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Insécurité alimentaire au Cameroun: la part du Tchad et du Nigéria

Les chiffres de l’insécurité alimentaire au Cameroun sont sans appel. «10,6% de la population sont en situation d’insécurité alimentaire. Soit environ 2 940 807 personnes. Mais aucune personne n’est en phase d’urgence, soit une baisse de 240 000 par rapport à octobre 2022», affirme ce lundi 11 décembre 2023, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader). Gabriel Mbaïrobé a même d’autres raisons de se réjouir, malgré le caractère «choquant des chiffres», a-t-il admis. «Aujourd’hui, il existe dans le monde 860 millions de personnes qui vivent en insécurité alimentaire. Et il y a 56 millions de personnes en crise alimentaire aiguë en Afrique. Et dans cette dernière catégorie, le Cameroun en a juste 245 000», souligne-t-il. Rien donc qui soit de nature à remettre en cause l’autosuffisance alimentaire de notre pays. Le Nigéria et le Tchad étant bien souvent le point de départ d’une insécurité alimentaire importée.

C’est sous ce prisme qu’il faut dès lors comprendre la collaboration étroite qui existe entre le Cameroun et les experts du Comité inter-États de lutte contre la sècheresse au Sahel. Le coordonnateur du Programme national de Veille et de renforcement de la sécurité alimentaire (PNVRSA/Minader), confirme en effet que «le Plateau de Gourma dans la zone des trois frontières au Mali et le Bassin du Lac Tchad sont des zones où les populations connaissent des crises endémiques». Maina Hamadou explique notamment qu’en «période de soudure, tout ce qui se passe au Nigéria en termes de chocs, va impacter le Cameroun en termes de mouvement des personnes et des biens». L’exemple avec «l’arrêt des subventions du carburant chez le grand voisin qui a entraîné une augmentation du prix du carburant frelaté (zoa zoa) au Cameroun». Une situation qui a eu des répercussions sur l’ensemble de l’activité économique de la région de l’Extrême-Nord. Le cas aussi avec la secte islamiste Boko Haram également implantée au Tchad et dont les destructions et pillages des récoltes et du bétail, ont plongé plusieurs départements dans l’insécurité alimentaire.
D’où, entre autres, l’appel lancé par le Minader en direction de «tous les acteurs de la sécurité alimentaire pour une mobilisation en vue de renforcer le statut du Cameroun comme grenier agricole de l’Afrique centrale». En «poursuivant la transition écologique par la mise en œuvre de pratiques agricoles innovantes afin d’accompagner l’agriculture dans son adaptation aux changements climatiques», a-t-il indiqué à l’adresse du PAM, de la Banque mondiale et de l’Union européenne remerciés dans la foulée.

Théodore Ayissi Ayissi

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