ACTUALITÉINTÉGRATION NATIONALE

Présidentielle 2018 : La campagne des anciens candidats

Neuf candidats… Un élu
Après 2011, le samedi 22 septembre 2018 est le jour où la politique s’est officiellement réveillée au Cameroun. Il y a 7 ans en effet, le pays vivait pareille effervescence. Revoici la présidentielle, revoici la campagne électorale. Selon la loi, c’est parti pour deux bonnes semaines. Quatorze jours pour que les candidats au fauteuil présidentiel disent des choses. Pour eux, c’est le temps de convaincre, car la confiance populaire ne tombe pas du ciel. Elle viendra du peuple, si toutes les conditions sont respectées. L’instant est donc délicat. Il est d’autant délicat que cette fois-ci, la vieille lune mortifère inspire certains à cultiver l’intolérance.

Le 7 octobre prochain est donc à suivre de très près. Toutes les parties prenantes (administrations publiques, partis politiques, observateurs, médias, société civile et anonymes) doivent s’arrimer à la bonne gestion des contradictions… pour le bon déroulement de la campagne, pour le bon déroulement du scrutin. Alors, il faudra chaque jour conjurer les éléments de déloyauté publique. L’information à sens unique et inique, les injures, les fake news, les chasses à l’homme, les citations truquées et les amalgames biaisés peuplent la liste.

On l’a vu sous d’autres cieux. On a vu les mille feux qui ont fâcheusement encadré la suite. On en voit l’application dans l’actualité. Cette actualité parle. Elle dit qu’il ne faut pas, en cette période, forcer les trous de serrure pour que le désordre entre dans la maison. L’aphorisme, on en conviendra, est caricatural. Il exprime pourtant une réalité : en période électorale, le diable rôde, prêt à élire domicile chez celui qui lui ouvre la porte. Car il y a un vibrant idéal à partager, avec pour résiduel objectif commun ce qui n’est finalement que la définition de toute société : le vivre-ensemble. Bonne campagne à tous !

 

La campagne des anciens candidats

L’inflation de leur discours fait créditer la thèse d’arrière-pensées politiques.

 

Joachim Tabi Owono

Doigt d’honneur fièrement levé, Jean-Jacques Ekindi se fait miel à nouveau avec Paul Biya. Au cours de la conférence de presse qu’il donne ce 20 septembre 2018 à Douala, le «chasseur de Lion» assume son choix. «Il ne faut pas confier le destin du pays à n’importe qui», confie-t-il aux journalistes. Pour le justificatif, c’est une forme de colère qui domine le leader du Mouvement Progressiste (MP). «Ce qui se passe entre les états-majors des différents candidats est dur à vivre. Là-bas, c’est le flou idéologique et stratégique», assure le célèbre challenger de Paul Biya à la présidentielle de 1992.

Toujours pour agréger la candidature du président du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), Jean de Dieu Momo, sur les ondes de Radio Balafon, le 23 juillet 2018, affiche une posture de repentance, sur fond de propos éruptifs contre ses détracteurs. «Je me suis trompé!», avance le leader des Patriotes Démocrates pour le Développement du Cameroun (PADDEC), le parti sous la bannière duquel il bat campagne à l’élection présidentielle de 2011.

Jean-Jacques Ekindi

A l’issue dudit scrutin, Isaac Feuze ne récolte que quelques maigres suffrages. Aujourd’hui, contrastant avec ses communications antérieures, le président du Mouvement pour l’Emergence et le Réveil du Citoyen (MERCI) s’affiche en pro-Biya et l’assume de face. Tout comme Joachim Tabi Owono. Battu à deux reprises (1997 et 2011) par le candidat du RDPC, le président national de l’Action pour la méritocratie et l’égalité des chances (AMEC) perce, sous l’écorce de son humilité retrouvée, quelques beaux restes de son admiration pour Paul Biya.

De son côté, Albert Dzongang, le président de la Dynamique, se saisit d’éléments comme les errements et les reniements d’une prétendue ligne politique trahie ou la gouvernance autoritaire au sein de son ancien parti (le RDPC) pour appeler à voter Maurice Kamto, le 7 octobre 2018. L’acte d’accusation que ce candidat à la présidentielle de 2011 dresse contre Paul Biya a trois lignes : «un régime politique fondé sur le culte de l’image présidentielle, une fuite en avant permanente dans la communication et l’obsession de sa réélection au détriment de l’intérêt général». Toutes choses qui, selon lui, exposent inévitablement le chef de l’État à devenir le réceptacle de toutes les colères et angoisses du pays. Pour lui, la meilleure offre politique actuelle reste celle du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun.

Jean de Dieu omo

Pour la campagne électorale, Jean-Jacques Ekindi, Jean de Dieu Momo, Isaac Feuzeu et Joachim Tabi Owono occupent l’espace public. Tous caractérisés par une double propriété : chacun revendique au moins une participation à l’élection présidentielle et est leader de son parti. Au fur et à mesure de la divulgation plus ou moins organisée et contrôlée des soutiens et des ralliements, la candidature de Paul Biya rassemble des hommes aux profils politiques variés. «Pour la plupart, ces ralliements proviennent d’acteurs hier en rupture avec tel ou tel candidat», analyse Manfred Ekouti. À en croire ce socio-politiste, cela peut se lire sous deux angles: «c’est le prolongement de leurs activités politiques antérieures et la correction de leurs expériences à la présidentielle». Il ajoute: «À la vérité, leur présence n’est pas de nature à durcir le scrutin. Ces anciens candidats rassemblés autour d’un même totem sont là pour nourrir la panse médiatique avec des arrière-pensées politiques».

Océan

Le RDPC décline le visage de sa campagne

À Kribi, le 23 septembre 2018, Jules Doret Ndongo, chef de la délégation départementale permanente du comité central du RDPC dans l’Océan, a lancé la campagne pour la réelection du président Paul Biya. En voici les lignes stratégiques.

Jules Doret Ndongo, bras levés à Kribi le 23 septembre 2018

Un peu plus de 86 millions de francs CFA ornent les caisses de la commission départementale de coordination de la campagne du candidat RDPC dans l’Océan. On l’a appris le 20 septembre 2018 au cours d’une séance de travail présidée par Jules Doret Ndongo. Le ministre des Forêts et de la Faune a de bonnes raisons d’exprimer sa satisfaction. Outre la générosité des militants des 9 sections RDPC du département de l’Océan, la collecte des fonds a également sollicité les communautés, associations et entreprises citoyennes de la localité.

Le chef de la délégation départementale permanente du comité central du RDPC dans l’Océan insiste sur les modalités de gestion de l’argent, qualifié par l’orateur de «fonds publics». Sur le grill: les présidents de section et de sous-sections portés à la tête des commissions communales et locales de campagne. Ils reçoivent respectivement des enveloppes globales de 16 633 500 FCFA et 56 530 000 FCFA soit un total de 73 193 500 FCFA pour le fonctionnement des commissions susmentionnées.

Jules Doret Ndongo met un point d’honneur sur les directives du comité central par rapport à la conduite de cette campagne qui «ne sera pas comme les autres». Explication du membre du gouvernement: «cette fois-ci contrairement à l’accoutumée, l’option prise par la hiérarchie du parti est celle du porte-à- porte durant lequel le bilan du président national à la tête du pays en général et tout particulièrement dans l’Océan devra être mis en exergue».

Damien Tonyè

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