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Les aveux de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy a été auditionné, le 16 mars 2023, à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête «visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France».

 

L’ancien président français profita de cette occasion pour décocher une flèche dans le dos de l’Europe à travers les propos suivants: «De tous les continents du monde, l’Europe est le continent le plus brutal, où il y a eu les guerres les plus sauvages. Ce n’est pas l’Afrique, ce n’est pas l’Asie, c’est l’Europe et je vais dire autre chose: ce n’est pas au Moyen-Âge, c’est au 20e siècle. C’est en Europe qu’on a exterminé des Juifs. C’est en Europe qu’on s’est battus… Notre continent est brutal, sauvage et peut verser dans la barbarie».

«L’Europe est le continent le plus brutal» est la première affirmation que je conteste car elle laisse penser que les autres continents, quoique moins brutaux, sont quand même brutaux. Or quels peuples étrangers le continent africain, pour ne prendre que cet exemple, a-t-il esclavagisés et colonisés? Quels pays européens ou asiatiques les Africains ont-ils envahis et détruits pour voler leurs richesses? Est-il arrivé à ces Africains d’assassiner ou de renverser des dirigeants européens qui ne leur plaisaient pas?

Deuxièmement, lorsque Sarkozy déclare que l’Europe «peut verser dans la barbarie», il parle d’une chose qui peut se produire ou non. Or il existe de nombreux faits qui attestent clairement la barbarie des Européens. Il s’agit, entre autres, des 4 siècles d’esclavage, de la colonisation et de la néocolonisation. Césaire est l’auteur qui décrit le mieux cette barbarie de l’Europe contre les Noirs quand il évoque les «millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la danse, à la sagesse et à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme» («Discours sur le colonialisme», 1950). Hormis ces deux réserves, je dirais que l’Europe, via Sarkozy, a enfin retrouvé la lucidité pour avouer ce que nous autres Africains savions déjà de l’Europe qui a le culot d’appeler guerres mondiales ses propres guerres.

Après les aveux tardifs de Sarkozy, quelle est la suite? Logiquement, celui qui reconnaît avoir causé du tort doit demander pardon et réparer car affirmer que l’Europe est brutale et barbare «ne nous nourrit pas», pour parler comme Fanon qui ajoute: «Les gouvernements des différentes nations européennes ont exigé des réparations et demandé la restitution en argent et en nature des richesses qui leur avaient été volées… Dans la bouche des Européens au lendemain de 1945 une seule phrase: L’Allemagne paiera» (cf. «Les Damnés de la terre», 1961).

Jean-Claude DJEREKE

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