Réformes de la Cemac : De l’ajustement au développement !

C’est l’évolution que devrait connaitre les programmes économiques des pays de la Cemac avec le Fonds Monétaire International.

Ils sont qualifiés « accord de deuxième génération ». Ces programmes économiques des pays de la Cemac devant débuter dès 2020. La principale mutation qu’ils vont connaitre lors de ce sommet, c’est l’engagement des partenaires au développement présents à accompagner les États dans le financement des projets de développement. C’est le mobile de la présence à cette session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État du Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Dr Akinwumi Adesina.

Situation
Aujourd’hui, les États de la Cemac sont asphyxiés par les mesures d’ajustements en vue du sérieux budgétaire. Ils échouent à assurer leur rôle de viabilisation sociale et économique. Certains États de la sous-région s’estiment très limités à engager des projets visant à renforcer la transformation structurelle telle que l’industrialisation, la digitalisation, les infrastructures en vue de la diversification économique.

Synergie et sincérité
Un autre problème dans la cohérence des programmes avec le FMI est la synergie dans les efforts de restructuration. Les États sont entrés en réformes de manière désordonnée. Cinq d’entre-eux sont sous-programme avec le FMI. Mais, seuls le Cameroun et le Gabon peuvent achever leurs programmes triennaux respectifs en 2020. Le Congo n’est entré en programme qu’en 2019. La Guinée équatoriale reste attendue.

Il va de soit que pour éviter la situation de passager clandestin, et espérer une sortie véritablement collective de la crise, les accords de seconde génération devront être implémentés en concertation et de manière simultanée.

Autres
D’autres sujets sont attendus. La rationalisation des communautés économiques régionales Cemac-Ceeac. En sa qualité de président dédié, le chef de l’État du Cameroun et président en exercice de la Cemac fera constater que malgré des avancées, le processus piétine. Lors de la précédente session en mars dernier, le président de la République a annoncé l’organisation d’un sommet extraordinaire afin d’accélérer le processus. Aujourd’hui, la CEEAC confirme la mise en œuvre d’une réforme institutionnelle et l’organisation d’un sommet. Il faut toutefois clarifier la convergence des deux dynamiques.

La sécurité et l’accélération de l’intégration régionale sont les deux autres sujets envisagés. L’approfondissement de l’intégration régionale à travers la libre circulation des personnes et des biens, la complémentarité et l’interdépendance économique sont des gages pour asseoir une amélioration des indicateurs de vie des populations. Pour ce faire, il faudra maitriser des hypothèques et risques tels que l’insécurité.

Georges Auréole Bamba

 

Tableau hanté

Des écueils continuent de plomber l’embellie dessinée par les réformes.

 

Parmi les problèmes lancinants qui continuent à se poser, il y a celui du financement de la Communauté. A ce sujet, par exemple, le faible recouvrement des ressources de la Communauté à travers le mécanisme de la Taxe Communautaire d’Intégration (la TCI) hypothèque les performances attendues des Institutions Communautaires dans leurs missions traditionnelles dédiées aux réponses attendues par les populations.

Avec des ressources conséquentes, la Cemac sera en mesure de doter le Fonds de développement communautaire (Fodec) de capacités à structurer seul ou avec des Partenaires, des financements à même d’accompagner les États dans la mise en place des projets de développement. Les impératifs sécuritaires auxquels font face les États membres de la Cemac pourraient également, s’ils n’y prennent garde, saper tous les efforts de relance de la croissance, de la diversification de l’économie et de l’intégration de leurs populations.

Si l’on doit se réjouir de la signature, le 6 février 2019, des Accords de Paix de Khartoum entre le Gouvernement Centrafricain et 14 groupes armés centrafricains qui augurent de la fin d’une longue période de souffrances infligées au Peuple Centrafricain, de nombreux foyers de tensions persistent dans la sous région et exigent une mobilisation permanente de l’ensemble de la Communauté. Il est impératif par exemple que le calme et la paix reviennent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.

Les États membres de la Cemac doivent également poursuivre sans relâche la bataille qu’ils mènent contre le terrorisme lâche et barbe perpétué par la secte Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad. Il est indéniable que l’intégration économique et la libre circulation des personnes dans l’espace Cemac ne pourraient être totale que si elles reposent sur un socle sécuritaire solide coulé dans le béton d’une solidarité sous régionale encore plus réaffirmée.

La question de l’avenir du Franc CFA pourrait éventuellement également être abordée lors du Sommet Extraordinaire de Yaoundé. La monnaie héritée de la colonisation divise les économistes et les Chefs d’État de la zone Franc. Elle est présentée par de nombreux experts en finances comme un frein au développement. Ceux qui sont pour le maintien du Franc CFA, avancent l’argument de la stabilité qu’offre cette monnaie face aux spéculations.

Jean-René Meva’a Amougou

Cameroun, pivot reconnu de la sous-région

Selon le FMI et la Banque mondiale, le pays de Paul Biya est, à lui tout seul, le point de départ et la rampe de lancement des économies des pays voisins et notamment ceux de la Cemac. Clichés portés par l’économiste Jonas Oleme de l’Observatoire camerounais des conjonctures économiques (OCCE).

Sur les cinq pays qui l’entourent dans la sous-région, il n’existe aucun qui puisse clamer une parfaite autonomie dans sa quête d’épanouissement économique, ignorant l’apport du Cameroun dans l’ensemble de ses efforts. Le Tchad, pour faire évacuer sa production de pétrole qu’exploite l’américain Exxon Mobil, a dû compter sur la contribution du Cameroun. Un pipeline long de 1070 km relie alors depuis juillet 2003 les champs pétrolifères tchadiens de Bolobo, Miandoum et de Komé près de Doba dans le sud du pays, à un terminal d’exportation à 11 km au large de Kribi, dans le sud du Cameroun. 883 millions de barils de pétrole à évacuer en vingt-huit ans et qui devront faire du pays du Président Idris Déby Itno, le 4e producteur africain’.
183 millions de FCFA! Voilà le budget annoncé en juin 2017 pour les travaux du futur grand marché d’Aboulou, une localité à la frontière entre le Cameroun et le Gabon.

L’ouvrage entièrement réalisé par le gouvernement du Cameroun est en fait un hub de ravitaillement important pour le Gabon, comme le marché de Kyé Ossi l’est déjà pour la Guinée Équatoriale. Des dispositions prises pour approvisionner ces deux pays frères, désavantagés par l’enclavement en hinterland. En direction de la République centrafricaine et du Congo, la démarche est quasiment la même. À travers des corridors modernes achevés ou par des axes en cours de construction, le Cameroun irrigue les économies des peuples frères et voisins, avec des incidences économiques réciproques à chaque fois, des deux côtés de la frontière.

Sur le plan sécuritaire, aucune crise sous régionale qui n’ait connu une contribution militaire significative du Cameroun, dans le but de rétablir la paix et la stabilité. Les exemples sont légion entre le Gabon, la RCA ou encore le Congo, avec à chaque fois des résultats probants et appréciés.

Voilà quelques faits d’armes pour le pilier d’un sous-ensemble continental dont l’énorme potentiel minier, les belles réserves pétrolières et la très enviée position géostratégique sur l’Atlantique, nourrissent chez les prédateurs occidentaux, un appétit gigantesque. L’on peut donc naturellement comprendre pourquoi le Cameroun est sujet à autant d’attaques. Pour contrôler la manne Cemac, il faut tenir le Cameroun.

 

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