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Journal Intégration

Catégorie : INTÉGRATION CONTINENTALE

  • Sommet des chefs d’État, projets intégrateurs… l’impulsion du président de la Commission

    Sommet des chefs d’État, projets intégrateurs… l’impulsion du président de la Commission

    Partition
    Au cours des trente derniers jours, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a continué à faire face à une multitude de défis. Crise sanitaire et économique, fonctionnement des institutions communautaires, diversification des économies, tensions politiques et sécuritaires, mais aussi consolidation de l’intégration régionale, recouvrement de la Taxe communautaire d’intégration (TCI), libre circulation, Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), rationalisation des Communautés économiques régionales (CERs), tout y est passé.

    Pour relever ces défis et conduire le projet communautaire vers sa destinée, une armature institutionnelle existe. Elle a été mise en place par les chefs d’État avec un rôle central et de percussion confié à la Commission de la Cemac. Depuis 2017, c’est à l’ancien Premier ministre du Gabon, le Pr Daniel Ona Ondo, qu’il revient de mettre en musique les actions de cette institution sous-régionale et d’apporter des réponses efficaces au concert de critiques souvent formulées contre l’Afrique centrale.

    Le mois dernier, la partition du président de la Commission de la Cemac était particulièrement attendue. Et elle a consisté à donner le ton et l’impulsion sur certains dossiers prioritaires. Elle a surtout permis au maestro de réveiller l’orchestre et de travailler au succès des échéances à court et moyen termes qui interpellent la Commission. C’est le cas du Sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Cemac prévu pour la mi-août. C’est aussi le cas des projets intégrateurs dans la mise en œuvre desquels le haut responsable communautaire s’est personnellement impliqué.

    Pour atteindre ses objectifs et éviter toute dissonance, le Pr Daniel Ona Ondo a su rassembler et a notamment travaillé de concert avec d’autres institutions sous-régionales avec lesquelles la Commission doit nécessairement composer. En quelques notes majeures, voici alors retracé tel qu’il l’a réglé lui-même, le mois du président de la Commission de la Cemac.

    Théodore Ayissi Ayissi

     

    Pr Daniel Ona Ondo : Le chef d’orchestre

    Au cours du mois de juillet 2021, le Président de la Commission de la Cemac a multiplié les actions, les cadres de concertation et de prise de décisions pour régler comme sur du papier à musique, les principales articulations de la rencontre au sommet des dirigeants de la sous-région.

    Le président de la Commission de la Cemac donnant le tempo des préparatifs.

    Le personnel et les responsables de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) vivent ces derniers jours au rythme de la préparation d’une rencontre au sommet des dirigeants de la sous-région. Un Sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cemac doit en effet se tenir au plus tard à la mi-août. L’information qui se murmurait déjà dans les couloirs de l’institution sous-régionale, a été confirmée et officialisée pour la première fois par le président de la Commission de la Cemac le 12 juillet dernier. Ce jour-là, le Pr Daniel Ona Ondo a présidé à Malabo en Guinée Équatoriale, une réunion de Cabinet. Au cours de celle-ci, le dirigeant communautaire a alors annoncé à ses proches collaborateurs avoir été «officiellement saisi», et être en attente «d’éléments complémentaires et de la date». Ce faisant, le président de la Commission de la Cemac sonnait du cor et appelait déjà au rassemblement.

    Réunion de Cabinet
    Tenue le 12 juillet dernier, la réunion de Cabinet de Malabo a permis à l’ensemble des responsables de la Commission de la Cemac d’être au même diapason que le président de l’institution. C’est au cours de cette rencontre que ceux-ci ont notamment été informés de l’ordre du jour du Sommet en préparation, ainsi que de la conduite à tenir jusqu’à l’organisation de l’événement.

    S’agissant d’abord des dossiers pressentis pour figurer au menu de la rencontre des chefs d’État, le Pr Daniel Ona Ondo a indiqué qu’ils devraient pour l’essentiel «reposer sur les questions économiques et monétaires». Bien mieux, le haut responsable a précisé qu’en plus de la «forte connotation économique, des mesures fortes sont annoncées».
    À l’en croire, les chefs d’État de la sous-région devront procéder à «l’évaluation de la situation macroéconomique de la Cemac en contexte de pandémie de Covid-19 et à l’analyse des mesures de redressement». Ainsi décliné, «l’objectif sera de définir de manière concertée une nouvelle stratégie régionale pour sortir de la crise et maintenir nos États sur la voie du développement durable et inclusif», renseigne un communiqué de la Commission.

    Orchestre
    Le défis est donc grand et l’enjeu majeur pour l’ensemble de la Communauté. Fort de cela, le Pr Daniel Ona Ondo a pris le taureau par les cornes et remobilisé ses troupes autour de la réussite de l’organisation de l’événement. Cela a impliqué «d’apprêter les différents dossiers» et de «mettre des responsables sur ces différents dossiers, car nous devons être prêts avant la fin du mois», avait prévenu le président de la Commission de la Cemac le 12 juillet dernier. En véritable chef d’orchestre soucieux d’éviter toute fausse note, le dirigeant gabonais va même éviter le solo de la Commission de la Cemac et prescrire d’associer d’autres institutions. Il a notamment exigé de ses équipes «de mettre en place une coordination technique en collaboration avec le Pref-Cemac, la Beac et l’OCEAC, en vue d’une bonne préparation des dossiers».

    Conseil des ministres de l’UEAC
    Quelques jours auparavant, le 6 juillet 2021 précisément, le Pr Daniel Ona Ondo a présidé «une réunion restreinte qui a réuni les directeurs de cabinets et les responsables des directions supports. L’objectif visé était de préparer l’ensemble des dossiers à soumettre au Conseil des ministres de l’Union économique d’Afrique centrale (UEAC), dont une session extraordinaire est en vue», a rendu compte la Commission de la Cemac le 7 juillet dernier. Selon ce qu’a confirmé le dirigeant communauaire, le Conseil des ministres de l’UEAC sera une importante étape préparatoire du Sommet des chefs d’État. D’où la nécessité pour le responsable de tout régler et de mettre l’ensemble en musique.

    Théodore Ayissi Ayissi

     

    Contre les fausses notes… la discipline

    En veillant à remobiliser ses troupes autour des objectifs à atteindre, le président de la Commission de la Cemac a sonné le glas de l’absentéisme qui avait déjà tendance à faire son lit au siège provisoire de l’institution à Malabo.

     

    La survenue de la pandémie de Covid-19 a donné à relever une fausse note dans l’harmonie que s’emploie à instaurer le président de la Commission de la Cemac. Car, sous le couvert de la distanciation sociale et physique qu’impose la maladie, plusieurs fonctionnaires ont choisi de briller par leur absentéisme. Ce que le président de l’institution sous-régionale a pu constater de ses propres yeux lors d’un retour à Malabo en Guinée Équatoriale.

    En effet, le Pr Daniel Ona Ondo avait trouvé «le bâtiment du siège provisoire de la Commission de la Cemac vide», selon son entourage. Et dans les chiffres, il était clairement établi que «sur un effectif de quatre-vingts (80) fonctionnaires, 28 fonctionnaires étaient absents de leur poste soit, 35% des effectifs», rapporte un communiqué du 29 juin dernier. Le dirigeant communautaire avait alors dû sonner la fin de la récréation et procéder à la suspension de solde d’une dizaine de fonctionnaires.

    C’est cette réalité qui a été rapportée au Collège des Commissaires dont les travaux avaient débuté le 23 juin dernier. Dans un communiqué de la Commission publié à ce sujet le 30 juin 2021, on a alors appris que l’organe sous-régionale s’est montré solidaire du président de la Commission. Puisqu’il a été demandé au «DRH de tout mettre en œuvre afin que les fonctionnaires absents (…), regagnent leurs postes de travail dans les plus brefs délais, faute de quoi, ils s’exposent aux sanctions telles que prévues par les textes en vigueur».

    Entre-temps, trois directeurs ayant fait l’objet d’une suspension avaient saisi le Comité consultatif de discipline. De sources bien introduites, «leur requête a été rejetée pour irrecevabilité sur la forme». Il leur était reproché de n’avoir pas saisi de façon préalable leur supérieur hiérarchique.

    De son côté, le président de la Commission est revenu à la charge. Il a présidé une réunion avec les responsables de la direction des ressources humaines et a insisté «pour que le travail reprenne pleinement ses droits à la Commission». Aux responsables de la DRH, le Pr Daniel Ona Ondo a prescrit d’éviter «les injustices». «Vous avez des textes et si vous les appliquez bien, vous n’aurez pas de problèmes, car les statuts vous donnent tous les outils pour gérer convenablement les ressources humaines», a-t-il martelé. Tout en prenant le soin de réaffirmer à l’attention du personnel sa volonté de rechercher l’apaisement du climat social. «Je suis pour la paix et je ne veux pas donner l’impression du contraire», a entonné le président de la Commission.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Endettement Pro-Covid-19:La CEA mène un plaidoyer pour l’Afrique

    Endettement Pro-Covid-19:La CEA mène un plaidoyer pour l’Afrique

    La secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe parcourt actuellement les institutions financières internationales afin de porter le cri de l’Afrique qui souhaiterait bénéficier de conditions préférentielles exceptionnelles d’endettement au regard du caractère inédit engendré par la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19.

    Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA

    Le dernier épisode est la discussion du 18 avril 2021 entre Vera Songwe et Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). Objectif : trouver des solutions pour éviter à l’Afrique le piège de la dette après la Covid-19. Vera Songwe et la Commission économique des nations unies pour l’Afrique (CEA) proposent au FMI de mettre à la disposition des pays africains des liquidités et facilités durables. L’Afrique ne devrait pas être laissée pour compte dans la bataille de la relance économique. Ce d’autant plus que pour la CEA, la relance post Covid-19 ne sera pas une course mais un marathon.

    Les déficits budgétaires seront évidents avec la Covid-19. Tous les pays vont passer par là. Y compris les grandes puissances. Il faudra des stratégies innovantes et ambitieuses à l’échelle mondiale pour donner des marges de manœuvres à tous, spécifiquement les pays pauvres dont ceux d’Afrique.

    Première victoire
    En juin 2021, le FMI devrait proposer un plan sur la nouvelle émission et un système de réaffectation des DTS (Droit de Tirage Spéciaux). L’Afrique attend 33,6 milliards de dollars de ce nouveau tirage de DTS. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G-20 ont, en début d’année, réaffirmé les appels au FMI à faire une proposition pour une nouvelle allocation de 650 milliards de dollars en DTS.
    L’Union africaine mène le même plaidoyer depuis l’année 2020 après les premiers déséquilibres dû à la Covid-19.

    Pour Vera Songwe, les pays doivent investir ces fonds de manière à réduire le coût d’emprunt des pays africains sur les marchés mondiaux, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles les pays s’endettent. Elle a demandé qu’environ 30 milliards de dollars de DTS soient investis dans une installation permettant aux pays du continent d’accéder aux marchés à des tarifs plus abordables. Vera Songwe appelle, en plus, à un système dans lequel les pays à revenu élevé qui n’ont pas besoin des DTS peuvent les transférer vers les pays qui en ont besoin. Cet appel va en faveur des pays du G-7, du FMI et de la Banque mondiale. Il a déjà été affirmé avec force lors d’une récente visioconférence qui a réuni le secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen, et les pays du G-20.

    Au niveau du G7, les ministres des Finances du G7 de soutenir l’émission de nouveaux Droits de tirage spéciaux qui aideront les pays en développement à mieux répondre à la crise de Covid-19. «L’accord décisif conclu aujourd’hui entre le G7 ouvre la voie à une action cruciale et concertée pour soutenir les pays à faible revenu du monde, garantissant qu’aucun pays ne soit laissé pour compte dans la relance économique mondiale suite au Coronavirus», a déclaré le Chancelier de l’Échiquier du Royaume-Uni, Rishi Sunak.

    Rappel
    La dernière émission de DTS par le FMI a eu lieu en 2009. Elle a permis d’offrir des volants de financements aux Etats face à la crise financière qui a secoué le monde entre 2007 et 2008. 240 milliards de dollars de DTS avaient été accordés aux pays membres du FMI en réponse à la crise financière mondiale pour injecter des liquidités sur le marché.

    Créés par le FMI en 1969, les DTS jouent un rôle influent dans la finance mondiale et aident les gouvernements à protéger leurs réserves financières contre les fluctuations monétaires mondiales. Ils sont également utilisés comme base des prêts des principales facilités de crédit de crise du FMI, l’institution les utilisant pour calculer ses prêts aux pays dans le besoin et pour fixer les taux d’intérêt sur les prêts.

    Dans son approche adoptée depuis la survenance de la pandémie Covid-19, la CEA plaide en faveur de la prolongation de l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) jusqu’à la fin de 2021 afin de garantir que les pays disposent de suffisamment de liquidités pour répondre et entamer la relance en libérant des ressources pour payer les vaccins indispensables et atténuer les chocs des pays à faible revenu. La facilité de liquidité et de viabilité est un autre moyen important d’aider les pays africains à accroître leurs liquidités.

    Bobo Ousmanou

  • «A la CAN 2022, le Cameroun devra être moins naïf pour espérer atteindre le top de la compétition»

    «A la CAN 2022, le Cameroun devra être moins naïf pour espérer atteindre le top de la compétition»

    Le continent africain dispose d’une pluralité de talents à suivre. Il est essentiel pour la poursuite de la progression de si jeunes joueurs, d’avoir du temps de jeu

    L’Analyste spécialiste en détection des talents en Europe et en Amérique latine s’est laissé séduire par le football africain après le CHAN et la CAN U20. Il livre ses appréciations sur la qualité des compétitions, des compétiteurs et surtout il examine les parcours du futur organisateur de la CAN : le Cameroun.

    Vous avez été un observateur attentif du CHAN et de la CAN U20. Quelles impressions ces deux compétitions continentales vous laissent-elles ?
    Dans l’ensemble, ces deux compétitions ont été plus intéressantes au niveau individuel que collective. J’ai été un peu déçu par la production collective des équipes. Même si d’un point de vue personnel, j’avais beaucoup plus d’intérêt pour la CAN U20, me permettant d’observer le plus de talents que possibles.

    Quelle appréciation avez-vous de la participation du Cameroun à ces compétitions ?
    Concernant le CHAN, le Cameroun a affronté l’équipe vainqueur de la compétition qui était tout simplement la meilleure équipe de la compétition. Le Maroc a dominé toute la compétition et le Cameroun n’a pas montré de ressources pour venir à bout des Lions de l’Atlas.
    Pour la CAN U20, l’équipe a facilement dominé la phase de groupes, réussissant à passer à la phase finale sans aucune défaite. Malheureusement, la compétition s’est arrêtée après un match serré qui s’est décidé à la séance des tirs au but.

    Au terme du CHAN, vous avez dressé un onze entrant des espoirs du football africain. Quels sont les espoirs du football africain qui vous ont frappé ?
    Au cours de cette compétition, j’ai eu une préférence principalement pour les milieux de terrain que j’ai pu observer, il y a eu une vraie richesse à ce poste.

    Hors de l’équipe du Cameroun, je retiens :
    – Morlaye Sylla (Guinée / 1998) : une qualité technique pour influer à différents niveaux. Il s’est montré dominant balle au pied pour éliminer et créer le danger.

    – Soufiane Rahimi (Maroc / 1996) : élu meilleur joueur de la compétition, il est également le meilleur buteur. Une intelligence dans sa façon de lire et exploiter les failles dans la défense adverse afin de se mettre en position de conclure.

    – Ismahila Ouédraogo (Burkina Faso/2000) : solide sur ses appuis, jouant de son gabarit pour protéger la balle et s’orienter malgré la pression adverse. Un élément intéressant pour dominer la base du jeu.

    – Abdoul Moumouni (Niger/2002) : l’un des plus jeunes de la compétition, il a su se distinguer dans cette équipe du Niger. Un milieu actif qui aide dans les premières phases de jeu, un volume de jeu pour influer au niveau défensif et à la construction.

    – Ciel Ebongo Ikoko (RD Congo/2001) : un milieu offensif avec un pied gauche précis qui lui permet d’ouvrir le jeu et amener cette connexion avec l’attaque dans différentes positions.

    Au Cameroun, qui retenez-vous ?
    Au terme du CHAN, deux joueurs ont particulièrement retenu mon attention. En premier, je retiendrai Felix Oukine, un milieu de terrain avec un volume de jeu intéressant pour étendre son influence au niveau défensif et amenant cette précision dans les premières phases de jeu à la construction.

    En deuxième lieu, Gabriel Fils Penda. Il a également été intéressant quand il est apparu sur le terrain. Sa domination athlétique a amené l’équilibre, offrant une assurance sur le jeu direct adverse et soulage son partenaire au milieu de terrain par son activité.

    Vous miserez sur une carrière internationale de ces choix ? Dans un club que vous appréciez comme l’Olympique Lyonnais par exemple? (Rires)
    La marche serait encore un peu trop haute pour rejoindre un club comme l’Olympique Lyonnais aujourd’hui. Pour leurs développements, si on reste dans cette idée de rejoindre un club français, il serait plus intéressant d’assurer du temps de jeu dans un club de plus petit calibre en Ligue 1 ou en Ligue 2 française. Il est essentiel pour la poursuite de la progression de si jeunes joueurs, d’avoir du temps de jeu.

    A la CAN U20, le parcours du Cameroun en poules a été irréprochable. Qu’est-ce qui selon vous explique l’échec en quart de final ?
    Le Ghana est l’un des favoris de la compétition, le match a été serré. Le Cameroun avait fait le plus dur en marquant le premier but lors de la prolongation mais avec un peu de naïveté, l’équipe a concédé l’égalisation directement après. La séance de tir au but reste toujours aléatoire.

    C’est peut-être vos premières expériences d’observation du football africain. Mais peut-on dire que l’Afrique a changé le visage de son football à travers ces deux compétitions ?
    Je connais trop peu le football africain pour pouvoir émettre un avis de comparaison, je pense que ce football peut encore progresser et que cela passera avant tout au niveau structurel. Ce qui semble être en voie de développement surtout avec l’émergence de plusieurs académies sur le continent qui ne cessent de gagner en réputation et qualité.

    Le CHAN, la CAN U20… Peut-on se projeter sur la CAN 2022 ?
    Sans réussir à atteindre la finale, l’équipe a su à chaque fois sortir des phases de groupes. Je pense que la sélection a les moyens de suivre le même chemin. Il faudra moins de naïveté pour espérer atteindre le top de la compétition.

    Vous, particulièrement, avez-vous hâte d’y être ?
    Mon intérêt par rapport à cette compétition se concentrera principalement sur les plus jeunes éléments. Le continent africain dispose d’une pluralité de talents à suivre, comme j’ai pu l’observer à travers le CHAN, la CAN U20. Je vais d’ailleurs essayer de suivre la CAN U17.

    Interview réalisée par Bobo Ousmanou

    Félix Oukine

    Milieu de terrain Coton Sport de Garoua
    26 décembre 1999 (Âge: 21 ans)
    1,78 m
    72 kg
    5 Sélections au CHAN 2020 (5 Titularisations)
    1 Convocation avec les Lions Indomptables A
    «Milieu de terrain avec un volume de jeu intéressant pour étendre son influence au niveau défensif et amenant cette précision dans les premières phases de jeu à la construction. Il offre ce soutien dans l’entrejeu pour recevoir et défendre, une disponibilité pour faciliter les échanges et maintenir la pression dans le camp adverse. De bonnes orientations de jeu, mais peut parfois se précipiter dans sa prise de décision», Mickael Marques

    Gabriel Fils Penda

    Milieu de terrain AS Futuro


    28 mai 2002 (Âge: 18 ans)
    1,84 M
    75 Kg
    5 Sélections au CHAN 2020 (1 Titularisation)
    0 Convocation avec les Lions Indomptables A
    Vainqueur du Tournoi UNIFFAC avec les Lions Indomptables U20 (Capitaine)
    «Sa domination athlétique a amené l’équilibre, offrant une assurance sur le jeu direct adverse et soulage son partenaire au milieu de terrain par son activité. Son placement offre l’équilibre et soutien. Son envergure pour couvrir la base du jeu et offrir ce soutien défensif. Sa taille lui permet de couper le jeu direct, sa force de s’imposer au contact pour limiter les actions offensives dans sa zone», Mickael Marques

     

  • Les investisseurs projettent une forte reprise économique au cours des prochains trimestres

    Les investisseurs projettent une forte reprise économique au cours des prochains trimestres

    En zone Cemac, le marché des titres publics continue d’attirer de plus en plus de financiers. La reprise progressive des activités économiques sert de catalyseur. Sur le marché des prêts de long terme (OTA), qui domine depuis peu le marché, le Cameroun veut lever 225 milliards de FCFA d’ici à fin juin 2021. Sur la séance du 10 février 2021, le taux de couverture du montant mis en adjudication par les soumissions fût de 190.00%, ce qui traduit une confiance réelle et pérenne du marché dans les titres émis par la locomotive de la zone. Les Spécialistes de valeurs du Trésor (SVT), des banques essentiellement, restent séduits par les titres du Trésor public de la zone Cemac. Pour le premier trimestre 2021, six séances de levée de fonds sont prévues. Le Trésor public de la République du Tchad procèdera, le Mercredi 17 février 2021 à l’émission par voie d’adjudication de Bons du Trésor assimilables (BTA) pour une valeur de 7020 en millions de FCFA.

    Les marchés valorisent un retour à la normalisation. De façon globale, il se passe une réorientation sectorielle. On quitte le secteur des Tech qui ont extrêmement bien performé durant la crise, permettant au passage aux investisseurs de réaliser une grosse prise de bénéfices. Le marché anticipe davantage sur une consommation moins digitale, les valeurs technologiques ayant subi de lourds dégagements. La poussée des taux longs américains devrait profiter aux valeurs financières, pétrolières, cycliques et à celles des matériaux de base.

    Sur la semaine écoulée, les grands indices ont pour la plupart cédé du terrain.
    En Asie, le Nikkei recule de 3.5% sur les cinq derniers jours, avec de lourds dégagements ce vendredi (-3.99%). Le Hang Seng a décroché de 5.3% et le Shanghai Composite a perdu 5.1%.

    En Europe, les pertes sont à cette heure moins significatives, à l’image du CAC40 qui enregistre une baisse hebdomadaire de 0.9%. Le Dax cède 1.2% et le Footsie 1.3%. Le secteur bancaire et les valeurs liées aux voyages de l’Espagne font une augmentation de 1.3%.
    Aux Etats-Unis, le Dow Jones résiste, avec une perte hebdomadaire de seulement 0.35%, mais le S&P500 recule de 1.6% et le Nasdaq100 signe la plus mauvaise performance (-4.6%).

    En Afrique, les indices boursiers ont terminé à la hausse, en moyenne. Le BRVM COMPOSITE a clôturé à +2,67% et le BRVM 10 a quant à lui terminé à + 3.89%.
    En mai 2019, l’indice de confiance des investisseurs envers les marchés financiers d’Attijari Global Research ressort quasi stable par rapport à l‘édition précédente, soit à 46,5 points sur une échelle de 100 points. Ce score se situe toujours au niveau de la borne supérieure de la phase d’attentisme.

    Matières premières
    Portés par la faiblesse de la production américaine, les prix du pétrole ont atteint leur niveau de janvier 2020, à 63.5 USD pour le WTI et 67.7 USD pour le Brent. De nouveaux catalyseurs sortiront après la prochaine réunion de l’OPEP+, qui se déroulera les 3 et 4 mars prochains.

    Hausse des rendements obligataires et hausse de l’or ne font pas bon ménage. L’or dans un canal baissier à 1760 USD. L’argent perd également du terrain à 26.8 USD.

    Le rallye des métaux de base s’est poursuivi cette semaine, le cuivre atteignant un nouveau sommet annuel à 9600 USD la tonne métrique.

    Marchés actions
    Les actions se replient alors que les préoccupations en matière d’inflation commencent à poindre.

    Flop de la semaine
    Tesla Inc (NASDAQ:TSLA) l’une des méga-actions les plus spéculatives. Son action est en baisse après avoir atteint un record de 900,40 dollars le 27 janvier. Elle a clôturé mercredi en baisse d’environ 17% par rapport à ce niveau. Hier, elle a encore perdu 8% sur la journée pour clôturer à 682,22 dollars.

    BVMAC
    Bonne nouvelle pour la BVMAC. Une nouvelle offre publique de vente d’actions est en cours. En effet LA REGIONALE procède à l’émission de 196 000 actions pour montant de 8 232 000 000 FCFA. Au niveau mondial, du fait que ce type d’actifs profite des taux d’intéret à la hausse, les valeurs financières ont le vent en poupe.

    Marché obligataire
    Outre-Atlantique, le Tbond progresse vers 1.5%, un niveau psychologique important pour les marchés actions. Une vague de ventes a donc déferlé sur les obligations d’État US, poussant les rendements à la hausse. Cette panique a fait suite aux remarques du président du FOMC, M. Powell, qui considère la hausse des rendements comme une « déclaration de confiance » de la part des marchés, qui renforce le scénario d’une solide reprise. Plusieurs taux sont à leur plus haut depuis un an.

    En Europe
    Le bras de fer entre le marché et les institutions monétaires bat son plein sur les conditions de financement en Europe. Attrait sur les rémunérations des pays du sud de l’Europe malgré le spectre d’une 2e vague du coronavirus.

    Zone Cemac
    Le marché des titres publics continue d’attirer de plus en plus de financiers. La reprise progressive des activités économiques sert de catalyseur. Sur le marché des prêts de long terme (OTA), qui domine depuis peu le marché, le Cameroun veut lever 225 milliards de FCFA d’ici à fin juin 2021. Sur la séance du 10 février 2021, le taux de couverture du montant mis en adjudication par les soumissions fût de 190.00%, ce qui traduit une confiance réelle et pérenne du marché dans les titres émis par la locomotive de la zone.

    Les Spécialistes de valeurs du Trésor (SVT), des banques essentiellement, restent séduits par les titres du Trésor public de la zone Cemac. Pour le premier trimestre 2021, six séances de levée de fonds sont prévues. Le Trésor public de la République du Tchad procèdera, le Mercredi 17 février 2021 à l’émission par voie d’adjudication de Bons du Trésor assimilables (BTA) pour une valeur de 7020 en millions de FCFA.

    Marché de change
    La volatilité caractérise le parcours des différentes devises. D’une séance à l’autre, les mouvements se contredisent, accompagnant la nervosité sur les taux des emprunts souverains à long terme. Ainsi, le dollar reprend des couleurs grâce à la remontée des rendements US. La parité majeure EUR/USD a perdu, par conséquent, 100 points de base en quelques heures à 1.212 USD.

    Après des gains substantiels, l’AUD, le CAD ou encore le NZD qui sont des monnaies liées aux matières premières, sont en nette repli. Des plans de relance massifs font perdre de l’attrait aux devises défensives telles que le CHF et le JPY.

    Sur les bourses africaines
    La nouvelle bourse des matières premières agricoles de Côte d’Ivoire commencera ses activités à la fin du mois prochain, les noix de kola, de cajou brutes et le maïs seront les produits échangés. En attendant le caoutchouc naturel et l’huile de palme. Cette place boursière veut servir de prix de référence de base pour les négociations des contrats commerciaux, qu’ils soient nationaux ou internationaux.

  • Intégration africaine : un levier prioritaire de croissance économique pour la Banque africaine de développement

    Intégration africaine : un levier prioritaire de croissance économique pour la Banque africaine de développement

    La Banque soutient la Vision 2063 de l’Union africaine et s’est pleinement investie pour l’avènement d’une Zone de libre-échange continentale (ZLECAf)

    ABIDJAN, Côte d’Ivoire, 2 février 2021/ — L’intégration régionale fait partie intégrante du mandat du Groupe de la Banque africaine de développement (www.AfDB.org) depuis sa création. Elle figure à cet égard, en bonne place parmi les cinq priorités opérationnelles de l’institution.

    La Banque soutient la Vision 2063 de l’Union africaine et s’est pleinement investie pour l’avènement d’une Zone de libre-échange continentale (ZLECAf) afin que les pays puissent bénéficier des opportunités offertes par un large marché régional et des retombées d’un commerce intrarégional stimulé.

    L’entrée en vigueur effective, le 1er janvier 2021, de la ZLECAf devrait renforcer la croissance économique et accélérer l’industrialisation, explique la Banque africaine de développement dans sa Revue annuelle de l’efficacité du développement (RAED) 2019 parue en décembre 2020.

    La Banque considère également que l’intégration régionale associée à de fortes perspectives de croissance, et tirant profit de l’atout d’une population jeune et du dynamisme des villes, sera un véritable levier de renforcement du potentiel économique de l’Afrique.

    À ce titre, le soutien de la Banque aux pays et aux Communautés économiques régionales (CER), dans le cadre de sa priorité « intégrer l’Afrique » renforce la mise en œuvre de ses quatre autres grandes priorités opérationnelles : nourrir l’Afrique, éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, industrialiser l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique.

    L’institution panafricaine de développement a soutenu le processus de négociation de la ZLECAf et s’est engagée à accroître son appui dans le cadre de sa mise en œuvre.

    La Banque a déjà accordé un don de 4,8 millions de dollars américains à la Commission de l’Union africaine pour financer le projet d’appui institutionnel pour la mise en œuvre de la ZLECAf. Cet appui contribue à la mise en place complète d’un Secrétariat durable et efficient chargé de la mise en œuvre de l’Accord.

    D’importants investissements ont déjà été réalisés par la Banque pour accélérer les échanges intra-africains. Environ 390 kilomètres de routes transfrontalières ont ainsi été achevés pour la seule année 2018. Dans ce domaine, la Banque a privilégié de grands projets intégrateurs comme le pont transgambien encore appelé « pont de la Sénégambie », qui relie le Sénégal à la Gambie.

    Outre la nette accélération des échanges commerciaux intra-africains, ces investissements dans des niches ciblées sur l’intégration africaine consolident la compétitivité des économies africaines.

    La contribution de la Banque à l’intégration africaine se mesure également à travers la production et la connectivité électriques. Pour la seule année 2018, l’institution panafricaine a construit 480 kilomètres de ligne de transport d’électricité auxquels s’ajoutent 2 430 autres kilomètres de ligne de distribution. Près de 570 000 personnes ont ainsi pu être raccordées au courant électrique.

    Les efforts d’intégration africaine passent par l’industrialisation du continent, que la Banque appuie fortement à travers sa priorité « Industrialiser l’Afrique », qui vise à développer et mieux intégrer les chaînes de valeurs industrielles.

    Le guichet de la Banque dédié au secteur privé a permis de mobiliser des ressources pour accompagner les initiatives industrielles des pays membres régionaux par la création de zones économiques spéciales.

    Dividendes de l’intégration régionale

    Au moins un million et demi d’opérateurs économiques et d’hommes d’affaires ont bénéficié sur l’ensemble du continent des financements du secteur privé de la Banque en 2018.

    Lancé avec succès en novembre 2018 à Johannesburg, le Forum de l’investissement en Afrique (AIF, en anglais), autre levier mis en place par la Banque, a permis de mobiliser des ressources additionnelles pour accompagner la consolidation et l’élargissement du secteur privé sur le continent.

    En 2019, près de 67,9 milliards de dollars d’engagements financiers ont été enregistrés lors de la seconde édition de l’AIF, soit une augmentation de 44% par rapport à 2018.

    Derrière cette stratégie, apparaît clairement la volonté de mettre en place des plans ambitieux pour relever le produit intérieur brut industriel de l’Afrique d’ici à 2025.

    De nombreuses petites et moyennes entreprises des secteurs de la transformation et des marchés financiers continueront de bénéficier des soutiens conséquents de la Banque.

    Les dividendes de l’intégration régionale devraient, à terme, permettre à l’Afrique de se nourrir elle-même alors qu’elle importe actuellement plus de 30 milliards de dollars en produits alimentaires chaque année.

    La dynamique d’intégration africaine soutenue par la Banque aura incontestablement un impact sur l’amélioration des conditions de vie des populations dans un continent où 40% de la population vit en‑dessous du seuil de pauvreté.

    Distribué par APO Group pour African Development Bank Group (AfDB).

    SOURCE
    African DevelopmenBank

  • Ethiopie : La République fédérale est-elle menacée ?

    Ethiopie : La République fédérale est-elle menacée ?

    1 mois et 10 jours après l’assaut des forces armées éthiopiennes sur le Tigré et face à la répétition des velléités sécessionnistes dans le pays du prix Nobel de la paix 2019, il y a bien lieu de s’interroger sur le niveau de solidité de l’Etat fédéral en Ethiopie.

     

    Le 29 juin 2020, le chanteur à succès, Hachalu Hundessa, issu de l’ethnie majoritaire en Ethiopie, les Oromo, est abattu par des inconnus. L’homme s’était fait le héraut des rancœurs de cette ethnie qui depuis des lustres s’estime ostracisée en Ethiopie tant au plan politique qu’au plan économique. Il n’en fallait pas plus pour réveiller les vieux sentiments de frustration de ce peuple.

    Les heures et les jours qui suivent la mort du chanteur Hachalu Hundessa sont terribles. À Addis-Ababa, comme dans le pays Oromo, c’est la flambée de violences. Selon diverses sources croisées aux sources gouvernementales, ce sont plus de 230 personnes qui ont perdu la vie dans ces violences. Celles-ci avaient pris les allures de chasse à l’homme entre les forces de l’ordre et les manifestants qui s’en prenaient à tout le monde sur leur passage, mais aussi d’affrontements avec les autres communautés non Oromo. La colère des Oromo s’étant déversée sur les Amhmara, les Guraje etc.

    Si le calme semble être revenu, les tensions interethniques et politiques par contre sont toujours latentes, n’attendant qu’un levain pour exploser. En effet, le gouvernement a encore à gérer les suites de l’arrestation de Jawar Mohammed, l’une des figures de proue de l’opposition en Ethiopie. Pour le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed, ces incidents arrivent au plus mauvais moment.

    De fait, ces violences cycliques dans lesquelles sont inlassablement impliqués les Oromo mettent à mal tous les efforts de reformes entrepris par le nouveau Premier ministre depuis 2018. Abiy Ahmed est arrivé au pouvoir à la suite d’importantes manifestations antigouvernementales cornaquées par les Oromo. Ces manifestations avaient conduit à la démission du Premier ministre Hailé Mariam Dessalegn.

    L’arrivée au pouvoir devait en principe calmer les ardeurs revendicatrices des Oromo puisque l’homme est issu de leur communauté de par son géniteur. Sa mère est Ahmara. De plus, le Premier ministre Abiy s’est engagé tout de suite à lancer son pays sur la voie de la réconciliation tant en interne qu’à l’international. Il a par exemple soldé les comptes de son pays avec le voisin Érythréen, mettant ainsi fin à un conflit vieux de plusieurs décennies.

    En dépit de toutes ses réformes politiques et économiques, Abiy Ahmed ne parvient pas à contenter l’ethnie Oromo qui ressassent inlassablement ses récriminations. Pourtant l’entregent du Premier ministre a été reconnu au plan international où il a été distingué du Prix Nobel de la paix 2019.

    La menace sécessionniste, hantise d’Addis-Abeba…

    L’hostilité contre le gouvernement Abiy va se manifester d’une manière assez violente quand le 22 juin 2019, le Chef d’État-major de l’Armée éthiopienne est abattu chez lui, quelques heures après un coup d’Etat manqué dans l’un des neuf Etats autonomes du pays.

    En juillet 2019, des Oromo et des Ahmara, pour une fois unis, ont manifesté contre le Premier ministre Abiy. En cette même année 2019, en novembre notamment, les Oromo avaient déclenché un mouvement de contestation contre le Premier ministre. Mués en affrontements ethnique et religieux, ces évènements avaient fait 78 morts.

    Pour les Oromo, le Premier ministre ne défend pas leurs intérêts comme ils l’entendent. De l’autre côté, ses reformes inquiètent quelques radicaux des autres ethnies et ses opposants. Le 23 février 2020, un attentat à la bombe a été perpétré dans un meeting de ses partisans dans la ville d’Ambo à 100 km d’Addis-Abeba.

    En fait, le très populaire Premier ministre Abiy Ahmed est à la tête d’un pays qui a tous les traits d’un volcan qui n’est pas loin d’entrer en éruption. Il est entre le marteau et l’enclume. Sa situation propre à lui est le résumé de ce qui menace l’Ethiopie. Issu de deux ethnies qui toutes se disent marginalisées, sa marge de manœuvre est des plus délicates. Tiraillé de toutes parts, il marche sur des œufs dans un pays composé d’au moins 80 groupes ethniques.

    Ce sont donc 80 groupes ethniques regroupés dans neufs Etats autonomes qui s’essaient à une cohabitation devenue problématique au sein de la Fédération d’Ethiopie. Dans la mesure où chaque grand groupe ethnique qui dirige et perd le pouvoir nourrit instinctivement des sentiments de rancœurs. Qui dans les esprits glissent désormais vers des envies de sécession assumées.

    Les Amharas, qui ont dirigé le pays sous l’Empereur Hailé Sélassié, se sentent marginalisés depuis 1977. D’où la création de leur «Mouvement national» ces dernières années. Les élites de cette ethnie qui ont longtemps dirigé le pays avec leur fils Hailé Sélassié disent être vus comme des anciens oppresseurs.

    Si L’amharique reste la langue la plus parlée en Ethiopie, Dessalegn Chanie, jeune leader du mouvement des Amharas estimait en 2019 que «le fait que nous nous organisions peut avoir un effet de dissuasion contre ceux qui voudraient s’en prendre aux Amharas». Tout un programme.

    A la suite du renversement brutal de l’Empereur Hailé Sélassié, Mengistu et le Front démocratique révolutionnaire du peuple (EPRDF) impose une dictature féroce au reste du pays. Pourtant son ethnie, les Tigréens ne représentent que 6% de la population. Le « Négus Rouge » et son ethnie causeront des frustrations aux autres grandes ethnies, les Oromo notamment, sur plus de deux décennies.

    Avec l’arrivée d’Abiy Ahmed, certains Oromo croyaient venue l’heure de leur revanche sur les Tigréens et autres Amharas. Aujourd’hui, dans des discours et attitudes, on sent que la boîte de Pandore est ouverte pour des groupes qui se sont sentis victimes de cette longue domination pendant des décennies.

    Selon Paulos Asfaha, spécialiste de l’Éthiopie, la population tigréenne s’est abondamment armée et revendique de plus en plus bruyamment la sécession de la région du Tigré. Ce qui n’est pas une mince affaire.

    En plus des Tigréens, les Oromo entretiennent de vieux contentieux avec les Somalis, une autre grande ethnie dans le sud-est. Quand dans l’ouest, des groupes armés soumettent l’armée à de multiples actions de guérilla.

    La récurrence des violences à connotation ethnique et religieuse est un poison pour l’Ethiopie. La désagrégation n’est plus une vue de l’esprit mais une possibilité. Conscient de cette éventualité qui pourrait coûter cher à l’Ethiopie au plan politique qu’au plan économique, le Premier ministre se veut très ferme malgré son ouverture pour le jeu démocratique. 

    «La tolérance démocratique ne doit pas être confondue avec l’idée que notre gouvernement est faible», a-t-il menacé à la suite des différentes violences et velléités sécessionnistes des uns et des autres.

    Remy Biniou

    Qui est Debretsion Gebremichael, le chef des forces Tigréennes ?

    Debretsion Gebremichael est, avant tout, un jeune surdoué qui est né et a grandi dans une famille chrétienne orthodoxe. Son prénom Débretsion l’a-t-il enclin à s’orienter dans une vie de montagne et à y faire la guérilla ? Peut-être. En effet, le prénom du chef Tigré, Débretsion, signifie Mont Sion.

    Dans les années 1970, celui qui est marié et père d’un enfant, a interrompu ses études à l’Université d’Addis-Abeba pour rejoindre le TPLF. A cette époque, les Tigréens étaient en guerre contre le régime du dirigeant marxiste Mengistu Hailé Mariam, tombeur de l’Empereur Hailé Sélassié.

    C’est en tant que guérillero, que Debretsion Gebremichael a contribué à mettre en place la station de radio du TPLF, lors de la guérilla. Mettant à contribution des talents de techniciens talentueux. Debretsion déployé dans « l’unité technique » du TPLF, va développer des capacités dans le milieu du renseignement. Grace à lui, le TPLF pouvait écouter les conversations de l’armée éthiopienne et brouiller ses communications radio.

    C’est cette radio « Dimtsi Weyane » (la voix de la révolution) aujourd’hui grand média qui diffuse les déclarations du TPLF sur le conflit avec Addis-Abeba. Dès les premiers moments de la guerre, « Dimtsi Weyane » avait été brouillée. Mais, le lendemain, elle était de retour.

    Carrière politique

    Devenu vice-Premier ministre et ministre des communications et des technologies de l’information, après la défaite du Derg et de Mengistu en 1991, Debretsion visait le poste de Premier ministre de l’Ethiopie. Poste que lui a ravi le jeune Ahmed Abiy en 2018.

    Pourtant, Debretsion et M. Abiy semblaient être amis au début du mandat du Premier ministre en 2018. Il avait même organisé un accueil enthousiaste au Premier ministre à Mekelle, capitale du Tigré.

    Sa défaite à accrocher le poste de premier ministre d’Ethiopie lui est resté en travers de la gorge. Mais c’est la décision de Abiy Ahmed de dissoudre la coalition au pouvoir des partis ethniques pour créer le parti de la prospérité en 2019 qui sera la goutte d’eau de trop. Cet acte signifie la fonte des appareils et ressources politiques des ethnies éthiopiennes au sein d’un grand parti national.

    Remy Biniou

  • Zlecaf : Le fonds des exportations siège au Rwanda

    Zlecaf : Le fonds des exportations siège au Rwanda

    Le fonds continental de développement des exportations de Afreximbank devant atteindre une capacité de 1 milliard dollars aura pour siège le pays de Paul Kagame.

    Le Rwanda et la banque africaine d’import-export (Afreximbank) viennent de parafer l’installation du Fonds pour le développement des exportations en Afrique (FEDA) au Rwanda. La signature de trois accords entre le Rwanda et Afreximbank a eu lieu dimanche 22 novembre en Égypte. Il s’agissait d’un accord d’établissement, un accord de siège et un mémorandum d’accord. Les signataires étaient, pour le Rwanda, Alfred Kalisa, ambassadeur du Rwanda en Égypte, et le professeur Benedict Oramah, président d’Afreximbank. Dans le cadre des accords signés, le Rwanda s’est engagé à offrir certains avantages à la FEDA. L’accord d’établissement est un traité multilatéral que chaque État membre signera, tandis que l’accord de siège est un accord bilatéral qui permet à la FEDA d’avoir ses bureaux au Rwanda.

    Le MoU, en revanche, est un accord qui énonce des engagements spécifiques du gouvernement du Rwanda envers FEDA, y compris la fourniture de loyers et de terrains gratuits. L’ambassadeur Kalisa a indiqué que le pays s’efforcera de garantir que la FEDA réussisse à conduire et à remplir son mandat, qui consiste essentiellement à fournir des capitaux d’amorçage aux entreprises des secteurs de l’agroalimentaire, de la fabrication, de la consommation et de la vente au détail, et des services financiers. Les autres secteurs susceptibles de bénéficier du programme concernent les entreprises de technologie, de voyage et de tourisme, de transport et de logistique, ainsi que les parcs industriels opérant à travers l’Afrique.

    Dans sa quête de promotion du commerce intraafricain et de facilitation des flux d’investissement direct étranger dans les secteurs du commerce et des exportations en Afrique, Afreximbank lance ce fonds d’actions en direction des entreprises africaines. «Le Rwanda est heureux d’accueillir la FEDA alors que nous travaillons ensemble pour réaliser les rêves de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) sur le continent», a déclaré l’ambassadeur Kalisa.

    «La signature des accords d’établissement de la FEDA est une étape importante vers la réalisation des objectifs stratégiques d’Afreximbank en matière de promotion du commerce intraafricain et du développement des exportations», a déclaré Oramah. Le président a souligné qu’il était essentiel pour le continent d’accélérer et d’attirer des financements importants pour le développement des infrastructures commerciales entre les pays africains.

    Focus sur les PME

    Le Fonds investira dans tous les segments du marché, mais se concentrera principalement sur les petites et moyennes entreprises, selon les responsables de la banque à Le Caire en Égypte. Il investira également dans des entreprises matures et des entreprises en démarrage où il existe un vide sur le marché et où les investissements ont un niveau élevé de valeur ajoutée et un impact sur le développement en Afrique. Selon Afreximbank, l’objectif à long terme est de fournir des fonds propres et un soutien connexe aux opérateurs des secteurs marchands et de soutien en Afrique, en mettant l’accent sur les activités qui soutiennent le commerce intraafricain et les exportations à valeur ajoutée. Le Fonds, initialement ciblé à 500 millions dollars, devrait atteindre plus d’un milliard dollars au cours des prochaines années. Afreximbank a déjà injecté 350 millions dollars dans le fonds.

    Bobo Ousmanou

  • Indice de gouvernance : L’Afrique diabolisée?

    Indice de gouvernance : L’Afrique diabolisée?

    Selon le rapport Mo Ibrahim, en 2020, six Africains sur dix vivent dans un pays où la gouvernance s’est améliorée.

    La gouvernance au brouillon en Afrique

    La directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim est formelle: «60% (61,2%) des Africains vivent dans des pays où la gouvernance est meilleure en 2019 qu’en 2010». Nathalie Delapalme confirme que «depuis 2010, des progrès ont été faits par les différents gouvernements en Afrique».

    Pour être plus précis, sur la décennie 2010-2019, l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) évalue que la performance des pays africains en matière de développement humain s’est améliorée de 3% (51,9 sur 100 en 2019), tandis que celle en matière de fondements pour les opportunités économiques a augmenté de 4,1% (47,8 sur 100 en 2019).

    Enfin de compte, l’Afrique n’est peut-être pas cet enfer à ciel ouvert que présentent certains schèmes de pensée. La gouvernance en Afrique réalise donc des avancées. Bien entendu, la vitesse est peut-être celle d’une tortue. Mais, le rapport Mo Ibrahim fait remarquer qu’il y a de bonnes choses réalisées. Depuis 2010 jusqu’en 2019, la gouvernance s’est améliorée en Afrique chaque année. «Car l’Afrique s’inscrit toujours dans une tendance longue d’amélioration de la gouvernance» affirme Nathalie Delapalme.

    Stagnation et recul
    Malgré une appréciation globale encourageante caractérisée par des chiffres positifs, le niveau de gouvernance en Afrique est en berne depuis plusieurs années et a carrément chuté. La Fondation Mo Ibrahim fait remarquer que l’Afrique a démarré la décennie 2010 avec une importante énergie d’amélioration de la gouvernance. Tous ces progrès ont «ralenti assez considérablement depuis 2015. C’est la raison pour laquelle on aboutit à une chute de 0,2 point en 2019. Cette baisse est légère, mais il faut y porter attention, car l’impact de la Covid-19, particulièrement sensible sur les plans économiques et sociaux, va nécessairement aggraver les tendances», explique Nathalie Delapalme.

    Cette stagnation et ce recul font que 2020 soit la première année, en 10 ans, que la gouvernance, en appréciation globale, recule en Afrique. Selon le nouveau rapport, la moyenne africaine, en ce qui concerne l’indice Mo Ibrahim de la bonne gouvernance, est de 48,8 en 2019 contre 49 sur 100 en 2018, soit un recul de 0,2 point. En réalité, l’Afrique n’a jamais franchi la barre de 100%. Pour Abdoulie Janneh, le directeur exécutif de la Fondation chargé de la liaison avec les gouvernements et les institutions en Afrique, ce résultat est «préoccupant» et tous les décideurs devraient «aller voir ce qu’il y a derrière ces données, quelle histoire elles racontent» en matière de chute de la gouvernance.

    Covid-19
    La pandémie sera un accélérateur de la chute de la gouvernance en Afrique. Pour Camilla Rocca, chef du département recherche de la fondation , «le rapport une image de la situation juste avant la pandémie, nous avons réfléchi aux conséquences que celle-ci allait avoir pour le continent. Il est évident que tout ce qui concerne la participation des citoyens à la vie publique et le respect des droits risque d’être touché, alors qu’on observait déjà une dégradation».

    «La pandémie aura des répercussions conséquentes sur le recul de la gouvernance. D’une part, parce qu’elles sont de nature à aggraver les dégradations observées en matière de participation et de droits, et d’autre part, parce que l’impact de la Covid-19 en Afrique est d’abord économique et social. De plus, le continent est déjà frappé par une insécurité alimentaire assez forte, aggravée par l’invasion acridienne à l’est du continent, en cours depuis plus d’un an, qui est sans doute la plus grave depuis 70 ans. La Covid-19 risque fort de mettre à mal les progrès accomplis en termes de développement économique et humain. La conjugaison de ces différents facteurs risque d’aggraver les tensions nationales internes et l’instabilité, voire d’allumer de nouvelles mèches» prévient Nathalie Delapalme.

    Bobo Ousmanou

    Évaluation de la gouvernance

    Performance en Afrique

    L’Afrique australe domine et l’Afrique centrale, fidèle à elle-même clôture le baromètre.

    Le classement par région du continent montre que l’Afrique australe réalise la meilleure performance en matière de bonne gouvernance avec une note de 53,3. Vient ensuite l’Afrique de l’Ouest (53,1), l’Afrique du Nord (52), l’Afrique de l’Est (46,2) et l’Afrique centrale (38,8). On peut conclure que la logique est respectée.

    Pour ce qui est des pays, Maurice reste le meilleur pays africain en termes de gouvernance, avec un indice de 77,2, tandis que la Somalie est le pire pays du continent en la matière avec un indice de 19,2. Au cours de la dernière décennie, c’est la Gambie qui a réalisé la plus forte progression (+9,2) alors que la Libye détient la palme de la plus forte détérioration avec -5,5. Le Cameroun dégringole en passant de la 36e à la 37e place. Sa note est de 43,5/100, alors qu’elle était de 46,3 l’année dernière.
    Dans toute l’Afrique, sur la décennie tant saluée, seuls 8 pays sur 54 ont amélioré leurs performances dans toutes les catégories d’évaluation. Il s’agit de l’Angola, du Tchad, de la Côte d’Ivoire, de l’Éthiopie, de Madagascar, des Seychelles, du Soudan et du Togo.

    Mo Ibrahim
    L’indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) «est conçu comme un outil, un tableau de bord qui permet aux décideurs politiques de prendre leurs décisions. Il ne peut pas y avoir de politique publique adéquate si elle ne repose pas sur des données fiables», précise Nathalie Delapalme. Il évalue la performance de la gouvernance dans 54 pays africains sans faire de recommandations ou donner des leçons. Il fournit un cadre d’appréciation à tout public intéressé afin de se faire une idée sur l’offre de services publics en Afrique, mais surtout sur la portée des politiques publiques dans les pays africains.

    L’IIAG constitue l’ensemble de données le plus complet mesurant la gouvernance africaine, fournissant des scores et des tendances spécifiques aux niveaux continental, régional et national. Il est composé de 79 indicateurs répartis dans les 4 catégories que sont: participation, droits et inclusion; sécurité et État de droit; développement humain; fondements des opportunités économiques.

    Publié depuis 2007 par la Fondation Mo Ibrahim, l’IIAG est devenu l’arme d’influence du riche homme d’affaires anglo-soudanais Mo Ibrahim. Après avoir fait fortune avec sa compagnie de téléphonie mobile Celtel, il la revend en 2005. Il crée en 2006 sa fondation, dont le siège est à Londres et qui se donne pour mission de promouvoir la bonne gouvernance en Afrique.

    Bobo Ousmanou

    Migration occidentale vers l’Afrique

    L’Afrique, cet eldorado qui s’ignore!

    Et si l’Afrique était la nouvelle terre de destination des migrants internationaux! L’équation sonne faux lorsqu’on mesure les paramètres techniques pour y arriver. Au regard des développements sur la grippe en Occident, des taux de ravage de la maladie à coronavirus, l’idée grandit de plus en plus. L’Afrique sera la terre d’accueil du futur.

    C’est l’une des conclusions du cycle des visioconférences qu’a ouvert l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) sur le thème «Comprendre le monde». Pour Pascal Boniface, directeur de l’Iris, le monde post Covid-19 sera particulier. L’Afrique va accueillir les Occidentaux qui fuient le froid et la grippe. Ces Occidentaux qui veulent moins dépenser en argent pour du chauffage et bénéficier des sources de chaleur naturelle, tout en étant à l’abri du Covid-19. Dans le monde post Covid-19, les préjugés et autres grandes conjectures risquent de laisser place au réalisme de la survie.

    Mobilité estudiantine
    Dans le cadre de la mobilité estudiantine, l’Afrique opère déjà une percée importante. En 2019, l’Afrique subsaharienne, à elle seule, a accueilli près de 2 millions d’étudiants occidentaux parmi lesquels 13 455 étudiants américains. Le rapport américain Open Doors de l’Institut international pour l’éducation du département d’État américain précise la cohorte américaine en Afrique au cours de l’année académique 2018/2019. 

    La répartition sous régionale montre que c’est l’Afrique australe qui a accueilli le plus grand nombre d’étudiants, soit 6799 personnes. Elle est suivie de l’Afrique de l’Est 3775, l’Afrique de l’Ouest 2815 et enfin l’Afrique centrale avec 66 étudiants. L’Afrique du Sud, le Ghana et la Tanzanie sont les trois principales destinations, avec respectivement 5278, 2147 et 1334 étudiants. 

    Dans le cadre de sa réflexion stratégique sur les migrations intracontinentales, l’Union africaine publie le chiffre de près de 2 millions d’étudiants provenant d’Europe, d’Amérique du Nord, qui ont séjourné en Afrique dans le cadre d’un cursus académique. De quoi illustrer les propos de Pascal Boniface.

    Bobo Ousmanou

  • Paix et sécurité en Afrique : 40 millions d’armes entre les mains des civils

    Paix et sécurité en Afrique : 40 millions d’armes entre les mains des civils

    Selon une étude de l’Union africaine et de Small Arms Survey, le nombre d’armes détenues par les civils représente 80% des armes de l’ensemble du continent africain.

    L’urgence d’une maitrise absolue du port d’arme en Afrique

    Selon l’étude réalisée par la Commission de l’Union africaine et le centre de recherche suisse Small Arms Survey, 40 millions d’armes en circulation sur le continent sont détenues par des civils. Dans la cartographie des flux d’armes en Afrique, il ressort que les propriétaires de ces armes sont les particuliers, les entreprises enregistrées, tels que les sociétés de sécurité privées et les groupes armés non étatiques.

    Une situation qui, selon l’Union africaine, est un levier de la perpétuation des conflits en Afrique. Smaïl Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, a affirmé que «l’un des défis à une paix et un développement durables est la disponibilité continue d’armes illicites». Il réagissait à la présentation de l’étude.

    La situation est rendue plus complexe lorsqu’on décompose le stock d’armes entre les mains des civils pour comprendre l’appartenance. Selon l’étude conjointe, sur les 40 millions d’armes détenues par des civils, environ 5,8 millions sont officiellement enregistrées, tandis qu’environ 16 millions ne le sont pas. Le statut des 18 millions restants n’est pas clair. Pour Smaïl Chergui, il s’agit d’une «source de préoccupation».

    Faire taire les armes
    Ces chiffres inquiétants ont été annoncés récemment à l’occasion de la célébration du mois d’amnistie en Afrique et convergent à la mise en œuvre du thème de l’UA de l’année 2020 «Faire taire les armes: créer des conditions propices au développement de l’Afrique». Le rapport est quant à lui disponible depuis la semaine dernière.

    La disponibilité continue des armes illicites complique davantage le combat contre la menace croissante du terrorisme et de l’extrémisme violent en Afrique. Cet autre défi, qui pèse sur la paix et la sécurité dans le continent, nécessite une approche particulière intégrant toutefois la grande bataille pour la démilitarisation et le désarmement des forces non constituées.

    La chaine de valeur de l’insécurité en Afrique donne à comprendre qu’il y a de plus en plus accroissement des connexions entre les professionnels de «la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre, du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée, notamment le blanchiment d’argent, les flux financiers illicites, le trafic d’êtres humains et de drogue. Les cybercrimes liés au terrorisme s’y intègrent progressivement, favorisant la possibilité que des armes de destruction massive parviennent aux organisations terroristes sur le continent», indique l’Union africaine.

    Bobo Ousmanou

  • Lutte contre le terrorisme : Une unité spéciale continentale en création!

    Lutte contre le terrorisme : Une unité spéciale continentale en création!

    Elle sera soumise aux chefs d’État du continent lors du sommet ordinaire de février 2021.

    En finir avec le terrorisme de Boko Haram

    La création de l’unité spéciale antiterroriste africaine vient de connaitre un coup d’accélérateur. Réuni en sa 960e réunion, le 28 octobre 2020, le Conseil de paix et sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a acté sa création. Cette réunion portait d’ailleurs exclusivement sur ce sujet. L’Unité spéciale antiterroriste continentale est intégrée à la Force africaine en attente (FAA). Ainsi, ses supports de création sont les brigades régionales de la FAA.

    Un groupe de travail est immédiatement mis en place. Il comprendra toutes les parties prenantes à savoir: le Comité d’état-major (CEM) du Conseil de paix et de sécurité; les Communautés économiques régionales et leurs mécanismes régionaux de défense; le Comité des services de renseignement et de sécurité d’Afrique (Cissa); le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT); le mécanisme de l’Union africaine pour la coopération policière (Afripol). Le groupe de travail est chargé de fournir des orientations techniques et de soumettre des propositions concrètes sur ces aspects au CPS et à la Commission de l’UA.

    Financement
    Au moment où l’unité spéciale fait son apparition dans l’écosystème de la défense continentale africaine, son infrastructure, support de la FAA, demeure en lente opérationnalisation. Les brigades régionales du mécanisme peinent elles aussi à démarrer. Dans les CER, les pays, limités par les moyens des opérations militaires, font généralement appel à l’ONU pour faire prendre en charge les crises militaires par des opérations de maintien de la paix.

    Les maux du financement de l’intégration sont également ceux du financement des mécanismes de défense collective en Afrique. Le fonds de paix de l’UA est essentiellement fourni par l’Union européenne et particulièrement la France. Le mécanisme de financement de l’UA, basé sur un prélèvement de 0,2% sur les importations non africaines, n’est toujours pas optimalement exécuté. Le fonds de paix de l’UA a droit à 25% du fruit de cette taxe.

    Quelles ressources financières alimenteront le fonctionnement de l’unité spéciale? Il faudra sans doute en créer. L’Égypte, très intéressée par le projet, organisera un Sommet extraordinaire consacré à la «création de l’unité spéciale de lutte contre le terrorisme au sein de la structure de la Force africaine en attente».

    Coopération de tous les instants
    Dans la riposte à cet ennemi particulièrement sanguinaire et aveugle, le président de la Commission estime que «le déficit de solidarité africaine est déconcertant». Les pays africains n’ont pas de choix que de conjuguer leurs efforts et intensifier la coopération pour s’attaquer aux origines du financement des groupes terroristes et détruire leur capacité à agir.
    «En Afrique, la persistance des foyers du terrorisme dans de nombreuses régions et leur inquiétant développement a rappelé, à la conscience africaine et internationale, que ce cancer est loin d’avoir été éradiqué. L’hydre est toujours là, en éveil actif, menaçant d’effondrement certains États.

    Il a pris pied dans les profondeurs du continent, bien au-delà de ses foyers traditionnels, comme l’attestent les crimes odieux commis par des groupes terroristes sur les populations au Mozambique, en Tanzanie et à l’Est de la RDC, où les principales victimes de la barbarie sont les femmes et les enfants», déplore le président de la Commission. Et d’ajouter: «la corne de l’Afrique, le Sahel et le Bassin du lac Tchad sont aujourd’hui en guerre, une vraie guerre où des militaires et civils meurent par dizaines, presque toutes les semaines. Des milliers d’enfants ont vu leurs écoles fermées, soit parce qu’elles sont détruites, soient parce que maîtres et écoliers se sont trouvés obligés de fuir».

    Bobo Ousmanou

  • Présidence de l’UA 2021 : Félix Tshisekedi veut marquer le coup

    Présidence de l’UA 2021 : Félix Tshisekedi veut marquer le coup

    Les défis et priorités du président congolais font déjà partie d’une activité diplomatique et d’une réflexion poussée avant sa prise de fonction en février 2021.

    Une équipe restreinte de réflexion multi acteurs est à pied d’œuvre depuis quelques semaines pour préparer la feuille de route et la conduite du mandat de président de l’Union africaine que va exercer Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, entre février 2021 et février 2022. Le président de la République démocratique du Congo assurera la présidence tournante de l’organisation continentale, pour le compte de l’Afrique centrale, sur cette période.

    Son mandat s’annonce plutôt bien fourni: au-delà de la crise occasionnée par la Covid-19 qu’il faudra continuer de monitorer pour permettre à l’Afrique de sauver les meubles, l’élection des membres de la Commission de l’UA sous le nouveau format de réforme, la mise en eau de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le Sommet Union africaine-Union européenne entre autres.

    Agenda
    Les grandes lignes de l’agenda de Félix Tshisekedi sont déjà connues. Le dossier de l’atténuation des incidences de la crise liée à la pandémie mondiale de Covid-19 sera sans doute au cœur de ce mandat. Comme son prédécesseur et actuel président le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, Felix Tshisekedi va multiplier les rencontres virtuelles (ou présentielles) pour faire le plaidoyer de l’Afrique. Il s’y est déjà exercé. À l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, il a appelé à l’allègement du fardeau de la dette sur l’Afrique afin que le continent puisse efficacement subvenir aux dépenses urgentes de santé et aux dépenses courantes publiques. Car selon lui, le monde est un village planétaire interdépendant.

    De même, il a insisté sur l’annulation de la dette pour favoriser la relance économique de l’Afrique. Cette relance économique passe irrémédiablement par la Zlecaf. Il l’a martelé le 22 octobre 2020 dernier à la deuxième réunion de coordination entre l’Union africaine, les communautés économiques régionales et les mécanismes régionaux. «La RDC prend toutes les dispositions pour ratifier les instruments juridiques de la Zone de libre-échange économique africaine. La Zlecaf doit, pour produire ses effets optimaux, s’accompagner de l’industrialisation, de la transformation de nos matières premières et de la solution du défi énergétique d’Inga», a-t-il déclaré.

    Comme l’indique la CEA, la Zlecaf est «le plan Marshall du continent», sa mise en œuvre entière, de même que les mesures d’accompagnement exigibles débuteront en janvier 2021. Ce même mois, il va présider l’élection des membres de la Commission de l’UA. Celle-ci passe de dix à huit membres, dont un président, un vice-président et six commissaires. C’est le fruit de la réforme pilotée par Paul Kagame. Il faudra notamment poursuivre la mise en œuvre de cette réforme afin de doter l’UA de l’efficacité dont elle a besoin. Il s’agit, à titre d’illustration, du financement. La RDC demeure l’un des pays à n’avoir toujours pas souscrit au mécanisme de la taxe de 0,2% sur des importations identifiées.

    Sur fond plus politique et stratégique, Félix Tshisekedi présidera l’UA au moment où se renégocie la nouvelle relation entre l’Afrique et l’Europe, la stratégie Union africaine-Union européenne et la relation ACP-Union européenne à cause de l’arrivée à échéance de l’Accord de Cotonou. Une intense activité diplomatique RDC-Union européenne s’est déjà mise en branle.

    Bobo Ousmanou 

  • Flux financiers illicites : Une hémorragie qui éloigne l’industrialisation de l’Afrique

    Flux financiers illicites : Une hémorragie qui éloigne l’industrialisation de l’Afrique

    La fraude fiscale, l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent en activité sur le continent causent des pertes annuelles estimées à 88,6 milliards dollars, soit l’équivalent de l’addition de l’aide publique au développement et des investissements directs étrangers.

     

    L’Afrique aurait pu consolider le matelas financier de son développement si elle freinait efficacement les flux financiers illicites (FFI). Le rapport 2020 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) révèle cet indicateur qualitatif.

    Le secteur le plus affecté par le règne des FFI est celui de l’industrialisation. En effet, les flux financiers illicites freinent la productivité des biens et services et la productivité liée au travail. Ceci est dû à la perte des investissements productifs. Les économies africaines sont dépendantes de l’exportation des matières premières. Elles sont également dépendantes des échanges internationaux qui leur permettent de capter des taxes pour le financement du budget, mais aussi de créer de l’activité économique qui génère une part de la croissance.

    Or, les FFI créent à la fois la baisse des ressources issues de l’importation et de l’exportation du fait d’une mauvaise facturation internationale due entre autres par la corruption, l’évasion et la fraude fiscales, etc. Les répercussions sont immédiates. L’État est amoindri dans ses ambitions. Pour compenser le manque d’optimalité des ressources issues du commerce international, l’État en Afrique doit élargir l’assiette fiscale. Soit c’est l’impôt sur les sociétés qui se voit renforcé soit c’est l’impôt sur la fortune privée qui entre en activité. L’impact net ici est la baisse de l’investissement privé.

    Pour ce qui est de la productivité liée au travail, la CNUCED souligne l’impact de la corruption et des autres échanges de faveurs sur la formation du capital humain. Ainsi, les FFI sont un des freins au développement des compétences en Afrique.

    Autre impact des FFI sur la transformation structurelle en Afrique, on la raréfaction de l’investissement public et privé d’une part et l’insuffisante formation du capital humain qui créent et accentuent la sous-exploitation des richesses du continent, comme c’est le cas de l’agriculture. Les dotations factorielles de l’Afrique sont connues: terres arables, eau d’irrigation, climat favorable, jeunesse de la population, hydrographie et nature pour le renforcement de l’offre d’électricité. Pourtant, le secteur de l’agro-industrie, secteur à fort potentiel de transformation (spill over), maintient sa sous-productivité.

    Or, dans son rapport, la CNUCED indique: «les secteurs où l’accès au capital est déterminant pour renforcer la création de valeur ajoutée dans les processus productifs, comme l’agriculture et l’industrie, doivent davantage compter sur la stabilité financière, l’accès au financement et des institutions plus fortes pour gagner en efficacité économique».

    Explosion de la pauvreté

    L’Afrique, malgré ses ressources, n’arrive pas à gagner son combat contre l’extrême pauvreté et la pauvreté. L’une des raisons réside dans l’insuffisante lutte contre les FFI. Elles aggravent la pauvreté déjà existante. En effet, lorsque l’investissement privé est faible et les dépenses publiques sont moindres, les conséquences négatives sur le développement économique touchent le plus durement les pauvres. Pour la CNUCED, «un niveau de production plus élevé par travailleur est associé à l’atténuation de la pauvreté, en particulier dans le cas de la productivité agricole. La croissance de la productivité peut réduire les prix alimentaires, augmenter les salaires réels et permettre la diversification ainsi que, potentiellement, la croissance de l’emploi dans le secteur non agricole».

    Bobo Ousmanou

  • DG de l’OMC : L’Afrique fourbit ses armes

    DG de l’OMC : L’Afrique fourbit ses armes

    Le continent en rangs serrés derrière la candidate nigériane, Dr Ngozi Okonjo-Iweala, arrivée en finale du processus de sélection.

    Ngozi Okonjo-Iweala, la femme qui porte les espoirs de l’Afrique

    Le monde va-t-il assister à une double évolution: l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) connaitra-t-elle son premier dirigeant africain? Après le 2e tour de sélection, la candidate nigériane Ngozi Okonjo-Iweala a recueilli suffisamment de voix pour être finaliste dans la désignation du prochain directeur général de l’OMC. L’information a été rendue publique jeudi 8 octobre dernier à 11 heures 35 minutes par le président du Conseil général le Néozélandais David Walker.

    La subsaharienne sera opposée à la Sud-coréenne Yoo Myung-hee. Il est donc désormais clair que la seconde évolution va se produire. La 7e directrice générale de l’OMC sera une femme, ce qui est également historique. Le troisième et ultime round de consultation pour la désignation se déroulera entre le 19 et le 27 octobre. Au terme de celui-ci, on connaitra le nouveau chef de l’OMC.

    Bloc
    Aussitôt l’information rendue publique, le continent a commencé à structurer une position commune sur le soutien à sa digne fille. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (UA), a fait une déclaration. Il a assuré que «l’Union africaine soutient fermement sa [Ngozi Okonjo-Iweala] candidature et appelle les États membres et les amis du continent à voter pour elle». Pour le chef de l’exécutif continental, cela ne fait aucun doute, la Nigériane est «de loin la candidate la plus qualifiée pour diriger l’OMC, en cette période difficile».

    Face à son adversaire, elle jouit d’une «formidable réputation mondiale dans les domaines de la finance internationale, du développement et de la santé publique, ainsi que sa vaste expérience de leadeurship de haut niveau», conjugue Moussa Faki Mahamat. Avant d’indiquer par la suite que «l’Union africaine est particulièrement fière de l’accomplissement historique du Dr Ngozi Okonjo-Iweala».

    Cyril Ramaphosa, président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine et président de la République sud-Africaine, a également appelé au soutien du continent pour l’élection de la Nigériane. Sur son compte Twitter, il déclare qu’«au moment où les organisations internationales doivent être reformées, le Dr Ngozi Okonjo-Iweala est la bonne personne pour repositionner l’OMC afin d’être un instrument efficace pour faciliter un système commercial juste, équitable et fondé sur des règles». Fort de ce qui précède, Ramaphosa exhorte «le continent à se rallier derrière le Dr Okonjo-Iweala, ne ménageant aucun effort pour faire en sorte qu’elle entre dans l’histoire en étant élue comme le premier Africain à être à la tête de l’OMC».

    Recalés
    Les deux finalistes ont été choisis par les représentants des États membres de l’OMC. Trois candidats restent ainsi sur le carreau après ce troisième round. Parmi les recalés: la Kenyane Amina Mohamed, malheureusement arrivée 3e. Le Saoudien Mohammed Maziad Al-Tuwairiji et le Britannique Liam Fox.

    Au premier tour, un autre Africain, l’Égyptien Abdel Hamid Mamdouh, s’était fait éliminer. Pour Moussa Faki Mahamat, ceci atteste du «solide calibre des trois candidats africains qui ont participé au processus de sélection, tirant parti de l’expertise africaine de classe mondiale sur la scène mondiale».

    Bobo Ousmanou

    Consensus autour de la Zlecaf pour la relance post Covid-19

    C’est autour de la Banque mondiale d’appeler à une mise en service rapide de la Zone de libre-échange continentale africaine. Dans son rapport intitulé «Africa’s Pulse: Tracer un chemin vers la reprise», l’institution de Bretton Woods indique que le marché unique africain va permettre aux économies du continent de réaliser le «choc de croissance endogène nécessaire». Le continent doit en sus se prémunir contre les chocs exogènes et la Zlecaf se veut «une vraie protection contre de futures crises venues d’ailleurs». De plus, à la lumière de l’expérience est-africaine, «les facilités des marchés communs est-africains leur ont permis d’amortir l’effondrement de 18,5% du commerce mondial au deuxième trimestre. L’abaissement des barrières douanières a ainsi aidé le Kenya à développer ses échanges commerciaux au point qu’ils viennent de surpasser leur niveau d’avant-crise».

    Chorus
    Le postulat de la Banque mondiale vient renforcer le plaidoyer de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. En réponse au président nigérien, pourtant leadeur de l’Union africaine pour la Zlecaf, qui appelait à un plan Marshall pour l’Afrique, Vera Songwe avait indiqué que «l’Afrique n’a pas besoin d’un plan Marshall, car la Zlecaf est son plan Marshall».

    Une conviction qu’elle a réitérée le jeudi 8 octobre dernier au cours d’un échange virtuel avec des leadeurs mondiaux sur les stratégies de développement post Covid-19 en ces termes: «la Zlecaf est le plan de croissance du continent. En faisant du commerce avec elle-même, l’Afrique crée de la valeur, mais elle a besoin d’investissement direct moins onéreux».
    Il faut ainsi achever le processus de négociation de la seconde phase et les pays doivent clôturer la préparation des socles économiques. Dès janvier 2021, les droits de douane tomberont!

    BO

  • 75e AG de l’ONU : Mohammed VI, architecte d’un système sanitaire rénové

    75e AG de l’ONU : Mohammed VI, architecte d’un système sanitaire rénové

    Le message du roi du Maroc à l’Assemblée générale des Nations unies trace les sillons d’un nouvel ordre sanitaire plus réactif aux menaces modernes.

     

    Le Roi du Maroc, Mohammed VI… l’Africain

    Pour Rabat, la crise sanitaire actuelle a montré l’essoufflement du système mondial de santé. Il faut pouvoir le repenser. Pour autant, l’heure est à l’action. Le roi Mohammed VI est porteur d’une idée de «système sanitaire uni», caractérisé par des mesures de résiliences souples, la réforme des règlementations sanitaires internationales et l’adoption de mécanismes durables de financement.

    Pour lui, l’un des marqueurs de l’essoufflement d’un système sanitaire actuel c’est l’incapacité à fournir urgemment des vaccins au monde. Passer à un système nouveau suppose qu’on fasse évoluer les règlementations. C’est à ce titre que le «Maroc a rejoint l’initiative chilienne visant à adopter un nouvel instrument juridique souple permettant de garantir notre préparation face aux situations d’urgence sanitaire mondiale», a confié le chef du gouvernement, Saad-Eddine Othmani, qui a délivré le message du Roi.

    Il faudra également s’attaquer au mode de financement. C’est à ce titre que dans les prochaines semaines, «le Maroc, le Rwanda, l’OMS et la Banque mondiale organisent une réunion de haut niveau sur la diplomatie pour la sécurité sanitaire et la préparation face aux situations d’urgence à Marrakech». Cette réflexion vise à explorer à la fois de nouvelles sources de financement, mais aussi et surtout à rendre le financement de la santé accessible.

    Libérer le monde des faussetés

    La crise sanitaire du coronavirus a fait tomber en désuétude plusieurs certitudes scientifiques du monde. Des faussetés validées depuis des décennies, et qui permettent de tenir en subordination des peuples. Le message du roi est clair à ce propos: «la pandémie nous a permis de constater que tout ce qui était vrai ne l’était pas. La plupart des prévisions les plus terribles pour l’Afrique ne se sont pas concrétisées. L’Afrique a pu affronter ce défi elle seule en comptant sur sa population résiliente, sa jeunesse créative et ses gouvernements efficaces».

    Solidarité

    Le coronavirus a mis le monde entier à genoux. Mais plusieurs s’accrochent à leurs convictions hégémoniques. Seule la solidarité internationale agissante va préserver le monde. Dans ce sens, «le multilatéralisme est toujours en vie, tel que le montrent les mesures prises pour lutter contre cette crise». Il porte en lui les germes du succès.

    Le Maroc, en tant que président du volet humanitaire du Conseil économique et social de l’ONU (Ecosoc), a lancé un appel à l’action pour appuyer la réponse humanitaire face à la Covid-19. L’initiative a été suivie par 171 pays de tous les deux groupes régions représentés ainsi par l’UA et l’UE. Une action guidée par les principes diplomatiques et humanitaires du royaume.

    Dans cette veine, Mohammed VI a lancé une initiative panafricaine concrète d’accompagnement des pays dans toutes les étapes de ripostes: ponts aériens avec près de 20 pays africains.

     

    Bobo Ousmanou

     L’UA rend hommage à Ntuda Ebode

    Pr. Vincent Ntuda Ebodé

     «Un grand n’est pas un petit»! C’est par ces mots que l’organisation continentale, l’Union africaine, témoigne sa reconnaissance à l’universitaire camerounais au moment où le mandat du Pr Vincent Ntuda Ebode s’achève à la tête de l’Institut de l’Université panafricaine de gouvernance des sciences sociales et humaines (PAUGHSS). Le digne fils d’Okola (Cameroun) est le bâtisseur de cette branche de l’Université de la Commission de l’UA en Afrique centrale. C’est pratiquement de toute pièce qu’il l’a progressivement implanté dans la région depuis 2011. Après avoir donné naissance physiquement à l’institut, il est désigné en 2016 pour achever l’œuvre d’opérationnalisation. En 2018, il inaugure le rectorat qui affiche fière allure dans un quartier huppé de la ville de Yaoundé. «Nous saluons son engagement et son brillant parcours à la tête de PAUGHSS. Il aura mis son expertise et tout son savoir-faire pour poser les jalons de l’institut et en faire une institution d’excellence académique dans la sous-région Afrique centrale» indique l’UA dans son communiqué.

    Parcours

    Remplacé par la Kenyane Elizabeth Abenga, Joseph Vincent Ntuda Ebode force l’admiration par son parcours. Après l’obtention d’une licence en sociologie à l’Université de Yaoundé, il fait le choix de s’envoler outre-mer à l’effet de poursuivre son cursus académique. Il y obtiendra tour à tour un diplôme de l’Institut d’études politiques de Grenoble, un diplôme d’études approfondies de l’Institut d’Études politiques de Lyon, un doctorat en sciences politiques option relations internationales et études stratégiques de l’Institut d’études politiques de Lyon en 1996, une habilitation à diriger les recherches en droit et sciences politiques de l’Université Jean Moulin Lyon III.

    De retour au Cameroun en 1997, il intègre l’Université de Yaoundé II en qualité d’assistant. Il passe chargé de cours en 2000, puis maitre de conférences en 2006 et professeur titulaire des universités en 2013. Il occupe plusieurs hautes responsabilités administratives et scientifiques, dont celle de doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques en 2005 puis celles de directeur des affaires académiques et de la coopération en 2012.

    BO

  • Investissements en Afrique : Le zis et le zes des opérateurs économiques

    Investissements en Afrique : Le zis et le zes des opérateurs économiques

    Selon les chefs d’entreprises africains interrogés par le cabinet d’audit Deloitte et l’Africa CEO Forum, les perspectives d’affaires en Afrique sont plongées dans une grande incertitude par la Covid, mais la Zlecaf offre des perspectives heureuses.

    Le quartier général de la Zlecaf affiche fière allure à Accra

    150 chefs d’entreprises africains exerçant dans 30 pays du continent plébiscitent la Côte d’Ivoire comme pays le plus attractif aux investissements. Ces chefs d’entreprise répondaient à la question «quels pays africains vous semblent les plus attractifs pour investir à l’heure actuelle?». Ils ont été interrogés au début de l’année puis entre avril et juin. Sur les 10 premiers pays attractifs pour les chefs d’entreprise, l’Afrique de l’Ouest classe 4 à savoir la Côte d’Ivoire (1er), le Ghana (3e), le Sénégal (4e) et le Nigeria (7e).

    La seconde édition du baromètre Index de l’attractivité des investissements en Afrique (IAIA) a été publiée mardi 22 septembre dernier par l’Africa CEO Forum et le cabinet Deloitte. Le classement des dix meilleures destinations est complété par le Kenya (2e), le Rwanda (5e), l’Éthiopie (6e), le Maroc (8e), la RDC (9e) et l’Afrique du Sud (10e).

    L’enquête auprès des chefs d’entreprises du continent n’a pas vocation à analyser les conditions d’investissement ou la facilité de faire des affaires dans les pays en question. Elle vise à donner un aperçu de la volonté d’investissement des dirigeants du secteur privé. Dénommée Africa CEOs Survey, elle livre d’autres informations sur les dispositions d’investissements des patrons africains en 2020.

    Covid-19

    La crise sanitaire liée à la pandémie mondiale de coronavirus a eu des répercussions sans précédent sur l’univers des affaires en Afrique. Et cela se ressent sur les opérateurs économiques interrogés. 95% des CEOs africains interrogés ont observé un impact négatif sur leurs activités. Leur optimisme dans les affaires en Afrique pour l’année en cours est très affecté. Il est notamment de 80% à 25%. Mais le niveau de confiance reste élevé pour un retour à la normale d’ici courant 2021. Comme une espérance pour sauver les bizness.

    La Covid aura toutefois servi de catalyseur pour la digitalisation dans la pratique des affaires. Les opérateurs économiques estiment que la Covid-19 entraine la rationalisation des couts avec l’introduction de la digitalisation. Toute chose qui commande la revue des chaines de valeurs et va même entrainer la renégociation de certains contrats à long terme. À titre d’illustration, le télétravail impose des ajustements nouveaux et même la prise en compte de nouvelles priorités pour la performance du capital humain. Dans ce contexte, la simplification des procédures administratives devient incontournable.

    Zlecaf

    Un des rares enthousiasmes de cette étude, c’est l’ouverture du marché unique du continent africain. Les chefs d’entreprise appellent de tous leurs vœux la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Cette opportunité représente un potentiel de croissance inestimable pour les entreprises, avec l’élimination des droits de douane et l’harmonisation des procédures frontalières pour le commerce transfrontalier. Pour un projet qui porte sur la libéralisation du commerce, les opérateurs économiques demandent sans surprise à être davantage impliqués dans le processus de négociation et de construction de la Zlecaf ou de ce qui reste (seconde phase). Ils estiment que le processus ne peut plus être uniquement porté par les pouvoirs publics. C’est une exigence!

    Bobo Ousmanou

  • Commission de l’Union africaine : Moussa Faki Mahamat assuré d’un second mandat

    Commission de l’Union africaine : Moussa Faki Mahamat assuré d’un second mandat

    Seul candidat à sa propre succession, le président de la Commission de l’Union africaine se dirige vers un second mandat marqué par des évolutions importantes au sein de l’organisation.

    Moussa Faki Mahamat

    Au cours de la 34e session ordinaire de l’assemblée de l’Union africaine, qui se tiendra en janvier ou février 2021, le président de la Commission de l’Union africaine sera candidat à un second mandat. Au terme de l’appel à candidatures qui s’est clôturé le 4 septembre à 23 h 59 (heure d’Addis Abeba), seul Moussa Faki Mahamat est candidat. La note verbale transmise par l’Union africaine aux États membres via les missions diplomatiques accréditées le précise.

    Le Tchadien devrait, sauf changement de dernière minute, être réélu.
    Le chef de l’institution continentale paie sans doute le prix de ses positions courageuses pour l’Afrique, ses efforts de consensus, sa diplomatie et ses bons offices pour une bonne résilience africaine face à la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus.

    Réforme
    Il pourrait ainsi être à la tête de la toute première commission après la réforme de l’Union africaine. Dans ce sillage, la Commission passera de 10 membres à 8. Dans l’ancienne équipe, seules 6 personnalités ont déposé leur candidature. On note les absences du vice-président, le Ghanéen Kwesi Quartey; le commissaire à la paix et la sécurité, l’algérien Smaïl Chergui, qui briguait son second mandat; la Camerounaise Sarah Anyang Agbor, qui était aux ressources humaines, science et technologie, et la Soudanaise Amira Elfadil, qui était aux affaires sociales.

    Intérêt
    La candidature unique pour le poste de président ne devrait pas laisser croire à un désintérêt pour le travail de la Commission de l’UA. Au contraire. Les chefs d’État auront du travail pour la désignation du vice-président. Huit (8) candidatures ont été validées. Elles se répartissent comme suit: 4 pour l’Afrique de l’Est, 2 pour l’Afrique australe et 2 pour l’Afrique de l’Ouest. Sur l’indicateur genre: 5 femmes et 3 hommes.
    Le conseil exécutif, composé des ministres des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale des États membres, compétents pour l’élection des commissaires, aura fort à faire. Pour les 6 postes à pourvoir, 89 candidatures. Pour un niveau de représentativité du genre de l’ordre de 26 femmes (29,21%) et 63 hommes 70,78%.

    Pour le poste de commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité: 15 candidatures ont été enregistrées. Au titre de la répartition géographique: l’Afrique de l’Est comptabilise 5 candidatures, l’Afrique de l’Ouest en a 4, l’Afrique du Nord compte 3 candidats et l’Afrique australe 3. Sur l’indicateur genre: 3 femmes et 12 hommes.
    Au développement économique, commerce, industrie et mine, on va assister à une compétition inédite.

    Deux commissaires de l’équipe sortante postulent. Il s’agit de Victor Harisson des affaires économiques et de Albert Muchanga du commerce et de l’industrie. La réforme de l’UA a jumelé les deux départements en un seul. Tout compte fait, c’est 16 candidatures qui ont été enregistrées. 9 proviennent de l’Afrique de l’Est, 3 de l’Afrique de l’Ouest, 2 de l’Afrique du Nord et 2 pour l’Afrique australe. Indicateur genre: 3 femmes et 13 hommes.

    Pour le poste de commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social, 18 candidats ont postulé. 7 sont originaires de l’Afrique de l’Est, 4 de l’Afrique de l’Ouest, 4 de l’Afrique du Nord, 2 de l’Afrique australe et 1 de l’Afrique centrale. Soit 8 femmes et 10 hommes.

    La commission infrastructure et énergie enregistre 9 postulants: 3 de l’Afrique du Nord, 2 de l’Afrique de l’Ouest, 2 de l’Afrique de l’Est, 1 de l’Afrique australe et 1 de l’Afrique centrale. À l’appréciation du genre: 3 femmes et 6 hommes.

    Pour la commission éducation, science, technologie et innovation, 17 candidats ont postulé. Ils proviennent de l’Afrique de l’Est (6), 4 de l’Afrique australe, 3 de l’Afrique de l’Ouest, 3 de l’Afrique du Nord, 1 de l’Afrique centrale. À l’appréciation du genre: 5 femmes et 12 hommes.

    À l’agriculture, développement rural, économie bleue et environnement durable, 14 candidatures sont enregistrées. 6 ressortissants de l’Afrique de l’Est ont postulé, 4 de l’Afrique de l’Ouest, 2 de l’Afrique australe et 2 de l’Afrique du Nord. À l’appréciation du genre: 4 femmes et 10 hommes.

    Bobo Ousmanou

     

    Échanges intraafricains en période de Covid-19

    À l’approche de la Zlecaf, la CEA propose d’unifier les procédures douanières

    Dans un rapport présenté par visioconférence le 10 septembre dernier, l’institution onusienne, dirigée par la Camerounaise Vera Songwe, recommande des actions dont les 3 majeures sont les suivantes:
    Un protocole commun Covid-19 de l’Union africaine sur le commerce et le transport est nécessaire pour assurer la coordination.

    Il s’agit de fondre les formalités de commerce transfrontalier et d’en établir un modèle unique dans les différentes régions. Ce qui permettrait de rompre le chevauchement des règlementations régionales et nationales. Un certificat commun de test Covid-19 de l’Union africaine est nécessaire pour les conducteurs de camions et leur équipage. Cette évolution permettrait d’adopter un protocole de testing rapide unique des transporteurs transfrontaliers. L’objectif étant de réduire le délai d’obtention des résultats des tests et partant, le temps nécessaire pour obtenir le certificat correspondant. 

    Des solutions numériques devraient être déployées pour lutter contre la propagation du Covid-19 le long des couloirs commerciaux et favoriser des échanges commerciaux surs et efficaces. La CEA propose la mise en place d’un système électronique de suivi des cargaisons et la promotion des paiements électroniques qui remplaceront les échanges d’espèces qui sont des sources de risque. Elle invite également les autorités à envisager d’assouplir les exigences qui insistent sur la présentation ou la soumission de certificats ou de documents originaux. Toutes ces mesures permettront de limiter les contacts physiques et de diminuer le temps de vérification ou de réalisation des formalités.

    Contexte
    Pour se relever des incidences négatives de la crise sanitaire, le monde en général et les pays africains doivent engager des plans de relance économique post Covid-19, avec un accent sur les échanges. L’entrée en opérationnalisation prochaine de la Zlecaf est donc une aubaine. Ce d’autant plus que les mesures de restrictions imposées pour freiner la diffusion transfrontalière du virus ont entrainé une baisse des exportations intraafricaines de 5% en février, de 16% en mars et de 32% en avril, selon la CNUCED.

    Bobo Ousmanou

     

    Élection du DG de l’OMC

    Deux Africaines dans le Top 5

    Dans un rapport présenté par visioconférence le 10 septembre dernier, l’institution onusienne, dirigée par la Camerounaise Vera Songwe, recommande des actions dont les 3 majeures sont les suivantes:
    Un protocole commun Covid-19 de l’Union africaine sur le commerce et le transport est nécessaire pour assurer la coordination.

     

    Le 16 septembre dernier à 11 h, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a révélé la liste des 5 candidats retenus pour le second tour de l’élection du futur directeur général de l’organisation. Les deux candidates africaines figurent dans cette shortlist. Il s’agit de la Kenyane Amina Mohamed. La candidate de dernière minute est l’actuelle vice-secrétaire générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) et présidente du groupe des Nations unies pour le développement durable.

    La seconde candidate c’est la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, ancienne directrice générale de la Banque mondiale. Elle est actuellement membre de la Task force de l’UA pour la mobilisation des ressources contre la Covid-19. Elle est la première femme ministre des Finances et chef de la diplomatie au Nigéria.
    Les 3 autres postulants sont: Yoo Myung-hee, ministre sud-coréenne du Commerce; Liam Fox, ancien ministre du Commerce extérieur britannique et Mohammed Al-Tuwaijri, ancien pilote de chasse, ministre et banquier saoudien.

    Pour la suite du processus, l’objectif est d’arriver à deux candidats pour le troisième tour. Tout le processus de sélection devrait être terminé aux alentours du mois de novembre comme l’indique l’infographie ci-contre.

    Bobo Ousmanou

  • Eco : Et c’est reparti pour 5 ans!

    Eco : Et c’est reparti pour 5 ans!

    L’insuffisante harmonisation macroéconomique autour des critères de convergence ainsi que la suspension de ces critères pour assurer la relance économique post Covid-19 obligent le report à moyen terme du lancement de la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest.

    La crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus a non seulement creusé les déficits macroéconomiques (déjà existants) des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), mais il faudra davantage creuser ces déficits pour assurer le financement des plans de relance économique post Covid-19. Bien avant, tous les États n’ont pas ramené leurs données macroéconomiques au niveau des critères de convergence de la Communauté. Ces critères de convergence indiquent le niveau autorisé de déficits dans la communauté économique.

    Globalement, voilà l’environnement économique dans lequel l’Afrique de l’Ouest vient de refuser de lancer sa monnaie commune, l’Eco. Le communiqué final de la 57e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, tenue à Niamey (Niger) le 7 septembre 2020, indique que la Conférence a décidé de «différer, à une date ultérieure, le lancement de la monnaie unique».

    Covid-19

    La pandémie de la Covid-19 aura finalement accéléré le mouvement social au Mali et déstabilisé les institutions. Elle aura entrainé des pertes en vies humaines, l’aggravation de la pauvreté, le regain de la menace sécuritaire et l’augmentation des déficits. L’Afrique de l’Ouest est clairement frappée de plein fouet par les répercussions de la crise sanitaire actuelle.

    Pour s’en relever, les chefs d’État d’Afrique de l’Ouest décident d’«exempter les États membres du respect des critères de convergence macroéconomique en 2020», souligne le communiqué final. La mesure vise à permettre aux États de s’endetter pour financer les plans de relance post pandémique. Dans cette perspective, ils ont «lancé un appel aux partenaires en vue d’une augmentation du soutien accordé aux États membres de la Cedeao». Il faudra aussi faire «les réformes économiques nécessaires pour assurer la reprise de leurs économies».

    Les experts de la Banque africaine de développement, lors de la présentation du rapport sur les «perspectives économiques régionales en Afrique de l’Ouest 2020», avaient indiqué que l’Afrique de l’Ouest aurait besoin des mesures énergiques pour se relever de cette situation. Selon les scénarios d’une reprise en forme de V, W ou U, le moyen terme (4-5 ans) pourrait être envisagé.

     Énième feuille de route

    Les chefs d’État concluent qu’une feuille de route sera nécessaire pour le chantier monétaire. Une nouvelle feuille de route, après celle révisée de 2019 et les précédentes qui ont eu cours dans les décennies précédentes.

    Ladite feuille de route intègre la redéfinition «d’un nouveau pacte de convergence et de stabilité macroéconomique». Un projet à envisager sur le moyen terme (5 ans) pour les plus optimistes. Car il faudra déjà le concevoir, le discuter avec les États, les partenaires techniques et financiers, le mettre en œuvre et en tirer les premiers résultats. Dans ce sillage, la commission de la Cedeao est tenue de «travailler avec les banques centrales, les ministères des Finances, l’AMAO et l’IMAO, en vue de la mise en œuvre de la feuille de route révisée pour le programme de la monnaie unique».

    Ce n’est pas un adieu!

    Bobo Ousmanou

     

     

    Monnaie unique Cedeao : Une histoire d’atermoiements

    Le projet au cœur de la naissance de la dynamique d’intégration en Afrique de l’Ouest demeure un serpent de mer.

     

    2020 symbolisera un rendez-vous manqué de plus pour la naissance de la monnaie unique ouest-africaine. Les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) trainent deux décennies de report du lancement d’une monnaie devant les trois zones monétaires qui squattent la région à savoir l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa) et son franc CFA (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Guinée-Bissau), la ZMAO et ses devises (cédi au Ghana, dalasi en Gambie, dollar libérien au Liberia, franc guinéen en Guinée, leone en Sierra Leone et naira au Nigéria) et le Cap-Vert dont la monnaie, l’escudo, n’appartient à aucune des deux unions monétaires.

    Si en 2020, les questions de géopolitique ont largement dominé et ont conduit les ministres des Finances de la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest (ZMAO) à conclure que le processus de transformation du FCFA en Eco ne respectait pas la feuille de route définie par les chefs d’État, il faut également souligner l’incidence générée par la crise sanitaire liée à la Covid-19 sur les économies. Des économies en état d’impréparation structurelle à accueillir cette monnaie, car très peu respectueuses des règles de la surveillance multilatérales qui créent un dominateur commun d’homogénéisation.

    Évolution

    L’histoire des renoncements débute en réalité avec la création de la Cedeao. Dès 1972, le président togolais, Gnassingbé Eyadema, et son homologue du Nigéria, le général Yakubu Gowon, entreprennent une tournée destinée à promouvoir l’idée d’une intégration sous régionale en Afrique de l’Ouest. En 1975, leurs efforts débouchent sur le traité de Lagos et la création de la Cedeao. Au début des années 1980, les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté posent les bases d’un processus d’intégration monétaire.

    Pour structurer ce projet, la ZMAO est créée en 2000 pour se rapprocher de l’Uemoa qui, elle, a vu le jour en 1994. En 2001, la Cedeao adopte le mécanisme de surveillance multilatérale des politiques économiques et financières des États membres. Objectif: le respect d’un ensemble de critères de convergence macroéconomiques, susceptibles de contribuer à homogénéiser les économies de la région.

    Après trois reports successifs, en 2003, 2005 et 2009, les autorités ouest-africaines renoncent finalement, en juillet 2014, à lancer l’Eco en janvier 2015 au sein de la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest. Raison invoquée: Le niveau insuffisant de préparation et de convergence économique au sein de la ZMAO.

    Finalement, c’est en 2018 que les discussions vont reprendre en vue d’un lancement en 2020. Une feuille de route révisée est adoptée en 2019 à cet effet. Elle est intransigeante et fort ambitieuse. Elle indiquait que seuls les pays qui respecteront les critères de convergence dits de premier rang avant 2020 (déficit budgétaire limité à 3% du PIB, une inflation à 10% maximum et une dette inférieure à 70% du PIB) participeront à la monnaie unique.

    Enfin de compte…

    Bobo Ousmanou

    EcoFCFA/Convergence : Buhari détricote Ouattara

    La Cedeao se prépare à mettre sur pied une nouvelle architecture de la surveillance multilatérale. C’est l’une des décisions majeures de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement du 7 septembre dernier. C’est aussi et surtout un gage technique pour la réalisation du chantier monétaire en Afrique de l’Ouest.

     

    C’était le principal argument du chef d’État ivoirien qui justifiait techniquement et triomphalement le passage du FCFA à l’Eco et son lancement en 2020. Un argument convergent avec la feuille de route révisée de 2019 qui indiquait que seuls les pays ayant été disciplinés dans le respect des critères de convergence pourraient prendre part au lancement de la monnaie unique ouest-africaine, initialement prévue pour le 3e trimestre 2020. Avec la Banque de France, la zone franc et le FMI comme épée de Damoclès, les pays de l’Uemoa sont très studieux (mais toujours bons élèves) dans le respect des critères de convergence qui ressortent même (chose rare) dans le traité de création de l’organisation.

    Ce tacle technique sur les critères de convergence, le Nigéria de Buhari (très mal en point économiquement depuis la crise des matières premières de 2014) n’avait pas encore, jusqu’au 2e trimestre 2020, pu contrecarrer et riposter. D’autant plus que Paris, en initiant un rapprochement avec Accra tout au long de l’année 2019 (invitation à Paris, mise à l’honneur, accords économiques), avait engagé son projet «isolement du Nigéria».

    Il aura fallu la rencontre des chefs d’État de la ZMAO en juin 2020 pour décider d’aplanir les divergences entre la dynamique FCFA et celle de la Cedeao. Car quelques mois auparavant, le 16 janvier, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays de la ZMAO, réunis en conseil de convergence, avaient «pris note avec préoccupation» du passage du FCFA Uemoa à l’Eco d’ici 2020 comme indiqué en décembre 2019 par Ouattara. Ils avaient indiqué, dans le communiqué final, que «cette décision n’est pas conforme» avec la démarche des chefs d’État.

    Le mandat à venir du chef d’État ivoirien réserve des défis sur ce chantier où le Nigéria semble reprendre la main!

    BO

  • Banque africaine de développement (BAD) : Les 10 défis du second mandat de Akinwumi Adesina

    Banque africaine de développement (BAD) : Les 10 défis du second mandat de Akinwumi Adesina

    Réélu par vote à 100% par les pays africains et occidentaux, le président de la banque africaine de développement a 5 ans pour consolider son projet continental basé sur les High 5 mais il doit franchir à l’institution panafricaine deux caps : la banque sur mesure du développement de l’Afrique,  une banque de développement internationalement standardisée et entérinée.

    A la lumière des denses échanges des gouverneurs lors des assemblées annuelles 2020 mais aussi des avis et impressions données dans les coulisses de cet évènement tenu dans un format inédit, le Journal Intégration dégage et présente 10 défis du second mandat du premier président réélu par scrutin de la banque africaine de développement. Mandat qui court dès le mardi 1er septembre 2020.

     Par Bobo Ousmanou

     En situation normale, la réélection de Akinwumi Adesina aurait été célébrée avec faste sur le continent. 3 faits majeurs auraient dicté [légitimement] ce satisfecit : les Etats africains et les organisations africaines ont tenu à respect, avec tact et doigté, le vent de déstabilisation qui a plané sur la banque africaine de développement (Bad) ; l’Afrique a une appréciation globale largement positive de l’action du président de la Bad ; la diplomatie du Nigéria, première puissance économique du continent, vient de réussir un coup de poker pas gagné d’avance.

    Malheureusement le contexte, visible à travers le format de visioconférence et de huis clos dans lequel s’est tenue la 55ème assemblée annuelle de la Bad, douche les réjouissances. Pas d’état de grâces pour l’Afrique encore moins pour Dr Adesina. Il devra très vite repartir au travail. Comme il l’a souligné dans son allocution le 26 août à l’ouverture des travaux de l’assemblée, depuis sa bibliothèque, « la crise sanitaire provoquée par la pandémie planétaire du Coronavirus hypothèque 10 ans d’acquis et de travail du développement glanés par les pays africains ». « Il faudra y faire face. La banque y est pleinement engagée » a-t-il ajouté. Bien plus, face à des inquiétudes et requêtes de certains pays, la banque devra réajuster son fonctionnement, son positionnement et ses interventions.

    Parmi les inquiétudes, les administrateurs des pays membres non régionaux, dénomination technique qui désigne les pays non africains, ont souhaité qu’après la récente mise en cause, le système de vérification interne soit amélioré. Plusieurs d’entre eux ont également souligné la nécessité de faire converger le positionnement de la Bad avec les exigences internationales défendues par les institutions de Breton wood. Pour ce qui est des pays africains, plusieurs pays ont souhaité que la banque affecte plus de moyens aux Etats et régions qui connaissent des retards de développement et qu’elle examine sérieusement la situation des Etats insulaires qui doivent surmonter un handicap géographique naturel pour développer les échanges. Le consensus des pays membres régionaux s’est établi sur l’invitation à marier la banque aux aspirations et objectifs de développement du continent porté par l’agenda 2063.

    Des échanges denses et majoritairement contradictoires. « La banque mondiale veut que l’Afrique soit permanemment en ajustement structurel et voit d’un mauvais œil la disponibilisation des liquidités de la Bad aux Etats africains. C’est à comprendre que le développement de l’Afrique les préoccupe moins que les calculs » livrera un participant sous anonymat qui s’était déjà illustré au récent caucus africain de la banque mondiale. En détails et éclater en 10 axes, les défis de la convergence et de la pertinence de la BAD.

    COVID-19

    En mettant sur pied un fonds de 5509 milliards 833 millions 046 mille 620 francs cfa soit 10 milliards de dollars (taux de change du 29 août 2020), la banque africaine de développement a voulu offrir aux Etats africains des prêts d’urgence pour la riposte et la relance aux incidences multiformes de la crise sanitaire. Le fonds se compose comme suit : 55% du fonds (5,5 milliards dollars) pour les Etats, 31% (3,1 milliards dollars) pour les organisations régionales à travers les emprunts d’Etat, 1,35% (1,35 milliard dollars) pour le secteur privé.

    Pour empêcher l’effondrement des économies africaines mais aussi tirer profit de cette conjoncture pour restructurer les socles économiques à travers les plans de relance, la Bad doit être aux côtés des Etats. Les administrateurs ont appelé à « la mise en œuvre effective dans le respect du cadre de stabilité financière » précise le communiqué final. Tout aussi important, les administrateurs de la Bad demandent à la banque de prendre des mesures « lui permettant de soutenir l’initiative du G20 portant sur la suspension des obligations de service de la dette des pays à faible revenu ».

     Rigueur budgétaire

    Certains administrateurs pays de la banque africaine de développement ont donné échos aux critiques du président de la banque mondiale, David Malpass. En février dernier, il avait pointé la responsabilité de l’institution panafricaine de financement du développement dans l’aggravement de la dette du continent. Ceci dû à la « tendance à octroyer trop facilement des prêts ».

    Il est donc revenu à plusieurs reprises dans les discussions, le rôle de la Bad pour la garantie de la discipline économique et financière des Etats africains. Elle est appelée à être moins généreuse et permissive. Les administrateurs engage la Bad à agir en « préconisant et en encourageant des cadres de politique macroéconomique prudents, et en fournissant des conseils avisés sur la viabilité de la dette en coordination avec le FMI et la Banque mondiale ».

    La banque devra elle-même se protéger des risques

    financiers « compte tenu des perspectives très incertaines liées à la pandémie ». D’où l’invitation « à la préservation de la solidité financière de l’institution en actualisant son cadre de viabilité financière, et l’adoption de nouvelles mesures pour créer des coussins de sécurité, gérer les niveaux de prêt ».

    Capital et ressources

    Toutefois, Akinwumi Adesina devra finaliser l’augmentation du capital et la reconstitution des ressources du FAD approuvées le 31 octobre 2019 lors de l’Assemblée extraordinaire des actionnaires tenue à Abidjan (Côte d’Ivoire). Les 81 actionnaires (pays membres de la Bad) devront faire passer le capital de 56 751 milliards 264 millions 889 mille 500 francs cfa (93 milliards dollars) aujourd’hui à 114 603 milliards 453 millions 348 milles 820 francs cfa (208 milliards dollars. Soit une hausse de 125% en valeur relative et 63 362 milliards 486 millions 226 mille 511 francs cfa (115 milliards dollars). Cette septième augmentation générale du capital sera effective lorsque les Etats auront transmis l’entièreté des souscriptions. En pareille contexte, il faudra suffisamment convaincre lesdits Etats pour qu’ils discriminent. C’est une course contre la montre qui s’engage. Elle devra s’armer d’une diplomatie efficiente.

    Concernant le fonds africain de développement (Fad), branche concessionnelle de la Bad, des annonces de contribution d’un montant de 4187 milliards 333 millions 679 milles 337 francs cfa (7,6 milliards de dollars) de la part des donateurs. Il s’agit là d’une hausse de 32 %. Le  Fad permet de soutenir les pays à faible revenu et les États fragiles. Cette opération marque la quinzième reconstitution des ressources du fonds.

    Gouvernance interne

    L’épisode des accusations de mal gouvernance conférées contre le président réélu n’est pas tourné. Sa reconduction et le score du scrutin qui en a décidé n’est pas une contradiction. Certains pays non africains, actionnaires de la Bad, l’ont très bien fait savoir durant les échanges. De leur point de vue, la procédure qui encadre la dénonciation, la confrontation et la défense des mis en cause n‘est pas optimale. C’est un argument qui avait été présenté par les lanceurs d’alerte ou plaignants.

    Un comité ad hoc du conseil des gouverneurs chargé de superviser la revue du cadre de gouvernance de la banque en matière d’éthique et de traitement des plaintes verra le jour. En d’autres termes, les actionnaires de la Bad se chargeront du nouveau dispositif d’enquête de l’institution. La revue du comité « portera sur la politique de dénonciation et de traitement des griefs, le code de conduite des dirigeants élus, le mandat du comité d’éthique et toute autre règle pertinente, et visera à les mettre à jour afin de renforcer la gouvernance du Groupe de la Banque, de garantir les plus hauts niveaux de responsabilité, de crédibilité et d’intégrité et de promouvoir la transparence et l’indépendance » indique le communiqué final de la 55ème assemblée annuelle.

     Spécialisation et action en réseau

    A l’effet de remplir le triple objectif : réaliser le financement du maximum de projets phares convergents avec les High 5 ; réaliser un impact significatif à travers les projets construits ; réaliser le développement de l’Afrique, la Bad est invitée à réorienter stratégiquement son action.

    Les administrateurs lui proposent de se spécialiser dans les domaines où a elle plus de succès par rapport aux autres banques multilatérales de financement du développement. Pour les autres domaines, elle développerait des synergies, des partenariats. La banque devrait se concentrer sur des domaines bien précis et y mettre toute son énergie, ses ressources afin de construire le maximum de projets.

    En développant les complémentarités, elle permettrait aux partenaires, qui sont d’autres institutions multilatérales de financements du développement, de fournir beaucoup d’énergie et de ressources pour un panier réduit de projets de développement.

    La Bad, selon l’orientation des administrateurs, devra « renforcer la concentration de son action sur les domaines dans lesquels il possède un avantage comparatif sur les autres banques multilatérales de développement dans le paysage mondial, tout en recherchant des synergies et des collaborations avec d’autres partenaires de développement dans d’autres domaines en vue d’accélérer la mise en œuvre de ses objectifs prioritaires au titre des High 5 ».

     Fossé infrastructurel

    Le secteur des infrastructures devrait bénéficier en premier de cette spécialisation de la banque africaine de développement. Pour les gouverneurs (administrateurs), la banque doit « combler le déficit de financement des infrastructures dans les domaines où la Banque a un avantage comparatif, tels que les transports, télécommunications, l’agriculture, l’énergie et l’économie numérique. Nous reconnaissons le rôle critique des infrastructures de santé de qualité pour le continent africain. A cet égard, la Banque doit encore mieux articuler le développement de son rôle dans ce domaine, en prenant en compte les expertises des autres partenaires au développement dans ce domaine et ses capacités internes ».

    L’épineux déficit infrastructurel du continent africain n’est plus à démontrer. Il est la source du retard industriel de l’Afrique, de l’insuffisant développement des échanges, de la concentration de la pauvreté en milieu rural malgré les richesses qui s’y trouvent, du danger que fait peser la mauvaise urbanisation en Afrique.Les perspectives économiques africaines de le Bad indiquent que « 130 à 170 milliards de dollars par an seraient nécessaires au développement des infrastructures du continent ».

    Zone de libre-échange continentale africaine

    Dans ses perspectives économiques régionales 2019, la banque a présenté les 5 mesures de politique commerciale qui peuvent amener le commerce intraafricain à faire gagner à l’Afrique 134 milliards dollars par an. Le marché unique africain peut effectivement être le « game changer » qu’on lui prédit. Des réformes de transformations structurelles sont nécessaires. Faire tenir à la Zlecaf toutes ses promesses, c’est une tâche à laquelle la Bad va s’engager inexorablement. Les administrateurs ont souhaité que la banque se positionne dans la « mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine, qui a tout le potentiel pour augmenter la croissance du continent, accroître sa compétitivité, améliorer le climat des affaires, et développer les investissements et les chaînes de valeur régionales et continentales ».

    Un sujet, somme toute, pas étranger à l’institution. Le 1er avril 2019, elle a largement contribué à la mise en place du secrétariat de la Zlecaf en octroyant une subvention de 4,8 millions dollars en avril 2019. Le secrétariat de la Zlecaf a été inauguré le 17 août et transféré à l’Union Africaine.

     Intégration régionale

    La Bad est invitée à renforcer l’étroite collaboration qu’elle entretient avec les organisations d’intégration africaine notamment l’Union Africaine et les communautés économiques régionales. L’objectif est de faire converger les priorités de développement notamment l’agenda 2063 et les documents de stratégie d’intégration régionale. Les administrateurs ont indiqué « nous conseillons vivement au Groupe de la Banque d’approfondir sa collaboration avec l’Union africaine et les Communautés économiques régionales (CER) pour accélérer l’intégration et la transformation économique et sociale de l’Afrique ». Il faudra peut-être aller au-delà des 5 bureaux régionaux et des 2 bureaux de coordination.

     Autonomisation économique des femmes

    Prenant appui sur l’existant notamment l’initiative pour favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique(Afawa), la Bad devra renforcer son action en matière en matière d’autonomisation économique des femmes. Afawa vise à combler le déficit de financement qui affecte les femmes en Afrique. Il est estimé à 42 milliards de dollars dans l’ensemble des chaines de valeurs. Il est causé par de multiples obstacles. Le taux d’entrepreneuriat féminin en Afrique subsaharienne atteint 25,9 % de la population féminine adulte, ce qui signifie qu’en Afrique, une femme sur quatre lance ou gère une entreprise. Plus nombreuses, elles auraient un meilleur impact sur la productivité, la création de richesse et la création d’emplois.

    Pour les gouverneurs, la banque doit « intensifier son engagement en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes dans ses opérations afin de contribuer davantage au progrès humain et à la transformation structurelle dans les PMR. À cet égard, nous félicitons le Groupe de la Banque pour les partenariats qu’il est en train de mettre en place pour accroître l’autonomisation économique des femmes et leur accès au financement, notamment par le biais de l’Action positive pour le financement en faveur des femmes en Afrique (AFAWA), qui doit être mise en œuvre dans les tous prochains mois ».

    Secteur privé

    Le secteur privé africain est un sérieux client de la Bad. Si les relations se sont détendues en 2019, plusieurs organisations patronales n’ont pas arrêté de considérer la Bad comme la « banque des Etats ». Ceci dû non seulement à la taille du portefeuille des opérations envers les entreprises [modeste selon Célestin Tawamba du Gicam-29 mars 2019 à Douala], la complexité des procédures et la quasi inéligibilité des PME [selon Célestin Tawamba du Gicam- 29 mars 2019 à Douala] qui constituent pourtant 90% du tissu entrepreneurial du secteur privé africain.

    Pourtant, réussir la croissance, la Zlecaf, la création d’emploi, l’industrialisation passe par la dynamisation des entreprises. Il faudra peut-être adapter les interventions de la Bad. D’autant plus que l’institution panafricaine se fait le chantre de l’intensification des partenariats publics privés en Afrique. La banque est donc attendue comme le facilitateur de la montée en puissance du secteur privé.

    Les gouverneurs ont appelé la banque à « soutenir davantage les politiques sectorielles et les réformes réglementaires en vue de promouvoir un environnement favorable aux entreprises et tirer parti des nouveaux engagements financiers importants pris en faveur de projets en Afrique, y compris par le biais du Forum pour l’investissement en Afrique ».

     Jeunesse et création d’emplois

    Parmi les belles innovations de cette 55ème assemblée annuelle de la Bad, il y a l’adoption de la création d’emplois comme nouveau critère de sélection des projets à financer. Le second mandat de Akinwumi Adesina s’ouvre sur cette perspective. Désormais, les projets sollicitant un financement de la banque africaine de développement devront garantir qu’il contribuera à créer des emplois.

    La banque doit « redoubler d’efforts en vue d’offrir plus d’opportunités et des emplois de meilleure qualité aux jeunes pour contribuer à endiguer la migration hors du continent. En conséquence, nous invitons la Banque à mieux intégrer l’impact sur l’emploi, notamment des jeunes, comme critère de sélection des opérations financées » ont préconisé les gouverneurs pays.

    Les perspectives économiques régionales en Afrique 2019 ont démontré que l’Afrique devrait créer 12 millions d’emplois chaque année pour juguler l’arrivée massive des jeunes sur le marché de l’emploi. Ce qui permettra de capter le dividende démographique et renforcer la classe moyenne africaine. Difficulté : les compétences ! Les perspectives 2020 exposent l’étroitesse du marché du travail pour des dizaines et des dizaines de millions de jeunes du fait de l’absence de compétences nécessaires. Il faudra donc travailler en amont pour adapter l’industrie de formation supérieure.

  • Coup d’État au Mali : Umaro Sissoko coud un costume à Ouattara et Condé

    Coup d’État au Mali : Umaro Sissoko coud un costume à Ouattara et Condé

     

    Le tout nouvellement élu président bissau-Guinéen Umaru Sissoco Embaló fait les choux gras de la presse africaine. Au cours du sommet extraordinaire de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) du 20 août 2020 consacré au coup d’État au Mali, il s’est illustré par une particulière appréciation de la notion de coup d’État.

    Estimant au préalable qu’un coup d’État est forcément condamnable, il a invité ses pairs à condamner tous les coups d’État, sans exception. Pour le tombeur de Domingos Simões Pereira lors de l’élection de février 2020, les projets de troisième mandat anticonstitutionnel sont aussi des coups d’État et on ne peut pas les laisser prospérer impunément. «Donc, si on doit condamner la junte malienne du CNSP pour avoir fait un putsch, il faut également condamner Alpha Condé et Alassane Ouattara», a-t-il lâché en plein huis clos des chefs d’État. «Les présidents Buhari et Sall ont éclaté de rire, tandis que Condé et Ouattara sont devenus verts de rage, face à l’audace du jeune président bissau-guinéen», indique Mediapart.

    Crise de respect
    À l’origine de cet affront, un manque de respect. À en croire jeune Afrique, le président de la Guinée-Bissau n’a toujours pas digéré le dédain des présidents ivoiriens et guinéens envers sa personne. Les deux personnalités ont clairement affiché leur soutien à l’adversaire de Umaro Sissoko. Cette attitude se serait poursuivie après l’investiture du champion de la présidentielle de 2020, lui qui avait déjà reçu les soutiens de Macky Sall, Muhammadu Buhari et même de Denis Sassou Nguesso en Afrique centrale.

    Lorsqu’Alassane Ouattara, voulant réagir, lui oppose un «filston» pour rabattre le caquet à son pourfendeur, Umaro réplique «Il n’y a pas de fiston ici… Il y’a des Chefs d’État qui sont tous égaux. Et j’entends assumer pleinement la souveraineté de mon pays».

    Bobo Ousmanou

  • Afrique de l’Est : Région leader de la résilience économique à la crise

    Afrique de l’Est : Région leader de la résilience économique à la crise

    Avec des prévisions révisées de croissance à 1,2% en fin 2020, la violence des répercussions de la crise sanitaire relative à la pandémie mondiale du Covid-19 n’a pas entamé le leadeurship de l’Afrique de l’Est en matière de moteur de croissance sur le continent africain, malgré un secteur touristique fortement fragilisé.

    Quelques chefs d’Etat d’Afrique de l’Est en conclave

    Les perspectives économiques régionales 2020, pour l’Afrique l’Est, de la Banque africaine de développement (Bad) démontrent qu’elle demeure la région la plus dynamique du continent. Publié le 8 juillet à Nairobi (Kenya), le rapport de l’institution panafricaine de financement du développement indique que l’Afrique de l’Est sera l’une des seules régions du continent à justifier d’un taux de croissance positif en décembre 2020, malgré les ravages du coronavirus. Le rapport fait état de prévisions de croissance de 1,2% en 2020 en Afrique de l’Est, soit une chute d’environ 4% par rapport aux prévisions d’avant Covid-19. Cependant, cette croissance devrait rebondir en 2021 à 3,7% si le virus est sous contrôle d’ici au troisième trimestre de cette année.

    Avant la pandémie de Covid-19, la croissance économique de l’Afrique de l’Est pour l’année 2020 était prévue à plus de 5%, contre 3,3% pour le continent et 2,9% pour la croissance mondiale. Les chocs induits par la Covid-19 et une invasion de criquets ont contribué à des pertes d’emplois et à des besoins humanitaires accrus, qui aggraveront la pauvreté et les inégalités de revenus. Dans la perspective la plus défavorable, celle où la pandémie persisterait jusqu’à la fin de 2020, la Banque prévoit une croissance de 0,2% en 2020 pour la région (contre -1,7% et -3,4%).

    Diagnostic
    Les «perspectives économiques régionales de l’Afrique de l’Est 2020» montrent que la pandémie de Covid-19 affectera les économies de l’Afrique de l’Est à plusieurs niveaux: chute des cours des matières premières et des échanges commerciaux, et restrictions sur les déplacements avec un impact négatif important sur le secteur du tourisme. L’affaiblissement des flux financiers a affecté le solde budgétaire et celui des paiements courants de la région, tandis que les perturbations dans les chaines d’approvisionnement ont pénalisé la production et la distribution des biens alimentaires, note le rapport. Avec la fermeture des écoles, environ 90 millions d’élèves ont été privés de salles de classe.

    Appui à la résilience
    La Banque a réagi rapidement en apportant, en urgence, le soutien nécessaire pour faire face aux répercussions immédiates de la pandémie de Covid-19. L’institution a notamment fourni une aide de 212 millions de dollars US au Kenya, 165 millions de dollars à l’Éthiopie, 4 millions de dollars au Soudan du Sud, et 10 millions de dollars aux Seychelles.

    Le rapport appelle à des mesures urgentes pour amortir les effets de la pandémie de Covid-19, et d’autres chocs. «Les pays d’Afrique de l’Est devraient accélérer le rythme d’une véritable transformation structurelle en passant à une production portée par des activités à plus forte valeur ajoutée qui pourraient limiter leur vulnérabilité aux chocs intérieurs et extérieurs», a déclaré Marcellin Ndong Ntah, un des deux économistes en chef de la Banque en Afrique de l’Est.

    Selon Julius Mukunda, directeur exécutif du Civil Society Advocacy Group en Ouganda, les pays de l’Afrique de l’Est, pour favoriser la croissance, doivent investir dans des domaines comme la production alimentaire afin de générer des revenus pour les agriculteurs et les aider à limiter les impacts du Covid-19 sur leur activité.

    Bobo Ousmanou

  • Tourisme rwandais : L’autre vainqueur de la Champions League 2020

    Tourisme rwandais : L’autre vainqueur de la Champions League 2020

    Le Rwanda, sponsor du Paris Saint Germain, a bénéficié d’une exposition publicitaire unique au cours de la finale de Champions League européenne regardée par près d’un milliard de personnes dans le monde.

    L’inscription «Visit Rwanda» sur les maillots du Paris Saint-Germain a été vue par près d’un milliard de téléspectateurs et internautes dans le monde entier ce dimanche 23 aout 2020, à l’occasion de la finale de champions league européenne. C’est un coup de publicité énorme pour la destination touristique Rwanda. Cette exposition planétaire du Rwanda est une ingénieuse action de promotion des atouts touristiques du pays de Paul Kagame. Certes, on évaluera les retombées plus tard, mais il n’en demeure pas moins que plusieurs sponsors souhaiteraient être à la place du PSG.

    Au-delà du tourisme, c’est une question d’image et d’attractivité de l’investissement dont il est question. Notamment dans un contexte où la Zone de libre-échange continentale africaine entre en opérationnalisation en 2021 (janvier ou juillet) et offre d’énormes opportunités aux opérateurs économiques, mais aussi aux États.

    Partenariat
    Entre le PSG et le Rwanda, le partenariat de sponsoring aura un an en décembre prochain. Ce partenariat a d’ailleurs trois volets: la visibilité du Rwanda, des prestations dans le domaine de la communication et l’ouverture d’une PSG Academy à Kigali. Il coute 10 millions d’euros annuels au Rwanda soit 6 milliards 557 millions francs CFA jusqu’en décembre 2022. En monnaie locale du Rwanda, c’est 11 172 108 392 francs rwandais.

    L’une des matérialisations du volet visibilité consiste d’avoir l’écriteau «Visit Rwanda» sur les maillots de matchs, les maillots d’entrainements et les ensembles jogging du PSG. Pendant les rencontres de football, l’inscription est aussi visible dans les travées du Parc des Princes et les panneaux publicitaires ceinturant l’aire de jeu. Dans le volet communication, on a vu le PSG largement communiquer sur la commémoration du génocide rwandais. Pour ce qui est de l’académie, plusieurs anciennes gloires du PSG telles que Youri Djorkaeff se sont rendues au Rwanda en mars dernier pour entretenir de jeunes aspirants à la carrière de football.

    En misant sur ce partenariat, l’intelligence économique du Rwanda, portée par la Rwanda Development Board (Conseil de développement du Rwanda), fait un choix stratégique audacieux. «Nous investissons une partie de nos recettes touristiques dans des collaborations stratégiques telles que celle avec le Paris Saint-Germain, car nous comprenons leur effet positif sur la perception globale du pays», avait confié Lare Akamanzi, directrice exécutive du Rwanda Development Board.

    Bobo Ousmanou

  • Conseil de l’UEAC : Les dossiers sur la table des ministres

    Conseil de l’UEAC : Les dossiers sur la table des ministres

    La 35e session du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC) charrie beaucoup d’attentes. La réunion se tient dans un contexte de crise sanitaire et économique et constitue, tant pour les populations que pour les représentants des États membres de la Cemac, une formidable occasion de se prononcer sur un certain nombre de sujets d’importance. Il s’agit précisément des dossiers examinés les 4 et 5 août derniers par des experts de la Cemac. C’était au cours des travaux du Comité inter-États justement préparatoires à ladite session de l’instance communautaire.

    Si l’on s’en tient au rapport ayant sanctionné les travaux des experts, les plénipotentiaires de la Cemac sont appelés à plancher sur une vingtaine de dossiers regroupés dans quatre principales rubriques. Ce sont les affaires, les textes, les nominations et les notes d’information. S’agissant des affaires, elles ont trait pour l’essentiel à l’évaluation de la situation économique, sanitaire et sociale à l’échelle régionale, ainsi qu’au financement de la Communauté. Sur ces deux aspects et à l’exception de la question relative aux sources alternatives de financement, le Comité inter-États a transmis, avec avis favorable au Conseil des ministres, les dossiers présentés par la Commission de la Cemac. Il est à noter que la problématique liée au financement de la Communauté concerne surtout «la situation de la Taxe communautaire d’intégration (TCI) et la dette de la Communauté à la fin de l’exercice 2019», précise le rapport.

    Une fois les affaires épuisées, les ministres en charge de l’Économie et des Finances en zone Cemac doivent également examiner quelques textes soumis à leur appréciation. Comme on peut s’en douter, les instruments juridiques dont il est question se rapportent notamment à la libre circulation, à la surveillance multilatérale et au mécanisme d’alerte précoce des déséquilibres macroéconomiques.

    Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)

    Alamine Ousmane Mey, présidera les travaux depuis Yaoundé

    La fiabilisation du cadre macroéconomique et financier pour assurer une relance économique post-Covid-19 dans les pays constitue la principale interpellation de la 35e session du Conseil des ministres de l’UEAC qui se tient ce lundi par visioconférence. D’autres dossiers de la Communauté seront également soumis à la sanction des ministres de l’Économie, des Finances et de l’Intégration.

    La 35e session du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC) se tient au moment où le plan communautaire de relance économique proposé par la commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) entre en finalisation. Les ministres en charge de l’Économie, des Finances et de l’Intégration qui composent ce conseil doivent examiner un segment très important pour sa sensibilité. Il s’agit de la suspension, pour une période de 6 mois, de deux critères de convergence (voir tableau) du système de surveillance multilatérale de la Cemac: le solde budgétaire de référence (qui doit être supérieur ou égal à -1,5% du PIB) et l’encours total de la dette publique (qui doit être inférieur ou égal à 70% du PIB).

    Le dossier a été étudié par le Comité de pilotage du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac, lors de sa 11e session ordinaire tenue le 3 août par visioconférence. Seulement, le système de surveillance multilatérale de la Cemac est la seule compétence de l’UEAC (article 49 de la convention la régissant) dont le Conseil de ministre se veut l’organe délibérant (article 63).

    Le comité Inter-États des experts, qui a préparé les travaux des ministres les 4 et 5 août par visioconférence, a livré son avis sur cette question. Les experts ont transmis la décision de suspension aux ministres. Ils ont par ailleurs «demandé que la correspondance de la BEAC [Banque des États de l’Afrique centrale] soit annexée au dossier qu’il transmet au Conseil des ministres pour décision», indique le rapport des travaux des experts dont Intégration a obtenu copie.

    Débat communautaire
    L’intervention de la banque centrale est déterminante, car l’institution d’émission a émis une éminente réserve sur cette mesure. Le rapport des travaux de la 11e session ordinaire du Pref Cemac, lu par son secrétaire permanent Pr Michel Cyr Djiena Wembou, indique que la Beac freine des pieds «afin d’éviter de transformer la crise budgétaire en crise financière».
    La Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), gendarme du secteur des banques, soutient cette position de son «patron».

    Pour les États membres et la commission de la Cemac, la mesure a déjà été adoptée dans d’autres régions (Uemoa, Union européenne). Elle devrait ainsi être soutenue. Voilà pourquoi les experts ont souhaité que la contribution de la Beac soit annexée aux documents portant sur ce sujet. Notons que c’est le Cameroun qui a, en premier, sollicité du président du Conseil des ministres de l’UEAC de bénéficier de cette dérogation conformément à l’article 60 de la convention régissant cette institution. Par lettre en date du 22 mai 2020, le ministre des Finances du Cameroun a saisi le président du Conseil des ministres, le ministre camerounais de l’Économie, Alamine Ousmane Mey. Le plaidoyer du ministre Motaze consistait à faire bénéficier à toute la communauté d’une suspension temporaire des critères de la surveillance multilatérale pour une durée de six (6) mois éventuellement renouvelable, dans le cadre de la lutte contre la pandémie liée au Covid-19.

    Le membre du gouvernement a fait valoir les pondérations de la Cobac qui limite les volumes d’émissions des titres publics à lever sur le marché régional. La loi des finances rectificatives 2020 du Cameroun a revu à la hausse le déficit budgétaire (2,1% du PIB à 4,5% du PIB). Le Cameroun, comme les autres pays ayant été appelés à prendre ces lois de finances et étant confrontés à la baisse des recettes budgétaires, doit pouvoir compter sur les émissions de titres sur le marché régional d’autant plus que la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) s’est vu inciter à émettre des titres sur le marché sous régional pour le financement des États et du secteur privé.

    Le scénario majeur est celui de la validation de cette mesure ce lundi au terme du conseil des ministres. En exécution des termes de l’article 62 de la convention de l’UEAC, «les États membres sont invités à soumettre, dans un délai de quarante-cinq (45) jours, des programmes triennaux de convergence actualisés qui devront être élaborés en concertation avec la Commission de la Cemac».

    Passe-droit salvateur
    Globalement, la mesure discutée devrait permettre aux États de la Cemac de s’endetter suffisamment et financer les projets de relance économique. L’endettement aménagé ici s’explique d’autant plus, car la crise sanitaire a éventré les trésoreries des États. «Nos pays ont besoin de couvrir, au risque d’obérer davantage les déséquilibres macroéconomiques, un gap de financement non négligeable estimé par la BEAC à près de 1500 milliards de FCFA» a relevé Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac, dans son allocution à l’entame des travaux du Comité inter-États des experts, le 4 août dernier.

    La relance économique nécessite des investissements productifs colossaux. L’industrialisation et la transformation des matières premières en sont des axes prioritaires. Une grande initiative de règlement de la dette intérieure afin de positionner le secteur privé au cœur de la dynamique de relance est également envisagée.

    Autres dossiers
    La discipline budgétaire devrait rester de mise, car les ministres devront adopter le dispositif de sanctions pour les infractions aux règles de la surveillance multilatérale. Celui-ci postule que les sanctions indicatives actuelles et le processus permissif seront remplacés par un mécanisme plus réactif que pourra déclencher la commission au travers des échanges avec le pays n’ayant pas respecté les critères.

    Pour ce qu’il est des sanctions, plusieurs points sont prévus: l’imposition d’un plafond de déficit budgétaire pour le prochain exercice budgétaire par la Commission de la Cemac; l’imposition par la Commission de la Cemac d’un plancher pour l’apurement du stock d’arriérés de paiement existants au cours du prochain exercice budgétaire; l’approbation préalable du projet de loi de finances de l’État concerné pour le prochain exercice budgétaire par la Commission de la Cemac avant toute soumission au parlement national. Il s’agit là d’une réelle ambition de discipline économique et financière.

     

    Libre circulation des personnes

    Le Schengen que prépare la Cemac

    La Commission Cemac veut fixer un prix unique des titres de séjours dans toute la sous-région pour les ressortissants de la communauté, ceci en adéquation avec le projet universitaire du Pref-Cemac.

    La dynamisation de la libre circulation des personnes passe aussi par le cout des titres des séjours. La Commission de la Cemac propose aux États de l’harmoniser sur l’ensemble de l’espace communautaire à 100 000 FCFA pour les ressortissants de la communauté. L’harmonisation des titres et tarifs de séjour dans les pays membres de la Cemac, au profit des citoyens communautaires, est conforme à la politique commune d’émigration, d’immigration et de protection des frontières. Elle a été adoptée en 2019 au lendemain de la session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État du 24 mars 2019. L’Acte additionnel n°05/19 — Cemac-070 U-CCE-14 du 1er avril 2019, portant adoption de la politique commune d’émigration, d’immigration et de protection des frontières de la zone Cemac.

    Au Cameroun, le droit de timbre fixé par la loi de finances est de 200 000 FCFA pour les ressortissants français et 250 000 FCFA pour les autres nationalités. Certes le Cameroun est lié à certains pays par des conventions qui exonèrent ou abaissent le prix du droit de timbre (frais de la carte de séjour).

    Pour la Cemac, il s’agit d’un premier pas pour la migration de la libre circulation des personnes vers le libre établissement. Cette migration pourrait accompagner la mise en place de la grande université sous régionale.

    Pour les experts, réunis en comité inter-États les 4 et 5 août dernier, la mesure pourrait être validée. Toutefois, dans le but de décider après appréciation des incidences, les ministres doivent prendre connaissance du rapport du comité ad hoc regroupant tous les acteurs (police, fisc).

    Grand Erasmus
    Les pays de la Cemac projettent également la création de la grande université d’Afrique centrale. Chaque pays aurait ensuite un campus qui serait spécialisé dans un domaine bien précis. L’idée a été débattue lors de la 11e session ordinaire du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac). Dans le cadre du plan communautaire de relance économique post-Covid-19, un pan entier sera consacré à la formation des compétences nécessaires à la transformation structurelle et principalement au développement des compétences devant accompagner l’industrialisation et la diversification économique.

    Le communiqué final précise «une grande université d’Afrique centrale avec des campus de spécialisations dans chaque pays et pouvant attirer les meilleurs professeurs des universités les plus prestigieuses du monde, pouvant attirer les cerveaux de l’Afrique centrale qui sont à l’étranger et pouvant former les meilleurs étudiants de la sous-région choisis sur une base scientifique rigoureuse. Les former dans les domaines techniques et scientifiques pointus. Dans la mesure où il est impossible d’avoir le développement économique et social sans le capital humain».

    Cette orientation des ministres de l’Économie, des Finances et de l’Intégration des 6 États membres de la Cemac demeure certes au stade d’une idée. Mais sa matérialisation exige que les conditions d’établissement soient renforcées, notamment en termes de mobilité estudiantine et des chercheurs. À défaut d’approfondir les conditions de libre circulation des personnes par l’extension de la suspension de visa à plus de 90 jours, les pays de la Cemac pourraient faire preuve de flexibilité en créant une disposition spéciale sur la mobilité des étudiants et des chercheurs. Il s’agira de leur réserver une suspension de visa sur l’ensemble du territoire communautaire, puisque l’université est sous régionale. La suspension correspondrait également à la durée des études. La délivrance du titre de séjour serait gratuite ou alors les documents des étudiants feraient foi.

    Deux mesures supplémentaires et ambitieuses de relance ont également été proposées par le comité de pilotage: «le secteur industriel tout d’abord avec un grand projet d’industrialisation communautaire et le développement des chaines de valeurs qui se fonderait sur la transformation des matières premières dont regorgent les États de la Cemac, et la mise en place des segments de ces chaines de valeurs dans les différents États membres. Deuxièmement, une grande initiative de règlement de la dette intérieure qui fera appel à de nouveaux mécanismes de financement».

    Bobo Ousmanou

     

    Dématérialisation des corridors

    Les frontières mixtes sont là

    La lutte contre les barrières non tarifaires (BNT) le long des corridors inter-États de la Cemac trouve une solution. Les pays de la Cemac passent à la construction des postes douaniers uniques et juxtaposés dans les nœuds frontaliers.


    Il s’agit de bureau des services de douanes et autres administrations rentrant dans les procédures de vérification des échanges transfrontaliers. Ceux-ci vont réunir conjointement les deux pays situés de part et d’autre du corridor afin de réaliser désormais des déclarations uniques à la frontière. Les horaires, instruments et méthodes de travail seront harmonisés. Cinq postes-frontière identifiés sont en cours de construction. Des missions sont en cours afin de permettre aux pays d’identifier conjointement les sites de construction.

    Pour rappel, le transport routier assure 80% du transport des personnes et 90% du transport des marchandises. Mais les couts de transport atteignent parfois 20% de la valeur d’importation. Ceci est aussi dû aux différents checkpoints (licites et illicites) sur le long des corridors, et qui sont des dispenses d’argent, de temps et des éléments d’ajustement qui renchérissent les couts des produits (et des projets) sur le consommateur final de la sous-région.

    Ces postes-frontière seront construits avec le financement de la Communauté, à travers le Fodec (Fonds de développement communautaire). Les experts en ont donné un avis favorable.

     

    Free roaming

    Les coûts internationaux seront harmonisés aux coûts des opérateurs locaux

    Les citoyens de la Cemac se verront appliquer les mêmes couts téléphoniques aussi bien dans leur pays que dans les 5 autres de l’espace communautaire. Sur les SMS, MMS, USSD, appels et internet, il n’y aura plus de taxe à l’itinérance. Cette taxe fait en sorte que la réception d’appels et de SMS en pays étranger soit facturée au récepteur. Globalement, un citoyen de nationalité gabonaise en déplacement au Cameroun pourra appeler au Gabon comme s’il était à Libreville. 

    Les pays vont travailler à construire un réseau mobile unique dans la zone Cemac, ce qui pourra également baisser le prix des appels internationaux. Le règlement communautaire relatif à l’itinérance sur les réseaux mobiles de communications électroniques ouverts au public en zone Cemac sera examiné par les ministres, ce 10 août. Le comité inter-États des experts a donné un avis favorable pour son adoption.

    La suppression des frais d’itinérance participe à la densification de l’intégration des peuples au sein de la Cemac en ce qu’elle vise à faciliter la mobilité des populations à travers les TIC, en réduisant les couts de communication lorsque l’on se trouve dans l’espace Cemac.

    À bien des égards, l’itinérance communautaire constitue un outil de communication sans frontières et un vecteur d’intégration régionale qui améliore de façon significative la vie quotidienne des citoyens qui se déplacent dans la communauté. Elle constitue également une opportunité de renforcement de la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux.

     

     

  • Parlement communautaire : Une évolution dans un mouchoir de poche

    Parlement communautaire : Une évolution dans un mouchoir de poche

    Afin de mettre fin à l’absentéisme des membres du parlement communautaire lors des sessions, une revue du mécanisme d’élection de ceux-ci est sur la table des ministres. Il prévoit d’ailleurs une augmentation, du simple au double, du nombre de parlementaires, tout en conservant le statut provisoire d’une élection de chambre.

    Le parlement communautaire de la Communautaire économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) aura un tout autre visage lors de la prochaine cuvée. La commission Cemac suggère que chaque État porte à 10 le nombre de ses députés au parlement de la Cemac, contre 5 aujourd’hui. Ce qui portera le total de 30 à 60. Bien plus, la commission Cemac suggère que les députés ne soient plus désignés au sein des assemblées nationales, mais soient élus. Seuls pourront se porter candidats des députés débarrassés de tout engagement.

    En effet, la Commission veut veiller à ce qu’il n’y ait plus de cumul. Il y a eu beaucoup de laxisme dans l’application de l’article 13 de la convention régissant le parlement communautaire. Cette disposition interdit qu’un député communautaire soit en même temps député national. Mais jusqu’à ce jour, le parlement de la Cemac fonctionne sous le régime juridique transitoire de 2008, avec comme membres cinq députés nationaux par pays. L’inconvénient de ce régime qui perpétue le cumul de mandats, pourtant expressément prohibé comme indiqué, c’est une présence non permanente des députés concernés. Ces derniers sont prioritairement attirés, pour l’essentiel de leur temps, par les engagements nationaux au détriment de la Communauté.

    Pour y remédier, l’article 4 du projet d’acte additionnel fixant les modalités de l’élection des députés au parlement de la Cemac, qui est soumis à l’examen des ministres, énonce que «la qualité de député au parlement de la Cemac est incompatible avec celle de: membre du gouvernement; membre des cours et des tribunaux des États membres; juge ou greffier à la Cour de justice ou à la Cour des comptes de la Cemac; membre d’une institution ou d’un organe de la Cemac; fonctionnaire ou agent en activité dans des institutions ou organes de la Cemac ou toute autre fonction auprès d’un organisme international; fonctionnaire ou agent en activité des États membres; députés des parlements nationaux».

    Consolidation du provisoire
    Malgré l’identification de cette contrainte qui oblige un fonctionnement au rabais du parlement communautaire, le projet de réforme du parlement communautaire maintient comme mode de désignation le scrutin universel indirect. L’organe exécutif de la zone Cemac est en réalité resté conforme à la décision de la Conférence des chefs d’État réuni en sa 14e session ordinaire le 24 mars 2019 à Ndjamena (Tchad).

    Cette situation fait des membres des assemblées nationales des grands électeurs, ce qui est contraire aux dispositions pertinentes de la convention régissant le parlement communautaire. Celle-ci dispose, en son article 5 alinéa 1, que «les députés sont élus au suffrage universel direct pour une durée de cinq (5) ans, selon une procédure électorale qui est déterminée par acte additionnel de la Conférence des chefs d’État, après consultation du parlement. Cet acte additionnel fixe également le nombre des députés par État membre, leurs indemnités, le régime d’éligibilité ainsi que celui des incompatibilités».

    Le règlement intérieur du parlement, adopté le 1er mars 2014, dispose en son article 4: «les députés au parlement de la Cemac sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq (5) ans renouvelables».

    L’argument de la commission de la Cemac est lié à la faisabilité d’une telle opération électorale en l’état de la conjoncture économique: «le suffrage universel indirect permet, faut-il le préciser, de disposer de députés communautaires désignés par des élus nationaux. Ce système indirect a pour avantage une simplicité de procédure et un très faible coût. Le corps électoral y est circonscrit aux élus nationaux et pourrait même, parmi ceux-ci, ne concerner que les députés en excluant les autres élus tels les maires et les conseillers municipaux si les instances décisionnelles de la Communauté venaient à décider ainsi.

     L’organisation de telles élections est aisée, souple et accessible à tous les États membres», indique la note de présentation du dossier. Le comité inter-États des experts a demandé à la Cemac d’ajuster l’article 1er du projet d’acte additionnel pour le rendre cohérent avec l’article 5 de la convention qui régit le parlement communautaire avant sa transmission au Conseil des ministres. Le «reste sans changement» comme l’indique une célèbre expression.

    Bobo Ousmanou

     

    Implication des peuples au processus d’intégration en Afrique centrale: renvoi aux calendes grecques

    Le report de l’élection d’un parlement communautaire qui soit l’émanation directe de l’expression des peuples de la Cemac renforce l’exclusion des populations du processus d’intégration au sein de la communauté. Le scrutin universel indirect suppose la prédisposition de grands électeurs qui composent le corps électoral. Cet éloignement prolongé des peuples tend à accroitre la distance entre les politiques, les programmes d’intégration régionale et les populations. Lorsque ce système n’est pas performant ou lorsqu’il est difficilement visible et perceptible par le peuple, il y a méconnaissance et donc mésestimation du travail accompli.

    Un citoyen de Gado Badzere au Cameroun, un habitant de Mouila au Gabon, de Dolisie au Congo, de Kaya au Tchad, de Paoua en Centrafrique ou de Sipopo en Guinée Équatoriale va difficilement décliner l’acronyme Cemac.

    Un Breton, un Francilien en France, un Bavarois en Allemagne, un sicilien ou un napolitain en Italie vous parleront de l’Union européenne. Plus proche de nous, il a été démontré que le niveau de connaissance des peuples de l’Afrique de l’Ouest sur les activités de la Cedeao était impressionnant. Ceci est dû à la place réservée aux organisations de représentation des peuples.

    En Afrique centrale, les réflexions, rencontres de négociations et réunions de décisions au niveau sous régional ne disposent pas d’ancrage normatif qui implique les populations à la base, au moins au niveau des organisations de la société civile. La Cemac ni aucune autre organisation d’intégration ne dispose de Conseil économique et social. Cette institution regorge en son sein des organisations de la société civile et peut être dirigée par un profil de leadeur de la société civile. Vivement qu’en Afrique centrale, on ait une élection des parlementaires communautaire au suffrage universel direct et un Conseil économique et social régional.

    Une portée d’équilibre

    Le parlement communautaire de la Cemac a une compétence de contrôle démocratique et de participation aux processus décisionnels communautaires. Il légifère par voie de directives. Les articles 46 et 47 du traité révisé de la Cemac, logés à la section 2 dudit traité fixent certains pouvoirs du parlement. «Le contrôle du fonctionnement et des activités de la communauté comprend un contrôle parlementaire assuré par le parlement communautaire, un contrôle juridictionnel assuré par la Cour de justice, et un contrôle budgétaire assuré par la Cour des comptes», dispose l’article 46. «Le parlement communautaire est institué par une convention séparée. Il légifère par voie de directives. Il est chargé du contrôle démocratique des institutions, organes et institutions spécialisées participant au processus décisionnel de la communauté. Ses prérogatives et son fonctionnement sont définis par la convention qui la régit et par son règlement intérieur», énonce l’article 47. 

    La convention régissant le parlement communautaire du 25 juin 2008 à Yaoundé précise le contenu des compétences du parlement communautaire. Pour ce qui est du contrôle démocratique, les articles 15, 16, 17 et 18 démontrent que le parlement veille à la bonne gestion des affaires communautaires. Il examine le programme d’action budgétisé de la Cemac et évalue son rapport d’activités. Au Conseil des ministres de l’UEAC et au comité ministériel de l’Umac, le parlement peut poser des questions écrites ou orales.

    En matière de participation au processus décisionnel de la communauté, le parlement peut être consulté sur les projets d’actes additionnels, de règlements et de directives. Mais sa consultation est obligatoire sur des questions qui participent à la modification du mouvement de la communauté: adhésion de membre, accord d’association avec un État membre, budget de la communauté, libre circulation et droit d’établissement, procédure d’élection des membres du parlement, impôts, taxes et prélèvements communautaires.

    Dans le cadre du contrôle démocratique, le parlement exprime ses vues sous forme de résolutions ou de rapports.
    Dans le cadre de la participation aux processus décisionnels communautaires, le parlement exprime ses vues sous forme de recommandations, d’avis simples ou conformes et de propositions d’amendements.

    UEAC: les pressentis à des postes de Hauts Responsables

    Secrétaire Général de la COBAC: Monsieur OUANZIN Maurice Christian (RCA)
    Secrétaire Général Adjoint de la COBAC: Monsieur DZOMBALA Michel (Congo Brazza)
    Secrétaire Général du Parlement Communautaire: Monsieur TONGOUKAMBI Alain de Gervais Léopold (RCA)
    Directeur Général du CIESPAC: Monsieur TEBEU Pierre Marie (Cameroun)
    Directeur Scientifique du PRASAC: Monsieur ANKOGUI MPOKO Guy-Florent (RCA)

     

  • Banque Africaine de développement : Le Président, acquitté!

    Banque Africaine de développement : Le Président, acquitté!

    Une enquête indépendante dirigée par l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson vient de disculper Akinwumi Adesina des lourds soupçons de népotisme et de mal gouvernance portés en son encontre par des lanceurs d’alerte soutenus par les Etats-Unis d’Amérique.

    Le semestre qui a secoué la Banque africaine de développement (Bad) va-t-il enfin se refermer? Le Comité indépendant dirigé par Mary Robinson, qui devait une seconde fois, après le comité d’éthique de la Bad, plancher sur les allégations de mal gouvernance au sein de l’institution, a rendu son verdict. Il acquitte définitivement Akinwumi Adesina, le président de la Banque panafricaine de financement du développement.

    Le comité d’examen indépendant se dit «convaincu que le Comité d’éthique [de la Bad] a examiné les plaintes qu’il a reçues le 19 janvier 2020 de manière complète et responsable et a suivi correctement les procédures… Le panel partage les conclusions du Comité concernant toutes les allégations contre le président et estime qu’elles ont été dûment examinées et rejetées par le Comité», indique son rapport. Pour ce qui est des éléments du mémoire de défense du président de la Bad, le rapport Robinson les juge «convaincants et suffisants» pour établir l’innocence de Akinwumi Adesina.

    Voix royale vers un second mandat?
    Cette décision a suscité des réactions sur le continent. Citons notamment Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine; Muhammadu Buhari, le chef d’Etat nigérian, Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Libéria… Tous ont tenu à traduire leur fierté et leur assurance quant à l’issue des enquêtes. Pour l’ancienne présidente du Libéria, c’est un dénouement évident. Moussa Faki Mahamat souligne la confirmation du leadership et de l’intégrité du président du la Bad et réaffirme le soutien l’Union africaine au «candidat approuvé» par le continent à la prochaine élection. Muhammadu Buhari, quant à lui, évoque un rapport qui «devrait enfin tirer un rideau sur les allégations qui ont créé des distractions pour l’institution ces derniers mois». Il «exhorte le Dr Adesina à rester inébranlable, dévoué et résolu dans la poursuite de ses nobles objectifs pour la Banque, en particulier avec le second mandat désormais attendu».

    Échec et mat
    Accusé de favoritisme, népotisme et viol de procédure, le président de la Bad avait été blanchi par le comité d’éthique de la Bad en mars dernier. Ses accusateurs (un groupe d’employés soutenus par l’administration américaine) avaient complètement remis en cause et rejeté les conclusions du rapport du comité dirigé par Takuji Yano, l’administrateur du Japon au sein de l’institution. Les Etats – unis ont notamment estimé que la décision prise par le Comité d’éthique du conseil et le Bureau du conseil des gouverneurs était «trop favorable» à monsieur Adesina.

    A la constitution d’un comité indépendant composé de Mary Robinson, de l’ex-juge gambien Hassan Jallow, du Sud-Africain Leonard Frank McCarthy, ancien vice-président pour l’intégrité à la Banque mondiale et assisté de Nial Fennelly, ancien juge à la Cour européenne de justice, Steven Mnuchin, le secrétaire d’État américain au Trésor s’était félicité «de la décision des gouverneurs de procéder à un examen indépendant des travaux du comité d’éthique et de la nomination d’un groupe de haut niveau dirigé par l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson».

    Bobo Ousmanou

    Réforme de l’UA

    La Commission new-look recrute!

    Le processus de désignation des membres de la commission de l’UA est lancé avec la publication d’un appel à candidatures. Fait majeur, la commission passe de 10 à 8 membres.

     

    L’Union Africaine renouvellera son organe exécutif en 2021. L’élection des commissaires devrait avoir lieu lors de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de janvier 2021. Le mandat des 10 commissaires de l’UA arrive à terme à cette date. Le processus de recrutement a été lancé le 7 juillet 2020. L’appel à manifestation de candidatures est disponible sur le site internet de l’UA dédié aux recrutements. Plus que 32 jours pour la clôture qui est prévu le 4 septembre à 23h59 (heure d’Addis-Abeba). Les candidatures devront ainsi parvenir dans cet intervalle. Pour les candidatures recommandées par les régions (communautés économiques régionales), elles devront parvenir au bureau du conseiller légal de l’UA dans une enveloppe fermée à 17H.

    Ambitions
    Dans les couloirs de la commission, le second semestre rime avec aurevoir et lobbying. Certains commissaires ont déjà notifié qu’ils passaient leur dernier semestre au sein de l’organisation continentale. On peut citer l’algérien Smaïl Chergui, commissaire paix et sécurité. Il vient de boucler son second mandat après avoir été réélu en janvier 2017. D’autres poursuivront peut-être l’aventure. Certains ont engagé des pourparlers avec leur gouvernement et l’establishment politique de leur région pour rempiler. C’est le cas du commissaire au commerce et à l’industrie Albert Muchanga. Il souhaite être reconduit pour parachever son œuvre d’établissement du marché unique africain: la Zone de libre-échange continental africaine (Zlecaf).

    Le président de la commission, Moussa Faki Mahamat, ne serait pas non plus contre un second round qui lui permettrait d’inscrire son nom au panthéon. Plusieurs projets intégrateurs engagés ou muris au cours de sa présidence sont dans le circuit. Outre la Zlecaf, le marché unique du transport aérien en Afrique (Mutaa), le passeport africain, la libre circulation des personnes, la réforme de l’UA sont autant des projets qu’il souhaiterait associer à son palmarès. Si tout se passe bien, il serait le premier chef de l’exécutif continental à faire deux mandats depuis l’entrée en activité de l’Union africaine en 2002.

    Rationalisation
    La réforme de l’UA s’appliquera aussi avec la nouvelle cuvée des membres de la commission. On passera ainsi de 8 portefeuilles à 6. Le département du commerce et de l’industrie et celui des affaires économiques ont été fusionnés. Le département de la paix et de la sécurité et celui des affaires politiques ne feront plus qu’un seul.

    La structure de la commission de l’UA 2021-2025 est donc la suivante: un président; un vice-président; un commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité; un commissaire aux infrastructures et à l’énergie; un commissaire au développement économique, commerce et industrie; un commissaire à l’éducation, science, technologie et innovation; un commissaire à l’agriculture, au développement rural, à l’économie bleue et au développement durable; un commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social.

    Bobo Ousmanou

    Zlecaf

    La bonne affaire pour la Banque mondiale

    Dans un rapport rendu public le 27 juillet dernier et intitulé «Zone de libre-échange continentale africaine : effets économiques et redistributifs», l’institution de Bretton Woods encourage les pays membres de l’Union africaine (UA) à finaliser le processus pour l’entrée en opérationnalisation sur le terrain du marché unique africain. La zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est le bon catalyseur des mutations dont l’Afrique a besoin. Pour Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, la Zlecaf «a la capacité d’accroître les possibilités d’emploi et les revenus, ce qui contribue à élargir les perspectives de tous les Africains. Elle devrait permettre la sortie de la pauvreté modérée d’environ 68 millions de personnes et de rendre les pays africains plus compétitifs».

    De manière détaillée, l’économiste en chef de la Banque mondiale indique qu’une fois mis en œuvre, cet accord commercial pourrait accroître le revenu régional de 7%, soit 450 milliards de dollars (250.712 milliards francs CFA). Ce qui représente 15% du produit intérieur du continent. Les contributions se feront de la manière suivante: la libéralisation des tarifs douaniers, de même que la réduction des barrières non tarifaires comme les quotas et les règles d’origine, permettraient d’augmenter les revenus de 2,4%, soit environ 153 milliards de dollars.

    Les 292 milliards de dollars restants proviendraient de mesures de facilitation du commerce qui limitent les formalités administratives, abaissent les coûts de mise en conformité pour les sociétés commerciales et facilitent l’intégration des entreprises africaines dans les chaînes logistiques mondiales.

    L’impact de la Zlecaf sur les revenus des citoyennes et citoyens du continent sera également positif: elle entraînerait également des hausses de salaire plus importantes pour les femmes que pour les hommes d’ici à 2035, avec des augmentations respectives de 10,5% et de 9,9%. Elle permettrait également d’augmenter de 10,3% le salaire des travailleurs non qualifiés et de 9,8% ceux des travailleurs qualifiés.

    Bobo Ousmanou

  • Assemblées annuelles BM/FMI 2020 : le Caucus africain en concertation

    Assemblées annuelles BM/FMI 2020 : le Caucus africain en concertation

    Dès le 6 août prochain, près de 250 délégués des  pays africains, du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale prennent part aux débats par visioconférence.

    « Protéger le capital humain de l’Afrique face à la Covid-19 : sauver des vies, préserver le bien-être, sauvegarder la productivité et l’emploi. » C’est sous ce thème que vont se tenir les assises virtuelles du Caucus africain, en prélude aux Assemblées annuelles du groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) prévues en octobre prochain. Près de 250 délégués d’Afrique et des institutions de Bretton Woods y prendront part.

    Selon le dossier de presse dont nous avons copie, cette rencontre va permettre de « définir la vision et l’ambition pour l’Afrique de construire et de renforcer la résilience aux chocs futurs à mesure que la région se relève de la pandémie de Covid-19 ».

    Pour Alamine Ousmane Mey, président du Caucus africain 2020 du Groupe de la Banque mondiale et du FMI, « le fait d’accueillir la réunion du Caucus africain sur la Covid-19 confirme l’engagement des gouvernements africains à mettre en œuvre des programmes sur la crise et la prévention de manière efficace et efficiente, afin qu’ils puissent se relever complètement de la pandémie ».

    Ainsi, les discussions porteront sur quatre axes. Notamment, l’efficacité de l’aide pendant la pandémie ; l’accroissement de la prestation de services dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’eau, de la protection sociale et de l’économie numérique ; les politiques macro-budgétaires et la gouvernance ; et les marchés, le secteur privé et les emplois.

    Créé en 1963, le « Caucus africain » a été mis en place dans le but de faire entendre davantage la voix des Gouverneurs africains au sein des deux institutions de Bretton Woods sur les questions de développement intéressant l’Afrique. L’adhésion est ouverte à tous les pays africains membres du FMI et du Groupe de la Banque mondiale.

    Joseph Julien Ondoua Owona, stagiaire

  • Cameroun-Bad: La situation socio-économique du Cameroun passée au scanner

    Cameroun-Bad: La situation socio-économique du Cameroun passée au scanner

    Du 2 au 6 mars 2020, une mission de consultation des Administrateurs de la Banque africaine de développement (Bad) séjourne au Cameroun pour évaluer la situation macroéconomique du Cameroun ainsi que la qualité du programme d’appui de cette institution.

    La mission de la bad évalue la situation socio-économique du Cameroun

    Comme chaque année, les membres du Conseil d’administration de la Bad sont en visite de travail au Cameroun. La délégation conduite par Freddy Matungulu, est venue évaluer la qualité du programme d’appui de la Bad au Cameroun sur la base des consultations des différentes parties prenantes. Durant son séjour, cette mission de contrôle va échanger avec les autorités camerounaises sur le développement socio-économique du pays. Ceci, en vue de mieux appréhender les  difficultés rencontrées par le Cameroun, dans la mise en œuvre du portefeuille de coopération.

    Le 2 mars 2020, les administrateurs de la Bad ont été reçus par le Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey, Gouverneur de la Banque Africaine de Développement (BAD). Les échanges ont essentiellement porté sur l’état du portefeuille Cameroun-BAD et sur les principales difficultés rencontrées par le pays dans la mise en œuvre du portefeuille de coopération, au-delà de l’assistance technique reçue par la Banque. L’ambition étant de formuler des recommandations visant à dépasser celles ci.

    De son côté, Alamine Ousmane Mey a présenté la situation macroéconomique et sociopolitique de son pays. A l’en croire, le Cameroun a su maintenir le cap économique compte tenu des tensions sécuritaires qu’il traverse. La preuve, a-t-il soutenu, en 2019, le Cameroun a obtenu un taux de croissance autour de 4% et un taux d’inflation inférieur à 3%. Ceci, étant le résultat des nombreuses réformes mises en œuvre par le gouvernement camerounais en vue de contribuer à améliorer l’économie du pays. Toutefois, a-t-il relever, le Cameroun continue d’œuvrer pour la transformation structurelle, la diversification de son économie, l’amélioration de la productivité ainsi que les politiques d’exportation des produits locaux.

    Joseph Julien Ondoua Owona, stg

  • Concours de jeunes entrepreneurs sociaux : L’Afrique du Sud bat le Cameroun à Addis-Abéba

    Concours de jeunes entrepreneurs sociaux : L’Afrique du Sud bat le Cameroun à Addis-Abéba

    La jeune entreprise Sud-Africaine, Siyabuddy, a remporté le concours WEDF 2019, de promotion des entrepreneurs sociaux et s’en sort avec 5000 dollars mis en compétition par le Centre du Commerce International, CCI.

    Les participants au forum mondial pour le développement des exportations en Afrique

    Cette entreprise de gestion et de recyclage de déchets a convaincu le jury par la qualité de son projet qui montre l’impact de ses activités sur la lutte contre la pauvreté en milieu rural, et surtout, son modèle commercial facilement reproductible.
    C’est que, la jeune société a développé un système qui permet de commercialiser l’utilisation des larves de mouches pour produire du compost. Elle fournit des emplois directs à plus de 1000 personnes, dont 80% de femmes. Et 25% de ses actions sont détenus par les employés.

    Le potentiel du marché, la force de l’équipe, sont autant d’atouts supplémentaires qui lui ont permis de se hisser au dessus de ses concurrents venus du Cameroun (PSM), de l’Ethiopie (avec trois candidats: Ethiogreen, G&H Blockchain et Omni Tech) et de la Guinée Conakry (Petite Damba).

    Les candidatures ont été examinées par un jury composé de Colette Van Der Ven, Directrice du commerce et du développement chez Sidley Austin, Mahlet Afework, fondateur de Mafi Mafi en Ethiopie, Alieu Jallow, fondateur de la startup Incubator et représentant du Hub jeunesse Union-Africaine/ Union-Européenne en Gambie, Charles Ofoni, cofondateur de Dext Technology, la jeune entreprise ghanéenne qui a remporté le concours jeunes entrepreneurs sociaux 2018 ;

    Créer des solutions
    Comme les autres compétiteurs, malheureux finalistes, PSM Cameroun n’a pas eu de la chance. C’est une coopérative agricole située dans le Mbam et Inoubou, précisément à Ndikiniméki, dont le produit principal, le poivre blanc, est pourtant prisé par les fins gourmiers du pays et même d’ailleurs. Cultivé sur une impressionnante zone agricole, ce poivre, avec sa saveur naturelle, aromatique et distinctive a conquis de nombreuses ménagères. Mais il lui fallait plus que ça pour être victorieux.

    Ce concours qui met en compétition de jeunes entrepreneurs sociaux africains est une initiative du programme Jeunesse et commerce du CCI. Il vise à connecter les jeunes entrepreneurs sociaux aux marchés du monde et à soutenir l’entrepreneuriat social. Le Centre du commerce international est l’agence conjointe de l’Organisation mondiale du commerce et des Nations Unies. Il aide les PME des pays en développement ou en voie de développement à devenir plus compétitives sur les marchés mondiaux, dans le cadre du programme d’action «Aide pour le commerce».

    Siyabonga Tchabalala, qui a reçu le prix au nom de Siyabuddy a recommandé aux jeunes de rentrer dans leurs pays identifier les problèmes et créer des solutions pour leurs communautés. «Nous devons travailler ensemble pour créer un monde meilleur», a-t-il lancé à leur adresse.

    Marie-Noëlle Guichi à Addis-Abeba

    Développement des Exportations en Afrique

    Le forum mondial met en avant le rôle des femmes et des jeunes

    La compétition des jeunes entrepreneurs sociaux a été le point culminant de discussions engageantes, qui ont pris fin à Addis-Abeba, vendredi 22 Novembre dernier, tirant ainsi le rideau sur l’édition 2019 du Forum mondial pour le développement des exportations, WEDF 2019, qui s’est déroulé au siège de l’Union Africaine.

     

    La prochaine édition de ce rendez-vous des affaires aura lieu à Oulan-Bator, en Mongolie, en août 2020. Ce sera l’occasion d’évaluer l’impact des nombreuses recommandations qui viennent d’être faites dans la capitale éthiopienne. En effet, WEDF 2019 a réuni plus de 1000 participants, parmi lesquels des conférenciers de haut niveau, qui ont exploré les moyens de garantir la mise en œuvre durable de la zone de libre-échange continentale africaine, ZLECA. Ils ont appelé les dirigeants africains à veiller à ce que l’implémentation de ZLECA soit conçue pour être inclusive, en accordant une attention particulière aux femmes, aux jeunes et aux petites entreprises.

    Arancha Ganzàlez, Directrice générale du Centre du Commerce International, CCI, a déclaré dans son discours de clôture que des centaines de connexions ont été établis entre les entrepreneurs Africains et d’ailleurs, dans le cadre des échanges B2B. L’on apprend alors qu’en quatre jours, 300 entreprises de 30 pays ont organisé plus de 1000 réunions enter-entreprises. Ce qui a généré des contacts d’une valeur estimée entre 6 et 14 millions de dollar. Ces entreprises sont venues d’Afrique, d’Asie, d’Europe, du Moyen-Orient et des États-Unis.

    Partager et apprendre
    Devant ce record, Arancha Ganzàlez soutient que l’un des objectifs majeurs du forum WEDF 2019, qui n’est pas une foire, mais plutôt un lieu propice pour les affaires avec pour ambition connecter, partager et apprendre, a largement été atteint. «Ils me disent qu’Addis-Abeba signifie nouvelle fleur», a-t-elle révélé, rapportant ainsi les propos des participants à cette rencontre. «Et nous avons assisté à l’épanouissement de nombreuses nouvelles fleurs cette semaine», s’est réjouie la patronne du CCI.
    Le Commissaire au Commerce de l’Union africaine, Albert M. Muchanga, pense quant à lui que l’événement a été extrêmement réussi, grâce à l’implication efficace du sommet de la République démocratique fédéral d’Ethiopie.

    Son Excellence, Mme Sahle-Work Zewde, la cheffe de l’Etat, ayant personnellement pris part au forum, en ouvrant officiellement la journée de l’industrialisation de l’Afrique, organisée en marge de WEDF 2019. Occasion pour cette dernière de rappeler le rôle de cette journée qui est une plateforme de renforcement de la coopération et du dialogue sur le programme d’industrialisation de l’Afrique. De même qu’elle permet de sensibiliser l’opinion sur les défis et les opportunités du continent dont l’industrialisation est la clé dorsale du développement. Et il ne peut y avoir industrialisation sans production en quantité et en qualité.

    Problèmes financiers
    Pour Albert M. Muchanga, la ZLECA, dont la phase opérationnelle a été lancée lors du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine le 07 juillet 2019, devra être effective d’ici janvier 2020, date butoir. Elle stimulera alors considérablement la production grâce aux économies d’échelle induites par plus de 1,3 milliards de consommateurs sur le continent et un PIB combiné de plus de 3 milliards de dollars. Il fait observer que les ressources publiques en Afrique s’élèvent à 18 000 milliards de dollars, dont 40% de ressources proviennent des PME ; 131 millions de micro entreprises, pour la plupart tenues par les femmes, supportent cette provision et sont malheureusement confrontés aux problèmes financiers.

    MNG

    SheTrades Global
    Les femmes entrepreneurs veulent créer l’émulation

    Organisée par le CCI, en partenariat avec le ministère éthiopien du Commerce et de l’Industrie, et la Commission de l’Union Africaine, l’initiative SheTrades Global a rassemblé sur un même site plus de 500 femmes entrepreneurs, dirigeants d’entreprises et décideurs politiques, afin d’explorer les moyens d’impliquer davantage de femmes dans le commerce.
    L’agro-industrie, la cosmétique, le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, la communication, les télécommunications, le marketing, l’artisanat… les domaines dans lesquels les femmes africaines excellent, au niveau international du commerce, ne se comptent plus. Cependant, beaucoup demeurent à la traine. Le CCI voudrait les mettre au devant de la scène, avec pour perspective, 56.000 femmes qui se distinguent sur le continent pour la seule année 2019 et plus de 3 millions de femmes autonomisées à l’horizon 2025.

    Il s’agit de les accompagner à accéder au fonds de financement du commerce mis en place par les partenaires, mais aussi, créer des plateformes pour renforcer leurs capacités sur les chaines de valeurs, a indiqué Arancha Ganzàlez, Directeur exécutif du CCI. Et Albert M. Muhanga, Commissaire du Commerce et de l’industrie à l’Union Africaine de martelé : «Lorsque vous automisez une femme, vous autonomisez une famille, car elle prendra en charge les besoins prioritaires que sont l’alimentation, la santé, l’éducation. Par conséquent, lorsque vous autonomisez une femme, vous autonomisez une Nation».

    Une ZLECA avec les femmes
    Durant WEDF 2019, le CCI a ouvert des discussions avec plus de 40 associations de femmes entrepreneurs, représentant un million de femmes entrepreneurs et productives africaines, afin de définir les priorités pour une ZLECA qui fonctionne avec les femmes. Aux termes des échanges, les femmes souhaitent avoir un accès aux mécanismes de financement sur le Continent, qui restent un obstacle pour elles qui doivent faire face à la garantie de propriété et aux préjugés néfastes de certains banquiers qui ne leur font pas confiance pour le simplement fait qu’elles sont du «sexe faible». D’où la demande des femmes entrepreneurs, de la mise en place d’un fonds de financement du commerce pour leur permettre d’accéder aux liquidités en vue d’étendre leurs activités et d’accroitre leur chiffre d’affaire.

     

    MNG

  • Industrie pharmaceutique africaine : L’UA reçoit le soutien de l’OMS

    Industrie pharmaceutique africaine : L’UA reçoit le soutien de l’OMS

    L’organisation va offrir l’expertise technique à l’Agence africaine du médicament et aider à la création d’un environnement favorable à la production locale de médicaments.

    L’Afrique veut son autonomie pharmaceutique

    Le mémorandum d’entente qui lie la commission de l’Union africaine et l’Organisation mondiale de la Santé prévoit trois principaux domaines de collaboration. De prime abord, offrir une expertise technique à l’Agence africaine du médicament et créer un environnement favorable à la production locale de médicaments. L’accès à des médicaments sûrs, efficaces et de qualité est un pilier central de la CSU.

    L’OMS salue la décision de l’Union africaine d’approuver le traité portant création de l’Agence à laquelle elle se tient prête à fournir une expertise technique de qualité. Ensuite, renforcer la collaboration entre les Africa Centers for Disease Control and Prevention et l’OMS, en vouant une attention particulière à la préparation aux situations d’urgence, afin de renforcer les moyens de défense des États membres de l’Union africaine face aux épidémies et autres situations d’urgence sanitaire. L’OMS appuiera également les efforts visant à renforcer le personnel de santé dans les pays de l’Union africaine et à établir une équipe africaine de volontaires de la santé.

    Enfin, appuyer la mise en œuvre de l’Appel à l’action d’Addis-Abeba sur la couverture sanitaire universelle et de la Déclaration de l’Union africaine sur le financement intérieur. L’Appel à l’action, approuvé en début d’année par le Sommet de l’Union africaine, engage ses États membres à accroître les investissements nationaux pour la santé et à rendre des comptes à cet égard. L’OMS facilitera le dialogue entre les ministères de la Santé et des Finances pour aider les pays à développer des modèles de financement en santé solide et durable.

    Coopération
    Pour l’OMS, l’Union africaine joue un rôle crucial pour maintenir une plus grande cohésion entre ses États membres dans un large éventail de domaines politiques et de programmes. Par ce mémorandum, l’OMS vise à redynamiser, élargir et approfondir son entente avec l’Union africaine en vue d’appliquer la stratégie quinquennale de son treizième programme général de travail, 2019-2023, et d’atteindre les objectifs de santé et de développement de l’Union africaine.

    Le secteur privé
    La croissance effrénée de la population africaine, qui dépasse aujourd’hui le milliard d’individus, constitue un défi majeur pour les planificateurs du développement. Ce défi est encore plus important dans la mesure où il intègre la prise en charge des besoins en matière de santé. La demande en produits pharmaceutiques se fait de plus en plus croissante et l’Afrique semble ne pas être à même de profiter de l’expansion de ce secteur. Avec 13 % de la population mondiale, 24% de la morbidité, mais seulement 3 % de la production pharmaceutique mondiale et une majorité de médicaments contrefaits, le continent africain fait face à un enjeu majeur de santé publique: l’accès aux médicaments de qualité.

    En effet, l’industrie pharmaceutique en Afrique demeure à un état embryonnaire. Les dépenses pharmaceutiques sur le continent devraient atteindre 30 milliards de dollars en 2019. Très peu d’entreprises sont actives dans l’industrie pharmaceutique en Afrique. L’offre en produits pharmaceutiques en provenance du continent ne représente que 2 % de l’offre mondiale. Les quelques entreprises existant sont des filiales de laboratoires délocalisés sur le continent. C’est le cas de Sanofi-Aventis, Pfizer, Cipla. Ces laboratoires se concentrent sur la production de médicaments génériques destinés au marché local et s’activent surtout dans la recherche. Seule l’Afrique du Sud dispose d’une industrie pharmaceutique assez développée.

    Zacharie Roger Mbarga

    Afrique de l’Est

    Vers la création d’une confédération

    Malgré des tensions ayant entrainé la non-tenue d’un sommet des chefs d’État, les experts des pays ont entamé les consultations pour une constitution devant établir la confédération politique.

     

    La communauté d’Afrique de l’Est (CAE) est sur le point d’atteindre le quatrième et dernier pilier de son processus d’intégration. Le président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, président en exercice, a lancé lundi 18 novembre 2019 les consultations nationales auprès des parties prenantes en vue de rédiger la constitution de la confédération politique de la Communauté de l’Afrique de l’Est. La confédération politique est une étape transitoire à la fédération politique. Ce modèle a été adopté par la confédération des chefs d’État de cette communauté en mai 2017.

    Considérations
    Le président Museveni a souligné combien il importait que la CAE devienne une fédération politique. Face aux experts, il a déclaré que la fédération politique redynamiserait ses efforts pour promouvoir la prospérité de tous les Africains de l’Est, ce qui peut être atteint grâce au commerce et à la croissance économique. D’autant plus que la fédération politique garantirait également la sécurité stratégique des plus petits pays membres de la Communauté contre les menaces extérieures. Il a par ailleurs cité la fraternité de tous les Africains de l’Est, soulignant que les peuples de la région de l’Afrique de l’Est avaient des cultures, des langues et des origines similaires notamment le kiswahili comme langue commune.

    Inclusion

    Pour le secrétaire général de la CAE, Liberat Mfumukeko, «les consultations nationales des parties prenantes garantiraient la participation des citoyens de la communauté au processus d’intégration et en particulier au pilier de la fédération politique».
    «La rédaction de la confédération politique de la CAE est confiée à une équipe d’experts constitutionnels nommés par les États partenaires. L’équipe de 18 membres est présidée par l’honorable Benjamin Odoki, Juge en chef émérite de l’Ouganda», a-t-il déclaré. Pour les délais, le Secrétaire général de la CAE a indiqué que le processus d’élaboration de la constitution de la Confédération devrait être achevé en 2022 avec son adoption par la conférence des chefs d’État.

    «Il s’agit d’un projet coûteux qui nécessite un investissement financier considérable. Jusqu’ici, nous avons pris du retard sur les calendriers du processus en raison d’une provision financière insuffisante pour ce projet. À notre avis, le processus de rédaction de la constitution nécessitera des ressources d’un montant de 4,8 millions de dollars US», a révélé le SG. Il a par ailleurs exhorté le sommet des chefs d’État de la CAE à envisager un mécanisme de financement spécial pour permettre l’achèvement du projet à temps.

    ZRM

    Restructuration de l’IAI

    L’institution bientôt sous tutelle de l’UA

    Les démarches se poursuivent dans ce sens, elles ont été réitérées lors de la 6e session du Conseil d’administration de l’Institut africain d’informatique (IAI).

     

    L’institut africain d’informatique (IAI) est en normalisation. Une mise à niveau qui concerne, le système managérial, l’architecture financière et comptable, bref le modèle économique. Cette renaissance de l’IAI passera de ce fait par la tutelle institutionnelle de l’organisation d’intégration continentale l’Union africaine.

    Le 15 novembre 2019 à Libreville, le conclave du conseil d’administration a accouché de plusieurs mesures visant à accélérer le rythme de restructuration. La première a trait à la situation financière, lors des prochains sommets de la Ceeac et de la Cemac un plaidoyer sera effectué en vue du recouvrement des arriérés de paiement. Jusqu’ici transitoire, la structure de gouvernance de l’IAI a été formalisée. Il a été décidé d’adapter l’état des besoins 2020 aux normes comptables en matière de définition de budget. Un comité spécial chargé de la refondation de cette grande école a été mis sur pied. À ces résolutions, la création d’une commission mixte IAI-Unesco, chargée de faire un rapport sur la situation de l’année académique 2017-2018.

    Origine
    L’Institut africain d’Informatique est une École inter-États créée par décision des chefs d’État en 1971 à Fort-Lamy (l’actuel N’Djamena) au Tchad et dotée d’un Statut diplomatique, avec pour siège Libreville au Gabon. Elle a pour vocation tout d’abord, d’assurer les formations supérieures d’excellence dont l’économie nationale et régionale ont besoin dans un contexte de mondialisation de la connaissance et dans un rythme accéléré de développement technologique, mais également de promouvoir et de vulgariser l’outil informatique auprès de ses onze États membres. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Niger, du Sénégal, du Tchad et du Togo.

    ZRM

  • Réformes de la Cemac : De l’ajustement au développement !

    Réformes de la Cemac : De l’ajustement au développement !

    C’est l’évolution que devrait connaitre les programmes économiques des pays de la Cemac avec le Fonds Monétaire International.

    Ils sont qualifiés « accord de deuxième génération ». Ces programmes économiques des pays de la Cemac devant débuter dès 2020. La principale mutation qu’ils vont connaitre lors de ce sommet, c’est l’engagement des partenaires au développement présents à accompagner les États dans le financement des projets de développement. C’est le mobile de la présence à cette session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État du Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Dr Akinwumi Adesina.

    Situation
    Aujourd’hui, les États de la Cemac sont asphyxiés par les mesures d’ajustements en vue du sérieux budgétaire. Ils échouent à assurer leur rôle de viabilisation sociale et économique. Certains États de la sous-région s’estiment très limités à engager des projets visant à renforcer la transformation structurelle telle que l’industrialisation, la digitalisation, les infrastructures en vue de la diversification économique.

    Synergie et sincérité
    Un autre problème dans la cohérence des programmes avec le FMI est la synergie dans les efforts de restructuration. Les États sont entrés en réformes de manière désordonnée. Cinq d’entre-eux sont sous-programme avec le FMI. Mais, seuls le Cameroun et le Gabon peuvent achever leurs programmes triennaux respectifs en 2020. Le Congo n’est entré en programme qu’en 2019. La Guinée équatoriale reste attendue.

    Il va de soit que pour éviter la situation de passager clandestin, et espérer une sortie véritablement collective de la crise, les accords de seconde génération devront être implémentés en concertation et de manière simultanée.

    Autres
    D’autres sujets sont attendus. La rationalisation des communautés économiques régionales Cemac-Ceeac. En sa qualité de président dédié, le chef de l’État du Cameroun et président en exercice de la Cemac fera constater que malgré des avancées, le processus piétine. Lors de la précédente session en mars dernier, le président de la République a annoncé l’organisation d’un sommet extraordinaire afin d’accélérer le processus. Aujourd’hui, la CEEAC confirme la mise en œuvre d’une réforme institutionnelle et l’organisation d’un sommet. Il faut toutefois clarifier la convergence des deux dynamiques.

    La sécurité et l’accélération de l’intégration régionale sont les deux autres sujets envisagés. L’approfondissement de l’intégration régionale à travers la libre circulation des personnes et des biens, la complémentarité et l’interdépendance économique sont des gages pour asseoir une amélioration des indicateurs de vie des populations. Pour ce faire, il faudra maitriser des hypothèques et risques tels que l’insécurité.

    Georges Auréole Bamba

     

    Tableau hanté

    Des écueils continuent de plomber l’embellie dessinée par les réformes.

     

    Parmi les problèmes lancinants qui continuent à se poser, il y a celui du financement de la Communauté. A ce sujet, par exemple, le faible recouvrement des ressources de la Communauté à travers le mécanisme de la Taxe Communautaire d’Intégration (la TCI) hypothèque les performances attendues des Institutions Communautaires dans leurs missions traditionnelles dédiées aux réponses attendues par les populations.

    Avec des ressources conséquentes, la Cemac sera en mesure de doter le Fonds de développement communautaire (Fodec) de capacités à structurer seul ou avec des Partenaires, des financements à même d’accompagner les États dans la mise en place des projets de développement. Les impératifs sécuritaires auxquels font face les États membres de la Cemac pourraient également, s’ils n’y prennent garde, saper tous les efforts de relance de la croissance, de la diversification de l’économie et de l’intégration de leurs populations.

    Si l’on doit se réjouir de la signature, le 6 février 2019, des Accords de Paix de Khartoum entre le Gouvernement Centrafricain et 14 groupes armés centrafricains qui augurent de la fin d’une longue période de souffrances infligées au Peuple Centrafricain, de nombreux foyers de tensions persistent dans la sous région et exigent une mobilisation permanente de l’ensemble de la Communauté. Il est impératif par exemple que le calme et la paix reviennent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.

    Les États membres de la Cemac doivent également poursuivre sans relâche la bataille qu’ils mènent contre le terrorisme lâche et barbe perpétué par la secte Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad. Il est indéniable que l’intégration économique et la libre circulation des personnes dans l’espace Cemac ne pourraient être totale que si elles reposent sur un socle sécuritaire solide coulé dans le béton d’une solidarité sous régionale encore plus réaffirmée.

    La question de l’avenir du Franc CFA pourrait éventuellement également être abordée lors du Sommet Extraordinaire de Yaoundé. La monnaie héritée de la colonisation divise les économistes et les Chefs d’État de la zone Franc. Elle est présentée par de nombreux experts en finances comme un frein au développement. Ceux qui sont pour le maintien du Franc CFA, avancent l’argument de la stabilité qu’offre cette monnaie face aux spéculations.

    Jean-René Meva’a Amougou

    Cameroun, pivot reconnu de la sous-région

    Selon le FMI et la Banque mondiale, le pays de Paul Biya est, à lui tout seul, le point de départ et la rampe de lancement des économies des pays voisins et notamment ceux de la Cemac. Clichés portés par l’économiste Jonas Oleme de l’Observatoire camerounais des conjonctures économiques (OCCE).

    Sur les cinq pays qui l’entourent dans la sous-région, il n’existe aucun qui puisse clamer une parfaite autonomie dans sa quête d’épanouissement économique, ignorant l’apport du Cameroun dans l’ensemble de ses efforts. Le Tchad, pour faire évacuer sa production de pétrole qu’exploite l’américain Exxon Mobil, a dû compter sur la contribution du Cameroun. Un pipeline long de 1070 km relie alors depuis juillet 2003 les champs pétrolifères tchadiens de Bolobo, Miandoum et de Komé près de Doba dans le sud du pays, à un terminal d’exportation à 11 km au large de Kribi, dans le sud du Cameroun. 883 millions de barils de pétrole à évacuer en vingt-huit ans et qui devront faire du pays du Président Idris Déby Itno, le 4e producteur africain’.
    183 millions de FCFA! Voilà le budget annoncé en juin 2017 pour les travaux du futur grand marché d’Aboulou, une localité à la frontière entre le Cameroun et le Gabon.

    L’ouvrage entièrement réalisé par le gouvernement du Cameroun est en fait un hub de ravitaillement important pour le Gabon, comme le marché de Kyé Ossi l’est déjà pour la Guinée Équatoriale. Des dispositions prises pour approvisionner ces deux pays frères, désavantagés par l’enclavement en hinterland. En direction de la République centrafricaine et du Congo, la démarche est quasiment la même. À travers des corridors modernes achevés ou par des axes en cours de construction, le Cameroun irrigue les économies des peuples frères et voisins, avec des incidences économiques réciproques à chaque fois, des deux côtés de la frontière.

    Sur le plan sécuritaire, aucune crise sous régionale qui n’ait connu une contribution militaire significative du Cameroun, dans le but de rétablir la paix et la stabilité. Les exemples sont légion entre le Gabon, la RCA ou encore le Congo, avec à chaque fois des résultats probants et appréciés.

    Voilà quelques faits d’armes pour le pilier d’un sous-ensemble continental dont l’énorme potentiel minier, les belles réserves pétrolières et la très enviée position géostratégique sur l’Atlantique, nourrissent chez les prédateurs occidentaux, un appétit gigantesque. L’on peut donc naturellement comprendre pourquoi le Cameroun est sujet à autant d’attaques. Pour contrôler la manne Cemac, il faut tenir le Cameroun.

     

  • Financement des projets publics par la BDEAC : L’arbitrage des chefs d’État requis lors du sommet extraordinaire

    Financement des projets publics par la BDEAC : L’arbitrage des chefs d’État requis lors du sommet extraordinaire

    L’institution sous-régionale de financement du développement fait face à un gros problème de refinancement de ses emprunts par la banque centrale. Entre contraintes règlementaires, structurelles et humaines, les chefs d’État de la Cemac, qui avaient instruit une refonte de la BDEAC accompagnée par la Beac, devront fixer de nouveaux caps.

    Le sujet n’a pas fait l’objet d’un gros traitement médiatique. Cependant, une question qui a fait l’objet d’un gros débat entre les ministres des Finances de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), celle du refinancement de certains projets portés au profit des États par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale. Le dossier était à l’ordre du jour de la réunion extraordinaire des ministres des Finances de la sous-région, lors de leur rencontre à huis clos, en amont de la rencontre des chefs d’État. Dans la presse, la question a été abordée de manière simple, à savoir que «le financement des infrastructures communautaires a préoccupé». Mais derrière ces termes simples, les arbitrages sont complexes. La Beac estime qu’il est devenu risqué pour elle de continuer de soutenir sans contrôle la BDEAC. Elle évoque pour cela plusieurs raisons légitimes.

    Deux contraintes majeures au soutien de la BDEAC par la Beac
    La première est d’ordre juridique. Selon des sources contactées au sein de l’institution d’émission et de contrôle de la monnaie, en sa qualité de premier actionnaire de la BDEAC, elle devrait ouvrir un compte courant associé d’un montant de 240 milliards de FCFA. Cela a été fait, mais il reste un reliquat de 120 milliards de FCFA qui est exigé par la banque de développement. Le président de cette dernière a donc sollicité la BEAC pour récupérer le reste à approvisionner de 120 milliards de FCFA. Mais le conseil d’administration de la BEAC s’est retrouvé contraint de refuser dans une note prise en juillet 2019.

    L’argument évoqué est que cet engagement de la Beac doit se faire dans la mesure des fonds propres disponibles. Or, justement, les fonds propres de la banque centrale ont fortement diminué, se réduisant de 58 % sur la seule année 2018. Une des raisons de cette situation c’est que dans le cadre du changement de méthode de calcul des créances sur les États, elle a dû comptabiliser comme perte un montant de 220 milliards de FCFA. Dans le même temps, les résultats annuels de l’exercice 2018 révèlent que le portefeuille d’investissement de la banque centrale est soit arrivé à échéance, soit cédé sur le marché. Dans les deux cas, les plus-values associées à ces investissements ont aussi été considérées comme des pertes.

    À La fin septembre 2019, les fonds propres de l’institution étaient de seulement 140 milliards de FCFA. Difficile dans ce contexte de soutenir sans réserve la BDEAC à hauteur des montants souhaités, surtout qu’elle a d’autres engagements qui nécessitent la somme de 80 milliards de FCFA, dont l’impression de la nouvelle gamme de billets sécurisés pour la sous-région
    La deuxième contrainte provient du programme de stabilisation mis en œuvre avec le Fonds monétaire international, sur l’aval des chefs d’État. Dans son dernier rapport sur la Cemac, l’institution de surveillance multilatérale a estimé que l’exposition de la Beac sur la BDEAC était excessive, alors qu’il n’appartient pas à une banque centrale de soutenir une institution de financement du développement.

    Elle a donc suggéré, dans ses recommandations, que la Beac se désengage de la BDEAC plutôt que d’accroître son exposition. En plus de cela, l’institution de Bretton Woods estime que tout refinancement accordé à la Beac au profit de la BDEAC sur des projets publics constituerait des avances monétaires aux États. Une chose qui est pourtant interdite désormais à la banque centrale.

    Une solution pratique, mais qui comporte des défis
    Malgré les contraintes constatées plus haut, la banque centrale a trouvé une solution de compromis lui permettant surtout d’être en conformité avec les exigences du FMI. « Les chefs d’État ont instruit la Beac d’accompagner la transformation structurelle de la BDEAC. Cette instruction a été acceptée; la banque centrale se devait donc de s’exécuter », nous explique une source proche du dossier. Il a été ainsi retenu, que la banque de développement communautaire puisse se refinancer sur la marge des 150 milliards disponibles dans le cadre de son intervention sur le marché monétaire. Mais le recours à ce mécanisme comporte des aspects qui peuvent ne pas satisfaire le bon fonctionnement de la BDEAC.

    Il implique par exemple que la banque centrale ait un regard sur la gestion de la BDEAC, une situation qui n’est pas tolérée. À la Beac, on explique qu’il y a un besoin d’avoir de la visibilité sur les projets de la BDEAC. L’argument majeur est que, dès 2019, la comptabilisation des provisions se fera sous la norme IFRS9, qui est plus stricte et rigoureuse en matière de constatation des pertes. Une façon de demander à la BDEAC d’être plus transparente et plus efficiente. La situation crée un profond malaise au sein de la banque de développement.

    Au cours de l’année 2019, elle s’est inscrite dans la dynamique de trouver une solution alternative. Elle a signé de nouvelles alliances et prévoit de se faire noter dès 2020, pour avoir la possibilité d’aller sur les marchés des capitaux situés au-delà de la Cemac. Mais au final, il reviendra aux chefs d’État de trancher sur cette affaire. Les deux institutions ayant pour actionnaires les gouvernements membres de la Communauté, ces derniers peuvent donner le cap à suivre. Les pays à suivre dans ce dossier seront le Gabon et le Tchad, qui empruntent le plus difficilement (avec des taux élevés) sur le marché régional. Au total, ce sont 155 milliards de FCFA de projets au profit des deux pays, qui attendent de trouver une solution à ce défi difficile à résoudre.

    Georges Auréole Bamba