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73ème journée des Nations unies à Yaoundé : L’alter écho d’une célébration

Les 10 agences onusiennes menant des activités au Cameroun attendent le quitus des autorités locales sur les modalités de déploiement dans la partie anglophone du pays.

Une minute de silence en mémoire de Kofi Annan, était inévitable le 24 octobre dernier au ministère camerounais des Relations extérieures (Minrex). Au moins pour l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) décédé le 18 août 2018 à Berne (Suisse), entre autorités locales et le gratin onusien, il n’y a pas de dissonance de voix. Accord parfait également des deux parties sur le thème choisi cette année: «L’énergie comme moteur des objectifs de développement durable au Cameroun».

Chiens de faïence
Seulement, pour qui a franchi l’hinterland de cette 73e journée des Nations unies à Yaoundé, on a sans doute mesuré qu’un vent fort souffle entre le système que coordonne Allegra Maria Del Pilar Baiocchi et le gouvernement local, au sujet du déploiement de 10 agences onusiennes au Nord-ouest et au Sud-ouest. C’est d’ailleurs ce qui justifie la tenue, le 23 octobre 2018, au ministère de l’Administration territoriale (Minat), d’une réunion. Autour de la table, Paul Atanga Nji (le Minat) et une délégation conduite par Allegra Maria Del Pilar Baiocchi. À l’ordre du jour : les axes d’intervention des démembrements de l’ONU en zone anglophone.

Cité par le quotidien Cameroon Tribune le lendemain, Paul Atanga Nji est plus précis. «Il est question de s’asseoir, de mettre en place un document qui sera soumis au gouvernement pour approbation. Ainsi, ils pourront se déployer sur le terrain sur la base d’un document consensuel», détaille le Minat.

Garde-fou
«Par-delà les mots, un autre facteur structure cette position», fait remarquer Françoise Mouyenga. Saluant la posture prudente du gouvernement, la consultante du Centre de recherche et d’Études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II convoque l’Histoire. De son point de vue, «le prétexte du déploiement humanitaire, on l’a vu ailleurs, permet aux gens de s’immiscer dans les rapports humains et fractionner davantage la société». Pour elle, «une feuille de route préalablement élaborée et approuvée par les deux parties reste un gage pour ne pas subir, et être en capacité de prévoir».
Concrètement, le gouvernement camerounais veut comprendre l’offre du système des Nations unies au Cameroun dans le cadre de la crise anglophone.

Surtout que dans un communiqué diffusé le 25 juillet 2018, l’ONU avait clairement souligné que les territoires anglophones font face à des violences fondées sur une «discrimination structurelle» qui va croissant depuis 2006. L’organisation planétaire touchait ainsi au délicat sujet des droits de l’Homme, objet de plusieurs controverses dans la zone. D’ailleurs, à la faveur de cette 73ème journée des Nations unies, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a réitéré l’obsession de l’organisation qu’il dirige face à cette thématique. «Les droits de l’homme sont violés dans de nombreux endroits. Mais nous ne baissons pas les bras, car nous savons que le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine est une condition fondamentale de la paix. Les conflits se multiplient. Les populations souffrent, mais nous ne baissons pas les bras parce que nous savons que chaque homme, chaque femme et chaque enfant méritent une vie de paix», a-t-il dit.

Jean-René Meva’a Amougou

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