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Le Sénat français la main dans le sac

Habituée à faire la pluie et le beau temps en Afrique, progressivement confrontée à une situation qui lui sort du contrôle, au lieu d’adopter une attitude réaliste de collaboration et de dialogue, la France reste empêtrée dans ses complexes de maître absolu des pays africains. Incapable de se remettre en question et de se mettre à jour, elle ne comprend toujours pas que ce qui se passe en ce moment en Afrique contre la France ne relève plus de simples dénonciations.

Représentant spécial de l’UPC en Afrique Centrale et Australe Président de l’Alliance Patriotique

Pourquoi les deux tiers du sénat français ont voté pour la réforme du Franc CFA? Peut-on ratifier une réforme d’une monnaie que l’on n’utilise jamais soi-même et qui appartient aux autres? Comment se fait-il qu’un pays européen puisse se doter de droits et de moyens lui permettant de piller librement les pays africains pourtant dits indépendants? Qu’est-ce qui fait courir la France? Pourquoi tant de fébrilité de la classe dirigeante française?

Le Franc CFA : un symbole de l’amnésie, de l’ingratitude et de la cruauté de la France
Depuis la Deuxième Guerre Mondiale, on se demande souvent comment un grand pays comme l’Allemagne, s’est laissé entraîner par la folie expansionniste suicidaire d’Adolf Hitler. Et pourtant sous nos yeux, nous voici aujourd’hui en 2021 face à une France qui solennellement, sereinement au su et vu de la Communauté dite internationale, sans échanger avec les pays africains, prend des décisions unilatérales ayant une forte incidence dans la vie de ces pays.

Et pourtant «Plus jamais ça ! Plus jamais de barbarie fasciste!», criait-on un peu partout en Europe après la Deuxième Guerre Mondiale. Mais voilà qu’aujourd’hui, l’histoire se répète avec une France qui perpétue depuis près de 80 ans un nazisme monétaire en Afrique.
L’histoire du Franc CFA commence après la Deuxième Guerre Mondiale, lorsque la France sortie de la salle de réanimation, se donne deux principaux objectifs : résoudre ses problèmes matériels et financiers tout en empêchant à tous prix l’émancipation et l’indépendance des pays africains.

À la fin de la Deuxième Guerre Mondiale la France était exsangue, extrêmement affaiblie économiquement, militairement et financièrement par l’invasion nazie allemande. Elle ne s’en sortit que grâce aux pays africains et au Franc CFA.

Alors que sans les soldats africains dont la participation dans la Deuxième Guerre Mondiale fut décisive et exceptionnelle, la France et l’Europe ne se seraient pas libérées du fascisme allemand, alors que sans l’Afrique la France n’aurait pas été ce qu’elle a été après cette guerre et est aujourd’hui, le général De Gaulle, amnésique, fasciné par les ressources de l’Afrique, aveuglé par sa cruauté et sa cupidité, n’avait trouvé que le Franc CFA comme remerciements aux sacrifices inouïs des Africains pendant cette guerre. Il offrit à l’Afrique le Franc CFA afin de mieux l’enchaîner, l’étrangler et l’asphyxier.

On peut simplement constater aujourd’hui 80 ans après, ce que sont devenus ces pays africains pendant que la France elle, est une superpuissance avec droit de véto au Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies.

Il faut bien le rappeler aux jeunes générations africaines. À la fin de la guerre, face aux pays africains, la France amnésique et ingrate était confrontée à deux problèmes : le nombre élevé de soldats africains ayant participé à la guerre, et leur nouvel état d’esprit d’émancipation. Ils avaient vu l’Europe et ils tenaient à construire leur continent.

Le dilemme français était lié d’une part aux pensions et divers subsides de Guerre qui devraient être versés normalement à ces soldats africains, et qui les transformaient en redoutables rivaux financiers des colons français, ce qui était inadmissible pour la France.
D’autre part, ces soldats africains avaient perdu tous les complexes d’infériorité vis-à-vis des français, pour les avoir côtoyés et avoir assisté à leurs peurs et faiblesses face à l’ennemi fasciste, puisque le plus souvent, ce sont ces soldats africains qui donnaient les assauts et accomplissaient les missions les plus dangereuses et délicates.

Afin de diminuer le pouvoir financier des soldats africains, De Gaulle faisait d’une pierre deux coups en créant cette nouvelle « monnaie de singe » uniquement utilisable dans les colonies : le Franc CFA

Une course désespérée contre le sens et la marche de l’Histoire
Quelque temps après son annonce de la fin du Franc CFA, voilà la ratification de sa réforme par l’écrasante majorité du sénat français d’une monnaie, disons-le clairement, qui n’a jamais été une propriété de la France. Alors que la grogne monte un peu partout en Afrique, alors que les africains ne veulent plus de cette France négrière et parasitaire, celle-ci tient à tous prix à continuer le pillage de notre continent.

Pendant que tout le temps l’on ne parlait que de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Ouest, la France s’est retrouvée avec une sourde et très silencieuse révolution pacifique en Afrique centrale : au moment même où elle s’était préparée à la glorification tous azimuts du général De Gaulle, lors du Colloque international France-Afrique du 27 octobre 2020 à Brazzaville, la France se faisait rattraper par sa politique hautaine et chargée de mépris vis-à-vis de l’Afrique.

Elle se faisait surprendre par la froideur et la clairvoyance des chefs d’États de l’Afrique centrale, qui, par les voix des présidents Denis Sassou Nguesso et Idriss Deby Itno, lui exigeaient et lui faisaient accepter solennellement, la réécriture de l’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale, avec les hauts faits de leurs dignes soldats, la place méritée du continent au Conseil de sécurité des Nations unies, et les monuments historiques des braves soldats africains, pour leur héroïque participation dans la libération de l’Europe et de la France du nazisme hitlérien.

Contrairement à ce qui se disait, les dirigeants de l’Afrique centrale ne dormaient pas, il suffit de voir ce qui se passe actuellement en République Centrafricaine où tel Barthélémy Boganda, le président Touadera est en train de mettre fin à l’éternelle présence militaire française, principale source des problèmes de ce pays et véritable obstacle à la création d’un État centrafricain crédible et maître de toute la Centrafrique.

Habituée à faire la pluie et le beau temps en Afrique, progressivement confrontée à une situation qui lui sort du contrôle, au lieu d’adopter une attitude réaliste de collaboration et de dialogue, la France reste empêtrée dans ses complexes de maître absolu des pays africains. Incapable de se remettre en question et de se mettre à jour, elle ne comprend toujours pas que ce qui se passe en ce moment en Afrique contre la France ne relève plus de simples dénonciations. Elle ne comprend pas encore qu’afin de gagner les cœurs des africains, elle devra reprogrammer son logiciel de pensées selon les normes du 21e siècle en s’imaginant notamment une Afrique qui s’appartient.
Elle n’a pas encore compris qu’elle ne sera plus en paix sur notre continent aussi longtemps qu’elle ne demandera pas des excuses officielles pour son ingratitude, qu’elle devra payer toutes les compensations financières nécessaires, et construire des monuments en France aux soldats africains tombés pour sa libération.
Les gesticulations actuelles du sénat français prouvent très bien que ce n’est pas par de bonnes paroles que la France recouvrera la raison. D’une part, les sociétés civiles africaines doivent prendre le taureau par les cornes, en poussant les parlements et les gouvernements africains à prendre toutes les dispositions nécessaires afin de récupérer le Franc CFA des griffes de la France. D’autre part, une mobilisation panafricaine voire mondiale, telle que vécue lors de la lutte contre l’Apartheid et la peste brune est indispensable aujourd’hui, puisque la France, qui ne s’imagine toujours pas une Afrique qui s’appartient, n’est pas prête à lâcher les immenses richesses de notre continent. Si rien n’est fait contre ce fascisme monétaire qui a déjà trop duré, la France l’installera dans la durée pour de nombreuses décennies encore.
L’heure est enfin venue pour le Vatican de dire à sa fille aînée la France, que le continent africain est lui aussi, habité par des êtres humains jouissant des mêmes droits que ceux des Français.

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