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Archives des Zacharie Roger Mbarga - Page 2 sur 11 - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Zacharie Roger Mbarga

  • Cemac : les dossiers du sommet extraordinaire

    Cemac : les dossiers du sommet extraordinaire

    La session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale se tient cette semaine à Yaoundé (22 novembre).

    Sur la table des chefs d’État, cinq dossiers principaux. Le premier de tous, c’est la situation économique. Près de trois ans après le sommet de décembre 2016, qui a adopté les mesures de sortie de la crise économique, les chefs d’État feront le point des réformes économiques et financières. Le président Denis Sassou Nguesso, en sa qualité de président dédié au Pref-Cemac, s’exprimera pour donner la situation dans chacun des pays. Le bilan est clairement contrasté.

    En vue d’améliorer cet état de fait, les États se sont engagés avec le FMI et la Banque mondiale en vue de prolonger la période d’ajustement. Seulement, ils ont souhaité que les efforts s’accompagnent d’un appui des institutions de Bretton Woods en matière de développement. Lors des assemblées annuelles, la Banque mondiale a donné son quitus. Ce sera le second sujet.
    Le troisième dossier, c’est la rationalisation des communautés économiques régionales Cemac-Ceeac.

    En sa qualité de président dédié, le chef de l’État du Cameroun et président en exercice de la Cemac fera constater que malgré des avancées, le processus piétine. Lors de la précédente session en mars dernier, le président de la République a annoncé l’organisation d’un sommet extraordinaire afin d’accélérer le processus. Aujourd’hui, la Ceeac annonce la mise en œuvre d’une réforme institutionnelle et l’organisation d’un sommet. Si ce n’est une mise en concurrence, il faut toutefois clarifier la convergence des deux dynamiques.

    La sécurité et l’accélération de l’intégration régionale sont les deux autres sujets. L’approfondissement de l’intégration régionale à travers la libre circulation des personnes et des biens, la complémentarité et l’interdépendance économique sont des gages pour asseoir une amélioration des indicateurs de vie des populations. Pour ce faire, il faudra maitriser des hypothèques et risques tels que l’insécurité.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Paris Peace Forum : le réveil de l’Afrique n’est pas pour demain!

    Paris Peace Forum : le réveil de l’Afrique n’est pas pour demain!

    Le monde serait en effondrement! Le multilatéralisme se meurt, l’unilatéralisme gagne en puissance. La France et l’Europe, pas moins innocentes, tentent de recoller les morceaux. Au moment où les tensions commerciales entre la Chine et les USA font rage, la France veut être le «tiers de confiance», indique Emmanuel Macron.

    Face aux velléités américaines de repli (MAGA-Make America Great Again et KAG-Keep America Great), la France et l’Europe veulent prendre le flambeau du monde libre et ouvert. L’Afrique, elle, peine à affirmer une position à elle.

    Faire valoir?
    Il serait peut-être sévère ou populiste de qualifier l’Afrique de faire valoir dans les dynamiques mondiales actuelles. Mais il est tellement difficile de pencher pour autre chose. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a, et rien d’autre. Eh bien, l’Afrique ne marchande qu’avec ce qu’elle estime comme étant monnaie d’échange.

    Le Forum de la paix de Paris ou Paris Peace Forum se positionne comme une grand-messe pour raviver le multilatéralisme. Son géniteur, Emmanuel Macron, avait ce slogan lors de sa création: «Make our planet great again». Le président français était donc l’un des premiers dirigeants du monde à se dresser publiquement contre Donald Trump. Mais depuis les tensions américaines et chinoises, l’Europe a cessé d’exister. Le discours est inaudible, les positions peinent à saisir.

    Rendu à sa seconde édition, le forum semble ne plus enthousiasmer comme à son départ. L’Afrique était quasiment à l’honneur à Paris. Mais quelle Afrique a-t-on écoutée? L’Union africaine n’était pas visible, certains leaders et dirigeants africains non plus. Peut-être est-ce dû au faible impact et à l’influence timide du patron à Paris, deux ans plus tard.

    Un monde fissuré
    «Le monde se fissure. Le statu quo n’est pas tenable. Quel État peut aujourd’hui, seul, réparer ces fissures, isolé du reste du monde? Aucun», a déclaré M. Guterres dans son discours d’ouverture.

    Le chef de l’ONU a évoqué en particulier cinq risques globaux: le danger d’une fracture économique, technologique et géostratégique. «Une planète divisée en deux, qui verrait les deux plus grandes puissances économiques asseoir leur pouvoir sur deux mondes séparés en compétition», a-t-il dit en référence implicite aux États-Unis et à la Chine;

    Une fissure du contrat social. «Nous assistons à une vague de manifestations dans le monde entier», a-t-il noté, relevant deux points communs entre tous ces mouvements de protestation: «une défiance de plus en plus grande des citoyens envers les institutions et dirigeants politiques» et «les effets négatifs d’une mondialisation associée aux progrès technologiques» qui accroissent «les inégalités au sein des sociétés»;

    La fissure de la solidarité. «La peur de l’étranger est utilisée à des fins politiques. L’intolérance, la haine deviennent banales. Des personnes qui ont tout perdu se voient désignées comme la cause de tous les maux. Cette instrumentalisation accentue la polarisation de la vie politique et le risque de sociétés fracturées», a-t-il dit. La fissure entre la planète et ses habitants. «La crise climatique est une course contre la montre pour la survie de notre civilisation», a-t-il souligné. La fracture technologique. Les nouvelles technologies représentent un potentiel fantastique, mais elles peuvent également être «un facteur de risques et d’accélération des inégalités», a-t-il déclaré.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Industrialisation de l’Afrique: comment intégrer les EFA dans les chaînes de valeurs?

    Industrialisation de l’Afrique: comment intégrer les EFA dans les chaînes de valeurs?

    Les pays au sud du Sahara restent grandement confrontés à cette problématique. La production agricole est grandement composée d’exploitations familiales.

    Un système communautaire qui peut s’avérer couteux pour le processus d’industrialisation. En effet, faire passer un cap au système agricole de bon nombre de pays africains nécessite un certain niveau d’investissement avec mécanisation et l’association d’une certaine ingénierie. Le processus industriel, particulièrement l’automatisation de la succession des opérations, doit être maîtrisé dans la production agricole. Des attelages sont montés derrière les tracteurs pour exécuter plusieurs opérations en une seule.

    Le labour, l’offsettage, la préparation du lit de semis et le semis peuvent se faire en une seule opération pour le riz ou le blé. Cette technologie a le mérite de réaliser en un seul jour une opération qui se faisait en 4 jours, ce qui donne la possibilité de multiplier les superficies cultivées au moins par trois. La production de la tomate dans les serres a boosté les rendements qui passent de 10 tonnes en moyenne dans une agriculture traditionnelle à 800 tonnes à l’hectare. C’est une performance jamais égalée par une culture, du fait seulement de l’industrialisation de la production dans la serre. Cette dernière reçoit toutes les technologies combinées dans une usine classique (propreté, process, qualité, normes, standards, maîtrise de l’énergie, systèmes opérationnels et maîtrise des couts).

    Contextualisation
    La production agricole de plusieurs pays africains est en majorité détenue par des exploitations familiales agricoles (EFA). Les individus ou les regroupements de producteurs (GIC) sont les seigneurs de la terre. La problématique de la réussite du tournant de l’industrialisation passe ainsi par l’optimisation des procédés qui sont les leurs. Toute chose qui implique la revue des stratégies et politiques agricoles de plusieurs pays africains.

    Les défenseurs et partisans de l’Agrobusiness accusent les exploitations familiales d’être à l’origine de la faible compétitivité de l’agriculture africaine. Malheureusement, dans leur plaidoyer, ils font souvent l’amalgame entre intensifications des investissements ou la concentration des capitaux et/ou des terres au profit d’une minorité et, professionnalisation et intensification des cultures d’autre part.

    L’agriculture familiale est présentée comme synonyme de «culture extensive», «méthodes traditionnelles», «absence de professionnalisme», «économie de subsistance» et autres qualificatifs qui ont tous pour objet de figer les producteurs dans des caractères stéréotypés d’ignorance et de conservatisme. Ce qui ouvre l’Afrique à l’abandon de son modèle d’économie agricole qui est son ADN.

    L’agriculture familiale a montré sa capacité à accroître significativement sa productivité même sur des petites superficies pour peu que les conditions soient réunies. Les cultures maraîchères, la riziculture, la culture de coton et l’arboriculture fruitière sont des exemples patents démontrant la capacité des exploitants familiaux à s’adapter et à adopter la «modernité». Cela se vérifie dans la mécanisation (culture attelée, motoculteur, tracteur), l’utilisation des engrais minéraux, des semences sélectionnées et des méthodes intégrées de lutte contre les ravageurs, la maîtrise des circuits et réseaux d’irrigation plus ou moins complexes, bref à travers une multitude de techniques et technologies qui reflètent une certaine modernisation de l’agriculture.

    Au moment où le continent africain s’engage dans la Zone de libre-échange continentale, il est temps pour nos dirigeants de penser à la dimension anthropologique de l’économie africaine. Il est possible de ne pas se laisser aspirer par le «tout libéralisme» en tirant les leçons de ses échecs chez les peuples qui l’ont conçu.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Sécurité alimentaire : et voici l’alliance des parlementaires de la sous-région

    Sécurité alimentaire : et voici l’alliance des parlementaires de la sous-région

    Les parlementaires de la sous-région se réunissent du 19 au 21 novembre à Brazzaville (Congo) à l’effet de créer le réseau des alliances des parlementaires de l’Afrique centrale. La rencontre se déroulera sur le thème: «une vision commune pour une alimentation et une nutrition améliorées à travers une agriculture durable».

    la FAO soutient l’initiative du parlement congolais

    L’objectif est d’engager les parlementaires des pays de la sous-région dans un lobbying politique afin d’amener les gouvernements de leurs pays respectifs à agir en faveur de l’Objectif de développement durable (ODD) portant sur l’éradication de la faim d’ici à 2030.

    Le forum s’articule autour de plusieurs sous-thèmes: «le législateur face à la problématique de la lutte contre la malnutrition» ; «le parlementaire et la gouvernance en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle»; «investissement et financement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle» ; «l’alliance parlementaire: un outil de mobilisation et de communication inter-acteurs» ; «renforcer la coopération sous-régionale pour mieux contrôler le marché alimentaire».

    Outre les parlementaires des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et du Parlement panafricain, l’initiative du parlement congolais accueille les représentants des départements ministériels (Santé, Action sociale, Agriculture et élevage, Pêche et aquaculture, Éducation, Recherche scientifique, Promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement, Environnement), les représentants des agences du système des Nations unies, de la société civile, etc.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Zlecaf : une stratégie régionale en gestation

    Zlecaf : une stratégie régionale en gestation

    En vue de tirer le meilleur profit des avantages de la Zlecaf, les pays de la Cemac vont adopter une stratégie régionale d’implémentation et de suivi de cet accord d’intégration économique à l’échelle continentale.

    Sous le lead du Cameroun et de la CEA, la Cemac aura une entrée consensuelle dans la zleacf

    La stratégie sera une conjonction des documents stratégiques nationaux de la Zlecaf, mais insistera sur les interconnexions entre les pays et au niveau régional. Cette perspective a été rappelée à l’ouverture des travaux du comité inter-Etat des experts de la Cemac. Le président de cette institution de l’union économique de l’Afrique centrale, Charles Assamba Ongodo, invite «la Commission de la Cemac à engager sans plus tarder des discussions avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale afin de déterminer la position de notre sous-région, en vue de la mise en œuvre de l’accord portant création de la Zone de libre échange continentale africaine qui a déjà été ratifié par la plupart de nos Etats».

    L’exhortation fait suite aux travaux d’un atelier à Douala, en septembre dernier, sous la présidence de la Cemac. Ladite rencontre réunissait les experts des six pays de la Cemac, de la Commission Cemac et des représentants de la CEEAC. Il en est ressorti l’adoption d’une dématérialisation consensuelle. Il s’agit de la liste des concessions tarifaires sur le commerce des biens. Elle est en principe transmise à l’Union africaine, puisque le délai était fixé à septembre 2019.

    Les participants aux travaux de Douala avaient suggéré à la Cemac une stratégie régionale, afin de pousser l’harmonisation jusqu’au bout. Cette mise en œuvre cohérente et dynamique de la Zlecaf (opérationnelle le 1er juillet 2020) permet aux pays de la Cemac de capitaliser les acquis de leur union douanière.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Financement du commerce : Afreximbank installe son Bureau régional à Yaoundé

    Financement du commerce : Afreximbank installe son Bureau régional à Yaoundé

    Elle est imminente, l’ouverture du Bureau Afrique centrale de la Banque africaine d’import-export Afreximbank.

    Les autorités camerounaises et le top management de l’institution panafricaine peaufinent les détails techniques de la signature de l’accord de siège, les éléments protocolaires en termes d’immunités et privilèges, puis le logement des services et du personnel.

    La plupart de ces dossiers sont gérés entre la présidence de la République et le ministère des Relations extérieures. Afin d’offrir l’encadrement juridique et diplomatique pour un établissement en toute quiétude de l’institution.

    Jusqu’ici, le Bureau d’Abidjan gérait les pays francophones d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale. Il se cantonnera désormais aux pays francophones d’Afrique de l’ouest et le Bureau de Yaoundé couvrira toute l’Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RD Congo, Tchad). Avec un commerce régional en recul, passé de 3,9% en 2017 à 2% en 2018 (note de conjoncture commerciale de la Cemac), les pays de la sous-région fondent un certain espoir en matière d’amélioration de la logistique de commerce dans les opérations d’import – export.

    Dans cette procédure d’octroi, le Cameroun a devancé la RDC, le Gabon et le Congo avaient fait acte de candidature. Les atouts structurels et conjoncturels de hub économique et commercial de la région ont joué en faveur de Yaoundé. C’est le 22 juin dernier que les actionnaires de la Banque ont pris leur décision lors des assemblées annuelles à Moscou.

    Après l’installation du Bureau régional de la Banque africaine de développement, le Cameroun voit son image de marque renforcée avec l’arrivée d’Afreximbank.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Commission de la Cemac : 88 milliards de budget pour l’année 2020

    Commission de la Cemac : 88 milliards de budget pour l’année 2020

    Il est en hausse de 5 milliards par rapport à l’année dernière. L’enveloppe de l’institution communautaire réservée aux missions essentielles n’octroie que 1,13% au fonds de développement de la sous-région.

    Le Comité inter-Etats de la Cemac, la semaine dernière à Yaoundé.

    Le projet de budget 2020 de la Commission de la Communauté des États de l’Afrique centrale vient d’être bouclé à Yaoundé, en fin de semaine dernière par le Comité inter-États de la Cemac. Globalement, il est fixé à 88 230 068 283 FCFA. Dans cette enveloppe, la part réservée au financement des projets intégrateurs représente un milliard de FCFA. Le reste est dédié au fonctionnement, et réparti entre la commission, les institutions, les organes spécialisés et les agences d’exécution. À demi-mot, Daniel Ona Ondo le reconnaissait dans son allocution d’ouverture des travaux du Comité Inter-États: «le projet de budget de la communauté au titre de l’année 2020 reste un budget de moyens, et a été élaboré pour permettre la réalisation des missions essentielles».

    Priorités
    L’échelle de priorités pour l’année 2020 est globalement connue. Il s’agit principalement d’assurer la marche des institutions de la communauté. Le but est de garantir le suivi des actions entreprises et donner un coup d’amélioration aux institutions de formation du système communautaire, afin d’amorcer une optimisation du capital humain. Sur ce point précis, le chef du gouvernement communautaire indique que «la part du budget réservée aux institutions de formation représente environ 20%. Nous pouvons être fiers de la qualité du travail réalisé par ces institutions de formations spécialisées».

    Il s’agit de l’École d’hôtellerie et de tourisme de la Cemac (EHT- Cemac), de l’École inter-États des douanes (EIED), l’Institut sous régional de statistiques et d’économie appliquée (Issea), l’Institut sous régional multisectoriel de technologie appliquée, de planification et d’évaluation des projets (Ista), l’Institut de l’économie et des finances – pôle régional (Ief-Pr), le Centre inter-États d’enseignement supérieur en santé publique de l’Afrique centrale (Ciespac). La contribution communautaire prévisionnelle à eux dédiée passe ainsi de 8 435 700 000 FCFA à 13 318 063 061 FCFA. Il est à noter que le Ciespac est devenu une institution spécialisée de la Cemac en avril 2019.

    Toutefois, plusieurs de ces institutions de formation jugent que les moyens restent insuffisants. Lors des travaux des experts, le président de la commission de la Cemac a rappelé à leurs dirigeants de «mettre en œuvre des solutions qui procurent des recettes propres et accroissent leur autonomie».

    Processus
    Les experts ont adopté le projet de budget et transmis le document au Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (Ueac) qui, en définitive, fera un dernier examen et pourra instruire des corrections. Il est prévu qu’ils se réunissent après la quinzaine du mois de novembre.

    La proposition soumise à l’examen des experts pourrait encore connaitre des arbitrages des ministres de l’Économie. Ceux-ci seront réunis en Conseil des ministres après la quinzaine du mois en cours. La validation des ministres de l’Économie ouvrira la porte à l’étude dudit budget par le parlement communautaire. L’institution installée à Malabo (Guinée Équatoriale), dans le respect de la tradition communautaire et des textes en vigueur, fera une lecture diagonale.

    Notons que le budget communautaire de l’exercice 2019 se chiffrait en recettes et dépenses à la somme de 83 096 000 FCFA. L’année prochaine, il sera donc en hausse, après deux baisses consécutives. Peut-être un indicateur de la bonne santé financière. Difficile à croire toutefois!

    Zacharie Roger Mbarga

    TCI 

    Ce serpent de mer 

    La principale recette du budget communautaire demeure insuffisamment reversée par les États, empêchant le financement propre des projets intégrateurs.

     

    Depuis son institution, la meilleure performance de la taxe communautaire d’intégration (TCI) a été enregistrée en 2018. Elle a été reversée à hauteur de 46%. Daniel Ona Ondo félicite cette évolution. Il révèle en effet qu’«en moyenne, depuis quelques années, elle n’a guère dépassé le niveau de 40%». Pour l’exercice 2019, la TCI représente (en prévision) 71,40% des recettes globales. Mais le président avoue que la commission s’attend à niveau de reversement de 42%. Il est clair que l’optimisme n’est pas de mise. Comment combler le gap?

    Les exercices budgétaires antérieurs démontrent la difficulté. En 2018, les États membres ont réalisé une performance médiocre avec moins de 45%. Cette situation a obligé la Cemac à rechercher plus de 30 milliards FCFA pour financer son budget, l’enveloppe de l’institution communautaire ayant été fixée à 97 milliards FCFA. Pour l’exercice 2019, il était attendu 40 milliards FCFA au titre de la TCI courante et 18 120 000 000 FCFA de liquidation des arriérés des États. Le tout pour une enveloppe budgétaire de 83 096 804 000 FCFA. Pour 100% de réalisation des prévisions budgétaires de 2019, on peut estimer la contribution de la TCI au budget de la Cemac 2019 à 69,94%, soit 48,13% pour la TCI courante uniquement et 21,80% pour les arriérés.

    Concurrence
    Le problème de fond demeure sempiternellement la concurrence entre les trésors nationaux et les comptes TCI. Les sommes recouvrées transitent encore par les administrations des finances. Car au niveau des douanes, elle est bel et bien perçue, mais pas reversée de manière optimale. Daniel Ona Ondo le dit, «il est difficile de le comprendre, alors que les importations de la zone ne se sont pas effondrées, et sont même dirigées à la hausse, que la TCI, en réalité une recette affectée, et donc en théorie, de nature déconnectée des trésors nationaux, soit si compliquée à recouvrer!».

    Dans son rapport sur l’exécution de sa feuille de route, Idriss Deby s’insurge en affirmant que «l’immixtion des administrations des trésors nationaux dans la procédure de recouvrement de la TCI est de la sorte toujours avérée, déjouant continuellement les prévisions».

    Impasse
    Plusieurs solutions ont été tentées en vain. Depuis sa création en 2000, la TCI a connu plusieurs ajustements, modifications et suspensions. En 2001, on a eu un acte additionnel modifiant celui de 2000 et portant reprécision; l’Acte additionnel du 28 janvier 2004 portant recouvrement des recettes collectées au titre de la TCI; l’Acte additionnel du 20 février 2009 portant disponibilité intégrale de la TCI et recouvrement immédiat des arriérés de ladite taxe; l’Acte additionnel du 25 juillet 2012 portant renforcement du mécanisme de la TCI et les actes additionnels du 25 février 2016, réaménageant la TCI et celui du 31 octobre 2017 réinstituant la mise à disponibilité intégrale de la TCI par les États.

    Zacharie Roger Mbarga

    Financement alternatif

    La difficile transition

    L’instruction des chefs d’État pour des financements alternatifs de l’intégration se cherche des bases solides.

     

    Les chefs d’État de la Cemac, réunis en session ordinaire en mars 2019 à Ndjamena (Tchad), ont instruit la recherche des méthodes de financements alternatifs à la commission. Dans le communiqué final de cette 14e session, la conférence a «particulièrement exhorté le président de la commission de la Cemac à approfondir la réflexion sur les sources alternatives de financement de la communauté».

    En attendant les scénarios ou les simulations qui viendront de la commission, il est légitime de s’interroger sur la viabilité d’une telle mesure, notamment le degré s’implication. Siegfried Kamga, expert en géostratégie, estime que les États ont confié au président Paul Biya une mission quasi impossible. Pour lui, «si les États n’arrivent déjà pas reverser le fruit d’un effort qui n’est pas le leur, à plus forte raison une option adossée sur leur production.

    Expériences difficiles
    Le dossier des sources alternatives de financement de la Cemac est ancien. Dès 2008, en application de la même instruction des chefs d’État, le tout premier président de la commission, Antoine Ntsimi, propose un prélèvement de 0,003 % par baril vendu. Les États ont freiné des deux pieds et la formule a été abandonnée jusqu’à présent.

    À la suite de cela, il va proposer aux États de débiter leur compte à la Beac. La formule va être validée en conférence des chefs d’État en 2009. Les pressions informelles des États pour la non-application de cette mesure feront prendre l’eau à cette unième proposition. Pour Daniel Ona Ondo, la tâche ne s’annonce pas aisée.

    ZRM

    Institutions spécialisées

    Les parents pauvres de l’intégration

    En charge des programmes sectoriels à forts impacts pour les populations, les institutions spécialisées et agences d’exécution de la communauté ne reçoivent que 34,71% de l’enveloppe budgétaire.

    La lutte contre la chenille du légionaire et l’augmenetation de la production du maïs, un impératif pour la Cebevirha et le Cpac

    Elles sont 13 institutions, organes et agences. Elles sont réparties en trois catégories: les institutions de formations, les institutions de recherche et de mise en œuvre des projets et les agences d’exécution.

    La première catégorie compte six institutions de formation de la communauté. Elles contribuent au développement du capital humain de la communauté. Il s’agit de l’École d’hôtellerie et de tourisme de la Cemac (EHT-Cemac), de l’École inter-États des douanes (EIED), l’Institut sous régional de statistiques et d’économie appliquée (Issea), l’Institut sous régional multisectoriel de technologie appliquée, de planification et d’évaluation des projets (Ista), l’Institut de l’économie et des finances – pôle régional (Ief-Pr), le Centre inter-États d’enseignement supérieur en santé publique de l’Afrique centrale (Ciespac). La contribution communautaire prévisionnelle à eux dédiée s’élève à 13 318 063 061 FCFA.

    La seconde catégorie, qui rassemble les institutions de recherche et de mise en œuvre des projets, compte 5 institutions: la Commission internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (Cicos), pôle régional de recherche appliquée au développement des systèmes agricoles d’Afrique centrale (Prasac), le Comité inter-État des pesticides d’Afrique centrale (Cpac), le Comité des chefs de police d’Afrique centrale (Ccpac-Interpol) et l’Agence pour la supervision de la sécurité aérienne en Afrique centrale (Assa-Ac). Ce sont ces institutions qui rendent visibles et physiques la régionalisation des États. Leur enveloppe s’élève à 6 619 370 000 FCFA.

    La troisième catégorie rassemble les agences d’exécution. Il s’agit de la Commission économique du Bétail, de la viande et des ressources halieutiques (Cebevirha) et de l’Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique centrale (Oceac). Leur enveloppe prévisionnelle se chiffre à 13 224 041 560 FCFA.

    Affectations
    Plusieurs premiers dirigeants saluent les enveloppes budgétaires qui leur sont octroyées. L’Issea va ainsi pouvoir réaliser l’extension de son campus et augmenter les capacités d’accueil. Idem pour l’Eht-Cemac, qui va accroitre le curriculum de formation avec l’ouverture de la licence professionnelle et étudier le cycle master.

    Pour la protection des ressortissants contre la mauvaise manipulation des pesticides, le Cpac envisage de former des formateurs dans l’ensemble des 6 pays. Ils seront plus proches des producteurs et des vendeurs dans les plantations et dans les marchés. Le Cpac a l’ambition d’accroitre la dynamique d’harmonisation des infrastructures nationales en matière de pesticides.

    La Cebevirha recherche des financements pour son ambitieux plan d’action de développement de l’agro-industrie sous-régionale. L’Oceac essaie, tant bien que mal, d’accélérer la mise en place des programmes sous-régionaux d’harmonisation des politiques pharmaceutiques nationales et de lutte contre les pandémies (sida, paludisme, trypanosomiase humaine africaine…).
    Il va donc de soi qu’il y a matière à offrir plus de ressources, sans dégrader la dépendance à l’extérieure.

    Zacharie Roger Mbarga

    Cemac 

    Les prémices d’un sommet extraordinaire 

    Annoncé pour la dernière huitaine du mois en cours, le sommet extraordinaire de la Cemac se dessine progressivement. Analyse.

    Remise du courrier du Président Ali Bongo

    Deux émissaires du président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Cemac parcourent la sous-région à l’effet de remettre en main propre des plis fermés. Ces derniers sont destinés aux pairs du président Paul Biya. Plusieurs indicateurs laissent convaincre que la Cemac sera au menu des prochaines échéances.

    Indicateurs
    La tradition administrative et protocolaire du Cameroun voudrait que les émissaires du président de la République soient choisis en fonction de l’objet. En l’occurrence, il s’agit du ministre des Finances et de celui de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat). Dans le cadre du mandat du Cameroun à la Cemac, les deux membres du gouvernement assument respectivement les fonctions de président du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) et de président du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (Ueac).

    La situation économique, financière et monétaire de la Cemac se veut le principal centre d’intérêt des échanges épistolaires entre le président Paul Biya (seul émetteur), par ailleurs président en exercice de la plus grande institution de la Cemac, et ses pairs.

    Second indicateur, les indiscrétions des managers communautaires. Un responsable au cabinet du président de la commission a confié, sous anonymat, qu’ils avaient été tenus informer de la volonté du patron (président Paul Biya) à rassembler ses pairs d’ici le 22 novembre au cours d’une session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État.

    Troisième indicateur, l’ajournement de la 34e session du conseil des ministres de l’Ueac. Censé se tenir ce 4 novembre, comme de tradition après les travaux du Comité inter-État des experts, la rencontre a été renvoyée. Notre source indique que la session devrait se tenir au tour du 20 novembre. Toutefois, pour une session extraordinaire des chefs d’État, il faudra tenir une session extraordinaire de l’Ueac. Affaire à suivre.

    Dossiers
    Il est difficile d’épiloguer sur l’agenda des chefs d’État de la Cemac. Toutefois, les dossiers ne s’écarteront pas de la situation économique, financière et monétaire de la sous-région. Cet évènement se tient près de 3 ans après le sommet extraordinaire de décembre 2016, au lendemain des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, et au regard de la difficile marche synergique dans la mise en œuvre des réformes économiques et financières exigées et nécessaires. On note l’approfondissement de l’intégration régionale via le commerce régional, la libre circulation, mais surtout l’amélioration de la cohérence économique à travers l’approfondissement de la complémentarité et de l’interdépendance économique. On peut également s’attendre à ce que le président Biya, dont cet acte marquera le premier de son mandat communautaire, communique sa feuille de route.

    Zacharie Roger Mbarga

    Management communautaire 

    Les premiers bilans d’Ona Ondo

    À mi-parcours, le président de la commission de la Cemac dresse un bilan positif de son action depuis sa prise de fonction. Morceaux choisis.

     

    «Il y a deux ans, presque jour pour jour, nous avons été portés à la tête de notre institution, dans un contexte marqué par l’errance de la commission, la crise économique des États membres de notre communauté et de réelles contraintes sécuritaires.
    Le chemin parcouru a été positif. Notre institution a retrouvé sa stabilité. Les économies ont retrouvé le sentier de la croissance.

    Certes, tout n’a pas été parfait, loin s’en faut. Il existe encore des facteurs de vulnérabilité: la faible croissance du secteur non pétrolier; la faiblesse du commerce régional; la faible mobilisation des ressources internes; l’endettement et j’en passe.
    Mais nous avons retenu une leçon: la sortie de la crise n’a été possible que de façon solidaire et concertée.

    Nous avons retenu que l’intégration régionale peut être un levier important de développement de nos économies, car elle permet de donner une plus grande dimension économique; elle permet la création des chaines de valeurs entre nos pays; elle permet l’économie des devises».

    Daniel Ona Ondo, président de la commission de la Cemac, extrait du discours d’ouverture des travaux du comité inter-État des experts. Yaoundé, 31 octobre 2019.

  • Financement de développement : 125 % d’augmentation du capital de la Bad

    Financement de développement : 125 % d’augmentation du capital de la Bad

    Souhaitée et voulue par son top management, le capital de base de l’institution panafricaine passe de 93 milliards à 208 milliards dollars US.

    Plus de moyens pour la réalisation des High 5

    C’est la 8e et la plus importante hausse du capital dans l’histoire de la Banque africaine de développement (Bad). 115 milliards dollars US d’augmentation du capital. Les gouverneurs de la Banque africaine de développement, représentant des actionnaires de 80 pays, l’ont approuvé lors de l’Assemblée extraordinaire des actionnaires tenue à Abidjan, le 31 octobre dernier.

    Affectations
    La valorisation de cet appoint permettra, selon la Bad, de connecter à l’électricité ou d’améliorer les branchements électriques de 105 millions de personnes; faire bénéficier à 244 millions de personnes des améliorations dans l’agriculture; faire bénéficier des projets d’investissements à 15 millions de personnes; offrir un meilleur accès au transport à 252 millions de personnes et optimiser l’accès à l’eau et à l’assainissement pour 128 millions de personnes. Pour le président de la Bad, «la Banque continuera de jouer son rôle de chef de file dans le développement des infrastructures, le renforcement de l’intégration régionale, l’aide à la réalisation des ambitions de la Zone de libre-échange continentale africaine, l’appui aux États fragiles pour renforcer leur résilience, la gestion durable de la dette, la lutte contre le changement climatique et la stimulation des investissements du secteur privé. Nous ferons beaucoup plus. C’est un moment historique».

    Processus
    Dans son programme décennal d’implémentation des 5 priorités stratégiques (High 5) de la Bad, Akinwumi Adesina avait martelé son souhait de convaincre les actionnaires à relever le niveau d’ambition de l’institution. Il y a deux ans, la Banque africaine de développement a ainsi lancé des discussions en vue d’une augmentation générale du capital à l’effet d’accélérer la mise en œuvre de sa stratégie de développement, des objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

    Ces objectifs ont été repris lors des deux dernières assemblées annuelles de la Bad à Busan (Corée du Sud) en 2018 et à Malabo (Guinée Équatoriale) en 2019.Il y a eu une montée en puissance de cette ambition. Des consultations par région des gouverneurs pays (ordonnateurs) se sont déroulées au siège à Abidjan entre les deux évènements.

    S’exprimant lors de la cérémonie d’ouverture, le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a déclaré: «En intégrant les priorités du continent à travers le programme des “High-Five”, le Groupe de la Banque africaine de développement se révèle être un partenaire stratégique de premier plan pour les gouvernements africains».

    Bilan
    Au cours des quatre dernières années, la Banque africaine de développement a obtenu des résultats tangibles sur le terrain, par l’intermédiaire de ses «High5».Elle a contribué à plusieurs projets: raccorder 16 millions de personnes au réseau électrique; fournir à 70 millions de personnes des technologies agricoles en vue de la sécurité alimentaire; donner à 9 millions de personnes un accès au financement par le biais d’entreprises privées; offrir à 55 millions de personnes des services de transport améliorés et à 31 millions de personnes l’accès à l’eau et à l’assainissement.

    Selon le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, «Nous avons accompli de grandes choses, mais il reste encore beaucoup à faire. Notre responsabilité est de contribuer, très rapidement, à améliorer la qualité de vie des populations africaines. Cette augmentation générale du capital représente un engagement très fort de tous nos actionnaires à voir se concrétiser des projets de meilleure qualité, qui auront un impact significatif sur la vie des populations en Afrique dans les villes, dans les communautés rurales et pour des millions de jeunes gens et de femmes».

     

    Smail Chergui

    La pupille de la Russie à l’Union africaine?

    Le vent de critique a été ouvert par Djibouti. Il est reproché au commissaire algérien ses liens avec le pays de Vladimir Poutine.

    Ancien chef de mission diplomatique d’Alger à Moscou, Smail Chergui est accusé par un État membre de l’Union africaine d’être l’œil de Moscou à Addis-Abeba. Selon l’État djiboutien, il n’est pas anodin que le Conseil de paix et de sécurité ait aussi facilité le positionnement de l’État russe dans la résolution de certains conflits en Afrique, notamment en RCA.

    D’un point de vue personnel, Djibouti ne voit pas d’un bon œil le fait que le commissaire à la paix et à la sécurité soutienne une résolution de l’Union africaine qui vise globalement à fustiger la présence des bases militaires étrangères en Afrique. Le pays du président Ismail Omar Guelleh, soutenu par certains autres en Afrique, estime que la directive de l’UA est anti- occidentale et favorise la position de la Russie. Interrogé sur cette question lors des deux réunions du Conseil de paix et de sécurité (août et octobre), Smaïl Chergui n’a pas donné suite. La Russie avait d’ailleurs été invitée à la session d’août.

    Le ministre des Affaires étrangères djiboutien, Mahmoud Ali Youssouf, est allé jusqu’à demander à ses diplomates auprès de l’Union africaine(UA) et en Éthiopie d’avoir dans leur viseur le commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l’UA, l’Algérien Smaïl Chergui, soupçonné d’avoir un agenda néfaste aux intérêts de Djibouti. Autre conséquence, Djibouti a décidé de rejoindre le Maroc qui est en litige avec l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental. Un moyen pour Djibouti de mettre la pression sur Alger à l’effet d’écourter le séjour diplomatique de son commissaire à l’UA.

    Le pays est une plateforme de bases militaires étrangères. Il abrite celles des États-Unis d’Amérique, de la Chine, du Japon, de la France, de l’Italie et de l’Arabie Saoudite. Ce positionnement diplomatique de Djibouti a fait qualifier cette stratégie de «diplomatie du commerce des bases militaires».

    Smaïl Chergui est commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité depuis le 12 octobre 2013. Il a succédé à ce poste à Nkosazana Dlamini-Zuma, qui remplaçait à titre temporaire Ramtane Lamamra. Il a été ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République algérienne démocratique et populaire en Fédération de Russie entre 2001 et 2008. Il a également assumé les fonctions de consul général à Genève (Suisse) et de chef de mission diplomatique en Éthiopie.

    Zacharie Roger Mbarga

    Immigration intra-africaine 

    Le Maroc régularise 23.000 Africains

    Une opération exceptionnelle de régularisation des migrants a été mise en place en milieu de semaine dernière.

     

    27 649 demandes de régularisation ont été traitées entre 2014 et 2015. Suite à cela, 23 096 personnes ont été régularisées, dont des mineurs non accompagnés et plus de 10.000 femmes.

    Lors d’une conférence de presse à Rabat le 31 octobre dernier, Ahmed Lahlimi Alami, patron du Haut-commissariat au Plan marocain a expliqué, dans un document rendu public, qu’une «deuxième phase d’intégration des personnes en situation irrégulière» avait été lancée le 15 décembre 2016, pour une durée d’un an.

    À la date du 31 décembre 2017, 28 400 demandes de régularisation, représentant 113 nationalités, ont été déposées par des migrants en situation irrégulière dans 83 provinces et préfectures du royaume.

    Le Haut-commissariat au Plan (HCP) a mené une enquête sur la migration internationale en vue d’appréhender tous ses contours au Maroc. Dans sa relation de coopération avec l’Afrique, «le Maroc peut aussi inspirer plusieurs pays».

    Le Maroc a été longtemps considéré comme un pays d’émigration, avant de devenir progressivement une destination pour des milliers de migrants subsahariens et arabes, venus volontairement, contraints par les conditions économiques ou politiques difficiles de leurs pays ou à la recherche d’un avenir meilleur.

    Le royaume a d’ailleurs entrepris un vaste chantier de réformes de sa Stratégie nationale pour l’immigration et l’asile (SNIA). Cette stratégie qui vise à assurer une meilleure intégration des migrants (irréguliers, régularisés, réfugiés, demandeurs d’asile et toute personne étrangère en situation de vulnérabilité au Maroc) et une meilleure gestion des flux migratoires dans le cadre d’une politique cohérente, globale, humaniste et responsable. Toute chose qui renforce le leadership du Maroc sur les questions migratoires en Afrique et donne une suite éloquente au discours du roi Mohamed VI lors du sommet Union européenne-Union africaine de novembre 2017 à Abidjan (Côte d’Ivoire).

     

  • Lac Tchad : une stratégie de redressement du pourtour

    Lac Tchad : une stratégie de redressement du pourtour

    En pleine tournée de vulgarisation de la stratégie de stabilisation de la région du lac Tchad, le secrétaire exécutif tente d’être le VRP de la renaissance de la coopération dans cette région d’Afrique. L’organisation hydro-politique et hydro-diplomatique souffre de plusieurs maux que la montée en régime du groupe terrorisme Boko Haram est venue exacerber. Le principal c’est le sous-financement.

    Alors que la stratégie de stabilisation sollicite 59 milliards FCFA pour sa mise en œuvre, le budget de la Commission du bassin du lac Tchad (Cblt) se situe à 17 668 916 000 FCFA. Plusieurs États n’ont pas transmis leur contribution alors que l’exercice court à son terme. Et même si l’alimentation du fonds de stabilisation échoit davantage aux partenaires (UE, GIZ, USAID, AFD, ONU et autres bailleurs de fonds), les États ont une contribution financière importante à fournir.

    Sensibilisation
    Toute la semaine dernière, l’ambassadeur Mamman Nuhu, secrétaire exécutif de la Cblt, a rencontré les autorités pour leur transmettre la stratégie et faire le plaidoyer de l’arrimage du Cameroun. Dévastée par les menées terroristes de la secte islamiste Boko Haram et anesthésiée par l’assèchement du Lac, la région attend de se reconstruire. La stratégie comprend 9 piliers: la coopération politique, la sécurité et les droits de l’homme, le désarmement, la démobilisation, la réhabilitation et la réintégration, l’assistance humanitaire, la gouvernance et le contrat social, la relance socioéconomique et la gestion durable de l’environnement, l’éducation, la planification et les compétences, la protection de la biosphère et de la faune et l’autonomisation de la femme et de la jeunesse.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Perspectives économiques : la Guinée Équatoriale identifiée comme risque

    Perspectives économiques : la Guinée Équatoriale identifiée comme risque

    Les perspectives économiques de la Cemac pour 2019 et 2020 sont «globalement favorables. La croissance poursuivrait son redressement pour se hisser à 2,7 % en 2019 et 2,9% en 2020».

     

    Ces données sont partagées par le rapport définitif de surveillance multilatérale 2018 et les perspectives pour 2019 et 2020.Toutefois, plusieurs risques pourraient obérer la réalisation effective de ces tendances prévisionnelles. La Guinée Équatoriale en constitue le premier. Ledit rapport élabore son hypothèse en ces mots: «un nouveau retard dans la conclusion du programme économique et financier de la Guinée Équatoriale avec le FMI pourrait contraindre la mobilisation des appuis budgétaires attendus par ce pays et peser sur l’atteinte des objectifs en termes de rétablissement de la position extérieure de la zone».

    Précisément, la situation économique de la Guinée Équatoriale a été marquée par une sixième année de récession. Depuis 2013, ce pays connaît une croissance économique nulle. En 2018, la croissance réelle s’est établie à -3,1%, et pour les années à venir, rien ne présage une optimisation significative. Ceci est principalement dû à la poursuite de la récession dans le secteur pétrolier (10,3% après 6,5 l’année précédente), malgré la poursuite de la croissance du secteur hors pétrole (4,2% en 2018 contre 2,8% en 2017).

    Les perspectives d’évolution de l’économie équato-guinéenne entre 2019 et 2020 resteraient défavorables, en raison principalement des incertitudes entourant la conjoncture du secteur pétrolier aux plans international et national. En effet, les principaux puits pétroliers sont arrivés à maturité, malgré l’augmentation des investissements dans ce secteur. Ainsi, les projections à moyen terme tablent sur une poursuite de la récession jusqu’en 2020, passant d’une croissance de -4,7% en 2019 à -2,8% en 2020. L’inflation serait en hausse sur la période, mais resterait inférieure à la norme communautaire de 3%.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Libre circulation des personnes : le Congo veut se limiter à la CNI

    Libre circulation des personnes : le Congo veut se limiter à la CNI

    Une réciprocité pour la fluidité du mouvement des personnes et de biens

    Par souci de réciprocité envers le Cameroun, la Centrafrique et le Tchad, le Congo pense sérieusement à n’exiger que la carte nationale d’identité (CNI) aux ressortissants de la Cemac, candidat à un séjour de 90 jours sur son territoire. Au ministère congolais de l’Économie, une proposition est en cours d’être formulée au gouvernement puis au parlement.

    Le pays de Denis Sassou Nguesso voudrait faciliter les échanges et le libre séjour des populations d’une part, mais surtout des opérateurs économiques. C’est le début de la formalisation d’une vieille ambition.

    Pour rappel, le 16 septembre dernier à Yaoundé, à l’occasion de la présentation du document de stratégie d’intégration régionale de la Bad en Afrique centrale, Daniel Molongandzeyi, chef du département de l’intégration régionale au ministère congolais de l’Économie, déclarait «avoir suggéré à sa hiérarchie que les Camerounais et les Tchadiens doivent aussi rentrer [au Congo] avec leurs cartes nationales d’identité. Si les Congolais peuvent rentrer dans ces pays en présentant ce seul instrument sécurisé, par réciprocité, il devrait en être autant».

    Denis Sassou Nguesso, champion des projets PIDA (Programme de développement des infrastructures en Afrique de l’UA) en Afrique centrale voudrait tenir une promesse faite à l’UA: «le Congo ne tirera pas la libre circulation en arrière».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Mondial de Football U17 : l’Afrique évalue sa formation

    Mondial de Football U17 : l’Afrique évalue sa formation

    Le mondial de football de la catégorie des 17 ans et moins est certes celui de l’expression des talents. Mais le tournoi permet également aux pays en compétition de mesurer leur infrastructure de formation. Notamment les aspects techniques : système de jeu, disciplines tactiques, concentration, esprit de compétiteur, positionnement, aisance dans le maniement du ballon, intelligence de jeu voire même le caractère.

    L’Afrique s’est évaluée lors de la dernière Can de la catégorie remportée par le Cameroun. Mais au Brésil, c’est l’évaluation grandeur nature. Alors que la phase de poule tire à sa fin, on peut faire un premier bilan.

    Si la plupart des équipes africaines ont joué de manière décomplexée, certaines ont mis sous le boisseau l’esprit de compétition et le caractère. Le Nigéria, l’Angola et le Sénégal ont réussi leur entame. Fort de son statut de pays le plus titré, le Nigeria a abordé la compétition avec de grandes ambitions. Il a terminé en tête de son groupe au terme de la phase de groupe. Une ambition ressentie chez les autres représentants du continent mais à des degrés divers. Le Cameroun s’est lui-même condamné en échouant devant le moins compliqué. Le Sénégal termine deuxième de sa poule après avoir perdu contre le Japon. Même sort pour l’Angola qui a laissé la première au pays organisateur (Brésil) dans les dernières minutes du match.

    Optimiser la formation
    Le lien étroit entre qualité de la formation et carrière ou performance en compétition n’est plus à démontrer. Plusieurs obstacles structurels freinent le développement du football des petites catégories au niveau des centres de formation en Afrique. La première remarque en est le manque de niveau voire le manque de compétence de la plupart des entraîneurs qui appliquent le programme d’entraînement. Ceci a tendance à compromettre sévèrement la qualité de la formation chez ces jeunes. La deuxième remarque est le manque de moyens des centres et leur nombre pléthorique. Le manque de moyens et d’infrastructures des clubs sénégalais adéquat pour la formation intégrale. A l’heure actuelle plusieurs centres de formation de foot sont mis en place en Afrique alors qu’ils ne remplissent pas les conditions minimales.

    L’arrivée de l’Etat dans la formation à travers des académies et centres nationaux démontrent que c’est une préoccupation d’Etat. Mais les résultats demeurent pour l’instant peu visibles.

    De notre point de vue, il serait intéressant que la coupe du monde serve de théâtre à la conclusion des partenariats entre fédération. Notre solution est la signature des partenariats entre centre de formation, afin d’éviter dans un sens l’exode des talents, dans l’autre la mise à niveau intégrale de l’infrastructure africaine de formation des jeunes footballeurs.

    Il est clair que le développement du football occidental passe par l’attractivité pour les joueurs africains. De meilleurs africains amélioreront davantage les compétitions.

    Continent leader
    Après 17 éditions, le Nigeria se présente en effet comme la nation ayant le plus de titres au palmarès. Au total, les Golden Eaglets ont été sacrés champions du monde à 5 reprises. Ils devancent le Brésil (3 titres) ainsi que le Ghana et le Mexique (2 titres). Le dernier titre en date est celui de 2015 remporté au terme d’une finale 100% africaine devant les Aigles du Mali (2-0 avec notamment un but d’un certain Victor Osimhen). A cela, s’ajoutent les Mondiaux gagnés auparavant, précisément en 1985, 1993, 2007 et 2013.

    Notons qu’au niveau des sacres par continent, l’Afrique domine, et de loin, avec 7 titres, devant l’Europe (4 titres), l’Amérique du Sud (3 titres), l’Amérique du Nord (2 titres) et l’Asie (1 titre). Bien sûr, les mauvaises langues diront toujours que les sélections africaines n’alignent pas forcément que des joueurs de moins de 17 ans, mais il faut souligner que d’importants efforts ont été réalisés ces dernières années pour lutter contre la fraude sur l’âge.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Grands Lacs: les difficultés de la défense commune

    Grands Lacs: les difficultés de la défense commune

    Les pays membres de la conférence internationale de la région des Grands Lacs (Cirgl) échouent jusqu’à présent à l’institution d’une infrastructure de défense commune.

    Encore beaucoup à faire!

    Plusieurs chefs d’État ne semblent pas encore emballés par le projet. Ils y voient une poche de dépense supplémentaire, mais surtout l’obligation de partager des renseignements avec des voisins peu fiables. Illustration, les tensions entre le Rwanda et l’Ouganda. Malgré la signature, le 21 août 2019, d’un mémorandum d’accord à Luanda, sous l’impulsion de la Cirgl, les deux pays ont apaisé leurs relations. Mais ils ne se sont pas pour autant rapprochés.

    Pourtant, cette idée d’une défense commune totale est soutenue par la République démocratique du Congo (RDC). Par le passé, il est de notoriété publique que Kinshasa constituait un accélérateur de l’insécurité. Pour Georges Berghezan, «cet objectif de coopération militaire n’est pas réaliste». Le chercheur au Grip (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité) de Bruxelles estime qu’il y a plus de contraintes que de circonstances favorables. Les principales contraintes étant les prédispositions des États.

    Pour l’heure, les pays s’activent aussi autour d’un état-major conjoint de leurs forces armées. La situation dans la région reste marquée par les tensions et l’insécurité, la détérioration de la situation humanitaire, la présence de groupes armés étrangers et de diverses milices.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Russie-Afrique : la révolution n’a pas eu lieu!

    Russie-Afrique : la révolution n’a pas eu lieu!

    Le chapelet de belles promesses et de bonnes intentions a encore retenti. L’Afrique se contentera d’une volonté de doubler de la coopération entre les deux entités.

    Ce qui a émergé c’est l’appui sur la sécurisation de l’Afrique, notamment le bourbier sécuritaire du Sahel, mais également un C2D russe sur les 20 milliards de dollars de dettes africaines envers la Russie.

    Lors de la réunion de Sotchi, l’ancienne puissance communiste a mis en avant son expertise militaire. Si de grands contrats d’armement n’ont pas été annoncés, la Russie a multiplié en amont les accords de coopération militaire et de défense avec plusieurs pays africains. Le Mali, qui en fait partie, est en proie à une menace terroriste (au nord et au centre) que peine à juguler la Force conjointe du G5 Sahel.

    La Russie a aussi trouvé des marchés pour son industrie nucléaire. L’Éthiopie a signé avec Rosatom, l’entreprise publique russe déjà présente en Zambie, un accord qui prévoit la création d’un réacteur expérimental pour combler son déficit énergétique. Le Rwanda, lui, est sorti du sommet avec un accord prévoyant la construction d’un centre de recherches sur le nucléaire.
    Moscou s’est aussi rapproché des mines africaines en signant des accords de prospection en matières premières avec le Soudan du Sud et la Guinée Équatoriale, deux pays riches en pétrole. Sur le marché africain des hydrocarbures, les géants russes Gasprom et Rosneft répondent aussi présents.

    Lors du sommet de Sotchi, Vladimir Poutine lui aussi n’a pas manqué de se poser en rempart contre les tentatives de renversement des régimes africains: «Plusieurs pays sont confrontés aux conséquences des Printemps arabes. Résultat: toute l’Afrique du Nord est déstabilisée… Dans cette région, mais aussi dans les zones du Sahara et du Sahel, dans la région du lac Tchad, on trouve de nombreuses organisations terroristes, notamment Daech, Al-Qaïda, Boko Haram et Al-Shebab. C’est pourquoi il nous semble important d’accroître les efforts conjoints de la Russie et de l’Afrique dans le domaine de la lutte antiterroriste».

    Mais la Russie pourrait très vite se trouver en porte-à-faux avec les aspirations d’une jeunesse africaine plus favorable aux alternances et aux valeurs démocratiques. «Avec ce type de discours, il y a en effet un risque d’être en décalage avec les attentes de la société civile. La Russie en a déjà fait les frais au Soudan avec le renversement d’Omar El-Béchir (proche de Moscou)», explique Igor Delanoë.

    Et l’Afrique?
    L’Afrique n’a-t-elle recherché que la protection? Pas de positionnement stratégique? S’agit-il d’une alliance de matière première contre la protection de l’ours russe?
    La Russie, qui est un vaste marché et une puissance technologique en devenir, n’a donc pas ouvert son marché au tissu productif africain?

    Les projets industriels, scientifiques et techniques seront-ils de nature à doter les ingénieurs africains de savoirs et savoir-faire: telle la sous-traitance africaine dans la fabrication des satellites et la présence d’astronautes africains lors de la mise en orbite? Peut-on s’attendre à ce que la Russie installe en Afrique un laboratoire pour tout ce qui est high-tech.

    Rendez-vous dans trois ans en Afrique!

    Zacharie Roger Mbarga

  • Bassin du lac Tchad : Quartier de la nouvelle conquête du djihadisme

    Bassin du lac Tchad : Quartier de la nouvelle conquête du djihadisme

    L’établissement des groupes armés islamistes dans cette région fait partie d’un vaste mouvement de montée en puissance sur le continent africain. 

    Le Lac Tchad a assisté à l’éclosion de la dynamique Boko Haram

    L’enracinement des groupes islamistes dans le périmètre du bassin du Lac Tchad n’est pas une génération spontanée. Ce serait un wagon d’un nouvel impérialisme islamiste mondial. Ramani Yie, politiste et géostratège, porte la paternité de cette analyse. Pour lui, «il s’agit d’un vent violent qui souffle sur l’Afrique par l’action des conquérants djihadistes qui reviennent sous une nouvelle forme: Boko Haram, Ansar-dine, Al-Shebbab.

    Autrefois on avait des conquérants islamiques politiques au 7e, 15e et 19e siècle. On se souvient encore de cette époque sanglante des khalifes arabo-musulmans: Abbassides, Almoravides, Almohades. Pour ce qui est de l’Afrique centrale et du cas singulier du bassin du lac Tchad, c’est le groupe armé islamiste Boko Haram qui sème la terreur et la mort. Dans son glacis de guerre, ses cibles privilégiées sont les 4 États: Nigéria, Niger, Cameroun, Tchad».

    Ces conquêtes se sont parfois déroulées sous le prétexte de la conversion aux valeurs et à la religion musulmane. Toutefois, Ramani Yie, appelle à faire «une nette distinction entre l’islam, qui est une pratique religieuse et l’islamisme, qui est plutôt une idéologie extrémiste qui prône l’imposition du Khalifat charial dans le monde entier par la force des armes».

    Zone d’intervention
    Durant ces années d’insurrection armée, Boko Haram, composée majoritairement de Bornouans, a toujours voulu mener de front la conquête de sa zone d’extraction, le Bornou lato sensu, tout en cherchant à étendre sa mouvance religieuse aux autres grandes communautés de l’islam voisines: les Haoussas et les Peuls.

    Boko Haram semble néanmoins mieux réussir dans sa matrice historique, le Bornou (les États de Borno, Yobe, Gombe, Nord-Adamawa) et dans ses marges anciennes du nord du Cameroun (avec les principautés Kotoko et le Wandala, ancien royaume satellite du Bornou). Cette réussite s’étale également, fait plus surprenant, sur d’anciens groupes païens jadis pour partie alliés au Bornou, et pour d’autres razziés par lui, comme les Musgum.

    Le second combat mené par Boko Haram porte sur le ralliement de leurs voisins à leur salafisme. On ne voit de ce combat que les violences déjà évoquées à l’encontre des opposants ou des traîtres, ce qui se traduit par les attentats dans les mosquées, dans les marchés. Ce n’est pas ici le moment de complexifier les rapports entre Bornouans et Haoussa ou Bornouans et Peuls, car chez tous, le wahhabisme a fait la même irrémédiable percée. On constate néanmoins qu’en dépit de nombreux partisans de Boko Haram dans leurs rangs, ils continuent à rester majoritairement sur la réserve. Ils ne sont prêts, ni à suivre un leadership bornouan, ni à courir l’aventure de son khalifat. Pour Boko Haram, exporter son salafisme est crucial afin d’éviter l’isolement et de se trouver assiégé dans son bastion, l’État de Borno, par une coalition des gouvernements régionaux ligués pour l’abattre.

    Boko Haram se trouve pris dans une contradiction irréductible. Sa lutte au Bornou et plus particulièrement sur le lac, sous couvert d’autochtonie, se fait au détriment d’autres communautés, en premier lieu celle des «Haoussa». Comment dès lors chasser les Haoussas du lac tout en cherchant à rallier leurs populeuses cités à la cause de Boko Haram? Et lorsqu’on connaît le poids démographique et économique du bloc Haoussa dans le Nigéria, on se prend à douter non de la victoire du salafisme, mais de sa forme «bokoharamisée». Cette guerre engagée, Boko Haram ne peut la gagner, mais elle restera pour les vainqueurs sans cesse inachevée. Une guerre de religion demeure des plus inexpiables, car, enfin, comment châtier au XXIe siècle ceux qui cherchent à n’obéir qu’à Dieu?

    Zacharie Roger Mbarga

    Ramani Yiè 

    «On n’éradique pas une idéologie d’un seul trait»

    Le politiste-géostratège, conférencier de l’Institut français de Yaoundé, présente les mutations et l’ancrage des groupes djihadistes en Afrique. Il évoque les moyens de les éradiquer.

     

    Comment sommes-nous arrivés à la présence continue et à l’ancrage territorial de ces groupes armés islamistes dans le bassin du lac Tchad?
    Par le passé, il y avait des conquêtes islamiques en Afrique. Après la mort de Mahomet et maintenant, les islamistes des temps modernes marchent sur les traces de leurs précurseurs tels Ousmane Dan Fodio et autres. La conquête islamique fut freinée ou ralentie avec l’arrivée des colons européens en Afrique. Déjà, pendant la colonisation, il existait déjà des mouvements «islamiques» et même des partis politiques d’obédience islamique dans ces pays. Après les indépendances, ces organisations islamiques «normales» ont poursuivi leurs activités prosélytes, mais de façon pacifique. Mais avec le temps, il y a eu mutation des méthodes et stratégies d’islamisation par des procédés de finesse.

    Par la suite, ces mouvements islamiques vont se transformer en groupes armés islamistes pour les besoins de la cause. C’est le cas de Boko Haram qui le devient pour sa part avec l’arrivée d’un certain Aboubakar Shekau à sa tête. Désormais, c’est l’islamisme par le langage des armes. Vous voyez qu’on est donc parti des organisations islamiques prosélytes ordinaires pour devenir des groupes armés islamistes aux ambitions territoriales mondiales cachées sous le prétexte de la religion. Donc les almoravides et les almohades sont de retour à l’instant. Et l’objectif demeure le même: conquérir tous les territoires par l’épée sanglante et imposer le régime despotique islamiste à tous et partout.

    Comment sont financés ces groupes armés islamistes?
    Rappelons qu’il n’y a pas de financement institutionnel ou officiel. Mais on sait que des puissances étrangères arabo-musulmanes financent des tendances plutôt «islamiques» par leur trésor public. L’Arabie saoudite engraisse des mosquées sunnites; l’Iran les chiites; le Soudan les mahdistes (au Nigéria par exemple). Est-ce que ces fonds alloués par les émirats du Golfe sont donc par la suite détournés par les cheiks sur place à d’autres fins pernicieuses?

    Comment opèrent ces groupes armés islamistes ou djihadistes dans le bassin du lac Tchad?
    Ils procèdent par des actions de guerres directes ou dérivées. Attaques armées, destruction des édifices de l’État, attaques kamikazes, incendies, intimidations, actes de terreur, prise d’otage, enlèvements et rapts, razzias d’enfants, amputation des organes des victimes vivantes ou mortes, assassinats ciblés ou de représailles, etc. Voici des gens qui prétendent libérer les hommes en leur ôtant toute dignité!

    Des forces multinationales mixtes sont mobilisées dans les combats contre Boko Haram depuis des années sans succès absolu. Que faire de plus pour éradiquer les avancées djihadistes en Afrique?
    Je voudrais d’abord vous faire savoir qu’on n’éradique pas une idéologie d’un seul trait. Les opérations de défense militaire ont leur rôle. Mais l’autre solution c’est la résilience des peuples que l’islamisme veut dominer et réduire au silence. Nous devons rester vigilants et comprendre que les islamistes ne sont que des esclavagistes qui veulent les soumettre à une dépendance politique et économique sous un habillage religieux.

    Que peut-on attendre de l’Onu?
    De notre point de vue, l’Onu doit prendre conscience du fait que l’islamisme politico-armé est une menace contre les États constitués et un impérialisme sous cape confessionnelle qui menace la liberté de religion et la paix mondiale.

    Interview réalisée par Zacharie Roger Mbarga

    Lutte contre Boko Haram 

    La justice pénale rejoint le combat 

    Les officiers de police judiciaire et les magistrats des pays sinistrés doivent actionner la composante judiciaire de la guerre.

    La justice militaire joue sa partition dans le combat total

    Au Cameroun, au Niger, au Nigéria et au Tchad, des défaillances subsistent dans la gestion judiciaire de la guerre contre Boko Haram. Le management des insurgés captifs des forces de défense et de sécurité (force multinationale mixte) faisant l’objet de poursuites pose problème. En effet, le système judiciaire fait face à des défaillances structurelles. Ainsi, le manque de coordination entre les différents services de renseignement et l’appareil judiciaire ne facilitait pas une meilleure inculpation des présumés terroristes; les conditions inadéquates de collecte des preuves et surtout leur manipulation par des services inexperts concourent à détruire les charges éventuelles qui peuvent peser sur certains prisonniers; une absence de synergie d’actions entre les différents systèmes judiciaires de la sous-région empêche, en sus, la poursuite des terroristes.

    Cette situation ne saurait protéger le personnel judiciaire (civil et militaire) contre d’éventuelles dérives ayant une incidence sur les droits de l’homme, notamment ceux des soldats islamistes.

    Au cours d’un atelier sur «le rôle du système pénal dans la lutte contre Boko Haram» organisé à l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), avec l’appui des États-Unis, les fonctionnaires judiciaires des pays du bassin du lac Tchad ont examiné toutes ces questions. Expliquant les subtilités de cette phase du combat, deux des experts panélistes-formateurs se sont arrêtés à notre micro. Le magistrat camerounais Philippe Nsoa, par ailleurs facilitateur de l’atelier, a insisté sur le fait que «lorsqu’on remonte à la genèse des actes posés, certains prétendent agir en réaction à des comportements qui, à leur sens, sont des violations de droit. Et ces actes sont souvent mis sur le dos de l’État, de sorte que si, à ce type de violence, l’État réagit par la violence uniquement, on n’est pas sorti de cet engrenage». L’avocat et enseignant de droit, Me Claude Assira, indique que dans le cadre de la recherche des solutions, il faut avoir à l’esprit la nécessité de préserver les autres intérêts.
    Tenu du 23 au 26 septembre 2019, l’atelier a consisté en une rencontre intellectuelle et à une session de formation pour le renforcement des capacités des séminaristes des pays de la commission du bassin du lac Tchad.

    Optimisation
    Des actions correctives visant à sortir l’appareil judiciaire de son statut de maillon faible de la lutte contre Boko Haram ont été recommandées. Désormais, pour un déploiement efficace et efficient de l’appareil judiciaire en conjoncture de guerre contre le terrorisme, les États de la sous-région, qui ont déjà mutualisé leurs efforts dans le cadre de la Force multinationale mixte, doivent favoriser une meilleure synergie de travail entre les différents maillons nationaux de la chaine judiciaire. De manière précise, il faudra renforcer et harmoniser la justice pénale dans le respect des droits de l’homme, judiciariser des preuves obtenues de manière non conventionnelle, sensibiliser les militaires, améliorer la préservation des preuves et leur transmission, limiter les délais de garde à vue et de détention préventive, introduire dans les écoles militaires et judiciaires un module de formation sur le terrorisme.

    Partenariat
    En clôturant les travaux, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative a remercié «le gouvernement américain pour cette assistance dans la lutte contre le terrorisme». Indiquant qu’«il est bon que ceux qui sont chargés de la lutte contre le terrorisme et l’après-terrorisme sachent quelles règles appliquer par rapport à telle situation». Peter Henry Barlerin, chef de la mission diplomatique américaine au Cameroun, a martelé: «pour gagner la guerre contre ce fléau, il faut respecter les droits humains pour les pays du bassin du lac Tchad».

     

    «La réponse militaire ne résout pas tous les problèmes»

    l’administration judiciaire doit être performante afin de punir le bourreau et de réparer les torts commis envers les victimes

    Le géopolitologue et géostratège, enseignant au Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS), détaille la valeur ajoutée du renforcement des capacités de ces administrations dans la lutte contre Boko Haram.

    Dr Franck Ebogo

    Vous avez pris part à un séminaire sur la contribution de la justice dans la lutte contre Boko Haram. Quelle est la problématique?
    L’École nationale d’administration et de magistrature a organisé, du 23 au 26 septembre dernier, un atelier de formation à l’intention des magistrats et des officiers de police judiciaire des États du bassin du lac Tchad sur le rôle du système judiciaire dans la lutte contre Boko Haram. Cette importante activité répondait à un besoin: le manque de coordination et d’échanges d’expériences des intervenants de la filière judiciaire dans le cadre de la lutte contre Boko Haram. Il avait été constaté que les réponses apportées par les États de la sous-région étaient essentiellement de nature militaire.

    Elles concernaient l’amenuisement de la menace terroriste. Cependant, les aspects inhérents à la défense des droits des prisonniers ou encore à la judiciarisation et l’exploitation pénale des preuves obtenues sur le théâtre des opérations ont été faiblement pris en compte dans les politiques antiterroristes, tant sur le plan national qu’international. D’où l’objectif de cet atelier, qui visait à échanger les bonnes pratiques sur la collecte et l’utilisation des preuves par l’armée sur le champ de bataille.

    Quelle peut être la valeur ajoutée du renforcement des capacités de ces administrations dans la lutte contre Boko Haram?
    La lutte contre Boko Haram n’est pas l’apanage des forces de défense et de sécurité. La réponse militaire ne résout pas tous les problèmes. Il faut également le déploiement de certaines administrations dans la reconstruction de la paix. Les politiques de consolidation s’articulent autour des questions de pardon et de justice. Concernant particulièrement ce dernier aspect, l’administration judiciaire doit être performante afin de punir le bourreau et de réparer les torts commis envers les victimes. Ce séminaire a permis aux magistrats et aux officiers de police judiciaire d’être édifiés et outillés dans la collecte et l’appréciation des preuves en matière pénale.

    Serait-il pertinent de parler de guerre propre dans cette optique?
    La guerre n’a jamais été une activité propre, ce d’autant plus qu’elle s’appréhende comme une confrontation armée entre des structures politiques dont les intérêts paraissent inconciliables. Il est certes vrai que depuis le Moyen-Âge, le champ sémantique de la stratégie s’est enrichi des notions euphémisantes, à l’instar de la guerre juste. Par la suite, le droit international humanitaire s’est construit dans ce souci permanent d’humaniser ou de rendre propre la guerre.

    Si les conflits interétatiques sont fortement encadrés par des normes internationales, les guerres asymétriques, qui mettent en scène des belligérants aux rationalités parfois divergentes, restent le lieu de déferlement d’une violence incontrôlée. L’atelier qui vient d’être organisé permettrait aux officiers de police judiciaire et aux magistrats de renforcer leurs capacités en matière de collecte, de traitement et d’exploitation des preuves récoltées sur un champ de bataille. Ce qui contribuera sans doute à taire les nombreuses critiques qui considèrent que les procès intentés contre les éléments de Boko Haram sont expéditifs et inéquitables.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

  • Russie-Afrique : Quel est le niveau d’ambition ?

    Russie-Afrique : Quel est le niveau d’ambition ?

     

    Depuis ce 23 octobre 2019, à Sotchi (Russie), le premier sommet Russie-Afrique se tient en présence d’une quarantaine de dirigeants africains. Adepte des mises en scène et démonstrations de puissance, l’ambition de Vladimir Poutine est connue. Il est évident, comme un nez sur un visage, que le président russe veut grappiller des parts marchés pour son industrie militaire. Qui plus est, en Karatéka rodé, l’homme fort de Moscou n’a pas la frayeur du politiquement correct : il est prêt à administrer des mawachi. Il entend se positionner sur le marché du pétrole, celui des TIC principalement les High-techs, mais aussi sur l’industrie agricole. Si les avantages comparatifs de la Russie sont l’industrie de l’armement et du pétrole, les NTIC sont devenus l’apanage des geeks de son excellence Poutine.

    De ce point de vue, il aura fort à faire. La bataille s’annonce rude, car malgré les discours de rupture du cordon ombilical et de tronçonnage des racines du néocolonialisme, l’heure n’est pas à la dénonciation des accords. Vladimir Poutine pourra-t-il se contenter de peu ?

    Offre vs Demande

    L’embouteillage devient lassant aux portes des palais présidentiels et dans les cabinets des chefs de département ministériel. Mais, pour le moment, la Russie n’est pas réellement à craindre. La livraison des armes et autres matériels militaires, l’envoi des conseillers militaires et instructeurs/formateurs, voilà des domaines de coopération qui se développent ces dernières années. Il faudra s’attendre à l’offre d’exploration des mines, du pétrole et du gaz. Mais en pleine tendance baissière des cours des produits de base accompagnée des incertitudes du marché international lié au Brexit et aux tensions en Chine-Afrique, pas sûr que les Africains soient emballés. L’intérêt pourrait jaillir dans le domaine des NTIC. C’est un vaste secteur en friche sur le continent, mais dont les promesses font saliver. Qu’il s’agisse de l’Internet et la maitrise des effets néfastes (haking, espionnage militaire, économique, politique), du lancement des satellites… La Russie se veut le sparring partner d’une Afrique qui se découvre encore un potentiel énorme. La surprise du Chef pourrait être l’aéronautique.

    Dans tous ces domaines, l’Afrique a des postulants. Il faudra ainsi pour les russes concurrencer l’allié chinois, l’ami mal aimé américain, le frère détesté européen et le partenaire indien qui démarre sa mise en vitrine.

    Pour le continent africain, peut-on vraiment envisager les priorités de coopération ? Bien malin qui pourrait s’en hasarder de notre humble point de vue. Toutefois, nous estimons qu’il faudrait insister sur la qualité et non la quantité. C’est-à-dire, la coopération devrait permettre à l’Afrique de ne peut plus être le grand garçon nourri au lait importé. La Russie pourrait elle accepter d’être un grand marché pour la production agricole et agroindustrielle chinoise ? Les projets industriels, scientifiques et techniques seront-ils de nature à doter les ingénieurs africains de savoirs et savoir-faire : telle la sous-traitance africaine dans la fabrication des satellites et la présence d’astronautes africains lors de la mise en orbite ? Peut-on s’attendre à ce que la Russie installe en Afrique un laboratoire pour tout ce qui est high-tech.

    Pour ce que ça vaut, nous posons des questions rhétoriques dans une affaire jouée. Nous aurions été confortés si l’Union Africaine avait engagé une réflexion en vue d’adopter une feuille de route, voire une position commune sur le sommet Russie-Afrique. A défaut, des consultations à l’échelle régionale sur cet agenda international très stratégique au moment du triomphe du monolatéralisme.

    Peut-être nos fantasmes nous jouent des tours !

     Zacharie Roger Mbarga

  • Lutte contre la pauvreté : Les propositions de la Banque mondiale à l’Afrique noire

    Lutte contre la pauvreté : Les propositions de la Banque mondiale à l’Afrique noire

    En développant le secteur agricole, il est possible d’améliorer les conditions de vie de plusieurs Africains.

    Une exploitatin agricole en Afrique subsaharienne: la voie de l’émergence

    L’Afrique compte plus de 416 millions de pauvres, c’est-à-dire des personnes vivant avec moins de 1,90 dollar US par jours. La plupart des pauvres (82%) vivent dans les zones rurales et tirent principalement leurs moyens de subsistance de l’exploitation agricole. Ceci s’explique par le fait que la principale source d’emploi et de revenu est composée de microentreprises non salariées. En cas de statu quo, le taux de pauvreté de la région devrait descendre à 23% d’ici 2030, faisant ainsi de la pauvreté mondiale un phénomène essentiellement africain, car 90 % des pauvres vivront sur le continent. Il est donc évident que l’Afrique n’atteindra pas l’objectif de développement durable (ODD) des Nations unies qui est d’éradiquer la pauvreté d’ici 2030.

    Toutes ces leçons sont tirées du rapport Africa Pulse de la Banque mondiale, rendu public le 9 octobre dernier. En son chapitre 3, il est question d’«accélérer l’éradication de la pauvreté en Afrique». Pour Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, «il est important, si l’on veut éradiquer la pauvreté en Afrique, d’accroitre la productivité du secteur agricole et de transformer notre agriculture».

    Inversion de la courbe
    Le rapport préconise plusieurs solutions: mettre l’accent sur les politiques pouvant augmenter les revenus des pauvres, notamment ce qui peut concourir à l’accroissement de la productivité agricole; connecter les pauvres au marché, en construisant des infrastructures leur permettant d’écouler leur production aisément et d’accroitre leurs revenus; rendre le financement accessible aux populations. Parmi les outils, l’économiste principal a présenté des éléments de réussite qui peuvent faire cas d’école: au Nigéria et au Kenya, des sociétés se sont spécialisées dans la location des tracteurs et autres intrants agricoles inaccessibles aux pauvres par leur coût, ceci à l’effet d’optimiser la productivité. Il a également proposé des solutions numériques qui peuvent faciliter l’accès au financement et mettre en relation les producteurs et les acquéreurs de produits agricoles (marchés agricoles virtuels).

    Fécondité, genre
    Le rapport soulève également 3 facteurs d’aggravation de la pauvreté sur le continent: la forte démographie, les inégalités hommes/femmes et les chocs climatiques. Pour ce qu’il est de la démographie, la fécondité élevée et la croissance démographique freinent la réduction de la pauvreté, car la production de richesse par pays reste insuffisante par rapport au nombre d’habitants. Ensuite, la Banque mondiale indique qu’en octroyant les mêmes chances aux femmes, elles produiraient autant voire plus que les hommes. On aurait ainsi une meilleure productivité, plus de revenus et de consommation pour les familles. En ce qui concerne les chocs climatiques, il est établi, selon le docteur Albert Zeufack, que la couche de la population la plus exposée au changement climatique ce sont les pauvres. À l’instar du cyclone qui a frappé le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi, ce sont les productions agricoles des populations qui ont été ravagées. Leurs revenus ont été hypothéqués, de même que leurs engagements sociaux (éducation, santé, logement…). Il faut de ce fait renforcer la résilience des populations face aux phénomènes climatiques violents.

     

    Afrique subsaharienne

    Les grandes économies tirent vers le bas!

    Elles font baisser la croissance moyenne du continent de 4 % à 2,6 %.

     

    L’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria, qui sont trois grandes économies africaines, ont une croissance économique inférieure à 1 %. C’est le constat effectué par la Banque mondiale, dans son rapport semestriel Africa Pulse. Cette performance constitue un contre-levier pour le continent noir. Si l’on ôtait ces trois pays, la croissance moyenne de l’Afrique subsaharienne serait de 4 % en 2019, bien mieux que ce qui est projeté, à savoir 2,6 %. «Ces données montrent le besoin de réformes structurelles dans ces grandes économies», a prévenu Albert Zeufack.

    La croissance africaine est tirée par plusieurs groupes. Le groupe principal est constitué de l’Éthiopie, du Rwanda, de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Ces pays ont une croissance supérieure à 7%. Ils sont classés parmi les champions mondiaux de la croissance. 6 autres économies africaines croient à plus 6% par an: ce sont le Bénin, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, l’Ouganda et le Burkina Faso. Avec ces 10 économies, l’Afrique demeure l’une des régions les plus dynamiques dans le monde.

    Structure
    Cette atonie de la croissance africaine s’explique par 3 facteurs principaux: les incertitudes liées aux tensions commerciales dans le monde. Ce facteur qui affecte les exportations de l’Afrique dans le monde, les investissements en Afrique et donc la croissance du continent. Le second facteur est le ralentissement du rythme des réformes structurelles dans les pays. Il s’agit notamment des réformes dans le domaine de la gestion de la dette, dans le domaine des institutions du secteur public et de la gouvernance. Le troisième facteur a trait aux chocs climatiques marqués cette année par des catastrophes naturelles et une alternance de cycles de sécheresses et d’inondations qui affectent la production agricole sur le continent.
    Les répercussions directes sur les indicateurs économiques du continent sont la baisse des exportations, la baisse des investissements. D’une certaine façon, cela signifie que les gouvernements, les individus, les entreprises investissent de moins en moins et créent moins d’emplois sur le continent.

    Leçons
    Avec une croissance économique de 2,6 % et une poussée démographique de 2,7 %, l’Afrique connait une croissance nulle, voire négative, par tête. Si l’on met en perspective le taux d’inflation, il est clair que l’Afrique doit encore fournir beaucoup d’efforts.
    Globalement, cette croissance crée donc moins d’opportunités pour les Africains. Comme l’a indiqué sur son site internet Ibrahim Mayaki, secrétaire exécutif du Nepad, «la croissance ne se mange pas! Pourtant, ce n’est pas une fatalité. Pour obtenir une meilleure croissance en Afrique, les solutions sont connues: réformes structurelles, intégration régionale, investissements dans l’éducation et les infrastructures».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Contre les conflits : l’Unoca renforce les capacités de la société civile

    Contre les conflits : l’Unoca renforce les capacités de la société civile

    Afin de mieux manager leur engagement dans les processus de prévention et de résolution des conflits dans les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), la société civile de la région a vu ses capacités renforcées.

    L’Unoca privilégie le dialogue dans la résolution des conflits

    Le bureau des Nations unies en Afrique centrale (Unoca/Brenuac) a outillé les organisations de la société civile (Osc) en planification stratégique. Très proches des poches de conflits et surtout des victimes et belligérants, les Osc ont l’avantage de la proximité pour anticiper et même négocier la fin des crises. Pour cela, elles doivent mieux s’organiser pour être plus efficaces sur le terrain. «Au sortir de ces assises, ces organisations devraient ainsi disposer de textes juridiques, d’un manuel de procédures institutionnelles et d’outils administratifs leur permettant de jouer pleinement leur rôle en faveur de l’éducation à la culture de la paix», a indiqué le représentant de l’Unoca.

    L’atelier de Libreville (Gabon) qui s’est tenu du 8 au 10 octobre 2019 a aussi été le cadre de l’élection du bureau de la Copac (Coalition des organisations de la société civile pour la Paix et la prévention des conflits en Afrique centrale). Au terme des élections, voici le bureau de coordination: Président: Mabala Robert du Repongac (RDC); vice-présidente: Danielle Nlate du Refac (Cameroun); secrétaire: Maximilienne Ngo Mbe du Redhac (Cameroun); secrétaire adjoint: Moussavou Christian du Ropaga (Gabon); conseillère: Thérèse Njitanama du Cocafem (Burundi); observateurs: Ceeac, UE, UA, Unoca et Wanep.

     

    Zacharie Roger Mbarga

  • Libre circulation dans la Cemac : vers une harmonisation des formations des agents

    Libre circulation dans la Cemac : vers une harmonisation des formations des agents

    Afin de faciliter les opérations de contrôle aux frontières, en finir avec les tracasseries et fluidifier le transit dans les corridors des pays de la Cemac, il a été décidé que les pays harmonisent la formation des agents affectés aux postes-frontière.

    Le corridor sous régional Yaoundé-Brazzaville,pour le développement des échanges.

    Pour se faire, la Commission Cemac se doit de saisir les ministres en charge de l’Intérieur et de la Sécurité pour l’harmonisation des programmes de formation des agents affectés aux postes-frontière. Ainsi, des séminaires seront organisés à l’intention des responsables des postes-frontière sur la mise en œuvre de la Directive communautaire sur la libre circulation des biens.

    En amont, les pays de la Cemac et la commission devront élaborer une nouvelle directive communautaire sur l’installation et le fonctionnement des postes de contrôle sur les corridors routiers de la sous-région. En effet, sur recommandation du dernier Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (Ueac), un projet de directive communautaire a été préparé. Il a pour ambition de réduire les contrôles et instaurer des contrôles mixtes. Il devrait être présenté et adopté lors de l’Ueac qui se tiendra le 4 novembre prochain à Yaoundé.

    Lors de la 2e session extraordinaire du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref Cemac), le secrétaire permanent de ladite instance avait ainsi déclaré: «il faut impérativement que les populations et les opérateurs économiques ne fassent plus demander l’impossible sur les corridors. Nous allons outiller nos agents de postes frontaliers. Il faut aussi diminuer le nombre de contrôles. Parfois sur nos routes il y a plus de 100 contrôles. On ne peut plus dire quelle est la distance entre les contrôles».

    Zacharie Roger Mbarga

  • La Beac consolide le non-recours à une dévaluation du FCFA

    La Beac consolide le non-recours à une dévaluation du FCFA

    La Banque centrale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) s’est engagée auprès du Fonds monétaire international à porter ses avoirs en devise à 4,5 milliards d’euros (plus de 3 000 milliards FCFA) d’ici à la fin décembre 2019.

    À la fin du mois de juin 2019, ces avoirs étaient estimés à 3,5 milliards d’euros (2 296 milliards FCFA). Il s’agit d’une amélioration de la position extérieure des pays de la Cemac, c’est-à-dire une augmentation des avoirs en devises qui éloignent toute dévaluation monétaire. Dupont Ngossi, économiste et expert financier, directeur technique à l’agence de communication financière Strategy, explique: «la Beac agit ainsi pour assouplir la balance de paiement et anticiper sur une éventuelle dévaluation du FCFA.

    Premièrement, lorsqu’une zone économique décide d’augmenter son stock de réserve en termes de devises, la première raison c’est la stabilisation de la balance de paiement et le renforcement de son instrument monétaire. Quand un État importe plus qu’exporte, il s’endette en devises. En achetant à l’extérieur, un agent économique (État, entreprises, opérateur économique) doit régler ses fournisseurs dans leur monnaie.

    Du fait d’une propension à l’importation et une faible capacité de production afin d’exporter (capacité davantage affaiblie avec la baisse du cours de pétrole), la dette en devises des pays de la Cemac s’est accrue. C’est ce qui a très vite fait planer la possibilité d’une dévaluation, afin de baisser la valeur de la monnaie et augmenter les avoirs en devises. La décision de la Beac va donc dans le sens de consolider cette position extérieure en augmentant le stock de devises et éloigner le risque de la dévaluation».

    Pour rappel, les pays de la Cemac ont clairement pris position contre la dévaluation leur instrument monétaire, le FCFA. À la place, ils se sont engagés à mener des réformes structurelles portant à la fois sur le rééquilibrage des comptes publics et la diversification des supports des économies.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme : l’Afrique peut mieux faire!

    Lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme : l’Afrique peut mieux faire!

    Pour la période 2020-2022, le Fonds mondial dédié à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a reçu des promesses de financements de l’ordre de 14,02 milliards de dollars US.

    Jamais une organisation multilatérale du secteur de la santé n’avait récolté une telle somme, la plus importante obtenue par le Fonds mondial. Ces ressources aideront à sauver 16 millions de vies et à mettre fin aux épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme d’ici 2030.

    Avec près de 65 millions de dollars US, l’Afrique subsaharienne vient d’effectuer une belle mise. Si l’on en croit les statistiques, c’est une belle main qu’elle remporte. En effet, les trois quarts du Fonds mondial vont à l’Afrique. 75 % des fonds décaissés entre 2017 et 2019 ont été affectés à l’Afrique. La zone subsaharienne en a reçu 72 % et le Maghreb, élargi au Moyen-Orient, 3%. En Afrique subsaharienne, le trio le mieux doté se compose de l’Éthiopie, du Nigéria et de la Tanzanie. Ces trois géants du continent ont, à eux seuls, bénéficié de 7milliards de dollars sur les 28 milliards octroyés par le Fonds depuis 2002. L’Éthiopie arrive en tête des pays les mieux servis, avec un total de 2,3 milliards de dollars.

    Composition
    Le continent africain concentre le taux de prévalence le plus élevé pour le VIH. Huit séropositifs pris en charge sur dix sont en Afrique. 85 % des malades du VIH de la planète pris en charge par le Fonds mondial vivent sur le continent. Le Fonds s’occupe de 18,9 millions de personnes porteuses de ce rétrovirus dans le monde, dont 16,1 millions en Afrique.

    En termes de paludisme, le continent reçoit le plus grand effort. 117 des 131millions de kits antimoustiques, distribués sur la planète grâce à l’argent du Fonds mondial, le sont dans les pays africains. C’est là que le paludisme fait le plus de victimes, mais c’est aussi là que les choses bougent.

    Toutefois, l’Afrique n’est pas le continent le plus touché par la tuberculose. Cette affection reste la principale cause de mortalité parmi les maladies infectieuses de la planète, avec 1,3 million de décès annuels. Si rien ne change, 2,6 millions de personnes mourront d’ici à 2050. L’Afrique n’est pas la plus touchée, puisque seuls 23 % des cas mondiaux pris en charge par le Fonds sont sur le continent.

    L’Afrique doit améliorer la perception qu’elle a du Fonds mondial, son engagement à contribuer et son positionnement vis-à-vis de l’usage des fonds dont il est le principal bénéficiaire.

    Investissements structurels
    Une fois de plus, l’Afrique s’est rendue à cette conférence comme à une partie de poker. Miser peu pour obtenir la grosse part possible. On se serait attendu à ce que l’Afrique, à travers l’Union africaine, présente une stratégie commune démontrant ses besoins, ses exigences en termes d’investissement de santé et sa contribution collective à la hauteur des attentes. La crédibilité du continent aurait été plus importante. Le champion africain des questions de paludisme, le président rwandais Paul Kagame, était absent. Sa prise de parole aurait été importante pour évoquer la situation sur le continent.

    Plus intéressant encore, l’Afrique doit industrialiser sa lutte contre ces maladies. Importer des seringues, des moustiquaires, des vaccins et autres appartient à une autre époque. Il serait important que le continent envisage l’investissement pour des laboratoires, des solutions de e-santé pour la facilité d’accès, des industries pharmaceutiques pour la fabrication des produits. À ce moment, l’Afrique pourra pleinement tirer parti de ce fonds!

    Zacharie Roger Mbarga

  • Réformes économique et financières : La Cemac dans le concret

    Réformes économique et financières : La Cemac dans le concret

    12 projets intégrateurs prioritaires et 5 postes frontières uniques doivent intensifier l’interdépendance économique et commerciale, doper l’industrie, créer des chaines de valeurs communes, fluidifier les échanges et mouvements dans la sous-région.

     

    Un pas de plus vers l’effectivité de l’intégration économique dans la Cemac

    Afin de sortir du cercle vicieux, des concertations sous régionales, issues des recommandations de la Conférence des chefs d’État de mars dernier à Ndjamena, ont permis d’adopter des mesures prioritaires visant à renforcer l’intégration physique et commerciale et l’accélération des réformes structurelles dans la sous-région. Le logiciel dans la Cemac semble ainsi consister à mettre sur pied une interdépendance économique. Cette dernière devrait permettre aux pays de la sous-région de consommer la production locale, consolider l’industrie sous régionale, en dynamisant le marché au lieu d’importer, perdre les devises et s’exposer aux chocs exogènes. De l’avis du secrétaire permanent du Programme des réformes économiques et financières de la sous-région (Pref-Cemac), le prof. Djiena Cyr Wembou, «nous avons la viande bovine au Cameroun. Nous avons la volaille, pourquoi est-ce que nous ne pouvons pas la vendre à nos voisins qui préfèrent aller acheter la même chose au Brésil et faire sortir nos devises? Pourquoi la viande bovine du Tchad ne peut pas être vendue au Gabon?».

    Régionalisation
    Les résolutions de cette deuxième session extraordinaire du comité de pilotage Pref-Cemac qui se tenait à la Beac à Yaoundé ce jeudi 3 octobre permettent d’entrevoir une volonté de transformer la Cemac en un marché-producteur. C’est-à-dire des économies qui consomment ce qu’elles produisent et produisent ce qu’elles consomment.

    C’est la fameuse cohésion économique impérative à la construction d’une communauté économique (intégration économique) de Bela Balassa. Parmi les actions prioritaires, le comité de pilotage du Pref-Cemac a décidé que les États devraient mettre sur pied des comités nationaux de l’origine qui vont aider à certifier les produits labélisés Cemac. Dans la dynamique de construction du marché communautaire qui devrait optimiser le niveau du commerce intracommunautaire, la Cemac va en guerre contre les barrières non tarifaires. Les pays entendent débarrasser les corridors sous régionaux des obstacles. «Nous venons de décider de choisir 5 corridors.

    Il y a 14 corridors routiers en tout dans la sous-région. Sur les 5 corridors identifiés, nous allons construire 10 postes frontières uniques de part et d’autre des sorties/entrées. Nous allons bientôt exécuter le contrat avec Interpol afin de sécuriser les corridors et rendre les déplacements sûrs» a indiqué Pr Djiena Cyr Wembou.

    La concertation entre les États membres, la Commission de la Cemac et les Institutions communautaire a permis d’identifier 12 projets intégrateurs qui devront diminuer l’indigence du réseau routier intra régional et interconnecter la Cemac en fibre optique puis le Cameroun au Tchad en électricité. De même, nous avons décidé de faire passer la validité de l’assurance véhicule qui est la carte rose Cemac de 3 mois à 1 an.

    Financement
    La réalisation de ces projets fera l’objet d’une mobilisation à l’orée de l’ambition. Les 12 projets intégrateurs ont un cout total de 2820 milliards de FCFA. Cette fin de mois, les pays vont mobiliser les partenaires et une table ronde est prévue à Bruxelles notamment en décembre pour le financement de ces 12 projets. Afin de ne pas être dépendant des financements extérieurs et autres prêts, les États et la commission Cemac ont décidé de mobiliser des financements au plan interne en s’appuyant sur la Bdeac et le Fodec pour la mobilisation des ressources internes. Une invitation a été adressée à chacun des États afin de les inciter à affecter des ressources conséquentes aux projets intégrateurs inscrits dans le budget des États.
    Le financement de la construction des 10 postes frontières sera assuré par le Fodec.

    Zacharie Roger Mbarga

    Pref Cemac : Une nouvelle donne

    L’institution en charge de la transformation structurelle des économies de la Cemac vient d’entrer dans une nouvelle phase avec la sélection des projets intégrateurs.

    Depuis 2017, on a toujours connu le Pref-Cemac comme le garant de la discipline économique et financière et l’exécuteur testamentaire des actions de reformes structurelles léguées par le sommet extraordinaire de Yaoundé (décembre 2016). Cette deuxième session extraordinaire a fait atteindre un nouveau cap au Pref-Cemac. L’institution est désormais en charge de la naissance d’une véritable communauté économique dans la Cemac à travers l’interdépendance économique, la création des chaines de valeurs du fait d’une production labélisée Cemac, de la fin du tout-importation etc.

    Le programme vient de conduire avec succès l’adoption de 12 projets intégrateurs prioritaires et 5 corridors principaux sur lesquels seront construits des postes frontières. Cette dynamique est perceptible dans l’audace des 18 actions prioritaires que le programme a fait valider. On peut évoquer la définition et la mise en œuvre d’une politique communautaire d’industrialisation, l’adoption de stratégie nationale de diversification économique mettant l’accent sur la formation des ressources humaines, le développement des chaines de valeur et l’approvisionnement du marché sous régional, l’élaboration d’une nouvelle directive communautaire sur l’installation et le fonctionnement des postes de contrôle sur les corridors routiers de la sous-région et harmoniser la formation des agents affectés aux postes frontière, l’engagement d’une procédure visant à supprimer les frais d’itinérance des communications téléphonique (Roaming) en Zone Cemac, l’adoption d’une directive communautaire sur le partenariat public-privé avec pour entre autres finalités, le financement alternatif des projets intégrateur.

    Il ne reste plus qu’à rendre exécutoire les différents projets. Rappelons que l’essentiel des projets sont puisés dans le programme économique régional de la Cemac (Per-Cemac) dont la première phase a eu un niveau de mise en œuvre pas très élogieux.

    Zacharie Roger Mbarga

    Réformes macro économiques

    Vers une augmentation de la pression fiscale

    Les pays de la Cemac ont pris une sérieuse option en faveur de l’augmentation de la pression fiscale qui n’est rien d’autre que le ratio des recettes fiscales hors pétrole sur le PIB non pétrolier. Dans la sous-région, la pression fiscale connait une tendance baissière depuis l’avènement du choc pétrolier.

    En 2018, il s’est établi à 11,7%. Pourtant, en 2017 il était de 11,4%. Ceci s’explique par l’obtention des recettes exceptionnelles au Gabon au titre des droits d’enregistrement, les performances enregistrées dans l’apurement des restes à recouvrer au Cameroun et au Gabon, ainsi qu’avec la poursuite des performances dans la mobilisation des recettes hors pétrole en Centrafrique. Toutefois, cette remontée du taux de pression fiscale a été atténuée par la faible mobilisation des recettes fiscales au Congo, en Guinée Équatoriale et au Tchad en relation essentiellement avec la morosité de l’activité économique non pétrolière. Le taux de pression fiscale s’est inscrit en 2018 en baisse dans ces trois pays.

    En vue de corriger cette situation, des actions sont prévues. Parmi les leviers importants pour la mobilisation des recettes fiscales, figurent la modernisation du système d’imposition et de paiement des impôts et taxes, la maîtrise de la dépense fiscale, la migration de l’informel vers le secteur formel ainsi que les mesures administratives. Il convient dès lors de mettre en place des mesures facilitant ou contraignant la migration de l’informel au formel.

    ZRM

    Toutes ces actions doivent concourir à libérer le potentiel économique de notre sous-région

    Les réformes structurelles mettent du temps à prendre corps. Après la énième crise des matières premières, principalement le pétrole qui a heurté de plein fouet les économies de notre sous-région

    Le professeur Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Pref-Cemac s’exprime au sortir de la réunion de Yaoundé le 3 octobre dernier.

    Pr Michel-Cyr Djiena Wembou

    Monsieur le Secrétaire Permanent, malgré des actions entreprises par les pays de la Cemac en vue de diversifier le socle de leurs économies, la forte dépendance aux hydrocarbures demeure forte. Qu’est ce que le Pref-Cemac peut faire de plus pour intensifier la dynamique?
    Je dirais que les réformes structurelles mettent du temps à prendre corps. Après la nième crise des matières premières, principalement le pétrole qui a heurté de plein fouet les économies de notre sous-région, les chefs d’État des pays de la Cemac se sont réunis à Yaoundé et ont adopté une série de mesure au rang desquelles figure la mesure n°19 «l’intensification des mesures et des actions en faveur de la diversification de leurs économies pour les rendre moins vulnérables aux chocs exogènes, et plus compétitives face à la libéralisation des échanges commerciaux dans un monde de plus en plus ouvert ». Depuis lors, bon nombre d’action a été mené.

    Nous pouvons citer entre autres l’effectivité de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cemac, l’unification des deux marchés financiers pour n’en faire qu’une place financière, la restructuration de la Banque de Développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) et l’accélération de la mise en œuvre du plan opérationnel 2017-2021 du programme économique régional. Pour ce dernier aspect du Per, nous venons d’identifier 12 projets intégrateurs prioritaires et matures qui doivent être portés très prochainement par les hautes autorités de la sous-région auprès des partenaires techniques et financiers pour la recherche de financements complémentaires. Toutes ces actions, qui ont été menées et suivies de près dans le cadre des réunions traditionnelles du Pref-Cemac doivent concourir à libérer le potentiel économique de notre sous-région. L’objectif des hautes autorités étant de mettre en place toutes les conditions favorables à l’épanouissement des acteurs économiques et du secteur privé.

    Une session extraordinaire se tient pour l’identification de projets intégrateurs prioritaires devant le processus de diversification et renforcement de l’intégration régionale à l’échelle de la Cemac. Le Pref-Cemac veut être plus concret. De manière précise, quels effets attendus escompte-vous et sur quelle durée?
    Je viens de le souligner plus haut, la mise en œuvre des projets intégrateurs prioritaires et matures doit permettre de libérer le potentiel des économies de la sous-région. Ces 12 projets prioritaires et matures portent sur: construction d’un pont sur le fleuve Ntem et la facilitation du transport, et de la sécurité routière sur la route transnationale Kribi-Campo-Bata reliant le Cameroun et la Guinée équatoriale, construction de la voie express Lolabe-Campo (40 km), construction de la route Ndende-Doussala (144 km), construction de la route Kogo-akurenam, corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena, construction de la route Mbaikoro-Bendja-Bekoninga frontière RCA, aménagement hydroélectrique de Chollet et des lignes électriques, interconnexion des réseaux électriques Cameroun-Tchad, interconnexion du Cameroun avec les pays de la Cemac par la fibre optique, construction du port sec de Beloko, construction du port sec de Dolisie, Université inter-États Cameroun-Congo.
    C’est un pas de plus vers le renforcement de l’intégration sous régionale et la construction du marché commun. Le défi que les ministres de l’économie et des finances des pays de la Cemac se sont donné est de porter ces projets jusqu’à leur réalisation effective.

    C’est un pas de plus vers le renforcement de l’intégration sous régionale et la construction du marché commun. Le défi que les ministres de l’économie et des finances des pays de la Cemac se sont donné est de porter ces projets jusqu’à leur réalisation effective.

    En Afrique centrale, deux orientations économiques, considérées comme des incongruités, subsistent. Dans un sens, la sous-exploitation des atouts agricoles et forestiers pour la naissance d’une agro-industrie. Dans un autre sens, l’importation par certains pays des produits disponibles dans la sous-région. Par cette attitude, des experts qualifient la sous-région de communauté économique sans cohérence économique. Quelle solution structurelle face à cette situation inédite?
    Je n’irais pas jusqu’à dire que notre sous-région manque de cohésion économique. Il est certes vrai que le potentiel économique des différents pays reste encore sous-exploiter, mais on observe tout de même un certain dynamisme. De nos jours le commerce intracommunautaire dans la zone Cemac est estimé à environ 3%.

    Ce taux est très sous-estimé. Lorsque l’on prend en compte les échanges informels transfrontaliers, ce taux peut monter à 5% voire plus. Quand vous vous rendez dans la zone des trois frontières (Cameroun-Gabon-Guinée Équatoriale), le volume des échanges qui y est observé est assez important. Mais cela n’est pas pris en compte dans les statistiques. Le gros de ces échanges porte sur les vivres frais. Or, nous savons tout le potentiel agropastoral des pays de la sous-région. Il est donc important de développer les infrastructures qui puissent permettre la transformation des produits et leur évacuation rapide vers le marché de la sous-région et ailleurs. Ainsi, si nous sommes à même de répondre à la demande nationale et sous régionale à des coûts abordables il n’y a pas de raison de continuer à importer des produits disponibles localement.

    L’un des maillons du renforcement de l’intégration régionale dans la Cemac est la libre circulation des personnes et des biens. L’impératif à la faisabilité est la disposition d’une infrastructure d’interconnexion régionale adéquate. Faut-il s’endetter davantage, au risque d’être indiscipliné envers le Pref-Cemac, pour financer la construction des infrastructures?
    La libre circulation nécessite la mise en place des infrastructures pour le renforcement de la sécurité. Les ministres en charge des questions de sécurité des pays de la Cemac se sont réunis à Douala en mai dernier. Parmi les résolutions de cette rencontre figure la construction des 12 postes frontières. Ces postes frontières seront construits avec le financement de la communauté à travers le Fodec (Fonds de développement communautaire). Dans la première phase, 5 (cinq) postes frontières seront construits. Le principal handicap lié à ce processus est l’entente entre les pays pour identifier physiquement les points où seront construits ces postes frontières. La communauté ne compte pas s’endetter pour la construction de ces postes.

    La Banque africaine de développement (Bad) vient s’installer en Afrique centrale avec un bureau, une stratégie et un fonds de plus 2609 milliards FCFA. D’aucuns indiquent qu’il s’agit d’un mini Plan Marshall pour la sous-région. Quelle articulation ou cohérence prévoyez-vous avec la Bad?
    La Bad est un partenaire traditionnel et fidèle des économies des pays de l’Afrique et celles de la sous-région en particulier. Depuis bien longtemps nous associons la Bad à notre processus de développement. Bon nombre de projets ont été réalisés avec le financement de cette institution. Nous comptons bien avoir la Bad avec nous pour la poursuite de la réalisation des projets intégrateurs prioritaires du Per. Les projets identifiés leur seront soumis. Le renforcement de la présence de la Bad en Afrique centrale ne peut être que bénéfique pour la sous-région.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

  • L’Afrique à la conquête de la gouvernance mondiale : Fonction publique internationale : l’offensive africaine

    L’Afrique à la conquête de la gouvernance mondiale : Fonction publique internationale : l’offensive africaine

    L’Union africaine va proposer des candidatures uniques pour l’Union postale universelle et l’Organisation mondiale du commerce.

     

    Le postulant camerounais Younouss Djibrine

    En 2020, l’Afrique aura un candidat au poste de vice-directeur général de l’Union postale universelle (Upu). Il s’agit de l’actuel secrétaire général de l’Union panafricaine des postes (Upap), le Camerounais Younouss Djibrine. Le renouvellement de l’équipe dirigeante du Bureau international de l’Upu se déroulera en septembre 2020 en Côte d’Ivoire. Ce sera à la faveur du 27e congrès mondial de l’Union postale universelle (Upu). Lors de la dernière 32e session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine qui s’est tenue à Addis Abeba au mois defévrier 2019, les chefs d’État ont «endossé cette candidature, faisant ainsi de ce haut fonctionnaire international le candidat de l’Afrique au poste de vice-directeur général de l’Upu» a déclaré Minette Libom Li Likeng. La ministre camerounaise des Postes et Télécommunications, présidente en exercice de la conférence des plénipotentiaires de l’Upap, s’exprimait le 24 septembre 2019 à Genève (Suisse), à l’occasion du 3e congrès extraordinaire de l’Upu.

    De même, les ministres africains du Commerce négocient à l’effet de proposer une candidature africaine pour le poste de directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le mandat de l’actuel top management, Roberto Azevedo, arrive à son terme en 2021. Le sujet sera sur la table lors de la 10e réunion des ministres qui devrait avoir lieu à Lusaka dans les prochaines semaines. C’est un sérieux challenge, quand on sait que l’organisation est au cœur des enjeux géoéconomiques actuels: la guerre commerciale sino-américaine et la plainte déposée par la Chine à l’OMC, l’escalade fiscalo-douanière entamée par les États-Unis d’Amérique envers ses principaux partenaires commerciaux. En clair, les relations économiques internationales connaissent un dérèglement à endiguer, d’autant plus que la réforme de l’OMC devient un impératifurgent. Le profil reste donc à trouver afin de donner des chances à la candidature africaine.

    Polarisation
    À plusieurs reprises, l’Afrique a requis toute sa place dans la gouvernance mondiale. C’est le cas avec l’appel de Nice où 38 chefs d’État et de gouvernement africains présents au sommet Afrique-France de Nice ont demandé une meilleure représentation du continent dans les organisations internationales, et notamment au Conseil de sécurité des Nations unies.

    Le président Paul Biya a convoqué, en mai 2010, la conférence Africa 21, qui célébrait les cinquantenaires des indépendances sur le continent. Elle questionnait la place de l’Afrique dans la gouvernance internationale. Près d’une décennie plus tard, l’évaluation n’est pas très reluisante. Un Africain préside la 74e session de l’Assemblée générale de l’Onu: le Nigérian Tijjani Muhammad-Bande. Depuis 1961, 13 Africains ont été élus à la présidence de l’Assemblée générale des Nations unies. Quatre pays d’Afrique de l’Ouest (le Libéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Nigéria à deux reprises), trois d’Afrique du Nord (la Tunisie, l’Algérie et la Libye), deux d’Afrique australe (la Zambie et la Namibie), deux d’Afrique de l’Est (l’Ouganda et la Tanzanie) et un d’Afrique centrale (le Gabon) ont présidé l’organe onusien représentatif de l’ensemble des États membres de l’Onu.

    Une Africaine dirige l’Organisation mondiale de la francophonie. Deux Africains ont officié au secrétariat général de l’Onu. De quoi faire la fine bouche!

    Zacharie Roger Mbarga

    Gouvernances internationales : Ces organisations infranchissables

    Il faudra beaucoup de temps à l’Afrique pour s’affirmer comme puissance à l’échelle mondiale. Si le poids dans le commerce et la finance internationale constitue les préalables sine qua non, le management des organisations internationales stratégiques est indicateur déterminant.

    La Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), le Conseil de paix et de sécurité de l’ONU, l’Organisation mondiale du commerce, la FIFA entre autres, avec la multipolarisation des relations internationales, le contrôle ou simplement le management de ces institutions se fait de plus en plus avec une approche régionale. Ainsi, l’Europe veut garder une main sur le FMI et les États-Unis contrôlent la Banque mondiale.

    Principalement, l’Afrique ne saurait ignorer que le contrôle d’une organisation internationale passe principalement par la taille des contributions au budget ou encore par la taille des réserves, lorsqu’il s’agit d’une institution financière.
    Il devient ainsi aisé d’expliquer les échecs de l’ex-ministre nigériane des Finances, Ngozi Okonjo-Iweala.

    Facteurs
    Plusieurs facteurs expliquent la marginalisation de l’Afrique dans la gouvernance mondiale. Le juriste Andela, dans son blog le portail du droit, évoquel’histoire (passé colonial, perceptions extérieures sur l’Afrique y compris celles des Africains sur eux-mêmes); l’économie (extrême pauvreté, sous-développement, 3 % de contribution au commerce mondial, dépendance à l’aide); la gouvernance et la sécurité (instabilité politique, déficit démocratique, changements anticonstitutionnels de gouvernement, guerres civiles, émeutes, absence de l’État de droit).

    Optimisation
    Infléchir cet état des choses commande que l’on «abandonne les jérémiades au sein des instances internationales. Le rôle de l’Afrique dans la gouvernance mondiale s’accroîtra lorsqu’on va privilégier l’approche collective. Ceci suppose la définition de positions communes africaines sur les grandes questions internationales», indique l’expert. Il s’agit de donner sens au slogan de l’agenda 2063,«une Afrique intégrée, prospère et en paix, gérée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique dans l’arène internationale».

    Zacharie Roger Mbarga

  • CEMAC : 2820 milliards pour interconnecter le marché sous-régional

    CEMAC : 2820 milliards pour interconnecter le marché sous-régional

    C’est la somme recherchée par l’institution communautaire afin de réaliser les 12 projets intégrateurs qui vont  fluidifier les échanges et la création des chaines de valeur.

     

    Déroulement des travaux

    12 projets intégrateurs bancables viennent d’être retenus par les ministres de l’économie et des finances des pays de la Cemac. Il s’agit de mettre en réseau le marché de la sous-région. Ceci vient résoudre deux insuffisances à la libre circulation des biens : les infrastructures et les importations tout azimut !

    Les projets intégrateurs sont une déclinaison des 13 programmes phares du programme économique régional de la Cemac. On peut évoquer entre autres la construction de la transnationale reliant le Cameroun à la guinée équatoriale par Kribi-Campo ; l’interconnexion électrique Tchad-Cameroun ; interconnexion du Cameroun aux autres pays de la Cemac par fibre optique ; le corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena ; la construction des ports secs de Beloko (Rca) et Dolisie (Congo)…

    Ces « projets intégrateurs prioritaires matures dont le coût totalise un montant de 2820 milliards seront présentés aux partenaires techniques et financiers » a indiqué Daniel Ona Ondo, président de la commission de la Cemac. D’ailleurs, une délégation va se constituer à l’effet de faire la présentation de projets aux partenaires techniques et financiers et aux autres partenaires au développement, en vue de solliciter les financements. Ladite délégation sera composée du président de la commission de la Cemac, du président du Copil Pref-Cemac, du gouverneur de la Beac, du président de la Bdeac et de quelques ministres du Copil. Les financements seront également mobilisés au plan interne.

    Ambition

    Comment enrailler le cycle d’une sous-région hydrocarbure dépendante ? Comment substituer la recherche d’une croissance positive par l’objectif de réduction de la pauvreté ? Enfin muter de l’obsession des équilibres macroéconomiques à la création de l’activité dans la sous-région ?

    Voilà un florilège de questions auxquels étaient astreints les ministres de l’économie et des finances des 6 pays de la Cemac. Réunis en session extraordinaire du comité de pilotage du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac, les ministres et les autorités communautaires semblent enclins à changer de logiciel. Après près de 3 années de discipline économique et financière, la Cemac veut produire de la richesse. Ce sont les chaines de valeur régionales qui sont priorisées.

    L’ambition de la Cemac c’est de créer de l’interdépendance économique afin de doper l’activité industrielle de la sous-région. Les 12 projets intégrateurs retenus devront installer un cercle vertueux de l’intégration économique permettant aux opérateurs économiques et aux populations de d’avoir accès à la production locale de manière aisée.

    Méthodologie

    La Cemac a misé sur des projets matures prêts à être financés. Pour s’en convaincre, il faut écouter le secrétaire permanent du Pref Cemac. Le Pr Cyr Djiena Wembou indique « à l’issue d’un examen minutieux, les Etats ont décidé que l’option de sélection serait la pertinence des projets c’est à dire que les Etats doivent présenter des projets murs : des projets qui ont des termes de référence validés, des projets ayant des avant projet sommaires (APS), des projets détenteurs d’un avant projet détaillés (), des projets pour lesquels l’étude de faisabilité économique et technique est achevée, des projets pour lesquels l’évaluation financière est faite et enfin des projets pour lesquels l’ANI et parfois les DAO sont prêts. En le faisant et manière très courageuse, on en arrive non plus à 84 projets mais à 12 ».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Commerce intracommunautaire : comment rompre avec les incongruités de la Cemac

    Commerce intracommunautaire : comment rompre avec les incongruités de la Cemac

    La Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) réalise une performance d’intégration commerciale de l’ordre de 3,5 % selon la note de conjoncture commerciale de l’institution communautaire.

    Il s’agit pourtant de l’une des régions les mieux loties en Afrique et dans le monde en termes de richesses naturelles. On y retrouve des hydrocarbures (pétrole et gaz), plusieurs variétés de bois, une panoplie de minerais. La sous-région dispose d’un potentiel agricole à travers des sols arables, des zones agro-écologiques et un climat tempéré. Pourtant, les importations de la région s’élèvent à 2000 milliards par an, et ont pour origine l’occident. «Les pays de la Cemac importent des produits carnés pour 800 milliards de francs CFA. Le Congo, le Gabon et la Guinée Équatoriale sont les plus grands importateurs des produits agroalimentaires. Ce qu’ils importent peut (pourtant) être trouvé dans la sous-région; c’est le cas de la viande bovine au Tchad» confie Michel Niama, Commissaire en charge du marché commun.

    Du vice à la vertu
    L’inversion de cette tendance est revenue au menu des échanges des experts de la sous-région lors du comité intergouvernemental organisé à Malabo par le bureau sous-régional de la CEA. Pour Mama Keita, chef de la section des politiques et des réformes pour la diversification économique à la CEA, «il faut plutôt réinventer l’homme; changer sa mentalité. Je pense que le Rwanda l’a fait et s’en sort bien. On parle de la diversification, mais qui va produire si l’homme n’est pas préparé à cela»?

    Autre entrave, l’insuffisance des infrastructures. Tout comme «il nous faut diversifier nos économies, sinon nous resterons piégés par nos propres ressources qui ne serviront qu’à alimenter les industries d’ailleurs. Il nous faut développer le made in Central Africa», plaide Désiré Mondélé, conseiller spécial à la présidence de la République du Congo.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Marché financier : la Cemac séduit les patronats de la sous-région

    Marché financier : la Cemac séduit les patronats de la sous-région

    Afin de promouvoir le nouvel écosystème du marché financier de la sous-région et inciter le monde des affaires à s’y déployer, la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf), organe technique de la Cemac, organise la semaine internationale de l’investisseur de la Cemac (SIIC). Originellement prévu à Libreville en octobre 2019, l’évènement vient d’être reporté pour octobre 2020. «Occasion pour les organisateurs, de mieux cerner tous les contours de cet évènement devant mobiliser plusieurs investisseurs, non seulement ceux des six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), mais également au-delà de cet espace économique», indique la communication de la Cosumaf.
    Dans son communiqué, la Cosumaf présente la SIIC comme une ambition se positionnant comme «un évènement majeur de la finance en Afrique, un moment et un espace de rencontres des professionnels et du grand public pour une jonction de l’offre et de la demande des services et produits financiers». Pour le président de la Cosumaf, l’ambassadeur NagoumYamassoum,la Semaine internationale de l’investisseur de la Cemac «se veut être une plateforme de mise en relation B2B et B2C entre ceux qui ont des solutions et de l’épargne, avec ceux qui ont des projets et des véhicules d’investissement rentables».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Résilience aux catastrophes en Afrique centrale : Vers une stratégie impliquant l’approche genre

    Résilience aux catastrophes en Afrique centrale : Vers une stratégie impliquant l’approche genre

    Les débats sont en cours à Kinshasa afin de faire contribuer efficacement chacune des composantes du genre.

    Les experts en débats à Kinshasa

    Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo accueille les travaux de la 8ème Plateforme pour la Réduction des Risques de catastrophes en Afrique centrale. Les experts des 11 pays membres de la Communauté Economique des Etats membres de l’Afrique centrale (CEEAC) réfléchissent sur les voies et moyens de réduire la vulnérabilité des pays de la sous-région aux catastrophes naturelles et à leurs conséquences.

    De l’avis des participants, en adoptant une approche genre, la sous-région optimise ses capacités d’alerte et d’adaptation aux situations de catastrophes. La question a fait l’objet d’échanges au cours d’une session parallèle en marge des travaux de Kinshasa. La session était animée par le consultant en chef de la Ceeac, le cabinet CowaterSogema représenté par M. Mark.

    Méthodologie

    Le consultant de la Ceeac a élaboré un guide permettant aux participants d’échanger en vue de fournir des actions visant à construire des relations avec les points focaux, développer un plan d’engagement des parties prenantes, étudier les approches d’intégration de la dimension genre, programmer les activités (consultations et résultats).

    En définitive, il est attendu que les débats sur le sujet favorisent l’élaboration d’une stratégie et d’un Plan d’Action genre au niveau régional dans le cadre du Programme « construire la résilience aux aléas naturels dans les régions, les pays et les collectivités locales en Afrique sub-saharienne ». Plusieurs recommandations ont été formulées à la Ceeac et au consultant pour l’intégration du genre dans la gestion des risques de catastrophes. Une mission d’élaboration du plan d’action de la CEEAC a été mise sur pied et présenter aux experts.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Jacques Chirac: son mariage à l’Afrique!

    Jacques Chirac: son mariage à l’Afrique!

    Pourquoi parler de Chirac quand le Soudan, l’Est de la RDC ou encore la méditerranée engloutissent des milliers d’Africains? S’interrogeront sans doute les lecteurs de cette chronique.

    Beaucoup diagnostiqueraient le complexe du colonisé à l’auteur de cette épigraphe. Peut-on faire le mort quand une page des relations de l’Afrique à l’Occident, particulièrement à la France, se referme? Peut-on être insensible à la disparition d’un concélébrant des diners d’ajournement de la rupture du cordon ombilical entre la France et son pré-carré africain?

    Jacques Chirac s’est éteint le 26 septembre dernier au milieu des siens. Paix à son âme! Son rapport à l’Afrique était d’une complexité semblable aux multiples nuances d’un long mariage. Homme politique de chaleur et de controverses, Chirac a été un artisan du leadership français en Afrique. Il est sans doute le dernier homme politique à avoir affirmé la puissance de la France dans les esprits des Africains. Comme face à une épouse, Chirac s’est montré loyal, prévenant, chaleureux vis-à-vis des dirigeants africains.

    Loyal et fidèle
    Cet entregent bien connu et reconnu, salué dans le monde aujourd’hui, tout le monde n’y avait pas droit. Il fallait être un ami courtois à Paris. Cette courtoisie aura sans doute manqué à Laurent Gbagbo. Peu après la tentative de coup d’État du 19 septembre 2002, le président Laurent Gbagbo ne tarda pas à accuser Paris d’avoir manœuvré dans l’ombre pour le renverser. La tension se nourrit notamment du refus français d’appliquer l’accord de défense existant entre les deux pays.

    Pour M. Gbagbo, l’armée française, qui dispose toujours d’une enclave à Abidjan, aurait dû prêter main-forte aux soldats ivoiriens, au motif que les assaillants étaient partis d’un État voisin, en l’occurrence le Burkina Faso. M. Chirac refusa au prétexte qu’il s’agissait d’une crise politique interne à la Côte d’Ivoire. La tension atteignit son paroxysme en novembre 2004, après le bombardement de la base militaire française de Bouaké par l’aviation ivoirienne. À cet instant, Paris envisagea sérieusement de chasser M. Gbagbo de son fauteuil et de le remplacer par son chef d’état-major. La tentative fit long feu, mais les relations franco-ivoiriennes furent abîmées pour de nombreuses années. Ainsi, dans ce qui fut le joyau de la couronne françafricaine, Abidjan, on vit fleurir des slogans tels que «Si c’est gâté [fichu], à chacun son Français». Après l’élection de Nicolas Sarkozy, M. Gbagbo eut cette phrase, mal avisée au regard de l’histoire: «Depuis, je dors mieux.»

    Apôtre de la justice
    Pendant l’exercice du pouvoir, Jacques Chirac s’est fait l’avocat de l’Afrique sur la scène internationale. Il va accentuer ses plaidoyers au crépuscule de son bail à l’Élysée. Cette posture, Chirac l’inaugure sous la cinquième république et ses successeurs vont l’adopter. Ainsi déclare-t-il à Cannes en février 2007 devant les représentants de 48 États africains réunis au sommet franco-africain : «j’aime l’Afrique, ses territoires, ses peuples et ses cultures. Je mesure ses besoins, je comprends ses aspirations». Dans une interview accordée à la presse après son départ de l’Élysée, Jacques Chirac a reconnu que les richesses de l’Afrique ont été pillées, y compris par son pays. Et il a demandé qu’on rende aux Africains ce qu’on leur a pris.«On oublie seulement une chose.

    C’est qu’une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation, depuis des siècles, de l’Afrique. Pas uniquement, mais beaucoup vient de l’exploitation de l’Afrique. Alors, il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité. De bon sens, de justice, pour rendre aux Africains, je dirais, ce qu’on leur a pris. D’autant que c’est nécessaire, si on veut éviter les pires convulsions ou difficultés, avec les conséquences politiques que ça comporte dans un proche avenir».

    Zacharie Roger Mbarga

  • Commerce intraafricain : Le Cameroun va consolider ses principales positions

    Commerce intraafricain : Le Cameroun va consolider ses principales positions

    La mise à niveau de la stratégie nationale des exportations vise en particulier le renforcement de la présence du Cameroun sur les marchés de la CEEAC et du Nigéria.

     

    C’est un défi à 300 millions de consommateurs. Le Cameroun veut faire du marché de la Ceeac et de celui du Nigéria, la rampe de lancement de la conquête du made in Cameroon à l’international. Voilà pourquoi en élaborant une stratégie de développement des exportations, une annexe est consacrée à la Ceeac et au Nigéria. En pleine préparation de l’ouverture des frontières avec la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf), le Cameroun cherche à fourbir ses armes.

    Pour le Directeur général de l’économie, cette stratégie est cohérente aux objectifs du Dsce, à la stratégie nationale des exportations de 2015, au plan national d’industrialisation de 2016 et au document d’opérationnalisation de la stratégie sur les marchés de la Ceeac et du Nigéria. L’optimisation en cours consiste à donner un coup d’accélérateur au processus.

    Valorisation

    « Le Cameroun peut couvrir le besoin de céréales au Nigéria. Sur bien d’autres aspects, il faut améliorer le packaging et le marketing pour pénétrer ces marchés » assure Aliou Abdoulahi, Chef de la Cellule Nationale d’Ordonnateur du Fed.

    La revue de la précédente stratégie a été financée par l’UE. Pour Filipo Amato, Chef de la section commerce à la délégation de l’UE, il est question « d’améliorer les exportations du Cameroun dans les pays voisins vu que la précédente stratégie prenait uniquement en compte le marché européen ».

    Au chapitre des efforts à engager au niveau de l’administration, il y a les infrastructures, le climat des affaires et une cartographie quasi exhaustive des besoins des consommateurs voisins notamment ceux de la Rdc, l’Angola, le Rwanda et le Burundi.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Afrique centrale : La BAD provoque le consensus

    Afrique centrale : La BAD provoque le consensus

    L’atelier de Yaoundé salue la justesse de la stratégie d’optimisation de l’intégration régionale présentée par l’institution financière panafricaine.

    Les priorités d’intégration régionale, l’approche participative d’élaboration puis suivi/évaluation du document de stratégie, le portefeuille des projets intégrateurs, la disponibilité des financements et l’installation d’un bureau dédié à la sous-région Voilà des indicateurs qui ont achevé de convaincre les participants à l’atelier de présentation du document de stratégie d’intégration régionale (DSIR) de la Banque africaine de développement.

    Pour la Bad, la stratégie vise à soutenir la diversification économique et la transformation structurelle à travers l’amélioration du commerce intrarégional. Une ambition qui s’appuie sur deux piliers : renforcer les infrastructures régionales (énergie, transport et TIC) d’une part, soutenir les réformes pour le développement du commerce intrarégional et renforcer les capacités institutionnelles des CER d’autre part. Cette boussole opérationnelle de la direction générale pour l’Afrique centrale de la Bad s’est faite en totale concertation avec la Cemac et la Ceeac, les autorités nationales (gouverneurs pays) et le secteur privé (opérateurs économiques, société civile). Sa mise en œuvre se fera sur 7 ans, entre 2019 et 2025. Une pause sera effectuée en 2022 à l’effet d’évaluer la mise en œuvre car il s’agit de plus de 2609 milliards de Fcfa (4,4 milliards de dollars) qui sont mobilisés.

    Connectivité

    C’est le maitre-mot qui a dominé les échanges. Comme illustration de ce consensus et cohérence avec le 4ème pilier de la vision décennale de la Bad : intégrer l’Afrique. Il s’agira de débarrasser les corridors des barrières non tarifaires afin de la rendre plus sûrs. Pour Ousmane Doré, Top Manager de la direction générale, en 2025, le niveau d’échange devra être porté à 6% contre 1,3% aujourd’hui. Il s’agira aussi spécifiquement d’améliorer les infrastructures de transport aérien et de surface, financer des corridors (routiers, ferroviaires, fluviaux) et faciliter le commerce transfrontalier, libéraliser et rendre plus sûre le transport aérien, développer des voies navigables éco-compatibles, renforcer la capacité du Pool énergétique d’Afrique centrale et accroître l’accès à l’énergie, appuyer la gestion intégrée des ressources en eaux transfrontalières, développer des réseaux à large bande bien réglementés et concurrentiels, favoriser les systèmes nationaux d’identité digitale harmonisés, promouvoir l’administration électronique et les services financiers en ligne.

    Fragilités

    Pour y arriver, il faudra un écosystème favorable en termes de gouvernance saine (politique, économique et sociale), de quiétude socioéconomique pour les investissements de la Bad et autres PPP à encourager, un meilleur climat des affaires, une diversification économique plus ambitieuse et de meilleure capacité humaine et institutionnelle. En un mot, l’appui de la Bad à la transformation structurelle n’aura d’effet que s’il y a une amorce concrète de transformation. Le Président de la Commission de la Cemac parlera alors de « changement de comportement ».

    Zacharie Roger Mbarga