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Bousculade mortelle au stade d’Olembe : Entre vrai débat et fausse polémique

Au lendemain du drame, un match oppose constructifs et polémistes sur les réseaux sociaux.

Lundi 24 janvier 2022, à l’entrée sud du stade d’Olembe, des personnes allongées sur le dos, immobiles. D’autres sont agenouillées à côté des victimes et tentent de les réanimer. Des chaussures, des casquettes et des perruques éparpillées sur le sol. Si les images ne sont pas glorieuses pour le Cameroun, le bilan officiel l’est encore plus. Au moins 8 supporters morts, 38 blessés dans une bousculade survenue avant le match de huitième de finale de la CAN entre les Lions Indomptables du Cameroun et les Cœlacanthes des îles comoriennes.

Au lendemain du drame, le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, a animé une conférence de presse exceptionnelle hier mardi à Yaoundé. Sur un ton grave, le dirigeant a demandé des comptes au comité local d’organisation (Cocan) afin de comprendre comment le pire a pu avoir lieu et s’assurer qu’il ne se reproduise plus. En attendant, les matchs prévus au stade d’Olembe sont délocalisés (jusqu’à nouvel ordre) au stade Ahmadou Ahidjo, à commencer par le quart de finale programmé dimanche prochain.

S’adressant à la presse, Patrice Motsepe a semblé s’adresser à ceux qui ne savent pas commenter les situations autrement que sous le registre de l’amalgame. «Clairement, il y a eu des lacunes, clairement il y a eu des échecs. Il y a eu des faiblesses. Il y a des choses qui auraient dû être prévues. Vous prenez des mesures préventives, vous prenez des mesures pour anticiper… certaines choses. (…) Mais le moment n’est pas venu pour accuser telle ou telle partie. Nous avons tous une responsabilité lourde», a dit le patron de la CAF dans extrait sélectionné par Equinoxe Télévision.

Duel
Reste que cette sortie de Patrice Motsepe met face à face des constructifs et des polémistes. Repérés dans le gouvernement, les premiers semblent réservés. Et donc, en cette période où le monde entier a les yeux rivés vers le Cameroun, sortir de cette réserve pour prendre la parole ne va pas de soi pour qui voit dans le silence le mode d’existence le plus proche de la vérité. Sur le vif, les autorités ont juste rédigé un communiqué. En conférence de presse hier mardi à Yaoundé, Samuel Eto’o a juste rendu un hommage aux victimes.

Procédant par affirmations à l’emporte-pièce, par envolées indignées et raccourcis explosifs, les seconds ont déclenché une polémique sur réseaux sociaux. Certaine en elle-même, cette polémique révèle que la bousculade au stade d’Olembe est la traduction d’un Cameroun pas prêt pour accueillir la CAN. Bien plus, écrit un internaute, « elle confirme la persistance d’un déni des ancêtres à l’égard des autorités ». « Pourquoi le stade n’a-t-il pas été officiellement baptisé? », s’interroge un autre.

Dirigés par une intention de nuire au gouvernement local, la plume et la bouche de quelques-uns défendent la thèse selon laquelle «les morts d’Olembe fortifient les vieilles dénonciations de la CAF en matière de sécurité dans et hors des stades de la CAN 2021». Marqués par une étonnante continuité argumentative, les défenseurs de cette thèse soulignent la présence d’«un fantôme invisible qui va jouer sa CAN dans un stade qui porte son nom».

Jean-René Meva’a Amougou

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