Parlement : Cavaye tacle Samuel Kleda et félicite Jean Mbarga

Le président de l’Assemblée nationale a distribué de bons et mauvais points aux deux évêques qui se sont prononcés sur la réélection de Paul Biya à la tête du pays.

Une attitude du président de l’Assemblée nationale

Il y avait rentrée parlementaire vendredi 2 novembre au Sénat et à l’Assemblée nationale. À la Chambre basse du Parlement, Cavaye Yéguié Djibril, le président de l’Assemblée nationale (Pan) a repris sa place au perchoir pour son traditionnel discours d’ouverture de session. Occasion pour le premier des députés de faire le round-up de l’actualité nationale. Après avoir déploré la perte d’élus, décédés au cours de l’intersession, le Pan a commencé : «C’est le lieu pour moi, de m’insurger contre tout appel au désordre et à la division». Et de poursuivre : « j’apprécie personnellement le comportement très responsable de certains hommes d’Église contrairement à d’autres, qui rament à contre-courant des idéaux reconnus de tous. Autorités morales, les hommes d’Église en général et à mon sens, ont l’impérieux et sacré devoir de prôner la paix, l’unité, le vivre ensemble et non pas de semer les germes de la discorde».

Cavaye Yéguié Djibril a tenu à rappeler «l’impérieuse et sacrée mission, de véhiculer un message de rassemblement, d’apaisement, non pas d’inciter à la provocation et à l’affrontement» inhérente à aux hommes d’Église. Tout en relevant que «Vox populi, vox Dei. Littéralement, la voix du peuple est la voix de Dieu», le Pan a rappelé que «c’est connu, tout pouvoir vient de Dieu», par conséquent «violer un tant soit peu, la volonté du peuple c’est surement renier soi-même sa qualité d’homme d’Église, serviteur de Dieu». Le député Rdpc de Mada (région de l’Extrême-nord) ne va pas hésiter à appeler le «gouvernement à prendre ses responsabilités, afin de réprimer toute tentative de déstabilisation d’où qu’elle vienne, de circonscrire toutes velléités de désordre visant à compromettre le beau bilan électoral que nous célébrons aujourd’hui».
Cette saillie du Pan intervient quelques jours après les sorties respectives de Samuel Kleda, Archevêque métropolitain de Douala, président de de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun ; et celle de l’Archevêque métropolitain de Yaoundé. Dans une passe d’armes, à fleurets mouchetés, les deux hommes d’Église ont affiché leur divergence de point de vue sur le processus électoral qui a conduit à une énième réélection de Paul Biya à la présidence de la République.

Sons de cloches discordants
Lors d’une conférence de presse le 24 octobre dernier, après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 7 octobre, Samuel Kleda a émis un certain nombre de réserves quant à la transparence dudit processus. «L’Église, a estimé le prélat, demande qu’une élection soit transparente, libre ; et ce sont les citoyens qui choisissent. Ils sont capables d’élire quelqu’un et de le démettre quand il ne répond plus à leurs aspirations. Si quelqu’un est élu de manière transparente, c’est à partir de ce moment qu’on dit que Dieu lui a donné le pouvoir»; a-t-il déploré avant de conclure : «on a l’impression qu’avant d’aller aux élections, on connaît déjà les résultats». Le prélat a par la même occasion remis en doute la sincérité de chiffres donnés par les autorités électorales. «Si je prends l’Extrême-Nord, le Rdpc a eu 89%.

Cela me fait beaucoup réfléchir dans ce sens que cette région est aujourd’hui la moins développée au Cameroun. Dire que ces gens qui souffrent presque chaque année pendant la période de soudure […] ont voté à 89%, ça me pose sérieusement un problème. On dirait qu’il y a beaucoup d’analphabètes, des gens qui ne sont pas capables par eux-mêmes d’analyser et qu’on profite de cette situation», a-t-il noté.

Prenant le contre-pied de son pair et supérieur au sein de la Conférence épiscopale, Jean Mbarga à Yaoundé a soutenu que «la religion dans une société est politiquement neutre». «Le Cameroun a voté des lois et des procédures qui humanisent et légalisent le processus d’accès aux postes de responsabilité, notamment à la présidence de la République. À partir du moment où ce processus a joué son rôle, inéluctablement, la personne qui en sort élue est légalement constituée, et a droit à la reconnaissance de tous les citoyens […] Les tensions électorales finissent avec la proclamation des résultats», a souligné l’archevêque métropolitain de Yaoundé quelques jours plus tard.

Ifeli Amara

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