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Après avoir été interdit… Broncalène toujours en vente libre

Le médicament antitussif se retrouve dans les rayons de nombreuses pharmacies du Cameroun, au mépris des injonctions des autorités de la santé.

 

 

Le 25 septembre 2022. Tel est le délai fixé par la Direction de la pharmacie, du médicament et du laboratoire du ministère de la Santé pour le retrait de tous les lots de Broncalène adultes et enfants FL/150ml au Cameroun. Jusqu’au 15 octobre dernier, de nombreuses pharmacies de Yaoundé continuent d’écouler leurs stocks. Que l’on soit dans le cinquième, le quatrième ou le deuxième arrondissement de Yaoundé, se procurer l’antitussif Broncalène relève d’une banalité. Le produit est distribué à des prix allant de 2 250 à 2 800 FCFA.

Au sujet du produit
«Les gens ne comprennent pas bien. On n’a pas dit que Broncalène est interdit. Mais la note qui est sortie allait dans le sens de mettre l’accent sur la sensibilisation pour expliquer au patient qu’il doit faire attention au mélange avec d’autres médicaments. Nous nous posons des questions au client pour savoir quels sont les médicaments qu’il consomme. S’il y a un risque, on ne lui vend pas de produits à base de pholcodine», entend-t-on dans une pharmacie du cinquième arrondissement de la capitale camerounaise.

Suspension
La suspension de la mise sur le marché du Broncalène au Cameroun s’inscrit comme maillon d’une chaine d’interdiction des produits à base de pholcodine en France, puis au Gabon. Ledit médicament présente «un rapport bénéfice/risque considéré comme défavorable», selon Laborex, filiale des laboratoires Eurapharma, principal fournisseur de ce médicament. Alors que les effets indésirables attachés au produit querellé avaient jusqu’ici consisté à des constipations, somnolence, nausée, vomissement, spasme et sècheresse buccale ; une étude du CHU de Nancy (France) a démontré que le médicament querellé est de nature à engager le pronostic vital des malades à travers des réactions anaphylactiques peranesthésiques. «Ce phénomène serait expliqué par une hypersensibilité immédiate pendant l’anesthésie due à des agents bloquants neuromusculaires (curares) faisant intervenir les anticorps de nos défenses humanitaires», explique un pharmacien. Ces arguments ne semblent pas stopper l’activité commerciale autour du Broncalène. Les complications, apprend-t-on, peuvent se produire même si l’anesthésie a lieu plusieurs semaines après la consommation de ce sirop pour la toux.

Le renvoi des médicaments ne porte pas préjudice à la pharmacie. Selon le Dr Cyrille Sonhaka, le laboratoire endosse la facture. «C’est le laboratoire qui appelle au renvoi de ces produits. Il saisit le fournisseur local ou international et celui-ci interpelle les pharmacies. Les distributeurs vont renvoyer lesdits produits vers le fournisseur qui va se charger de les acheminer jusqu’au fabricant pour destruction», explique-t-il. Après la procédure de vérification, une note de frais est dressée pour permettre aux détaillants de rentrer dans ses droits. «Le fournisseur qui reçoit de l’argent de redistribue pas à toutes les pharmacies concernées. Il reçoit toutes les factures et les garde. Il sait ainsi qu’il doit tel montant à telle pharmacie et à la prochaine commande que celle-ci va effectuer, le montant sera déduit de sa facture».

Louise Nsana

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