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Archives des LIBRE-PROPOS - Page 9 sur 12 - Journal Intégration

Journal Intégration

Catégorie : LIBRE-PROPOS

  • Le Sénat français la main dans le sac

    Le Sénat français la main dans le sac

    Habituée à faire la pluie et le beau temps en Afrique, progressivement confrontée à une situation qui lui sort du contrôle, au lieu d’adopter une attitude réaliste de collaboration et de dialogue, la France reste empêtrée dans ses complexes de maître absolu des pays africains. Incapable de se remettre en question et de se mettre à jour, elle ne comprend toujours pas que ce qui se passe en ce moment en Afrique contre la France ne relève plus de simples dénonciations.

    Représentant spécial de l’UPC en Afrique Centrale et Australe Président de l’Alliance Patriotique

    Pourquoi les deux tiers du sénat français ont voté pour la réforme du Franc CFA? Peut-on ratifier une réforme d’une monnaie que l’on n’utilise jamais soi-même et qui appartient aux autres? Comment se fait-il qu’un pays européen puisse se doter de droits et de moyens lui permettant de piller librement les pays africains pourtant dits indépendants? Qu’est-ce qui fait courir la France? Pourquoi tant de fébrilité de la classe dirigeante française?

    Le Franc CFA : un symbole de l’amnésie, de l’ingratitude et de la cruauté de la France
    Depuis la Deuxième Guerre Mondiale, on se demande souvent comment un grand pays comme l’Allemagne, s’est laissé entraîner par la folie expansionniste suicidaire d’Adolf Hitler. Et pourtant sous nos yeux, nous voici aujourd’hui en 2021 face à une France qui solennellement, sereinement au su et vu de la Communauté dite internationale, sans échanger avec les pays africains, prend des décisions unilatérales ayant une forte incidence dans la vie de ces pays.

    Et pourtant «Plus jamais ça ! Plus jamais de barbarie fasciste!», criait-on un peu partout en Europe après la Deuxième Guerre Mondiale. Mais voilà qu’aujourd’hui, l’histoire se répète avec une France qui perpétue depuis près de 80 ans un nazisme monétaire en Afrique.
    L’histoire du Franc CFA commence après la Deuxième Guerre Mondiale, lorsque la France sortie de la salle de réanimation, se donne deux principaux objectifs : résoudre ses problèmes matériels et financiers tout en empêchant à tous prix l’émancipation et l’indépendance des pays africains.

    À la fin de la Deuxième Guerre Mondiale la France était exsangue, extrêmement affaiblie économiquement, militairement et financièrement par l’invasion nazie allemande. Elle ne s’en sortit que grâce aux pays africains et au Franc CFA.

    Alors que sans les soldats africains dont la participation dans la Deuxième Guerre Mondiale fut décisive et exceptionnelle, la France et l’Europe ne se seraient pas libérées du fascisme allemand, alors que sans l’Afrique la France n’aurait pas été ce qu’elle a été après cette guerre et est aujourd’hui, le général De Gaulle, amnésique, fasciné par les ressources de l’Afrique, aveuglé par sa cruauté et sa cupidité, n’avait trouvé que le Franc CFA comme remerciements aux sacrifices inouïs des Africains pendant cette guerre. Il offrit à l’Afrique le Franc CFA afin de mieux l’enchaîner, l’étrangler et l’asphyxier.

    On peut simplement constater aujourd’hui 80 ans après, ce que sont devenus ces pays africains pendant que la France elle, est une superpuissance avec droit de véto au Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies.

    Il faut bien le rappeler aux jeunes générations africaines. À la fin de la guerre, face aux pays africains, la France amnésique et ingrate était confrontée à deux problèmes : le nombre élevé de soldats africains ayant participé à la guerre, et leur nouvel état d’esprit d’émancipation. Ils avaient vu l’Europe et ils tenaient à construire leur continent.

    Le dilemme français était lié d’une part aux pensions et divers subsides de Guerre qui devraient être versés normalement à ces soldats africains, et qui les transformaient en redoutables rivaux financiers des colons français, ce qui était inadmissible pour la France.
    D’autre part, ces soldats africains avaient perdu tous les complexes d’infériorité vis-à-vis des français, pour les avoir côtoyés et avoir assisté à leurs peurs et faiblesses face à l’ennemi fasciste, puisque le plus souvent, ce sont ces soldats africains qui donnaient les assauts et accomplissaient les missions les plus dangereuses et délicates.

    Afin de diminuer le pouvoir financier des soldats africains, De Gaulle faisait d’une pierre deux coups en créant cette nouvelle « monnaie de singe » uniquement utilisable dans les colonies : le Franc CFA

    Une course désespérée contre le sens et la marche de l’Histoire
    Quelque temps après son annonce de la fin du Franc CFA, voilà la ratification de sa réforme par l’écrasante majorité du sénat français d’une monnaie, disons-le clairement, qui n’a jamais été une propriété de la France. Alors que la grogne monte un peu partout en Afrique, alors que les africains ne veulent plus de cette France négrière et parasitaire, celle-ci tient à tous prix à continuer le pillage de notre continent.

    Pendant que tout le temps l’on ne parlait que de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Ouest, la France s’est retrouvée avec une sourde et très silencieuse révolution pacifique en Afrique centrale : au moment même où elle s’était préparée à la glorification tous azimuts du général De Gaulle, lors du Colloque international France-Afrique du 27 octobre 2020 à Brazzaville, la France se faisait rattraper par sa politique hautaine et chargée de mépris vis-à-vis de l’Afrique.

    Elle se faisait surprendre par la froideur et la clairvoyance des chefs d’États de l’Afrique centrale, qui, par les voix des présidents Denis Sassou Nguesso et Idriss Deby Itno, lui exigeaient et lui faisaient accepter solennellement, la réécriture de l’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale, avec les hauts faits de leurs dignes soldats, la place méritée du continent au Conseil de sécurité des Nations unies, et les monuments historiques des braves soldats africains, pour leur héroïque participation dans la libération de l’Europe et de la France du nazisme hitlérien.

    Contrairement à ce qui se disait, les dirigeants de l’Afrique centrale ne dormaient pas, il suffit de voir ce qui se passe actuellement en République Centrafricaine où tel Barthélémy Boganda, le président Touadera est en train de mettre fin à l’éternelle présence militaire française, principale source des problèmes de ce pays et véritable obstacle à la création d’un État centrafricain crédible et maître de toute la Centrafrique.

    Habituée à faire la pluie et le beau temps en Afrique, progressivement confrontée à une situation qui lui sort du contrôle, au lieu d’adopter une attitude réaliste de collaboration et de dialogue, la France reste empêtrée dans ses complexes de maître absolu des pays africains. Incapable de se remettre en question et de se mettre à jour, elle ne comprend toujours pas que ce qui se passe en ce moment en Afrique contre la France ne relève plus de simples dénonciations. Elle ne comprend pas encore qu’afin de gagner les cœurs des africains, elle devra reprogrammer son logiciel de pensées selon les normes du 21e siècle en s’imaginant notamment une Afrique qui s’appartient.
    Elle n’a pas encore compris qu’elle ne sera plus en paix sur notre continent aussi longtemps qu’elle ne demandera pas des excuses officielles pour son ingratitude, qu’elle devra payer toutes les compensations financières nécessaires, et construire des monuments en France aux soldats africains tombés pour sa libération.
    Les gesticulations actuelles du sénat français prouvent très bien que ce n’est pas par de bonnes paroles que la France recouvrera la raison. D’une part, les sociétés civiles africaines doivent prendre le taureau par les cornes, en poussant les parlements et les gouvernements africains à prendre toutes les dispositions nécessaires afin de récupérer le Franc CFA des griffes de la France. D’autre part, une mobilisation panafricaine voire mondiale, telle que vécue lors de la lutte contre l’Apartheid et la peste brune est indispensable aujourd’hui, puisque la France, qui ne s’imagine toujours pas une Afrique qui s’appartient, n’est pas prête à lâcher les immenses richesses de notre continent. Si rien n’est fait contre ce fascisme monétaire qui a déjà trop duré, la France l’installera dans la durée pour de nombreuses décennies encore.
    L’heure est enfin venue pour le Vatican de dire à sa fille aînée la France, que le continent africain est lui aussi, habité par des êtres humains jouissant des mêmes droits que ceux des Français.

  • Tout pouvoir vient de Dieu

    Tout pouvoir vient de Dieu

    Tout pouvoir vient de Dieu : celui du chef traditionnel comme celui de Biya. La théorie de la présidence à vie est ainsi formulée pour la première fois le 28 octobre 2020 à Buéa par Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, à la suite du massacre des élèves de la Mother Francisca International Academy en abrégé MOFRIBA. Jusqu’à présent, c’était plutôt un argument légal qui était brandi, à savoir que la constitution ne limitait pas le nombre de mandats du chef de l’état.

    Devant les violations flagrantes de la même loi fondamentale, les dysfonctionnements et la fraude émaillant le processus électoral, on dénonçait avec un zèle inhabituel un complot imaginaire visant à déstabiliser les institutions. À défaut de convaincre, on assenait alors, dans son air le plus sérieux, que Biya était le moins mauvais choix. On voulait ainsi dire que pour le bien du pays, en réalité de quelques familles puissantes, il était souhaitable qu’il conserve le pouvoir.

    On reconnaissait en coulisse son bilan catastrophique, ses manquements, ses errements, son mépris des siens, son absentéisme, le caractère tyrannique de son régime. Mais, on le préférait à un autre parce qu’on avait fini par s’habituer à lui. Il faisait partie du décor, comme sa photo qui trône dans les administrations et que toute caméra qui traîne dans ces lieux se doit de filmer. Pourtant, le 28 octobre 2020, alors que la nation tout entière, indignée et triste pleurait les assassinats ignobles de Jenifer Anamgnim, Princess Ngemone, Rema Zakame, Renny Ngwane, Syndi Chema, Telma Che, Victory Camibon, Atanga Nji allait faire une déclaration fracassante.

    D’après le ministre, tout pouvoir vient de Dieu. Celui du chef traditionnel, il cita Chief Mukete assis dans la salle, y tire son origine. De même que celui du président de la République. C’est Dieu qui donne, disent les Évangiles, et c’est lui qui reprend. Dieu est le maître des horloges, affirment d’autres. En fait, il cherchait à démontrer que ceux qui détiennent le pouvoir ne sauraient être contestés. On voit ici le spectre de la guerre civile qui justement avait été déclenchée par ce pouvoir dont la seule et unique mission est de briser les corps et les esprits, de les maintenir le plus longtemps possible dans un statut d’indigènes, c’est-à-dire d’êtres tribaux n’ayant que des devoirs et pas de droits. Il assimilait donc le mode de désignation du chef traditionnel à celui du locataire du palais d’Etoudi.

    Or, la réalité est toute autre. Le premier est choisi par son prédécesseur dans la famille régnante tandis que le second l’est par… le peuple. Oui, la constitution du Cameroun est claire à ce sujet. Puisque, en son article 6, elle stipule que le président de la République est élu au suffrage universel direct, c’est-à-dire par les citoyens. Mais, pour le ministre, c’est Dieu qui glisse les bulletins de vote dans les urnes. C’est lui qui procède au décompte des voix, lui qui transmet les chiffres aux organes de supervision du scrutin et encore lui qui annonce les résultats à travers les membres du Conseil constitutionnel, transformés pour l’occasion en de simples exécutants de son insondable volonté.

    Dieu ! Comme si lui, Atanga Nji, il entendait les décrets de ce Dieu-là ! Comme si ce Dieu-là lui murmurait à l’oreille ou peut-être même lui parlait dans ses rêves du petit matin : « Alors, tu sais quoi, mon cher Paul, j’ai décidé de ceci ou de cela » Dieu n’est pas silencieux. Sa volonté n’est pas seulement contenue dans son livre, mais elle s’exprime à travers des individus qu’il aurait choisis. Si Biya veut être président à vie : c’est la volonté de Dieu.

    En d’autres termes, la volonté de Dieu inspire directement Biya qui n’en est que l’exécutant. Par ailleurs, le rapprochement avec le Chief Mukete est signifiant, car il fonde le pouvoir de Biya dans la tradition, selon laquelle, pour le ministre, on est chef de son intronisation jusqu’à sa mort et on est succédé par sa descendance. Mais, il s’agit ici d’une lecture tronquée de la coutume puisque dans de nombreuses tribus, la destitution du chef était dans l’ordre des possibilités. Sa longévité était plutôt le signe de la prospérité, de la justice, de la paix que son règne assurait à la collectivité.

    Ce qui est grave dans ce parallélisme entre le chef traditionnel et le président de la République est l’oubli, disons-le autrement, la mise en terre de la constitution et son remplacement par la Bible qui elle-même est postérieure à l’institution cheffale : nous avions déjà des chefs avant de connaître et d’adopter la Bible. Cet abandon de la loi fondamentale nous propulse soudain dans la mentalité de ceux qui détiennent le pouvoir au Cameroun.

    Ils se sentent donc investis par Dieu. Ils sont la manifestation de sa volonté. Et comme Dieu, pour eux, est au-dessus de la nation, au-dessus des hommes, alors on peut ensevelir la constitution et ouvrir la Bible. Le ministre avait l’assurance d’un croyant qui a retenu ses cours de catéchismes. Il va certainement à la messe tous les dimanches, il prie avant de manger et de se mettre au lit.

    À moins qu’il soit membre d’une de ces églises éveillées dont la fonction saute brutalement aux yeux : justifier le pouvoir de ceux qui le détiennent et contrôler, juguler la colère qui bout dans les veines du peuple dont l’âge médian est 19 ans, un peuple en quête de changement, c’est-à-dire d’un pays s’étant enfin affranchi de ses structures esclavagistes et coloniales, un peuple en quête de bonheur et de paix véritable, non celle imposée par la répression, après un conflit fratricide qui dure depuis 4 ans et a fait selon certaines estimations plus de 10 000 morts et 1 million de déplacés internes et externes. Il parlait donc avec assurance.

    Il était sûr de son propos, de sa place du bon côté de l’histoire. D’ailleurs, son langage corporel le trahissait, puisqu’il martelait du poing gauche la paume de sa main droite : « Romains 13, lança-t-il à l’auditoire, verset 1 à 5. » Il s’agit bien entendu de la lettre de Paul, l’apôtre du Christ, aux Romains. L’autorité vient de Dieu et ceux qui lui résistent s’opposent à Dieu, dicta Paul à son scribe Tertius. Avant d’ajouter que le magistrat est le serviteur de Dieu et que tout un chacun doit lui être assujetti.

    En filigrane, le ministre lançait ce message à la population anglophone : « Soumettez-vous à l’État, comme l’exigent les Évangiles. Arrêtez de soutenir, de protéger les indépendantistes qui ont désobéis à l’État et donc à Dieu. » Ce qu’il dissimula habilement, c’est que l’apôtre Paul écrivit aux Juifs de Rome dans un contexte particulier. En effet, ceux-ci formaient une communauté mal acceptée qui avait été exclue par décret. Elle était en danger, sujette à de nombreuses persécutions. Pour sa sécurité et sa survie, elle n’avait pas d’autre choix que la soumission aux autorités romaines.

    Ainsi, on peut affirmer que le ministre de l’Administration territoriale tenta d’instrumentaliser la lettre de Paul, ce qui ne pouvait pas laisser indifférent dans cette ville de Buéa où le christianisme, apporté un siècle et demi plus tôt par les évangélistes Joseph Merrick et Alfred Saker est profondément ancré. 

    Au beau milieu du discours, une fervente entra en scène : «Objection !» cria-t-elle à trois reprises. Ce simple mot produisit l’effet d’une arme à feu. Il glaça tout le monde. Les muscles soudain se tétanisèrent. Les bras se crispèrent. Les jambes se croisèrent. Les poumons cessèrent de brasser l’air de la salle qui devint irrespirable. En fait, elle voulait dire au ministre si sûr de lui : « Ferme ta gueule ! » Oui, on aurait dit que cette inconnue, surgie de la lumière comme un ange, lui avait assené une claque au beau milieu du visage avant d’ajouter : «Lock ya mop tara !» Cette femme s’appelait Mary comme la mère de Jésus. Elle fréquentait l’église dirigée par Boniface Tamungwa, le père de Victory Camibon, une des victimes. Son « objection » serait entrée dans l’histoire si elle s’était suivie de silence. Elle aurait rétabli la république qu’Atanga Nji venait d’enterrer avec pour linceul sa propre constitution. Mais, elle se lança dans une ritournelle évangéliste.

    Plus tard, elle se présenta comme une messagère de Dieu, avertissant que Biya doit quitter le pouvoir parce qu’il a échoué, sinon d’autres drames frapperont le pays à commencer par le palais d’Etoudi. Cette incursion, pour le moins ratée, nous ramène donc au ministre, à l’endroit précis où il avait été interrompu.

    Inconsciemment, il offrit aux Camerounais un cadeau d’une valeur inestimable, en leur dévoilant les croyances profondes de ceux qui les dirigent, et en formulant dans des termes accessibles à tous leur théorie de la présidence à vie. Désormais, les Camerounais savent pourquoi Biya doit régner jusqu’à ce qu’il rende son dernier souffle. Ils savent aussi pourquoi on tentera de le remplacer par… son fils. C’est la volonté de Dieu ! Qui, qui va donc oser défier Dieu ?

    Timba Bema, écrivain

  • ERNEST OUANDIÉ, Le dernier garant de notre Unité Nationale

    ERNEST OUANDIÉ, Le dernier garant de notre Unité Nationale

    «La vérité voyage sans passeport…», «l’UPC plie mais ne rompt guère», «Le sang des martyrs est la semence du patriotisme…», «L’unité c’est notre baguette magique. C’est la force collective, c’est notre force de frappe politique, contre laquelle se briseront tous les complots

    Daniel Yagnyè Tom

    Impérialistes. Donc l’unité c’est la victoire». Ernest Ouandié.

    Nombreux sont ceux parmi nous qui ont déjà entendu ou lu ces quelques extraits de la pensée du Président Ernest Ouandié. Mais qui était ce géant au crâne rasé, les mains menottées, que les gendarmes amenaient à la mort le 15 janvier 1971 à Bafoussam? Qui est cet homme, qui, sachant qu’il allait bientôt être assassiné, regardait paisiblement de gauche à droite la foule rassemblée et semblait lui dire tel un Messie «l’histoire me donnera raison pour avoir mené le bon combat pour mon peuple et pour mon pays»? 

    Le Président Ernest Ouandié montrait ainsi que lorsque l’on a la conscience de se battre pour une cause juste, l’on pouvait tout affronter avec sérénité, l’on pouvait même aller vers sa mort…en souriant. 

    Qui est le Président Ernest Ouandié? Quel message a-t-il laissé pour l’UPC et pour notre peuple? Que représente le Président Ouandié pour la nation camerounaise?

    Ouandié Ernest de son nom de lutte camarade ÉMILE « Man pass man « 

    De tous les dirigeants historiques de l’UPC Ernest Ouandié, physiquement et psychologiquement, est celui qui a le plus enduré. N’ayant pas reconnu l’indépendance du 1er Janvier 1960, il a dirigé héroïquement pendant une dizaine d’années dans les maquis du Moungo et de l’Ouest, dans des conditions extrêmement difficiles d’enclavement, la pénible lutte de résistance armée du peuple camerounais. Encerclé et évoluant sans aucun ravitaillement logistique. Il est un exemple de foi inébranlable, de ténacité, d’abnégation, d’amour et de don de soi total pour son pays, … Il faudrait simplement passer quelques nuits dans les forêts de l’Ouest pour se faire une petite idée de l’héroïsme du Président Ouandié.

    Le rôle très trouble de Monseigneur Albert Ndongmo

    Les sorties du maquis du leader historique de l’UPC étaient minutieusement préparées, exécutées avec une précision d’horloger. Tout était respecté à la minute près. Les groupes qui accompagnaient le Président Ouandié se relayaient de territoire en territoire, en se basant sur un calendrier bien préétabli scrupuleusement respecté. Le Président Ouandié et son secrétaire particulier, Njassep Mathieu alias Ben Bella, avaient été reçus par Mgr Ndongmo en personne, qui ensuite les conduisit avec sa voiture dans une mission où, quelques jours plus tard, il devait les rencontrer. Ces jours passés et se sentant délaissés par le prélat, le Président Ouandié prit la décision de partir, c’est en sortant de là qu’ils s’aperçurent que toute la région était infestée par les forces de sécurité. Afin de sauver son chef en dépistant la soldatesque néocoloniale, le camarade Njassep se dévoila et se rendit, mais le Président Ouandié seul, et traînant une blessure grave à la jambe, conscient qu’il ne pouvait pas résister longtemps dans ces conditions, au lieu de périr dans l’anonymat en brousse, prit la décision de mener son dernier combat en se présentant volontairement au poste de police le plus proche.

    Un meurtre commandité par une France aveuglée

    Le Président Ouandié était le dernier dirigeant historique de l’UPC de la toute première génération upéciste, dont plusieurs nationalistes avaient participé activement à la libération de la France et de l’Europe de l’invasion nazie pendant la deuxième Guerre mondiale. Cette génération intransigeante exigeait de la France le respect de ses engagements, ce qui la rendait furieuse. Déterminée à en finir une fois pour toutes, la France, aveuglée par l’ingratitude et la méchanceté, s’était donnée pour mission d’exterminer complètement toute cette génération afin que le message du 27 Août 1940 ne soit pas transmis aux futures générations. C’est ainsi que tout comme Ruben Um Nyobe, Félix-Roland Moumié ou même Ossende Afana et Mpouma Kilama « Makanda Pouth « , le Président Ouandié devait mourir à tous prix ! Et il le savait ! D’où son mutisme lors des sessions de torture qui lui était infligée, et son comportement pendant le pseudo procès. À la fin de celui-ci, il refusa l’humiliation de demander la clémence du sanguinaire Ahidjo.

    En même temps obnubilée par l’odeur du pétrole du Cameroun Occidental, la France exigeait d’Ahidjo la fin du fédéralisme, Ouandié en était le dernier obstacle: c’est pourquoi une année après cet assassinat, Ahidjo réalisait le référendum du 20 Mai 1972, qui est un des éléments constitutifs du contentieux historique national au Cameroun occidental, puisqu’il a ouvert la porte à l’annexion pure et simple de cette partie du territoire national, ce qui est une des causes de l’atroce guerre fratricide que vit notre pays depuis plus de trois ans.

    La mauvaise conscience des aujoulatistes

    « Indépendance ! Sécession ! Restauration ! Statut spécial ! Guerre ! Fédéralisme ! » Voici ce qui se dit aujourd’hui lorsque l’on parle du Cameroun occidental et, en soi, constitue une preuve que l’on ne triche pas avec l’histoire : L’UPC n’ayant pas reconnu l’indépendance néocoloniale du 1er Janvier 1960, avait par son Président Ernest Ouandié, à partir du maquis où il avait déclenché la résistance armée, demandé aux élites du Cameroun occidental le boycott de la Conférence de Foumban de 1961. Celles-ci avaient refusé cet appel du leader historique de l’UPC, et avaient plutôt préféré la voie de la collaboration avec le néocolonialisme français et leur laquais, Ahmadou Ahidjo, avec lequel ils ont activement contribué à l’édification de l’actuel État camerounais.

    Aujourd’hui, cet État camerounais, produit des compromissions des élites du Cameroun oriental et occidental, est rattrapé par ses propres turpitudes au Cameroun occidental. Le Président Ernest Ouandié apparaît comme celui qui avait montré l’unique voie à suivre, celui qui avait prêché par l’exemple en versant son sang pour la Réunification et l’Indépendance de notre pays.

    Le Président Ouandié est donc la mauvaise conscience de tous ceux qui ont dirigé le Cameroun. Son nom devrait provoquer des insomnies à tous ceux qui ont amené notre pays à cette guerre que nous vivons depuis plus de trois ans. Ernest Ouandié est aussi la mauvaise conscience de ces élites du Cameroun occidental et leurs héritiers politiques, qui en 1961 avaient choisi la collaboration avec la France, au lieu de la véritable Indépendance et Réunification.

    « Kunde i Seki ! », un message d’espoir pour l’UPC et pour le peuple camerounais.

    La hantise d’Ahmadou Ahidjo était de présenter aux Camerounais une Union des Populations du Cameroun (UPC) petite, confinée au pays Bamilékés. L’obsession du Renouveau de M. Biya est de nous montrer une UPC confinée au pays Bassa, ce qui est facilité par la complicité des élites traîtres Bassa. C’est la raison pour laquelle malgré les 85 inculpés de diverses ethnies du pays dont 35 accusés de rébellion, le 15 Janvier 1971, seuls des Bamilékés furent assassinés, Ahidjo trouva des raisons pour ne pas tuer un seul des accusés des autres ethnies, afin de montrer au pays que ce simulacre de procès n’avait concerné que les Bamilékés. Pendant le procès on osa s’approcher de notre intrépide commandant Makembe Tollo « Bad boy », pour lui demander de ne pas décliner son ethnie.

    Le sacrifice du Président Ouandié est une invitation à la réflexion pour une action concertée inclusive afin de prouver que l’UPC peut plier dans les difficultés comme elle est en train de plier aujourd’hui, mais que jamais notre parti ne rompra!

    « Kunde i Seki ! » Le Président Ernest Ouandié exhorte le peuple camerounais à son unité au-delà des chapelles politiques. Une unité nationale issue d’un vaste courant patriotique regroupant les ressortissants de toutes les régions du pays, véritable rempart et remède aux replis identitaires qui minent actuellement le pays. Une unité nationale seule capable de lui assurer la victoire finale en le libérant des chaînes de la FrançAfrique, lui permettant d’arracher sa souveraineté politique, économique, sanitaire et de récupérer sa monnaie.

    Président Ernest Ouandie ! Présent!

    Camarade Émile! Présent !

    Toujours avec Émile!

    Daniel Yagnye TOM 

    Représentant spécial de l’UPC en Afrique centrale et Australe 

    Président de l’Alliance Patriotique.

  • Les trois piliers de la reprise en Afrique après la pandémie de Covid-19 : Parlons un peu de la reprise.

    Les trois piliers de la reprise en Afrique après la pandémie de Covid-19 : Parlons un peu de la reprise.

    Nous ne sommes pas, il est vrai, encore au bout du tunnel. La pandémie de Covid-19 continue de faire des ravages dans les économies du monde entier. Les taux de pauvreté et de chômage grimpent en flèche. Des centaines de milliers de personnes sont contaminées chaque jour, mettant à mal les systèmes de santé et plongeant de nombreuses familles et communautés dans le désarroi.

    Si l’Afrique semble avoir réussi, jusqu’à présent, à éviter le pire, les taux d’infection augmentent dans de nombreux pays et l’impact économique de la pandémie est malheureusement déjà lourd. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, le continent est sur le point de connaître sa première récession en 25 ans et l’activité économique devrait se contracter de plus de 3% en 2020.

    Le retour à une situation dite « normale » pourrait prendre des années. Pour autant, l’Afrique a les moyens d’accélérer sa reprise économique et de construire un environnement post-COVID plus robuste et plus compétitif, davantage favorable à la croissance et à la création d’emplois.

    Les discussions qui ont eu lieu lors de divers événements consacrés en partie à la pandémie et à la relance — notamment le Women Working for Change Summit, organisé par IFC et Jeune Afrique Media Group — me donnent à penser que la reprise en Afrique reposera sur trois grands piliers. Il s’agit de la transformation numérique, de l’urbanisation et de l’intégration régionale.

    En ce qui concerne la transformation numérique, l’adoption des technologies nouvelles s’est accélérée pendant la crise sanitaire pour permettre aux entreprises de maintenir le lien avec leurs clients et leurs fournisseurs, aux étudiants de rester connectés avec leurs enseignants, et de continuer, malgré tout, à se « rassembler » en famille ou entre amis.

    Si cette nouvelle manière de créer du lien social et économique se développait déjà avant la pandémie, le potentiel numérique de l’Afrique est encore largement inexploité. Selon un récent rapport d’IFC et de Google, l’économie numérique pourrait représenter 5,2 % du PIB du continent à l’horizon 2025, soit près de 180 milliards de dollars.

    Toutefois, l’Afrique est aujourd’hui le continent le moins connecté de la planète. Seuls 10 des 45 pays africains suivis par l’Alliance pour un internet abordable satisfont ainsi à la norme d’accessibilité financière, telle que recommandée par la Commission sur le haut débit des Nations Unies.

    Il est donc crucial que les gouvernements, le secteur privé et d’autres partenaires coopèrent pour créer des infrastructures numériques, pour améliorer les compétences et aider à développer les talents dans le secteur technologique afin de permettre à des millions de personnes supplémentaires à travers l’Afrique de profiter des avantages du numérique.

    L’urbanisation est, elle aussi, en train de transformer l’Afrique.

    Les grandes villes se développent rapidement à travers le continent. Des millions de personnes, à la recherche d’opportunités, tentent leur chance à Johannesburg, Abidjan, Kinshasa, Lagos ou Nairobi, mais aussi dans des centres urbains plus petits mais en pleine croissance comme Lilongwe et Niamey. Cette urbanisation entraîne une nouvelle demande de biens et de services, elle favorise l’émergence d’idées et d’initiatives et attire des investisseurs, contribuant à créer des marchés plus compétitifs, plus innovants et plus efficients.

    Toutefois, les bienfaits de l’urbanisation ne seront palpables que si les citadins peuvent bénéficier de services essentiels comme l’électricité, l’eau, l’assainissement, le logement et les transports. Les villes qui offrent ces services – que ce soit par l’intermédiaire de prestataires publics, privés ou mixtes – seront plus susceptibles d’être des moteurs de croissance, de réduction de la pauvreté et de développement humain.

    Enfin, le troisième pilier de la reprise sera l’intégration régionale. Celle-ci peut véritablement aider l’Afrique à accélérer les progrès et les retombées économiques, tant à l’échelle continentale qu’au sein de chacun des principaux blocs économiques de la région comme la Communauté d’Afrique de l’Est, la CEDEAO, la CEEAC, le COMESA, l’IGAD et la SADC, pour n’en citer que quelques-uns.

     

    Selon un rapport de la Banque mondiale, la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine pourrait accroître les revenus de la région de 450 milliards de dollars d’ici à 2035 (soit une progression de 7%). Mais si l’Afrique nourrit de grandes ambitions pour faciliter et libéraliser le commerce, les échanges transfrontaliers continuent d’être un véritable défi dans de nombreuses régions du continent.

    Pour réaliser des progrès durables dans ces trois domaines, il faudra que les gouvernements, le secteur privé et les partenaires du développement unissent leurs efforts.

    Le rôle d’IFC, dans le soutien à la reprise économique, est de promouvoir un climat favorable aux affaires et d’aider les acteurs africains du secteur privé — grands et petits — à croître et prospérer. Notre grande force se trouve dans notre capacité à faire se rencontrer les investisseurs, les pouvoirs publics et les innovateurs, et c’est dans ce domaine que nous pouvons avoir, avec l’aide de nos partenaires, l’impact le plus important à long terme.

    Si la pandémie a pu freiner le développement du continent, elle n’a pas coupé l’appétit des Africains et des Africaines pour l’innovation et pour la croissance. Je suis convaincu que la reprise post-COVID sera l’occasion de bâtir une Afrique plus forte, plus résiliente et plus connectée.

    Sérgio Pimenta, Vice-Président pour le Moyen-Orient et l’Afrique, IFC

    Sérgio Pimenta est le Vice-président d’IFC pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Il est responsable des investissements et des services conseils dans ces régions. A ce titre, il dirige une équipe de 600 personnes couvrant un portefeuille de vingt milliards de dollars, mobilisations incluses.

    Auparavant, M. Pimenta était le Directeur d’IFC pour l’Industrie, l’Agro-Industrie et les Services. Dans cette fonction, il a dirigé une équipe de 350 personnes travaillant dans plus de cent pays afin d’accroître la contribution du secteur privé aux objectifs de développement dans des secteurs tels que l’agriculture, la santé, l’éducation, l’industrie légère et les services commerciaux.

    Mr. Pimenta a également été pendant trois ans Directeur régional d’IFC pour l’Asie de l’est et le Pacifique, basé à Hong Kong. Plus tôt dans sa carrière à IFC, Sergio Pimenta a occupé plusieurs postes de responsabilité au département Industrie, Agroalimentaire et Services, en Asie et dans le Pacifique, au Moyen-Orient, en Afrique du nord et au siège d’IFC à Washington, DC.

    Avant de rejoindre le Groupe de la Banque mondiale en 1996 à travers le programme Young Professional de l’institution, Mr. Pimenta a travaillé à la Direction générale du Trésor, au ministère de l’économie et des finances français ainsi que pour la Banque Nationale de Paris (BNP).

    1. Pimenta est citoyen franco-portugais. Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’École Polytechnique de Paris. Il est également diplômé de l’École Nationale des Ponts et Chaussées de Paris.

     

  • L’exemple de Touadéra fera-t-il école ailleurs en Afrique ?

    L’exemple de Touadéra fera-t-il école ailleurs en Afrique ?

    La Centrafrique a pu organiser les élections présidentielle et législatives à la date prévue (le 27 décembre 2020) alors qu’Anicet-Georges Dologuélé et les autres leaders de l’opposition soutenus et manipulés par Paris voulaient que ces élections soient reportées à cause de “l’insécurité et de la reprise des combats dans un pays contrôlé aux deux tiers par les groupes armés”, si l’on veut reprendre les mots de RFI, la Radio de l’influence française en Afrique francophone.

    Quelques jours plus tôt, une tentative de coup d’État qui devait profiter à François Bozizé, renversé en 2013 par les milices musulmanes de la Séléka, échouait lamentablement. Cette double victoire (l’échec du putsch et la tenue du double scrutin), on la doit indiscutablement à la Russie à laquelle Faustin-Archange Touadéra fit appel en 2018 pour l’entraînement des Forces armées centrafricaines (FACA). Plus tard, le pays de Poutine livra des blindés (les fameux BRDM-2 qui sont des véhicules de transport de troupes conçus dans les années 60) à l’armée centrafricaine soumise à un embargo sur les armes depuis 2014 et dépourvue d’équipement lourd. Il envoya ensuite plusieurs centaines de soldats à Bangui. Pour rappel, les premières armes fournies par Moscou arrivèrent dans le pays en janvier 2018 après des discussions entre le gouvernement centrafricain et les autorités russes en novembre 2017.  Des instructeurs militaires russes assureraient aujourd’hui la sécurité du président Touadéra. En contrepartie, des permis miniers furent accordés à des sociétés russes liées à Evgueni Prigojine perçu comme le principal financier de la société militaire privée russe Wagner.

    Cette présence russe, évidemment, est loin de plaire à la France qui pille l’or, l’uranium et le diamant centrafricains depuis 1960 sans que le pays n’ait connu la paix ni le développement. Le 2 novembre 2018, Jean Yves Le Drian, chef de la diplomatie française, n’accusait-il pas à demi-mot la Russie “d’utiliser potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s’implanter dans un continent où il y aurait des ambitions voilées” ? Ouvrant le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique et faisant allusion à Moscou, Florence Parly, ministre des Armées, enfoncait le clou en déclarant, le 5 novembre 2018, que “toute manipulation intéressée de puissance opportuniste serait inepte, indigne”. Bref, pour la France, “la présence russe en Centrafrique et les actions déployées par Moscou, comme les accords négociés à Khartoum à la fin d’août, ne peuvent contribuer à stabiliser le pays”. Certes, les groupes armés continuent de sévir çà et là mais plusieurs analystes sont d’accord pour constater que les violences ont considérablement baissé et que la Centrafrique se porte beaucoup mieux que quand Paris y régnait en maître absolu.

    Aujourd’hui, il ne s’agit pas, pour la France, d’affirmer que l’aide russe est moins importante que “les montants de l’aide française au développement ou l’aide européenne pour le pays et que les blindés livrés par l’armée ne permettront pas de rétablir l’autorité de l’État contre des groupes armés” (Roland Marchal), ni de se demander “quelle sera la légitimité du président et des 140 députés élus, quelle stratégie la Coalition des Patriotes pour le Changement va adopter maintenant et jusqu’où pourrait aller l’ancien président François Bozizé pour récupérer le pouvoir ” mais de se rendre compte qu’elle a largement échoué à tirer ses ex-colonies vers le haut et qu’elle ne s’est jamais préoccupée du bien-être des Africains. En tous les cas, les dirigeants français sont mal placés pour parler de légitimité en Centrafrique après avoir été incapables de dénoncer la candidature anticonstitutionnelle de Ouattara en Côte d’Ivoire. Personne ne peut prendre au sérieux un gouvernement à qui le retour de Bozizé en Centrafrique a semblé quelque chose de normal alors que l’ancien président avait été interdit en 2014 par l’ONU de voyager pour avoir soutenu des milices.

    De décembre 2013 à mars 2016, la France n’a pas été en mesure d’empêcher les massacres ethniques, ni de reconstruire l’armée centrafricaine, ni de fournir au pays des fusils d’assaut, des mitrailleuses et des lance-roquettes. Que devait faire Touadéra dans ces conditions ? Croiser les bras et regarder les groupes armés massacrer les populations ? Le président centrafricain fit ce qui lui paraissait bon pour son pays, c’est-à-dire conclure un accord de défense avec la Russie. Sans cet accord, un coup d’État aurait balayé son régime le 18 décembre et plongé le pays dans le chaos et l’incertitude. C’est cet appui militaire de la Russie qui, 6 ans plus tôt, sauva Bachar al-Assad aux prises avec les rebelles, les Occidentaux et les pays du Golfe. Que ce soit en Syrie ou en Centrafrique, la Russie a démontré une puissance de feu et une fidélité telles que les anciennes colonies françaises ne devraient pas craindre de faire appel à elle.

    À ceux qui estiment trop vite qu’on ne remplace pas un colon par un autre colon, il est facile de répondre que les Soviétiques n’ont jamais eu de colonie en Afrique et qu’ils ont plutôt contribué à la décoloniation du continent en apportant un soutien économique et militaire massif à des mouvements de libération tels que le FLN (Algérie), le MPLA (Angola), le FRELIMO (Mozambique). l’ANC (Afrique du Sud), la SWAPO (Namibie), etc. D’autres feront valoir que nous parlons la langue de Molière, que nous avons épousé des Français ou des Françaises, que nous avons étudié dans des écoles françaises, etc.

    À mon avis, cet argument qui est plus affectif que rationnel ne peut plus prospérer quand on se rappelle que les soi-disant amis de l’Afrique francophone ne se gênèrent point pour dévaluer le franc CFA le 11 janvier 1994 et bombarder en mars-avril 2011 le palais construit par Houphouët, qu’ils boycottèrent les obsèques officielles de Léopold Sédar Senghor à Dakar le 29 décembre 2001, qu’ils laissent leurs médias couvrir de boue tout dirigeant africain qui refuse de se soumettre à l’ancienne puissance coloniale. La France n’est pas dans l’affectif mais dans le pragmatisme. Comme plusieurs pays occidentaux, elle a toujours fait sienne la doctrine du Britannique Henry John Temple alias Lord Palmerston : “ We have no eternal allies, and we have no perpetual enemies. Our interests are eternal and perpetual, and those interests it is our duty to follow.” Traduction : Nous n’avons pas d’alliés éternels et nous n’avons pas d’ennemis perpétuels. Nos intérêts sont éternels et perpétuels, et il est de notre devoir de suivre ces intérêts.

    Quels sont nos intérêts aujourd’hui et qui peut nous aider à mieux les défendre tout en respectant notre souveraineté ? Telle est la question à laquelle nous devons trouver une réponse. Invoquer sans cesse les relations historiques qui unissent les pays africains à la France, c’est non seulement verser dans le sentimentalisme le plus puéril mais refuser de grandir et de s’émanciper.

    Jean-Claude DJEREKE

  • Le président Macron ou l’incarnation de l’esprit colon français

    Le président Macron ou l’incarnation de l’esprit colon français

    Il est opportun de le rappeler clairement, le franc CFA n’est pas une monnaie comme toutes les autres : créé unilatéralement le 26 décembre 1945 par le général De Gaulle, avec pour objectif l’instauration de l’autorité monétaire française en Afrique, afin de mieux servir les intérêts de la France, il a fallu beaucoup de sang pour l’imposer dans notre continent, afin qu’il paraisse et représente ce qu’il est aujourd’hui pour les jeunes générations.

    Daniel Yagnyè Tom est le représentant spécial de l’Union des populations du Cameroun (UPC) en Afrique centrale et australe. L’homme politique qui est par ailleurs président de l’Alliance patriotique commente et livre son sentiment sur la récente sortie médiatique du président français, Emmanuel Macron, sur les antennes de RFI.

    Daniel Yagnyè Tom

    Trois ans après son show de Ouagadougou où il avait affirmé qu’il n’y avait plus de politique africaine de la France, contraint par une montée imparable de la contestation de la présence française en Afrique, le président Macron s’est senti obligé de s’adresser encore une fois à la jeunesse africaine. Il s’est longuement confié à Jeune Afrique. Hautain, avec le mépris qui caractérise l’attitude française lorsqu’il s’agit de l’Afrique, le président français a évoqué avec condescendance le franc CFA, l’Algérie, le Mali, le Cameroun, etc. Comment comprendre cette intervention du chef de l’État français ? Avec cette sortie du président Macron, que pourrait-on attendre aujourd’hui de la France, quelle devrait être l’attitude de la jeunesse et des populations africaines ?

    Un manque de respect et de considération, une légèreté maladive sur le franc CFA
    Voici comment, avec une frivolité déconcertante, le président Macron a essayé de présenter sa « fin-réforme » du franc CFA: «Cette réforme importante, conclue par un accord signé lors de mon dernier voyage en Côte d’Ivoire, met fin à un marqueur très symbolique qui alimentait trop de fantasmes et de critiques».
    À la française, comme lors des indépendances des années soixante où elle a fait semblant de partir du continent alors qu’elle s’y implantait encore plus dans la durée, Macron nous a présenté une « fin » du franc CFA qui n’en est pas une, ni une « réforme » du franc CFA qui en réalité n’en est pas une.
    Le président français fait semblant d’ignorer ce que représente le franc CFA pour les populations africaines. Ce franc CFA rappelons-le, pour lequel il y a trois ans, il avait affirmé ceci: «si on ne se sent pas heureux dans la zone franc, on la quitte et on crée sa propre monnaie… si on y reste, il faut arrêter les déclarations démagogiques faisant du franc CFA le bouc émissaire de vos échecs politiques et économiques, et de la France, la source de vos problèmes». Du culot, il en faudrait une forte dose pour faire de pareilles affirmations.
    Il est opportun de le rappeler clairement, le franc CFA n’est pas une monnaie comme toutes les autres : créé unilatéralement le 26 décembre 1945 par le général De Gaulle, avec pour objectif l’instauration de l’autorité monétaire française en Afrique, afin de mieux servir les intérêts de la France, il a fallu beaucoup de sang pour l’imposer dans notre continent, afin qu’il paraisse et représente ce qu’il est aujourd’hui pour les jeunes générations.
    Tout d’abord, cette monnaie bien qu’usurpée par la France, est et a toujours été une propriété entièrement africaine, parce qu’exclusivement alimentée par les réserves africaines. Le franc CFA est un symbole de notre échec de nous affranchir de la France et la manifestation matérielle de notre servitude, qui devrait rappeler les rivières de sang versé par les nationalistes africains. Cette monnaie devrait donc toujours rappeler Sylvanus Olímpio, Barthélémy Boganda, Rúben Um Nyobe, Hamani Diori, Félix Moumie, Ernest Ouandié, Modibo Keïta, Thomas Sankara, … Cette monnaie telle que conçue est un sérieux obstacle pour le développement de l’Afrique. Ce n’est pas un hasard si l’on ne trouve aucun pays de la zone franc parmi les dix premières économies de notre continent. Un audit international sur la gestion et le fonctionnement du franc CFA pendant toutes ces décennies est donc indispensable, voire incontournable.

    Aux Maliens et aux Camerounais
    «La transition en cours au Mali est militaire et non démocratique», a asséné le président Macron. On aimerait bien savoir depuis quand le président français serait devenu citoyen malien, car de quoi se mêle-t-il ? Qu’est-ce qui le dérange au Mali ? Dans tous les cas, les patriotes maliens sont avisés, tous les coups contre eux seront permis. Ne commettez surtout pas les mêmes erreurs que les présidents Sankara et Gbagbo. Dotez-vous le plus rapidement possible de votre monnaie, car plus le temps passera, plus les manœuvres pour phagocyter votre transition se multiplieront. Serrez les ceintures à partir du sommet de l’Etat, et le peuple malien, mature et conscient des enjeux, pour son propre avenir et celui de ses enfants, suivra, car ce n’est qu’avec des sacrifices qu’une véritable nation se construit.

    «Pendant très longtemps, le président Biya n’est pas venu en visite officielle en France. Nous avions eu des contacts par voie téléphonique, mais je lui avais demandé des gestes avant sa venue à Lyon, en octobre 2019. Il les avait faits, il y a un an, avec un certain nombre de libérations… J’invite le président Biya à effectuer des gestes d’ouverture. Lui aussi doit préparer le renouvellement et pacifier le pays…»

    Ce petit paragraphe dévoile la véritable nature des relations France-Cameroun, ce qui devrait être non seulement une honte pour tous les Camerounais, mais aussi un défi pour les patriotes de notre pays, indépendamment de leurs couleurs politiques… Car, contrairement à ce qui s’est dit à gauche et à droite, il s’agit ici d’humilier tout un peuple par le biais de son chef d’Etat, en montrant clairement sa dépendance et comment son voyage en France a été conditionné. Il s’agit d’orienter la politique d’un pays qui se dit souverain en lui ordonnant une feuille de route!

    L’ingratitude de macron et son mépris insultant pour la jeunesse africaine
    «…Beaucoup de ceux qui donnent de la voix, qui font des vidéos, qui sont présents dans les médias francophones, sont stipendiés par la Russie ou la Turquie…»

    Voilà ! Le président Macron finit par cracher le morceau en disant tout haut ce que pense la classe dirigeante française des africains : l’Afrique est incapable de faire un bilan de ce qui s’est passé entre elle et la France depuis le 27 août 1940.

    Car c’est à partir de cette date à Douala que la France humiliée, piétinée et écrasée par l’annexion nazie a commencé à voir de la lumière au bout du tunnel. C’est à partir de cette date que l’espoir a commencé à renaître pour la France.

    80 ans après la libération de la France par les soldats africains, que constatons-nous aujourd’hui? D’un côté, il y a une France devenue une puissance économique, financière et militaire, membre du Conseil de sécurité de l’ Onu avec un droit de veto; et de l’autre, une Afrique en proie au sous-développement et à la misère… Ces Africains qui, hier, ont été capables de verser généreusement leur sang pour la libération de l’Europe, aujourd’hui leurs fils et petits-fils seraient incapables de se battre pour leur souveraineté, au point où il faudrait qu’ils soient stipendiés par la Russie ou la Turquie.

    La réconciliation des mémoires et l’histoire d’amour entre la France et l’Afrique
    «…Les générations contemporaines africaines ont besoin de comprendre, de toucher, de posséder leur histoire, de se la réapproprier… le sujet n’est pas de demander des excuses pour la guerre d’Algérie. Mais nous devons regarder l’histoire en face… mener un travail historique et réconcilier les mémoires».

    De belles paroles, de très belles paroles, mais entre ces phrases mielleuses et ce que fait la France en réalité, il y a un fossé infranchissable. «Les crimes de la colonisation sont incontestables; c’est un passé qui doit passer…» Le président Macron semble reconnaître les méfaits et les exactions de la colonisation, mais il ne veut rien assumer, puisqu’il demande aux africains d’oublier. Se cache-t-il derrière ce refus d’assumer et de demander des excuses une volonté de tuer les victimes une seconde fois ou la peur bleue des réparations? Elie Wiesel nous apprend que «le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l’oubli». Allez donc savoir ce qui se cache derrière cette phraséologie de M. Macron.

    Le président français sait très bien que le franc CFA est une propriété exclusive de l’Afrique, mais au lieu de remettre tout simplement cette monnaie à l’Afrique, il s’obstine à faire des réformes bidonnes, afin de continuer à piller notre continent. Quel droit aurait la France à effectuer des réformes sur le franc CFA qui ne lui appartient pas ?
    Comme l’un de ses prédécesseurs qui a affirmé à Dakar que l’Afrique n’était pas suffisamment ancrée dans l’histoire, le président Macron persiste dans la conception politique de Victor Hugo qui déclarait le dimanche 18 mai 1879 lors d’un banquet commémoratif de l’abolition de l’esclavage : «La Méditerranée a d’un côté la civilisation, de l’autre toute la barbarie et toute la sauvagerie…l’Afrique n’a que deux aspects, peuplée c’est la barbarie, déserte c’est la sauvagerie. Quelle terre que cette Afrique ? L’Asie a son histoire, l’Australie à son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Europe à son histoire, l’Afrique n’a pas d’histoire, une sorte de légende vaste et obscure enveloppe… l’Afrique un bloc de sable et de cendre, une mort immense, ce morceau inerte et passif qui, depuis 6000 ans, fait obstacle à la marche universelle… C’est l’homme blanc qui a transformé le noir en homme pendant le 19ème siècle, c’est l’Europe qui transformera l’Afrique en monde au 20ème siècle… le moment est venu de dire au groupe des nations illustres, Grèce, Italie, Espagne, France, Angleterre… Unissez-vous, allez au sud… prenez l’Afrique. À qui ? À personne. Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-là. Résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires…»

    Il ne peut avoir d’histoire d’amour entre la France et l’Afrique avec une telle vision française de notre continent. Si la France veut avoir de bonnes relations avec les africains, son regard méprisant sur l’Afrique doit impérativement changer. Ceci est également valable pour l’ensemble de la presqu’île asiatique. L’Europe qui monte des murailles pour se protéger de l’«invasion» des africains, alors qu’elle proclame une ruée vers notre continent avec des affirmations que l’avenir de l’Europe est en Afrique.

    Le président Macron apparaît dans l’interview avec un esprit et une mentalité de vieux colon dans un corps pourtant jeune. La FrançAfrique est un obstacle au développement de tout le continent africain, c’est une véritable gangrène, un cancer politique. On le vit avec ces entreprises françaises qui se comportent en véritables pirates et négriers modernes. La FrançAfrique ne sera vaincue qu’avec la mobilisation de l’Afrique entière, comme cela a été le cas lors de la lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud.

  • Regard : Les Journalistes et la crise sanitaire

    Regard : Les Journalistes et la crise sanitaire

    La crise sanitaire a été un bon révélateur de notre relation complexe aux médias. L’envie d’en savoir plus s’associe à une méfiance croissante à l’égard des journalistes. Certains citoyens cessent de suivre l’actualité ou succombent au complotisme. D’autres sont menacés d’« infobésité » face au flux des chaînes d’information en continu ou des réseaux sociaux. Il est temps de réinventer la production d’information selon des axes professionnels simples et solides : curiosité et générosité. Et réfléchir à l’utilité des informations que l’on partage.

    Informer, c’est répondre aux questions. S’enquérir, enquêter d’abord;
    aviser, partager ensuite. L’arrivée de la Covid-19 a produit des centaines de questions chez les citoyens du monde. Cette vague mondiale concernant directement le public a pu apparaître comme la période idéale pour redorer le blason des médias, si souvent critiqués. La stu peur suscitée par la pandémie était telle que la machine médiatique allait pouvoir tourner à plein. Et il est vrai qu’en mars et avril 2020, la demande fut forte. En France, le confinement put même soutenir la vente des journaux papiers. Les audiences audiovisuelles et celles d’Internet connurent de fortes progressions. En mai 2020, le trafic des sites d’information français était supérieur de 37 % en moyenne à celui d’un mois normal.

    Mais s’installa très vite ce qu’aux États-Unis, on désigna par l’ex pression « Covid news fatigue ». Dès le mois d’avril, outre-Atlantique, la consultation des sites d’information avait marqué le pas. Et les gains

    Études – Décembre 2020 – n° 4277 de lectorat et d’audience observés se dégonflèrent un peu partout, témoignant d’une lassitude du public face à des informations rabâchées, des débats vains et un mélange de communication étatique et de commentaires sans profondeur. Et puis la science prend trop de temps, la recherche n’aboutit pas au rythme des chaînes en continu… Dans les interstices entre communication maladroite, polémiques spectaculaires et lenteur de la science s’infiltra le retour de la méfiance générale, des opinions simplistes et du complotisme rampant. Rien de surprenant, au fond. Pour comprendre ce qui advint alors, il convient de prendre un peu de recul.

    Arrêter de suivre l’actualité?
    Retour donc en janvier 2020. Autant dire il y a un siècle, selon le narratif actuel qui sépare volontiers « l’avant » de « l’après » et valorise les disruptions… En janvier 2020, donc, le quotidien belge néerlando phone De Morgen publiait une interview de l’écrivain et essayiste suisse Rolf Dobelli, à l’occasion de la publication en anglais de son ouvrage Stop reading the news1. Dobelli y expliquait froidement pour quoi, depuis dix ans, il ne lit plus les nouvelles et qu’il s’en porte mieux. Dans un entretien à un autre quotidien belge, De Tijd2, le même auteur insistait en déclarant qu’il se sentait plus heureux et plus concentré depuis qu’il ne suivait plus l’actualité.

    Écoutons ses arguments: « Une dépendance à l’alcool détruit les relations, une dépendance aux nouvelles tue votre capacité de porter une attention permanente à quelque chose. Et c’est également une capacité précieuse. De moins en moins de gens réussissent à se concentrer sur la lecture de dix pages. Ils ne sont stimulés que par de courtes informations. En ce sens, l’actualité est à l’esprit ce que le sucre est au corps: savoureux, facile à digérer, mais extrêmement nocif à long terme.»

    Insistant sur le fait que l’actualité n’était qu’une accumulation de catastrophes produisant des émotions toxiques, il ajoutait « les stimuli négatifs ont un effet direct sur le système nerveux, nous le savons

     

    Qu’est ce qu’informer aujourd’hui? 

    grâce à la théorie de l’évolution. Et la philosophie classique m’a enseigné que la bonne vie est une vie sans émotions toxiques. Dès que vous pouvez les bannir, les bonnes émotions viennent automatiquement.»

    En janvier 2020 également, les lecteurs de la revue internationale en ligne Medium découvraient eux une chronique enlevée du jeune coach à la mode Ayodeji Awosika3 donnant la liste des « sept habitudes des gens super-inefficaces ». En tête de cette énumération, typique des textes de développement personnel, on lisait: « Quiconque déclare : “Je veux suivre l’actualité” est une personne inefficace – et mal informée en plus, tant ce qu’on appelle l’actualité est une intox de masse conçue pour désinformer. » Suivre l’actualité, selon ce dynamique consultant, distrait de ses objectifs personnels, n’apporte rien à sa vie, consomme de l’énergie en vain, rend irritable et déprimé… On l’aura compris, il est sur la même ligne que Dobelli.

    Deux discours marginaux?
    Ces discours ne sont pas nécessairement marginaux. Car, en ce même mois de janvier 2020, était publié la traditionnelle enquête annuelle La Croix – Kantar sur la confiance dans les médias. Or, dans ce trente-troisième baromètre, on pouvait voir nettement que l’intérêt des Français pour l’information a atteint, à la fin de 2019, son plus bas niveau historique.

    Un an après l’émergence des « gilets jaunes », 71 % des Français n’avaient pas le sentiment que les médias rendent « mieux et davantage compte » de leurs préoccupations. Le niveau de confiance dans les médias a chuté à 24 %, le plus mauvais score en Europe, selon l’étude 2019 du Reuters Institute4. Le mouvement des « gilets jaunes » a été perçu pour certains comme un point de rupture entre journalistes et citoyens. Rappelons-nous: accusés de leur couper la parole, de trahir leurs motivations et de simplifier leurs opinions, des journalistes se sont même fait agresser physiquement, sur les ronds-points et dans les manifestations.

    Plus généralement, pour rester sur les thématiques de Dobelli, 41 % des Français affirmaient leur désintérêt pour l’actualité. Il s’agit du chiffre le plus bas depuis la création du baromètre de La Croix : 28 % déclaraient s’intéresser « assez faiblement » aux nouvelles et 13 % « très faiblement ». Les jeunes (à 50 %), les femmes (53 %), les moins diplômés (54 %), les personnes engagées politiquement (48 %), mais aussi les ouvriers (53 %) ou les commerçants et artisans (53 %) s’isolent le plus du flux de l’information médiatique.

    Quant à ceux qui suivent l’actualité, ils vivent un paradoxe que l’on retrouve chaque année dans l’enquête de La Croix : ils accèdent en priorité à l’information par la télévision (48 %, dont 65 % chez les plus âgés) et Internet (32 %), soit les deux médias… qu’ils jugent les moins crédibles! Si la radio recueille toujours le plus de confiance (50 %), la presse écrite est à 46 % et la télévision à 40 %, alors qu’Internet (23 %, contre 39 % en 2015) atteint en 2019 son plus bas niveau de crédibilité.

    Certes, diront les optimistes, mais tout cela c’était « avant ». Avant la Covid-19, avant la pandémie qui a vu les citoyens se précipiter sur les chaînes d’info en continu, les réseaux sociaux et les sites d’actualités; des citoyens avides d’information, de statistiques, de témoignages, suivant passionnément les polémiques autour du confinement, de la chloroquine, des masques…

    Sortir de l’infobésité (et de l’infodémie)
    Oui, mais justement. Est-ce cela s’informer? La double pression de la menace invisible du virus et du confinement obligé a certes poussé de nombreux individus à se coller devant les écrans pour tenter d’y voir clair sur les mesures de protection, les prochaines étapes de la pandémie ou les pistes thérapeutiques. Mais, en cherchant ces informations de base, ils furent entraînés dans le flux incessant des statistiques rabâchées, des annonces contradictoires, des polémiques, des nouvelles anecdotiques et des opinions de pseudo-experts.

    Ce cocktail, le sociologue des médias Denis Muzet l’avait appelé, en 2006, la « mal info »5, par analogie avec la « malbouffe » des fast foods et des grignotages permanents. Et elle conduit très logiquement à l’infobésité (ou surcharge informationnelle), un mal dont souffrent
    5. D. Muzet, La mal info. Enquête sur des consommateurs de médias, Éditions de l’Aube, 2006. De nombreux consommateurs de médias pressés par le temps et frustrés en permanence, stressés par l’envie de connaître sans attendre la suite du feuilleton que les chaînes d’info en continu et les réseaux sociaux leur procurent sans cesse… en tissant des récits, des narrations express où l’on promet sans cesse de nouvelles explications et de
    « vraies histoires » pour être en prise avec « ce qui se passe ». En ces temps où la transparence est obligée dans tous les domaines, de nombreux consommateurs d’actualité trouvent insupportable de ne pas connaître immédiatement la suite du feuilleton (d’ailleurs, même les séries, on les regarde désormais en continu, en « binge watching »).

    Plus question d’attendre le prochain épisode. On veut savoir tout de suite si la cure à la chloroquine est efficace. On veut connaître immédiatement les alternatives à telle ou telle thérapie, l’origine du virus… Dans ces conditions, le temps de l’enquête journalistique comme ceux de la recherche et de l’analyse doivent être compressés. Et si l’on ne trouve pas la réponse sur le champ, le complotisme vient à la rescousse. La doctoresse Sylvie Briand, directrice du département « Épidémie et pandémie » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a nommé cela « l’infodémie ». Ce besoin de savoir tout de suite, com biné à la méfiance des médias, fournit un bon terrain pour les explications complotistes: le virus vient d’un laboratoire secret, on empêche tel ou tel professeur de s’exprimer, etc.

    Sur les mêmes chaînes, afin de maintenir l’audience en haleine, on multiplie les occasions de « clash » : chroniqueurs humoristiques agressifs, débatteurs excessifs, mélange sans vergogne d’actualité simplifiée, de commentaires outranciers et de grosse rigolade. C’est l’ère de l’infotainment, mélange de spectacle et de nouvelles sans autre finalité que celle des parts de marché.

    Plus ou mieux informer?
    Ces dérives expliquent les rapports conflictuels (et malsains) des citoyens au système médiatique. Comment alors sortir de ces multiples contradictions? Un livre récent donne quelques pistes. En octobre 2019, la journaliste et économiste Anne-Sophie Novel a publié un ouvrage essentiel pour comprendre l’évolution du lien du public aux médias, le rôle qu’ils jouent dans notre vision du monde et la façon dont ils nous permettent, ou non, d’être en prise avec le réel.

    Cette solide enquête intitulée Les médias, le monde et nous6 explore sans concession les dérives de la course à l’info et à l’audience d’un côté, et la lassitude du « consommateur d’actu » de l’autre. S’appuyant sur la riche analogie entre s’informer et s’alimenter, l’auteure propose une diététique de l’information pour en finir avec la confusion qui règle dans la tête des citoyens. De quoi a-t-on vraiment besoin pour se nourrir correctement? Que veut-on exactement?
    La grande consultation menée par le site Make.org et Reporters d’espoirs en 2019, sur le thème « comment les médias peuvent améliorer la société », fournit quelques réponses. Les citoyens veulent que l’information soit traitée de façon moins rapide et plus fouillée ; ils souhaitent davantage d’investigation, d’expertise et de pédagogie, moins d’éditorialisassions et plus de journalisme de solution. Et, bien entendu, ils souhaitent que l’indépendance financière et politique des médias soit assurée et transparente.

    Cette grande consultation de 104 000 participants, rendue publique en octobre 20197, n’est cependant pas dénuée de controverses: les participants sont divisés sur des thèmes aussi fondamentaux que les subventions publiques aux médias, l’anonymat sur Inter net, le secret des sources ou la création d’un Conseil de l’ordre des journalistes. Rien n’est simple dans le rapport des citoyens aux médias. L’ambivalence entre demande d’information rapide et d’enquêtes fouillées, exigence de transparence totale et d’indépendance journalistique, est sans cesse présente.

    Rebâtir la confiance dans une profession
    Il s’agit à la fois d’assainir les relations aux médias… et de rebâtir la confiance dans les journalistes. Insistons sur ce point: les critiques que les citoyens adressent aux médias en général concernent tout autant la profession de journaliste, dont ils estiment en majorité qu’ils ne sont pas assez indépendants, trop idéologues, connivents, superficiels et qu’ils ne suivent pas assez leurs dossiers 8. Lors de mes différentes interventions devant des étudiants en journalisme9, je commence toujours mon propos en rappelant la faible confiance des citoyens dans notre profession, afin de provoquer chez ces étudiants une saine réaction. Selon l’étude internationale Ipsos – Mori publiée en septembre 201910, par exemple, la profession de jour
    naliste n’est considérée comme digne de confiance que par 21 % de la population, juste devant celle de banquier (20 %), certes loin devant les politiciens (9 %)… mais loin derrière les scientifiques (60 %) qui viennent en tête. Et, selon d’autres études françaises, les journalistes côtoient plutôt les agents immobiliers dans la tranche des 20 % de taux de confiance…

    On connaît assez bien les différentes sources de cette méfiance. Il faut les regarder en face, au moins les trois principales. Tout d’abord, depuis la généralisation de l’Internet 2.0, les citoyens ont l’impression d’avoir accès directement à des quantités infinies d’informations. Une partie d’entre eux, certes, font confiance aux médias pour trier (et hiérarchiser) ces flux et les valider; mais nombreux sont ceux qui estiment qu’ils peuvent se passer des journalistes… surtout s’ils choisissent les informations qui confirment ce qu’ils pensent déjà. Les biais cognitifs, et en particulier le biais de confirmation, semblent fournir la toile de fond du paysage informationnel numérique. La multiplication des infox (fake news) est la contrepartie de ces tendances mais, là aussi, les journalistes sont montrés du doigt comme propagateurs de fausses nouvelles. Même s’ils déploient beau coup d’énergie à combattre les infox (fact-checking, désintox, etc.), ils semblent surtout ne convaincre que les convaincus…

    Deuxième facteur de méfiance : la couverture discutée de certains événements – les manifestations de « gilets jaunes » notamment – a creusé le fossé entre une partie de la population et les journalistes, en particulier les plus visibles d’entre eux, les éditorialistes de plateaux télévisés considérés comme surplombants et peu fiables. On le sait, pour la majorité des citoyens, le mot « journaliste » est avant tout associé aux présentateurs de journaux radios ou télévisés et à la kyrielle de chroniqueurs, polémistes et éditorialistes émettant leurs opinions, points de vue et commentaires à jet continu. Ces deux types de métiers. Rappelons qu’il existe plus d’une trentaine d’écoles de journalisme en France dont quatorze reconnues par la profession font certes partie de la catégorie professionnelle dont nous parlons, mais n’en représentent que l’infime minorité et ne sont pas celle qui, à proprement parler, produit de l’information.

    Troisième facteur de méfiance, l’accélération du flux d’information conduit à des accidents graves qui abîment encore l’image de la profession. L’épisode du 11 octobre 2019 autour de l’arrestation du « faux » Xavier Dupont de Ligonnès est, à cet égard, emblématique. Le manque de sérieux des vérifications a laissé des traces dans la mémoire collective (des lecteurs plus que des journalistes, semble-t-il). Il convient de considérer sans mauvaise foi – ni corporatisme – ces trois sources de défiance et de travailler pour prouver que la profession de journaliste peut être à la fois sérieuse et utile. Nous ne parlerons pas ici des solutions institutionnelles imaginées récemment, comme le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM)11, d’initiative gouvernementale et lancé en décembre 2019, mais des changements de fonds à opérer dans la manière de pratiquer la profession.

    Curiosité et générosité
    Qu’on me permette ici de partager directement mon expérience. Pour avoir, depuis trente ans, comme rédacteur en chef dans différents médias, recruté de nombreux journalistes, j’ai au fil du temps limité mes critères de sélection à deux éléments prioritaires: la curiosité et la générosité. J’en suis venu à penser qu’en combinant ces deux qualités dans une rédaction tout entière, on peut faire vivre un média qui saura attirer la confiance des citoyens et créer de la fidélité. Curiosité et générosité, véritablement mises en œuvre, produisent des attitudes et des comportements journalistiques qui créent un lien spécial entre leur média et les lecteurs, fait d’intérêt et de gratitude…

    Il ne s’agit nullement de naïveté de ma part. Trouver et mettre en pratique ces qualités constitue plutôt une saine démarche professionnelle. Un retour nécessaire aux « fondamentaux ».

    Bien sûr, je considère comme acquises les compétences de base, ou techniques: elles sont de mieux en mieux partagées au sein de ce métier. Les écoles forment les jeunes journalistes à la maîtrise de ces savoir-faire de base et à la polyvalence qui l’accompagne. Qu’est-ce qui fera alors la différence entre un bon et un moins bon journaliste ? La curiosité tout d’abord. Elle est naturelle chez le petit enfant, puis tend à s’émousser au fur et à mesure que l’éducation prend le dessus (« la curiosité est un vilain défaut »). L’art du questionnement naturel, sans frein, est délicat. On doit sans cesse le réapprendre, alors qu’il est constitutif de notre métier.

    Il implique un degré important d’ouverture d’esprit, un minimum de préjugés et d’a priori idéologiques. Le bon journaliste possède cette capacité à questionner vrai ment, naturellement (sentir les questions que se posent les lecteurs), au-delà de l’énumération mécanique (qui, quand, quoi, où, com ment, etc.), à ne pas s’arrêter aux apparences, aux discours officiels ou à la réponse que l’on espérait avoir. (Combien de journalistes, audio visuels notamment, viennent chercher chez l’interviewé la réponse que leur rédacteur en chef a demandé d’aller chercher: « Trouve-moi quelqu’un qui dise ceci… ») La curiosité d’aller voir, sur le terrain (de « questionner le réel ») mais aussi en coulisse, vérifier et vérifier encore, tirer le fil même s’il n’y a pas d’enjeu crucial, même s’il s’agit de sujets ordinaires.

    La curiosité journalistique implique un mélange de modestie et d’audace, à parts égales. Modestie de celui qui ne sait pas et le recon naît volontiers; audace d’aller chercher les réponses même quand ceux qui les détiennent ne veulent pas les donner. Modestie de se sen tir un maillon de la chaîne, pas plus (pas moins); audace de se placer souvent en position d’importun.

    Au passage, cette curiosité concerne également le public auquel on s’adresse : savoir qui nous lit, nous regarde, nous accorde son atten tion et son temps, est une courtoisie minimale que l’on doit à son public. De même, la curiosité de comprendre ce que les lecteurs demandent et d’écouter leurs réactions est un prérequis du métier, me semble-t-il. Pour comprendre l’importance de la curiosité réelle comme moteur, il suffit d’observer ses contraires chez les journalistes blasés, désabusés ou idéologues. Ceux-là ont déjà « tout compris », ils ont des idées préconçues sur la plupart des sujets et ils estiment savoir avant d’aller voir. Ce qu’ils vont chercher (avec peu d’enthousiasme et peu d’énergie) consiste à confirmer ce qu’ils croient savoir. Que peut attendre un lecteur d’un tel journaliste ? Au mieux la confirmation de ce que lui, lecteur, pense déjà (on entend trop souvent qualifié de « bon » journaliste celui qui dit seulement ce qu’on a envie d’en tendre)… au pire, un service minimum, un bruit de fond, une vague narration que, faute de mieux, on appellera l’actualité.

    La générosité est l’autre pilier du journalisme solide. Le journaliste généreux veut partager avec un lecteur, un internaute, un public ce qu’il a trouvé, ce qu’il a vu, ce qu’il a compris. Il va faire en sorte que ce partage soit à la fois accessible, efficace et, pourquoi pas, utile. Nous y reviendrons. On parle alors de cette envie de partager, vrai ment et avec enthousiasme, ce que l’on a trouvé, recueilli, construit, enquêté et édité. Être généreux, c’est sortir de l’entre-soi, de la connivence : je n’écris pas pour me faire « bien voir » de mes sources, me faire valoir auprès des puissants, pour ma propre gloriole, pour avoir l’air intelligent à l’écran, j’écris pour l’autre (que j’ai voulu connaître, voir plus haut…). Je raconte, comme autour d’une table, le plus naturellement possible.

    Raconter, sans surplomb, être avec le lecteur ou l’internaute, sans démagogie, mais honnêtement… Voilà un savoir-faire à maîtriser aujourd’hui plus que jamais. Quel vecteur choisir, quelle forme privilégier pour que ce que j’ai à partager le soit le plus efficacement possible ? Vers un public collégien, j’utiliserai telle technologie ; pour les cadres, tel réseau; pour un lecteur senior, je choisirai telle forme, etc. La générosité, c’est vouloir être sûr que ce qu’on partage soit bien reçu. La générosité en journalisme, c’est aussi vouloir donner de l’intéressant et de l’utile. Toujours plus.

    Au fil des lignes qui précédent nous voyons émerger, en filigrane, une conception de l’information différente du seul « robinet à actualité » que critiquent Dobelli et les critiques du système « politico-médiatique ». L’information pourrait devenir une sorte de bien commun destiné à rendre plus fluide la vie en société, d’apporter des éclairages et décryptages permettant de mieux « être au monde », de s’y sentir partie prenante.

    C’est dans le droit fil de cette approche, d’une information d’intérêt général, que l’on peut situer, d’une part, les nouvelles formes de journalisme d’investigation12 et, d’autre part, l’une des tendances fortes de ces dernières années: le journalisme de solution.

    Qu’est ce qu’informer aujourd’hui? La solution est elle une solution?

    Revenons au début de notre propos et écoutons la rumeur: les médias sont-ils catastrophistes, anxiogènes, nous rendent-ils para noïaques? Pourquoi les médias ne traitent-ils pas de l’essentiel et, en même temps, ne donnent que des mauvaises nouvelles, de guerres et de crises, de faits divers, de plans sociaux, d’effondrement de la planète, etc.? Le journalisme de solution13 est apparu dans les années 2000, à la fois aux États-Unis et en Europe, comme une réponse à l’espèce d’étouffement que les lecteurs ressentent face à l’énormité des défis planétaires, des guerres et des crises décrites adnauseam dans les médias. (Que puis-je y faire ? À quoi bon?)

    Certains journalistes ont décidé de « couvrir » des initiatives porteuses de solutions, des « bonnes pratiques » vérifiées, testées, pérennes et reproductibles (chaque mot est important). Ne nous y trompons pas, ce n’est pas de la communication de « bonnes nouvelles », il s’agit bien de véritable journalisme. Curiosité et générosité y sont particulièrement à l’œuvre : il faut trouver ces projets, aller les voir, enquêter sur eux, les confronter aux regards des experts, mesurer leur impact, puis les raconter au mieux. Dans tout cela, on trouve ce qui fait l’essentiel du journalisme aujourd’hui: il y faut des professionnels vrai ment ouverts, agiles et ayant envie de mettre à la disposition du public une information à forte valeur ajoutée.

    Notons que le journalisme de solution n’est pas une démarche naturelle dans notre pays. Nous sommes en France très doués pour l’analyse des problèmes, la mise en perspective des crises, les articles définitifs sur le scandale de ceci ou les malversations de cela. Mais nous sommes paradoxalement assez peu outillés pour la démarche modeste qui consiste à trouver des projets de terrain, des acteurs innovants et sérieux, évaluer ces projets et les raconter le plus simple ment possible. Rien de très spectaculaire là-dedans, il est vrai… sauf que, c’est utile et mobilisateur.

    Pendant la première vague de la pandémie de Covid-19, le réseau international du Solutions Journalism Network14 a ainsi développé de nombreux outils pour aider les journalistes dans cette démarche. Ces techniques répondent à des interrogations de base : quelles questions se poser? Où chercher? Quelles sont les bonnes pratiques développées ces dernières semaines par différents médias? Comment éviter les écueils de l’info positive, et quels sont les standards à respecter?

    Il s’agit sans doute d’un retour à des pratiques journalistiques traditionnelles et un peu oubliées au milieu des mutations profondes que connaissent les médias depuis la fin du XXe siècle. Mais ce sont des pratiques qui permettent aussi de présenter la vie de porteurs de pro jets et de traiter de sujets « concernant » et constructifs15, même quand ils sont lointains.

    Le journalisme de solutions n’est pas la panacée. Il est cependant emblématique de la reconquête possible de la confiance dans le journalisme, un des éléments fondateurs d’un renouveau des médias. Ils deviennent ainsi des vecteurs de diffusion de pratiques porteuses d’espoir. Ils y gagnent en proximité, en impact, bref en utilité.

    Concluons sur ce point: on pourrait imaginer que le système d’information, très marqué par le politique, suive aussi des règles plus « sociétales ». Qu’il existe à côté de la couverture de l’actualité une production d’informations plus calmes, moins chaudes… mais vraiment utiles et d’intérêt collectif. La curiosité et la générosité pour raient s’appliquer pleinement dans la production et la diffusion de telles informations qui visent à aider la société à relever les grands défis actuels (les Objectifs du développement durable de l’ONU, par exemple). Des initiatives émergent en ce sens16. Le débat citoyen autour de cette question ne fait que commencer.

    Didier POURQUERY
    Retrouvez le dossier «Modes de vie»

  • L’émergence conjuguée au conditionnel…

    L’émergence conjuguée au conditionnel…

    Le Cameroun a procédé en 2019 à l’évaluation de ses différents instruments de politiques publiques tant sur le plan national (DSCE) que sur le plan international (Revue Nationale Volontaire des Objectifs de Développement Durable). Les travaux réalisés dans le cadre de ces évaluations (RNV et DSCE) ont clairement démontré que la marge de progression vers les objectifs visés restait encore considérable. Le lancement de la Stratégie National de Développement (SDN), doit être l’occasion pour faire une évaluation objective des politiques publiques afin d’éviter que les causes ayant conduites à l’échec du DSCE, compromettent à nouveau les différents agendas de développement en cours d’exécution. Au regard des indicateurs de développement de l’heure et tenant compte de la conjoncture internationale, l’horizon se dessine en clair-obscur.

    Le difficile accès aux services sociaux de base expose la gouvernance

    L’accès de la population aux services de base tels que l’eau, le logement, l’électricité et l’alimentation reste un luxe pour la majeure partie de la pollution. En 2019, sur une population de près de 24 millions d’habitants, environ 9 millions de Camerounais n’ont pas toujours accès à un service d’eau potable. Le taux d’accès à l’eau potable au niveau national est estimé à  72,9 % en 2018.  En ce qui concerne l’accès à l’électricité, à cause de la sous-exploitation des capacités de production des sources d’énergie renouvelable (environ 5% du mix énergétique en 2019), près de 10 millions de personnes vivent encore dans le noir.  En matière d’accès au logement, dans le cadre du DSCE, le gouvernement s’est fixé pour objectif de construire 17 000 logements sociaux et d’aménager 50 000 parcelles.

    En 2018, l’évaluation faisait état de ce que le nombre de logements construits s’élevait à 2 400. Soit un déficit de 14 600 par rapport à l’objectif fixé. Pour l’alimentation, le taux de croissance annuel de la production agricole, qui est de 2 %, reste inférieur au taux de croissance démographique de 3% constatait le Programme alimentaire mondiale (PAM) en 2017. Selon le rapport 2019 sur « l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde », le pays comptait 17,1 millions de personne en situation d’insécurité alimentaire modérée entre 2016 et 2018, soit une prévalence de 71,2%, et 10,6 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire grave sur la période 2016-2018 pour une prévalence de 44,2 %. Ce qui veut dire simplement que la quantité et la qualité de nourriture produite localement sont questionnables.

    En matière de santé publique, en 2017 l’espérance de vie à la naissance dans le pays était estimée à 58 ans (PNUD, 2018). Pour l’année 2015, la densité moyenne du personnel soignant était évaluée par l’OMS à 6 pour 10 000 habitants contre 14,1 infirmiers pour 10 000 habitants. Selon une étude réalisée en juin 2016 par l’équipe d’appui technique du Bureau international du travail (BIT) pour l’Afrique centrale, il y a moins de 2 % de la population camerounaise qui bénéficie d’une assurance maladie. En clair, la population est exposée à tous les risques en cas de maladie. Si la problématique de l’accès aux services sociaux de base n’est pas suffisamment agressée au cours des dix prochaines, le pays risque une véritable implosion sociale. Il va falloir, dans le cadre de la décentralisation en cours d’accélération, améliorer les indicateurs sociaux.

    Une croissance démographique à l’épreuve du chômage jeune : la solution peut-elle venir de l’agriculture et du numérique ?

    Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) était de 8.9 % en 2017 (PNUD, 2018) alors qu’il est seulement de 3,8% pour l’ensemble de la population. Le taux de sous-emploi global pour les personnes âgées de 15 ans et plus se situe à 77,6 % et le taux d’informalité est de 88,6 %. Ainsi, malgré le taux d’activité élevé, la qualité de l’emploi reste précaire et dominée par l’informel (+90%). Pourtant, selon les projections de Word Populations Prospects[1], le Cameroun pourrait avoir une population estimée à 38,870 millions d’habitants à l’horizon 2035, avec les moins de 30 ans qui représenteront plus des deux tiers de la population totale. Selon les données de l’ECAM 4, cette population est extrêmement jeune : 44% de celle-ci à moins de 15 ans. « Ce qui constitue soit un risque majeur vers une implosion sociale au cas où cette masse est mal maitrisée ; soit par contre une opportunité à saisir au cas où on tirerait profit du dividende démographique au moment où l’Europe et l’Asie sont vieillissantes » (CAMERCAP-PARC, 2019). D’après l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le Cameroun figure en deuxième place des pays ayant le plus fort taux de travailleurs indépendants avec un indice de 76,8%, derrière  la Somalie, le pays le plus pauvre au monde.

    Les secteurs clés à travers lesquels l’Etat pourrait se positionner pour percer le mystère de l’emploi au Cameroun sont l’agriculture et l’économie numérique. Avec près de 7,2 millions d’hectares de terres arables, dont seulement 1,8 million d’hectares effectivement cultivés, le potentiel agricole regorge d’énormes opportunités. Le secteur agricole représentait, en 2017, 62.0 % du total des emplois (PNUD, 2018). Ce secteur se heurte aux contraintes d’accès à la terre. Il faudra lever les verrous et simplifier les procédures. Le même potentiel est visible dans le secteur des services notamment le numérique. En effet, d’après la Fondation africaine pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), le Cameroun  est considéré comme un pays ayant un « degré d’innovation élevé » avec un indice de 27,80 (ICA, 2019). Le secteur des services largement emporté par le numérique représente 28.7 % des emplois en 2017 (PNUD, 2018). Il est donc impératif de capitaliser sur le potentiel agricole et des NTICs pour lutter contre le chômage notamment en milieu jeune.

    Une transition à haut risque vers la troisième République…

    Sauf « glissement de date », les élections présidentielles se tiendront en octobre 2025. Le Président de la République, son Excellence Paul Biya, au pouvoir depuis 1982 et âgé de 87 ans aura donc 92 ans. Bien que légalement incontestable, sa réélection (victoire) pour le septième mandat, à la magistrature suprême en 2018, avec  71,28%, a été fortement contestée par une franche radicale de l’opposition. Situation qui a conduit le pays à une crise postélectorale donc les séquelles hantent encore à ce jour le climat social et politique du pays. Pour la présidentielle de 2025, trois scénarii se présentent. Le scénario de la continuité, le scénario de la transition apaisée et le scénario du blocus ou de l’imbroglio. Quel que soit l’hypothèse qui sera vécue, les indicateurs interpellent à un réel apaisement du climat politique.

    D’après le rapport 2019 du Think Tank Afrobaromètre, si 54 % de la population pensent être libres dans l’exercice de leur liberté d’opinion, il s’agit d’une liberté de façade notamment en ce qui concerne les sujets liés à la politique. L’étude nous renseigne que 74% (10ème sur 34) de la population reconnait être méfiant en ce qui concerne les sujets liés à la politique. La même impression est exprimée quand il est question d’adhérer à une organisation politique. En effet, 65% de la population déclarent être en danger en voulant s’engager dans une organisation politique. Cette situation influence leur confiance lors des échéances électorales. Interrogées sur la question « selon vous, à quelle fréquence dans ce pays est-ce que les populations doivent-elles faire attention à leur vote pendant les élections? »,  69 % de la population déclarent faire preuve de prudence lorsqu’elles votent. Quelle que soit la nature des choses, le Cameroun passera de la deuxième République à la troisième voire la quatrième République d’ici à 2050. Il faut donc travaillé maintenant pour une transition apaisée.

    Pauvreté et inégalité sur une courbe ascendante

    La persistance d’un taux de pauvreté élevé et l’accroissement des disparités entre populations urbaines et rurales continuent de creuser les inégalités au Cameroun. Le seuil de pauvreté du pays du Cameroun qui est passé de 40,2% en 2011 est estimé à 35,5% en 2018 très loin des 23% espérés par le pays en 2020 (projection Phase I du DSCE). En clair, la part de la population pauvre est estimée à 8,1 millions d’habitants avec des disparités importantes en fonction du milieu de résidence. Si le taux de pauvreté en zone urbaine a nettement diminué passant de 17,9 % en 2011 à 8,9 % en 2014, il a augmenté en zone rurale, où il est passé de 52,1 % à 56,8 % sur la même période. Au niveau du revenu final, où la valeur des services d’éducation et de santé en nature est comptabilisée, la réduction de la pauvreté et des inégalités a faiblement régressé ces dernières années avec des disparités relativement importantes. En zones urbaines, le niveau de pauvreté a baissé de 12 à 7 % entre le revenu consommable et le revenu final, et de 59% à 52 % en zones rurales. L’incidence de ce niveau de pauvreté a eu un impact légèrement plus marqué sur les inégalités en zones rurales, où le coefficient Gini est passé de 39 à 36, contre 36 à 35 en zones urbaines, reflétant la part relativement plus importante des revenus de ces services en zones rurales, généralement plus pauvres (FMI, 2018).

    Dans l’ensemble, entre 2011 et 2014, le coefficient d’inégalité a amorcé une courbe haussière, passant de 42,2 en 2001 à 46,6 en 2014. Cette contre-performance positionne le Cameroun parmi les pays où les inégalités demeurent supérieures à la moyenne des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure d’Afrique subsaharienne (FMI, 2018). En 2017, le coefficient d’inégalité de genre était de 34.2. Le défi pour les gouvernants, au cours des prochaines années est de restaurer le contrat social. La persistance de la pauvreté et des inégalités exposent le Cameroun à des crises sociales profondes venant des couches vulnérables. Ceux qui gouvernent aujourd’hui ou aspirent à diriger le pays au cours des prochaines années doivent apporter, en urgence, des réponses à ces défis de développement afin de préserver l’unité nationale et de promouvoir le développement et le bien-être pour tous. Cela passe par la mise sur pied des politiques et institutions inclusives.

    Benjamin OMBE-Journaliste consultant en intelligence stratégique

    Auteur : « le Cameroun en prospective : évaluation critique

    des Objectifs du développement durable », Harmattan, 2020

     

  • Covid-19 et l’Afrique : Le manifeste

    Covid-19 et l’Afrique : Le manifeste

    Peut-être n’a-t-on pas été suffisamment attentif au fait que, dans les controverses particulièrement virulentes qui se sont développées autour du coronavirus partout dans le monde, la question du médicament est au cœur des tensions les plus vives. Plus encore que la théorie causale de l’épidémie, qui focalise les attentions, c’est le problème de l’efficacité des décoctions africaines qui constitue l’enjeu essentiel, pratique mais aussi idéologique, de ces polémiques. 

     

    C’est du reste, de manière significative, autour de l’invention proclamée de traitements africains anti-Covid-19, que sont nées ces controverses. Au cours de celles-ci se sont exprimés méfiance et ressentiment à l’égard des savoirs patrimoniaux africains. Dans ce contexte, la question de l’efficacité de ceux-ci s’est trouvée posée dans l’espace public selon deux logiques presque contraires. D’une part, les produits anti-coronavirus africains contournent toutes les procédures habituelles d’évaluation scientifique des médicaments. D’autre part, un immense espoir est né, non seulement pour les malades, mais aussi, et surtout, parce qu’il est le fruit d’une recherche locale. 

    Pour porter ce dernier aspect, Charles Binam Bikoi, Secrétaire Exécutif du CERDOTOLA (Centre international de recherche et de documentation sur les traditions et les langues africaines) vient de publier un manifeste. Intitulé « La Covid-19 et l’Afrique : les médecines et les savoirs patrimoniaux dans le choc de l’Histoire… Manifeste pour une Afrique structurellement déconfinée », le document est une ode à la pharmacopée africaine. 

    Cliquer ici pour télécharger la version complète en français 

    Jean René Meva’a Amougou 

  • Pays que tout le monde fuit

    Pays que tout le monde fuit

    Tout le monde fuit (ou tente de fuir) le Cameroun. De quelle maladie est frappé ce pays pour qu’on le fuie ainsi ? Ô vous qui connaissez l’histoire, dites-moi, je vous écoute. Oui, tout le monde fuit (ou tente de fuir) le Cameroun.

    Timba Bema

    Mais alors tout le monde, les riches comme les pauvres, les nordistes comme les sudistes. À ce sujet, il doit y avoir une certaine égalité devant la fuite. Imaginez donc ! Même le président fuit le pays, il passe le plus clair de l’année à l’étranger. Pas dans n’importe pays s’il vous plaît. L’un des plus riches du monde par habitant. Pas dans n’importe quelle ville. L’une des plus chères du monde. Louant tout un étage d’hôtel avec sa nombreuse cour, se baladant dans les cliniques privées en quête de la jeunesse éternelle et donc de la santé. La belle vie et la santé. Les ingrédients assurément du bonheur.

    L’homme le plus puissant du pays, celui qui décide de tout, mais n’est responsable de rien, ne parvient pas à s’épanouir, dans cette prison à ciel ouvert que ses lois ont peu à peu rendue irrespirable, au point où il doit aller ailleurs pour avaler une bouffée d’air frais. Il a inventé une tradition qui va infuser lentement dans le reste de la société à commencer par sa tribu d’origine, les Bulu. De la même manière que l’amour de Mobutu pour la Suisse, plus particulière Lausanne, entraîna la constitution d’une forte communauté congolaise dans cette ville, l’amour de Paul Biya pour la Suisse a déversé dans ce pays un certain nombre des siens. Mais, ce n’est pas tout.

    Les personnes influentes du pouvoir et de la société civile ne sont pas en reste. Elles fuient également le pays pour venir se soigner ou couler une douce retraite en Europe. Avec l’âge, elles doivent bien souvent y rester en raison des contraintes liées à leur couverture médicale. Parfois, elles ne peuvent pas prendre le risque de retourner au pays, où une rechute signerait leur arrêt de mort. Alors, elles restent là, en attendant que Dieu, qu’elles prient et à qui elles remettent leurs vies, reprenne le souffle qu’il leur a généreusement prêté.

    Le Cameroun souffre même de quelle maladie, pour que ceux qui sucent sa sève le fuient aussi ? Quel est le nom de cette maladie qui vide le pays de ses vieux, qui représentent 4 % de la population ? Il faut rappeler que l’espérance de vie à la naissance est de 57 ans et que, selon l’Organisation mondiale de la Santé, l’âge de la vieillesse est de 60 ans. Un autre détail d’importance est que les plus de 64 ans, qui représentent donc 4 % de la population d’après les données publiées en 2014 par l’Office National de la Statistique, détiennent plus de 50 % de la richesse produite dans le pays.

    Ils sont nés un peu avant ou un peu après les indépendances, ont bénéficié de bonnes conditions d’éducation grâce notamment aux coopérants blancs, ils ont obtenu des bourses pour étudier à l’étranger sinon à l’université fédérale de Yaoundé, de nombreux parmi eux ont été intégrés dans les administrations publiques ou dans les grandes entreprises privées, ils ont bénéficié de l’embellie économique des années 70 et 80 pour accéder à la propriété et investir dans l’agriculture ou d’autres domaines prisés, et lorsque la crise économique s’est installée, ils ont eu recours à la corruption pour compenser leurs pertes de revenus, certains s’étant constitués des fortunes appréciables investies aux pays à travers des prête-noms.

    Leur fuite est plus que paradoxale. Pourtant, elle est bien réelle, motivée d’abord par des raisons de santé et ensuite de qualité de vie. À un certain âge, les deux facteurs sont corrélés, à savoir que la qualité de vie a une influence positive sur la santé. Il serait donc, aux yeux de ces privilégiés, préférable de vivre sa vieillesse en Europe plutôt qu’au Cameroun. À y regarder de près, cet exode touche toutes les générations. Puisque les jeunes suivent les vieux sur les routes incertaines de l’exil.

    Tous les jours, ils prennent la route du désert et tentent de briser par leur courage et la force de leurs muscles les nombreux obstacles, comme autant de montagnes vertigineuses, que l’Europe dresse sur leur quête du bonheur. Si, même ceux qui ont les moyens fuient le pays frappé d’une maladie sans nom, pourquoi ceux qui n’ont presque rien, eux qui sont sans emploi, devraient y rester ? Il est vrai que la débrouillardise leur tend les bras, les appelle nuit et jour de sa voix mielleuse comme les sirènes pour dérouter les marins. Ils tentent de résister par orgueil. Certains parmi eux ont des diplômes, ils ont fait des études, ils ont appris à attacher la cravate et à porter la veste, ils ont serré les mains parfumées à outrance de quelques autorités et ne peuvent donc pas descendre dans la boue, au bas de l’échelle de cette société qui a fabriqué deux figures iconiques, qui fonctionnent en miroir, exercent sur les hommes et les femmes une attraction irrésistible : le feyman et la wolowos. L’escroc et la pute. Deux figures accomplies de la débrouillardise, qui ont réussi à sortir de la boue pour être adulée de la multitude y compris les autorités politiques et administratives.

    On se souviendra du Premier ministre Simon Achidi Achu recevant à l’immeuble Étoile Donatien Koagné, alors appelé le Roi du Cameroun. Mais, il faut du courage, beaucoup de courage, pour monter des arnaques et les exécuter avec flegme. Comme il faut une sacrée dose de courage pour marchander son corps et tirer une quelconque fortune du plaisir, mais surtout de la convoitise du mâle dominant. Alors, ils sont nombreux, ces jeunes qui prennent la route. On compte parmi eux des adolescents, comme Zachée Otto Koumata né le 10 octobre 2004 de père inconnu et abandonné par sa mère auprès de sa grand-mère qui l’éleva par devoir, lui paya l’école jusqu’au CM2. À 12 ans, Zachée prit la route du désert. À 12 ans seulement ! Il a connu une vie 100 fois plus rude que les enfants nés de Camerounais en Europe. Pourtant, comme lui, ils ont aussi tourné le dos au Cameroun.

    Le visage de ce pays est-il si laid que tout le monde le fuit ? Quelle est donc cette maladie qui a assombri ses yeux ? Quel est, dites-le-moi, le nom de cette maladie dont le souvenir hante les gens longtemps après la fuite, et qu’ils transmettent, parfois sans le savoir, à leurs enfants, qui sont pourtant nés et ont grandi en Europe ? Ils y sont allés une fois ou deux pour les vacances. Ils ont certainement mangé quelques plats camerounais durant leur enfance comme le ndolè et les beignets haricots.

    Pourtant, ils ne s’identifient pas au Cameroun, ils ne se sentent pas du tout concernés par les tourments que traverse le pays d’origine de leurs parents, tourments qui expliquent sans doute pourquoi ils ont dû le quitter un jour et se sont ingéniés à l’oublier. Parmi ces enfants, on dénombre quelques sportifs qui, en raison de leur exposition médiatique et du choix qui leur est accordé à 18 ans de choisir le pays pour lequel ils aimeraient porter les couleurs, nous renseignent sur l’état d’esprit de la diaspora. De nombreux parmi eux ont refusé les propositions de jouer pour l’équipe nationale de football du Cameroun.

    L’argument, lorsqu’il est avancé, a souvent un rapport avec la désorganisation chronique de cette équipe, ce qui change avec leurs habitudes en club. Sans compter que, pour les plus talentueux, qui pourraient être alignés dans les rangs de leurs pays d’adoption, le choix du Cameroun serait préjudiciable à leur carrière. En sport, le patriotisme passe après les intérêts individuels. Le cas le plus célèbre est celui de Kylian Mbappè à qui les Camerounais avaient inventé, en raison de leur ressemblance, une filiation avec Mbappè Léppé, le célèbre milieu de terrain de l’Oryx de Douala et de l’équipe nationale. Kylian Mbappè coupa court à la rumeur en affirmant qu’il était français.

    Les vivants, quelle que soit leur origine, quelle que soit leur fortune, fuient le pays. Mais, il se trouve que les morts, oui, les morts aussi le fuient. Comment cela est-il possible, pensez-vous, que des morts, qui n’ont donc plus le pouvoir de décider, fuient un pays ? Il est vrai que dans l’imaginaire collectif, la dépouille d’une personne décédée hors de la terre de ses ancêtres doit y retourner pour son dernier repos. C’est même une obligation. Au pays, c’est très souvent le cas. Les enterrements ont lieu dans le village d’origine du défunt, même si ce dernier a vécu toute sa vie hors de celui-ci.

    Quant à ceux décédés en Europe, leurs corps étaient également rapatriés au pays, même si cette démarche pouvait entraîner, pour ceux qui n’avaient pas souscrit une assurance obsèques, des dépenses conséquentes de la part des familles. Mais, depuis quelques années, la tendance s’est inversée. Pour diverses raisons, les dépouilles de Camerounais ne sont plus systématiquement rapatriées au pays : elles sont donc inhumées en Europe.

    Il faut reconnaître que la forte immigration récente s’est faite autour du noyau familial. À savoir qu’une personne, une fois installée, fait venir ses frères et sœurs, son conjoint, sa conjointe ou ses enfants, et ensuite viennent leurs parents. Certaines familles se sont donc reconstituées au complet, en conservant certaines habitudes comme la fréquentation des tontines, de la chorale ou de l’église. Elles reproduisent un modèle qui paradoxalement les éloigne du pays. Par conséquent, le rapatriement des défunts perd son caractère impératif.

    Quand même les cadavres fuient un pays, c’est que la situation y est devenue grave. Le nom de ce pays c’est le Cameroun, frappé d’une maladie honteuse dont ses enfants taisent le nom, préférant fuir le plus loin possible pour assurer leur survie. Pourtant, le silence, la fuite, n’arrêtera pas la saignée humaine. Il faudra bien qu’un jour, un enfant se dresse devant ce peuple et lui dise la vérité qui plane devant ses yeux, mais qu’il se refuse de voir, la recouvrant du voile réconfortant du mensonge. Mais, n’est-ce pas là aussi une métastase de la maladie, que de se mentir à soi-même dans l’espoir que le temps, comme par miracle, recollera les morceaux du miroir brisé ?

    Par Timba Bema

    Écrivain

  • Ces thèses et mémoires dont le rédacteur n’est jamais le soutenant !!

    Ces thèses et mémoires dont le rédacteur n’est jamais le soutenant !!

    Il n’est guère gênant de s’infiltrer dans les coulisses d’une déontologie professionnelle qui sort de l’épure au sein de nombreux campus en Afrique en général et au Cameroun en particulier, là où la perfidie prospère à la frontière de la barbarie !                           

    Pierre Essomba Mbida , Archiviste professionnel

    Le contenu d’une thèse ou d’un mémoire reflète prétendument la moisson d’un travail, aux petits oignons, de recherches effectives sur le terrain de la connaissance ou sur celui des exercices pratiques, fait par le postulant au grade sollicité sous le coup d’œil d’un initié. Il se trouve que bon nombre de ces thèses et mémoires ne sont pas rédigés dans ce pays par l’intéressé en chair et en os, le ou les vrais plumitifs se retrouvent parmi les « écrivains publics » qui résident dans différents quartiers de chaque cité universitaire et la route est toute tracée. Faudra-t-il hésiter de penser qu’il s’agit, pour ainsi dire, d’une boite à malice qui vaut l’accoutumance de décerner une mention attractive à l’intéressé, question de dire merci à des soutenants de cet acabit ?!

    Les membres du jury loin d’en être très tôt innocents ou mis en confidence, font le nécessaire pour que la séance du questionnement, à titre d’examen oral, destiné à sonder sur-le-champ le talent du candidat à réagir sagement aux appels des jurés en lien avec le sujet de sa thèse, afin qu’il fasse étalage du savoir acquis en mettant les rieurs de son côté soit, à la grande surprise, de très courte durée ! Le critère le plus édifiant est celui qui confirme les peines visiblement éprouvées par cette faction de doctorants à tenir un discours cohérant, résultant d’un thème qu’une personne autre que le soutenant a rédigé, à la suite d’une longue période d’investigation laborieuse sur le terrain, sans que l’être concerné ne le paye de sa personne.

    Il y a dans ce type d’expérience de la matière à placer dans la lecture des actes de prévarication, étonnement en relief dans un univers des « intellectuels » où rayonnerait en permanence l’essentiel du culte des hautes valeurs morales, pour avoir souvenance à travers ce dogme, le point de vue y affèrent du Pr. Jean Emmanuel Pondi. Enfin, voilà comment se dessine, sous l’ère de la rigueur et la moralisation, la caricature d’une pléthore de fallacieux enseignants-chercheurs en accroissement exponentiel, ceux-là même qui prennent en otage tous les programmes de l’enseignement supérieur au Cameroun, du fait qu’ils se croient sortis, de vilaine manière, de la cuisse de Jupiter.

    Alors qu’ils ne sont, en définitive, que « de parfaits ignorants pathologiques » comme le révèle si bien le journaliste Linus Pascal Fouda ; d’autant plus pathétique qu’ils ne sont la proie d’aucun remord pour avoir triché, en se prenant pour le sosie du véritable diplômé de circonstance, un bosseur qui en a bavé des ronds de chapeau mais, ce dernier se contente plutôt à en tenir le crachoir sur la place publique, seulement pour se vanter face à des gens qui tentent de le traiter par-dessus la jambe ceci, au grand soulagement des indiscrets des environs, habitués à fourrer le nez partout ou à être aux aguets et tout à fait décidés à s’en faire l’écho à son de trompe.

    Les autres débrouillards animés par une telle tournure d’esprit se retrouvent parmi les compatriotes qui s’échappent aux ouï-dire probants du pays d’origine concernant la déficience de leur quotient mental, pour chercher à avoir raison de cette infirmité, comme qui dirait, pour faire primer leur idiotie à l’étranger. Ce faisant, l’impétrant a ainsi lieu d’être sur place dans les petits papiers de son sculpteur de parrain vicieux, celui-là même qui lui mettra chaque fois le pied à l’étrier pour monter en grade, en corrigeant ou, comme dit l’autre, en libellant à son style les articles « scientifiques » de son poulain !                      

    C’est ainsi que le fameux papelard devient de but en blanc dans cet aéropage, un enseignant « chargé des cours de son choix », il misera sur tous les tableaux pour tenir la craie, ne jouissant d’aucun acquis de taille à professer à un tel niveau de formation. Comme il n’est pas le seul intrus à être officiellement versé de la sorte dans ce panier de la magouille, au sein d’un campus où le copinage a longtemps pris de l’envol. Car, il sera toujours question pour cet énergumène de bien faire et laisser dire. Les étudiants devenus victimes de la monomanie d’obtenir un gros diplôme à ce prix, même en avalant des couleuvres, comme un fol envie d’être hautement intégré, sans plus de façon, dans la Fonction Publique camerounaise, payent les violons du bal en faisant le chien couchant.

    La colonie de pseudo-docteurs omniscients tirent profit d’une telle passivité, d’une telle apathie comme une aubaine pour se faire des couilles en or et pérenniser également leurs réflexes collégiales d’autodéfense, à dessein de faire sienne la totalité des offres didactiques au programme, sans qu’un tel remue-ménage éveille la vigilance des patrons des lieux, pourtant, supposés à avoir la tête sur les épaules. C’est de quoi manquer de prévenance à l’égard d’une jeunesse qui se veut le fer de lance de la Nation ! Qui pis est, il s’agit vaille que vaille de favoriser singulièrement ces mythomanes à protéger correctement leur assiette au beurre en faisant place nette, question d’asseoir à jamais l’affreux profil de leur sabbat. Ils ont, dans cette mission, des mouchards dans la manche, acculés à trahir ceux de leurs camarades de classe qui contestent en sourdine, les incompréhensions multiples et les incohérences notoires dans la phraséologie balbutiante voire nébuleuse de tel ou tel cours.      

    Qui plus est, lorsqu’une dysfonction de cette nature est en vogue dans un tel espace académique, cela renvoie à l’image d’un serpent qui se mord la queue, histoire d’y faire valoir l’évidence des propos du  Pr. Mbaye Thiam, je cite: « Quand les titres remplacent les compétences et le savoir être, ils ne signifient plus rien ». C’est dans une foire d’empoigne que se forge désormais la mentalité d’une jeunesse estudiantine camerounaise qui s’en sort abrutie sinon, en train de pourrir jusqu’à la moelle, celle qui ne saura point, plus tard, comment pallier toutes les lacunes inhérentes à une pareille mésaventure. Du train où vont les choses, il sera compliqué à ce public de faire la pige à des mêmes cliques de formateurs  à la fois incompétents et mégalomanes, si ce n’est à faire le reste ! C’est donc la descente aux enfers déjà en route !!

    Pierre Essomba Mbida

     Archiviste professionnel

  • Je suis KUMBA, je suis Cameroun

    Je suis KUMBA, je suis Cameroun

    Ce matin encore, 
    Mon cœur et la raison saignent. 
    Six élèves ne sont plus.
     Je veux dire six petits-enfants,
    Je veux crier : six petits-enfants,
    Des enfants de femmes anonymes
    Désormais éternelles pleureuses
     Et aux regards et lendemains incertains. 
    Ont été sauvagement assassinés 
    Par l’absurdité et la bêtise humaine.
    Ce matin,
     JE SUIS KUMBA.
    Et vous meurtriers, encore debout
    Vous qui m’avez couvert de sang
    Et destiné à l’épreuve de nuits blanches, 
    Venez voir dans les rues
    Venez voir sur les bancs des classes
    Le sang innocent 
    Le sang de notre sang
    Le sang de vos parjures
    Le sang de gamins sans soucis
    Aujourd’hui,
     JE SUIS KUMBA
    Et vous meurtriers, encore debout
    Venez voir nos mains
    Qui tremblent de douleurs 
    Et de blessures certaines
    Venez, oui venez, 
    Venez, dans la boue et la haine.
     Ce matin , 
    JE SUIS KUMBA
    Qu’importe ce matin 
     La haine et la peur
    Lorsque l’espoir ignoré
    S’écroule.
    Ces enfants devaient, vivre,
    A Kumba Ils ont vécu.
    Ils ne sont plus,
    Qu’un chagrin
     Des rancœurs et d’infortunes 
    Mais Aujourd’hui,
     Mon cœur et la raison saignent 
    JE SUIS KUMBA !
    JE SUIS CAMEROUN !
     
    Pr. YIMGAING MOYO, architecte, Président du Mouvement Citoyen (le MOCI)
  • Déclaration de l’union des journalistes de la presse libre Africaine ( U.J.P.L.A) Pour la sécurité des journalistes

    Déclaration de l’union des journalistes de la presse libre Africaine ( U.J.P.L.A) Pour la sécurité des journalistes

    À l’occasion des élections présidentielles sur le continent.

    L’année 2020 tire à sa fin et de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, à l’instar de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de la Centrafrique, du Niger (…)  tiennent  ou se préparent à tenir une élection présidentielle.

     L’Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine (UJPLA), soucieuse de la sécurité des journalistes, en tous lieux, en toutes circonstances, durant ces périodes agitées, appelle les pouvoirs publics , les acteurs politiques et les sociétés civiles africaines, à tout mettre en œuvre pour assurer aux  journalistes et professionnels de l’information, des

    garanties sécuritaires dignes et acceptables. L’Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine (UJPLA), appelle tous  les

    journalistes  à respecter scrupuleusement les règles d’éthique et de déontologie qui régissent et régulent leur profession .

     L’Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine (UJPLA) réprouve les actes de torture et les mauvais traitements avec leurs cortèges d’humiliations, de terreur et de mauvais traitements,  obstacles à l’exercice de la liberté de la presse,  etc,

    très souvent érigés par certains États en moyens de correction, pour punir ou faire taire des journalistes .

     L’UJPLA dénonce ces entraves et  violations constantes de la liberté de la presse, et soutient les journalistes persécutés, menacés, voire intimidés, sur les lieux de reportages.  L’Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine (UJPLA), fidèle à

    ses objectifs et engagements qui consistent essentiellement à améliorer la sécurité du journaliste et promouvoir la liberté de la presse en Afrique, rejette toutes formes de censure, visant à étouffer la liberté des journalistes, toutes tendances et lignes éditoriales confondues.

     Enfin, l’Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine (UJPLA) sait compter sur la bienveillance et la bonne coopération des pouvoirs publics et gouvernements d’Afrique envers les journalistes, avant, pendant et après tous ces rendez-vous électoraux.

    Fait à Abidjan le 20 Octobre 2020

    Le Président

    YAO NOËL

  • Le prix du sang, de la vie et de l’amour…

    Le prix du sang, de la vie et de l’amour…

    Quelle importance donnons-nous à la vie en Afrique centrale ? Nous ne parlons pas ici de sa qualité mais simplement de la vie tout court. La vie d’un camerounais, la vie d’un congolais ou même d’un centrafricain, gabonais ou tchadien aurait-elle une quelconque valeur ? Si oui quel en serait le prix réel ? Ailleurs en Europe, aux Amériques…il suffit de quelques morts et parfois d’un seul pour que se déplace le chef de l’Etat dans le lieu, chez-nous presque rien n’émeut nos dirigeants.

     

    Daniel Yagnye Tom

    Notre jeunesse se meurt dans le désert du Sahara, la mer Méditerranée est devenue un immense cimetière mais la vie suit son cours paisiblement dans les pays africains. Même dans les pays pris en étau par divers conflits armés comme le Cameroun, il apparaît insensé, voire provocateur de se demander s’il valait la peine pour un camerounais de donner sa vie et de mourir pour son pays. 

    Oui nous le savons très bien, il n’y a qu’une seule vie puisque nous-mêmes, celles et ceux que nous aimons tant, n’avons qu’une seule et unique vie. Bien évidemment tout comme celles et ceux qui ne sont pas des nôtres, ne sont pas nos proches ni ne font  partie de nos relations, eux aussi ont seulement une vie bien que les leurs nous soient lointaines et très souvent insignifiantes…

    L’histoire de l’Afrique est pleine d’enseignement sur le don de la vie et l’héroïsme de ses filles et fils, leurs capacités de donner et de se donner jusqu’au sacrifice suprême dans la défense de leur pays et des intérêts de leurs populations. Il n’existe aucune expression de l’Amour plus sublime que le don de sa vie pour les siens. Plus proches de nous, nous avons des exemples de Barthélémy Boganda, Patrice Emery Lumumba, Marien Ngouabi, Ruben Um Nyobe, Felix-Roland Moumié, Ernest Ouandié et Ossende Afana pour ne citer que les plus illustres, mais peut-on dire aujourd’hui que ces morts ont servi à quelque chose lorsque l’on voit l’état de délabrement de nos pays et le peu d’importance qui est donné à leurs sacrifices? 

    Avec le 27 Août 1940 des milliers d’Africains sont morts pour la libération de l’Europe du fascisme allemand mais personne n’en parle! Oui l’Afrique Centrale a perdu dans cette guerre des milliers de ses fils, mais personne n’en parle car ils ont été purement et simplement oubliés. Pour certains en Europe, la participation des africains dans cette guerre pose de sérieux problèmes de conscience, il est donc tout à fait compréhensible l’embarras qui est causé dans certains milieux lorsque ce problème est soulevé tel que nous le faisons aujourd’hui.

    Chaque année des commémorations sont effectuées dans la plupart des pays européens pour honorer les morts et les divers sacrifices de ces populations lors de cette guerre, des pèlerinages sont ainsi réalisés, et on voit des groupes de citoyens américains, anglais, israéliens…ainsi que leurs familles sillonner l’Europe pour visiter les divers lieux historiques de cette guerre, notre continent est toujours absent. 

    On connaît exactement le nombre de morts soviétiques de cette guerre, ils sont environ vingt millions, oui on connaît le nombre d’allemands, environ neuf millions, environ 541.000 français,450.000 anglais, près six millions de juifs, 418.000 américains , en Afrique on ne parle que des marocains, environ 190.000 qui ont péri lors de cette guerre. 

    Combien d’africains sub-sahariens sont-ils morts lorsque l’on sait que de 1940 à 1943 toute la France Libre reposait sur eux? Quel est le nombre exact de camerounais morts pendant cette guerre? Combien de centrafricains, congolais, gabonais, tchadiens, sénégalais...?

    Malgré la participation pourtant décisive de ses fils, l’Afrique a été et est toujours oubliée, son importance dans cette guerre est ignorée, car son absence de l’histoire est naturelle ! 

    Et pourtant tous les pays qui ont participé à cette guerre connaissent très bien l’importance décisive de l’Afrique, mais tout le monde se tait ! Raison d’Etat oblige! 

    Que vaut donc finalement la vie de plusieurs milliers d’africains ? Pourquoi sont-ils morts dans cette guerre et qu’est-ce que l’Afrique en a tiré ? 

    Dans tous les cas, si nous-mêmes les africains ne valorisons pas nos vies ni celles des nôtres, que devrions-nous attendre des autres non-africains ?

    La générosité des peuples de l’Afrique Centrale 

    Qu’est-ce qui peut justifier le mutisme de nos états à propos de ce qui s’est passé dans notre sous-région à partir du 27 Août 1940 ? Comment taire les pertes humaines, les souffrances supportées et les espérances suscitées à nos populations par la France libre? Pourquoi fermer les yeux sur la perfidie, l’ingratitude et la méchanceté de la France?

    La France libre n’a pas été une partie de plaisir. S’il est agréable aujourd’hui d’évoquer la générosité de nos populations dans l’effort de guerre avec les dons matériels et financiers, les travaux pour la logistique dans les plantations d’hévéas…on ne peut pas oublier les brimades, les séquestrations et les rafles des jeunes pour leur participation forcée dans une guerre qui elle-même a été une véritable sélection naturelle où n’ont survécu que les plus résistants, car non seulement les soldats africains devaient surmonter les difficultés objectives matérielles, naturelles, climatiques mais subir aussi les diverses discriminations des officiers français.

    Convaincus que la libération de la France ouvrirait les portes aux indépendances de leurs pays, les nationalistes africains se sont donnés entièrement dans cette guerre, animés par un esprit de fraternité envers leurs frères d’armes français, c’est donc avec beaucoup de tristesse que l’on peut imaginer aujourd’hui ce qu’ils ont souffert quelques années après, lorsqu’ils ont réclamé l’indépendance.

    Aujourd’hui pour ce qui est du Cameroun, avec une certaine rage, on peut comprendre leur immense désappointement et déception devant l’amnésie et l’ingratitude de la France, lorsqu’ils étaient pourchassés et traqués dans les maquis, eux et leurs familles par leurs anciens compagnons d’armes français. Que pouvaient penser les nationalistes camerounais dans les maquis, impuissants face à la mort de leurs enfants, épouses et camarades ? Puisque plusieurs parmi eux y ont perdu non seulement leurs propres vies mais aussi celles de leurs proches parents: mon oncle maternel Tina Kissaga après avoir œuvré à la libération de la France du nazisme allemand, y a perdu sa vie tout comme celle de sa fille aînée Ngo Tina Suzanne Félicitée.

    Mais tôt ou tard l’Afrique reconnaît toujours les sacrifices de ses filles et fils puisque l’histoire finit toujours par rendre justice ! 

    Ce n’est pas encore entièrement le cas, mais on n’y est plus loin!

    Oui tôt ou tard l’Afrique honore toujours les sacrifices de se enfants !!!

    La voici aujourd’hui cette preuve: l’Afrique Centrale célèbre 80 ans après le 27 Août 1940 la décisive participation de ses fils, au nom de la France libre, à la libération de la France et de l’Europe!!!

    Daniel Yagnye TOM

    Représentant spécial de l’Union des Populations

    du Cameroun en Afrique Australe et Centrale.

    Président de l’Alliance Patriotique. 

                                                               Le 20 Octobre 2020

  • La proposition européenne du nouveau pacte migratoire : vers une meilleure coopération avec les pays d’origine et de transit ?

    La proposition européenne du nouveau pacte migratoire : vers une meilleure coopération avec les pays d’origine et de transit ?

    En présentant le nouveau pacte sur la migration et l’asile, la Commission propose des solutions européennes communes pour relever un défi européen, qui a la prétention de renoncer aux solutions ponctuelles pour privilégier un système de gestion de la migration prévisible et fiable. Elle repose sur deux piliers : des mesures plus efficaces et rapides et la solidarité entre les Etats membres.

    Olivier Kenhago Tazo est Ministre Plénipotentiaire, diplômé de l’Institut des Relations Internationales de Cameroun et de l’Institute for European Studies – ULB. Il est en service à l’ambassade du Cameroun en Belgique.

    Olivier Kenhago Tazo

    Cinq ans après le pic de la crise politique de 2015, la Commission européenne a publié une proposition de pacte sur la migration et l’asile. En 2015, l’Europe avait fait face à une crise migratoire majeure, avec l’arrivée sur son sol de près d’un million de personnes. Les conflits en Irak, en Syrie, en Libye ou encore en Erythrée, avaient poussé des centaines de milliers de personnes sur la route de l’exil.

    L’Europe n’avait réagi qu’après l’émotion mondiale provoquée par la photo du petit corps d’Aylan Kurdi, retrouvé sur une plage de Turquie alors que sa famille tentait de rejoindre l’Europe. Malgré un sursaut provoqué par ce drame, les dirigeants européens n’ont pu se mettre d’accord pour résoudre cette crise. Tandis que certains Etats membres, à l’instar de l’Allemagne, prônaient l’adoption d’une politique d’accueil plus souple, d’autres, à l’instar de la Hongrie, ont décidé d’ériger des barrières pour empêcher le passage des migrants.

    L’Union européenne avait finalement, faute d’un consensus, accouché au forceps d’une série de mesures: « hotspots » (centres d’accueil et d’enregistrement des migrants) en Grèce et en Italie, plan d’action avec la Turquie, répartition des réfugiés entre les pays par quotas… Mais au prix d’une fracture entre pays de l’Est et du Sud. Et surtout, sur le terrain, ces mesures n’ont eu qu’un effet très limité pour tarir les arrivées.

    Dès lors, des réflexions ont été engagées par l’UE pour trouver une solution pérenne à cette situation, qui aboutit donc à la présentation, le 23 septembre dernier, quelques jours seulement après la catastrophe de Moria qui a elle aussi créé une onde choc, d’une nouvelle proposition destinée à modifier substantiellement le système de Dublin jusque-là en vigueur.

    La question migratoire présente actuellement plusieurs enjeux, notamment : la sécurité des personnes qui recherchent une protection internationale ou une vie meilleure; les préoccupations des pays situés aux frontières extérieures de l’EU qui craignent que les pressions migratoires n’excèdent leurs capacités et qui ont besoin de la solidarité des autres pays, ou encore les préoccupations des autres États membres de l’UE qui craignent que, si les procédures ne sont pas respectées aux frontières extérieures, leurs propres systèmes nationaux d’asile, d’intégration ou de retour ne soient pas en mesure de faire face en cas de flux importants.

    En présentant le nouveau pacte sur la migration et l’asile, la Commission propose des solutions européennes communes pour relever un défi européen, qui a la prétention de renoncer aux solutions ponctuelles pour privilégier un système de gestion de la migration prévisible et fiable. Elle repose sur deux piliers : des mesures plus efficaces et rapides et la solidarité entre les Etats membres.

    Le premier pilier consiste en des procédures plus efficaces et plus rapides. Plus précisément, la Commission propose d’introduire une procédure intégrée à la frontière qui comprend un filtrage préalable à l’entrée incluant l’identification de toutes les personnes qui franchissent sans autorisation les frontières extérieures de l’UE ou qui ont été débarquées après une opération de recherche et de sauvetage.

    Le second pilier est le partage équitable des responsabilités et la solidarité. En période de tension, chaque État membre devra apporter sa contribution solidaire afin d’aider à stabiliser l’ensemble du système, soutenir les États membres sous pression et faire en sorte que l’Union remplisse ses obligations humanitaires. Les contributions flexibles de la part des États membres peuvent aller de la relocalisation de demandeurs d’asile depuis le pays de première entrée à la prise en charge du retour des personnes qui ne jouissent pas d’un droit de séjour, en passant par diverses formes de soutien opérationnel.

    Les pays de l’Union européenne qui ne veulent pas prendre des demandeurs d’asile en cas d’afflux devront en revanche participer au renvoi des déboutés du droit d’asile depuis le pays européen où ils sont arrivés vers leur État d’origine. Une façon de mettre tous les États à contribution en contournant le refus persistant de plusieurs pays, notamment ceux du groupe de Visegrad d’accueillir des migrants. Bruxelles veut ainsi tirer les leçons de l’échec des quotas de relocalisation décidés après 2015, en abandonnant le principe d’une répartition contraignante des migrants.

    Par ailleurs, le «pacte» révise la règle consistant à confier au premier pays d’entrée d’un migrant dans l’UE la responsabilité de traiter sa demande d’asile. Selon la proposition de la Commission, le pays responsable de la demande pourra être celui où un migrant a des liens familiaux, où il a travaillé ou étudié, ou alors le pays lui ayant délivré un visa. Sinon, les pays de première arrivée resteront chargés de la demande et un État soumis à une pression migratoire pourra demander l’activation d’un mécanisme de solidarité obligatoire.

    Ces piliers seront soutenus par une bonne coopération avec les pays tiers pour relever des défis communs tels que le trafic de migrants, le développement des voies légales d’accès et la mise en œuvre effective des accords de réadmission.

    Retour dans les pays d’origine
    En matière de retours, la proposition prévoit un cadre juridique plus efficace, un rôle renforcé attribué au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, et un nouveau coordinateur de l’UE chargé des retours, ainsi qu’un réseau de représentants nationaux, qui garantiront la cohérence dans l’ensemble de l’Union.

    Le paquet de réformes proposé par la Commission peut être évalué à travers plusieurs considérations. Premièrement, force est de constater que la loi ne suffit pas – comme l’illustre amplement la situation dans les îles grecques. Les pays du Nord se plaignent de l’échec notoire de la procédure de reprise dans le cadre du système de Dublin.

    Deuxièmement, le «nouveau départ» annoncé par la Commission pourrait en réalité être une illusion. À y regarder de plus près, l’on découvre plusieurs règles déjà contenues dans le système de Dublin, en ce qui concerne notamment un contrôle préalable à l’entrée couvrant l’identification de toutes les personnes. Les éléments obligatoires correspondent dans l’ensemble à ce que les autorités frontalières sont déjà tenues d’accomplir en vertu du code frontières Schengen, à l’exception d’un examen de santé, que la plupart des États membres ont introduit en réponse à la pandémie du Covid-19.

    Responsabilité partagée
    Troisièmement, l’idée de «solidarité et de partage des responsabilités», sur laquelle la Commission a insisté, saisit bien les tensions inhérentes à tout débat sur la migration et l’asile en Europe. Les États membres ont des points de vue différents sur leur «juste» part, en particulier en ce qui concerne la réforme du système de Dublin.

    En tout état de cause, le paquet de réformes est davantage une question de pragmatisme que de principes. Il s’agit par essence d’un morceau de realpolitik, ce qui peut expliquer certaines particularités, qui devront néanmoins être jugées en termes d’équilibrage adéquat des revendications compensatoires à la gestion des migrations et aux droits de l’homme, à la coopération supranationale et à l’action de l’État.

    Force est de constater, in fine, que le succès du paquet restera tributaire des partenariats renforcés avec les pays d’origine et de transit. Pour assurer les retours, la Commission mise toujours sur une meilleure coopération avec les pays tiers. Cela reste donc un angle mort de la politique migratoire. La question étant de savoir si l’UE peut forcer, ou convaincre en échange de certains avantages, les pays tiers à reprendre certains de leurs nationaux. Sur ce plan, il n’y a rien de vraiment nouveau.

    Les pays de transit
    S’agissant des pays de transit, qui retiennent les migrants sur leur territoire, la Commission espère que la coopération va continuer à fonctionner, et qu’elle pourrait dupliquer ces mécanismes dans d’autres pays tiers. Ce choix politique va certainement renforcer la dépendance de l’UE à l’égard de la Turquie, dans un contexte de vives tensions politiques, diplomatiques et mêmes stratégiques. Il est la conséquence de l’incapacité des 27 à s’accorder sur une approche équilibrée en interne. L’impasse politique sur la réforme législative interne contraste en effet avec l’accent prononcé mis sur l’externalisation, qui a paradoxalement donné un réel succès en termes de réduction du nombre de personnes franchissant les frontières extérieures.

    Si donc l’UE a une solution à l’extérieur, tout le débat sur la solidarité devient beaucoup moins important, car en fait, l’occasion ne se présentera peut-être pas d’exiger, encore moins d’appliquer cette solidarité, si les verrous turcs et libyens résistent à la pression migratoire. Est-ce qu’au fond on n’essaye pas aujourd’hui d’avoir un système de solidarité qui ne serait quasiment jamais appliqué parce qu’on évite que les demandeurs d’asile et les migrants illégaux arrivent dans l’Union européenne ?

    L’implémentation de la politique des retours et réadmission et du blocage des migrants et demandeurs d’asile hors des frontières de l’UE nécessite des négociations entre égaux, qui sont influencées par le poids politique, financier et économique de la partie européenne. C’est le cas avec les négociations entre l’UE et les Etats membres de l’OEACP, pour la conclusion d’un Accord post-Cotonou, de même que celles qui se tiennent dans la perspective de la stratégie UE-Afrique. Ces deux processus achoppent actuellement sur la question du retour et de la réadmission des migrants.

    Cette approche est complémentaire avec celle qui consistera pour l’Europe à employer la politique des visas pour faire pression sur les pays de départ. D’où le nouveau mécanisme envisagé pour soutenir la coopération en matière de retour qui, indirectement, fournit une plate-forme pour activer la politique de développement ou commerciale comme une monnaie d’échange. Cette approche unilatérale, seule, sera très certainement insuffisante pour susciter une coopération significative. Les scénarios gagnant-gagnant sont plus prometteurs, comme le soulignent les Etats ACP dans les négociations en cours pour un nouvel Accord de partenariat avec l’UE. Faire de l’immigration une question essentielle, pouvant donner lieu à des mesures appropriées dans la relation avec l’Afrique, est une évolution que cette dernière n’est pas pressée d’accepter.

    Les voies légales de migration économique pourraient, à cet égard, constituer une incitation importante. Elles ont été promises à maintes reprises par les institutions européennes et les États membres, même si le bilan reste médiocre. Une réelle volonté devra être manifestée du côté européen afin que ces partenariats constituent un nouvel outil innovant et significatif.

    Par Kenhago Tazo Olivier, Ministre Plénipotentiaire

  • Plateforme de collecte des droits de douanes

    Plateforme de collecte des droits de douanes

    Mohamadou Bamba s’invite dans le débat public en cours au Cameroun sur la réforme relative aux modalités de collecte numérique des droits et taxes de douane. L’expert IT revient sur le processus de mise en place de la plateforme affectée à cette tâche, ainsi que sur les avantages et les garanties de sécurité qu’elle présente.

     

    La mise en place de la plateforme de collecte des droits de douanes via la plateforme est le fruit d’une collaboration entre le MINFI et le MINPOSTEL dans deux domaines précis : la collecte des taxes et le développement du numérique.

    Cette collaboration rentre dans le cadre de l’appui apporté aux administrations publiques par les communications électroniques.

     De manière précise, il s’agit de la concrétisation de l’apport des Télécommunications et TIC, et spécifiquement du numérique dans l’amélioration du recouvrement des taxes douanières au Cameroun.

     

           Sur le plan douanier.

    • Cette plateforme est assise sur les textes ci-après :

     

    • Article 7 de la Loi n°2018/022 du 11 décembre 2018 portant Loi de Finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2019 qui dispose que : « Les téléphones portables et les tablettes numériques peuvent être importés en suspension des droits et taxes de douane, à charge pour leurs acquéreurs de procéder au paiement desdits droits, via un prélèvement effectué lors des émissions téléphoniques. Ces droits et taxes sont prélevés et reversés au plus tard le 15 de chaque mois au service des douanes compétentes par toutes les sociétés de téléphonie mobile. Celles-ci sont tenues, en collaboration avec les services de l’Etat compétents ou leurs mandataires, de configurer leurs systèmes de manière à éviter toute connexion à leurs réseaux respectifs par les téléphones et tablettes non dédouanées ».

     

    • Article 2 alinéa 21 de la loi N°2017/021 du 20 décembre 2017 portant loi de Finances du Cameroun pour l’exercice 2018, qui stipule que : « Dans le cadre de la facilitation des échanges commerciaux, de la mobilisation et de la sécurisation des recettes, de la réduction des délais de passage des marchandises, de la lutte contre la fraude commerciale et douanière, l’Administration des douanes est habilitée tant à l’import qu’à l’export à signer des protocoles d’accord avec les redevables sous réserves des dispositions légales spécifiques».

     

    • La plateforme offre les avantages ci-après :

     

    • l’optimisation des recettes collectées sur les téléphones et terminaux (tablettes et modems) importés au Cameroun, qu’ils aient acquittés spontanément les droits et taxes lors du passage de la frontière, ou qu’ils aient été introduits frauduleusement ou en suspension desdits droits.

    A court terme, la Douane envisage à travers cette réforme de multiplier ses recettes de 2500 % dès la première année de mise en œuvre, en réduisant à travers entre autres les contacts humains qui sont parfois à la base de mauvaises pratiques.

    • le renforcement de l’Administration des Douanes en outils modernes de captation de l’impôt où qu’il se trouve à travers notamment les NTIC.

     

    • L’annihilation, à travers la numérisation de la collecte des droits et taxes de douane de tout effet de la contrebande sur les téléphones, dans la mesure où quel que soit le mode d’entrée, ils seront taxés dès la connexion à un réseau de téléphonie.

     

    • Sur le plan du numérique

    Dans ce contexte mondial marqué par la mutation vers le « tout numérique », le Cameroun a entrepris des grands chantiers sur les plans institutionnel, réglementaire et infrastructurel devant conduire vers l’émergence numérique à l’horizon 2035. Le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya, en a fixé le cap dans sa vision pour la poursuite de ces chantiers, conditions préalables et indispensables au développement de l’économie numérique de notre pays. C’est en regard de ses Très Hautes Prescriptions qu’il déclarait lors de son discours à la Nation le 31 décembre 2018, « Il est indispensable que nous fassions davantage pour intégrer les progrès du numérique dans le fonctionnement de nos services publics et de notre économie. La société digitale qui s’annonce n’attendra pas les retardataires ».

    La numérisation de la collecte des droits et taxes de douane à travers une plateforme s’inscrit donc en droite ligne de cette vision Présidentielle et rentre dans le cadre des actions engagées par le MINPOSTEL en vue de la transformation digitale de notre société.

    L’un des principaux piliers de la stratégie gouvernementale de développement de l’économie numérique élaborée en application des différentes interpellations du Chef de l’Etat sur l’économie numérique, est l’accroissement de la demande des produits numériques. La transformation numérique de l’administration et des entreprises constitue l’un des axes pour y parvenir, avec pour objectif d’accélérer cette transformation numérique de l’administration et des entreprises pour accroitre leur efficacité, transparence, compétitivité et leur productivité.

    C’est dans ce cadre que se situe la collaboration entre le Ministère des Postes et Télécommunications et le Ministère des Finances dont l’objet est d’assurer, pour le compte de l’administration des douanes, les opérations d’indexations, déterminations et facturations numérique des droits et taxes de douane dus sur les téléphones portables, des tablettes numériques et des autres terminaux assimilés importés en République du Cameroun. Ce, en vue du renforcement du recouvrement des recettes douanières.

     Mesures sécuritaires prises dans le cadre de la collecte via la plateforme de collecte des recettes Douanières

     Quel est le mode opératoire de le « Plateforme de collecte » ?

    Placée sous l’autorité du Ministère des Postes et Télécommunications la « Plateforme » est un dispositif institutionnel numérique interconnecté avec les serveurs et les systèmes de réseaux des opérateurs de téléphonie opérant légalement au Cameroun.

    Elle a été élaborée en parfaite collaboration par tous les acteurs institutionnels du secteur de la téléphonie (Ministère des Postes et Télécommunications, Ministère des Finances, Agence de Régulation des Télécommunications (ART), Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), tous les opérateurs de téléphonie opérant au Cameroun).

    Ainsi, dès qu’un téléphone se connecte à l’un des réseaux de ces opérateurs, la Plateforme le détecte et l’identifie, à travers son « numéro IMEI » qui est en principe unique au monde. Si elle s’aperçoit qu’il s’agit d’une première connexion, le propriétaire du téléphone recevra un message qui lui indiquera le montant des droits et taxes de douane à payer, avant de lui proposer deux options de paiement : en une traite (one-off) ou de façon échelonnée (paiement graduel).

    Le propriétaire qui dispose de suffisamment de crédit et qui paye ses droits et taxes en une traite, reçoit aussitôt un message qui lui indique que son téléphone est désormais dédouané.

    A contrario, celui qui n’en dispose pas suffisamment et qui choisit l’option « paiement échelonné » se verra prélevé graduellement et à fréquence quotidienne s’il a du crédit, jusqu’à la totalité des droits et taxes dus. Dès la fin du prélèvement, il recevra à son tour un message lui indiquant que son téléphone est désormais « dédouané ».

    Force est de relever que la « Plateforme » est renseignée automatiquement lorsqu’un opérateur a fait le choix de dédouaner son ou ses téléphone (s) à la frontière et a acquitté les droits et taxes dus. Dans ce cas, le ou les téléphone(s) dédouané(s) qui se connecte(nt) ne reçoivent plus le message de prime connexion.

    Mesures sécuritaires

     L’activité de collecte via la plateforme numérique intègre les aspects liés aux domaines des télécommunications et de l’internet. Aussi, en matière de Télécommunications TIC, l’Etat s’appuie sur ses deux bras séculiers à savoir, le régulateur de l’internet, l’ANTIC et le régulateur des Télécommunications, l’ART.

    Les  tests techniques sur le fonctionnement et l’arrimage de la Plateforme technologique numérique polyvalente multiservices   aux installations des opérateurs et de l’Administration des Douanes ont été concluants et validées sous l’autorité des deux Régulateurs.

    Pour ce qui est de la protection des données et de l’hébergement, la solution a été d’imposer un cahier de charges spécifique aux prestataires de même niveau d’exigence que le cahier de charges relatif à la sécurité technique.

    Quant à l’hébergement des données, celui-ci sera assuré par un organisme public. Et à ce propos, ce sera la Cameroon Postal Services (CAMPOST).

    Qui à peur de cette réforme ? 

    • Les acteurs de la contrebande et de la contrefaçon qui engendrent une faiblesse dans le dispositif de contrôle des marchandises, cette contrebande qui encrasse le développement économique de notre pays

     

    • Les opérateurs qui pratiquent des ventes liées. Une pratique commerciale consistant à lier la vente d’un produit à l’achat d’un autre produit et qui peut restreindre la concurrence. Cette position dominante sur un autre marché (marché lié), tend à forcer les concurrents à sortir de ce second marché et de relever les prix au-dessus du niveau concurrentiel. Du point de vue de la concurrence, les ventes liées ont pour principal effet négatif un éventuel verrouillage du marché du produit lié.

     

    • Les opérateurs qui, par refus de transparence sur leurs activités refusent de collaborer avec l’Etat.

     

  • Quel avenir pour les relations UE/Afrique post-covid-19 ?

    Quel avenir pour les relations UE/Afrique post-covid-19 ?

    Olivier Kenhago Tazo

    Le fait qu’une large partie des pays africains coopère avec l’UE à travers l’OEACP et que les pays d’Afrique du Nord se déploient plutôt dans le cadre de la politique de voisinage, complique également la donne

    Olivier Kenhago Tazo est Ministre Plénipotentiaire, diplômé de l’Institut des Relations Internationales de Cameroun et de l’Institute for European Studies – ULB. Il est en service à l’ambassade du Cameroun en Belgique.

     

    Un a après sa prise de service, et alors que l’UE fait face à la pire crise économique de son histoire en temps de paix qui a souligné ses faiblesses institutionnelles, la présidente de la Commission Européenne s’est adressée aux députés réunis en plénière, à l’occasion du traditionnel discours sur l’état de l’Union, le 16 septembre 2020.

    Très attendu, ce temps fort de la vie politique européenne se tenait dans un contexte inédit consécutif à la crise de covid-19, qui a mis la communauté européenne à rude épreuve. Face à la pandémie de coronavirus en effet, en dépit des mesures prises par la communauté, très limitées en raison notamment du fait qu’elle n’a presque pas de compétence en matière de santé, les Vingt-Sept ont fait prévaloir leurs intérêts nationaux, chacun décidant des mesures sanitaires, ce qui a bloqué le marché intérieur, compromis la libre circulation des personnes et créé une forte méfiance entre eux.

    Face à cette conjoncture politique et économique difficile en Europe, beaucoup craignent que l’Europe procède à un repli sur soi et, surtout, renonce à ses ambitions géopolitiques et surtout renvoie à plus tard son ambition pour l’Afrique, exprimée par la présidente de la Commission dès le début de son mandat.

    Si à sa prise de fonction la Présidente de la Commission s’était engagée à bâtir une Commission «géopolitique», basée sur des priorités stratégiques, la transition numérique et le green deal, force est de constater que la pandémie qui sévit particulièrement en Europe a changé la donne, obligeant la communauté à un repli sur soi qui pourrait modifier ses ambitions planétaires, et en particulier l’avenir de sa relation avec l’Afrique.

    Le discours sur l’état de l’Union a, à cet égard, voulu d’emblée dissiper tout doute. La responsable de l’exécutif européen a axé son message autour de quatre priorités: le pacte vert, la révolution numérique, la santé et l’humain. Rassurante, elle a tenu à présenter une Commission ambitieuse qui, bien que réagissant à l’urgence imposée par la pandémie, maintient ses ambitions sur le long terme.

    Dans le cadre du pacte vert, la Commission européenne propose de viser une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre de l’UE en 2030 par rapport au niveau de 1990, contre un objectif actuellement fixé à -40%, afin de parvenir à l’objectif de la neutralité carbone en 2050. L’objectif 2050 est en effet une des pierres angulaires du « Green Deal ». Le plan de relance européen «Next Generation EU» contribuera à le financer ; 30% des 750 milliards d’euros qui seront levés le seront au moyen d’obligations vertes.

    Menaces contre l’Etat de droit
    S’agissant des migrations, la Commission présentera son projet très attendu de réforme de la politique migratoire le 23 septembre, au lieu de la fin du mois d’octobre comme initialement prévu. Cette anticipation du calendrier est une réponse à court terme à l’incendie qui a ravagé il y a quelques jours le plus grand camp des réfugiés de l’Ile grecque de Lesbos, ravivant la question du respect du principe de non-refoulement, et surtout, de la solidarité entre les Etats membres de l’UE. Il faut dire que la politique européenne actuelle, fondée sur le système dit de Dublin, met le fardeau sur les pays du premier accueil, qui ont à cœur de promouvoir plus de solidarité.

    L’ancienne ministre allemande s’est également exprimée sur plusieurs dossiers chauds, à commencer par le Brexit après la remise en cause par Londres de certains de ses engagements, les menaces contre l’Etat de droit dans l’UE, notamment de la part de la Pologne et de la Hongrie. Sur le front de la politique étrangère, elle a évoqué l’escalade des tensions avec la Turquie, un sujet au cœur du Sommet européen des 24 et 25 septembre 2020. Elle a notamment mis en garde la Turquie contre toute tentative d’intimidation de ses voisins dans le conflit gazier qui l’oppose à la Grèce en Méditerranée orientale. Elle a également mis en cause la Russie, en rapport notamment avec l’affaire Alexei Navalny. Se félicitant du récent Sommet UE-Chine qui a abouti à la conclusion d’importants accords économiques, elle a cependant rappelé les divergences politiques en matière de droits de l’Homme qui existent entre les deux partenaires, qui sont des compétiteurs systémiques.

    L’UA, à son tour, profite à la fois de la dynamique de ses propres réformes et bénéficie de l’intérêt croissant d’un nombre croissant de partenaires et d’investisseurs, notamment la Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie et le Golfe.

    Pour ce qui est de la transition numérique, elle a relevé que l’UE a besoin d’un plan commun pour l’Europe numérique, avec des objectifs clairement définis pour 2030, notamment en matière de connectivité, de compétences et de services publics numériques. Pour cela, elle a annoncé la création d’un cloud européen, une prochaine législation pour encadrer l’intelligence artificielle, des investissements pour généraliser la connectivité haut débit ainsi que dans les superordinateurs de nouvelle génération. 20% des fonds de Next Generation EU iront au numérique. Prudente sur la question de la taxation du numérique, un sujet sur lequel de nombreux États s’impatientent, elle a relevé que si aucun accord satisfaisant n’est trouvé dans le cadre de l’OCDE et du G20, l’UE se lancera seule dans cette bataille et présentera une proposition au début de l’année prochaine.

    Un niveau d’ambition équivalent est maintenu avec l’Afrique. Elle a réaffirmé sa volonté de renforcer le partenariat avec ce continent où elle a effectué sa première visite hors UE après sa prise de service. Bien que le sixième Sommet UA-UE prévu en octobre prochain ait été renvoyé à une date ultérieure, l’UE envisage la mise sur pied d’un partenariat entre égaux, pour lequel les parties discutent actuellement des principales priorités. Elle a réaffirmé les ambitions européennes en ce qui concerne le financement du développement, rappelant l’engagement pris dans le cadre de « team Europe », qui est une réponse d’urgence de l’UE en faveur des pays en développement, dans le contexte de la crise de covid-19. Au demeurant, l’instrument de financement du voisinage et de la coopération internationale, dans le cadre du budget à moyen terme récemment adopté par le Conseil, offre à l’institution qu’elle dirige un instrument de financement adéquat qui lui permettra de réaliser ses ambitions à l’international.

    Sécurité commune
    Des analystes estiment cependant que von der Leyen a dressé un bon constat des différents défis ou problèmes auxquels sont confrontés les Européens, sans en tirer les conséquences, se contentant de mots là où il faudrait des actes. Son silence sur la Lybie, où l’UE a d’ailleurs engagé une mission dans le cadre de sa politique étrangère et de sécurité commune, basée sur la Résolution 2292 (2016) des Nations Unies, est étonnante à cet égard. Si en matière de politique extérieure (notamment les relations avec la Russie, la situation en Biélorussie et la crise en Méditerranée orientale avec la Turquie) on n’a pas eu droit à des annonces concrètes, c’est sans doute en raison du fait qu’il s’agit là de questions pour lesquelles les décisions reviennent au Conseil et aux Etats membres, limitant de fait la marge de manœuvre de l’instance exécutive européenne.

    Pour ce qui est de la transition numérique, elle a relevé que l’UE a besoin d’un plan commun pour l’Europe numérique, avec des objectifs clairement définis pour 2030, notamment en matière de connectivité, de compétences et de services publics numériques

    Mais l’on peut se féliciter que s’agissant des relations avec le continent africain, le cap soit plus ou moins maintenu. La Présidente de la Commission, dans son discours, n’a pas manqué de rappeler que l’Afrique fut le premier continent où elle a effectué son premier voyage officiel hors de l’Europe.

    Les changements en Afrique et dans l’UE obligent à revoir leur partenariat vieillissant. L’année 2020 devait être marquée par une série d’événements importants qui devaient culminer avec le sixième Sommet UA-UE en octobre.

    Du côté de l’UE, il y a eu une montée en puissance majeure de l’élan et de l’ambition, marquée notamment par la priorité accordée au partenariat par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avant même de prendre ses fonctions, et son voyage à Addis-Abeba en décembre 2019, sa première à l’extérieur de l’UE.

    Mise en œuvre
    Du côté africain, il y a une prise de conscience croissante de la nécessité pour l’UA de développer une position de négociation plus ambitieuse et exigeante. 2019 a été pour elle une année de réformes et a vu la signature tant attendue de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), qui, dans sa mise en œuvre, obligera à repenser les relations extérieures, y compris avec l’UE. Mais l’UA devra se montrer davantage offensive dans ses négociations, et ne pas hésiter à exploiter les failles de l’autre partie, en ce qui concerne notamment les dissensions actuelles sur la question de l’état de droit, des droits de l’Homme et des migrations.

    Les positions de la Hongrie et de la Pologne et leurs relations difficiles avec certaines institutions européennes pourraient être utilement exploitées pour alléger la pression des européens. En effet, l’Afrique et l’Europe sont encore éloignées sur des questions telles que les droits humains des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées ; droits à la santé sexuelle et reproductive ; la Cour pénale internationale ; et la valeur plus large, l’état de droit, les droits de l’Homme et les programmes de gouvernance.

    De même, les tractations qui vont bientôt s’ouvrir sur l’asile et les migrations devraient permettre à l’UA et aux Etats africains de faire passer leurs vues. En matière de migration par exemple, l’Afrique devra insister sur l’élargissement des voies légales de mobilité et de migration de main-d’œuvre, en particulier dans les secteurs des affaires et de l’éducation. La question des envois de fonds et des investissements de la diaspora, gravement touchée par la pandémie, reste également un sujet de préoccupation majeur. Le moment est venu d’obtenir des concessions sur ces dossiers.

    Le moment est d’autant plus propice qu’avec ses ambitions géopolitiques, la Commission von der Leyen tente de positionner l’UE en tant que leader dans l’espace multilatéral et de construire les outils nécessaires pour défendre plus ouvertement les intérêts européens. Cette nouvelle perspective extérieure signifie également que l’UE recherche des alliés et cherche à consolider et à mobiliser les partenariats qu’elle entretient déjà, comme c’est le cas avec l’Union africaine et ses États membres. Elle tient absolument à reconquérir l’espace perdu face à des concurrents comme la Chine et la Turquie dont l’approche pragmatique a permis d’étendre la zone d’influence.

    L’UA, à son tour, profite à la fois de la dynamique de ses propres réformes et bénéficie de l’intérêt croissant d’un nombre croissant de partenaires et d’investisseurs, notamment la Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie et le Golfe. Pourtant, l’UA doit encore surmonter de nombreux obstacles internes pour devenir l’acteur et partenaire mondial fort, uni, résilient et influent qu’elle vise à être. Maintenant que l’UE est consciente de sa vulnérabilité et qu’elle est engagée dans des tractations avec la Chine, l’Afrique peut aisément adopter une approche opportuniste et réaliste pour avancer sur certains dossiers. Elle doit harmoniser ses priorités, et amener l’UE à s’arrimer à sa volonté de construire un espace de prospérité économique à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) qui est désormais au centre du partenariat de continent à continent.

    Si la Présidente de la Commission, dans son discours du 16 septembre 2020 a réaffirmé son engagement en faveur de la coopération et du multilatéralisme, et compris que face à cette crise mondiale, l’UE ne peut se relever que si elle promeut une approche globale qui inclut les pays en voie de développement, elle devrait admettre qu’il est temps de mettre l’accent, dans la relation avec l’Afrique, sur les investissements dans les infrastructures, la fabrication et la diversification des exportations.

    A cet égard, il est important que les objectifs du Green Deal, tout en promouvant des réformes économiques vertes et respectueuses du climat, ne créent pas un nouveau type de protectionnisme en imposant de nouvelles barrières non tarifaires, telles que la taxe carbone à la frontière qui pourrait affecter l’accès des produits africains aux Marchés européens.

    Accord post-Cotonou
    L’Afrique devra cependant se montrer bonne négociatrice. Pour des raisons tactiques, l’UE aborde certaines de ces questions sensibles dans les négociations en cours sur un futur partenariat avec l’Organisation des Etats ACP, afin de les ancrer dans un accord juridique. Ceci pose, une fois encore, le problème de la multiplicité des cadres de coopération entre l’UE et l’Afrique.

    La situation s’avère davantage compliquée, si on prend en compte le fait que les négociations pour la conclusion d’un Accord post-Cotonou se déroulent de manière parallèle, sans qu’il y ait, du côté africain, une réelle coordination tactique pour aligner les priorités. Au final, le problème tant décrié risque de perdurer: le parallèle entre un cadre de coopération formel et encadré par un instrument juridique, bénéficiant d’un instrument de financement dédié, par opposition à une coopération davantage politique, dont la mise en œuvre dépendra dans une large mesure de l’instrument de financement ci-dessus mentionné.

    Il est vrai que le prochain budget pluriannuel de l’UE, qui a un instrument de financement unique pour toute son action extérieure, va partiellement résoudre ce problème. Le financement de l’UE au titre du nouvel instrument NDICI pourrait encore être à des niveaux comparables à ceux du passé, mais il y aura certainement des changements dans les types de bénéficiaires et les conditions qui y sont attachées. Mais on pourrait reprocher à l’Afrique d’exiger beaucoup de l’UE sans prendre elle-même des engagements forts pour entreprendre des réformes essentielles dans des domaines tels que la fiscalité et la gouvernance démocratique.

    Toujours en matière de négociation, le fait qu’une large partie des pays africains coopère avec l’UE à travers l’OEACP et que les pays d’Afrique du Nord se déploient plutôt dans le cadre de la politique de voisinage, complique également la donne. Ceci amoindrit la position de négociation de l’UA, qui ne se voit pas en mesure de parler d’une seule voix au nom de l’ensemble des Etats africains.

    La crise de covid-19 a donc modifié les plans des deux partenaires, sans altérer leurs ambitions. Malgré l’urgence de résorber la crise économique drastique à laquelle elle fait face, l’Europe a compris la nécessité de maintenir intacte ses ambitions avec l’Afrique, au risque de se faire distancer par ses concurrents sur le continent. A cet effet, elle doit regarder au-delà de sa propre reprise économique, travailler avec l’Afrique pour éviter les pires effets de la crise et élaborer un nouveau partenariat à plus long terme. La crise des coronavirus offre ainsi l’occasion de transformer enfin l’ancien paradigme des relations d’aide bailleurs-récipiendaires vers un modèle de véritable coopération internationale entre l’Afrique et l’Europe.

    Finalement, le report du 6ème Sommet UE-Afrique n’est pas une mauvaise nouvelle, car il donne le temps aux deux partenaires d’affiner leurs positions et de trouver des consensus sur les nombreuses questions qui restent en discussion.

  • Le directoire général de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar : le Cameroun dans la tourmente des égoïsmes des Etats membre de la CEMAC ?

    Le directoire général de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar : le Cameroun dans la tourmente des égoïsmes des Etats membre de la CEMAC ?

    Le 14 Septembre prochain l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar, aura certainement un nouveau directeur Général. Ce dernier sera issu soit d’un pays de l’Afrique de l’Ouest soit d’un pays de l’Afrique centrale.

    François Aurelien NGUENDIA

    Géopolitique de l’ASECNA : de la coopération Nord/ Sud- Sud/sud à l’intégration régionale fonctionnelle. La géopolitique de l’ASECNA permet de comprendre les acteurs en présence et leurs intérêts respectifs.

     

    La coopération Nord/ Sud- Sud/ Sud au sein de l’ASECNA

    En effet, consacrée par la Convention de Saint Louis signée le 12 Décembre 1959 à Saint Louis au Sénégal ; Convention abrogée le 25 Octobre 1974 à Dakar, l’ASECNA est un Organisme de Coopération Inter-Etats, avec pour objectif principal, fournir des services de navigation aérienne de qualité. Autrement dit, il s’agissait, dès sa création, de capitaliser tous les moyens humains et financiers nécessaires, toutes les ressources disponible en vue de regrouper et d’éviter un morcellement de l’espace aérien africain à un moment où « les avions commençaient à aller plus vite, plus haut et plus loin. Elle réunit aujourd’hui 17 Etats  Africains plus la France. Bien évidement, les 17 Etats africains sont regroupés au tour de huit Etats francophones de l’Afrique de l’Ouest, zone UEMOA, que sont, le Niger, Etat de l’actuel directeur Général et candidat à sa propre succession, le Sénégal, Etat abritant le siège de cette institution. Les autres Etats sont, la Cote d’Ivoire, le Benin, le Togo, la Guinée Bissau, le Mali, et le Burkina Faso. Les six Etats membre de l’Afrique centrale, zone CEMAC auxquels il conviendrait d’ajouter, la Mauritanie, précédemment, membre de la CEDEAO jusqu’en 2000 et aujourd’hui membre très actif de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), avec un candidat présenté les Iles Comores, Madagascar et la France.

    Le principal enjeu de cette organisation aujourd’hui, au-delà des missions à lui assignées, est le contrôle de l’espace aérien, mieux, guider les aéronefs dans le ciel. En somme, l’environnement géopolitique de l’ASECNA est donc influencé, non seulement, par deux acteurs sous régionaux africains qui coopèrent paisiblement dans l’échange et l’octroie des services dans le domaine de la navigation aérienne auxquels il faudrait ajouter deux électrons, presque libres qui gravitent autour du noyau central et émettent des ordres qui ne sauraient être négligés. Il s’agit aussi, vu sous un autre angle, d’un exemple de coopération Nord/ Sud entre les Etats Africains mentionnés plus haut et la France qui apporte son expertise technico-financier pour le développement de l’aviation civile dans le monde et particulièrement en Afrique.

    L’ASECNA, un exemple d’intégration fonctionnelle.

    Dans sa construction d’une théorie de l’intégration régionale, David Mitrany dans son ouvrage intitulé A Working Peace System expose l’essentiel de sa pensée en matière d’intégration pour lui, « une véritable coopération ne peut être réalisée ni par la volonté politique ni par les règles de droit. Il faut donc une coopération internationale pragmatique axée sur les problèmes concrets et sectoriels qui dans la vie modernes, ne peuvent être résolus par un seul pays ».

    C’est donc, d’une part, sous cet angle que peut être le processus de coopération au sein de l’ASECNA. Il s’agit de 18 Etats qui se sont mis ensemble pour résoudre le problème de l’offre des services de qualité avec efficacité dans l’offre et efficience dans la gestion de la qualité et l’optimisation des moyens financiers. Toutefois, la présence d’un Conseil de Ministre dans cette institution permet, d’autre part, de voir une volonté de satisfaire les idées politiques d’Ernst Haas dans sa construction d’une théorie de l’intégration à partir du politique.   

    En définitive, il conviendrait de dire que l’ASECNA est à la fois un organisme de coopération et un moyen de construire le processus d’intégration régionale à partir de le Navigation civile. Bien évidement, cette coopération ne saurait être gratuite, puisque la finalité serait le contrôle de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) qui est la tutelle de l’ASECNA. Autrement dit, les Etats Africains regroupés au sein de l’ASECNA constituent une chance pour l’Afrique de contrôler cette instance planétaire de l’aviation civile, tout comme la France. Loin donc de voir toute volonté de la France- qui rappelons-le a offert gracieusement une partie de son espace aérien se trouvant dans l’océan indien à l’ASECNA-  à vouloir garder une main mise coloniale sur les Etats d’obédience française comme c’est le cas avec les accords de coopération qui lient ces mêmes Etats avec la France sur le Franc CFA, il s’agit surtout d’une coopération gagnante-gagnante avec une volonté des Etats de garder le sommet pour avoir non seulement, une meilleure visibilité et lisibilité sur l’organisation, mais aussi, avoir un contrôle hiérarchique sur cette organisation, d’où la bataille diplomatique pour le contrôle du Cockpit de l’aéronef africain.  

    Le Cameroun dans la tourmente des égoïsmes des Etats membre de la CEMAC ?

    Dans un article publié par le Magasine Jeune Afrique le 31 Aout 2020, intitulé ASECNA : désunie, l’Afrique centrale a-t-elle une chance de l’emporter ? Les auteurs, Nelly Fualdes et Omer Mbadi présentent la candidature du Cameroun défavorable car peu soutenue. Cet article qui s’appuie sur des sondages erronés et surtout sur une interview accordée par le candidat et dont les propos ont été infidèlement rapportés. Pour quelle fin, cette contre campagne pour le Cameroun ? Les raisons restent obscures même si on pourrait dire de prime à bord qu’il s’agirait d’une volonté de mettre l’Afrique centrale hors du jeu géopolitique qui se jouerait ce 14 Septembre au Sénégal.

    Les deux candidatures de l’Afrique centrale CEMAC, le Cameroun une candidature idoine et adéquate

    Pour la course au directoire de l’ASECNA, trois Etats membres ont proposé des candidats : le Tchad avec son candidat Mahamat Aware Neissa. Cette candidature a été retirée finalement pour certainement des préoccupations d’ordre politiques. La RCA avec son candidat Théodore Jousso et surtout le Cameroun avec Monsieur Englebert Zoa Etundi.

    Le Cameroun, un candidat idoine et adéquat.

    Contrairement aux autres candidats qui ont respectivement un parcours politique et par conséquent facilement contrôlable par les leaders politiques de leurs Etats respectifs, la candidature du Cameroun portée par Monsieur Englebert Zoa Etundi est une candidature idoine et adéquate au moins à deux niveaux : son parcours academico-professionnel qui lui donne une expérience unique dans la gestion de l’Agence et surtout au regard du programme porté par ce candidat.

    En effet, diplômé de plusieurs universités prestigieuses de l’Occident, Monsieur Englebert Zoa Etundi a mené toute sa vie professionnelle dans l’aviation civile au point de se hisser au plus haut sommet de l’aviation civile internationale. D’abord auditeur de l’OACI, il est devenu patron de cette organisation internationale devenant ainsi le seul africain à avoir occupé un si haut poste de responsabilité. Du coup, Monsieur Englebert Zoa Etundi n’est pas arrivé dans l’aviation civile par un parachutage politique ou par un décret.  Il est d’ailleurs actuellement, Représentant permanent du Cameroun auprès de l’OACI.

    En outre, le programme proposé par le Cameroun est un programme qui rompt avec les anciennes habitudes basées le mimétisme et le suivisme moutonnier. Basé sur trois piliers essentiels que sont la modernisation, le leadership et l’ouverture de l’agence à d’autres Etats.

    Ainsi, sur le plan de la modernisation, le Cameroun se propose de renforcer la présence de l’aviation dans les économies des Etats membre, de moderniser la gestion, de moderniser les infrastructures en utilisant les nouvelles Tics pour réduire les coûts d’exploitation, la conformité, la formation du personnel.

    Pour ce qui est du leadership, le Cameroun se propose d’intégrer la gestion des risque en mettant en place la transformation digitale et dont la gestion avec prudence.

    Le Cameroun compte ouvrir le capital de l’Agence à d’autres Etats pour optimiser ses ressources aussi bien humains que matérielles. En somme, le Cameroun offre une grande contribution à l’agence en lui proposant Monsieur Englebert Zoa Etundi, qui est le manager idoine et adéquat pour moderniser l’Agence et la rendre compétitive dans un environnement essentiellement concurrentiel.

    Au regard de ce qui précède, l’on pourrait dire sans risque de se tromper que le Cameroun n’est pas dans une tourmente des égoïsmes surtout qu’il n’y a pas d’égoïsmes. Il se fait simplement accompagner dans un processus qui se veut démocratique et par conséquent se doit d’avoir plusieurs parties prenantes.

    François Aurelien NGUENDIA

    Diplômé de l’IRIC/IRMIC

    Chercheur indépendant

  • La deuxième république est une exigence politique et anthropologique dans notre pays

    La deuxième république est une exigence politique et anthropologique dans notre pays

    En 2011 j’étais le plus jeune postulant à la présidentielle avec des idées innovantes, si l’on place l’éthique et le patriotisme au cœur du devenir de notre pays, oui je peux être utile à mon pays, par mes idées, par ma vision de l’engagement politique.

    Face aux dérives sectaires portées par un engagement politique messianique, il faut une autre force pour s’opposer au RDPC, cette force pour moi doit être démocratique et sociale. Nous avons le devoir de jouer ce rôle là dans notre pays. Le Cameroun de 2020 n’est pas le Cameroun de 1960 voilà pourquoi je parle d’une évolution anthropologique avec une jeunesse plus vindicative et des ainés plus que possessifs au bord de l’égocentrisme frisant l’infantilisation, nous ne devons pas rester les bras croisés.

    Les jeunes sont moins politisés que la génération des années 60 mais ils ont des exigences, ils veulent du travail, la connexion WIFI de bonne qualité quand elle n’est pas gratuite, ils veulent pouvoir voyager plus facilement à l’intérieur du pays car contrairement à ce qu’on croit on voyage plus difficilement aujourd’hui dans notre pays qu’il y a 30 ans. Il n’y avait pas de route moderne, il y avait moins d’accident, moins de coupeurs de route. La jeunesse de notre pays ne doit pas subir les nouvelles technologies, les réseaux sociaux, elle doit pouvoir les orienter leur imprimer sa marque c’est cela le défi de l’innovation qui nous attend parce qu’elle est créatrice d’emplois.

    Nous devons rassembler, nous emparer des sujets actuels et ceux du futur, les mettre ensemble – notamment l’écologie à laquelle nous devons donner un contenu dans notre pays, l’économie à laquelle nous devons donner une dimension plus humaine, plus sociale, nous devons par notre engagement constant auprès de nos compatriotes lutter contre un accroissement sauvage des différences  au point de créer un déséquilibre susceptible de faire vaciller le pays tout entier.   Faire la politique c’est d’abord s’engager pour les autres pour son pays et non appeler en permanence à une insurrection ; l’insurrection ne peut pas être et ne saurait être un programme politique.

    Faire la politique, c’est aussi, quand on exerce le pouvoir, savoir écouter toutes les autres forces en présence. Le RDPC refuse l’expression de la différence. Si le RDPC avait accepté la main tendue la crise dans le NOSO serait loin derrière nous, une chose est d’appeler au dialogue et à la concertation, une autre est de vouloir réellement dialoguer. Une partie de notre peuple est traitée comme étrangère à la République ; aucun dialogue n’est possible dans de telle condition.

    Depuis trois ans aucun geste politique n’a été posé ni dans le sens de l’apaisement des tentions ni dans le sens de la construction de la paix. Si Stephen Tataw ancien capitaine des Lions Indomptables repose à Mvolyé aux mépris des us et coutumes de notre pays, c’est bien parce que l’Etat n’a pas été capable d’aller l’enterrer chez lui, qu’il n’a pas été capable de créer l’électrochoc dont nous avons besoin pour nous sentir un peuple, une nation. Le Premier Ministre et le ministre des sports n’ont pas été capables en la circonstance de faire « Cameroun » malgré les instructions du président de la République.

    L’appel à l’insurrection n’a jamais été un programme politique

    Le crépitement des armes à l’intérieur d’un pays, qui voit des citoyens d’un même pays entre-tuer est toujours un échec des politiques car la politique c’est justement l’art du dialogue et non l’expression de la force des armes. Ce conflit a assez duré, le langage qui l’accompagne est aussi barbare que la rivière de sang qui coule depuis des années et assèche la terre camerounaise. Notre peuple ne mérite pas une telle violence.

    Le Cameroun depuis 40 ans regarde sa diversité comme un obstacle à son unité, les guignols politiques n’ont pas compris qu’aucun pays n’est homogène du nord au sud et de l’est à l’ouest. Il nous faut reconnaître reconnaître cette réalité pour construire notre pays dans le respect de sa diversité qui n’est pas culturelle, elle est linguistique, géographique, anthropologique etc. C’est une richesse incommensurable. Gouverner un pays ce n’est pas céder à tous les vents aussi je crois que le fédéralisme quelque soit l’habillage sémantique qu’on lui donne n’est pas un modèle de forme de l’Etat dans lequel devrait se fondre le Cameroun.

    Je crois à la décentralisation parce qu’elle renforce notre Etat communautaire, panse les blessures causées par la colonisation, renforce la capacité des communautés nationales à comprendre ce qu’est un pays c’est-à-dire le dépassement du clan de l’ethnie et de la tribu pour la mise en commun dans une unité qui va au-delà de nos petits intérêts. La nécessité des peuples à s’autodéterminer n’est pas synonyme de destruction des Etats existants, les régions du nord-Ouest comme celle du Sud-Ouest et une partie du Nigéria rattachée arbitrairement à ce pays frère après la défaite allemande à la Première Guerre Mondiale sont le Cameroun. Je souhaite que le Président de la république crée la 11 ème région  comme je l’ai proposé lors du Grand Dialogue Nationale et cette région devrait être la presqu’Ile de Bakassi. Gouverner c’est se projeter hors le régime RDPC et allié ne se projette pas assez.

    Vincent-Sosthène FOUDA

    président du Mouvement Camerounais

    Pour la Social-Démocratie (M.C.P.S.D)

  • En Afrique centrale, la reprise économique doit passer par une réforme de la réglementation des changes

    En Afrique centrale, la reprise économique doit passer par une réforme de la réglementation des changes

    En Afrique centrale, la reprise économique doit passer par une réforme de la réglementation des changes.

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    Dans sa dernière analyse sur le secteur pétrolier africain, Leoncio Amada NZE, président pour la région CEMAC à la Chambre africaine de l’énergie et PDG d’APEX Industries, affirme qu’il n’y aura pas de reprise en Afrique centrale sans d’abord aborder la réglementation des changes de la région

    MALABO, Guinée Equatoriale, 19 août 2020/ — La crise sanitaire et économique causée par la pandémie de Covid-19 dévaste les systèmes productifs, économiques et financiers de toute la planète : des entreprises ont fait faillite, des millions de personnes ont perdu leur emploi, des économies sont entrées en récession et en dépression, plusieurs petites et moyennes entreprises ont dû mettre la clé sous la porte, et les rêves et les idées d’affaires se sont évanouis sans se matérialiser.

    Dans ce contexte, la zone CEMAC est l’une des zones les plus touchées de tout le continent africain en raison de son intégration et de sa diversification économique très limitées. Ses six pays : le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Tchad, la République centrafricaine et la République du Congo partagent une économie majoritairement dominée par les hydrocarbures, qui représentent 80% des revenus d’exportation et 75% des revenus fiscaux selon la Banque mondiale et le Fond monétaire international.

    Bien que la zone CEMAC n’enregistre qu’un nombre limité de cas de Covid-19, on estime que l’impact économique de la pandémie de coronavirus sera de proportions considérables pour ses pays membres. La baisse de la demande extérieure, du commerce et de l’activité économique, ainsi que les restrictions de ses principaux partenaires commerciaux (Chine et Europe de l’Ouest) et le resserrement des conditions de financement pèsent sur des économies déjà fragiles, qui souffrent de systèmes de santé inadéquats, ainsi que de graves défis à un développement économique ordonné et durable.

    La baisse des prix du pétrole, dans un contexte de pression continue à court terme, ajoute aux risques économiques. Bien que les États membres de la CEMAC se soient lancés dans des programmes de réduction de la dette publique et de l’accumulation de dette depuis le Sommet des chefs d’État de Yaoundé en décembre 2016, soutenus par les programmes du FMI et un soutien financier important des partenaires au développement, ils ont peu progressé dans la diversification de leurs.

    Sur les six États membres, seul le Cameroun est un importateur net de pétrole. Cependant, le Tchad, le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale et le Gabon sont plus dépendants du pétrole que le Cameroun, qui représentait environ 68% du PIB nominal de la CEMAC en 2019. En fait, la timide reprise des économies de la CEMAC entamée en 2017 après la précédente le choc des prix du pétrole a été arrêté en raison de la récession mondiale, déclenchée par des mesures visant à contenir la pandémie. On s’attend à une forte détérioration du budget et des déficits commerciaux dans la région.

    Depuis des décennies, les gouvernements des pays de la CEMAC parlent de programmes de diversification économique qui n’ont pas connu le succès que nous attendions tous. La raison ? D’excellents plans et programmes de diversification économique ont été préparés sur papier, mais le développement du secteur privé n’a pas suivi le rythme. En fait, le développement d’un secteur privé robuste et dynamique avec accès au financement, et qui opère au sein d’un écosystème économique où l’état de droit garantit le caractère sacré des contrats et protège les investisseurs, est une chose dont la région CEMAC n’a pas encore été témoin.

    On ne peut pas parler de diversification et de croissance économique en l’absence d’un tissu commercial national ou régional fort, générateur d’emplois et d’opportunités commerciales pour les nationaux et les étrangers. En fin de compte, le secteur privé doit avoir le poids qu’il mérite et doit être le maître d’orchestre dans la conception et l’articulation de tout programme macroéconomique à moyen et long terme afin qu’il ait une garantie minimale de prospérer.

    Malgré toutes les difficultés causées par Covid-19, la sous-région de la CEMAC doit utiliser son secteur des hydrocarbures comme catalyseur pour construire un tissu commercial régional dynamique et solide à travers la mise en œuvre de politiques cohérentes de contenu local et régional, efficaces, responsables et cohérentes pour la transformation, le renforcement et la diversification de l’activité économique à travers le bloc.

    Cependant, nous observons avec une grande inquiétude la dynamique dans la zone CEMAC, où la mise en œuvre des politiques économiques, monétaires et fiscales contre-productives de l’ère de la pandémie pré-Covid-19 se poursuit. Des réglementations qui ne font qu’accentuer la dépendance à l’activité économique dans le secteur pétrolier et gazier et qui empêchent de manière transversale les ressources financières tirées des industries extractives d’être réinvesties dans d’autres secteurs économiques également ou tout aussi prometteurs et éventuellement rentables. Des politiques qui, si elles sont maintenues, aggraveront encore la situation économique déjà difficile et qui se détériore dans la région.

    Des politiques budgétaires agressives continuent d’être mises en œuvre dans la sous-région de la CEMAC en temps de crise, ce qui se traduit par une diminution des investissements dans l’exploration pétrolière, l’annulation de projets, etc.

    La fuite de capitaux de la zone CEMAC par des méthodes illicites, le blanchiment d’argent et d’autres activités économiques illégales sont des actes que les autorités monétaires régionales et nationales doivent poursuivre et combattre ; nous appuyons ces efforts. Mais ce travail ne doit pas se faire au détriment d’une activité économique légitime génératrice d’emplois et de richesse nationale.

    La nouvelle réglementation des changes de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) cause des dommages considérables au secteur pétrolier et détruit le secteur privé local et régional naissant de l’industrie pétrolière de la CEMAC, un secteur dont la sous-région dépend pour 80% de son PIB.

    La nouvelle réglementation des changes porte un coup à l’attractivité de la région CEMAC pour les investissements directs étrangers (IDE), puisqu’elle empêche de manière significative la libre circulation des capitaux et le rapatriement des bénéfices. En outre, il refuse également aux entreprises locales des pays de la sous-région la possibilité de concurrencer sur un pied d’égalité les sociétés de services occidentales du secteur pétrolier.

    Les grandes usines et fournisseurs de toutes les machines et matériaux utilisés par l’industrie pétrolière dans la zone CEMAC ne sont pas fabriqués localement. Si une entreprise locale ne peut pas payer son fournisseur dans les conditions convenues en raison des obstacles et des blocages générés par le règlement des changes de la BEAC, elle perdra inexorablement les contrats qu’elle a laborieusement pu obtenir avec les grandes compagnies pétrolières qui opèrent dans notre zone économique, ce qui entraînera la fermeture de l’entreprise locale, le licenciement des employés et, en fin de compte, une moindre génération de richesse nationale.

    Il est important que les décisions économiques adoptées dans la CEMAC prennent en compte les intérêts économiques de ses Etats membres avant toute autre considération. Nous ne devons pas être réactionnaires face à la crise, nous devons être analytiques et stratégiques. Nous ne devons pas donner la priorité aux opinions et recommandations des personnes extérieures avec lesquelles nous sommes en concurrence sur la scène internationale, mais plutôt prioriser les besoins réels de nos économies et de notre tissu commercial.

    Ce n’est pas M. Smith du Dakota du Nord qui vient investir dans le secteur pétrolier et gazier africain qui veut détruire le contenu local, mais M. Sisoko, directeur général d’une banque africaine qui ne soutient pas le secteur privé national à travers le financement de projets qui sont viables. Ce n’est pas M. Nakayama de Tokyo qui vient apporter la technologie de pointe pour la liquéfaction du gaz naturel dans un pays africain qui veut détruire le contenu local, mais l’institution publique qui ne veut pas ou ne sait pas mettre en œuvre ses propres règlements en la matière.

    Ce n’est pas M. Johnson de Houston qui vient dans un pays africain en tant que directeur pour une grande société pétrolière qui veut détruire le contenu local, mais l’Africain qui occupe le poste de gestionnaire de la chaîne d’approvisionnement chez ladite société pétrolière et qui continue de laisser M. Johnson amener ses amis du Texas pour remporter des contrats qui auraient pu être attribués à des entreprises locales. Ce n’est pas M. Andrew d’Alaska qui vient en Afrique en tant qu’ingénieur de forage pour une plateforme offshore qui veut détruire le contenu local, mais le PDG d’une banque centrale dont les politiques monétaires entravent la croissance et l’internationalisation de nos entreprises nationales.

    L’élaboration de politiques de contenu local dans le secteur pétrolier africain est de la responsabilité de tous les acteurs économiques (publics et privés) ; il est temps pour les Africains de lever leur botte du cou du contenu local africain et de le laisser prospérer.

    Par Leoncio Amada NZE, Président de la Chambre africaine de l’énergie et PDG d’APEX Industries SA. Distribué par APO Group pour African Energy Chamber.

    Par Leoncio Amada NZE

  • Archives Camerounaises : une impossibilité à des fins de rédaction  du cheminement de l’histoire authentique d’un peuple ?

    Archives Camerounaises : une impossibilité à des fins de rédaction du cheminement de l’histoire authentique d’un peuple ?

    Il se trouve une soixantaine d’années qu’est mise en route, une immuable politique d’effondrement du fonds des archives nationales en tant que mémoire irremplaçable du mouvement d’un peuple. 

     

    Pierre Essomba Mbida , Archiviste professionnelIl convient d’admettre que la répercussion de la tradition orale au quotidien persiste à peser de tout son poids d’antan sur la faiblesse de l’homme camerounais, dans ses élans pour la diction verbale de l’expérience vécue. Il devient inintelligible d’attester qu’après des siècles d’accès à l’écriture, il y a encore ce laisser-aller qui pousse à fouler au pied, les avantages indéniables qu’offre une rétrospective qui fait ressortir la fiabilité de la procédure écrite. En effet, le contenu du vieux document écrit tarde, dans la mentalité locale, à se substituer aux souvenirs d’un grand-père.

    C’est ce qui explique d’ailleurs le fait que ce dernier a l’habitude d’utiliser les fractions d’un tel document pour rouler ses cigarettes. La destruction ou la perte des archives anciennes quelle que soit la cote de l’importance de leur contenu vaut le coup d’être la cause d’une indignation générale. A titre d’exemple, il y a eu au cœur des années 1980, une série de combustions au sein des ministères et autres établissements publics du pays, nulle enquête pour fixer l’origine des flammes et statuer sur les culpabilités n’a été concluante.

    Car, comme l’appréhende si bien Esther Olembe, Directrice des Archives Nationales en ces termes : « nous savons que les archives sont des pièces uniques, si nous perdons ce précieux matériau, on perd un pan important de l’histoire de notre pays ». Qui pis est, aucun bilan estimatif n’a été dressé pour avoir une idée sur la masse et sur l’intérêt culturel et administratif des documents consumés. Les prétendus accidents d’un décor similaire sont de la sorte devenus, depuis des décennies, monnaie courant aussi bien dans les services centraux que dans les services extérieurs du gouvernement. Y a-t-il lieu de croire, à la vue de tout ce qui est évoqué ci-dessus, que les autorités locales y ont subitement donné la langue au chat.    

    Le décret n° 2924 du 23 mars 1952 qui crée le service des archives camerounaises a pour mission de « stocker tous les documents écrits pouvant servir et intervenir dans l’histoire du pays ». Il est fondé à croire que la situation, un demi-siècle plus tard, ne fait qu’obéir aux consignes du départ. Le bâtiment qui ne cesse d’abriter le fonds des archives nationales est une vieille bâtisse de l’ère coloniale, construite pour d’autres fins.

    C’est comme le déplorent Mbogo Yvette et Ekwe Dorine dans un article paru sur les pages de « Africultures » n° 60 du mois de mars 2004, intitulé : « Archives Nationales : vers l’amnésie », en écrivant : « insectes, moisissures, et poussière détruisent l’histoire du Cameroun. Il faut beaucoup de vigilance à toute personne en quête d’un bâtiment abritant les Archives nationales, une vieille bâtisse porte avec prétention une pancarte sur laquelle on peut lire « Archives Nationales  », encore que ces agents biologiques et chimiques sont loin d’être les seuls ennemis saccageurs des documents d’archives historiques dans cet univers.

    Par ailleurs, la manière de classer les documents d’archives historiques aux Archives Nationales, n’est en aucun temps sortie hors du cercle d’antiscientifique du coup, le recours à l’improvisation dans ce domaine, n’a jamais été à la hauteur des attentes des chercheurs et autres usagers. L’actuelle image désastreuse des lieux qui tire en longueur, en causant du tort à une possible préservation édifiante du patrimoine archivistique camerounais, est un argument frappant, comme quoi la gestion des fonds d’archives dans un pays n’est pas une affaire des opportunistes, des arrivistes, des béotiens qui méconnaissent l’argot du métier et sont veufs de déontologie  professionnelle, des individus qui ont le secret d’avoir la prudence du serpent pour dorer la pilule, sur le champ de cette activité, aux autorités locales apparemment crédules, afin de se parer des plumes du paon dans un but avéré, celui de travailler à miser sur tous les tableaux.

    En effet, le gros du travail archivistique se fait au sein des organismes producteurs des archives publics ou privés, où l’on installe des postes ou des centres de préarchivage. Il s’agit, pour l’archiviste en service, de veiller sur un mécanisme de contrôle des papiers qui s’étend de la création à la perte de leur rôle administratif, de manière à pouvoir réunir dans une seule chemise ou dans un seul carton, la totalité des documents ayant servi à l’aboutissement d’une seule affaire. Car, la valeur intrinsèque des archives porte sur les preuves et en aucun cas sur les éléments de preuve. Un fonds d’archives éclaté ou conservé en vrac perd l’essentiel de son intérêt scientifique or, aucun ministère en activité dans nos murs ne jouit, jusqu’à ce jour, des atouts d’un poste de préarchivage.   

    La formation des archivistes à l’Esstic de l’Université de Yaoundé 2 est tenue, depuis des décennies, par des « docteurs omniscients » qui s’accaparent à ce titre, des programmes de toutes les offres pédagogiques de l’enseignement supérieur dans ce pays. Ils dispensent à cette occasion les cours qui se focalisent sur l’usage du « tableau de tri » dont les instructions y relatives abondent, non pas dans leur qualité de puits d’érudition, plutôt sur des prospections incessantes à l’internet et pour cause ! Des milliers d’archivistes assermentés sculptés dans cette galerie, malgré leur bonne volonté, enfilent des perles dans leur lieu d’affectation, du fait d’être incapables de remplir les tâches pour lesquelles ils ont été choisis, et la rareté sur le terrain des archivistes expérimentés, ne cesse de nourrir les ambitions des « docteurs omniscients » tout à fait ravis de se remplir les poches de la sorte !     

    Qui plus est, Le public n’a jamais chercher à connaitre pourquoi les actes actuels de prévarication  commis en série par les membres du gouvernement et autres hauts responsables de l’Etat, n’étaient pas aussi spectaculaires durant l’ancien régime du président Ahmadou Ahidjo. Ce n’est pas parce que le président Paul Biya est incompétent, seulement, en se débarrassant de la Direction des Archives Nationales rattachée au Secrétariat Général de la Présidence de la république depuis la publication du décret n° 73/1 du 03 janvier 1973, en tant que l’œil du maître, pour la placer au Ministère de la Culture, il a de la sorte perdu l’usage rituel d’un excellent outil d’un contrôle autoritaire pour que les membres de son gouvernement se tiennent bien à table.

    La seule source de renseignements qui s’impose à lui en compensation à l’heure actuelle, c’est celle qu’il ne peut fortuitement couper le fil bien qu’elle soit  décriée, en toute sincérité, par la jérémiade d’une population se sentant abusée, à savoir : « le président Paul Biya n’écoute que ses collaborateurs qui ne lui disent pas la vérité ». Le Ministre des Arts et de la Culture à qui revient, en désespoir de cause, l’impératif devoir de donner carrière à l’emploi rentable des archives, à l’âge actif et semi-actif dans un organisme, même s’il ne lui est pas donné la facilité de tenir le bon bout, il s’endort sans rime ni raison sur le rata !        

    En résumé, les Archives Camerounaises constituent, en principe, une source primordiale d’inspiration à des fins d’écriture de l’histoire du pays mais, dans le contexte actuel, celles-ci n’existent que par ce nom. Même les plus talentueux des historiens camerounais ou africains s’y prendront les pieds dans le tapis et finiront par jeter la manche après la cognée.

    Pierre Essomba Mbida

    Archiviste professionnel    

  • «J’écris pour mon peuple qui se meurt..»

    «J’écris pour mon peuple qui se meurt..»

    Il y a 13 ans mourrait EL HADJ GARBA AOUDOU (c’était précisément le 07 mars 2007), grande élite de la communauté, premier député Haoussa à l’Assemblée Nationale au Cameroun (1988-1992), il fut aussi, Président de la section Wouri 2 (1996-2002), membres titulaire et Commissaire aux comptes du Comité Central du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais). Et beaucoup d’autres de nos élites sont aussi décédées, des hommes de valeur et des hommes riches, qui ont fait notre fierté. 

    MOHAMADOU ABDOU ZAKARI

    Qu’il me soit permis ici de m’adresser en tout premier à mes parents, amis et connaissances, qui voudraient me voir garder ma langue dans la poche, et la raison est suffisamment importante : « tu es un intellectuel, tu ne dois pas répondre aux ignorants, aux …», me dit-on. Je vous ai compris, mais d’un autre revers, le rôle d’un intellectuel est de veiller, d’éveiller ou de réveiller les consciences. Pour cela il doit être un homme engagé au même sens qu’un écrivain engagé ou un artiste engagé. C’est donc résolument engagé dans la lutte contre les fléaux qui minent notre communauté, les injustices et toutes les autres formes de crimes que je joints ma voix à celle de ceux qui m’ont précédé, tel que mon frère et ami DALAMI MOUHAMAN dans sa «lettre ouverte à la communauté haoussa». 

    C’est fort de cette inspiration que j’écris ces quelques pages pour éclairer la lanterne de tous, et apporter ma modeste contribution à la prise de conscience de notre communauté pour se lancer dans sa quête pour le développement économique, social et culturel, mais aussi la cohésion sociale. Je peux m’en orgueillir avec vous, peuple haoussa, le niveau d’étude dans notre communauté est aujourd’hui acceptable, est bon et même bien, il peut être bien meilleur, si nous ne baissons pas la garde. 

    Après ces quelques faits relevés, dois-je me résoudre à traduire le besoin de ma cause ? La raison pour laquelle je me penche à écrire ? 

    Eh bien ! Comme GARBA AOUDOU et ALHADJI ADAMOU (Guide des pèlerins), beaucoup d’autres de cujus, ont laissé d’énormes biens mobiliers 

    et immobiliers, mais aussi des problèmes de succession et libéralités. Mais alors, pouvez vous me citer une seule famille qui a ce problème sans avoir affaire à Monsieur MOUHAMADOU YACOBO? (c’est l’identité que nous avons précisément choisi sur des multiples, puisque utilisée dans la plupart des documents officiels); Sans que ce dernier ne se soit impliqué ? 

    Serait-il parmi les ayants droit de toutes les successions ? 

    Monsieur MOUHAMADOU YACOBO est l’une des deux élites auxquelles Monsieur DALAMI MOUHAMAN a fait allusion dans sa lettre ouverte. 

    Qui est vraiment ce personnage ? 

    Il y a 2 ans j’ai écris un article intitulé  » les prisonniers économiques » qui avait fait mouche dans les sérails du milieu judiciaire, un journaliste du fait de l’avoir repris et publié a été interpellé de manière musclée et avait failli connaître un procès du genre MONGA-NJAWE, après la rédaction et publication de la lettre ouverte titrée « la démocratie truquée » en janvier 1991 dans le journal « Le Messager ». 

    C’était simplement pour décrire et décrier une injustice, une escroquerie, et une arnaque en bande organisée. Mais c’était davantage pour me servir de mon ancre, de ma plume, mieux que mes larmes, afin de venir en aide à deux de mes oncles, victimes de Monsieur YACOBO agissant depuis la Belgique où il était en déplacement, et avait donner jadis les injonctions au Procureur de la République par téléphone, de les mettre aux arrêts, parce qu’ils refusaient de signer un acte de vente de tous les biens immobiliers de la succession GARBA AOUDOU.

    Une vente qui lui aurait rapporté 300 millions de rétro commission, ce qu’il a d’ailleurs avoué au Café « LA MANDARINE » à Bonapriso un après-midi aux environs 14 heures lorsqu’il persuadait, devant témoin, l’un d’essayer de convaincre l’autre membre de la famille d’accepter de signer l’acte de vente de ces biens, y compris la maison principale de New Bell Ancien Étage (Domicile GARBA AOUDOU), à plus d’un (1) milliard de nos francs. Henri de Régnier ne disait-il pas que : « L’argent donne

    tout ce qui semble aux autres le bonheur». 

    Intimidés depuis le 22 août 2018 par des convocations transmises par voie d’huissier, auxquelles ils répondaient toujours, finalement arrêtés le Jeudi soir du 30 août 2018 aux environs de 17 heures à l’un des immeubles de la succession, mes oncles vont passer deux jours jusqu’à vendredi 31 août 2018 au commissariat du 1er Arrondissement. Puis ils seront présentés au Procureur de la République le même vendredi, et embastillés dans la cellule du parquet jusqu’à 20 heures, ensuite remis à la Police Judiciaire (PJ) jusqu’à lundi le 03 septembre 2018.

    Présentés de nouveau au Procureur de la République ce lundi, et retournés au Commissariat du 1er Arrondissement Jusqu’au matin du mercredi, 05 septembre 2018, puis présentés de nouveau pour la troisième fois au Procureur de la République, pour être libérés à plus de 22 heures afin de venir comparaître libre le lendemain, jeudi 06 septembre 2018 à 14 heures. Et ce jour-là, à 14 heures les dossiers étaient introuvables, d’où le renvoi pour vendredi 07 septembre 2018 à 07 heures 45 minutes. 

    Après des multiples renvois sollicités par le parquet, le débat aura finalement lieu en mars 2019, en présence des plaignants, du ministère public et des accusés, le ministère public va solliciter un autre renvoi afin d’apporter son réquisitoire pour le délibéré. Depuis lors, voici déjà 2 ans durant, ce réquisitoire n’est pas encore arrivé. Le jeudi 06 septembre 2020, ils étaient encore au tribunal. Oui une affaire parmi celles qui ont poussé la CONAC (Commission Nationale Anti Corruption) à se saisir et faire un rapport adressé au Président de la République. 

    Cette affaire dans laquelle Monsieur YACOBO est fortement impliqué par des agissements curieux dont la délivrance d’une attestation d’existence de souche le 06 août 2014 alors qu’il était 2e Adjoint au Maire, tandis que Le Maire avait déjà signé une attestation de non-existence de souche du même acte de naissance douteux d’un des enfants de la succession le 16 septembre 2013, nous montre que celui qui cherche à être officier d’État-civil dans un centre secondaire, aura donc un travail que lui seul à le secret. Que dire de l’affaire du bureau-chambre d’hôtel dans l’enceinte de l’hôtel de ville, une institution publique, une confusion certainement. Quid de ce que sera alors un bureau dans un lieu un peu plus privé ou privatisé ? 

    Pour revenir à notre communauté ; 

    Je pense l’avoir déjà dit, le plus gros malheur de notre communauté porte les germes de ce personnage, et donc nous devions attirer l’attention de nos élites et nos populations afin de remédier, surtout ceux qui arment celui qui prétend aimer la communauté plus que tous. On a bien vu, ce qu’il a écrit au sujet du Dr BAYERO FADIL aujourd’hui, alors qu’il a presque tout eu de celui-ci avant (je suis moi-même dépositaire d’un message où il me dit avoir enregistré leur conversation BAYERO et lui sur la CGN). Quand on sait qu’il enregistre des conversations avec les personnalités et élites afin de leur faire soit chanter, soit se servir comme fond de commerce en rapportant cela à d’autres élites pour les mettre en confrontation. 

    Dr BAYERO FADIL, une victime de plus dans la très longue liste des victimes de YACOBO, Nous savons qu’il a côtoyé GARBA AOUDOU de son vivant de qui il tire d’ailleurs son départ en politique, nous savons tous ce qu’il lui a fait par la suite. Il a côtoyé S.M. TANKO AMADOU, nous savons ce qui s’est passé par la suite. Il a côtoyé OUMAROU FADIL nous savons ce qu’il a dit lorsque ce dernier a perdu la Mairie de Douala 3e. Il a côtoyé S.M. SAIBOU OUMARA, nous savons ce qu’il a dit de lui après.

    Les exemples pareils sont à en point finir, que dire de ce qu’il a gracieusement reçu du Président RELOUANOU HAROUBOUTOU et ce qu’il en fait de lui actuellement, ce qu’il a dit à son propre oncle GARBA BAGOBIRI, quelques heures avant le décès de ce dernier ( mais qui donc va échapper à MOUHAMADOU YACOBO ?).

    Donc après ce qu’il a reçu du Dr BAYERO FADIL et nonobstant, le voir écrire dans les réseaux sociaux que même le plat de nourriture qu’on les voit partager ensemble sur une photo avec son protagoniste RELOUANOU, chez BAYERO, est le « couscous de Goggo Bouba » un tourne-dos connu à Yaoundé, ceci pour dénigrer ce qu’on peut manger chez cette grande élite et pas de moindre chef de la richissime famille FADIL, alors que ce dernier était entrain de faire la méditation pour résoudre l’infernal différend qui les oppose, RELOUANOU et lui, ne devrait pas mous étonner, pas du tout.

    Pour aider à comprendre et connaître ce personnage et surtout dire à ceux qui croient être aujourd’hui avec lui et le soutiennent, le financent, ses « amis », de s’attendre à leur tour, car les ivoiriens disent qu’ « un chien ne change jamais la façon de s’asseoir ». Et surtout que ceux-là sachent que pour la plupart toutes leurs conversations sont enregistrées par lui, et il s’en servira pour les faire la campagne pour leurs beaux yeux, ils sont trop beaux et YACOBO leur rappellera cela. 

    Il est temps pour notre communauté de s’assainir, de se défaire, de se refaire à travers les jeunes générations et / ou des nouveaux hommes pour la conduire à son véritable développement. Un renouvellement des élites et de la classe politique s’impose. Toutefois sachons miroiter les erreurs du passer, et se servir de ceux-ci comme leçons pour avancer. Oui la communauté doit avancer et à grand pas. 

    J’écris aujourd’hui parce que je sais comme le disait André MALRAUX : «je sais mal ce qu’est la liberté, mais je sais bien ce qu’est la libération»; 

    J’écris aujourd’hui parce que comme le disait Herbert SPENCER : «Nul ne peut être tout à fait libre tant que tous ne le sont pas; nul ne peut être tout à fait moral tant que tous ne le sont pas ; nul ne peut être tout à fait heureux tant que tous ne le sont pas»; 

    J’écris aujourd’hui parce que comme le disait Marcel PROUST : «On pardonne les crimes individuels, mais non la participation à un crime collectif»; 

    J’écris aujourd’hui parce que comme le disait Victor HUGO : «la vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder»; 

    J’écris aujourd’hui parce que comme le disait ROUCHEFOUCAULD : «il ne faut pas s’offenser que les autres nous cachent la vérité, puisque nous nous la cachons si souvent à nous-mêmes»; 

    J’écris aujourd’hui parce que comme le disait Émile ZOLA : « la vérité est en marche; rien ne peut plus l’arrêter»; 

    Et surtout, j’écris aujourd’hui parce que nous sommes musulmans et Maleck BENNABI disait dans son livre intitulé  » la vocation de l’Islam » : qu’«une civilisation trouve son équilibre entre le spirituel et le quantitatif, entre la finalité et la causalité», je laisse donc le soin aux érudits, aux imminents cheicks et autres imams de nous rappeler les positions de la religion musulmane sur le dépôt, sur les biens des orphelins, sur les actes et agissements d’un tel personnage, et bien-sûr la mise en garde divine à ces propos. 

    Par MOHAMADOU ABDOU ZAKARI

     (Communicologue-juriste-politologue). 

     

    Je suis chercheur en communication, communication des organisations option sociologie ; juriste de droit privé ; chercheur en sciences politiques, option sociologie politique. 

    Prochainement

    Les raisons de ma démission de l’ANJMC en 2018, après plus de 17 ans passés comme Secrétaire Général du Bureau National, auprès du Président YACOBO. 

    – Les vraies raisons pour lesquelles YACOBO livre un combat acharné contre la CGN (Communauté du Grand Nord) du Dr BAYERO FADIL 

    – Notre intimité et vie familiale pendant plus de 35 ans, tout sur ma relation avec YACOBO. 

    – les créances et les achats des biens mobiliers et immobiliers. 

     

  • The african diaspora and the promotion of tech innovations in its home continent

    The african diaspora and the promotion of tech innovations in its home continent

    Résumé

    MBANDOMANE OYONO Paul Senile

    Cet article intitulé : « La Diaspora  Africaine et la promotion des innovations technologiques dans son continent d’origine » analyse le rôle de la sixième région d’Afrique dans cette démarche, ses défis et des perspectives. Depuis des temps immémoriaux, s’installer hors de son pays d’origine a été considéré comme une fuite des cerveaux, en particulier pour la diaspora hors d’Afrique. Des études récentes démontrent que la diaspora a un rôle pertinent à jouer dans le développement socio-économique et technologique de l’Afrique en général et de leurs pays d’origine en particulier.

    Cet article commence par présenter brièvement le contexte de l’étude, avant de présenter les défis de l’investissement dans les innovations technologiques en Afrique. À la fin, il propose des perspectives éventuelles pour un meilleur engagement de la diaspora dans ce processus.

    Mots clés: Afrique, Diaspora, innovations technologiques

    Author: MBANDOMANE OYONO Paul-

    -Senile Independent Researcher 

     

     The African Diplomacy of the Diaspora reflects a universal re-awakening on the powerful capacity of Diasporas, which has emerged as an important part of a state’s strategies for enhanced growth and development. This incursion into diasporic diplomacy by the AU has several strands: it is an expression of the increasing awareness that the continent must seek out new partnerships for its development; but it is also an area where the AU pits itself against member states which are also trying to tap their Diasporas in the quest for faster development.

    The African Diaspora is broadly defined by the African Union Commission as « peoples of African origin living outside the continent, irrespective of their citizenship and nationality and who are willing to contribute to the development of the continent and the building of the African Union. » Globally, Africans in the diaspora are spread out across the continents. In North America, there are 39 million from the African Diaspora; 113 million in Latin America; 13.6 million in the Caribbean; and 3.5 million in Europe, the World Bank estimates.[1] The problem statement of this paper is: How far does the diaspora engages to enhance Africa’s tech development?

    [1] https://edition.cnn.com/2013/11/01/opinion/africas-secret-weapon-diaspora/index.html

     

    Section I:  Stakes of investing in Africa’s Tech industry today 

    “Investing in youth-led technological innovations would be very strategic for a continent that has an average of 80% of its labor force between the ages of 15-24 years.”

    • Africa’s tech is rising:

     Over the past four years, Africa’s tech sector has been one of the highlights of the continent’s economic narrative[1]. A key contributor to this is the strong increase in the foreign direct investment we have witnessed in African tech startups growing from $300 million in 2016 to over $2 billion in 2019 (Partech reports 2016 – 2019).

    • The African Union Agenda 2063

    The AU Agenda 2063 recognizes Science, Technology and Innovation (STI) as multi-functional tools and an enablers for achieving continental development goals. The Agenda, further, emphasizes that Africa’s sustained growth, competitiveness and economic transformation requires sustained investment in new technologies and continuous innovation in areas such as agriculture, clean energy, education and health.

    • Science, Technology and Innovation Strategy for Africa 2024:

    In June 2014, the 23rd Ordinary Session of African Union Heads of State and Government Summit adopted a 10-year Science, Technology and Innovation Strategy for Africa (STISA-2024). The strategy is part of the long-term people centered AU Agenda 2063 which is underpinned by science, technology and innovation as multi-function tools and enablers for achieving continental development goals.

    [1] Jackson, T., 2020. 10 More African Countries Are Working Towards Local Startup Acts – Disrupt Africa.

    The frequent challenge

    Africa, as a whole, is still relatively new to established technology infrastructure. Mainly, due to the multitude of dictatorships in various African countries like Sudan, Zimbabwe, Chad, and others, internet shutdowns are common. This makes predicting investment return for companies quite hard. An overall enabling environment for tech innovations must be created by Members States and REC[1]s to achieve the priorities identified in the strategy. The creation of such an environment involves Member States, RECs and the AU having evidence based policies and programs that encourage tech development. The continent also lacks competition in the data space, meaning that the prices of data are significantly higher than in other regions of the world.

    [1] Regional Economic Communities 

    Section II : Perspectives for Diaspora engagement in the promotion of Africa’s Tech innovations 

    The sixth region of Africa is a potent force for development for the promotion of Africa’s tech innovations, not only through remittances, but also, importantly, through promotion of trade, investments, research, innovation, and knowledge and technology transfers. According to the 2016 annual report from the African Development Bank, 600 million people on the continent live without access to electricity.[1]

    2.1- From remittances[2] to economic oriented support:

    According to World Bank estimates, remittances totaled US$573 billion in 2019, of which US$422 billion[3] went to developing countries that involved 250 million migrant workers

    [1] African Development Bank Group, Annual Report 2016 (Cote d’Ivoire: AFDB, 2016 https://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Generic-Documents/AfDB_Annual_Report_2016_EN.pdf.

    [2] A remittance is a transfer of money, often by a foreign worker to an individual in their home country. Money sent home by migrants competes with international aid as one of the largest financial inflows to developing countries. Workers’ remittances are a significant part of international capital flows, especially with regard to labor-exporting countries

    [3] « Migration and Remittances: Recent Developments and Outlook » (PDF). documents.worldbank.org. 6 October 2016. Retrieved 27 June 2019.

    2.2- Doing business with Africa-based entrepreneurs:

     A critical mass of Africans of the diaspora are trained engineers, doctors, and technicians in a wide range of skill areas will be required to build Africa’s infrastructure, factories, health centers, and hospitals, and to power the continent’s overall development. A platform of business exchange between Diaspora and Africa-based entrepreneurs will be a favorable step for every African-development aspiring Country.

    2.3- The implication of the diaspora in national Research Laboratories:

    The sixth region of Africa is composed of high level professionals and scientists (medical doctors, researchers, and academics)[1], lawyers, and businesspeople. Such platforms should absolutely be created, followed and sponsored. Bringing together the African brain power in and out of the continent in such units will indefinitely consist Think Tanks for the promotion of technological innovation in Africa. 

    In a nutshell, empirical evidence reveals that Diasporas also contributes to the development of Africa in non-economic ways. In particular, leaders of diaspora communities have influenced new thinking about Pan-Africanism and sense of belonging to a strong Africa. Many countries have substantial Diasporas, but not many are proud of it. After all, people tend not to leave a country when it is doing well, so the diaspora is often a reminder of a country’s darker moments. The African Diaspora’s potential economic importance goes well beyond remittances and of course, all these potential benefits and cooperation would not emerge unless governments definitely take their Diasporas more seriously.

    [1] Mohamed H. A. Hassan, “Can Science Save Africa?” Science 292, no. 5522 (June 2001): 160, http://science.sciencemag.org/content/292/5522/1609.<

     

    Bibliography 

    1. African Development Bank Group, Annual Report 2016
    2. African Union 2011. Report of the Technical Experts Meeting on the African Diaspora (TCEM), Pretoria, South Africa, 21–22 February, 2011. Addis Ababa, African Union.
    3. Mohamed H. A. Hassan, “Can Science Save Africa?” Science 292, no. 5522 (June 2001): 160, http://science.sciencemag.org/content/292/5522/1609.
    4. Mwagiru, Makumi 2011. Diplomacy of the diaspora: Harnessing diasporas in Kenya’s foreign policy. Diaspora Studies, 4.
    5. Ogom, Raphael 2009. The African Union, African diasporas and the quest for development: In search of the missing link. African Journal of Political Science and International Relations, 3.

    Partech, 2019 Africa Tech Venture Capital Report | Partech. [online]

  • Le tribalisme est désormais entré dans la loi

    Le tribalisme est désormais entré dans la loi

    C’est justement à partir de ces cadres fondamentaux de la vie des Camerounais que le système se découvre, se dévoile, pour montrer son soubassement tribaliste

     

    Timba Bema

    Celui qui tient le crayon et la règle pour délimiter une frontière, la frontière tient en réalité le pouvoir dans la zone qu’il a ainsi créée. Une règle. Un crayon. Un tracé net sur une carte. Entre fleuves et montagnes, rivières et vallées, forêts denses ou savanes arborescentes. Et le monde n’est plus tout à fait le même. La carte est une des représentations possibles du territoire, une représentation, il va sans dire, loin d’être fidèle au modèle, mais c’est en tant que représentation qu’elle prend toute sa signification. La carte est un produit de l’imagination et ne se comprend que par l’investigation de cette dernière. Ainsi, le pays, avant de devenir réel est d’abord imaginé.

    Le pays nait dans l’esprit d’hommes et de femmes comme le lieu dans lequel leurs existences devraient atteindre la forme la plus accomplie de l’épanouissement. Le pays est d’abord rêvé, avant de devenir réel. Le pays est pensé, est idéalisé, est magnifié avant même que sa première frontière ne soit tracée sur une carte. Le pays, par ce geste d’appropriation, signifie cette terre est à nous, cette terre est la maison qui abrite nos corps.

    Le pays est la grande maison: la maison de toutes les maisons. Alors, on est tenté de se poser la question suivante: le pays rêvé et donc créé par d’autres est-il une maison pour ceux qui en ont hérité?

    La colonisation. On y revient inéluctablement. En même temps qu’elle favorise la projection de soi dans l’autre, elle le tient à bonne distance, elle l’exclut, le place devant la frontière: cela s’appelle le racisme. Il s’agit ici d’une frontière mentale, intangible, dont les manifestations sont pourtant tangibles: la ville, centre du pouvoir, n’est-elle pas scindée en zone indigène et zone blanche? Toujours une histoire de frontière, la frontière matérielle et immatérielle. Ici, en vérité, le matériel se fond dans l’immatériel.

    Frontière
    Puisque la frontière est une convention entre ceux qui ont le pouvoir, la capacité de maintenir un état de choses. En même temps que le détenteur du pouvoir trace une frontière sur une carte, il en trace aussi dans l’esprit: dans le sien et dans celui qui se trouvait déjà sur le territoire. À lui-même, il se dit: ceci m’appartient, je vais jouir de tout ce qui s’y trouve: hommes et ressources. Il exprime sa liberté au-delà de celle de l’autre. Il signale que sa liberté dépasse et enferme celle de l’autre.
    La puissance est une prédestination, une préséance. À l’autre, il fait comprendre ceci: désormais, tu ne t’appartiens plus. Ton destin est arrimé au mien. Abandonne ta liberté et je ferai de toi un autre moi-même, tu jouiras de la marchandise que je tire de ton sol et de ton sous-sol.

    Le contrat est inégal. Mais le vaincu a-t-il vraiment le choix? Le pays, la maison des maisons, qui doit le protéger ainsi que les siens, est devenu une prison. La frontière en a tracé les murs. Les lois en sont les chaines. Il ne lui reste plus rien. Seule cette possibilité de regarder le ciel et d’imaginer un autre pays, le pays, celui dans lequel il pourra être.

    Le Cameroun actuel, comme toute l’Afrique, à quelques exceptions près, a été fabriqué par d’autres. C’est-à-dire qu’il a été conçu dans l’esprit des autres, que ses frontières ont été définies par ces autres, que ses lois et ses mœurs ont également été façonnées par eux. On ne mesure pas toujours la gravité, le poids historique de ce processus. Mais, il ne suffit pas de le comprendre, encore faut-il changer la donne. Pourquoi? Parce que la première parole de l’homme qui reprend possession de son destin est: «Ceci est à moi!» Il délimite une frontière, il crée son monde, celui sur lequel il a de l’emprise, celui qui lui permet de conduire enfin son destin d’être libre.

    Rupture
    La création du pays est le geste premier de l’esprit libre, comme celui qui, pour protéger son corps, construit une maison au-dessus de sa tête. Tant que le pays sera une prison, au lieu d’être une maison, alors naîtra dans l’esprit des hommes et des femmes qui l’ont reçu en héritage le désir de créer un pays pour eux. Ne l’oublions pas: le pays est d’abord rêvé, imaginé. Et c’est dans le rêve, dans l’imagination que se trouve le secret de sa continuité.

    Par conséquent, une rupture radicale est nécessaire avec l’imaginaire politique actuel. Quel est-il? C’est celui de la compétition entre les tribus pour acquérir la marchandise européenne et les terres. Ce mouvement est historiquement datable et commence avec le déferlement de la marchandise européenne sur notre côte atlantique, chaque tribu voulant en tirer le meilleur profit. Voilà la dynamique de notre histoire. Le fond de l’affaire n’est donc pas le politique, comme on a souvent tendance à l’affirmer, mais bien entendu l’économique.

    En d’autres termes, tant que le pays restera une vaste plantation, la compétition entre les tribus persistera. Et disons-le, même le fédéralisme ne pourra pas y mettre un terme, comme on le voit par exemple au Nigéria voisin avec la redistribution de la manne pétrolière. C’est donc en prenant en compte ce problème structurel majeur que l’on peut comprendre le tribalisme, qui est en fait l’idéologie qui permet le statu quo. Son évolution récente, à travers notamment la loi sur la décentralisation doit être comprise non comme une rupture, mais comme la continuité d’un système qui ose enfin s’affirmer au grand jour.
    Ahidjo n’a jamais prononcé de discours tribaliste.

    Est-ce pour autant que son régime ne s’appuyait pas sur le tribalisme? L’équilibre régional avec un axe nord-sud n’est-il pas une approche de type tribaliste? Paul Biya non plus n’a jamais prononcé de discours tribaliste. Est-ce pour autant que son régime ne s’appuie pas sur le tribalisme? Comprendre la politique au Cameroun c’est aller au-delà des discours officiels. Il se trouve que, comme c’est souvent le cas dans des pays nés de la domination, les individus développent, pour de simples besoins de survie, le double langage. C’est ce que nous appelons la théorie des deux cœurs.

    L’analyse politique au Cameroun ne devrait donc pas seulement se limiter à l’étude du discours public, elle devrait aussi s’atteler à dévoiler les discours articulés dans les espaces sécurisés, aux yeux des protagonistes, que sont par exemple les tontines, les familles, les réunions du clan, etc. C’est justement à partir de ces cadres fondamentaux de la vie des Camerounais que le système se découvre, se dévoile, pour montrer son soubassement tribaliste. Avec la nouvelle loi sur la décentralisation, le tribalisme est désormais entré dans la loi, alors qu’auparavant il se limitait à des pratiques. Sa condamnation apparente à travers l’introduction de la notion d’outrage à la tribu serait donc à comprendre comme une limite que le système pose à son principe constitutif, et en aucun cas comme une récusation.

    Ecrivain, Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire
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    Teaser de Les bateaux sombrent-ils en silence?

  • La Coopération UA-UE à l’épreuve du Covid-19 dans le contexte des négociations post-Cotonou

    La Coopération UA-UE à l’épreuve du Covid-19 dans le contexte des négociations post-Cotonou

    Du côté africain, il y a une prise de conscience croissante de la nécessité pour l’UA de développer une position plus ambitieuse et exigeante. 2019 a été une année des réformes et a vu la signature très attendue de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui, dans sa mise en œuvre, obligera à repenser les relations extérieures, y compris avec l’UE.

    Kenhago Tazo Olivier, Ministre Plénipoten-tiaire, en service à l’ambassade du Cameroun en Belgique.

     

    Cette année sera cruciale pour les relations Afrique-Europe. Le sixième sommet UE-UA sera en effet une occasion importante pour faire avancer le partenariat entre les deux continents. Alors que la nouvelle Commission avait annoncé sa volonté d’engager un partenariat stratégique avec l’UA, et qu’une Communication y relative avait été publiée, après des contacts avec les responsables africains, les effets de la pandémie de COVID-19, qui a eu des conséquences de grande envergure partout dans le monde, dont les plus visibles sur l’économie mondiale et la santé publique, aura également un impact sur les relations Europe-Afrique. Ces diligences sont engagées alors-même que l’UE et l’Organisation des Etats ACP ont engagé des négociations en vue de la conclusion de l’Accord post-Cotonou.

    Dès les premiers temps, la Communauté européenne avait prévu un cadre de collaboration avec des entités africaines qui n’avaient pas encore accédé à la souveraineté internationale, afin de maintenir des liens privilégiés avec ces États qui deviendront pour la plupart indépendants quelques-uns années après la conclusion du traité de Rome. Depuis lors, l’Europe et l’Afrique entretiennent une relation toujours privilégiée, dynamique et souvent controversée, aujourd’hui à la croisée des chemins. La création de l’UA au début des années 2000 a donné un nouvel élan au processus d’intégration africaine, entraînant effectivement un changement profond dans ses relations avec ses partenaires, dont l’UE.

    Du côté africain, il y a une prise de conscience croissante de la nécessité pour l’UA de développer une position plus ambitieuse et exigeante. 2019 a été une année des réformes et a vu la signature très attendue de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui, dans sa mise en œuvre, obligera à repenser les relations extérieures, y compris avec l’UE.

    Les réformes institutionnelles de l’UA vont de pair avec de nouvelles initiatives ambitieuses telles que la transformation du Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (NEPAD) en une agence de développement de l’UA, et une nouvelle impulsion pour le développement des infrastructures régionales sur le continent. La signature de la ZLECA propose une voie vers une intégration plus approfondie du marché dans les années à venir, et des mesures importantes sont prises pour augmenter le financement africain pour son programme continental de paix et de sécurité.

    Avec ses «ambitions géopolitiques», la Commission von der Leyen tente de positionner l’UE comme un leader dans l’espace multilatéral et de construire les outils nécessaires pour défendre plus ouvertement les intérêts européens. Elle reconnaît que si l’UE souhaite être un véritable acteur de la politique mondiale, elle devra développer une politique étrangère plus forte et plus unifiée, renforcer les domaines où elle dispose d’un avantage comparatif et développer des domaines où elle est actuellement en retard par rapport aux autres grandes puissances mondiales.

    Ces diligences tombent à point nommé, et coïncident avec la négociation du cadre juridique qui va régir les relations entre l’UA et l’UE dans les vingt prochaines années. En effet, le principal instrument juridique régissant la coopération entre l’UE, ses Etats membres, et les Etats Africains dans leur presque totalité, est l’accord de Cotonou, conclu en 2000. Tous les États africains, notamment ceux d’Afrique du nord, ne sont cependant pas liés par l’accord de Cotonou et n’interagissent donc pas de la même manière avec l’UE. Leur relation avec l’UE est régie par la politique de voisinage. Cette diversité a des conséquences importantes pour la cohérence de la coopération entre l’UE et l’Afrique, ainsi que pour l’avenir de cette coopération, dans le contexte post-Cotonou.

    L’autre cadre qui régit la coopération entre l’UA et l’UE est la stratégie conjointe Afrique-UE, adoptée à Lisbonne en 2007. Outre ces cadres, le Conseil a adopté des stratégies régionales spécifiques pour la Corne de l’Afrique, le golfe de Guinée et le Sahel. La coopération a également lieu dans le cadre de dialogues formels, tels que les sommets UE-Afrique. A cela, il faut ajouter l’adhésion de certains pays africains aux politiques européennes de voisinage. La multiplicité de ces cadres de coopération rend difficile la cohérence multilatérale des politiques européennes.

    A cela il faut ajouter l’Alliance Afrique – Europe pour l’investissement et l’emploi durables, adoptée en 2018. L’Alliance est principalement un partenariat qui vise à créer des emplois pour le développement et à réduire les migrations. Mais bien que l’accent mis sur le passage d’une approche axée sur l’aide à une approche axée sur l’investissement soit conforme à ce qu’un nombre croissant de dirigeants africains demandent, cette initiative n’a pas fait l’objet de consultations préalables avec les parties prenantes africaines, alors qu’elle impliquait un réel reconditionnement des initiatives européennes existantes.

    Les sommets des chefs d’État et de gouvernement UE-Afrique quant à eux ont traditionnellement lieu tous les trois ans pour examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements et fournir des orientations politiques pour les travaux futurs. La cinquième s’est tenue à Abidjan en novembre 2017 et a abouti à l’adoption d’une déclaration commune qui identifie les priorités communes pour l’avenir du partenariat Afrique-UE, avec l’accent mis sur la jeunesse notamment. Les décisions prises par le Sommet ne sont pas contraignantes. La mise en œuvre du plan d’action d’Abidjan s’est heurtée à un manque de ressources, l’instrument financier étant, encore une fois, le FED. Bien que très importante au niveau politique, la coopération d’un continent à l’autre souffre donc d’un déficit de mise en œuvre, car peu ou pas formalisé.

    Pour l’UE, la négociation de l’accord post-Cotonou devait donc être l’occasion de s’émanciper du cadre UE-ACP et de renforcer ses partenariats avec les régions, notamment l’Union africaine. La négociation de l’accord post-Cotonou est donc un grand moment pour déterminer l’avenir de la relation UE-Afrique en particulier et, en général, UE / ACP. La position de l’UE, qui apparaît dans ses directives de négociation, s’écarte sensiblement du cadre originel de Cotonou, tout en maintenant la relation ACP-UE au centre de la négociation. Elle prévoit que l’accord comprendra une base commune pour les trois régions de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, et des piliers régionaux spécifiques pour chacune. Le centre de gravité de la coopération devrait s’orienter vers les régions.

    L’architecture du mandat ACP est, pour sa part, basée sur les 3 «piliers stratégiques thématiques» originaux de Cotonou et contient des thèmes transversaux. Il s’agit des piliers ci-après : Commerce, investissements, industrialisation et services; coopération au développement, technologie, science, innovation et recherche ; et dialogue politique et plaidoyer. Il ne donne cependant pas une place prépondérante aux entités régionales.
    La position de l’Afrique et plus particulièrement de l’UA, dans ce débat, a été de soutenir que la Commission de l’UA, au moins en ce qui concerne les dispositions concernant le continent africain, devrait conduire les négociations. Après de nombreuses tractations, le Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de l’UA à Addis-Abeba les 17 et 18 novembre 2020 a décidé que les négociations pour la conclusion d’un accord post-Cotonou soient conduites par le Secrétariat ACP, qui pourrait demander en cas de besoin l’assistance technique de l’UA sur les questions touchant le continent africain.

    La décision distingue la coopération UE-ACP, sous la responsabilité du Secrétariat ACP, de la stratégie conjointe UE-Afrique, qui est sous la responsabilité de l’UA. L’objectif de l’UE était précisément de joindre ces deux cadres, de les rendre cohérents et d’assurer la primauté du second sur le premier. Alors que les négociations sont en cours, la question de la cohérence et de l’efficacité des politiques européennes dans ses relations avec l’Afrique se pose avec plus d’acuité encore. Plus précisément, les priorités de la stratégie commune UE / Afrique sont précisément les mêmes que celles contenues dans le protocole régional africain.

    En ce qui concerne la coopération UE-UA en elle-même, il faut reconnaitre qu’en mars 2020, avant que la pandémie ne s’installe, l’UE avait rendue publique une Communication sur la nouvelle stratégie africaine avec l’ambition de forger un «partenariat d’égal à égal». La Présidente de la Commission, avec une délégation d’une vingtaine de commissaires européens dans son sillage, s’était rendue à Addis-Abeba pour des réunions avec leurs homologues de l’Union africaine. La nouvelle stratégie pour l’Afrique reconnaît les liens historiques et géographiques qui lient le contexte changeant de la relation, mais reconnaît aussi explicitement les intérêts «respectifs», pas seulement mutuels. Elle traduit une ambition plus humble, en privilégiant l’approche concertée.

    Elle reconnaît également les trajectoires de croissance dans un certain nombre de pays africains et le développement bienvenu de l’intérêt accru de nombreux acteurs sur la scène mondiale. Elle reflète un monde en mutation dans lequel une transition verte et la numérisation vont être au cœur des relations internationales. Un défi pour cette stratégie est la configuration institutionnelle du partenariat. Si l’UE peut parler au nom de ses États membres sur la politique extérieure, il n’en est pas de même pour l’Afrique.
    Le coronavirus met désormais cette stratégie en danger et sera le premier test majeur de l’ambition de l’UE et de l’UA. Certes, les crises majeures créent des opportunités pour accélérer les réformes sociales, économiques et politiques. La crise des coronavirus est peut-être l’occasion de transformer enfin l’ancien paradigme des relations donateur-bénéficiaire en un modèle nouveau.

    L’effondrement des prix du pétrole et des matières premières aura un impact dévastateur sur plusieurs pays qui en dépendent pour plus de la moitié de leurs exportations. Les ministres africains des finances ont appelé à une relance économique d’au moins 100 milliards de dollars pour limiter les impacts du coronavirus. Par conséquent, bien que bienvenue, la récente décision du Conseil des affaires étrangères de l’UE de réaffecter 15 milliards d’euros des budgets existants aux pays partenaires, y compris l’Afrique, pour compenser certains des impacts sanitaires et économiques de la crise, ne peut être qu’une première étape.

    Le moment est donc propice pour mettre l’accent sur l’investissement principalement dans la diversification et le soutien des économies nationales africaines durables ancrées dans les technologies nouvelles et vertes et les chaînes de valeur locales. La coopération devrait également permettre d’innover et de faire progresser la numérisation des économies et des secteurs publics européens et africains pour améliorer la productivité et l’accès aux services.

    La volonté de la nouvelle Commission européenne de renforcer ses relations avec l’Afrique apparaît à cet égard comme une approche salutaire pour les deux acteurs, même s’il y a lieu de craindre que l’importance accordée à l’Afrique ne diminue, l’UE étant poussée à redéfinir ses priorités et, sans aucun doute, à se concentrer sur ses difficultés internes. De même, les incertitudes liées au prochain cycle de planification budgétaire ne permettent pas une lisibilité de l’action extérieure de l’UE à l’égard de l’Afrique. Le FED, instrument géographique dédié, qui a permis la prévisibilité et la cogestion et a fait de l’accord de Cotonou un instrument efficace, va disparaître. Si l’Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (NDICI) du prochain cadre pluriannuel annonce une augmentation des ressources par rapport au cycle de planification précédent, on ne sait pas encore concrètement comment cela se concrétisera.

    Le fait que la priorité numéro un de l’Afrique et de l’Europe soit de lutter contre la pandémie et ses conséquences n’enlève pas la nécessité de réfléchir au type de relation future avant le prochain sommet. Pour que cela se produise, il est nécessaire de préciser que la mentalité de l’aide et les procédures connexes ne doivent pas continuer à être prégnantes. Ce faisant, les dirigeants africains et européens donneraient une réponse forte aux accusations récurrentes de pratiques paternalistes. Il est à espérer que les négociations post-Cotonou permettent de résoudre le problème de la cohérence verticale entre les différentes politiques européennes, et doter le partenariat de continent à continent d’institutions et d’outils de financements prévisibles.

    C’est dire que le prochain Sommet, qui va de toute évidence se concentrer sur la pandémie et ses implications, ainsi que sur d’autres questions déjà prévues, devrait en même temps permettre aux deux parties de relancer une relation stratégique fondée sur des intérêts communs, séparés des questions d’aide et de dégager les questions stratégiques d’intérêt commun, telles que le changement climatique, la transition énergétique, le commerce, la paix et la sécurité et la migration.

    La transformation structurelle de cette vieille relation impose de faire la distinction entre l’aide et la stratégie, changer les vieilles habitudes et les mentalités et adapter la structure globale de financement. La manière dont tous ces objectifs se concrétiseront sera grandement affectée par les négociations concernant le cadre financier pluriannuel (CFP) de l’UE pour l’année 2021-2027 qui sont actuellement en cours. Tant le montant global du budget que la ventilation du montant final seront essentiels pour que l’UE soit véritablement plus stratégique avec ses ressources.

    Par Kenhago Tazo Olivier,
    Ministre Plénipotentiaire

  • L’administration et le bon usage des archives : un défi à relever par les archivistes africains !

    L’administration et le bon usage des archives : un défi à relever par les archivistes africains !

    Ce faisant, l’archiviste de profession reste un artiste incontournable en fait de gouvernance pour un aboutissement correct de chaque dossier d’affaire étatique, ce dernier, lorsqu’il est clos réunit des informations réutilisables tout à fait indispensables à une diligence efficace d’autres dossiers d’affaires dans un contexte similaire

    Pour ce qui apparaît désormais comme une déficience dans le rôle de l’archiviste africain, comme un vide qui avilit son image, c’est l’incapacité d’accomplir la prouesse de satisfaire les besoins en information documentaire principalement, ceux des autorités administratives en charge de l’expédition des affaires courantes.

     

    L’exercice du préarchivage au sein des organismes publics ou privés, déjà plus proche du «Records management» des anglo-américains ou de l’«Aktenplan» des allemands, reste par expérience, la bête noire des archivistes africains. Cette défaillance qui tire en longueur profite, dans les pays où le faux et usage du faux sont officiellement conviés à bien nourrir son homme, aux nombreux usurpateurs de titre d’archiviste, bien abonnés à couper l’arbre pour avoir le fruit. Ce faisant, l’archiviste de profession reste un artiste incontournable en fait de gouvernance pour un aboutissement correct de chaque dossier d’affaire étatique, ce dernier, lorsqu’il est clos réunit des informations réutilisables tout à fait indispensables à une diligence efficace d’autres dossiers d’affaires dans un contexte similaire.

    Les Ecoles de formation en archivistique recensées sur place, dispensent-elles, sur le terrain, des cours en alignement avec le devoir d’inculquer aux apprenants les pratiques adaptées de taille à nettoyer, dans cette spécificité, les écuries d’Augias? Il convient d’admettre que la formation des archivistes africains sur le continent africain fait problème. Il .serait temps de chercher à mettre le doigt sur la plaie, il s’agit surtout, dans la quasi-totalité des hypothèses et à mon avis, d’une histoire de clauses sur la qualification du corps enseignant.

    En guise d’exemple intéressant: MM Ahmed Ndiaye, Mbaye Thiam, Mouhamed M. Mbengue… enseignants d’archivistique depuis des dizaines d’années à l’Ebad de l’Université Cheik Anta Diop de Dakar au Sénégal sont, au départ, des archivistes de profession et font de ce choix de métier un fromage sur leur carte de visite, bien qu’ils soient chacun, titulaire d’un doctorat dans une autre discipline scientifique régulièrement obtenu, dans la plupart des cas, étant déjà en activité.

    Il se trouve que l’Esstic de l’université de Yaoundé au Cameroun compte, à ce sujet, parmi les mauvais exemples des Ecoles qui forment sur place des archivistes. Ici, le personnel enseignant est composé en écrasante majorité de détenteurs d’un doctorat, ils sont commis de but en blanc «chargés de cours», une distinction qui donne à chacun d’eux, pour faire la classe, le droit d’empiéter, au gré des opportunités ostensiblement portées sur l’appât du gain, sur une discipline considérée ni de près ni de loin de celle qui a enrichi sa thèse, juste jouer un rôle par-dessus la jambe, au grand dam de la jeunesse estudiantine camerounaise.

    C’est ainsi qu’on surprendra un sociologue en train de professer l’archéologie, un historien enseigner la spéléologie… Tout cet embrouillamini est supposé valable derrière le bouclier du grandissime diplôme de doctorat, à dessein de faire mousser une ambiance incontrôlable de copinage, de taille à militer efficacement pour une cause commune, celle d’une meute de dévoyés, tout à fait déterminés à mettre en permanence du beurre dans les épinards en tirant au cul. Voilà pourquoi on observe, au gré de la flambée des pourboires sous-jacents, une avalanche de nouveaux «docteurs omniscients» dans les cités universitaires au courant de chaqu’année académique.

    Les enseignants se voulant «docteurs archivistes» vont sans façon, dans l’enseignement archivistique, pousser à hue et à dia, en faisant du calendrier des délais de conservation» qui n’est qu’une simple pièce d’archives et en dépit du bon sens, l’essentiel des cours annuels d’archivistique, l’internet tenant lieu de pôle de ressourcement gratifié. Des centaines d’étudiants «formés» sous cette bannière ont de la peine à surmonter leur inaptitude sur la pratique du préarchivage et de l’archivage d’un fonds d’archives, des chapitres non mentionnés dans les leçons durant des années d’apprentissage sur les bancs de classe.

    Mais, c’est des jeunes qui se battent les flancs à raison du doute étalé désormais sur l’avenir de leur métier d’archiviste. Un archiviste ivoirien, Pazimi Ponon Younous en évente la mèche en révélant : «j’ai eu à encadrer quelques-uns de vos élèves sortis de l’Esstic, c’est grâce à vous que j’ai compris pourquoi ils ne sont pas à jour dans les pratiques archivistiques» Néanmoins, ils s’empressent à dévoiler beaucoup de bonne volonté en essayant de poser des actes sans conséquence professionnelle surtout, ils sont sommés à agir en surface en se limitant à faire l’apologie d’un modèle de recherche ou de communication dite «automatique» de l’information documentaire : la numérisation des documents dont l’appui à la véracité des données est déjà soumis à l’épreuve du doigté de l’infographie.

    Au demeurant, le Benin se place au rang d’une infime minorité des pays africains qui publient des répertoires sur leurs archives historiques. Les fonctions à visage externe que pilote toute administration, sont conviées à pourvoir aux besoins de la population, des usagers, de la clientèle…, en vertu de quoi chaque dossier d’affaire courante se réfère à un passé qu’il convient de consulter pour mieux décider et ceci reste une évidence chez les anglo-américains où le «records manager» et l’«archiviste» ne jouent pas un rôle identique. Un organisme dans ses attributions n’a nullement l’option de virer ses actions pour la recherche rétrospective sur les disciplines scientifiques, cela revient à tirer le rideau sur le fonctionnement normal d’un office.

    C’est à ce titre que le préarchivage qui détient la recette d’extraire les informations réutilisables sur les dossiers fraichement clos, a l’avantage sur l’archivage, ce dernier s’applique uniquement au classement et à la conservation matérielles des archives ayant vraisemblablement perdu toutes valeurs administratives mais, particulièrement destinées à favoriser la recherche rétrospective dans toutes les disciplines scientifiques. Qui plus est, si le travail d’un archiviste venait à se limiter rien que sur l’archivage, il y aura de quoi spéculer sur le nombre important de dépôts d’archives à construire dans chaque pays, question d’offrir l’emploi à des milliers d’archivistes assermentés en divagation sur le terrain !

    En somme, l’archiviste parvient à savourer la célébrité dans une Administration, lorsqu’il réussit à assurer la visibilité dans son rôle de détenteur des indications qui sécurisent le choix des actions dans le traitement des dossiers d’affaires administratives courantes, par peur d’être continûment à la bourre.

    Pierre Essomba Mbida
    Archiviste professionnel

  • Cameroun !!! Les subtilités oubliées de la Réunification

    Cameroun !!! Les subtilités oubliées de la Réunification

    J’aurais pu intituler cette petite réflexion, le retour du 1er octobre 1961, tant la compréhension des développements qui y sont faits, est intimement liée à la prise en compte du phénomène de la Réunification du Cameroun intervenue le 1er octobre 1961.

    Monument de la réunification de Yaoundé

     

    La préférence pour l’un ou l’autre titre, n’altère en rien la réalité qui veut que l’axe principal de cette analyse soit l’absence de maturité au sens de Kant, de la classe gouvernante, dans la prise des décisions devant orienter les choix en lien avec la Réunification et corolairement, l’appropriation des effets de celle-ci par les Camerounais. Cette préoccupation est fondamentale quand on se rend à l’évidence que la trajectoire historique camerounaise depuis l’acte du 1er octobre 1961, s’apprécie davantage en prenant en considération et ceci pour bien des cas, la structuration mentale et l’orientation de la gestion de la chose publique avec pour référence le 1er janvier 1960. 

     

    Non pas qu’il n’existe d’éléments pouvant légitimement magnifier une sorte de mis en commun, mais force est de constater qu’au demeurant, il s’agit plus d’une forme d’homogénéisation cohérente, non pas essentielle. La sensation que le 1er janvier et plus tard le 20 mai ont eu raison du 1er octobre, s’accroit frénétiquement. Il y a par conséquence urgence à reconstruire les schèmes mentaux en fixant comme objectif absolu, la prise en compte de la Réunification dans la vie de la République du Cameroun. Tel est le but que se fixent les lignes qui suivent. Pour y parvenir, il va d’abord être question de retracer le processus historique ayant conduit à la Réunification ; ensuite, l’analyse des mécanismes pensés visant la mise à la retraite de celle-ci et enfin une énonciation des propositions pour une meilleure gestion de cet héritage historique camerounais, mettra un terme à ce petit voyage. 

     

    Processus vers la Réunification 

    Le 14 juillet 1884, sous le contrôle du Consul Nachtigal, l’Allemagne prenait possession d’une partie de ce qui allait plus tard être appelé Kamerun. Progressivement, l’administration allemande se mettait en place. Ainsi entre 1884 et 1906, le territoire acquis et parfois conquis par les Allemands, prit la dénomination de Protectorat. Le Protectorat connu une administration militaire entre 1884 et 1907 et une administration civile de 1907 jusqu’au départ des Allemands en mars 1916. Durant les trente-deux années de la présence allemande, six Gouverneurs eurent la responsabilité de la gestion du Protectorat. Ceux-ci, autant qu’ils purent, organisèrent le territoire dans divers domaines. Au moment où sonne le glas de sa présence au Kamerun, l’Allemagne peut se targuer d’avoir ouvert des écoles, construit des voies de communication et des centres de santé. En le faisant, elle a également été à la base de comportements inhumains. 

     

    S’il est admis que le partage du Kamerun entre la France et la Grande-Bretagne le 4 mars 1916 et entériné deux jours plus tard, marque la fin de la présence allemande sur ce territoire ; il est opportun de signaler que depuis septembre 1915, le condominium franco-britannique gérait les affaires courantes dans la ville de Douala. L’expérience du condominium a introduit dans l’imaginaire collectif de la France et de la Grande-Bretagne, l’option d’une gestion conjointe et/ou séparée du Cameroun. Dans les esprits, la dépossession Kamerun était acté, ceci d’autant plus que l’article 131 des Traités de Versailles indiquait clairement que l’Allemagne renonçait à ces territoires et colonies en faveur des vainqueurs. 

     

    La présence franco-britannique au Cameroun fruit du partage est reconnue le 20 juillet 1922, transformant ainsi le Protectorat en Territoire sous Mandat de la Société des Nations (SDN). Théoriquement, dès cette date, le statut du Cameroun changea. Mais dans les faits, Anglais et Français avaient la gestion de leurs zones d’influence depuis 1916. Dans l’un et l’autre espaces, les territoires reçoivent chacun les rudiments et subit les mécanismes de gestion de la puissance mandataire. Dans cette logique, il se forme et se développe une double approche de la gestion des politiques publiques.

     

    Les un cinquième du territoire, sous l’influence britannique, font l’expérience de système dit d’indirect rule d’actualité dans les colonies britanniques, mettant à contribution l’ingénierie administrative locale. De fait, les natifs sont impliqués dans la mise en œuvre de la politique coloniale. Très tôt émerge une classe de natives authorities dont la majorité se constitue de l’autorité traditionnelle, jalouse de ses acquis et du rôle d’intermédiaires, voire même de substituts de l’administrateur colonial. Dans les quatre cinquièmes du territoire, la France se donne à cœur joie à l’élaboration d’une politique d’assimilation à travers l’usage d’un système d’administration directe.

     

    La politique de l’indigénat et ses corolaires alimentent la gestion du Cameroun français. En 1946, le système de tutelle remplace celui du mandat. La conséquence immédiate est que le Cameroun 2 est désormais sous la tutelle de l’Organisation des Nations Unies et confié, comme cela fut le cas à l’époque de la SDN, à la France et à la Grande-Bretagne. Au moment de la mise en vigueur du système des mandats, il ne serait pas exagéré de dire que les Camerounais, bien qu’assoiffés par le désir de se libérer de la présence occidentale, notamment allemande, étaient quelque peu dubitatifs à l’idée d’une libération véritable. Par contre, l’avènement de la tutelle intervient dans un environnement psychologique propice aux revendications de plus de liberté, voire même d’indépendance. 

     

    D’ailleurs, la charte de l’ONU elle-même ainsi que les débats entre les deux superpuissances étaient en faveur de l’émancipation des territoires et des populations, placés jusque-là sous le joug colonial. Entre 1948 et 1960, les deux rives du Moungo sont le plancher sur lequel se mettent en phase les mouvements qui constituent la symphonie du 1er octobre 1961. La naissance de l’Union des Populations du Cameroun en 1948 et sa revendication de la Réunification comme préalable à l’indépendance ; les créations du Kamerun National Congresss en 1952 et du Kamerun Nationa Democratic Party en 1955 et l’extraordinaire divergence de vue sur l’avenir du Cameroun sous tutelle britannique ; l’indépendance du Cameroun sous tutelle française le 1er janvier 1960 ; ont permis aux deux chefs d’orchestre que sont Ahmadou Ahidjo et John Ngu Foncha de mener la cadence de la Réunification le 1er octobre 1961.

     

    Ce ne fut pas une musique larghetto. Les chefs d’orchestre, avec des méthodes parfois discutables, ont battu les nuances et les cadences pour donner un son digeste. La première étape fut le plébiscite du 11 et du 12 février 1961, la seconde, la Conférence de Foumbam du 17 au 21 juillet 1961, puis vint la constitution du 1er septembre 1961. Le chant du fédéralisme sous fond d’une gestion bilingue et biculturelle de l’Etat, sonnait alors dans l’ensemble des 475 442 km2 que constituait désormais la République Fédérale du Cameroun. 

     

    Unis sous la même République, les fils du Cameroun ont essayé de mettre en harmonie le chœur, mais très vite, il est apparu qu’en réalité, dans le jeu de pouvoir, Ahmadou Ahidjo qui devint le Président de la jeune République Fédérale, avait pris le dessus sur John Ngu Foncha qui obtint le poste de Vice-président, au point où seul Ahidjo donnait le tempo. Les conséquences de l’affaiblissement d’un des maestros, ont été très néfastes à la symphonie du groupe, laissant ainsi observer des paradoxes historiques. 

     

    Les paradoxes historiques camerounais 

    La naissance du Cameroun le 1er octobre 1961 augurait une ère nouvelle dans ce territoire jadis sous la double influence franco-britannique. La tendance pour une gestion 3 bilingue et biculturelle de l’Etat fédéral semblait être très forte. Mais c’était sans compter sur la justesse politique et les ambitions du Président de la République Fédérale. Très vite, l’on voit émerger des attitudes et des décisions ayant une forte capacité de destruction de l’édifice mis en place. Je donnerai quelques exemples qui confirment qu’en réalité, le Cameroun vit une sorte de paradoxe historique. 

     

    Le 20 octobre 1961, par le décret n°61/DF/15, le Président Ahmadou Ahidjo organise l’Etat fédéral en six inspections générales d’administration que sont : le Centre-Sud, l’Est, le Littoral, le Nord, l’Ouest et le Cameroun occidental (jadis anglais). Dans la pratique, l’Etat fédéré du Cameroun occidental ayant à sa tête John Ngu Foncha, Premier Ministre du Cameroun Occidental et Vice-président de l’Etat Fédéral, était désormais sous le commandement d’un Inspecteur Fédéral. Cette situation avait provoqué l’ire de la classe politique de cette partie du pays. Mais c’était sans compter sur la détermination du Président Ahidjo de faire oublier l’étape qu’était la Réunification. Car en réalité, s’il a accepté l’organisation d’un plébiscite, c’était pour deux raisons.

     

    La première est à trouver dans sa volonté de réorganiser, ou du moins de rééquilibrer les forces dans la partie septentrionale en faisant entrer une partie importante des populations qui échapperaient par leur histoire à la domination peule. La deuxième raison est le souci de passer très vite à autre chose. En réalité, le Président Ahidjo avait une aversion pour les défenseurs de la Réunification. Non pas qu’il y était fondamentalement opposé au principe, mais plutôt parce que la Réunification, bien qu’elle soit faite après l’indépendance du Cameroun français, n’en demeurait pas moins une idée émise par l’Union des Populations du Cameroun.

     

    La méthode Ahidjo ne s’arrête pas à ce niveau. Premier paradoxe. La naissance de la République fédérale avait imposé une institution parlementaire à trois visages : deux assemblées législatives et une Assemblée Nationale Fédérale. L’article 54 de la Constitution du 1er septembre 1961, disposait qu’un député représenterait quatre-vingt mille personnes. C’est en conformité avec cette disposition que le Cameroun Occidental fut représenté à l’Assemblée Nationale Fédérale par dix députés et le Cameroun oriental par quarante députés. La coloration politique était composée des membres du Kamerun National Democratic Party et l’Union Camerounaise. Il allait de soi que ces deux partis formeraient chacun un groupe parlementaire au sein de la Chambre.

     

    Malheureusement, lorsque l’Assemblée Nationale Fédérale ouvrit ses portes le 14 mai 1962, il existait un seul groupe parlementaire dit groupe de l’unité. Le Président Ahidjo avait fini par convaincre le Vice-président de la République Foncha, de la nécessité qu’il y avait à fusionner les forces 4 politiques siégeant à l’Assemblée Nationale Fédérale. Ce coup de force enlevait aux députés du KNDP un mécanisme important de la vie parlementaire. Avec un groupe parlementaire unique ayant à sa tête un des proches du président Ahidjo, l’Assemblée Nationale Fédérale que présidait Marigoh Mboua Marcel entamait l’aventure parlementaire camerounaise. 

     

    Second paradoxe. 

    Suite à l’unification intervenue le 20 mai 1972, la constitution du 2 juin 1972 disposait que le pouvoir parlementaire serait désormais exercé par une Assemblée Nationale. La fédération ayant disparu, la structure parlementaire était composée uniquement de l’instance nationale : exit les assemblées législatives, exit la chambre des chefs du Cameroun occidental. En juin 1973 sont organisées les premières élections législatives de la République Unie du Cameroun. L’Union Nationale Camerounaise unique parti politique, investit les candidats. Une ère nouvelle semble alors s’ouvrir pour la vie parlementaire. Désormais, le découpage parlementaire est repris à zéro, la mandature allant de 1973 à 1978 devenant la première du genre. Une grave erreur qui constitue le troisième paradoxe.

     

    Comment en effet comprendre que le découpage des mandats parlementaires débute en 1973 pourtant l’institution est vielle de deux mandats, voire trois si l’on intègre la période de l’Assemblée Nationale fédérale qui exista entre le 14 mai 1962 et le 1er avril 1964 ? Plus simplement, comment comprendre que l’on veuille reprendre le découpage des mandats parlementaires en gardant comme acquis les effets de la Réunification ? Cette question vaut également pour ce qui est de la célébration de la fête nationale le 20 mai en référence au référendum de 1972. Tous les ans à cette date, les Camerounais des deux rives du Moungo battent le pavé, le prétexte étant la célébration de l’unité nationale. 

     

    Mais à y regarder de près, on est quand-même frappé par une contradiction. Comment en effet vibrer au son de l’unité de part et d’autre du Moungo, quand on sait en réalité que l’Unification intervenue le 20 mai 1972 mettait fin à la Réunification ? La seule explication possible est la survivance du quatrième paradoxe. On célèbre en réalité quelque chose et son contraire. D’où la nécessité qu’il y a à trouver une nouvelle date pour la fête de l’Unité. Le 14 mai me semble plus indiqué car il renvoie au 14 mai 1962, date de la mise en route effective de l’Assemblée Nationale Fédérale regroupant les Camerounais des deux rives du Moungo. Le maintien du 20 mai comme date de la fête nationale a très souvent été à la base de nombreuses protestations des Camerounais de l’ancien territoire sous tutelle de la Grande- Bretagne, tout comme l’est le changement du nom de l’Etat intervenu en 1984.

     

    L’appellation 5 République du Cameroun a été perçue par beaucoup comme le retour à la réalité étatique ayant existé entre le 1er janvier 1960 et le 30 septembre 1961. Mais en réalité, elle était la réponse du fils qui voulait tuer le père en lui, une sorte d’affirmation de son pouvoir. Ces deux événements ont systématisé sans le vouloir, la commémoration du 1er octobre, comme date d’indépendance dans les Régions actuelles du Nord-ouest et du Sud-ouest, en référence à la Réunification. C’est dans ce contexte qu’interviennent les événements d’octobre 2016 qui se sont mués en conflit armé entre les forces de défense et de sécurité et les sécessionnistes. Le Grand Dialogue National convoqué du 30 septembre au 04 octobre 2019, a abouti à certaines résolutions dont la lecture réconforte l’idée du paradoxe historique. Je prendrais volontiers celui de l’octroi d’un statut spécial aux Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et qui a même fait l’objet d’une loi votée à l’Assemblée Nationale. 

     

    Dans l’article 62 de la constitution du 18 janvier 1996, il est reconnu qu’en fonction de leur histoire, certaines zones du Cameroun pourraient bénéficier de statut particulier. Il est clair que cette disposition visait principalement le NOSO. Cette précision est une reconnaissance implicite de la spécificité de ces deux Régions et partant la reconnaissance de la Réunification comme déterminant de l’histoire des un cinquième du territoire camerounais. Le statut spécial accordé au NOSO est le rappel de ce que l’avenir du Cameroun doit se jouer non pas dans le cadre d’une gestion d’un héritage historique linéaire, plutôt en accord avec les 

    réalités d’une gestion hydride des politiques publiques. On pourrait imaginer la mise en évidence de la perspective d’un partage du pouvoir, pourquoi pas une alternance de celui-ci, sous la forme de gré à gré implicitement vécue entre 1961 et 1972 ? 

     

    Le gré à gré comme forme d’alternance au sommet de l’Etat 

    La Constitution du 1er septembre 1961 dans son article 9 disposait que le Président de la République le Vice-président de la République ne devaient pas être originaires du même Etat fédéré. Dans ce contexte, Ahmadou Ahidjo Président de la République Fédérale, avait pour Vice-président John Ngu Foncha. On s’aperçoit qu’au niveau du symbole, les entités impliquées dans la construction du Cameroun se sentaient toutes impliquées dans la gestion de l’Etat. Même s’il est légitime de s’interroger sur la substance des pouvoirs du Vice-président au regard de la plénitude de ceux du Président de la République, il est indiquait d’y voir l’affirmation d’un héritage commun.

     

    Le plus important étant la représentation des Camerounais issus des deux rives du Moungo soient représentés au sommet de l’Etat, laissant libre court à toutes les formes d’aspirations et de combinaisons. Dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui, le retour vers cette forme de représentativité au sommet de l’Etat apparait nécessaire. Je dirais même que c’est un impératif catégorique. Dans ce sens, la constitution pourrait être modifiée en introduisant le poste de Vice-président. Le Vice-président et le Président seraient alors originaires de l’une et l’autre des entités qui constituaient jadis la République Fédérale.

     

    Dans ce cas de figure, le poste de Premier Ministre disparaîtrait. Il ne serait donc pas surprenant que le Président Paul Biya ait l’autorisation, par la Constitution de nommer un Vice-président venant du NOSO. Ceci a l’avantage que le Cameroun cinquante-neuf ans après son acte fondateur, soit enfin dirigé par un Camerounais originaire du NOSO. Le discours du Chef de l’Etat, son comportement depuis le déclenchement de la crise dans le NOSO, la mise en perspective du Premier Ministre, sont des signes qui ne trompent pas. Le Cameroun est en route vers la réconciliation avec son Histoire. Car en tout état de cause, l’une des solutions le plus efficaces dans la guerre contre les sécessionnistes est l’alternance au sommet de l’Etat dans la perspective introduite dès le 1er octobre 1961.

     

  • Stratégie de riposte du Cameroun face à la COVID 19 et de résilience économique et sociale

    Stratégie de riposte du Cameroun face à la COVID 19 et de résilience économique et sociale

    Depuis bientôt trois ans, le Gouvernement du Cameroun poursuit la mise en œuvre de son Programme Economique et Financier (PEF), appuyé par une Facilité Elargie de Crédit (FEC) du Fonds Monétaire International (FMI), dans un contexte économique et social contraint par une série de chocs exogènes et endogènes inédits. Grâce aux efforts concertés du Gouvernement et de ses principaux Partenaires Techniques et Financiers (PTFs), à travers des appuis budgétaires consistants, la croissance économique a rebondi en 2018 à 4,1 % et s’est située à moins de 4 % en 2019.

    Monsieur ALAMINE OUSMANE MEY : Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire

     

    Engagée ainsi dans une démarche de relance d’une croissance durable, notamment en s’éloignant du modèle de croissance fortement dépendant du secteur pétrolier en particulier, l’économie camerounaise est de nouveau impactée par la COVID-19. Il s’agit d’un choc d’une amplitude inhabituelle, qui aura des répercussions à la fois sur les structures d’offre et la vigueur de la demande, qui a jusqu’ici, soutenu le dynamisme de l’activité.

    Le présent document constitue la « Stratégie de riposte du Cameroun face à la COVID 19 et de résilience économique et sociale ». Il expose la réponse du Gouvernement camerounais à la crise sanitaire. Ce document est structuré en trois articulations principales : (i) le contexte actuel dans lequel s’insère cette pandémie, y compris les canaux de transmission, les impacts socio-économiques, ainsi que les défis à relever, (ii) la stratégie de riposte proprement dite, et le plan de financement de ladite stratégie, et enfin (iii) les perspectives.

     

    Le contexte

    Situation de la pandémie

    L’épidémie de Corona Virus, qui a démarré timidement le 17 novembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine centrale était loin de susciter une forte inquiétude, car les autorités chinoises avaient du mal à déterminer l’ampleur de la menace. Mais, en seulement cinq mois, la pandémie s’est propagée dans presque tout le monde entier, engendrant ainsi un ralentissement de l’économie mondiale. Avec plus de 1000 000 morts, l’Europe reste la partie du monde la plus affectée par le Corona Virus. L’Afrique n’est pas à l’abri de cette pandémie.

    Le Cameroun n’est pas épargné par cette pandémie. Il enregistre son premier cas de coronavirus, le 06 mars 2020. En moins de deux mois, il est observé une hausse vertigineuse de cas infectés, et à ce jour, toutes les dix régions du Cameroun sont touchées. Au 14 juin 2020, on dénombrait 48 376 individus testés, dont 9864 cas confirmés, 5 570 guérisons et 276 décès, soit 2,8 % en valeur relative. Le Cameroun est actuellement le pays le plus atteint par cette pandémie en Afrique Centrale.

    Canaux de transmission et conséquences de la COVID-19 au Cameroun.

    En raison de l’ouverture de l’économie camerounaise sur le monde, et du fait que la Chine et l’Union Européenne (UE) sont ses deux principaux partenaires, et sont également les pays les plus durement touchés par cette crise sanitaire, les principaux canaux de transmission de la crise se manifestent en termes de chocs, à la fois sur l’offre et sur la demande (étrangère et domestique).

    Ainsi, s’agissant du tassement de la demande internationale, il procède par la chute des cours internationaux du pétrole, du gaz et la réduction des recettes budgétaires, la baisse des cours internationaux des produits agricoles d’exportation et des autres produits métallurgiques, et la chute des mouvements de transports internationaux vers le Cameroun.

    En ce qui concerne la contraction de l’offre internationale, à travers la réduction, voire la rupture des chaînes d’approvisionnement en biens intermédiaires et de consommation finale en provenance de l’étranger. Ce recul de l’offre internationale se traduit également, d’une part, par une diminution de l’emploi dans ces économies en liaison avec la baisse de l’activité ou la fermeture de certaines entreprises ; et d’autre part, par un besoin urgent de capitaux justifié par le déclin des marchés boursiers. On assistera donc à une diminution des transferts de fonds privés et officiels à destination de l’économie camerounaise, mais aussi un exode des flux de capitaux qui pourrait impacter le solde extérieur.

    Enfin, pour ce qui est de la baisse de l’offre et la demande domestiques, la nécessité de contenir la propagation de la pandémie de la COVID-19 a conduit les autorités camerounaises à instituer une série de mesures d’importance, visant à restreindre davantage les mouvements des personnes, le report de certaines manifestations culturelles et sportives, et à interdire la pratique de certaines activités au-delà de 18 heures sur l’ensemble du pays. Ces mesures de restriction, dont certaines ont été atténuées par la suite, contribuent d’une part, à réduire l’offre domestique, en abaissant la productivité des entreprises, et en renchérissant les coûts de transaction liés à la distribution des produits ; et d’autre part, à contracter la demande domestique avec des conséquences directes sur les revenus des ménages.

    L’évaluation des conséquences économiques et financières de la COVID-19 sur les économies dans le monde est pour l’instant rendue difficile par l’incertitude sur la durée de la crise, la vitesse de propagation de la COVID-19 et l’efficacité de la réponse que les pays y apporteront, aussi bien de manière individuelle que concertée. Toutefois, les premières études démontrent que cette urgence sanitaire de portée mondiale, dégradera les perspectives macro-économiques de tous les pays en 2020 et au-delà.

    S’agissant des conséquences sur l’économie camerounaise, les prévisions de croissance 2020 sont inédites, et se rapprochent d’un niveau de croissance qui n’a pas été enregistré depuis 30 ans. De surcroit, l’évolution de la courbe des variations du PIB par habitant annonce une forte baisse du taux de PIB per capita de -3,6% pour l’année 2020 (FMI, 2020). La hausse des prix de consommation est perceptible sur le marché national, avec un accroissement exponentiel de 0,4 point de plus que celui de 2019 estimé à 2,4%. Le solde budgétaire global, dons compris, deviendrait déficitaire de l’ordre de -4,5 % du PIB d’ici la fin d’année, contre -2,3% du PIB pour l’année 2019. Cette détérioration des finances publiques résulterait à la fois de la baisse des recettes budgétaires et d’une augmentation relative des dépenses publiques.

    La situation monétaire du Cameroun se détériorerait légèrement à travers la baisse des avoirs extérieurs nets, des crédits à l’économie et de la masse monétaire. D’après les prévisions du FMI, le Cameroun connaitra du fait de la COVID 19 une légère baisse de la masse monétaire qui passerait de 24,5% du PIB en 2019 à 24,1% du PIB en 2020, impactant ainsi la capacité d’investissement et le volume de liquidité bancaire.

    La BEAC quant à elle, affirme que la situation monétaire du Cameroun entre février 2019 et février 2020 s’est caractérisée par une augmentation de la masse monétaire induite par une hausse des contreparties, notamment les crédits à l’économie, les avoirs extérieurs et des créances nettes sur l’État. De fait la masse monétaire est passée de 4897,5 milliards de F.CFA en février  2019 à 5598,7 milliards de F.CFA en février 2020 (+701,1 milliards), soit une augmentation de 14,3 % en glissement annuel, c’est-à-dire, avant la survenance de la crise. Du point de vue des composantes de la masse monétaire, les dépôts bancaires et la circulation fiduciaire ont augmenté respectivement de 10,3% et 15,1% au cours de la même période.

    Par ailleurs, d’autres conséquences seraient la chute des cours des matières premières, la pénurie et la hausse de prix de certains produits alimentaires ou manufacturiers, les pertes d’emplois et par conséquent la baisse du pouvoir d’achat, du revenu du travail et de l’épargne.

     Impacts économiques, financiers et sociaux de la crise

    Les impacts de la crise ont été appréciés sur la base de deux approches méthodologiques : la première, selon un modèle de simulation, et la seconde basée sur un sondage d’opinion.

    Ainsi, sur la base d’un Modèle d’Equilibre Général Calculable (MEGC), les simulations faites montrent que (i) le PIB devrait être en net recul par rapport à la situation de référence (4% initialement prévus), pour se situer à près de 0,6% dans le scénario considéré. Soit un recul de 3,4 points ; (ii) Sur le plan sectoriel, le secteur le plus affecté serait le secteur tertiaire ; (iii) le fléchissement des revenus serait de -19,2% pour le Gouvernement, -11,9% pour les entreprises et -15% pour les ménages ; ce qui correspondrait à une perte évaluée à près de 26,4 milliards de F.CFA pour les ménages ruraux, et près de 58,2 milliards de F.CFA pour les ménages urbains ; (iv) le taux de chômage enregistrerait un accroissement par rapport à la situation de référence de près de 163% ; et (v) le niveau des prix enregistrerait une hausse de près de 3,2%.

    En complémentarité des résultats obtenus par la méthode de simulation, une enquête socio-économique placée sous l’égide du MINEPAT et du MINFI, a été conduite par l’Institut National de la Statistique (INS) durant la période avril-mai 2020, sur l’ensemble du territoire sur un échantillon de plus de 1310 ménages et 770 entreprises, y compris les unités de production informelles (UPI). L’objectif principal de cette enquête était d’évaluer rapidement les conséquences socio-économiques immédiates de l’épidémie de la COVID-19 au Cameroun, et proposer selon les scénarios les plus probables, des mesures concrètes de mitigation à court et moyen terme.

    Cette enquête s’inscrit dans le cadre de la stratégie gouvernementale de riposte face à la COVID 19 ; elle complète l’évaluation des impacts de cette pandémie par la méthode de simulation, précise et structure les mesures de soutien et de résilience socio-économique à travers l’approche par sondage. Ainsi, sur la base des résultats de ladite enquête, il ressort que les populations sont suffisamment informées de l’existence de la COVID 19, et ont connaissance des mesures prises, et qu’elles adhèrent à l’application des mesures barrières. En outre, on relève un impact négatif sur les activités des entreprises dont l’ampleur varie selon le type d’entreprise.

    De manière générale, des risques importants d’arrêt d’activité pèsent sur la quasi-totalité des entreprises ; la baisse de la demande intérieure, les difficultés d’approvisionnement, d’écoulement des produits et de financement extérieur sont les principaux canaux de transmission des effets de la COVID 19 sur l’activité des entreprises. La transmission des effets entraine la baisse de la production, du chiffre d’affaires et des effectifs, ce qui amène les entreprises à adopter la réduction des heures de travail, des salaires, comme mesure de résilience économique. Aussi, 53% de chefs d’entreprises préconisent la levée des mesures de restriction sur les activités économiques.

    Les UPI (59%) et les PME (44%) souhaitent la levée de la restriction des activités sur les bars, la restauration et les transports, alors que les grandes entreprises (33%) souhaitent la levée de la restriction sur la fermeture des frontières. En ce qui concerne les mesures relatives à la relance de l’économie, les chefs d’entreprises mettent en relief la nécessité : (i) de revoir la politique fiscale (40% des entreprises), soit en suspendant la collecte de l’impôt pendant cette période, le non-paiement de certains impôts ; soit en apportant des subventions à certaines activités jugées sinistrées ; (ii) de leur accorder des aides financières (28%).

    Au niveau des populations, 65% des personnes déclarent que la pandémie a entraîné la diminution du salaire/revenu, tandis que 60% de personnes ont vu leur niveau de vie se dégrader. Cette détérioration est plus accentuée chez les très pauvres (79%). Cette situation se traduit notamment par la recrudescence du chômage et la baisse généralisée des revenus des ménages. Face à ces conséquences, la population a adopté des mesures barrières comme mesures de résilience, et proposent des solutions immédiates, dont l’aide pour les plus pauvres, pour faire face à cette pandémie. Aussi, des politiques de moyen et long terme sont formulées à l’endroit des décideurs pour améliorer la relance et le dynamisme de l’activité après la pandémie.

    Sur la base de ces résultats, les recommandations suivantes sont formulées :

    1. Pour les entreprises, il faut :
    • Atténuer les effets sur leur trésorerie, par l’apurement du stock des crédits de TVA ; la poursuite de l’apurement de la dette intérieure ; l’annulation et/ou l’accord de moratoires pour le paiement de certains impôts ; la facilitation de l’accès au crédit à travers la garantie de l’Etat.
    • Participer à la relance de la demande intérieure, par la priorisation des entreprises locales pour ce qui est de la commande publique, l’intensification de la promotion du patriotisme économique.
    • Atténuer les effets sur les coûts de production en : assurant un contrôle permanent des prix sur les marchés ; mettant en place un mécanisme de veille pour garantir l’approvisionnement suffisant du marché intérieur en biens intermédiaires ;
    • Atténuer l’effet sur les réductions d’employés par des subventions et aides financières aux entreprises, notamment les PME et les entreprises des secteurs à forte intensité de main d’œuvre.
    1. b) Les populations recommandent :
    • Dans l’immédiat  de :
      • Poursuivre la mise en place des mesures barrières les plus importantes, en vue d’empêcher la propagation du virus ;
      • Intensifier les opérations de dépistage systématique et de campagnes de désinfection des lieux publics ;
      • Sensibiliser la population à la non stigmatisation des personnes atteintes de la COVID 19 ;
      • Maintenir et améliorer le système d’éducation à distance pour les enfants ;
      • Garantir un approvisionnement suffisant en produits alimentaires via les activités de la MIRAP.
    • A moyen terme de :
      • Développer les outils de travail et d’apprentissage à distance ;
      • Poursuivre en l’étendant dans les zones non couvertes, la mise en œuvre du Projet « Filets Sociaux ».

    Défis à relever pour lutter contre la pandémie

    Les défis à relever pour riposter contre la COVID 19 sont de plusieurs ordres. S’agissant des défis immédiats, ils consistent à (i) sauver des vies humaines ; et (ii) sauver, soutenir  et relancer le secteur productif.

    Pour ce qui est des défis à court terme, il s’agira essentiellement (i) Sur le plan sanitaire, de renforcer l’offre du système de santé en infrastructures et la formation des personnels de santé des formations sanitaires ; (ii) Au niveau économique, d’adopter dans les plus brefs délais une Loi de finances rectificative 2020, d’apporter un soutien budgétaire temporaire et ciblé, sous forme des transferts monétaires et/ou des kits alimentaires, pour protéger les couches des populations les plus vulnérables, et de soutenir le secteur privé pour permettre aux entreprises de poursuivre leurs activités et maintenir les emplois, y compris ceux du secteur informel. Enfin, iii) Sur le plan social, de renforcer les efforts visant à assurer la sécurité alimentaire des populations d’une part, et d’adopter des mesures de résilience en faveur des communautés rurales qui vivent de la commercialisation légale des produits de la chasse et de la forêt. En outre, des actions seront prises pour accélérer la substitution des produits alimentaires importés par des produits locaux d’égale valeur nutritionnelle.

    Concernant les défis à moyen et long terme, Ces défis s’inscrivent dans le processus d’opérationnalisation de la deuxième phase de la Vision à l’horizon 2035, en renforçant dans la stratégie 2020-2030, les aspects sur le développement du capital humain en général, et du système de santé singulièrement ; pareillement, l’option de la transformation structurelle adoptée devra être complétée par des politiques audacieuses de résilience sociale à l’effet de réduire à un niveau acceptable les inégalités et la pauvreté à l’horizon de la stratégie.

    La Stratégie de riposte du Cameroun face à la COVID 19 et de résilience économique et sociale

    La situation critique actuelle exige des politiques audacieuses et un volontarisme économique avéré, articulés dans une Stratégie de riposte et de résilience pour limiter les effets négatifs induits de cette crise sanitaire, et préserver les acquis du Programme de consolidation budgétaire. Cinq (05) principaux piliers constituent l’ossature de ladite stratégie, non compris les mesures de viabilité budgétaire du Gouvernement, dont : (i) la riposte sanitaire ; (ii) la résilience économique et financière ; (iii) l’approvisionnement stratégique ; (iv) le renforcement de la recherche et de l’innovation ; et enfin (v) la résilience sociale.

    Le premier pilier qui porte sur la riposte sanitaire, comporte des mesures de nature à renforcer le système de santé, notamment l’identification, la prise en charge et le traitement rapide des cas avérés, mais aussi l’action préventive à travers la sensibilisation de masse sur le respect des règles d’hygiène de base et le port de masque, la recherche active des cas suspects, et enfin la décontamination systématique des zones à risque.

    Pour le second pilier sur la résilience économique et financière, il s’agit ici de mettre en œuvre une panoplie des mesures administratives, fiscales, douanières et financières en direction du Gouvernement, des entreprises et des acteurs du secteur informel pour préserver l’activité économique, l’emploi et partant la croissance économique.

    Les mesures à mettre en œuvre dans le cadre du 3ième pilier sur l’approvisionnement stratégique devront permettre d’assurer la continuité de l’approvisionnement en produits de première nécessité, notamment les produits alimentaires et les produits pharmaceutiques, mais aussi de garantir une fourniture permanente en produits pétroliers.

    L’objectif du 4ième pilier sur le renforcement de la recherche et de l’innovation est de mettre en place des mesures structurelles en réponse aux enseignements tirés de la crise, eu égard à la fragilité et à la dépendance de notre économie. En particulier, il s’agira d’exploiter la disponibilité annoncée de financements en faveur des structures de recherches, de manière à promouvoir la production locale des biens de première nécessité, notamment pour ce qui est du matériel médical.

    Pour ce qui est du 5ième pilier sur la résilience sociale, il s’agit des mesures à prendre pour alléger les difficultés auxquelles les ménages et les populations vulnérables auront à faire face, du fait de nombreuses restrictions instituées dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Ainsi, en plus de l’extension du programme des filets sociaux et des mesures de prise en charge des factures d’eau et d’électricité, d’autres mesures additionnelles sont envisagées, notamment l’installation des points d’eau/stations de lavage des mains pour les ménages sans accès à l’eau, et l’utilisation des réseaux communautaires pour l’organisation des campagnes de sensibilisation.

    Il convient de noter que l’opérationnalisation de la stratégie de riposte intègre (i) les instances de mise en œuvre de la stratégie, à savoir une instance de pilotage, un mécanisme de coordination et un dispositif de suivi-évaluation pour permettre à la Stratégie de riposte d’atteindre les objectifs fixés ; (ii) les considérations générales pour la mise en œuvre de la stratégie, avec pour but d’assurer la cohérence avec les autres stratégies déjà encours, notamment la stratégie de développement post-DSCE et le Plan de Reconstruction et de Développement pour les Régions du Nord-Ouest et le Sud-Ouest (PRD/NOSO), mais aussi de capitaliser les avancées dans le processus de décentralisation. (iii) les considérations d’efficience, de transparence et de redevabilité dans la gestion des finances publiques, eu égard au fait que l’urgence de la réponse ne doit laisser de place à aucune irrégularité et /ou opacité dans les processus et procédures.

    S’agissant du financement de la Stratégie de riposte intégrant l’objectif de viabilité budgétaire du gouvernement, il est basé sur la mobilisation des ressources de trois ordres : Le fonds national de solidarité mis en place par le Président de la République, le budget de l’Etat, y compris la restructuration de la dette, et le Basket Fund alimenté par les Partenaires Techniques et Financiers. L’objectif recherché ici est d’assurer une mobilisation plus efficace des ressources financières auprès des Partenaires Techniques et Financiers (PTFs), tout en mettant en place un dispositif de rationalisation et de priorisation des dépenses du Gouvernement. A cet effet, il serait indiqué de : (i) recourir aux différentes facilités d’urgence mises en place par les PTFs (FMI, BM, BAD, SNU, etc.) ; (ii) solliciter auprès de certains PTFs, la restructuration de notre dette extérieure ; (iii) solliciter auprès de certains bailleurs des moratoires sur le paiement du service de la dette extérieure, notamment non concessionnelle ; (iv) soumettre des requêtes aux PTFs ; (v) procéder à des ajustements budgétaires à l’effet de prendre en compte les besoins nécessaires au financement des plans de riposte sanitaire et socioéconomique.

    Les perspectives

    Bien que les effets de la pandémie du Corona Virus soient très préjudiciables pour l’économie camerounaise, ce marasme offre des opportunités pour revisiter le modèle économique camerounais et le rendre compatible avec notre ambition d’être un pays émergent dans un contexte où l’incertitude et la montée des risques de tout ordre sont devenues les principales variables d’ajustement. Par ailleurs, une lecture attentive de l’histoire économique amène à subodorer qu’un nouveau paradigme se dessine à l’horizon, avec la consolidation de l’économie numérique, comme système dominant. En outre, cette crise a révélé les faiblesses de nos structures socio-collectives et économiques, en mettant en exergue les problèmes d’infrastructures sanitaires, la dépendance des marchés à l’égard des biens et services importés, la déconnexion de nos structures socio-économiques du numérique, l’importance de la demande intérieure dans le PIB,  etc.  

    Afin de renforcer la résilience de l’économie camerounaise et assurer une relance adéquate de la croissance économique durable et équitable pour l’ensemble des camerounais, certaines mesures de politique socio-économique sont recommandées à l’instar de l’opérationnalisation des axes fondamentaux de la Stratégie Nationale de Développement sur la transformation structurelle de l’économie camerounaise. De fait, il s’agit de permettre aux entreprises nationales d’être plus compétitives, tout en améliorant l’attractivité de la destination Cameroun, notamment (i) mettre en œuvre la politique de diversification de certaines filières porteuses au niveau régional (banane plantain, riz, maïs, igname, manioc) et international (café, cacao, hévéa, huile de palme, coton, fruits tropicaux, oléagineux) ; (ii) bâtir également une transformation structurelle basée sur l’agriculture, élargie à des produits/filières chimiques et pharmaceutiques ; (iii) promouvoir l’utilisation des intrants agricoles locaux dans le processus de production des grandes entreprises au Cameroun .

    Par Monsieur ALAMINE OUSMANE MEY

    Ministre de l’Economie, de la Planification

    et de l’Aménagement du Territoire

  • Zone Cemac : La Guinée Équatoriale et le mur de la honte

    Zone Cemac : La Guinée Équatoriale et le mur de la honte

    Depuis quelque temps, les nouvelles sur la frontière entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale sont loin d’être les meilleures.

     

    La construction d’un mur barrière par la Guinée Équatoriale à sa frontière avec le Cameroun, remettant du coup en cause le processus de la libre circulation des biens et des personnes, pilier majeur du processus d’intégration régionale en zone CEMAC, porte une atteinte significative au dit processus d’intégration régionale. Œuvre d’une politique étrangère hostile au processus de construction communautaire, le mur construit par la Guinée Équatoriale pourrait être la manifestation éclatante de la transposition de l’intérêt national et des préférences des États membres de la CEMAC comme besoins supra communautaires.

    En effet, la politique étrangère est un thème sectoriel de la science des relations internationales. Pour Hans Morgenthau, il s’agit d’un sujet très prisé des internationalistes qui, de tout temps, ont voulu «comprendre la politique étrangère». Elle peut être comprise comme «l’instrument par lequel l’État tente de façonner son environnement politique international». De ce point de vue, il s’agit d’une politique publique «mise en œuvre par les services de l’État avec des moyens précis, dans le but d’atteindre des objectifs bien définis». La politique étrangère va être saisie dans le cadre de ce travail comme toute vision formulée par un État pour structurer son rapport à l’international. Cette vision décline les objectifs de l’État, la conception de sa place et de son rôle dans l’ordre international. Cela inclut dans cette acception le discours qui structure cette vision, les stratégies et les moyens de celle-ci.

    Ce travail vise à analyser la politique étrangère de la Guinée Équatoriale en tant que facteur de neutralisation du processus de construction communautaire.

    Dès lors, comment comprendre la politique étrangère violente, mieux, les choix politiques hostiles de la Guinée Équatoriale dans la zone CEMAC?

    Notre hypothèse est que, la politique étrangère d’un État peut aussi bien dynamiser, voire propulser la dynamique d’intégration régionale, tout comme elle peut neutraliser ladite dynamique, le tout étant dans les objectifs définis par cet État dans ses relations avec l’extérieur; et la Guinée Équatoriale semble bien vouloir profiter de la liberté qu’elle a dans la définition de sa politique étrangère pour reconfigurer et adapter, en fonction de ses besoins, la scène internationale CEMAC.

    La politique étrangère de la Guinée Équatoriale dans l’espace CEMAC pourrait donc se résumer comme la contestation de l’ordre géopolitique préétabli et la maitrise des «enjeux géopolitiques» au sens de Jean Lucien Ewangue en Afrique centrale CEMAC.

     

    La politique étrangère de la Guinée Équatoriale ou la contestation de l’ordre géopolitique préétabli.
    Aux origines de la mise en œuvre de la politique étrangère hostile de la Guinée Équatoriale dans l’espace CEMAC se trouve une volonté inavouée de cette dernière de protester contre un ordre géopolitique établi par ses pairs de la CEMAC à un moment donné de l’histoire politique de l’organisation sous régionale: le consensus de Fort-Lamy.

    Le Consensus de Fort Lamy ou le partage géopolitique de l’Afrique centrale UDEAC/CEMAC sans la Guinée Équatoriale.

    Le consensus de Fort-Lamy, de l’ancienne appellation de la capitale du Tchad, actuellement Ndjamena, s’entend par Paul Elvic Batchom comme «le reflet des rapports de force à un moment précis de l’histoire d’une institution, l’état d’esprit d’un moment». Autrement dit, le consensus de Fort-Lamy, adopté en 1975, est un accord conventionnel relevant de l’ordre de la coutume, c’est-à-dire, non écrit, qui répartissait les postes de compétence de l’UDEAC/CEMAC entre les États membres de cette instance institutionnelle.

    Du coup, grâce à ce consensus la répartition des postes au sein de l’UDEAC/CEMAC disposait que le siège de la BEAC se trouvait essentiellement à Yaoundé au Cameroun et le gouvernorat était assuré par le Gabon. Les destinées de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) revenaient à un Congolais, tandis que la Commission — ancien secrétariat de l’UDEAC — dont le siège se retrouve à Bangui en RCA revenait à un Camerounais. Le Tchad quant à lui assurait le secrétariat de la BEAC.

    Au regard de ce qui précède, le constat est clair. La Guinée Équatoriale ne figurait pas dans la répartition des postes au sein de l’UDEAC/CEMAC. Fait compréhensible cependant, puisque cette dernière n’était pas à la fondation de l’organisation sous régionale.

    Les réaménagements institutionnels effectués au lendemain de la création de la CEMAC le 16 mars 1994 à Ndjamena au Tchad, avec la création et la mise en service du Parlement CEMAC, avaient pour objectif principal d’intégrer la Guinée Équatoriale dans la géopolitique sous régionale. C’est exactement dans ce sens que dès la création du parlement communautaire, il avait été décidé de donner le siège de ladite institution législative à la Guinée Équatoriale; question de calmer ses ardeurs revendicatrices dans la sous-région CEMAC. Peine inutile, car aussitôt que l’organe avait été mis en place, la Guinée Équatoriale comprit qu’elle n’influençait pas véritablement le processus décisionnel de la CEMAC. Il fallait donc viser plus loin et engager la contestation de l’ordre géopolitique préétabli: c’est la rupture du consensus de Fort-Lamy.

    La rupture du consensus de Fort-Lamy ou le changement du rapport de force dans l’espace CEMAC.
    Dans son article intitulé «Valeurs et puissance dans les relations internationales: de la construction axiologique d’une dynamique hégémonique en Afrique centrale», le professeur Paul Elvic Batchom écrit: «La puissance est une donnée construite dans les rapports entre États. Sa construction est souvent favorisée par l’invocation des normes et valeurs qui justifient l’action hégémonique des puissances de la scène internationale».

    Autrement dit, la volonté de puissance de la Guinée Équatoriale dans l’espace CEMAC et son action hégémonique dans la sous-région devait passer par l’invocation du consensus de Fort-Lamy, qui fut à l’époque une norme en total déphasage avec les ambitions hégémoniques de la Guinée Équatoriale, pour aboutir à un contrôle presque total de la sous-région en passant par la réforme institutionnelle au sens de Patrice Libom Badjang.

    La maitrise des enjeux géopolitiques dans la sous-région Afrique centrale/CEMAC.
    Dans son article intitulé «Comment la Guinée Équatoriale défend ses frontières et son pétrole», Jean Lucien Ewangue montre que la Guinée Équatoriale qui, jadis était considérée comme l’un des pays les plus pauvres de l’Afrique centrale CEMAC, fait, depuis quelques années, l’objet de toutes les convoitises. Du fait de la découverte dans son sous-sol d’importants gisements de pétrole, de nombreux acteurs multiplient des stratégies pour contrôler cette ressource équato-guinéenne. Autrement dit, la Guinée Équatoriale se déploie sur la scène CEMAC avec pour objectif principal la protection de son pétrole et par conséquent de ses frontières.

    Le pétrole, source de richesse et de puissance équato-guinéenne.
    «Et si la raison du plus riche était la meilleure?». Ainsi, Paul Elvic Batchom introduisait son article intitulé «La rupture du consensus de Fort-Lamy ou le changement du rapport de force dans l’espace CEMAC».
    En effet, dans la production pétrolière de l’Afrique centrale CEMAC, la Guinée Équatoriale se trouve largement en tête des producteurs, suscitant la convoitise de ses voisins. C’est dans ce jeu d’abondante production pétrolière que la Guinée Équatoriale tente de reconfigurer la scène internationale Afrique centrale au gout de ses intérêts de l’heure.

    C’est la raison pour laquelle Ntuda Ebode écrit: «La Guinée Équatoriale, en tant qu’électron libre dans la nouvelle configuration des alliances dans l’espace CEMAC et soucieuse d’exister dans un environnement sous régional où la plupart de ses voisins sont plutôt de grands États, ne peut s’affirmer qu’en s’opposant, c’est-à-dire, qu’en pivotant. Sa diplomatie ne peut donc être qu’une diplomatie de conjoncture, faite d’alliances instables et changeantes, en fonction de ses intérêts du moment». L’enrichissement subit de cette ancienne colonie espagnole dont le Cameroun hébergeait et faisait travailler les réfugiés politiques de l’ère Macia Nguema dans des plantations industrielles de Mbanjock et d’Akonolinga pour citer Delmas Tsafack, a conduit cet État à revoir sa politique étrangère dans la zone CEMAC.

    La défense des frontières terrestres et maritimes par la Guinée Équatoriale.
    Le désaccord constaté entre les États de la zone CEMAC au sujet de la question de la libre circulation des personnes trouve ses fondements dans un faisceau de facteurs éminemment subjectifs. Ici, la subjectivité tient au fait que les raisons de la discorde renvoient à des constructions imaginaires plus ou moins entretenues par les pouvoirs politiques locaux, particulièrement au Gabon et en Guinée Équatoriale.

    Trois mythes tenaces paraissent soutenir la forte réticence de ces deux États à «ouvrir» largement leurs frontières aux flux migratoires étrangers, qu’ils soient intracommunautaires ou non, de même que l’attitude ouvertement xénophobe de leurs populations respectives à l’égard des «frères» de la sous-région.
    En effet, la Guinée Équatoriale conçoit la libre circulation des personnes comme un stratagème destiné à masquer un projet d’envahissement de la Guinée Équatoriale et éventuellement sa déstabilisation.

    Pour manifester contre cette immigration jugée par les autorités équato-Guinéennes de clandestine, ces dernières ont fait recours à des expulsions massives, comme nous l’apprend Yves Alexandre Chouala, des ressortissants des autres pays de la sous-région (en l’occurrence le Cameroun), faisant de la Guinée Équatoriale «un exemple de blocage du processus d’intégration en Afrique centrale». Cette psychose contre une éventuelle invasion s’illustre à travers ces propos du président Obiang Nguema, parlant du Cameroun: «Faites attention aux étrangers et surtout aux Camerounais, car ces derniers ont eu de l’argent du pétrole avant, et leurs gisements pétroliers étant déjà épuisés, ils cherchent à nous envahir».

    En somme, pour une dilution des préférences de la Guinée Équatoriale dans l’intérêt communautaire, il conviendrait que les autorités de la CEMAC mettent en place une citoyenneté communautaire tout en récitant ces propos du président Ali Bongo, prononcés le 16 mars 2013 à l’occasion des Journées CEMAC: «À côté des marchés, faisons place à des activités propres à promouvoir la solidarité, la coopération, l’association, la mutualité et l’intérêt général.

    Ce sera une œuvre passionnante que de donner un contenu social à la CEMAC. Il sera exaltant de voir nos populations s’associer, au-delà de leurs différences et de leurs opinions diverses, pour que la CEMAC ne soit pas qu’un lieu d’affaires et de finance, mais plutôt l’œuvre puissante d’hommes qui construisent leur histoire commune».

    François Aurelien NGUENDIA

    Diplômé de l’IRIC/ IRMIC

    Chercheur indépendant