, le 15 juin 2012.

    Ceux qui font un tour à Nyabizan, dans l’arrondissement de Ma’an, département de la Vallée du Ntem, région du Sud, peuvent effectivement admirer le chef-d’œuvre à la fois architectural et technologique. Les techniciens à l’œuvre assurent que l’ouvrage peut générer les 211 MW prévus et que, contrairement à ce qu’on a décrié sur d’autres barrages, cette fois, les localités environnantes ne resteront pas dans le noir pendant que l’énergie produite derrière leurs cases éclaire d’autres villes. Depuis quelques jours, le barrage injecte 85 MW sur le réseau d’Eneo. Cette mesure provisoire vise à mettre à disposition des ménages l’énergie produite par cet ouvrage, en attendant la fin des travaux de la ligne de transport entre Nyabizan et Yaoundé, d’ici à 2020.

    Par contre, le barrage de Memve’ele risque de ne pas être un vecteur d’intégration sous régionale comme espéré. Au plan quantitatif, 211 MW, c’est beaucoup certes, mais pas assez au regard des besoins du pays. Lors de l’université du Gicam, en juin 2015 à Douala, le directeur général d’Eneo Cameroon, Joël Nana Kontchou, expliquait déjà que «malgré ses ressources considérables en énergie primaire, notamment, hydroélectrique, solaire, biomasse, pétrolière et éolienne, le Cameroun reste assez mal nanti en énergie électrique».

    Déficit
    En effet, pour un pays qui possède le deuxième plus grand potentiel hydroélectrique de l’Afrique centrale, estimé notamment à environ 20 GW, «le taux d’électrification ne dépasse pas 50 %, alors qu’il atteint 90 % en Afrique du Nord. De même, la consommation annuelle d’énergie électrique par habitant est environ de 165 kWh alors qu’elle s’élève à plus de 1650 kWh en Afrique Australe. Ce taux d’électrification est encore plus flagrant quand on passe des villes aux campagnes».

    Pour garantir l’accès à l’électricité au plus grand nombre, l’État a construit les barrages de Memve’ele, Lom Pangar et Mekin. Ce qui a permis de porter la puissance installée de 933 MW en 2010, et à 1517 MW en 2017, soit une augmentation de 63 %. Il y a encore un gap de 1483 MW par rapport à l’objectif de 3000 MW en 2020, fixé dans le DSCE.

    Au plan qualitatif, l’interconnexion des réseaux électriques du Cameroun, du Gabon et de la Guinée équatoriale figure bien parmi les projets prioritaires du Pool énergétique de l’Afrique centrale (PEAC) de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), mais les choses ne sont pas encore totalement au point pour une intégration des réseaux électriques.

    Estimation réelle des besoins, norme, prix de vente, gestion des infrastructures de transport, il y a encore un certain nombre de questions règlementaires à arrêter. Selon les experts, le réseau de transport de la Guinée équatoriale est articulé autour des transformateurs de 225, 110 et 30 kV. Au Cameroun, les transformateurs sont calibrés en 225, 90 et 30 kV. Pour une interconnexion entre les deux réseaux, il faudra donc construire un poste transformateur de 90 kV, mais aux frais et sous la responsabilité de quel État ?

    RB

    Politique énergétique 

    L’Afrique centrale vise 20 % d’électrification par an

    Malgré un potentiel important, la sous-région reste mal lôtie en matière d’accès à l’électricité. Les projets intégrateurs prioritaires et le programme d’électrification transfrontalière adoptés en décembre 2013 peinent à prendre corps.

     

    Projets du Programme d’électrification transfrontalière (PPET)

    Selon le secrétaire permanent du Pool énergétique de la sous-région Afrique centrale (PEAC), Jean-Chrysostome Mekondongo, le plus grand déficit en infrastructures en Afrique Centrale se trouve dans le secteur de l’électricité. Il est surtout question de développement des capacités de production et du développement de l’accès à l’énergie électrique. Il n’y a pas de réseau transfrontalier proprement dit, à part la ligne 220 kV qui lie Kinshasa en RD Congo à Brazzaville au Congo. Elle demeure en conséquence la région la moins électrifiée du continent, avec un taux d’environ 13 %. C’est pourquoi, dans le cadre de sa mission, le PEAC œuvre à la mise en place des projets de construction d’infrastructures électriques.

    La situation actuelle du marché de l’électricité dans les pays du PEAC indique que la production brute des centrales de ces pays a atteint 30 000 GWh. Toujours selon le pool énergétique, l’Afrique centrale est aussi caractérisée par un faible taux de desserte, une faible consommation moyenne d’électricité (108 kWh/habitant contre 740 en Afrique du Nord et 1600 en Afrique australe) et un faible niveau d’interconnexion des réseaux électriques. Dans la zone CEEAC, qui compte plus de 300 millions d’habitants, plus de 125 millions n’ont pas accès à l’électricité.

    En 2017, les pays de la sous-région ont manifesté leur volonté d’accroître leur taux d’électrification de 20 % par an. «Afin d’accroître l’efficacité opérationnelle de la distribution, nos entreprises doivent investir à la fois dans l’amélioration de la capacité des lignes et des postes, ainsi que dans le renforcement des capacités humaines. Nous devons réinventer l’activité commerciale en tirant avantage des progrès technologiques, notamment la digitalisation, pour construire une nouvelle relation avec nos clients, lutter contre la fraude, améliorer les normes de service ainsi que l’adoption d’un système de facturation fiable», expliquait alors Joël Nana Kontchou, directeur général de Energy of Cameroon, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun.

     

    Renforcement de la fourniture de l’énergie électrique au Cameroun

    3700 milliards de FCFA à investir d’ici 2025

    « Eneo investira environ 477 milliards sur les 10 prochaines années [jusqu’en 2025, NDLR]. Environ 65 % de cette somme sera consacré aux réseaux et au service commercial. Son ambition est d’aller au-delà du double du nombre d’abonnés en 10 ans, afin de dépasser la barre de 2 millions de clients en 2024.

    Nous envisageons également de réduire de 70 %, sur 5 ans, la durée moyenne annuelle de la non-fourniture d’énergie au client, en passant de 105 à 35h ; nous allons procéder au remplacement ou à la réparation de 400 000 poteaux en bois au cours des 5 prochaines années ; 4 à 5000 nouveaux postes de distribution basse tension seront créés dans le cadre de la lutte contre les baisses de tension et la réduction des pertes techniques.

    À l’horizon 2025, nous pourrons envisager un taux de desserte de l’ordre de 75 %, avec une réduction de plus de 85 % des interruptions de fourniture d’électricité. Pour ce faire, les investissements à consentir seront importants :

    – 2500 milliards d’investissements dans la production, pour un objectif de puissance installée d’au moins 3000 MW à horizon 2025 ;

    – Le transport nécessite des investissements de l’ordre de 700 milliards ;

    – Ces sommes viendront s’ajouter aux 477 milliards d’Eneo ;

    Au total, nous parlons d’investissement de l’ordre de 3700 milliards de francs CFA sur 10 ans. »

    Source : Communication du directeur général d’Eneo Cameroon

    aux 4e assises de l’université du Gicam, le 26 juin 2015.

  • CEEAC : Libreville tient le nouveau siège

    CEEAC : Libreville tient le nouveau siège

    C’est plus qu’officiel : Libreville abrite le nouveau siège du Secrétariat général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Dans la capitale gabonaise le 22 août 2019, S.E. Ahmad Allam-mi, le secrétaire général de ladite institution a symboliquement reçu les clefs des mains de Alain-Claude BILIE-BY-NZE, le ministre gabonais des Affaires étrangères.

    La cérémonie s’est déroulée dans les jardins des locaux dudit siège en présence de certains membres du gouvernement gabonais, du corps diplomatique accrédité au Gabon et des cadres et experts de la CEEAC.  Deux discours ont été prononcés au cours de la cérémonie : celui du ministre des Affaires étrangères de la République gabonaise, président du Comité de pilotage de la Réforme institutionnelle de la CEEAC et celui du Secrétaire général de la CEEAC, en guise de remerciement à l’endroit du chef de l’Etat gabonais Ali Bongo Ondimba en sa qualité de président en exercice de la CEEAC. Puis s’en est suivie la signature de l’accord de cession et la visite des locaux.

  • Bamenda : Des coups de feu font deux morts

    Bamenda : Des coups de feu font deux morts

    D’aucuns soupçonnent une réaction des combattants séparatistes suite à la condamnation à perpétuité assortie d’une amende de 250 milliards FCFA infligée à Julius Ayuk Tabe Sissiko et Cie.

    Les populations de Bamenda  ont démarré la journée du 21 août 2019 dans la peur. Au petit matin de mardi dernier 20 août par le tribunal militaire de Yaoundé, des individus encore non identifiés ont pris la ville en otage. Au quartier dénommé Rendez-vous End of Tare Longla, des échanges de coups de feu ont fait deux morts, renseigne un habitant dudit quartier.

    Dans la zone de Nitop, hospital round about, Mulang, des détonations ont été entendues jusqu’au marché des vivres. Passant par là, des individus malfamés ont exigé la fermeture des commerces au lieu-dit  Commercial Avenue.  Le même jour, dans l’après midi, des informations faisant état de ce que des séparatistes seraient en train de bloquer la route vers Bellow Foncha se sont répandues dans la ville. Certaines sources indiquent que la nuit n’a pas été de tout repos  à Cow Street  et  Mancho Street.

    Mis au parfum, une patrouille des forces gouvernementales est descendue sur les lieux pour imposer le calme. Il est à relever que les incidents ci-dessus relatés sont survenus 24 heures seulement après la condamnation à perpétuité assortie d’une amende de 250 milliards FCFA infligée à Julius Ayuk Tabe Sissiko et Cie.

    Zéphirin Fotso Kamga

  • Henri Bandolo, clichés inédits

    Henri Bandolo, clichés inédits

    Il y a 22 ans que nous quittait le journaliste, ancien ministre de l’Information et de la Culture. Leçons posthumes dispensées à une génération prise en flagrant délit de métier mal appris.

    «Si tu n’étais pas Henri Bandolo, qui serais-tu ?» La question vient de Sévère Amougou, présentateur de l’émission «Du coq à l’âne» en 1980 sur les antennes de Radio-Douala. Réponse : «À 9 ans, j’ai décidé de devenir écrivain : je serais Émile Zola ou rien. Ma tante maternelle m’ayant convaincu que ce n’était pas un métier où l’on était sûr de gagner sa vie, je tentais de la rassurer en lui promettant que je serais aussi journaliste. Parce qu’un journaliste, c’est un mélange de Tintin et de futur martyr de la vérité». Juste un premier cliché inédit sorti d’un gouffre intemporel, à deux mètres sous terre. Il est encore gravé dans les annales 1985 de l’Essti (École supérieure des sciences et techniques de l’information), ancêtre de l’actuelle Esstic (École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication).

    Et puis, il y a une citation. C’est Charles Ndongo qui la tient de Henri Bandolo. «Le journaliste doit faire fonctionner son cerveau au service de l’intérêt général. Comment ? D’abord, en s’éduquant. Ensuite, en s’informant chaque jour . L’actuel directeur général de la Crtv rapporte que son «modèle avait un carnet d’adresses en béton ; c’était un lecteur compulsif, curieux de tout».

    Enfin, il y a ceci : «Le journalisme n’est pas un métier où tous les petits coqs trouvent un perchoir». Ça, c’est Henri Bandolo qui l’a dit à Makon ma Pondi. Dans Cameroon Tribune du 16 juillet 2007, l’ancien éditorialiste écrit : «Dix ans après la mort du célèbre journaliste, son souvenir demeure intact dans la corporation. Le temps qui passe n’a pu brouiller ni dissiper dans les esprits, en particulier dans le milieu de la communication, le souvenir indécrottable de ce chevalier émérite de la plume que fut Henri Bandolo. Dix ans après une mort manifestement prématurée, celui qui se faisait appeler affectueusement “H.B” par ses jeunes confrères a continué à hanter ici et là les salles de rédaction, comme l’un des modèles les plus accomplis du journaliste éveilleur des consciences».

    Dans son ouvrage « Henri Bandolo : un destin exceptionnel, recueil de témoignages paru en 2009, Prosper Roger Effemba, un ancien de la Crtv, avoue ne pas être en mesure d’épuiser «le sujet H.B». Il retient ce que lui avait dit “H.B”: «En journalisme, l’autocensure rend la plume conforme». À ce stade, toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé n’est pas fortuite. «Il est mort le 16 juillet 1997. Mais, tout ce qu’on dit de H.B aujourd’hui est réel», confirme Samuel Nongowé, ancien stagiaire du fils d’André Ngangue, l’un des tout premiers de la profession au Cameroun, disparu lui aussi. Son rejeton, on n’a pas vu ou pas cherché à savoir qui il était, en dehors du nom épinglé comme un papillon dans les pages de l’histoire du journalisme au Cameroun. «Pourtant dans ce métier, ajuste Samuel Nongowé, H.B a laissé des traces et non des preuves». Il ajoute: «Pour quelqu’un qui a exercé à l’époque de la pensée barbelée, c’est plus qu’une icône».

    Icône
    Le terme résonne comme un pied de nez à toutes les paresses intellectuelles, et ceci dans tous les lieux sur lesquels on peut écrire son nom. Jean Vincent Tchienehom, journaliste émérite, pense au “guide”. Henri Manga, entraîneur de football, se souvient d’une “voix radiogénique”, celle de “Dominique”, l’émission qu’il avait créée et animait sur les ondes de Radio-Cameroun. Daniel Anicet Noah évoque “La flamme et la fumée”, écrit, selon lui comme “une prose transparente et rigoureuse, purgée de tout sentimentalisme, faisant de son auteur une icône avant l’heure du Nouveau journalisme théorisé par Tom Wolfe”. De son vivant, Sévère Amougou s’était épanché sur le même ouvrage. “Le thème de ce livre est d’une prodigieuse ambition, à la fois décalé et provocant, intempestif et éclairant”, avait écrit le défunt journaliste dans son mémoire de fin de cycle à l’Essti, en juin 1985. “C’est un travail de journaliste, de l’eau claire sur du granit”, assure Charles Ndongo qui souhaite à tout le monde d’avoir l’occasion d’employer ces mots.

    Ongoung Zong Bella

     

    Un peu de classe !

    L’Édito, aujourd’hui plus que d’actualité

    On a probablement tout dit sur les causes de la crise économique que subit, que connaît ou que traverse actuellement notre pays. Mais, évacués les facteurs exogènes dont l’origine, le contrôle et la maîtrise nous échappent, on n’a pas dit grand-chose sur nos propres responsabilités dans cette crise et, notamment, sur la médiocrité de nos élites intellectuelles, cadres supérieurs de la Nation, en charge des affaires de la République.

    Passons sur l’éternel, inépuisable et vain début rendu plus caduc par ses réactualisations constamment mises en échec, sur le bon choix des hommes, selon le bon principe de “l’homme qu’il faut à la place qu’il faut”. Car, chacun doit s’être rendu compte que ce principe fait désormais partie de la panoplie des poncifs qui ont la vie particulièrement dure, et dont la vigueur se renouvelle, sans cesse, dans la faillite même de l’idéal ainsi proclamé.

    En effet, depuis longtemps, nous célébrons, pratiquement tous les ans, à l’occasion de diverses nominations, l’avènement, enfin, d’hommes providentiels crédités de toutes les vertus, de toutes les qualités et de toutes les compétences. Leurs biographies sont chargées de parchemins et de lauriers académiques exaltés aussi bien par les médias que par les officiels. Elles n’autorisent, en tout cas, aucun doute sur leurs aptitudes à changer les choses, au mieux des intérêts de la nation.

    Depuis longtemps aussi, nous assistons à la faillite de ces hommes donnés hier pour être “ceux qu’il faut à la place qu’il faut”, qui, par la suite, se révèlent incapables de redresser la barre. Ils se signalent même davantage par une singulière vocation à faire des vagues et à précipiter des naufrages. Hommes pétris d’expérience, comme on dit, ou hommes neufs porteurs de toutes les espérances, comme on le croit, c’est assurément du beau monde, pourvu qu’on n’y regarde pas de trop près.

    En effet, s’ils sont ce qu’on dit ou ce qu’on croit, faute d’être aussi des hommes de principes, ils ne parviennent pas toujours à prendre de la hauteur pour se soustraire aux marais. Car, à peine se sont tus les tams-tams célébrant leur promotion ainsi que leurs mérites, qu’ils se retrouvent réduits à la petitesse, rétrécis et rabougris, dans la boue fangeuse des marécages où ils manquent de se noyer. C

    omment notre peuple se reconnaîtrait-il encore dans ces élites qui s’ébattent frénétiquement ainsi dans les petites et grandes combines, dans les trafics, le faux et les fraudes, dans les détournements grossiers ou déguisés, dans la corruption et le tribalisme ? Le plus grave danger pour la santé morale et économique de notre pays réside dans le comportement de ces élites de la nation qui rusent avec nos options dont, pourtant, elles doivent assurer la garde, comme elles doivent les illustrer, les répandre et contribuer à leur enracinement dans la conscience collective des Camerounais.

    Aussi, si nous devons demeurer fiers d’être Camerounais, ne nous leurrons cependant pas. Délions-nous de toute forfanterie qui nous porterait à croire que nous sommes les meilleurs des hommes. Une telle attitude serait propre à cybernétiser la pensée et tous les ressorts de l’action, condamnant définitivement nos élites à la carence et à la disqualification.

    *Chapeau de la rédaction
    Henri Bandolo dans Cameroon Tribune du 22 septembre 1987

     

  • Action de la Croix-Rouge au Cameroun : L’humanitaire aux visages camerounais et luxembourgeois

    Action de la Croix-Rouge au Cameroun : L’humanitaire aux visages camerounais et luxembourgeois

    Mues par une ligne de coopération, la CRC et la CRL se sont déployées dans les régions de l’Extrême-nord et de l’Ouest.

    La joie après la réception des dons alimentaires à Foumbot et Foumban

     

    A Mora (Mayo-Sava) et Mokolo (Mayo-Tsanaga), la Croix-Rouge luxembourgeoise (CRL) était aux côtés du CRC pour deux jours (12 et 13 juin 2019). Pour une cérémonie de rétrocession des abris, logements, latrines et forages en faveur des populations de la région de l’Extrême-nord du Cameroun, Cécile Akame Mfoumou a fait le déplacement. En tant que partenaires, la CRC et la CRL sont allés concrétiser les axes d’un projet mis en œuvre dans cette partie du pays. Il s’agit du projet N° 17CM100 portant sur l’assistance en habitat et assainissement en réponse aux populations de la région de l’Extême-nord. De façon détaillée, ledit projet se décline, d’une part, en 180 abris, 100 latrines d’urgence, 32 latrines durables et 2 points d’eau à Zamaï dans le Mayo-Tsanaga et, en la construction de 60 logements et 60 latrines durables en faveur des populations de Oulo (Mayo Sava) d’autre part.

    Les 8 et 9 août 2019 à Foumban et Foumbot (département du Noun, région de l’Ouest), 1 500 familles déplacées internes et 500 familles hôtes vulnérables ont souri. A l’une comme à l’autre étape, la Croix-Rouge camerounaise (CRC) leur a apporté sacs de riz et huiles végétales. L’enjeu: relever le défi que posent la pauvreté croissante et l’augmentation des fragilités parmi les victimes de la crise anglophone au Cameroun. Dans le cadre de cette descente dans la région de l’Ouest, la CRC a mis à profit son partenariat avec le CICR (Comité international de la Croix-Rouge). Ce partenariat, apprend-on, est établi et encadré par des objectifs clairs et quantifiables. Avec le soutien de son partenaire stratégique, le CRC a voulu accomplir le geste au niveau local.

    En cette philosophie, les bénéficiaires y ont vu une bouée de sauvetage pour survivre. En faisant un don de denrées alimentaires dans ces deux villes, le CRC et son partenaires entendent ainsi protéger ce qui reste des familles déplacées de la crise anglophone pour leur permettre de développer leurs stratégies de survie, de limiter ou prévenir les processus de leur éclatement. Cette ligne est inscrite dans le cadre de ses missions. L’une desdites missions porte sur l’assistance aux personnes vulnérables sans discrimination raciale, religieuse, politique ou ethnique.

    Bobo Ousmanou

  • Sahel Business Week : Le road show est confirmé

    Sahel Business Week : Le road show est confirmé

    Daniel Kalbassou, le directeur général de la microfinance Crédit du Sahel a exposé les contours de cette grand-messe d’affaires étalée du 24 août au 1er septembre 2019 dans les villes de Maroua, Garoua et Ngaoundéré.

    La première édition du Sahel Business Week va bel et bien se tenir aux lieux et dates arrêtés depuis début juillet 2019. A l’entame d’une conférence de presse qu’il donne ce 17 août à Yaoundé, Daniel Kalbassou l’a joyeusement dit. Le banquier assure avoir pris toutes les dispositions pour le bon déroulé de l’événement. Une huitaine de jours, voilà le temps qu’il va durer. Pour davantage donner de la hauteur et de la couleur à cette campagne où sont attendues près de 60 000 personnes, quelques grandes figures du Septentrion accompagnent Sahel Business Week. Parmi elles : les journalistes Haman Mana, Ibrahim Cherif, Atta Badyne Oumar. Last but not the least, Aissa Doumara Ngantassou (1ère lauréate du Prix Simone Veil) arbore la tunique de marraine de l’événement. 150 startups y ont d’ores et déjà souscrit. Le patron du Crédit du Sahel se vante aussi d’avoir débauché deux grands noms de la musique camerounaise (Ben Decca et Isnebo)

    Ainsi posé, Sahel Business Week fait la part belle à l’inclusion et à la participation des populations et de toutes les élites (commerçantes, politiques, intellectuelles, religieuses). «L’inclusion dont il s’agit devrait apporter un plus grand soutien aux initiatives économiques des femmes et des jeunes, ainsi qu’un appui particulier aux communautés les plus fragilisées par le conflit et aux catégories autrefois actives que le conflit a rendues vulnérables», renseigne le DG de Crédit du Sahel. L’enjeu, ajoute-t-il est le développement d’une économie locale tirée par le secteur privé.

    C’est la raison pour laquelle, le 25 juillet 2019, il est allé au siège du Groupement Inter-patronal du Cameroun (Gicam) à Douala. Disposant d’une bonne connaissance des enjeux générationnels, des traditions économiques locales et de leurs mutations dans le temps, Daniel Kalbassou dit avoir convaincu plus d’un entrepreneur à y prendre part. Décliné en conférences-débats, expositions et spectacles, l’événement se déroule successivement à Maroua (Extrême-Nord), Garoua (Nord) et Ngaoundéré (Adamaoua). «Pendant cette caravane, il est question de promouvoir la mise en œuvre des politiques de développement conciliant intégration à l’économie nationale et nécessaire respect des façons de faire locales, facteurs de résilience aux conflits», détaille Daniel Kalbassou face aux journalistes.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Formation continue : Dix cadres du CPAC à l’école de gestion

    Formation continue : Dix cadres du CPAC à l’école de gestion

    Ouverte le 16 août 2019 à Yaoundé, la session vise augmenter l’efficacité du Comité inter-Etats des pesticides d’Afrique centrale.

    Le panel de la cérémonie protocolaire d’ouverture de l’atelier

    Parce qu’il élabore des projets et programmes tant pour son propre compte que pour d’autres organismes, le Comité inter-Etats des pesticides de l’Afrique centrale (Cpac) doit être à la page. C’est tout le sens de la formation que suivent 10 de ses cadres. Pendant une dizaine de jours, à Libreville au siège de l’Ista (Institut sous-régional multisectoriel de technologie appliquée, de la planification et de l’évaluation de projets), les apprenants sont astreints à 9 modules théoriques et méthodologiques. A terme, ils seront outillés en matière de gestion de projet pour la filière agricole, de leur suivi-évaluation et de leur gestion axée sur les résultats.

    En accueillant ses «étudiants» dans son campus le 16 août 2019, Évariste Evane, directeur général adjoint de l’Ista, a exalté la parfaite collaboration entre son institut de recherche et des institutions sœurs de la Cemac dans le cadre du renforcement des capacités. Cette option, a-t-il rappelé, est bâtie sur un triple socle: l’amélioration des performances organisationnelles des différents organismes ; le Programme économique et régional (Per) de la Cemac et les Objectifs de développement durables (ODD) des Nations unies.

    Le Cpac est un instrument d’accompagnement des Etats vers la mise en place des systèmes élaborés dans la gestion des intrants agricoles et l’assainissement de la filière agricole. Érigé en une institution spécialisée de l’Union économique de l’Afrique centrale (IS/UEAC) par acte additionnel de la Conférence des chefs d’État de la Cemac n° 07/CEMAC-CCE-11 du 25 juillet 2012, cette institution a son siège à Yaoundé (Cameroun). Sa mission première est d’assainir la production agricole pour la préservation de la santé des consommateurs locaux et celle de l’environnement, ainsi que pour la compétitivité de cette production dans le marché international.

    Joseph Julien Ondoua Owona, stagiaire

  • Cameroun, Tchad : valse d’émissions des obligations du trésor assimilables

    Ce 21 août 2019, le Trésor public de la République du Cameroun procèdera à l’émission, par voie d’adjudication, des obligations du trésor assimilables.

    Le taux de couverture de la monnaie (la capacité des pays à couvrir leurs importations par leurs revenus d'exportations) a connu une évolution séquencée en zone Cemac tout au long de l’année.
    Le siège de la BEAC

    Dans un communiqué publié le 9 août 2019 à cet effet, Sylvester Moh Tangongho informe que les souscriptions se font auprès des banques et établissements financiers de la CEMAC agréés comme «Spécialistes en Valeurs du Trésor» par le ministre camerounais des Finances (Minfi). Dans le même document, le directeur général du Trésor et de la Coopération financière et monétaire au Minfi précise que le volume d’émission se situe entre 20 000 et 50 000 FCFA, avec une valeur nominale unitaire fixée à 10 000 FCFA et l’échéance au 24 mai 2022. Dix-neuf banques disséminées dans la sous-région sont retenues pour cela, indique le communiqué.

    Le même jour, le Trésor public de la République du Tchad procèdera à une opération similaire. De ce côté, le volume d’émission(en millions de FCFA) est 10 418. Quant à la valeur nominale unitaire, elle est arrêtée à 1 000 000 FCFA. Dans un communiqué publié le 15 août 2019, Bechir Daye, le directeur général des services du trésor et de la comptabilité publique du Tchad, exhorte les souscripteurs éventuels à se rapprocher des banques et établissements financiers de la CEMAC agréés comme «Spécialistes en Valeurs du Trésor» par le ministre tchadien des Finances.

    Source: Beac

  • Pénétrante Est de Douala : un manque-à-gagner de 150 millions FCFA pour les transitaires

    Pénétrante Est de Douala : un manque-à-gagner de 150 millions FCFA pour les transitaires

    Le chiffre n’est pas officiel, même s’il est révélé par quelques transitaires membres du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam).

    À cause de la situation de blocus à l’entrée Est de Douala, ceux-ci déclarent ne plus être en mesure d’honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs clients basés au Tchad et en République Centrafricaine. Selon eux, compte tenu du laborieux convoiement des marchandises, le revenu par camion dûment affrété, indicateur clé du secteur, a reculé de 5,1 % en deux semaines. «Les transitaires sont très inquiets et se demandent à quelle sauce ils vont être mangés : tout le monde espère que les retards provoqués par la non-fluidité au point de départ des corridors Douala-Bangui et Douala-Ndjamena vont s’arranger. Parce que là, on est à presque -20 % de nos chiffres d’affaires, ce n’est pas bon ! Le propriétaire de la marchandise qui est bloquée depuis un mois est d’autant plus gêné que nous.

    Cependant, nous le sommes dix fois. Parce qu’il s’agit ici d’économie», martèle Lanal Gabriel, un transitaire camerounais. «Vous avez beau avoir votre camion, régulariser votre situation fiscale, avoir tout le carburant nécessaire, mais quand vous restez plus de 10 heures sur place, c’est très compliqué. Et d’après mes calculs, un camion immobilisé coûte 100 000 FCFA par jour au transporteur. En trente jours, ça me fait des pertes de l’ordre de 6 millions de FCFA», explique Joseph Kollo, transporteur et directeur général de MPS. Exerçant sur le corridor Douala-Ndjamena, il est d’autant amer que toutes les parties perdent.

    Selon la douane camerounaise, l’activité de transport sur cet axe routier fait transiter environ 340 milliards de francs CFA de marchandises tchadiennes chaque année. «Par exemple, sur 50 camions immobilisés pendant près d’une journée, en sachant que le transporteur perd 100 000 FCFA par jour et par camion immobilisé, vous-mêmes vous voyez ce que ça fait comme pertes financières pour nos entreprises de transport. Plus de 150 millions de FCFA de pertes en un mois. Qui va nous dédommager ?» s’interroge Raymond Mongang.

    Bobo Ousmanou

  • Congo : plus d’un milliard de barils de réserves de pétrole trouvés

    Congo : plus d’un milliard de barils de réserves de pétrole trouvés

    C’est officiel : à lui seul, le pays de Sassou Nguesso dispose de réserves pétrolières évaluées à plus d’un milliard de barils. C’est dans le gisement du Delta de la Cuvette, au nord du pays, que le gisement a été découvert. «On y a trouvé de l’huile. Quand on dit de l’huile, c’est du pétrole.

    On a des outils sur le site qui permettent d’observer et de dire qu’il s’agit bien du pétrole. Je peux confirmer aujourd’hui qu’on a traversé des zones réservoir imprégnées avec des hydrocarbures», a expliqué Albert Boukoulou Matondo le 12 août 2019. S’exprimant sur le site internet de RFI (Radio France internationale), l’ingénieur forage sénior de ce gisement a souligné que ce dernier s’étend sur une superficie de 9392 mètres carrés.

    Il dispose de quatre puits dont le premier est en perforation depuis mars, selon la Société africaine de recherche pétrolière et distribution (SARPD-oil) et l’entreprise PEPA chargées de son exploitation. «D’après les études de prospection, le gisement pourrait produire jusqu’à plus d’un milliard de mètres cubes d’hydrocarbures, dont 359 millions de barils de pétrole, soit 983 000 barils par jour», a affirmé Mohamed Rahmani, directeur marketing de SARPD-OIL. «La part de l’État congolais [qui a attribué le permis en 2006, NDLR] sera de 35 %», en rapport avec un accord de partage de production, a-t-il précisé.

    Cela pourrait quadrupler la production du Congo, qui se situe actuellement à plus de 330 000 barils/jour, selon les derniers chiffres de l’OPEP. Le gouvernement s’est fixé comme objectif un volume de production de 400000 barils/jour d’ici 2020. En même temps, cela pourrait propulser le Congo au rang de troisième producteur de pétrole d’Afrique, devant l’Algérie et la Libye. Le Delta de la Cuvette se veut un projet phare pour le développement économique et social, ainsi que pour le renforcement de l’indépendance financière de la République du Congo. Sa mise en œuvre a nécessité des investissements de l’ordre de dizaines de millions de dollars.

    OZB

  • RCA: l’accalmie se profile

    RCA: l’accalmie se profile

    Par rapport à la même période en 2017 et 2018, le nombre d’incidents, de victimes des abus et violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire a baissé en République centrafricaine (RCA) au cours du premier semestre 2019.

    L’information a été rendue publique, le 14 août dernier à Bangui, par Musa Gassama, directeur de la Division des droits de l’homme et représentant du haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’homme. «565 incidents d’abus et violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire ayant affecté 1082 victimes ont été documentés par nos services», a déclaré Musa Gassama au cours d’une conférence de presse. Au premier trimestre 2018, «1674 incidents touchant 2821 victimes avaient été constatés. Au premier trimestre 2017, il y a eu 1097 incidents et 1956 victimes», a-t-il poursuivi.

    Selon Musa Gassama, cette baisse du nombre d’incidents et de victimes s’explique par l’absence d’affrontements entre groupes armés rivaux et la réduction du nombre d’attaques massives contre les civils. Faisant le point sur les auteurs de ces abus et violations, le directeur de la Division des droits de l’homme indexe les éléments des groupes armés. Ils sont les premiers responsables des abus et des violations des droits de l’homme (536 sur 565).

    Par la même occasion, Musa Gassama mentionne que sa division continue de documenter les faits, tout en formulant des recommandations au gouvernement centrafricain, à la communauté internationale et aux groupes armés. «Tous les deux à trois mois, je me réunis avec le ministre de la Justice pour aborder ces questions. Concernant les groupes armés, nous partageons les données avec eux tout en les sensibilisant et en leur expliquant leurs responsabilités pour mettre fin à ces pratiques », explique-t-il en substance.

    Bobo Ousmanou

  • Fonctionnaires fictifs : Dynamique citoyenne roule pour le châtiment public

    Fonctionnaires fictifs : Dynamique citoyenne roule pour le châtiment public

    L’ONG appelle le gouvernement à la mise aux arrêts des personnes débusquées au terme de l’opération de comptage physique du personnel de l’État.

    Jamais l’on n’avait vu un Jean Marc Bikoko particulièrement amer sur une actualité que cet après-midi du 16 août 2019. En conférence de presse ce jour-là, le point focal national de l’ONG Dynamique citoyenne (DC) est encore dans son rôle affectionné de porte-flingue. Cette fois-ci, il décrypte le verdict de la deuxième phase de comptage physique du personnel de l’État (Coppe), rendu public fin juillet dernier par le ministère des Finances (Minfi).

    Pour le président confédéral de la Centrale syndicale du secteur public (CSP), «le gouvernement doit publier les listes des faux agents». «Le sceau du secret doit être levé, afin que nul n’en ignore !», ajoute-t-il. C’est la première étape. Schématisant la seconde, Jean Marc Bikoko la réduit à une «opération d’arrestation des personnes incriminées». La dernière étape, selon lui, pourrait alors se décliner en «procès publics desdites personnes pour détournements de fonds publics et d’abus de biens nationaux, recel de détournement de fonds publics et manquement aux obligations déclaratives».

    Tout en reconnaissant que les différentes étapes du Coppe ont joué un rôle significatif dans la désagrégation des socles du faux au sein du fichier solde de l’État, l’orateur remet en cause les chiffres du Minfi. Sur la foi des enquêtes menées par DC, «il y a plus de 10 000 fonctionnaires fictifs». Seulement, exhorte-t-il, les 30 milliards FCFA d’économies brandis par le Minfi doivent être redistribués aux agents publics qui travaillent réellement, «par le biais d’une procédure adossée sur des principes de justice sociale». Sur le vif, Jean Marc Bikoko estime que le gouvernement ne doit pas s’extraire du débat sur la revalorisation des salaires, «impitoyablement charcutés à hauteur de 70 % depuis 2014».

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Borel Teguia

    Borel Teguia

    À 25ans seulement, ce jeune Camerounais revendique déjà la fabrication d’un drone solaire pour surveiller les frontières et lutter contre l’insécurité. L’appareil en question pèse 700 g, avec une coque fabriquée à base d’aluminium et de plastique. Il peut atteindre une vitesse de 10 mètres par seconde et pour 150 mètres d’altitude. Cet ingénieur diplômé en énergies renouvelables (major de sa promotion en 2017 avec mention très bien, à l’École nationale supérieure polytechnique de Maroua) vient d’ailleurs de lancer une opération de levée de fonds. «Je me suis rendu compte qu’il y avait des problématiques aussi importantes que la surveillance, sur tout le continent africain. Les drones seraient une solution», argumente le promoteur de Tagus drone, son entreprise. Son défi : «prouver que nous pouvons faire, chez nous, des appareils rassemblant des technologies de pointe, comme ailleurs. Nous pouvons surtout convaincre les nouveaux investisseurs sur le caractère porteur et futuriste du projet».

  • Le gouvernement est-il à la hauteur de la crise ?

    Le gouvernement est-il à la hauteur de la crise ?

    Ô courant !
    Au moment où nous allons sous presse, une bonne partie de Yaoundé est toujours plongée dans le noir. «Il n’y a pas de courant électrique». On est au courant de la situation depuis la nuit du 7 août 2019. Après un incendie, l’énergie électrique est partie en courant. Et depuis, la vie roule à contre-courant dans certains quartiers de la capitale. On imagine bien des citoyens courant vers les méthodes d’éclairage anciennes ou recourant à d’autres solutions alternatives. Bref, ces derniers jours, ils vivent courant de précaire bonheur à ultime malheur. Au courant de la semaine dernière, les autorités ont jeté un courant d’explications plus ou moins enchevêtrées.

    Une habitude de langage courant bien de chez nous. Elle a eu l’obscur don de traverser l’opinion comme un courant électrique. Parce qu’on a voulu faire croire à une cessation d’une continuité, à une simple interruption de courant. Or il s’agit d’une panne grave qu’on a prise en discourant sur son faible impact. Chez nous, c’est le courant intérieur de la vie. Chez nous, ce péché courant est savamment entretenu, pour que le peuple ne soit pas au courant de ce qui se passe réellement avec le courant promis par les politiciens. Entre-temps, ces derniers vivent là où le courant est disponible et l’air bien frais. C’est ainsi que le petit citoyen avance vers l’émergence; en mendiant un courant qui le rejette sans cesse vers le passé; jamais dans le bon sens du courant.

    Dans ce dossier, votre rédaction se jette dans le courant. Il se situe dans le courant d’événements et d’idées de ces derniers jours dans notre pays.

     

    Autour du rétablissement du courant dans les plus brefs délais dans les quartiers impactés par l’incendie du 7 août 2019, le discours des autorités vire au mensonge.

    la salle des contrôles consummée à 80%

    Joseph Dion Ngute, le Premier ministre chef du Gouvernement, n’a pas eu le temps de souffler. Après s’être publiquement félicité de l’avancée du Projet d’alimentation en eau potable de Yaoundé à partir du fleuve Sanaga (Paepys) le 7 août 2019 à Batchenga (Haute-Sanaga), voici que le même jour le courant électrique est parti dans plusieurs quartiers de la capitale. «Les bonnes intentions portant sur la baisse des coûts d’électricité au Cameroun, émises lors du conseil de cabinet du 25 avril 2019 sont parties en fumée, suite à un gigantesque incendie», ironise Laurent Afanda, activiste de la société civile.

    La chronique retient que les installations techniques du poste électrique de Melen, dans le 3e arrondissement de Yaoundé, ont été détruites par les flammes. «A hauteur de 80%», selon un technicien en poste. Celui-ci précise que la salle des contrôles, constituée de 19 cellules servant à approvisionner 28% de la population de Yaoundé en énergie électrique, a été entièrement consumée. Officiellement, rien ne filtre des causes réelles de ce feu géant, en dépit de la lourde opération de communication gouvernementale visiblement occupée à colmater une polémique qui bat son plein.

    Sur ce chapitre, deux angles d’attaque ont principalement nourri la stratégie défensive du gouvernement: dire à sa façon ce qui s’est passé d’une part, et user d’un récit administratif visant à baliser le contrôle des événements d’autre part. A Yaoundé, le 14 août 2019, René Emmanuel Sadi et Gaston Eloundou Essomba sont venus sous le feu des caméras pour cela. Le ministre de la Communication (Mincom) et son homologue de l’Eau et de l’Energie (Minée) n’ont pas réussi à éponger tous les questionnements face aux journalistes cannibalisés par des soupçons de tentative de sauvetage en urgence de la situation. «Tout l’enjeu pour ce duo était de s’efforcer de sanctuariser un gouvernement en butte à des critiques nombreuses quant à sa capacité à offrir de l’énergie électrique de bonne qualité et en grande quantité aux citoyens», commente Jean-Marc Bikoko, point focal de l’ONG Dynamique citoyenne.

    «Glissement de délais»
    À l’observation, cette conférence de presse conjointe Mincom/Minée semble avoir prolongé l’incendie. Pire: elle est davantage venue enflammer une opinion locale, suffisamment incandescente. Cette fois, le carburant est lié au délai annoncé de 7 jours par Gaston Eloundou Essomba. «Sur ordre du chef de l’Etat, le ministère des Finances a débloqué un fonds spécial pour exécuter les travaux. Les pièces défectueuses ont déjà été achetées et sont en route pour Yaoundé. Les équipes de deux entreprises coptées pour cette situation ont une semaine pour les installer et rétablir le réseau électrique», dixit le Minée.
    Entre temps, les témoignages de quelques Yaoundéens interrogés par les chaînes d’infos tournent en boucle. Ils disent l’incompréhension, voire la confusion au regard de la série de communiqués publiés par Eneo Cameroon S.A., quelques heures plutôt. Surfant sur plusieurs paramètres techniques, l’opérateur de commercialisation de l’énergie électrique du pays a d’abord tablé sur une durée des travaux comprise entre 3 et 6 mois. Ensuite, la même entreprise a tablé sur deux semaines au moins. A ce stade, Jean-Marc Bikoko parle d’«embrouillamini».

    Bobo Ousmanou

    Melen

    Les nouvelles cellules sont là

    Après les avoirs réceptionnés, le Minée a acheminé lesdits équipements au lieu du sinistre le 16 août dernier.

    Lionel Omgba Oyono (en chemise) présentant les nouvelles cellules

    Au poste source électrique du BRGM ce vendredi 16 août 2019, le soulagement d’un officiel du Minée est splendide : «voilà !», s’écrie-t-il lorsqu’un gros porteur s’immobilise devant lui et quelques techniciens d’Eneo Cameroon S.A. Quelqu’un s’empresse de placer la presse au plus près de la scène de déchargement des 19 cellules Saint-Patrice, nouvellement acquises. Manifestement, au Minée, cette image-là va compter au royaume de l’opinion. L’instant se vit comme s’il est placé sous le diktat de la transparence.

    À l’autre bout, des ouvriers s’activent. Ils creusent. Ils déconnectent des fils des lamelles d’aluminium. Lionel Omgba Oyono, directeur de l’électricité au Minée, assure que c’est ainsi parti pour rétablir le courant «dans les plus brefs délais». Sur insistance de la presse, il lâche : «tout sera bon dans 7 jours». À terme, les 28% des ménages de la ville de Yaoundé seront à nouveau servis en énergie électrique stable. «Eneo a commis deux entreprises qui sont à pied d’œuvre pour ne serait-ce que installer ces 19 cellules», a appuyé Gaston Eloundou Essomba, le même jour sur les ondes de l’antenne radio de la CRTV.

    Sur le fil, il ressort un air du déjà entendu. En mars 2019, des coupures récurrentes avaient paralysé pratiquement toute la ville pendant plusieurs jours. Le gouvernement avait alors entrepris de remplacer 170 km de tronçons de lignes aériennes et souterraines moyenne tension pour doubler leur capacité de transit d’énergie et renforcer la sécurité des ouvrages. Afin «d’accroître la capacité d’alimentation et d’améliorer significativement la disponibilité de l’énergie électrique» dans les villes de Yaoundé et Douala. Ces travaux étaient prévus pour une période de cinq mois. En l’état actuel des choses, il est évident qu’à peine ce timing expiré, un autre incident est survenu. Celui-ci vient remettre au goût du jour la qualité des équipements. «Dans la réalité, nos barrages hydroélectriques de Songloulou et Edéa sont dans l’impossibilité de garantir un niveau de puissance pouvant satisfaire la demande actuelle en électricité», souffle un expert ayant requis l’anonymat.

    Ongoung Zong Bella

     

    Modestement, nous croyons que la réhabilitation en urgence de Song Loulou et Lagdo est une urgence. Il ne faut pas oublier la réhabilitation dans les brefs délais du réseau de transport et de distribution par la Sonatrel.

    Dans un regard sur la problématique de la fourniture de l’énergie électrique, le syndicaliste accuse les pouvoirs publics de laisser-faire.

    Jean-Yves Ngono Misso

     

    «C’est un problème de gouvernance»

    Une partie de Yaoundé est actuellement dans le noir. Les faits confirment-ils le crédo que vous défendez à travers le Syndicat national des travailleurs du secteur de développement des ouvrages de productions, de transport et de régulation de l’électricité (Syntdrope) ?

    Absolument ! La situation risque encore de s’aggraver si une deuxième panne survenait dans l’un des 3 postes de transformation restants. Yaoundé est alimentée par une boucle de 90KV reliant les postes de transformation d’Ahala, Kondengui, Ngousso, et Oyom-Abang. Cette boucle ouverte expose dangereusement Yaoundé dans une insécurité permanente d’alimentation en énergie électrique. Et pourtant, le coût estimatif des travaux pour relier les différents postes et prémunir les Yaoundéens de tout désagrément se situe entre 2 et 3 milliards FCFA seulement. On ne sait pas ce qui bloque et vous comprenez qu’il s’agit d’un problème de gouvernance.

    La situation est-elle si lamentable que cela ?
    Voyez-vous, les centrales de productions de Song Loulou et de Lagdo sont dans un état de vétusté très avancé, pendant que les réseaux interconnectés sud et nord ne sont pas toujours reliés à ce jour. C’est grave, mais c’est vrai !

    Quels commentaires vous inspire la mise en service de nouveaux barrages pour pallier le déficit d’énergie au Cameroun ?

    Il faut dire que je réfléchis davantage en termes de scandales. Les projets de barrages de Mekin, Memve’ele et Lom Pangar ont enregistré des surcoûts allant de 2 voire 3 fois au-delà des normes internationales raisonnables, soit un investissement de l’ordre de 1 à 1 milliard 600 millions pour produire 1 MW d’électricité. Ces surcoûts se justifiant par la non maturation desdits projets, les surfacturations, les avenants hors normes allant au-delà de 30% de l’enveloppe globale du marché, des délits d’initiés et la corruption.

    La situation risque encore de s’aggraver si une deuxième panne survenait dans l’un des 3 postes de transformation restants. Yaoundé est alimentée par une boucle de 90KV reliant les postes de transformation d’Ahala, Kondengui, Ngousso, et Oyom-Abang. Cette boucle ouverte expose dangereusement Yaoundé dans une insécurité permanente d’alimentation en énergie électrique.

    Il faut aussi dire que les délais n’ont été respectés nulle part. Les calendriers préalablement établis qui prévoyaient 36 mois pour Lom Pangar à compter du 3 août 2012, 36 mois pour Mekin à compter du 4 mai 2012 et 36 mois pour Memve’ele ont largement été dépassés.

    Que proposez-vous ?
    Modestement, nous croyons que la réhabilitation en urgence de Song Loulou et Lagdo est une urgence. Il ne faut pas oublier la réhabilitation dans les brefs délais du réseau de transport et de distribution par la Sonatrel.

     

  • La moto et le spectacle des vanités

    La moto et le spectacle des vanités

    Le chanteur ivoirien Ange Didier Houon, alias DJ Arafat, est mort le 12 août dernier à Abidjan. La star du coupé-décalé avait 33 ans.

    Sur son compte Twitter, la RTI (Radiotélévision ivoirienne) indique que le natif de Yopougon est décédé «des suites d’un accident de la circulation». Il aurait percuté le véhicule d’une journaliste de Radio Côte d’Ivoire qui serait, elle, toujours hospitalisée selon la RTI. Dj Arafat n’a pas eu de chance. Il a succombé à «une fracture du crâne et un œdème», selon un médecin de l’hôpital d’Abidjan, interrogé par Jeune Afrique, quelques heures après le drame survenu à Angré (quartier situé au nord d’Abidjan). «Il était aussi doué pour le marketing, il faisait le buzz, il fallait toujours qu’on parle de lui», a confié Scovik (un manager de coupé-décalé), dans les colonnes de Paris Match le 12 août 2019. Dans le concert de pleurs, on retient du disparu l’image d’un amateur de vitesse et de bolides de course.

    À un autre niveau, sa mort engage une question : qu’est-ce qui a tué ce chanteur ? Simplement, on dira que c’est la moto. «Le jour que je fais un accident de moto ou de voiture, je touche du bois, il n’y aura personne qui va venir cotiser pour moi. Je vais me soigner. Si c’est chaud, je paye mon billet d’avion, je vais en France, je me soigne. Maintenant si pendant l’accident je suis mort sur le coup, c’est Dieu qui l’a voulu», prédisait le disparu sur sa page Facebook, il y a quelques années. Son dernier titre, «Moto Moto», sorti il y a trois mois, et qui totalise quelques 4,6 millions de vues sur YouTube, résonne aujourd’hui comme une tragique ironie du sort…

    À la disséquer, la tonalité est exactement celle de nos motards encore en vie. Chaque jour, dans nos rues, ils accrochent le risque sur leurs guidons. Par rapport à leurs vies et à celles des passagers, ils s’appuient sur la conviction que le risque est une bonne chose. Affronter quotidiennement le pire, voilà qui fait d’eux de vrais hommes. «Chez les conducteurs de motos, le risque n’est plus source de peur ou d’angoisse, mais un ingrédient pour l’épanouissement de soi et le jeu», commentait un jour Fritz Ntonè Ntonè. Selon des statistiques que présentait l’alors directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala, 90 % des accidents de moto survenus dans la capitale économique étaient liés à la prise démesurée des risques. «Faites un tour à la morgue de Laquintinie, vous verrez que c’est la moto et le spectacle des vanités qui tuent», prouvait le médecin. En novembre 2016, Midjiyawa Bakary, gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, parlait de «la trop grande inclinaison au show inutile, l’adrénaline du risque avec la moto», quand il commentait, devant nous, les facettes de l’exploitation des mototaxis dans sa zone de commandement.

    Dans un propos comme dans l’autre, l’usage que font certains de la moto trahit la métaphore du contact avec la mort au plus proche de l’ultime limite. L’inconséquence devient un vrai phénomène de société. À la base de la tragédie : tabagie délirante, alcoolémie débordante et même une sorte d’intégrisme du risque. Voilà la leçon que nous lègue la mort de Dj Arafat, bien que vivre soit dangereux ! Tous les jours, un accident peut arriver… On a beau faire attention, le risque zéro n’existe pas. Certains le déplorent et s’efforcent de se mettre à l’abri des situations périlleuses alors que d’autres adorent jouer avec le feu…

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Destruction de l’environnement chez les Ekang : Le climat des affaires fait fléchir le bon sens

    Destruction de l’environnement chez les Ekang : Le climat des affaires fait fléchir le bon sens

    Les logiques économiques à l’œuvre au milieu de ce peuple entravent toute perspective d’un retour aux précautions anciennes.

    L’exploitation forestière impacte le territoire Ekang

    En 2018, la province gabonaise du Woleu-Ntem a vécu des pics de chaleur inédits. Brandissant les résultats d’une enquête d’Afrobaromètre, Pascal Menzo’o mentionne vite que, dans cette zone Ekang, située au nord du Gabon, il a fait plus de 25 °C pendant 25 jours consécutifs en 2016. «Nous avons la preuve que le changement climatique est réel et que cela se passe ici, chez nous (…) Nous voyons qu’il ne s’agit pas que d’un problème lointain, concernant uniquement les peuples de pays en voie de développement», relève ce fils Ekang, professeur à l’Institut des sciences de l’atmosphère et du climat de Zurich (Suisse). «C’est une sonnette d’alarme», estime sa co-panéliste Esther Ossoué.

    Les résultats d’une étude menée entre 2015 et 2018 par la Camerounaise sont plus bavards. «Dans le village Assok Ngomo, dans le nord du Congo-Brazzaville, des femmes m’ont expliqué qu’à cause de l’évolution des conditions météorologiques, un hectare de terre agricole qui produisait auparavant entre 25 et 30 sacs d’arachides n’en produit plus que 10 aujourd’hui», assure l’environnementaliste. Dans la même contrée, poursuit-elle, des variations saisonnières se traduisent par des températures excessivement élevées, l’assèchement des sources et des zones humides et la diminution du débit des cours d’eau et des fleuves. Toutes choses qui mettent en péril les moyens d’existence et la sécurité alimentaire des Ekang. «Les rendements et la production de manioc ont dramatiquement chuté et n’ont jamais retrouvé les niveaux précédents, malgré une nouvelle augmentation dans les années 1990», signale Esther Ossoué.

    Crise et solution
    Un retour en arrière est-il encore envisageable, ou devra-t-on s’habituer à vivre avec ça ? La double interrogation est au menu de la conférence de ce 19 juillet 2019 sur le site du Festival Mvet Oyeng à Ambam. En ce jour, les interventions du panel pointent une cause : «le désordre sur le couvert végétal de toute la zone Ekang». «Du Cameroun au Congo-Brazzaville, en passant par le Gabon, la coupe du bois en territoire Ekang est de plus en plus déraisonnée», affirme Pascal Menzo’o. L’universitaire gabonais montre d’ailleurs comment le phénomène mené par des ogres industriels bénéficie de ce qu’il appelle «les complicités Ekang».

    L’argumentaire met en évidence le caractère destructeur du capitalisme néolibéral. «55 % des coupes d’arbres en milieu Ekang ne sont pas légales et leurs promoteurs ne contribuent en rien au reboisement», accuse-t-il. À dire vrai, les logiques économiques à l’œuvre entravent toute perspective d’un retour aux précautions anciennes. «Avant que ces gens n’arrivent dans nos forêts, mentionne l’orateur, dans la culture Ekang, le déboisement et l’agriculture sur terrain en pente étaient interdits à cause du risque d’érosion. La taille des arbres n’était autorisée qu’à certaines périodes de l’année, afin d’optimiser le rendement. Il était strictement interdit de fumer dans les forêts pour éviter des incendies».

    Dans ce discours gît une question : quelles sont les activités qui doivent nécessairement décroître, compte tenu de leur impact négatif sur le climat et la biodiversité en zone Ekang? «On peut relancer autre chose», répond Esther Ossoué. À l’état actuel de la situation, la Camerounaise suggère d’orienter le système de production et de consommation selon une logique qualitative du «prendre soin». Concrètement, il s’agit de «promouvoir la responsabilité environnementale plutôt qu’une écologie punitive».

    Jean-René Meva’a Amougou, à Ambam

    Prochain article: Sons et décibels Ekang au 21e siècle: état des lieux

     

    Pascal Menzo’o

    «L’environnement physique des Ekang a pris un coup»

    Dans une mise en perspective de la situation, l’universitaire craint un désastre à l’échelle sous-régionale. 

    Peut-on véritablement dire aujourd’hui que l’environnement dans lequel vit le peuple Ekang est sain ?
    Absolument non ! Il est clair que l’évolution des températures moyennes en milieu Ekang montre un réchauffement de quelques dixièmes de degrés. Bien sûr, ce réchauffement n’est pas uniforme. C’est la raison pour laquelle nous disons que, dans une vingtaine d’années, le changement climatique redessinera progressivement l’environnement physique des Ekang. Il modifiera considérablement l’architecture géopolitique de ce peuple et par extension, son cadre d’évolution.

    Comment voyez-vous la coupe du bois, désormais érigée en source de revenus chez vos congénères ?
    L’exploitation forestière désordonnée, qui s’est accélérée ces dernières années, risque d’engendrer des répercussions qui vont bien au-delà de la simple dégradation esthétique des paysages Ekang ; on sait que la coupe d’arbres modifie les débits fluviaux et avec eux, l’approvisionnement hydrique de certaines contrées. Leur disparition s’accompagnera donc de conséquences sur le développement économique et humain des zones concernées. Cette situation est susceptible d’engendrer à son tour un nombre important de réfugiés climatiques.

    À terme, le risque de tension et de conflit entre les deux voisins ira grandissant et des incidents transfrontaliers ne sont éventuellement pas à exclure de manière sporadique. Aujourd’hui, du point de vue logique, un tel scénario n’est pas à exclure, si l’on se penche sur la situation de certains villages. Ceux-ci font en effet face à une exploitation dramatiquement croissante de leurs réserves en bois et en eau souterraine. À terme, le rythme actuel de réapprovisionnement naturel ne sera pas en mesure de répondre à la demande. Cette dernière provient principalement du secteur agricole dont l’activité représente 85 % de la consommation d’eau des Ekang et fait vivre 60 % parmi eux.

    Avez-vous l’impression d’avoir été écoutés ?
    Nous avons tenu à faire comprendre et à prédire les évolutions climatiques de la manière « la moins fausse possible » en milieu Ekang. C’est pour cela qu’il était important de bien identifier tous les phénomènes qui contribuent à la variabilité du climat. Ces phénomènes forment un système interconnecté très complexe, dont l’observation permet de déterminer des modèles à partir desquels on peut élaborer des scénarios pour l’avenir du climat. Il est difficile de tout anticiper, mais il est nécessaire de bâtir des scénarios « plausibles ». Cela nécessite de bien maîtriser de nombreux indicateurs scientifiques et socio-économiques. Le jeu consiste à deviner ce que deviendront les sociétés, selon des modèles d’évolution « raisonnables » ou « déraisonnables ».

    Propos recueillis à Ambam par JRMA