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Lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme : l’Afrique peut mieux faire!

Pour la période 2020-2022, le Fonds mondial dédié à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a reçu des promesses de financements de l’ordre de 14,02 milliards de dollars US.

Jamais une organisation multilatérale du secteur de la santé n’avait récolté une telle somme, la plus importante obtenue par le Fonds mondial. Ces ressources aideront à sauver 16 millions de vies et à mettre fin aux épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme d’ici 2030.

Avec près de 65 millions de dollars US, l’Afrique subsaharienne vient d’effectuer une belle mise. Si l’on en croit les statistiques, c’est une belle main qu’elle remporte. En effet, les trois quarts du Fonds mondial vont à l’Afrique. 75 % des fonds décaissés entre 2017 et 2019 ont été affectés à l’Afrique. La zone subsaharienne en a reçu 72 % et le Maghreb, élargi au Moyen-Orient, 3%. En Afrique subsaharienne, le trio le mieux doté se compose de l’Éthiopie, du Nigéria et de la Tanzanie. Ces trois géants du continent ont, à eux seuls, bénéficié de 7milliards de dollars sur les 28 milliards octroyés par le Fonds depuis 2002. L’Éthiopie arrive en tête des pays les mieux servis, avec un total de 2,3 milliards de dollars.

Composition
Le continent africain concentre le taux de prévalence le plus élevé pour le VIH. Huit séropositifs pris en charge sur dix sont en Afrique. 85 % des malades du VIH de la planète pris en charge par le Fonds mondial vivent sur le continent. Le Fonds s’occupe de 18,9 millions de personnes porteuses de ce rétrovirus dans le monde, dont 16,1 millions en Afrique.

En termes de paludisme, le continent reçoit le plus grand effort. 117 des 131millions de kits antimoustiques, distribués sur la planète grâce à l’argent du Fonds mondial, le sont dans les pays africains. C’est là que le paludisme fait le plus de victimes, mais c’est aussi là que les choses bougent.

Toutefois, l’Afrique n’est pas le continent le plus touché par la tuberculose. Cette affection reste la principale cause de mortalité parmi les maladies infectieuses de la planète, avec 1,3 million de décès annuels. Si rien ne change, 2,6 millions de personnes mourront d’ici à 2050. L’Afrique n’est pas la plus touchée, puisque seuls 23 % des cas mondiaux pris en charge par le Fonds sont sur le continent.

L’Afrique doit améliorer la perception qu’elle a du Fonds mondial, son engagement à contribuer et son positionnement vis-à-vis de l’usage des fonds dont il est le principal bénéficiaire.

Investissements structurels
Une fois de plus, l’Afrique s’est rendue à cette conférence comme à une partie de poker. Miser peu pour obtenir la grosse part possible. On se serait attendu à ce que l’Afrique, à travers l’Union africaine, présente une stratégie commune démontrant ses besoins, ses exigences en termes d’investissement de santé et sa contribution collective à la hauteur des attentes. La crédibilité du continent aurait été plus importante. Le champion africain des questions de paludisme, le président rwandais Paul Kagame, était absent. Sa prise de parole aurait été importante pour évoquer la situation sur le continent.

Plus intéressant encore, l’Afrique doit industrialiser sa lutte contre ces maladies. Importer des seringues, des moustiquaires, des vaccins et autres appartient à une autre époque. Il serait important que le continent envisage l’investissement pour des laboratoires, des solutions de e-santé pour la facilité d’accès, des industries pharmaceutiques pour la fabrication des produits. À ce moment, l’Afrique pourra pleinement tirer parti de ce fonds!

Zacharie Roger Mbarga

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