Hausse des prix: les brasseurs en maîtres des illusions

Ils bombent le torse et se rient des faiblesses des consommateurs pour cacher leur stratégie commerciale commune.

Mercredi 1er juin 2022, Stéphane Descazeaud était au ministère du Commerce (Mincommerce). En posture de nouveau patron d’une importante société brassicole de la place, l’hôte de Luc Magloire Mbarga Atangana ne manquait pas de sujet. Entre plusieurs phrases débitées par les deux hommes, nos sources retiennent celle de l’agro-industriel français disant être «engagé aux côtés du Gouvernement pour la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs, à tenir compte de l’environnement inflationniste et prêt à aborder la question des prix».

Des propos qui n’ont que peu de chance de convaincre ceux qui ne voient  d’autre que la stratégie gagnante des brasseurs. «Ce d’autant plus qu’il s’agit d’une belle histoire qu’ils aiment tous raconter depuis un certain temps», proteste Achille Mvogo Tede. Secrétaire exécutif dans une association de défense des droits des consommateurs, ce dernier pense que «tous les fabricants de bière au Cameroun ont solidifié un jeu d’alliance stable entre eux pour faire du chiffre sur le dos des buveurs».

Et quand les brasseurs évoquent le bouleversement dans les chaines d’approvisionnement en matières premières du fait du Covid-19 et la guerre opposant la Russie à l’Ukraine, Franky Mboukem, un autre défenseur des droits des consommateurs, se forge son idée. D’après lui, «le problème vient de ce que ces éléments semblent à présent orienter une stratégie mise en place depuis au moins 4 ans». Comme arguments, Franky Mboukem rappelle que «les 1er et 4 mars 2019, trois brasseurs nationaux avaient décidés de hausser les prix de leurs produits, à l’insu du Gouvernement !». La suite plonge dans une note du Mincommerce datant du 15 janvier 2015. Dans celle-ci, reprend Franky Mboukem, Luc Magloire Mbarga Atangana mettait les brasseurs en demeure contre toute tentative de dissimulation ou de constitution de stocks spéculatifs à des fins de renchérissement des prix.

«Esprits rationnels»

Entre le Mincommerce et les responsables des différentes sociétés brassicoles réunies au sein de la Cameroon Alcohol Producers Association (CAPA), c’est le bal des «esprits rationnels». Pendant que les seconds disent avoir une claire conscience des contraintes qui entravent leurs activités («pressions fiscales de l’ordre de 52% ajoutées à d’autres difficultés enregistrées par les associations de protection et de défense des droits des consommateurs qui oscillent de 32-52%»), le premier dit être dans son rôle de régulateur du marché.

 

Jean-René Meva’a Amougou

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