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Inégalités et misère

Les forces gouvernementales gagneraient à regarder dans la planification, la programmation et les investissements si vraiment, elles se souciaient de leurs populations, au lieu de laisser leurs économies aux mains de l’ajustement permanent, et inexpérimenté de la Banque mondiale et du FMI.

L’expert en économie tente de situer les responsabilités dans la persistance des inégalités dans le monde en général et en Afrique en particulier. Les coupables désignés: l’Histoire et la politique.

Aimé Mathurin Bakoto

Il est quasiment inconcevable, aux yeux de beaucoup, de vivre avec moins de 2 dollar US, ou un dollar US/jour. Plus d’un milliard d’individus dans le monde vivent avec moins d’un dollar par jour; plus de deux milliards sept cent millions d’individus vivent avec moins de deux dollars par jour; voilà la triste réalité de ce monde dans lequel nous vivons. Les inégalités sont le terreau de toutes les révolutions, de tous les bouleversements sociaux dans le monde, de toutes les migrations et de tous les déplacements forcés, oui, dans le monde.

On le crie, ou le dit, qu’il faut de la croissance pour éradiquer les inégalités, la misère, en fait. Mais est-ce vraiment la seule solution? c’est une des multiples solutions à notre disposition. Quelles perspectives politiques, l’influence de la croissance économique, et de la répartition des revenus sur les niveaux de pauvreté, semblent-ils s’ouvrir? Quels éléments susceptibles de s’inscrire dans la stratégie de développement favorable aux démunis, et qui comportent des encouragements à une accélération de la croissance économique, un élargissement des possibilités ouvertes à la population pauvre par le biais d’investissements dans l’éducation, la santé de base, et la conception des programmes incluant des mesures de protection sociale pour les groupes particulièrement vulnérables.

Dans les pays pauvres, comme les nôtres, il peut être difficile de mesurer les revenus, en particulier chez les ménages qui, vivant en agriculture de subsistance, consomment l’essentiel de leur production, au lieu de la commercialiser. Même si la consommation peut-être également un indicateur de bien-être, plus fiable que le revenu, tendant à ne pas connaître les mêmes fluctuations que les revenus d’une période à une autre.

Kuznets, prix Nobel, d’ailleurs l’un des premiers prix Nobel a beaucoup travaillé sur les inégalités et surtout sur la croissance et les inégalités, en général. Ces recherches laissent entendre que ces inégalités s’aggravent lors du passage des pays agricoles à une économie industrielle. Mais la question, qui reste, pour l’instant sans grande réponse est celle de savoir, comment les pays aux sous–sols riches peuvent s’appauvrir, se misérabiliser, au risque de croire que leur pauvreté est pathologique? Il est vrai aussi que le mécanisme à la base de cette augmentation des inégalités résulte des différences de rendement des facteurs de production entre l’agriculture, l’industrialisation et l’urbanisation, et voit les inégalités augmenter.

Il ne fait de doute que l’Histoire et la politique ont joué un rôle important, quand on prend le cas de l’Afrique du Sud sous apartheid où le niveau des revenus était le plus élevé au monde, les Blancs, empêchant les Noirs et les autres Sud-Africains, non blancs de posséder les terres agricoles fertiles, d’obtenir une éducation décente. L’héritage de ces politiques se maintient aujourd’hui et se reflète dans la répartition hautement inégalitaire en Afrique du Sud.

L’histoire et la politique ont également tenu une place majeure dans d’autres parties du monde, dans les colonies, où toute émancipation, toute élévation du niveau de vie, bref, tout développement était banni, surveillé, et orienté. Il n’était pas possible à un «indigène» d’évoluer, c’était pire que l’apartheid. Ces politiques, malheureusement, même après que ces colonies aient retrouvé leur souveraineté de jure, perdurent encore et encore, augmentant la pauvreté, la misère et aucun dirigeant de ces pays ne s’en émeut.

Les coups d’État se font, parce qu’on réclame le pain, le pain qui est un aliment, vestige de la colonisation. On préfère donner des hectares de terre à des étrangers et laisser son peuple mourir de famine. Toute la production est ainsi exportée vers d’autres cieux, où la plus-value est la conséquence. Comme vous comprenez, l’histoire, la politique, l’action gouvernementale jouent sur l’accumulation des actifs, y compris l’éducation.

Les décisions politiques, pèsent sur les techniques et l’accès au marché, entre autres du travail, qui conditionnent la productivité, bref le rendement en général. La fiscalité et les dépenses publiques, dont celles qui financent les systèmes d’action sociale, influent directement sur les modalités de répartition des revenus. Le niveau des inégalités dans n’importe quel pays résulte d’interactions complexes entre l’Histoire, la politique, les dotations des facteurs et les forces gouvernementales.

Si le développement économique exige de réduire la pauvreté, l’explication la plus simple des raisons de l’importance des inégalités de revenus consiste à dire que le degré des irrégularités, et le niveau des revenus déterminent l’étendue de la pauvreté. Un ministre du Travail dans un pays Africain a dit à la télévision qu’on pourrait vivre avec moins de 20 euros décemment, alors que son salaire sans avantage est à deux milles euros le mois.

Les rapports qui relient la croissance économique et le maintien des inégalités identiques, les revenus des démunis doivent être clairs. Si le revenu par habitant se maintient, tandis que les inégalités augmentent, les quintiles les plus pauvres jouissent de moindres revenus, et certains ménages ont probablement chuté dans la pauvreté. Ces propositions se bornent à exprimer les mathématiques de base qui régissent les rapports entre pauvreté, croissance et inégalités.

Les forces gouvernementales gagneraient à regarder dans la planification, la programmation et les investissements si vraiment, elles se souciaient de leurs populations, au lieu de laisser leurs économies aux mains de l’ajustement permanent, et inexpérimenté de la Banque mondiale et du FMI.

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