L’épouse de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Cameroun est désormais titulaire d’un doctorat Ph.D en langues africaines et linguistique. Devant un jury présidé par le Pr Edmond Biloa, l’Ivoirienne a soutenu une thèse intitulée « Contribution of coopérative learning method in the context of teaching English as foreign language: a case study of selected middle and high schools in Cote d’Ivoire ». Le travail a été couronné par une note de 17/20 avec mention « Très honorable ». En clair, il s’agit d’une étude qui démontre l’efficacité de l’approche participative d’apprentissage de la langue de Shakespeare.
octobre 2018
L’Afrique et ses propres contradictions, loin de crédibiliser, finissent par amuser. L’hypocrisie du politiquement correct ou du tout va bien en Afrique. C’est bien le choix de certains.
Les migrants africains ne sont-ils pas des esclaves en Afrique? Les migrants africains sont-ils des esclaves en Europe ? Les conditions d’immigration en Europe des Africains sont-elles accommodantes et moins esclavagistes que celles du commerce triangulaire ? Voilà les sujets d’une Afrique qui se parle à elle-même et ne recherche pas le consensus par le silence.
Polémique stérile
Le 14 septembre dernier, lors d’une réunion des ministres européens de l’Intérieur, Matteo Salvini, ministre italien, réagit aux propos du ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn : «en Italie, nous ressentons l’exigence d’aider nos enfants à faire d’autres enfants. Et pas à avoir de nouveaux esclaves pour remplacer les enfants que nous ne faisons plus».
Voilà 10 ans qu’il est admis que la population européenne est vieillissante. Les géostratèges de la démographie ont asserté depuis les écrits du collectif de Bohdan Jalowiecki qu’il fallait «repeupler le vieux continent» pour éviter qu’il n’importe la force de production ou qu’il ne délocalise son industrie en Chine et en Afrique. L’Europe a besoin d’immigrés pour produire. Le Japon et la Chine ont l’espionnage des étudiants. L’Afrique a son immigration ! À bon entendeur…
L’envers du décor
Sur le continent, la Mauritanie est connue pour la pratique séculaire de l’esclavage. «Cet esclavage persiste sous forme de pratiques, c’est-à-dire des gens qui sont au service d’autres et qui sont obligés, depuis leur naissance, ils sont esclaves par ascendance, de travailler pour leur maître. Ce sont les maîtres qui disposent d’eux comme ils veulent. Toutes les tâches domestiques sont confiées à ces esclaves. Ils font la cuisine, ils font le ravitaillement en eau si l’eau est très loin, ils font la collecte du bois de chauffe pour la maison, ils surveillent les troupeaux, ils traient les animaux qui doivent être traits la nuit. Et c’est eux qui réveillent même parfois leur maître pour boire leur lait. Et en fin de compte, ce sont les derniers qui dorment et ce sont les premiers qui se réveillent.
En fin de compte, l’esclave c’est l’élément, l’instrument physique de son maître. Les esclaves sont totalement soumis à leur maître. C’est pour cela que pour pouvoir s’occuper de l’esclavage, il faut être très prudent parce que l’esclave n’est pas facilement convaincu qu’il doit quitter son maître. Il est esclave parce que c’est son destin. Il ne va pas se rebeller contre son destin. Il croit que son paradis dépend de sa soumission. Et ça depuis des années, on l’a matraqué avec ça, depuis des siècles», explique Boubacar Ould Messaoud, président de SOS-Esclaves.
La Libye a défrayé la chronique grâce au reportage de BBC. Mais une fois passée l’indignation, qu’est-ce qui a suivi ? «Les jolies paroles, les beaux messages de condamnation venant des Nations unies, de l’Europe, de l’Union africaine et le geste qui apaise : envoyer des avions pour « sauver» les migrants puis leur offrir 100 euros pour leur permettre de redémarrer une vie. La mise en scène de l’indignation, après la théâtralisation de la horde d’affamés déferlant sur l’Europe, serait risible si la situation n’était si tragique», s’insurge la romancière camerounaise Hemley Boum.
Zacharie Roger Mbarga
Fabien Eboussi a tiré sa révérence le 13 octobre 2018 à 84 ans. Il y a trois jours, pourtant, je réécoutais, quasi religieusement, deux de ses conférences sur Internet.
Il y parlait avec ce calme, cette rigueur et cette précision qui le caractérisaient. On rendra un hommage mérité à cet intellectuel qui ne parlait jamais au hasard. Il sera célébré partout où il eut à poser ses pieds, et pas seulement dans son Cameroun natal, car il avait enseigné un peu partout : au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, en Allemagne, en France, aux États-Unis, etc. Pour ma part, j’ai pensé que la meilleure façon de lui exprimer ma gratitude était de partager ses meilleures intuitions et saillies sur le christianisme, la politique et les intellectuels en Afrique afin que ceux qui ne connaissent pas son œuvre aient envie de s’y plonger. Et c’est par une citation de Luc Ferry que je voudrais essayer d’entrer dans la pensée de l’enfant de Bafia.
I/ Une déconstruction du discours missionnaire sur l’Africain
« Le Christ n’a bien évidemment jamais demandé à l’homme de se priver de son intelligence, encore moins de cesser de s’interroger. Toutes ses paraboles […] sont manifestement destinées à faire réfléchir, à mettre en branle notre intelligence interrogative (qu’a-t-il voulu dire au juste ?) et interprétative (quel est le sens de son message ?)», écrit Ferry dans Vaincre les peurs. La philosophie comme amour de la sagesse. Pour Fabien Eboussi, qui servit le Christ et son Église comme prêtre jésuite (de 1969 à 1980), le fait de s’interroger et d’interroger le monde dans lequel on vit n’était pas seulement un honneur mais un devoir. Un devoir auquel il ne se déroba jamais, que ce soit dans ou hors de l’Église qu’il ne voyait pas comme « une caserne où tout le monde marche au même pas et obéit au moindre coup de sifflet des responsables ». Persuadé que les brebis (les fidèles laïcs)n’étaient pas des moutons de Panurge et que « la foi doit se montrer critique, mais non au sens péjoratif de l’esprit de critique», Eboussi osera écrire ceci : « Le christianisme a certes soigné, éduqué les Nègres d’où sont sortis ce que vous appelez les Africains mais le christianisme et les missionnaires n’ont pas fait l’Africain qui commence par la décision de refuser ce paternalisme et le contexte d’ignorance et de violence où cette bienveillance à son égard s’est exercée.
Dans le même ouvrage, il déclare : « Il faut d’abord défendre la démarche générale et révolutionnaire du christianisme à ses origines en Afrique, qui a consisté à valoriser ceux que leur société éliminait ou marginalisait, à les transformer en contre-pouvoir et en avant-garde d’un monde nouveau. Il a toujours procédé de la sorte en ces périodes de vitalité et de fidélité à ses commencements. Force est pourtant de reconnaître les limites de celui-ci au moment de son expansion chez nous. Il est un christianisme de croisade civilisatrice, de résistance antimoderniste, de rivalités interconfessionnelles. Il est plus soucieux de propagande que de la vérité qui libère, plus soucieux de répandre l’image de lui-même que la puissance de résurrection du Christ. Il souffre cruellement de l’absence du sens d’une catholicité positive et dilatante, qui n’a pas la main crispée sur le misérable trésor de traits qui définissent son identité étriquée. » (À Contretemps, p. 84).
À le lire, on découvre que certains missionnaires ont cédé à la tentation, comme le père Drumont dans Le pauvre Christ de Bomba de Mongo Beti, de se substituer à Dieu, de « faire Dieu à [leur] propre image ». Il les percevait, ces missionnaires trop zélés et remplis de certitudes, comme des gens qui « continuent d’être les relais d’influence de leurs pays, de leurs cultures et de leurs idéologies, les têtes de pont des modes de vie et de pensée de leur civilisation et de ses intérêts matériels, par le truchement de l’aide, des relations, des services rendus à la bourgeoisie (prêts, placement des enfants…) »
Sa position sur les relations entre colonisateurs et missionnaires était sans équivoque : «Le christianisme appelle la colonisation pour forcer les peuples et les pays qui lui sont fermés ou hostiles, il a besoin du protectorat et de l’appui matériel et diplomatique de la puissance occidentale. Sans eux, il se sent fragile, sa situation est précaire, à la merci de la pauvreté, du mépris et de la violence. Mais la colonisation a besoin du christianisme pour se faire pardonner sa brutalité, voire pour se faire aimer». Ailleurs, il fait remarquer que, dans la mission, « l’autre [l’Africain] fut négation, absence, privation, préparation, germes, ébauches». Eboussi déplorait particulièrement le fait que « le christianisme n’est plus folie, ni scandale, mais religion supérieure, un des éléments constitutifs de la sagesse et de la puissance de l’Europe, religion du dominateur, religion dominante ; [constatait] que la mission est colonisation [étant donné qu’] elle coupe le monde en deux catégories, les chrétiens et les non-chrétiens, les uns [étant] tout, les autres rien…, qu’elle est un système qui a sa logique fondée sur l’exploitation ou la création de l’inégalité spirituelle, et sur la condescendance méprisante » alors que « même l’Évangile n’autorise pas l’impérialisme religieux et la dépendance spirituelle, l’activisme de l’offre du salut, le prosélytisme indiscret qui fait violence aux consciences, prend d’assaut les âmes pour les soumettre à un contrôle dominateur » (À Contretemps, pp. 40 et 50).
Son article « La dé-mission », paru en 1974 dans la revue Spiritus, provoqua une levée de boucliers dans le milieu des missionnaires occidentaux. On raconte même que certains d’entre eux étaient sur le point de quitter l’Afrique. Pourquoi ce texte les dérangea-t-il tant ? Parce qu’Eboussi y dénonçait, à juste titre d’ailleurs, cette mission qui ne finit pas, ni ne responsabilise les Africains. La phrase qui choqua le plus les bons pères et les bonnes sœurs venus de l’Europe et d’Amérique du Nord pour « sauver » les Africains de l’enfer et de la « barbarie » est celle-ci : « La mission des temps modernes est, structurellement parlant, une colonisation. Elle est donc un système violent qui ne peut prendre fin que par un processus violent… Que l’Europe et l’Amérique s’évangélisent elles-mêmes en priorité, qu’on planifie le départ en bon ordre des missionnaires d’Afrique ! » Il se trouva des gens pour accuser Eboussi « d’exprimer du ressentiment contre l’Occident et ses valeurs». Lui voulait simplement honorer la parole du Christ : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres » (Jn 8, 32). La liberté : voilà une des choses auxquelles le philosophe camerounais était viscéralement attaché.
Cette liberté, il la réclamait pour lui mais aussi pour ses frères africains. Il voulait donc savoir si les missionnaires avaient à cœur de former en Afrique des hommes et des femmes libres, s’ils reconnaissaient aux Africains et Africaines qui entrent dans les séminaires, congrégations religieuses et instituts de vie apostolique le droit de dire ce qu’ils pensent réellement et de se passer un jour de leur tutelle, car « la foi suppose autonomie, prise en charge de soi, de son être-dans-le-monde, à laquelle renvoie la reconnaissance de Dieu comme Dieu, autre qu’une idole de nous-mêmes, de notre impuissance inversée en toute-puissance imaginaire hors de nous».
Bref, sa grande question, devenue mienne depuis, fut celle-ci : l’objectif du christianisme en Afrique est-il de voir émerger des personnes pensant par et pour elles-mêmes ou bien cherche-t-il à produire des « êtres truqués dans un monde truqué» comme Pierre Landu, le héros d’Entre les eaux de V. Y. Mudimbe, « qui répétait machinalement des gestes et des mots qu’on lui avait enseignés pour faire marcher une mécanique religieuse, car il n’était rien de plus, ni un Africain ni un Occidental, [ni] un serviteur de Dieu, de la foi et de ses frères noirs, mais d’un christianisme culturel faisant corps avec l’Occident capitaliste qui dominait son pays». Ce qu’Eboussi attendait de l’Africain ayant été « évangélisé » par le missionnaire, c’est que, « même s’il est fils de la mission, cet Africain [meure] à son enfance pour devenir père à son tour, la tête d’une nouvelle lignée d’hommes, mais non perpétuer les Nègres, colonisables et objets d’endoctrinement et de bienfaisance».
Ainsi qu’on peut le voir, le philosophe camerounais ne se montra guère tendre avec le christianisme et les missionnaires, même s’il ne voyait pas tout en noir dans les actes que ces derniers posèrent sur le continent africain. Qu’en est-il de l’État postcolonial africain ?
II/ Pour Eboussi, l’État postcolonial est foncièrement violent
Le moins que l’on puisse dire est que le jugement d’Eboussi sur cet État est loin d’être complaisant. En 1992, par exemple, voici ce qu’il écrit sur le régime Biya : « Un homme venu d’ailleurs ne peut qu’être déconcerté de ceci : au terme de dix ans d’un gouvernement qui est un échec patent, qui est un désastre ayant fait du Cameroun un pays sinistré socialement et économiquement, s’enlisant dans la pauvreté absolue et l’anémie, le Président sortant sollicite les suffrages pour un mandat de cinq ans, afin, dit-il sans ironie, de mener à la perfection son grand œuvre». Quatorze ans plus tard, dans un entretien avec Achille Mbembe et Célestin Monga, il renouvelle ses critiques : « Il est dérisoire et cruel de se gargariser de discours sur la démocratie, les droits de l’homme, dans une culture de la mort dévaluée d’hommes superflus et encombrants » (cf. Le Messager du 19 juillet 2006).
L’État postcolonial qui apparaît dans les écrits d’Eboussi Boulaga est un État qui exerce la violence sur ceux qu’il est censé protéger, qui « procède du principe autoritaire, [qui] pose la nécessité, pour une durée indéterminée, d’user principalement, sinon exclusivement de la coercition et de la répression pour gouverner et moderniser les sociétés africaines pour leur bien». À ceux qui, pour excuser la violence des satrapes, estiment que « l’indigène ne reconnaîtrait que le pouvoir de la force personnifiée en un maître unique régnant sans partage et ne tolérant aucun dissentiment », Eboussi Boulaga répond qu’« il est facile de citer d’innombrables traditions non autoritaires, en Afrique, de dénombrer les institutions et les mécanismes qui font contrepoids à l’autorité du chef, les obligations qu’il doit sans cesse accomplir pour se légitimer» .
Si le Congolais Sony LabouTansi (L’État honteux, La vie et demie et La parenthèse de sang), l’Ivoirien Ahmadou Kourouma (Les soleils des indépendances, En attendant le vote des bêtes sauvages), le Camerounais Yodi Karone (Le bal des caïmans), le Tchadien Antoine Bangui (Prisonnier de Tombalbaye), les Guinéens Alioum Fantouré (Le cercle des tropiques) et Tierno Monénembo (Les crapauds-brousse)… ont montré avec quelle facilité le pouvoir africain broie et tue ceux qui osent critiquer le « guide », le « timonier » ou le « père fondateur », Eboussi semble avoir donné la description la plus aboutie de ce pouvoir sanguinaire et arbitraire, prédateur et voleur, lorsqu’il écrit : « Parce qu’il n’est le fait ni du mérite ni d’une délégation effective du pouvoir de tous au service d’une fin commune reconnue au-delà de tout doute, il est dépourvu d’assise. Il doit se prouver sa réalité, par l’exercice, en un pur mouvement sans autre finalité que lui-même.
Manquant de déterminations internes, de limites intérieures, il est voué au mauvais infini de l’extériorité caractérisée par l’extension, la dilatation indéfinie. Ce sera la répétition et l’accumulation des signes du pouvoir, de manière qu’ils puissent enfin produire ce qu’ils signifient. La force brutale ne lui suffira plus : il voudra être reconnu. Il voudra capitaliser toutes les formes de puissance, voulant être le plus beau, le plus intelligent, le meilleur en toutes choses. Magique dans ses origines, il opère magiquement au moyen de la parole, appuyée de croyances et de fictions. L’efficacité de l’action politique est prodigieuse, thaumaturgique. L’homme politique a partie liée avec la sorcellerie, ses pratiques et ses représentations de base. Voilà pourquoi il s’entoure de marabouts, de voyants et de mages en tous genres. Avec le peuple, il partage la conviction qu’il faut une force sorcière pour se livrer à un accaparement et à une accumulation de richesses sans restriction, perpétrer des morts d’hommes impunément, à l’abri des sanctions automatiques qui, selon la tradition, s’abattent sur ceux qui enfreignent les tabous majeurs du sang répandu. »
III/ Le vrai intellectuel est nécessairement un dissident
Alors que certains ont tendance à confondre les intellectuels avec les détenteurs de parchemins et de titres académiques, Fabien Eboussi n’avait d’admiration que pour les « parias conscients », c’est-à-dire les hommes et femmes qui « ont résisté aux séductions de l’intégration, ont refusé de se renier, de se truquer » (Lignes de résistance, p. 41), ceux qui « mettent leur tête sur le billot en assumant la difficile tâche de protester pendant que d’autres se taisent prudemment ou n’ouvrent la bouche que pour flatter les détenteurs du pouvoir ». S’il était respecté, s’il était devenu un mythe et une autorité morale incontestable, c’est parce que les problèmes de la Cité ne le laissaient pas indifférent, parce qu’il ne vivait pas dans le luxe et le gaspillage pendant que le peuple est aux prises avec une misère déshumanisante. La simplicité et la sobriété, qui le rendaient proche du petit peuple, étaient et faisaient sa force ; elles étaient devenues une seconde nature pour lui à telle enseigne que ceux qui connaissaient son parcours disaient à son sujet : « Il a quitté la vie religieuse mais la vie religieuse ne l’a point quitté.»
Pour conclure ce petit hommage, je dirais simplement la chose suivante : comme Emmanuel Kant qui regardait l’Aufklärung comme une émancipation de l’homme de la tutelle qu’il ne pouvait imputer qu’à lui-même, Eboussi s’attela, toute sa vie, à travailler à l’émancipation de l’homme noir parce qu’il était convaincu que le Muntu n’avait pas d’autre projet que « d’être par soi-même et pour soi-même, par l’articulation de l’avoir et du faire, selon un ordre qui exclut la violence (l’arbitraire)».
Après une vie bien remplie, après un engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme, celui qui voulait « débattre d’abord avec lui-même pour clarifier des idées, des positions, des phénomènes comme la religion, l’État dans lesquels nous étions impliqués en vertu de la colonisation, de la mission » rejoint ceux qui, comme lui, ont écrit les plus belles pages de notre histoire commune. On ne peut que lui souhaiter un bon voyage et lui dire merci pour son riche et immense héritage.
Jean-Claude DJEREKE
Enseigne les Littératures francophones à Bryn Mawr College
Philadelphie, PA, USA
Paris, Poches Odile Jacob, 2007, p. 185.
Cf. Bernard Sesboüe, « La foi chrétienne n’est pas un ghetto », Croire aujourd’hui, nº 243, mars 2008, p. 21.
À Contretemps. L’enjeu de Dieu en Afrique, Paris, Karthala, 1991, p. 49.
À Contretemps, p. 123.
Ibidem, p. 41.
Ibidem, pp. 120-121.
Cf. F. Eboussi, « Fétichisme et prosélytisme », dans Olivier Servais et Gérard Van’t Spijker (dir.), Anthropologie et missiologie (XIXe-XXe siècles). Entre connivence et rivalité, Paris, Karthala, 2004, p. 66.
Ibidem, p. 67.
À Contretemps, p. 100.
Ibidem, p. 146.
Ibidem, p. 145.
Ibidem, p. 49.
Lignes de résistance, Yaoundé, Éditions Clé, 1999, p. 53.
À Contretemps, p. 228.
Ibidem, p. 229.
Ibidem, p. 254.
Melchior Mbonimpa « Un intellectuel organique ? », Ambroise Kom,
Fabien Eboussi Boulaga, la philosophie du Muntu, Paris, Karthala, 2009, p. 175.
La crise du Muntu, Paris, Présence Africaine, 1977, p. 11.
Fabien Eboussi Boulaga ou la saga d’un génie de la philosophie
Philosophe, homme de lettres, théologien, chercheur engagé dans le domaine des sciences sociales, prêtre, puis père de famille, auteur de divers ouvrages à succès, Fabien EBOUSSI BOULAGA, Professeur hors échelle, a rendu l’âme ce 13 octobre, après une vie riche et fructueuse tant du point de vue humain que scientifique.
Lors de sa sortie sur le plateau de Club d’Elites du dimanche 14 octobre 2018, le Pr. C. Gabriel MBOG, en rendant hommage au « Philosophe du Muntu », dira qu’il « est de ceux qu’on ne remplace pas ». Selon ses propos encore, il est un « chevalier de la pensée ». Qui pourrait dire n’avoir jamais entendu parler de cet Okumé de la pensée philosophico-théologico-politique camerounaise et africaine ? Assurément personne, si tant est que l’on a au moins fait ses classes de Philosophie en Terminale.
Vincent Sosthène FOUDA pour sa part, faisant une confidence à son propos, dira : « Sa première vocation avait été de faire de la politique ! Pourtant il est devenu en premier Jésuite et enfin philosophe, il est resté un penseur particulièrement attentif au caractère conflictuel de la raison. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que, très tôt déjà, il se soit choisi Hegel et Heidegger pour maîtres ».
Philosophe assurément hermétique, il faut reconnaître que le lire n’était point une sinécure. Ceux qui s’y sont frottés sont la preuve vivante du fait qu’une seule de ses pages pouvait vous donner le tournis. Prenons par exemple cette publication, longuement citée et évoquée en classe de Terminale : Le Bantou Problématique (1968). Lors d’une de ses sorties publiques au début des années 2010, donnant alors une conférence sur le contenu de sa pensée de manière générale, il brillera de nouveau par sa marque de fabrique : l’hermétisme. Au terme, il répondra à un journaliste qui sollicitait de lui qu’il décodât son message, et il lui dira simplement qu’il s’adressait « aux initiés », à comprendre ici dans le sens de ceux qui ont fait leurs humanités dans les classes de la pensée pure. N’allez-y pas comprendre par là qu’il fut un homme prétentieux, que non ! Car qui l’avait côtoyé aurait certainement noté l’absolu contradictoire : sa déconcertante simplicité.
Grand philosophe Africain, Fabien EBOUSSI est tout d’abord un citoyen Camerounais, natif et originaire du MBAM, plus précisément de BAFIA, ville qui le voit naître le 17 janvier 1934. Il fera ses humanités au Petit Séminaire d’Akono, ville voisine de Ngoumou et de Mbalmayo (rendu célèbre par une autre sommité des œuvres de l’esprit : EZA BOTO, Ville Cruelle). Il poursuivra ses études supérieures dans l’univers sacerdotal, en intégrant la Société des Jésuites, avant d’être solennellement appelé aux ordres en 1969. Il sera donc définitivement greffé à la Compagnie des Jésuites en 1973.
Comme tout philosophe digne de ce nom, le professeur EBOUSSI était un libre penseur, un Homme équilibré et mesuré qui tenait à la fidélité de sa pensée. En cela, il suscitera de l’émoi à l’intérieur même de la Compagnie des Jésuites dont il reste membre, clerc ad vitam aeternam. L’une de ses sorties (La Démission, 1974) en est la preuve. Plus tard à la demande du Penseur, il quittera la Compagnie des Jésuite et sa réduction à l’état laïc sera prononcée. L’on peut ainsi comprendre pourquoi après coup, il prendra femme et fondera une famille. Selon ses propres termes, ce fut une décision murie et nourrie qui l’aura emmené à aboutir à ce constat simple qu’il avouera lui-même : avoir « perdu la foi » dès 1969.
Le registre de ses publications est richement fourni d’ouvrages, d’articles et d’études scientifiques qu’il aura chaperonnés. Dans l’ordre des études dirigées, il faut citer celle commandée par Friedrich ERBERT STIFFUNG : Les jeunes et la politique au Cameroun, parue en 2014. Parmi les ouvrages publiés, hormis ceux déjà cités plus haut, nous pouvons noter : La crise du Muntu, Authenticité africaine et philosophie, Présence africaine, Paris, 1977 et 1997 ; Christianisme sans fétiche, Présence africaine, Paris, 1981 (édité deux fois en langue anglaise dans deux Etats différents : Christianity without fetishes, Orbis, New York , 1985 ; Christianity without fetishes, Lit Verlag, Germany , 2002) ; À contretemps, L’enjeu de Dieu en Afrique, Karthala, Paris 1992 ; Les conférences nationales en Afrique, Une affaire à suivre, Karthala, Paris, 1993 ; La démocratie de transit au Cameroun, L’Harmattan, Paris, 1997 ; Lignes de résistance, Éditions CLE, Yaoundé, 1999 ; Le génocide rwandais – Les interrogations des intellectuels africains, (Sous dir.), Éditions CLE, Yaoundé, 2006 ; La dialectique de la foi et de la raison (Sous la direction), éditions terroirs, Yaoundé, 2007 ; L’Affaire de la philosophie africaine. Au-delà des querelles, Karthala-éditions terroirs, Paris-Yaoundé, 2011.
Fabien EBOUSSI BOULAGA, le très grand, aura donc influencé le mouvement de pensée Africain et redoré à sa manière l’univers philosophique continental. Le Philosophe du Muntu, mieux, le Chevalier de la pensé (pour reprendre les termes du Professeur C. Gabriel MBOG, aura contribué à l’essor de nombreux auteurs et penseurs Africains tant de sa génération que de celles après lui, ce qui aura conduit à la création de cette structure dont il était le parrain et président honoraire : « The Muntu Institute ».
Fabien EBOUSSI BOULAGA, qui a rendu sa copie définitive ce 13 octobre 2018 à l’âge de 84 ans, a fait ses premiers travaux philosophico-théologiques sur Hegel et Platon. L’on citera sa dissertation de Licence en Philosophie dont le titre est « La Section religion dans la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel », sa Thèse de Philosophie (obtenue à l’Université Catholique de Lyon) qui porte sur Le Mythe du dialogue chez Platon : Essai sur le mythe et dialogue comme formes du discours. Docteur en Philosophie, puis en Lettres, il partagera sa science avec des étudiants des Universités de Yaoundé I et d’Abidjan, sans oublier l’Université Catholique d’Afrique Centrale qu’il intègre en 1994. Il s’illustrera aussi sur le terrain des droits de l’Homme en s’engageant des associations éponymes.
Barthélemy ELOUNA, Etudiant-chercheur en
Coopération Internationale et Développement Durable.
Dupleix Kuenzob Pedeme : Pour un septennat de restauration de la justice sociale
Qui payera la facture de la fracture sociale qui se dessine sous fond d’instrumentalisation de la tribu au Cameroun ? Sans que le pays soit sorti de la crise sur la forme de l’Etat, le démon de la division gangrène certains individus aux pensées retors, qui ne verraient en la République qu’un regroupement de tribus ou d’ethnies sans commune vision, sans inclusion ni destin commun. De tels personnages, d’où qu’ils viennent et de quels bords qu’ils appartiennent, ne méritent pas les considérations de la patrie. Car en les responsabilisant, il est fort possible qu’ils confondent la famille restreinte à l’Etat, confisquant de tous temps les institutions et excluant ainsi les autres de la jouissance de leurs droits.
Dans un travail de recherche sous la direction scientifique du Professeur Charly Gabriel Mbock et autres membres constitués des professeurs Tatah Mentan, Tchameni Célestin, à la commande du Service Œcuménique pour la paix (SeP) et publié en 2000 sous le titre ‘‘Conflits ethniques au Cameroun quelles sources, quelles solutions ?’’[1] , les auteurs concluaient non sans raisons que malgré la réalité du fait ethnique, il n’y a pas de conflits ethniques au Cameroun, mais que la manipulation et l’instrumentalisation à des fins politiques ou économiques de l’ethnie était à l’origine des rixes entre groupes différents qui ont pourtant généralement cohabité et partagé tous ensemble sans que les uns s’interrogent sur les origines des autres.
Se basant sur cette conclusion, nous observons que le discours tribal apparaît généralement lorsque des acteurs, agissant la plupart de temps pour leur compte au mépris de la cause commune, sentent leurs intérêts et positions menacés. C’est alors qu’ils se souviennent des autres, plus nombreux, mais dans une approche qui vise à opposer d’innocentes personnes dont les voix n’ont que rarement compté. En lieu et place du tribalisme, il y a dans notre société une forme insidieuse d’oligarchie dont les tenants se cachent derrière d’anciennes théories et pratiques (diviser pour mieux régner) pour asseoir leur domination sur un peuple qui n’aspire en définitive qu’à la justice sociale.
Conscient de cette logique politicienne, nous avons, au lendemain de son installation le 27 avril 2017, interpellé la Commission Nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM) sur l’une des dimensions de son mandat qui celui de la médiation sociale en vertu de l’article 3 (1) du Décret N0 2017/013 du 23 janvier 2017 qui stipule que ‘‘la Commission est chargée d’œuvrer à la promotion du bilinguisme, du multiculturalisme au Cameroun, dans l’optique de maintenir la paix, de consolider l’unité nationale du pays et de renforcer la volonté et la pratique quotidienne du vivre ensemble de ses populations’’.
Nous apportions à cet effet, aux membres de la Commission Mafany Musongue, notre modeste contribution à la réalisation de leurs charges et l’accomplissement de leur mission. Une partie de notre contribution portait alors sur la prise en charge de la problématique du tribalisme au Cameroun. D’après notre compréhension des situations préjudiciables à la paix telles qu’elles sont vécues au sein des populations et notamment la jeunesse que nous avons l’honneur d’accompagner dans ses luttes quotidiennes pour une insertion réussie et une cohabitation pacifique avec d’autres couches sociales, nous formulions le vœu et les propositions ci-après.
- La valorisation des stéréotypes et préjugés qui étiquettent les tribus et ethnies
Différentes tribus/ethnies au Cameroun sont sujettes à des images constituées des préjugés, clichés, stéréotypes qui ont la particularité d’être des perceptions à connotation foncièrement péjorative pouvant avoir des conséquences aussi bien pour les personnes qui les expriment que pour celles qui subissent leur expression. Ces construits sociaux manifestés sous diverses formes : croyance à l’égard d’un groupe, affect négatif, attitude, ou émotion sociale, peuvent se révéler être de véritables dépôts de l’exclusion et de la fragmentation sociale. Le triste souvenir du génocide au Rwanda nous suggère d’être prudent en préparant le lit à une inclusion et une compréhension originelle de ces clichés qui peuvent être positivés en une mythologie camerounaise utilisée pour enrichir la connaissance et la compréhension plurielle des tribus et ethnies concernées. Dans cette optique, nous envisageons :
Suggestion 1 : la création d’un kaléidoscope ‘‘imagologique’’ qui serait un répertoire national compilant l’ensemble des perceptions, stéréotypes, préjugés et clichés socioculturels que les ressortissants des différents groupes ethniques ont les uns envers les autres avec essai d’explication historique ou légendaire de leur genèse. La spécificité de ce répertoire d’« imagologie » est que tout le monde pourra y puiser pour comprendre approximativement ou réellement pourquoi une ethnie/tribu x est perçue sous un angle particulier, d’où viendrait cette perception, quel est son bienfondé, et sa plus-value dans une dynamique du vivre ensemble. Nous partons du postulat que dans un contexte multiculturel, les «forces » et les « faiblesses » des uns ou des autres est la base du facteur d’équilibre.
- La régulation de la politique de l’équilibre régional
La vie publique au Cameroun est minée par un sentiment de suspicion généralisée sur le contrôle ethnico tribal de l’appareil de l’Etat. Les querelles autour des résultats des concours d’entrée dans les grandes écoles du pays, les mémorandums des ressortissants d’une partie ou l’autre du pays pour revendiquer une part de la richesse nationale sont des menaces réelles au vivre ensemble qui traduisent un sentiment de lésion, de privation ou d’exclusion dans la jouissance de la croissance du pays.
Suggestion 2 : la mise sur pied d’un organe en charge de veiller sur la stricte application de l’équilibre régional
Nous pensons que pour restaurer la confiance et le sentiment national d’appartenance, un organe capable de produire des informations stratégiques en temps réel sur la situation de l’équilibre régionale au sein des secteurs et administrations où cela doit s’appliquer de droit doit être mis en place. Nous partons ici du postulat selon lequel il n’existe pas de justice sociale sans politique rationnelle de nivellement vers le haut des divergences sociales.
- La vitalisation de l’esprit patriotique à travers les chants scolaires
Il y a plusieurs décennies de cela, la fête de la jeunesse du 11 février et la fête nationale du 20 mai étaient des moments privilégiés pour les établissements scolaires du primaire et du secondaire de faire preuve d’ingéniosité et de créativité à travers la composition de chants patriotiques rappelant les faits historiques et héroïques des compatriotes, conseillant et conscientisant la jeunesse sur ce qu’il faut faire pour porter le Cameroun debout dans le concert des nations, vantant les symboles et victoires du pays, interpellant la conscience nationale sur les défis à surmonter. Ces hymnes et chants de ralliement ont progressivement cédé la place à des chansons d’une banalité déconcertante et parfois sans teneur ni portée éducative. Ce qui à notre sens a contribué à lessiver la fibre patriotique avec l’aide des conditions de vie difficiles. Pour ainsi remédier au dépérissement du patriotisme, nous envisageons :
Suggestion 2 : la création des annales ‘‘hymnologie et musicologiques’’ diffusables sur les ondes nationales
Nous pensons que pour la mémoire et la transmission aux générations futures des acquis du patriotisme, il est important de d’entreprendre un travail ‘‘d’archéologie’’ hymnologique et musicologique dans le but de reconstituer et reproduire sur des bandes sonores les chants patriotique autrefois exécutés dans les écoles primaires, lycées et collèges de la République à l’occasion des fêtes nationales de la jeunesse et de l’unité nationale. Un tel recueil est nécessaire pour la mémoire des jeunes et la familiarisation de celle-ci avec les rêves, les luttes, les aspirations des ainés, leur vision du Cameroun car le monde étant de plus en plus ouvert les jeunes camerounais ne rêvent plus que de l’étranger. Le postulat qui fonde cette autre suggestion est que les rêves des générations passées servent de point d’ancrage aux réalisations des générations futures. Or, si nous faisons une étude nous verrons que les menaces qui pèsent sur le vivre ensemble aujourd’hui sont le fait d’une ignorance de ce qu’était la vision qu’avaient les ainés il y a 20 voire 40 ans. De telles annales se constitueraient en s’enrichissant des nouvelles créations hymnologiques et musicologiques, ce qui encouragerait la culture.
La montée des appels au tribalisme en contexte post électoral nous détermine à dire que là où la compétition se joue uniquement pour les positions, l’action tend à disparaitre ; et lorsqu’il n’y a plus d’action, la situation se dégrade. Quel que soit le Président élu à l’issue du scrutin du 7 octobre 2018, le devoir premier qui l’interpelle est celui de la restauration d’une société de justice. Celle dans laquelle les positions vont se mériter sur la base des résultats réalisés à la position occupée. Pour qu’une telle justice sociale soit perçue et ressentie par le peuple, la pratique du suivi et évaluation doit rentrer dans la culture organisationnelle et managériale, faisant des détenteurs d’enjeux de pouvoir de véritables responsables à savoir des personnes disposant d’un pouvoir d’exercer une fonction, mais aussi une obligation de rendre compte et des comptes.
Il faut le rappeler avec l’ONU que ‘‘la justice sociale est fondée sur l’égalité des droits pour tous les peuples et la possibilité pour tous les êtres humains sans discrimination de bénéficier du progrès économique et social partout dans le monde. Promouvoir la justice sociale ne consiste pas simplement à augmenter les revenus et à créer des emplois. C’est aussi une question de droits, de dignité et de liberté d’expression pour les travailleurs et les travailleuses, ainsi que d’autonomie économique, sociale et politique’’. Se faisant le prochain septennat devra être celui durant lequel chacun (e) répond de son travail aux parties prenantes de ce travail afin de garantir la sécurité humaine au sens holistique du terme. Seule la justice sociale peut aider à mettre fin à l’instrumentalisation et la manipulation des tribus et ethnies.
Dupleix F. KUENZOB PEDEME
Secrétaire Exécutif
Dynamique Mondiale des Jeunes (DMJ)
Yaoundé, Cameroun : Editions Service œcuménique pour la paix :
Editions Saagraph, c2000
20 octobre 2018 : La femme rurale dans tous ses états à Meyomessi
Cette année, le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff) célèbre la journée à elle dédiée dans cette localité du Sud-Cameroun.
Face à la presse ce 15 octobre 2018 à Yaoundé, le Pr Marie-Thérèse Abena Ondoa s’offre l’occasion d’encenser la femme rurale. « Elle joue un rôle essentiel et incontournable dans les économies rurales des pays en voie de développement, comme celle du Cameroun. Elle participe à la production agricole, fournit la nourriture, l’eau et le combustible pour leur foyer. Elle mène de front d’autres travaux pour améliorer le niveau de vie de leur famille. Elle est en première ligne pour assurer des fonctions vitales comme l’éducation des enfants, la prise en charge des malades et des personnes âgées », énumère la Minproff, en prélude à la célébration de la 23è édition de la Journée internationale dédiée à cette catégorie sociale.
Cette année, il faut davantage l’encourager. Et pour le faire, Meyomessi, dans les confins du Sud-Cameroun, accueille l’événement le 20 octobre 2018. Selon le Pr Marie-Thérèse Abena Ondoa, le gouvernement camerounais, via le ministère dont elle a la charge, prévoit des séances d’informations en vue d’outiller « les ouvrières de la terre ». A en croire la Minproff, le menu met un point d’honneur sur une thématique variée. Celle-ci englobe entre autres : l’accès au crédit, l’entreprenariat féminin, l’accès au foncier et à la santé, la femme rurale et les TIC, la femme rurale et la culture de la paix, l’initiation à la transformation des produits vivriers, la participation à des débats radiophoniques ou télévisés, l’action gouvernementale en faveur de la femme rurale etc.
Ce menu ambitionne également de dresser l’état des lieux des problématiques courantes en zones rurales. Notamment celles liées au faible niveau d’éducation des filles, les discriminations et les violences faites aux femmes, le taux élevé de mortalité maternelle, le faible pouvoir économique des femmes, leur faible participation à la vie publique et aux « decision-making ».
A propos de la Journée internationale de la femme rurale
Connue au départ (2008) sous le nom de Journée internationale des paysannes, elle est depuis 2012 répertoriée comme étant la journée internationale de la femme rurale.
C’est l’ONU qui en est à l’origine. Pour la 23è édition, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies dit mettre la femme rurale à contribution dans la perspective d’atteinte des ODD : «Nous devons mettre à profit cette force pour atteindre nos trois objectifs interdépendants pour 2015, qui consistent à accélérer la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, à adopter une nouvelle perspective de développement durable et à conclure un accord universel et efficace sur le climat », déclare le patron de l’Onu.
Jean-René Meva’a Amougou
En attendant la proclamation officielle des résultats de la présidentielle : Le Cameroun retient son souffle
Le pays est en attente de la publication des résultats de la présidentielle du 7 octobre. En cas de défaite, Paul Biya est-il disposé à quitter le pouvoir? «Nous assistons à une compétition très disputée avec une saine émulation, mais le président sera réélu largement», clamait déjà Grégoire Owona au soir de ce scrutin.
André Balla, stagiaire
Francophonie : L’Afrique centrale tient le secrétariat général
Le milliardaire camerounais vient de remporter une bataille importante face à ses partenaires vietnamiens, dans la guerre juridico-administrative sur le contrôle de Viettel Cameroun.
Aboudi Ottou
Fabien Eboussi Boulaga : Vie et mort d’un baobab de la philosophie africaine
Le témoignage d’un disciple de l’éminent homme de science parvenu à notre rédaction.
Patrick Loumou
Au Cameroun ou ailleurs… Ne touche pas aux emblèmes de la Croix-Rouge
L’usage abusif des signes distinctifs de l’organisme humanitaire appelle à leur respect.
Un professionnel de santé qui se sert d’une croix rouge au sein de sa clinique; une pharmacie qui arbore un croissant rouge sur son enseigne ; une entreprise qui affiche le même emblème sur un produit ou une publicité dans le but de tirer parti de l’estime et de la réputation dont jouissent la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Autant de clichés polémiques, qui rappellent pourtant que ce symbole international né, comme d’autres, des soubresauts de l’histoire, bénéficie d’une double protection (internationale et nationale).
Depuis la signature de la première Convention de Genève de 1864, la croix rouge sur fond blanc tient lieu de signe de protection aux hôpitaux, aux ambulances et au personnel sanitaire des armées. L’emblème de la Croix-Rouge a été formé par interversion des couleurs du drapeau suisse, la croix se voulant exempte de toute connotation religieuse. Plus de 150 ans plus tard, la croix rouge figure parmi les emblèmes les plus connus et fiables. Aux côtés du croissant rouge (introduit en 1876) et du cristal rouge (2005), elle est un symbole d’aide et de protection.
La Croix-Rouge camerounaise (CRC) a pris la mesure de la situation. Elle a organisé en son siège à Yaoundé, un atelier de sensibilisation sur la protection de l’emblème et du nom de la Croix-Rouge. Les participants conviés se recrutent dans divers milieux : justice, armée, médias, santé publique et traditionnelle. De l’aveu de tous ou presque, les emblèmes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont connus. On les voit chaque jour partout dans le monde, où ils sont principalement associés aux services communautaires offerts par les Sociétés nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge (Sociétés nationales) dans plusieurs pays.
Or, si pour beaucoup, ces symboles évoquent les premiers secours ou la communauté médicale, le grand public en ignore souvent la véritable raison d’être. Raison pour laquelle Christine Kotna expose sur le Droit international humanitaire (DIH). La conseillère juridique à la délégation régionale pour l’Afrique centrale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de Yaoundé montre que « les emblèmes de la Croix-Rouge sont reconnus par cette discipline ». Leur usage, dit-elle, est régi par les Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels ainsi que par le droit national.
Seulement partout au Cameroun, comme dans d’autres pays, des dérives escortent ces emblèmes. Ils sont abusivement utilisés, en temps de paix comme en période de conflit armé, par des personnes ou des entités qui ne sont pas habilitées à le faire, ou d’une manière qui pourrait porter atteinte au respect dû à ces signes, ou encore prêter à confusion. Ici comme ailleurs, les trois types d’abus les plus répandus sont l’usurpation, la perfidie et l’imitation. « Des pratiques répréhensibles du point de vue de la loi », prévient Mme Essomé, une autre conseillère juridique du CICR.
Au Cameroun, la loi N° 97-2 du 10 janvier 1997 est formelle : « Les infractions relevées sur l’usage de l’emblème et du nom Croix-Rouge sont punies des peines prévues par l’article 330 du Code pénal. Selon le même texte, “l’emblème protecteur de la Croix-Rouge est sa propriété exclusive”.
Jean-René Meva’a Amougou
Brazzaville (Congo) a réuni des jeunes leaders de la sous-région ressortissants des pays de la Cemac le 15 septembre 2018. Cette rencontre avait pour thème : « Une jeunesse responsable et dynamique pour une intégration sous-régionale réussie».
Initiée par l’Ajec (Association des jeunes de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), l’objectif de la plateforme des jeunes de la Cemac est de faciliter la mobilité des porteurs de projet au sein de l’espace communautaire. C’est d’ailleurs l’un des principaux sujets animés par un panel d’intervenants.
« Nous devons désormais entrevoir la réalisation de nos rêves à l’échelle des communautés régionales auxquelles nous appartenons. Nous pouvons aller entreprendre dans d’autres pays de la zone Cemac, pourquoi ne pas aller s’implanter en Centrafrique, au Gabon, au Tchad », suggère Réince Trésor Gandou. Intervenant sur la notion de frontières communicantes à travers les instruments communautaires, les formalités administratives et les ponts culturels, l’expert/ chercheur en intégration régionale convié estime que « la jeunesse doit capitaliser les acquis réglementaires pour se déployer et construire son propre idéal communautaire. Ceci en créant de la valeur ajoutée. C’est en influençant l’environnement actuel que la jeunesse va contribuer à l’exacerbation de la conscience communautaire. C’est d’ailleurs le seul gage pour elle d’être associée au processus actuel d’intégration ».
ZRM
À travers cette application et à partir des téléphones portables, la filiale camerounaise du géant sud-africain des télécommunications offre à ses clients la possibilité de regarder des programmes de télévision ainsi que des films et séries.
Lire, visionner, écouter sur son ordinateur, sa tablette ou son portable un contenu, sans pour autant le posséder physiquement ou numériquement, c’est désormais possible au Cameroun, grâce à MTN Cameroon. L’entreprise vient de lancer “Yabadoo”, un service auquel peuvent accéder tous ses clients. Il suffit d’être connecté au réseau internet mobile MTN. L’accès au contenu de Yabadoo passe par une application du même nom, disponible en téléchargement gratuit sous les systèmes mobiles Android et iOS. “Une révolution”, vante-t-on. Raison : Le service offre du contenu de qualité à des tarifs accessibles. À partir de : 100 FCFA pour les bouquets de télévision, 350 FCFA pour un long-métrage et 500 FCFA pour une série. Mieux encore, le streaming du contenu via l’application ne consomme pas le forfait Internet de l’utilisateur. Bien plus, la qualité du design et de l’ergonomie de cette application assure une agréable expérience aux utilisateurs. Au-delà, “Yabadoo” permet aux producteurs et aux médias d’élargir leurs audiences et d’améliorer leurs revenus.
Bouquets
Se félicitant de détenir le réseau 4G le plus rapide du pays et d’être le catalyseur du développement d’une réelle économie numérique dans le pays, MTN Cameroon dit apporter à ses abonnés du contenu local et international de qualité sûre. Dans le bouquet qu’il offre, il y a des chaînes de télévision locales (Crtv, Canal2 International, STV, Vision4, LTM…) On parle aussi des bouquets news, divertissement, jeunesse avec des chaînes telles que : AfricaNews, France24, TV5, Vox Africa, Manga TV, Fashion TV, Sports TV, Nina TV, Canal2 Movies, etc.
Pour ce qu’il est des séries et longs-métrages, les gros succès de l’univers cinématique de Marvel sont au rendez-vous. James Bond, John Wick, Transformers, Moi Moche et Méchant, l’Âge de glace, Very Bad Trip, Saw, Game of Thrones, Breaking Bad, Dexter, The Walking Dead, Flash, Prison Break, Arrow, entre autres y sont disponibles.
Bobo Ousmanou
En visite en République centrafricaine (RCA) le 18 septembre 2018, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a conforté « l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en RCA, en tant que cadre le plus viable pour instaurer un dialogue constructif en faveur de la réconciliation nationale, de la paix et de la stabilité ».
Moussa Faki et le président Ange Faustin Touadera de RCA ont convenu qu’« en réaction au rapport du Panel de facilitation de l’Initiative, la transmission rapide des propositions du gouvernement centrafricain faciliterait davantage la réalisation durable de la paix, de la sécurité et de la réconciliation dans le pays », selon le communiqué de l’UA.
Échanges
Après des discussions nourries avec le G5+ (France, États-Unis, UE, Banque mondiale, Minusca, UA, CEEAC), Moussa Faki a échangé pendant 7 heures d’horloge avec le groupe des ambassadeurs africains accrédités à Bangui. Pour Moussa Niebé, représentant spécial du président de la Commission de l’UA et chef de la mission de l’UA pour la Centrafrique et l’Afrique centrale (Misac), « l’Union africaine devait interpeller tous les acteurs sur leur responsabilité directe ou indirecte au retour à la quiétude sociale. Nous pensons d’ailleurs que tous les acteurs présents à ces différentes causeries franches ont un gain immense au retour rapide à la stabilité. Et croyez-moi, il y aura une accélération ».
ZRM
Union des conseils des chargeurs africains : Un Gabonais au secrétariat général
Giscard Lilian Ogoula est le tout premier ressortissant de l’Afrique centrale à occuper ce poste stratégique. Parcours et profil du remplaçant du Nigérien Adamou Saley Abdourahamane.
Depuis le 19 septembre 2018, il officie comme secrétaire général de l’Union des conseils des chargeurs africains (UCCA). Son bureau est à Douala, le siège de cet organisme de commerce international. Il jouit du rang et des prérogatives de chef de mission diplomatique accrédité au Cameroun.
Élu à Ouagadougou (Burkina Faso) le 8 février 2018, lors de la 11e Assemblée générale de l’UCCA, le nouveau promu a un mandat de quatre ans. Il est présenté comme un homme d’expérience. Cadre du conseil gabonais des chargeurs, il a été tour à tour secrétaire permanent du Conseil consécutif, chef de service des relations avec les administrations, chef de service Formation-étude, directeur adjoint à l’Assistance des chargeurs négociation et facilitation. La fonction qui précède celle du secrétaire général de l’Union est celle d’attaché d’études auprès du directeur du trafic et de l’assistance aux chargeurs.
Du haut de ce parcours, il devra faire face aux défis qui se posent à sa fonction. Le président de l’UCCA lui a d’ailleurs fait tenir la feuille de route. Ervé Sébastien Ilboudo a invité Giscard Lilian Ogoula à travailler pour « une gestion plus rigoureuse des ressources, à la finalisation de certaines études et au renforcement de la coopération entre l’Afrique centrale et L’Afrique de l’Ouest, une modernisation des procédures et des infrastructures de la chaîne logistique du commerce international ».
L’UCCA est un organe spécialisé de l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (OMAC); elle compte 18 pays membres.
Alain Biyong
Depuis le 17 septembre, la Banque mondiale à travers la Société financière internationale (SFI) organise des ateliers en vue d’œuvrer à l’optimisation du marché régional des capitaux.
La caravane a déjà parcouru le Cameroun et le Gabon. Dynamiser le marché des capitaux, c’est avoir de bons instruments réglementaires, c’est diversifier les produits du marché financier, c’est contrôler la comptabilité des entreprises de crédits. C’est aussi, pour l’expert financier Ebe Evina, faire adapter les normes prudentielles de bale III à la structure commerciale et financière des pays de la région. L’expert-conseil propose également que la formule Epargne-Investissement-Croissance soit consacrée comme dorsale du renflouement du marché des capitaux. Pour la Beac et la Cosumaf, il faut interpeller tous les acteurs : les États, les opérateurs économiques et les institutions communautaires. Rien ne sera différent si on n’a pas réussi à réaliser le triptyque: confiance, sécurité et transparence.
Stratégie
Les experts des finances estiment que la fusion de la bourse n’est pas une panacée pour stimuler le marché financier, encore moins celui des capitaux. Ceci est occasionné par l’inexistence d’une culture financière. La Beac suggère la création d’un effet d’entrainement. Celui-ci reposerait sur l’introduction en bourse des grosses entreprises. Celles qui jouissent d’une notoriété unanimement reconnue. Ce sont des banques, des assurances et des établissements de micro finance (EMF) d’une certaine catégorie. À partir de ce moment-là, les PME trouveront indéniables de se trouver où se joue les grandes levées de fonds.
Le cabinet Nyemb suggère trois chantiers primordiaux : promouvoir une meilleure concertation entre les intervenants institutionnels afin de rendre cohérents la régulation et l’encadrement, accorder une place pour les acteurs du marché dans le dispositif institutionnel et garantir les innovations.
ZRM
Les travaux des ateliers régionaux sur les douanes et le tarif extérieur se sont ouverts le 24 septembre 2018 à Douala (Cameroun).
Placée à la fois sous l’égide de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), la rencontre a permis aux experts de réfléchir sur la matérialisation d’une union douanière à 11 (le nombre d’États que compte l’Afrique centrale).
« C’est pour aller vers une nouvelle communauté qu’Alamine Ousmane Mey, ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire et président du Comité de pilotage (de la rationalisation des deux Cer), a convoqué les experts des États membres pour réfléchir, examiner et apporter une nouvelle solution à la mise en place d’une union douanière à 11 États », explique Patrice Libong Badjan, coordonnateur du secrétariat technique du Comité de pilotage (Copil) et représentant du président du Copil. Cette union douanière, poursuit-il, « devra remplacer le code des douanes de la Cemac par un code des douanes d’Afrique centrale, avec l’appui de la Bad [Banque africaine de développement] ».
Ce qui cadre avec les objectifs spécifiques, notamment l’examen des rapports provisoires des études sur le code des douanes et le tarif extérieur commun CEEAC/ Cemac, le recueil des observations des administrations douanières des États membres au Copil, et la formulation des propositions d’amélioration desdits rapports.
En octobre 2007, dans le cadre du projet d’intégration africaine, la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Ceeac réunie au Congo-Brazzaville a adopté une déclaration invitant la Ceeac et la Cemac. D’où l’élaboration d’une feuille de route définissant les actions d’harmonisation des politiques, des programmes et instruments d’intégration des deux communautés, pour aboutir à une seule Communauté économique régionale en Afrique centrale à 11 États.
Alain Biyong
Crise anglophone : Un groupe de travail pour la promotion de la paix
80 organisations de la société civile du Cameroun et d’Afrique centrale ont donné naissance au Networking For peace (N4P) lors de la célébration de la 70ème édition de la journée internationale de la paix.
Vendredi 21 septembre 2018. Chambre de commerce de Yaoundé. La société civile enclenche sa mobilisation au service de la paix durable en Afrique centrale et au Cameroun. Au travers de la première plateforme exclusivement citoyenne, 80 organisations et associations s’engagent à agir. En présence des responsables du ministère de l’Administration territoriale (Minat) et du système des Nations unies, les N4P disent sortir de la condamnation et du silence pour agir aux côtés de ces deux institutions.
Initiée par le Réseau des femmes actives de l’Afrique centrale (Refac), la dynamique donnera lieu à un plaidoyer auprès des différents acteurs nationaux, régionaux et internationaux afin de structurer une impulsion transpartisane et participative au Cameroun et en Afrique centrale. Pour le Minat, représentée par Jean Tamba Bikoro, 3ème adjoint préfectoral du Mfoundi, « la mobilisation de la société civile viendra compléter l’action du gouvernement en vue d’installer une paix durable au Cameroun et dans la sous-région».
Pro-activité
Des témoignages des victimes des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ou de l’Extrême-nord ont permis d’édifier l’assistance sur l’environnement réel qui prévaut dans ces parties du Cameroun. C’est dans ce sens que la prochaine activité dénommée « rally pour la paix » se mettra en branle pendant 15 jours (26 novembre – 10 décembre 2018) sur toute l’étendue du territoire. Pour Danielle Nlate, la présidente du Refac, « le consensus de la société civile est qu’il faut construire la paix dans l’esprit des hommes. Nos activités iront dans ce sens pour apaiser, dialoguer et traduire notre solidarité matérielle ou émotionnelle. Nous allons également tenir des ateliers pour former la société civile et les citoyens sur les instruments internationaux, la dénonciation, les armes légères… »
Les N4P s’engagent à œuvrer dans un premier temps pour la prévention des conflits. La plateforme va ainsi informer et former des Camerounais sur l’éducation à la paix, l’usage des réseaux sociaux, les activités génératrices de revenus en vue de l’autonomisation. Elle envisage mettre sur pied un mécanisme d’alerte à l’effet de collaborer avec les institutions régaliennes.
Zacharie Roger Mbarga
C’est la présidente fondatrice de l’Association de lutte contre le cyber-harcèlement, «C’était juste une blague ». À Yaoundé, le 23 septembre 2018, la promotrice d’une agence de communication a officiellement lancé les activités de l’association spécialisée dans la lutte contre le cyber-harcèlement. Parmi les objectifs fixés, il y a la sensibilisation du public sur le cyber harcèlement et ses nombreux ravages sur les victimes ou leurs familles. Explication sur les motivations de l’association de lutte contre le cyber harcèlement : «Le 9 mai 2018, des individus que je ne connaissais que de manière virtuelle m’ont diffamée, m’ont traitée de tous les noms d’oiseaux, ont inventé des histoires à mon sujet, ont attaqué les produits que je promouvais et finalement ont réussi à m’anéantir moralement».
Afrique centrale : 70 millions de personnes menacées par une chenille
Détectée en 2016, la chenille légionnaire d’automne fait des ravages sur le maïs, le mil, le riz et le sorgho.
La chenille légionnaire d’automne ravage environ 300 millions de tonnes d’aliments au Cameroun, au Tchad, en République démocratique du Congo, en Centrafrique, au Congo et au Gabon. Son impact sur certains aliments de base constituant des grandes habitudes alimentaires des peuples d’Afrique centrale (maïs, sorgho, le riz et mil) fait évaluer la menace sur plus de 70 millions de personnes. Au-delà de la rareté des cultures imposée aux humains et aux bêtes, l’effet ravageur de cette chenille provoque également la maladie du bétail. Pour Solomane Kone, représentant pays de la Banque africaine de développement (Bad) au Cameroun, « la chenille légionnaire d’automne est un fléau majeur qui entrave les efforts de développement des pays africains et exposent les populations au risque d’insécurité alimentaire ».
Manque à gagner
Selon Solomane Kone, «la chenille légionnaire d’automne est ravageur transfrontalier dangereux avec un fort potentiel de propagation en raison de sa capacité de migration naturelle ». Le papillon de nuit peut voler jusqu’à 100 km par nuit et la légionnaire femelle peut pondre jusqu’à 1000 œufs au cours de sa vie.
La Bad évalue les pertes régionales en échanges commerciaux à près de 40 %. Pour les cultures, le manque à gagner oscille entre 21 % et 53 % du rendement. Le Cameroun et la République démocratique du Congo sont les pays les plus exposés du fait d’une culture céréalière grandement diversifiée ; mais aussi de la prédominance de certains légumes que la chenille apprécie bien.
Le Cameroun est toutefois le pays le plus avancé dans la lutte contre le fléau. Il dispose d’un programme de coopération avec l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) depuis 2017. En vue d’aider les petits exploitants agricoles, les organisations, les institutions publiques, les gouvernements nationaux et les partenaires au développement à réagir rapidement, la FAO a proposé un programme d’action quinquennal. Dans le monde, la FAO joue un rôle important dans la coordination des activités, des plans et des approches des partenaires en vue d’apporter des solutions durables aux défis posés par la légionnaire d’automne.
Riposte
Face à cette menace, la Bad s’engage dans le cadre d’une coalition pour apporter une réponse appropriée à travers l’organisation des ateliers régionaux. Ceux-ci, s’inspirant de celui de Lusaka en 2017, intègrent les actions du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) géré par le l’Union africaine (Nepad) et la Bad. Pour éradiquer les maladies agricoles, la Bad a mis sur pied et finance le projet Technologies de transformation de l’agriculture africaine (TAAT). Le projet n’est rendu qu’à un stade expérimental, dont les technologies font encore l’objet de sélection en fonction des avancées technologiques des instituts nationaux de recherche agricole et des demandes explicites de gouvernements africains.
Pour la FAO, les actions directes à prendre pour gérer la légionnaire d’automne dépendent en grande partie de ce que les agriculteurs font dans leurs champs. En Amérique, lieu d’origine de la chenille, la FAO aide les agriculteurs à mieux faire leur travail. Il faut tout d’abord que les agriculteurs comprennent ce qu’est la légionnaire d’automne, comment l’identifier et comprendre sa biologie et son écologie. Les agriculteurs doivent être en mesure de déterminer le niveau de risque dans leurs systèmes de production et prendre des mesures appropriées, préventives et d’intervention, sur la base de leurs évaluations.
Zacharie Roger Mbarga
Henri Eyebe Ayissi
« En 2017, cet insecte a attaqué environ 75 % de la production céréalière »
Le ministre camerounais de l’Agriculture et du Développement durable fait le point de la situation dans son pays.
Quelle est la situation des ravages de la chenille du légionnaire d’automne au Cameroun ?
Le Cameroun est l’un des pays ayant un fort taux d’exposition aux dégâts de la chenille légionnaire d’automne. Sa présence est avérée dans 7 voire 8 régions sur les 10 que compte le Cameroun. Les régions du septentrion (Adamaoua, Extrême Nord et Nord) sont les plus vulnérables aux actions de la chenille. Ceci s’explique naturellement par la grande spécialisation en cultures céréalières et par la pratique de l’élevage. En effet, en 2017, cet insecte a attaqué environ 75 % de la production céréalière du pays et plus de 50 000 hectares de plantations, majoritairement dans les trois régions du Nord. Les ravages du légionnaire d’automne se font aussi sur certains légumes. Je puis vous dire que c’est un véritable danger.
Quelles mesures ont été prises jusqu’ici ?
Depuis mai 2018, le gouvernement camerounais, par l’entremise du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a lancé un projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire d’automne. Ceci avec l’appui de la FAO. Un montant de 182 400 euros (120 millions de francs CFA) disponible depuis le mois de mai a été octroyé à l’État du Cameroun pour lutter contre cet insecte nocif. L’enveloppe sera mise à profit à travers l’usage de deux biopesticides homologués. Nous poursuivons la vulgarisation auprès des agriculteurs en vue de la mise en place du projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire. Avec l’afflux des réfugiés centrafricains et nigérians, nous devons être plus précautionneux. Car la demande nutritive pourrait davantage épaissir la tension alimentaire.
De manière plus large monsieur le ministre, quelle est la situation en Afrique centrale ?
Grâce à la FAO, la chenille du légionnaire a été détectée en 2016 en Afrique. Depuis lors, plusieurs autres pays de la région ont confirmé la présence de l’insecte et identifié ses ravages. C’est le cas de la République démocratique du Congo (RDC) qui est grandement atteinte, du Tchad, de la Centrafrique, du Gabon pour ne citer que ceux-là. Vous savez, ce parasite a une forte capacité de propagation et reproduction transfrontalière. En fonction des conditions climatiques, de la similarité des saisons culturales, la chenille migre pour des besoins de survie de l’espèce. Nous remercions la Bad de nous apporter son concours pour mettre hors d’état de nuire cette nouvelle hypothèque sur la sécurité et l’autosuffisance alimentaire.
Propos recueillis par ZRM
‘’Il faut désormais passer à une phase opérationnelle’’
La Banque africaine de développement veut générer près de 513 millions de tonnes de production alimentaire en plus et sortir près de 250 millions d’Africains de la pauvreté d’ici à 2025
Pour faire face à la chenille du légionnaire d’automne, la Banque africaine de développement a mis sur pied et finance le projet Technologies de transformation de l’agriculture africaine (TAAT). Le ministre béninois de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche préside son comité de pilotage. Il fait le point de sa mise en œuvre.
Monsieur le président du comité de pilotage du programme TAAT. Quelles sont les grandes résolutions de la troisième session que vous avez tenue à Yaoundé en mi-septembre?
Nous avions pour objectif d’évaluer les premiers pas de notre programme. Ce qui a été fait. Les membres du comité de pilotage sont unanimes qu’il faut désormais passer à une phase opérationnelle plus productive. Car notre mission est de mettre à la disposition des agriculteurs des technologies qui vont exterminer les maladies qui attaquent leur plantation. Le but étant d’accroitre la productivité agricole. La Banque africaine de développement, dont nous sommes un programme phare de l’objectif 3 « nourrir l’Afrique », veut générer près de 513 millions de tonnes de production alimentaire en plus et sortir près de 250 millions d’Africains de la pauvreté d’ici à 2025. Il faut s’y mettre résolument. Pour cette deuxième année de fonctionnement qui va s’ouvrir en 2019, nous avons enrichi notre dispositif en cadre de suivi évaluation des activités, nous avons réfléchi sur la meilleure manière de nous coordonner avec les pays afin d’agir de manière plus efficace et atteindre les plantations agricoles. Nous avons surtout préparé des stratégies d’information et de communication nous permettant d’être facile d’accès pour nos cibles, les Etats, les chercheurs, les agriculteurs.
Pour ce qui est des technologies, combien peuvent déjà être mises à disponibilité des exploitations agricoles ? Et par quel canal ?
Nous travaillons principalement avec les instituts régionaux et nationaux de recherche agricole, des chercheurs et parfois agriculteurs et la société civile. Cette formule nous permet d’avoir les meilleures technologies agricoles possible. À l’heure actuelle, nous sommes en train de déterminer avec les chercheurs, quelles meilleures technologies agricoles ont fait leurs preuves pour assurer les produits ou spéculations qui sont pour le moment arrêtés. C’est ce que nous appelons les compacts, les groupes de produits. Pour le moment, nous en avons 15 : le riz, le manioc, le mil, le sorgho, l’arachide, le niébé, le maïs, le soja, l’igname, le cacao, le café, l’huile de palme, les haricots, le blé et le poisson. Nous allons très rapidement atteindre intégralement les 8 domaines d’intervention prioritaire. Les clearings house, comité de sélection, sont à pied d’œuvre.
La demande sur le terrain est pesante lorsque nous voyons les problèmes auxquels font face les agriculteurs. Mais, nous n’avons pas mandat d’aller directement au contact des exploitants. Voilà pourquoi nous allons vers une meilleure coordination avec les pays pour avoir des relais, des informations voire des programmes nationaux et/ou régionaux sur lesquels nous appuyer. Certaines régions sont déjà avancées en termes de dispositif (Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Nord). Nous devons nous assurer que les méthodes employées par les uns puissent être facilement implémentées dans les autres régions. Nous devons nous rassurer des préalables climatiques, humains, nutritionnels, culturels, agroécologiques, matériels et financiers… et bien d’autres. Il est plus efficace et même efficient de travailler avec les infrastructures existantes que de créer d’autres. Nous allons toucher le maximum de producteurs.
C’est un euphémisme de dire qu’au vu de la taille du comité de pilotage, très peu de pays africains ont adhéré au processus. Combien y en a-t-il ?
Pour le moment, à peine une quinzaine. Mais comme je l’ai dit, la demande est pesante. Chez moi au Bénin, le manioc, le maïs, le riz ou l’igname sont attaqués par des maladies. Il en est de même au Cameroun où la chenille du légionnaire fait des ravages comme partout en Afrique centrale et de l’Ouest. Au-delà de la perte des rendements agricoles, il y a le risque sanitaire qui serait dû à l’usage disproportionné des pesticides naturels ou chimiques. Pour le moment, et pour les raisons que j’ai évoquées précédemment, nous avons une quinzaine de pays. Mais le plus important c’est de retenir qu’il y a un travail d’harmonisation à effectuer pour être cohérent et efficace. Les pays font déjà des efforts d’adhésion. Au fur et à mesure qu’ils adhèrent, nous prenons du volume, la Bad met de fonds nouveaux à disposition. Nous avons aussi intérêt à consommer cet argent pour nourrir l’Afrique.
Le Cameroun qui vous accueille est le « grenier » de l’Afrique centrale. Il dispose de nombreux programmes agricoles de recherche, d’accompagnement des producteurs, de développement des chaines de valeurs, des agropoles, de viabilisation des marchés agricoles… Quel gain?
Avec l’Irad, le Cameroun est très bien représenté au conseil d’administration du programme. Votre pays fait partie de la short list de ceux qui ont une avance dans l’institutionnalisation du développement agricole et rural. Les producteurs ont une infrastructure pour être accompagnés. L’expérience du Cameroun nous a permis de revoir notre stratégie d’intervention. Au lieu de nous doter d’un personnel additionnel qui va peser sur les fonds alloués par la Bad, nous pouvons identifier des programmes nationaux sur lesquels nous appuyer pour mieux atteindre les producteurs. En outre, les technologies développées par le Cameroun sont très intéressantes pour les autres pays, qui pourront bien s’en inspirer. Le Cameroun a un tissu agricole très diversifié. Il a besoin des technologies prouvées des autres pays pour améliorer sa productivité et mieux se positionner comme une puissance agro-industrielle dans sa région d’appartenance.
Quel partenariat le programme entretient-il avec les communautés économiques régionales notamment celles d’Afrique qui ont des mécanismes existants ? La Cemac a le Comité inter- États des pesticides (CPAC), la Commission économique du bétail, de la viande et des ressources halieutiques (Cebevirha)…
À l’heure actuelle, nous pouvons entrevoir cette perspective pour notre ancrage. Nous devons songer à intégrer les stratégies et les programmes régionaux agricoles. Mais cette formule est difficile, car les Cer [Communauté économique régionale] ne disposent pas toutes des instituts de recherche agricole. Lorsqu’il en existe, tous les pays ne sont pas situés au même niveau quand ils n’adhèrent même pas.
Le Comité inter-État des pesticides et la Cebevirha de la Cemac ne sont par exemple pas associés à la dynamique du PDDAA [Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine] de l’union africaine, la Bad et que la CEEAC opérationnalise. Vous voyez qu’il y a un gros travail de rationalisation à l’intérieur des régions, mais aussi de préparation institutionnelle pour se doter d’institut opérationnel de recherche agricole. Le TAAT et ses partenaires pourront plus aisément s’insérer dans un dispositif plus cohérent et être plus efficaces aussi. Le CPAC et la Cebevirha font un travail très apprécié qui va permettre aux États de la Cemac de disposer d’une infrastructure agricole (pesticides homologués, appui/ conseil et financement agricole).
Au moment où se referme cette 3ème session du comité de pilotage, à quand les premières technologies agricoles africaines pour la sécurité et l’autosuffisance alimentaire des Africains ?
Aucun horizon ne peut être donné. La Bad doit encore valider nos suggestions pour que nous puissions mieux structurer l’action du programme. Par la suite, nous allons clarifier le partenariat avec les États ou les programmes nationaux. Si on est ambitieux, on peut dire qu’en janvier 2020, nous serons les pays. Mais les membres du comité du pilotage et moi avec, on est engagé à sortir des réunions pour être visible sur la fève de cacao ou la bouture de manioc. C’est là qu’on nous attend.
Interview réalisée par
Zacharie Roger Mbarga
Réforme de l’UA
Le gouvernement continental prépare sa mue
En prélude au sommet extraordinaire de Kigali en novembre prochain, les ministres africains des Affaires étrangères viennent d’étudier le rapport sur l’optimisation de l’action de la Commission de l’UA.
La réforme de la Commission de l’UA était l’objet de la sixième retraite des ministres africains des Affaires étrangères. Les options envisagées sont pour la plupart connues. Elles concernent le mode de sélection des membres de la Commission, la répartition des portefeuilles, la restructuration du système bureaucratique ainsi que le modèle opérationnel, qui va désormais s’appuyer sur un « organigramme dynamique et adapté ». S’adressant aux membres du conseil exécutif, le Président de la Commission de l’UA estime qu’« une des questions les plus fondamentales qui nous interpelle porte sur la restructuration de la Commission.
L’importance du rôle de la Commission n’a point besoin d’être soulignée. De la qualité de ses membres et de l’efficacité de son fonctionnement dépend notre capacité à mettre en œuvre l’Agenda 2063 ».
L’actualité de la réforme de l’Union africaine n’est pas reluisante. À ce jour, 24 États membres appliquent ou envisagent d’appliquer la taxe de 0,2 % sur les importations éligibles. Et 54 millions de dollars ont déjà été mobilisés pour le Fonds de la paix. Toutefois, malgré ces avancées, les contributions au budget régulier et au Fonds de la paix demeurent laborieuses. À la date du 7 septembre 2018, seulement 18 États membres s’étaient acquittés de la totalité de leurs contributions au budget ordinaire et 13 pays ont payé l’entièreté de leurs contributions au Fond de la Paix. Ce qui obère l’efficacité des programmes de l’UA.
Dossiers
Pour la Commission de l’UA, « il est crucial de s’assurer que la Commission, au niveau de ses premiers responsables, attire ce que l’Afrique compte de plus talentueux. Cela pose le problème du mode de sélection de ses membres élus. Il y a clairement des améliorations substantielles à apporter ici. Le système actuel ne permet tout simplement pas de répondre aux défis de l’heure ». L’objectif poursuivi est de doter le continent des ressources humaines adaptées aux enjeux de l’heure, tant sur le continent qu’au-delà.
Le second axe est la cohérence et l’action collégiale. « Si la Commission est appelée à fonctionner comme un collège, il est irréfutable que celui qui en assume la direction se voit conférer toute l’autorité requise à cet effet. Un bateau sans capitaine ne peut arriver à bon port », défend Moussa Faki. À l’effet de renforcer les prérogatives du Président de la Commission, la réforme prévoit notamment de permettre au Président de la Commission de jouer un rôle dans la sélection des membres de son équipe. Pour opérer, en tant que de besoin, des rotations entre eux sont proposées, pour tout à la fois lui donner cet indispensable supplément d’autorité et lui permettre d’assurer une meilleure cohésion.
« Autrement, comment pourrait-il être tenu comptable de leur performance et assumer pleinement les déficiences qui pourraient éventuellement être détectées ? » interroge celui qui passe son 18ème mois comme Président de la Commission. Qui plus est, il est suggéré dans le rapport que la Commission soit dotée de l’autorité de revoir de manière régulière son organigramme, de l’orienter en fonction des décisions de la Conférence. « Cette flexibilité est indispensable pour que l’Union devienne un outil moderne et agile pour le bénéfice de nos États et de nos citoyens », insiste Moussa Faki.
Le dernier axe de la réforme de la Commission est l’accountability ou reddition des comptes. Il s’agira de renforcer l’obligation redditionnelle de la Commission vis-à-vis des États membres. Tous les membres et personnels de la Commission doivent être jugés à l’aune de leur performance, et des mécanismes transparents et rigoureux mis en place à cet effet.
Immigration clandestine
Trump suggère la construction d’un mur le long du Sahara
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borell, confie que le président américain lui a soumis cette idée lors d’une rencontre aux États-Unis le 19 juin dernier.
Il n’est pas avare en conseils. Donald Trump suggère au gouvernement espagnol de construire un « mur anti-migrants » le long du Sahara pour contenir le flux de migrants africains. Selon le ministre des Affaires étrangères Josep Borell, l’idée a été accueillie avec scepticisme par les diplomates espagnols, qui ont rappelé que le Sahara mesure environ 4 800 km d’Est en Ouest.
Des objections balayées par le chef de la Maison-Blanche. Pour Donald Trump, les limites du désert ne sont « pas plus grandes » que celles de la frontière américano-mexicaine. Promesse de campagne emblématique, le « grand mur» de Donald Trump a essuyé de nombreuses déconvenues. En janvier, le président américain avait même envisagé d’ouvrir une voie d’accès à la citoyenneté pour 1,8 million de clandestins en échange d’un financement de 25 milliards de dollars. Un échec que Josep Borrell n’a pas hésité à pointer du doigt. « Fermer les ports n’est pas une solution et construire un mur le long du Sahara, comme me le suggérait récemment le président Trump, n’est pas non plus une solution », a-t-il déclaré lors d’un déjeuner public organisé mardi 18 septembre à Madrid.
Pression
L’Espagne subit une forte pression migratoire en raison de ses micro-territoires de Ceuta et Melilla, enclavés dans le nord du Maroc. Seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe d’ailleurs. Malgré tout, l’Espagne ne compte pas s’aligner sur la proposition du président américain. Les Espagnols ne parlent pas de mur, mais d’une clôture à Ceuta et à Melia, leurs deux enclaves sur la cote du Maroc, alors que les barbelés à six mètres de haut sont aussi étanches qu’une muraille de château-fort.
Depuis 2015, il y en a des bouts en Hongrie, dans les Balkans. Ils font honte. Parce que les Européens pensent que le mur, c’est mal. C’est rance. C’est péché. Le mur, c’est Berlin. Autrement dit, une prison qu’il faut abattre. Sauf que ce mur-là n’était pas fait pour protéger les Allemands, mais pour les empêcher de s’enfuir du paradis communiste. Le mur, c’est honteux. En fait, la question que s’interdisent de se poser les dirigeants européens, c’est de savoir si les murs seraient efficaces. Pour filtrer les migrants. Pour répondre à l’angoisse des peuples. On peut en douter. Mais on peut aussi douter des centres contrôlés et des plateformes de débarquement annoncés à chaque conseil européen.
ZRM
En se jetant dans la course au palais de l’Unité, l’ancien bâtonnier a bâti sa candidature autout des valeurs d’intégrité, d’honnêteté et de patriotisme. Depuis, il fait face à de nombreuses affaires succeptibles d’écorner sa réputation. Le match avant la lettre.
Plutôt que du “Monsieur le président”, Akere Tabeng Muna (ATM) préfère qu’on lui donne du “monsieur propre”. “J’aime bien ça”, avoue-t-il aux journalistes du Club politiques qu’il rencontre ce 7 juin dans un hôtel de Yaoundé. En réalité, c’est sous ce jour que le candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2018 se présente devant les Camerounais. En vue de conquérir les déçus de la politique qu’il sait nombreux, l’ancien vice-président de Transparency International se positionne comme une alternative aux politiciens camerounais réputés véreux, corrompus et calculateurs.
D’où l’idée d’« une Nouvelle République » portée par le sexagénaire. Pour la construire, « nous devons changer radicalement notre attitude vis-à-vis de la chose politique et promouvoir un comportement citoyen», explique-t-il ajoutant que « la marque d’un bon homme politique est l’honnêteté, l’intégrité et la confiance ». De l’avis de cet avocat anglophone, « cela doit être suivi par l’amour pour le pays et pour le peuple».
Réputation
Aussi ATM travaille-t-il à démontrer qu’il incarne ces valeurs. À travers des visites dans les campagnes, les marchés…, l’époux de l’Anglo-américaine Beverly Bird affiche sa proximité avec le bas peuple. Rien de feint, défend Paul Mahel. L’ancien journaliste, devenu porte-parole du candidat, soutient qu’en dépit du fait que membre de l’une des familles les plus puissantes du pays, « Akere est très proche du citoyen et très accessible ». « L’une des manifestations de cette proximité est la fondation Salomon Tandeng Muna [du nom du père des Muna] qui œuvre dans le social », brandit-on dans l’entourage de l’ancien bâtonnier.
« Akere Muna et Donald Kaberuka ont quelque chose en commun, ce qui n’est pas toujours fréquent, c’est de réussir, mais en même temps d’être des hommes droits, avec des valeurs », ajoute pour sa part Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce. Un témoignage bien mis en exergue dans la section de la biographie officielle du candidat titrée « la réputation d’Akere T. Muna ».
Revirement
Sauf qu’en politique tenir dans le manteau de « monsieur propre » n’est pas donné. Sa seule déclaration de candidature est déjà considérée comme problématique. Avant la présidentielle de 2011, l’homme qui ne quitte presque jamais ses lunettes rondes et son nœud papillon assure qu’il ne se présentera jamais contre Paul Biya. Or, ce dimanche 8 octobre 2017, lorsque l’ancien président du conseil d’administration d’Ecobank Cameroun annonce qu’il brigue la magistrature suprême, on ignore toujours si oui ou non le président sortant sera candidat à sa propre succession. ATM n’exclut donc plus cette option.
Sur cette question, la plaidoirie de cet avocat qui cumule une quarantaine d’années d’expérience tient à deux choses. D’abord, à l’en croire, il ne s’agirait pas d’un rétropédalage sur « une question de principe ». « Le pays n’était pas en guerre quand je faisais cette déclaration », justifie-t-il. D’ailleurs « seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Et c’est parce que certains refusent de changer d’avis que nous sommes en ce moment en guerre », réplique-t-il faisant allusion à la crise anglophone. Ensuite, se persuade-t-il, « si je ne mets pas mon expérience au service du pays, j’aurais été complice d’une situation alarmante ». N’empêche, pour certains, cela reste une tâche sur la cape d’homme de parole qu’essaie de se coudre cet amateur de bonne musique.
Muna contre Muna
Dans sa pièce de théâtre « Les mains sales » (1948), l’écrivain français Jean-Paul Sartre estime que faire de la politique s’assimile à plonger ses mains dans « la merde et dans du sang ». L’engagement d’ATM, dans les années 1990, au sein du SDF de Fru Ndi, dont il a contribué à la rédaction des statuts, ne lui a pas fait retenir la leçon. Peut-être était-il trop dans l’ombre… Mais à bien écouter cette figure de proue de la lutte anti-corruption, le message semble être aujourd’hui passé. « Mes détracteurs vont voir de quoi je suis capable dans ce monde. Je leur rappelle que j’ai fait 22 ans à Transparency International. Je connais leurs dossiers. Si c’est par là qu’ils veulent qu’on passe, on va y passer. Je suis prêt, menace-t-il en cette matinée du 14 juin 2018 en réaction à l’affaire l’opposant à sa sœur cadette Ama Tutu Muna (ATA).
La colère d’ATM est à la hauteur des enjeux. L’ancienne ministre des Arts et de la Culture (Minac) vient de lui porter plainte. ATA reproche à son frère aîné la gestion de l’héritage de leur père et réclame sa nomination comme co-administratrice de la succession. Elle l’accuse de faux et usage de faux et affirme n’avoir jamais eu connaissance du jugement d’hérédité établi par la famille à la mort en 2002 de l’ancien Premier ministre. Dans cette affaire, ATM risque gros. S’il est reconnu coupable, sa réputation de « monsieur propre » va s’écrouler et avec, ses ambitions présidentielles.
Laurent Esso
L’avocat formé à l’école anglo-saxonne le sait trop bien. L’actuel administrateur du patrimoine des Muna, soutenu par le reste de la fratrie, voit donc derrière la démarche de sa sœur, une machination politique ourdie par le ministre de la Justice Laurent Esso : « je suis un candidat déclaré à la présidentielle. Le ministre de la Justice bat campagne pour un autre candidat. Si je suis emprisonné, je suis disqualifié pour gagner la présidentielle », indexe-t-il. Les soupçons sont renforcés par la proximité avec Laurent Esso qu’on prête à ATA.
Mais en face, l’avocate de l’ancienne Minac, dément toute manipulation. Fostine Chébou Kamdem, met plutôt en avant, la volonté de sa cliente de rentrer dans ses droits. À l’issue de la dernière audience de l’affaire tenue le 26 juin dernier au tribunal de première instance de Yaoundé, elle soupçonne ATM de vouloir faire traîner le jugement sur le fond, en sollicitant « une décision avant dire droit sur la question de prescription ». Attitude que le député juge « peu orthodoxe pour un candidat qui veut vite démontrer à ses électeurs qu’il est innocent ». Reste que, certaines allégations de l’ancien bâtonnier restent troublantes. Selon ce dernier, depuis qu’il a déclaré sa candidature, il perd systématiquement tous ses procès et le ministre de la Justice manœuvrerait pour que ses honoraires ne soient pas payés dans les affaires où il défend l’État du Cameroun. « Dis à ton patron de retirer sa candidature sinon, ça va chauffer », aurait même conseillé un juge au conseil de l’ancien bâtonnier.
Financement
Outre cette affaire, l’ancien vice-président du conseil d’administration de Transparency International, doit aussi gommer l’étiquette de candidat de l’extérieur que lui colle une partie de l’opinion. Cette perception s’est renforcée avec sa saisine de l’Onu. Il y dénonçait « un génocide » dans les régions anglophones. Une image que le pouvoir contribue à grossir les traits. Au lendemain de la déclaration de candidature d’ATM, Issa Tchiroma, ministre de la Communication, l’accuse par exemple, au cours d’une conférence de presse, d’avoir, en complicité avec d’autres Camerounais basés à l’étranger, « planifié un bain de sang» dans le but de provoquer « une intervention internationale ». Des accusations restées à ce jour sans suite judiciaire.
Pour ne rien arranger, il s’est ajouté ces derniers jours des rumeurs, démenties par l’ambassade des États-Unis, de financements par le pays de l’Oncle Sam. « De la vraie sorcellerie », commente Paul Mahel. L’ancien journaliste explique que, jusqu’ici, les activités de l’ancien bâtonnier sont financées « sur fonds propres » et celles du mouvement Now qui porte sa candidature, par ses membres. Cette organisation dite de citoyens engagés, compte parmi ses « membres fondateurs » l’Alliance des forces progressistes (AFP) de Bernard Muna, frère aîné d’Akere. Mais c’est le Front populaire pour le développement, un parti de seconde zone basé dans la région de l’Adamaoua, qui a investi ATM le 23 juin dernier. « Je suis le tout premier candidat anglophone investi par un parti francophone », préfère mettre en exergue le natif de Ngyen Mbo dans le Nord-ouest.
Aboudi Ottou, Intégration N° 328
Bio-Express
Nom : Akere Tabeng Muna
Âge : 66 ans (né en août 1952 à Ngyen Mbo, dans le Nord-ouest du Cameroun)
Expérience professionnelle : avocat au barreau du Cameroun ; bâtonnier ; président de l’Union panafricaine des avocats ; vice-président du conseil d’administration de Transparency International ; président du Conseil économique, social et culturel de l’Union africaine ; président du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs ; président de la Conférence internationale contre la corruption ; président du conseil d’administration d’Ecobank Cameroun, membre du Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique…
Niveau académique : diplômé de la Lincoln’s Inn society
Vie conjugale : marié avec Beverly Bird et père de trois enfants
Réformes institutionnelles
Du vin nouveau dans de vieilles outres
Tout en changeant la forme de l’État, Akere Muna compte garder la plupart des institutions déjà en place.
« Notre pays est bloqué ! », pense le candidat du Front populaire pour le développement. Pour le débloquer, Akere Muna pense que le premier défi à relever est celui de « l’institutionnalisation ». «Reconstruire, c’est d’abord relever le défi de l’institutionnalisation pour assurer l’hégémonie du projet étatique sur les initiatives concurrentes », pose-t-il. Dans le chapitre « État et politiques étrangères » de son programme, trône en bonne place un pan consacré à la consolidation de la démocratie constitutionnelle et l’État de droit.
Avant tout, l’avocat constate qu’il n’existe pas de séparation de pouvoirs entre l’exécutif, le législatif, et le judiciaire. Pour y remédier, il propose une conduite des réformes selon un séquencement bien précis : constitution d’une commission de révision constitutionnelle, élaboration d’un projet de révision constitutionnelle, organisation d’un référendum constitutionnel.
Le résultat de ce premier processus devrait aboutir à l’instauration d’un poste de vice-président et la suppression du poste de Premier ministre au sein de l’exécutif. Le code électoral va intégrer une élection du président au suffrage universel direct à deux tours, tandis que Akere Muna propose «l’institution d’un droit de véto contre les textes d’origines parlementaires » ; et le vice-président devient « président de droit du Sénat ». Pas de suppression de la Chambre haute du parlement comme le propose certains candidats. Le parlement reste bicaméral, mais « indépendant de l’exécutif ».
Hybride
Entre réforme du Conseil constitutionnel et réforme du Conseil supérieur de la magistrature, Akere Muna veut rendre le parquet plus indépendant et supprimer la compétence du tribunal militaire sur les civils. Le candidat n’oublie pas la publication par le président de son bilan de santé et de son patrimoine. Tout comme il suggère la reconnaissance du «droit de renverser l’exécutif ». Toutes les personnalités nommées aux hautes fonctions de l’État seront probablement auditionnées par le Parlement avec « avis simple publié».
Dans l’État régionalisé qu’il propose, Akere veut créer des Conseils économiques régionaux. « C’est d’abord l’application de la Constitution consensuelle de 1996, et rien que toute celle-ci et de reconnaissance à travers la crise dite anglophone et de la nécessité de l’organisation d’un débat serein sur la forme de l’État qui porte en elle l’idée constitutionnelle du partage optimal de pouvoirs et richesses entre gouvernants », écrit le candidat.
À l’observation, l’ancien bâtonnier a l’ambition de renforcer l’État de droit à travers un auto-contrôle des institutions et des hommes qui vont les incarner. Pas de grands chamboulements : la plupart des institutions déjà existantes — Parlement bicaméral, Conseil constitutionnel, Conseil économique et social, Commission des droits de l’Homme, etc. — continueront d’exister sous le règne Muna. L’avocat propose in fine une forme hybride, résultat de la fusion de l’État décentralisé et l’État fédéral.
Politique sociale
Pour un lifting social
Le Cameroun sous le magistère de l’avocat s’insère à l’international par le biais des coalitions militaires, monétaires, économiques et d’innovations régionales.
À l’envi, il parle de « Révolution ». Du point de vue du leader du mouvement «Now », « le système actuel pendant 60 ans a été requinqué, revu, mais ça reste celui-là qui protège les dirigeants plutôt que les citoyens. Il faut tout remettre en place ». Au cours de son mandat, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun veut appliquer « une politique qui restaure et consacre l’équité sociale et la prospérité ».
I- Genre
Il est prévu, selon Akéré Muna,
– la création des maisons intercommunales du Genre et de l’égalité chargées de l’accueil de la sensibilisation et de l’orientation des jeunes filles et des femmes ;
– la création d’un référant égalité au sein de chaque parquet général ;
– l’affectation des ressources publiques en fonction de besoins définis, les dépenses et les recettes étant restructurées pour renforcer l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes.
II— Jeunesse et emploi
— renforcer les stratégies de développement de l’entrepreneuriat des jeunes, et de créer pour chaque jeune, les conditions d’un véritable épanouissement économique, notamment à travers une réforme d’intégration économique par laquelle le secteur informel, leur principal employeur, est arrimé aux systèmes de protections sociales institutionnels de la nation ;
– créer au profit des jeunes auprès des chambres de commerce et d’agriculture d’un guichet unique pour l’évaluation et l’orientation ;
– harmoniser les dispositifs existants de soutien aux jeunes ;
– créer un dispositif de promotion de l’innovation et de la compétitivité des entreprises portées par les jeunes.
III— Éducation
Sous Akéré Muna, elle sera obligatoire et gratuite, de la maternelle jusqu’à la fin du cycle secondaire (ou 5 th grade) de l’enseignement général. Il y a aura aussi le rétablissement du système de bourses et autres aides scolaires, pour les élèves méritants issus de familles défavorisées. Le candidat annonce également la création d’un système extrascolaire d’apprentissage adossé à une chambre des métiers. Il évoque l’instauration de stages obligatoires en entreprises pour toutes les filières techniques et professionnelles ainsi que l’instauration d’une allocation parentale de rentrée scolaire selon le nombre d’enfants et les revenus de la famille.
IV— Santé et habitat
Le projet de société du candidat de l’AFP prévoit essentiellement :
– d’institutionnaliser et développer la médecine dite traditionnelle ;
– d’étendre le programme de construction d’hôpitaux régionaux de référence à raison d’un hôpital de référence par chef-lieu de région ;
– d’harmoniser les politiques de l’emploi et du logement en milieux urbains (un logement construit pour un emploi créé).
Jean René Meva’a Amougou
Politique économique
Au service d’une nation moderne, prospère et unie
Akere Muna veut travailler pour que la richesse nationale soit en mesure de financer la transformation de la nation.
Le candidat porté par le mouvement Now veut débloquer le Cameroun par des réformes structurelles. Ainsi Akere Muna envisage-t-il de mettre en œuvre « une économie capable d’en supporter le financement ». De ce fait, l’ancien bâtonnier se fixe comme objectif de multiplier le PIB par 2 sur un horizon de 10 ans ! C’est-à-dire, de réaliser un taux de croissance moyen de 8 % entre 2019 et 2028. « Sans un tel niveau de production nationale de richesse, il est illusoire d’envisager toute politique transformatrice de la nation vers une prospérité durable et une plus grande justice sociale », estime le candidat investi par le Front populaire pour le développement.
Pour atteindre cet objectif, l’avocat propose une « transmutation » reposant sur sept chantiers : le développement du transport ferroviaire, « préalable au développement industriel » ; la modernisation de l’infrastructure des télécoms, afin d’« assurer l’émergence d’une économie digitale dynamique, créatrice d’emplois » ; la création des hubs intégrés de marché agricole & artisanal, « afin d’assurer une distribution fluide de la production agricole et artisanale nationale » ; la création de la Banque Nationale d’infrastructure et d’investissement (BNII) ; la rénovation du pilotage des comptes publics, « pour des politiques publiques plus efficientes » ; la mise sur pied d’une couverture santé universelle (CSU), « afin de disposer des citoyens en santé au service de l’économie » et l’élaboration d’une stratégie de développement de l’offre énergétique intelligente, adaptée à la structure de la demande, diversifiée et respectueuse de l’environnement.
Travaux d’Hercule
Concrètement, il s’agira par exemple de construire 4000 km de chemin de fer en 10 ans. Pour cela, un investissement d’un montant 15 milliards de dollars (soit près de 9 000 000 de FCFA est nécessaire. Il devrait être financé sous fond propre, par l’épargne locale et l’endettement auprès des partenaires multilatéraux [Banque mondiale, Banque africaine de développement…]. Escompté chaque année, une hausse de croissances d’au moins 1,5 % et la création de 300 mille emplois.
Il est aussi question de se doter d’une infrastructure de télécom de pointe [renforcement des pouvoirs du régulateur-ART —, incitation à l’investissement, promotion des services digitaux]. Ce qui devrait coûter à l’État sur 10 ans 1240 milliards de francs CFA en termes d’exonération fiscale, attirer 10 000 milliards de FCFA d’investissements directs étranges, 10 000 milliards d’investissements des opérateurs du secteur, générer 30 000 milliards de recettes fiscales sur la même période, engendrer une croissance d’au moins 1 % et 1,7 million d’emplois directs et indirects par an.
Pour booster la production et la transformation dans le secteur agricole, Akere Muna prévoit la création de sept hubs de marché agricole et artisanal national [Hana] sur 5 ans. Les Hana sont des plates-formes duales composées chacune d’un marché national de gros [MNDG] absorbant l’essentiel des flux des producteurs régionaux, et d’une zone de logistique polyvalente [ZDLP] assurant la distribution optimale des stocks MNDG en fonction des demandes aussi bien domestiques que d’exportation. Coût de l’investissement 110 milliards pour 17 mille emplois créés et un impact annuel moyen espéré d’au moins 0,75 % de point de croissance.
Hics
Il est également prévu d’investir 1143 milliards à travers la Cameroonian Energy Finance Cooporation, à créer, afin de tripler l’offre actuelle d’électricité au bout de 15 ans. Attendu, une augmentation annuelle du PIB 1 % et la création annuelle de 150 000 emplois. L’avocat prévoit par ailleurs de reformer la gestion des finances publiques afin d’économiser 1200 milliards notamment par la réduction à 15 du nombre de ministère. Un argent qu’il orientera notamment dans la revalorisation des salaires des fonctionnaires et le financement de la CSU.
Mais problème : la plupart des objectifs sont calés sur 10 ans voir 15 ans, un peu comme si Akere Muna avait l’intention de faire plus de trois mandats à la tête de l’État. Le calendrier de réalisation n’est pas clair. Par quoi commencera-t-il ? Va-t-il s’attaquer à tous ces chantiers à la fois au risque de trop embrasser et de mal étreindre ? Par ailleurs certaines actions envisagées ne sont pas claires. Le candidat propose par exemple de supprimer progressivement les exonérations dont bénéficie actuellement le secteur agricole sans en dire plus. Invariablement, l’ancien vice-président du conseil d’administration de Transparency International répond qu’il en dira davantage après un audit des finances publiques.
Ifeli Amara, (stagiaire)
Politique étrangère et intégration régionale
L’ère de la diplomatie publique
Faire la diplomatie par des moyens de large diffusion, avec un Cameroun membre de l’Afrique de l’Ouest et une diaspora réhabilitée.
Pour faire partager la vision, porter la voix et donner les positions du Cameroun sur des sujets internationaux, Akere Muna aura son France Media Monde [France 24, RFI, Le Monde] ou son BBC. Cette vision repose sur les principes de sa politique étrangère suivants : la culture démocratique, l’autodétermination et le panafricanisme sécuritaire. Pour lui, « les nations démocratiques développent plutôt de solides relations entre elles que les nations non démocratiques ». Pour créer une communauté d’intérêts, le candidat veut réaliser un panier de valeurs partagées comme au sein de l’Union européenne. Ce socle devrait faciliter la régularité et l’intensité des interactions transfrontalières.
Capacités diplomatiques
Une diplomatie stratégique au service de la culture et des valeurs démocratiques autour du Cameroun. Voilà le logiciel de l’action extérieure de l’État dirigé par Akere Muna. La diplomatie stratégique sera une synergie entre la diplomatie classique actuelle [dont les moyens auront été augmentés] et la diplomatie publique. Les actions concrètes restent pour l’instant inconnues.
La diaspora est un autre levier diplomatique du candidat qui souhaite les intégrer « en tant que citoyens expatriés » pour accroitre leurs investissements au Cameroun par la création d’un service de soutien. Stratégiquement, l’expertise des Camerounais de la diaspora sera mobilisée pour contribuer au développement du Cameroun.
Intégration régionale
« Le Cameroun est dans la position envieuse de l’interface entre les pays de la CEDEAO et de la CEMAC. La Nouvelle République mènera des consultations pour que le Cameroun rejoigne la CEDEAO » affirme le candidat dans ses 50 engagements. Cette option de coopération régionale vise deux objectifs : la constitution d’une diplomatie régionale pour « l’élargissement du champ diplomatique camerounais sur tous les continents, en synergie avec les États de la sous-région » et la réalisation des économies d’échelle par la mobilité des facteurs. Sur ce dernier but, Akere Muna ambitionne de construire « les infrastructures nécessaires […] pour favoriser le commerce et l’intégration au niveau régional et continental ».
Une connexion continentale que l’ancien président du Mécanisme d’évaluation par les pairs [MAEP] de l’UA connait bien. Aligné sur le discours l’UA, il construit une géopolitique régionale en ces termes « ce n’est qu’avec un projet panafricain que nous pourrons commercer d’égal à égal avec les acteurs majeurs du système international et à valablement défendre les intérêts de nos peuples ».
Sécurité collective
Afin de se prémunir des convoitises extérieures parfois belliqueuses sur les ressources naturelles Camerounaises et Africaines. Et dans le souci primordial de «protéger et exploiter celles-ci au bénéfice des Camerounais et des Africains», le postulant à la tête de la magistrature suprême propose l’érection d’un pacte de sécurité commune.
Ce dernier axe de la politique étrangère d’Akere Muna s’inscrit dans les déterminants de la violence de l’ordre international. Son maillage sécuritaire exige la cession totale de la souveraineté militaire des États, car propose-t-il : «les États africains ne disposent pas de capacités propres pour leur défense. Il est par conséquent plus rationnel qu’ils mutualisent leurs moyens de défense ».
Équivoques
Très au fait des mutations de l’intégration continentale, le candidat Akere affirme dans son engagement 45, « nous veillerons désormais à l’accomplissement de toutes les obligations régionales et internationales de notre pays, y compris la ratification de tous les lois et traités nécessaires ». Le Candidat ignore l’obligation faite au Cameroun d’adhérer à la seule communauté économique régionale [Cer] reconnue par l’UA en Afrique centrale : la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale [CEEAC]. L’Union africaine invite désormais à éviter la multiappartenance aux Cer. Pacta sunt servanda !
Jean René Meva’a Amougou
Certains le présentent volontiers comme le « Macron camerounais ». Lui-même dit avoir assez de « tigritude » pour dévorer « l’homme lion».
On se demandait qui pourrait briser le couvercle de la grosse et bouillante marmite à slogans politiques, avant la présidentielle du 7 octobre au Cameroun. Le hasard a voulu que ce soit un apprenti gracieux : Cabral Libii Li Ngwe. C’est lui. Sans doute, ce jeunot (38 ans) a pris la mesure d’un manque, avant de lancer le «Mouvement 11 millions de citoyens». Par la grâce médiatique, son nom et ce slogan, telles des chapes plus lourdes que des plombs, retentissent désormais dans l’espace public.
Dans le sang…
Aux yeux et dans les oreilles de l’opinion nationale et internationale, Cabral et (surtout) son initiative passionnent autant qu’ils intriguent. Il s’explique : « Jeunes Camerounais aux parcours et expériences complémentaires, nous avons décidé de nous réunir afin de contribuer activement à la refondation de la conscience nationale, en lançant le mouvement. Nous voulons apporter une réponse aux attentes légitimes des Camerounais, une vision alternative pour le pays ».
Pleine table
En tout cas, sur le coup, certains collent à l’inventeur du slogan « Mouvement 11 millions de citoyens », l’étiquette de « bon animateur de la démocratie au Cameroun ». D’autres, y décelant amour du verbe et art du mot, concision et force de frappe, estiment que tout y est dit de ce qu’il y aurait à dire sur la candidature de ce neveu de Ruben Um Nyobe.
Là, l’ethnologue Cyprien Mekoa Tsala parle d’« une ascendance surprenante, pas étonnante ». Et pour repeindre Cabral en « fils » du nationaliste de vénérée mémoire, la connexion s’opère par une première phrase : « Il ne faut jamais insulter complètement l’avenir ». Prononcés par le Mpodol le 12 avril 1950 à Eséka, ces mots sont repris, in extenso, par Cabral lors d’une conférence sur le panafricanisme au musée « Blackitude » à Yaoundé le 26 mai 2017. Interrogé ce jour-là sur ses ambitions pour l’avenir, Cabral n’a pas exclu de briguer un jour la magistrature suprême. « Je n’en sais rien. (…) Ça me paraîtrait incongru, mais la vie doit être faite d’incongruités », a-t-il déclaré.
En avril 2017 à Bamenda, la digue des mots voilés saute, avec la confirmation de sa candidature. Entre-temps, son jeune âge, sa personnalité, son parcours atypique ou son peu d’expérience deviennent autant d’ingrédients qui inspirent l’opinion nationale. Elle l’appelle désormais le « Macron Camerounais ». Il incarne, croit-on, la nouveauté, l’aube, l’espoir. Surtout qu’auparavant, l’on avait découvert un jeune intéressant, sympa, intelligent sur les écrans de télévision et antennes de radio. « C’est toujours ainsi », constate Clémence Menye. La présidente du fan-club Cabral Libii au lycée de Nkoabang (Mefou-et-Afamba) apprécie son idole lorsqu’on en vient aux questions politiques sur les médias.
« Il s’exprime de manière plus grave, plus forte, assénant chaque mot pour qu’il rentre bien dans notre tête d’ignorant », indique-t-elle. Normal, le garçon a un parcours académique objectivement brillant. C’est un provocateur intello pour les uns, visionnaire interdisciplinaire pour les autres. Toutes choses pour que les amis, les affidés, les « sabras » du Mouvement 11 millions de citoyens l’appellent « Président». Président de quoi, personne ne sait trop l’expliquer, mais enfin c’est ainsi. Les vieux compagnons de la fac disent « Cabral ». Les adversaires politiques : « petit bassa’a».
Regard
Reste qu’une dizaine de candidats déclarés pour la présidentielle d’octobre, ça lui fait de la peine à deux titres. Et pour cause : « Je reste convaincu que c’est une action consensuelle, coalisée de l’opposition qui ouvrira à cette dernière les meilleures chances d’évincer Paul Biya du pouvoir. La deuxième démarche pour laquelle ça me fait de la peine, c’est que tous ceux qui annoncent leur candidature prennent cela comme un amusement. C’est à croire que la politique est devenue au Cameroun comme la samba. Quelqu’un se lève un matin, il fait des grimaces devant le peuple, il dit qu’il est candidat et puis il s’arrête là. Il dit qu’il est très fort. Surtout quand il circule dans la rue et tout le monde l’appelle président. Dans son esprit, il croit vraiment qu’il est président. Je crois que quand Paul Biya voit tout ça, il rit en envoyant les deux pieds en l’air ».
« Prépa Etoudi »
Au moins lui, il paraît presque « naturellement » fait pour le rôle. Visiblement, sans le vouloir, il a dû opérer une transfiguration. Glisser du statut d’individu normal à celui d’homme d’État. « Fendre l’armure», selon le mot du journaliste Gilbert Tsala Ekani. En somme, s’introduire dans la peau de ce président qui, dans l’esprit camerounais, promène toujours quelques oripeaux d’un roi. C’est un long cheminement. Intime. Imperceptible tout d’abord, même aux yeux de son entourage, la métamorphose s’accomplit peu à peu et les premiers signes sont à chercher dans l’adoption d’une nouvelle discipline : aller à l’élection présidentielle est un renoncement à la légèreté. Ce n’est pas une entrée au monastère. Mais une nouvelle hiérarchie des priorités pour marquer la forte détermination de battre Paul Biya. Des réunions politiques, Cabral les enchaîne. Des notes politiques et économiques, il les ingurgite. Des tours du Cameroun éreintants, il les effectue. Et la présidence de la République pour seul objectif.
À l’instar de tous les candidats, on dit : voici un candidat qui présente une situation visible et propose un lot de mesures. Par exemple, il réitère les convictions qu’il défend : la décentralisation et son hostilité à l’envol de la dépense publique. Par exemple aussi, il dresse un tableau douloureux de l’action politique telle qu’elle est devenue. De son point de vue, ceux qui la mènent n’inventent donc plus rien face à l’inquiétude grandissante à l’échelle nationale.
Car, avise Cabral, voici trop longtemps que le régime actuel est trahi par certains de ses cadres, qui, depuis au moins l’indépendance du Cameroun, semblent honteux d’avoir travaillé pour le chaos. Littéralement, Cabral n’en revient pas, et craint pour sa perpétuation. Au moins, croit-il en avoir identifié la cause : l’unité nationale, qui fédérait les âmes et jouait un rôle d’adjuvant ou de substitut au désastre, s’est ossifiée, perdant toute efficacité symbolique. « Elle a éclaté en sectes idéologiques mutuellement hostiles », juge Cabral.
Programme
Avec un supplément d’horizon, il flâne sur la question anglophone. « Globalement, ces compatriotes anglophones sont derrière l’opération “onze millions d’inscrits”. Eux aussi disent qu’il est temps pour le changement au Cameroun, et que c’est par la voie des urnes que ce changement va arriver. Vous voyez donc que contrairement à ce qu’on raconte, la crise anglophone n’est pas pour créer du désordre, mais une crise qui vise simplement la satisfaction d’une tranche de la population camerounaise d’expression anglaise », tranche le jeune leader.
Après avoir pris la mesure de ces écrouelles, Cabral propose un avenir meilleur, à travers le slogan: « demain on sera heureux ». À l’en croire, plus ce programme sera audacieux et clivant et plus il sera un produit passe-partout. Destiné à favoriser son élection, ce projet de société pourrait impliquer une rupture rapide, en permettant un renouvellement démocratique. Renouvellement du personnel politique, avec l’avènement de figures issues de nouveaux horizons. Renouvellement des institutions également en redonnant aux citoyens la faculté de faire entendre leur voix sur le processus des réformes — et non pas seulement à l’heure des grandes messes électorales.
Pour l’instant, Afrik-Inform et le baromètre Elmed (du nom des trois chercheurs qui l’ont conçu : Dr Célestin Elockson, du Pr Joël Müller et du Pr Emmanuel Djuatio) concluent que Cabral reste le challenger que Paul Biya doit prendre le plus au sérieux. Afrik-Inform, un média en ligne a, du 17 au 30 mai 2018, soumis quelques candidats aux internautes pour un vote. À l’issue de celui-ci, Cabral Libii vient en tête avec 1710 voix. Et selon le baromètre Elmed, « sur un échantillon représentatif de la société camerounaise, de 4 154 individus (inscrits sur le fichier électoral ou en voie de l’être) », soit 1768 à Douala et 2 386 à Yaoundé, les deux plus grandes métropoles camerounaises, 57 % des individus interrogés préfèrent Paul Biya comme président de la République. Le président sortant est suivi de Cabral Libii (16 %). Même si la crédibilité de ces sondages est remise en cause notamment par ses adversaires politiques, le fils de Mahomey dans les environs d’Eséka y voit un signe du destin.
Jean René Meva’a Amougou,
Intégration n° 326
Bio-Express
Nom : Cabral Libii
Nationalité: camerounaise
Naissance : 29 mars 1980
Formation : droit public international
Expérience professionnelle : journaliste, homme et consultant politique, activiste, juriste et enseignant d’université.
Parti politique : Univers
Idéologie : Socialisme progressiste
Récompense : lauréat du Prix d’excellence du «Meilleur booster de la démocratie camerounaise » (2017)
Vie conjugale : marié à Murielle Peggy Libii
Réformes institutionnelles
Refaire le portrait de l’État
À l’instar des autres candidats engagés, Cabral Libii compte opérer une profonde refonte du système institutionnel du pays. Le Sénat et le poste de Premier ministre disparaitraient. Il instaurera une élection à deux tours et le bulletin unique.
« L’État comme espace délimité est d’abord une collectivité humaine établie. Puis, un ensemble de règles d’organisation et de fonctionnement qui forment un corpus institutionnel. Ces deux visages de l’État à l’évidence présentent des incisions et des déformations auxquelles nous proposons des thérapies et corrections, afin de «refaire le portait » d’un avenir étatique plus inclusif de nos aspirations ». Telle est la vision de l’État selon le candidat du parti Univers. La mise en œuvre de cette vision aura huit piliers principaux.
1- Sortir de la captivité français/anglais et promouvoir les langues nationales. Cela passe par : la création de trois instituts de langues nationales où seront conçus les programmes d’enseignement qui seront dispensés.
2- Enseigner dans chaque commune la langue utilisée. Dans chaque commune, il sera enseigné la langue nationale utilisée en son sein. Nous considérons comme priorité politique, le fait d’affecter aux langues nationales, une puissance de marquage culturel analogue aux langues étrangères.
3- Réviser le code de la nationalité. Nous allons donner la possibilité aux Camerounais qui n’ont pas été en indélicatesse avec la fortune publique d’avoir une seconde nationalité. Parce que nous pensons que les Camerounais ayant acquis une seconde nationalité pour motifs divers restent néanmoins rattachés au Cameroun.
4- Adopter le régionalisme à la camerounaise comme forme de gouvernement. Nous nous engageons à donner aux régions la possibilité de créer des lycées et de recruter les enseignants pour lesdits établissements, ramener la dotation générale de la décentralisation de 0,30 % à 10 % comme c’est le cas au Rwanda, à ériger la commune comme véritable levier de développement.
5- Instaurer un régime présidentiel. Nous allons réinstaurer le poste de vice-président et supprimer le poste de Premier ministre.
6- Instaurer un Parlement monocaméral. Nous allons supprimer le Sénat et créer à la place la Chambre consultative des anciens et des patriarches (économie de 12 milliards francs CFA à réorienter vers les secteurs productifs).
7- Instaurer un véritable État de droit. Nous allons revisiter le statut des magistrats et des personnels judiciaires, humaniser la justice et l’environnement carcéral, libérer la presse, protéger le syndicalisme
8- restaurer la confiance aux élections. Nous allons restaurer la confiance aux élections en instaurant une élection à deux tours avec bulletin unique et ramener le mandat présidentiel renouvelable une fois.
La rupture prônée par le candidat du parti Univers semble limitée à ces points du programme. Rien ou presque n’est dit sur la restauration de la confiance aux institutions. De plus, en gardant en l’état la plupart des institutions qui grippent le système républicain, le candidat Cabral fait peser le risque de reproduire le système qu’il entend combattre. Le « régionalisme à la camerounaise » apparait en fin plus comme un slogan qu’un programme politique.
Ifeli Amara, (stagiaire)
Politique sociale
Bouleversement tous azimuts de l’affirmation
Pour contrer «la dégradation programmée de la société camerounaise», le joker du parti UNIVERS a élaboré un projet de société. Zoom sur les grandes lignes de la rubrique « social ».
I-Eau et énergie
Dans ce secteur, Cabral Libii projette de :
– fournir 500 MW d’électricité par an, soit 2500 MW en 5 ans ;
– construire des centrales électriques, en mettant simultanément en chantier la construction de plusieurs dizaines de méga ou mini centrales électriques ;
– subventionner l’achat des énergies vertes ;
– produire 500 000 m3 d’eau par an ;
– approvisionner les entreprises en eau et en électricité.
II— Santé
Dans la perspective d’être élu le 7 octobre prochain, Cabral Libii s’attachera à :
– promulguer la loi instituant l’assurance maladie obligatoire pour tous les citoyens camerounais et créer la caisse d’assurance maladie ;
– améliorer les infrastructures sanitaires par la création de 10 unités de prise en charge des urgences hypertensives (AVC et crises cardiaques), dont 1 unité/région ;
– décentraliser totalement la gestion des districts de santé au niveau des mairies ;
– mettre en place 2 hôpitaux de références à Yaoundé et à Douala ;
– porter à 400 milliards le budget alloué à la santé ;
– doter le Cameroun d’un code de santé publique et d’une loi sur la bioéthique ;
– réorganiser et restructurer le secteur de la santé à travers la mise en place des conventions collectives ;
– créer la haute autorité de Médecine traditionnelle ;
– réorganiser et renforcer les activités et pouvoirs des ordres nationaux de la santé (Médecine, chirurgie dentaire, pharmacie, médecine vétérinaire).
III— Habitat et logement
Comme ambition, le candidat dit être en mesure de :
– construire 50 000 logements sociaux chaque année à 500 milliards ;
– faciliter l’accès au logement décent via des contrats location-achat sur 100 mensualités (9 ans maximum), pour être propriétaire d’un logement;
– rénover et restructurer progressivement les bidonvilles ;
– réprimer la délinquance routière;
IV— Emploi et Sécurité sociale
Pour le plus jeune candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2018, les préoccupations liées à ce domaine consistent principalement en :
– l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite à 62 ans pour tous les personnels civils ;
– la formalisation de l’informel pour assurer une pension retraite aux travailleurs indépendants et la sécurité sociale ;
– l’assurance de l’insertion sociale des handicapés;
– la création de près de trois millions d’emplois ;
– le recrutement d’au moins 200 000 personnels de l’état en 5 ans ;
– l’instauration d’un salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG);.
V-Education
En cas d’élection à la magistrature suprême, Cabral va :
– densifier les ressources humaines du secteur éducatif en procédant à la formation, la contractualisation et l’affectation de tous les instituteurs dès la sortie des ENIEG et ENIET, soit 10 000 personnels chaque année à 15 milliards ;
– réduire de moitié la pension dans les universités d’État ;
– accroître l’offre de formation des universités ;
– recruter 1000 enseignants au supérieur chaque année ;
– rétablir les bourses d’études pour tout étudiant en Master en génie agronomique ou industriel, et pour tout étudiant en thèse de l’ordre de 125 000 FCFA par mois;
– intensifier la promotion du bilinguisme intégral de la maternelle en Terminale ;
– introduire dès septembre 2019, des techniques agropastorales (TAP) comme spécialité nouvelle dans tous les lycées d’enseignement technique ou polyvalent;
– construire des lycées polyvalents de 3 500 places par commune.
Jean René Meva’a Amougou
Politique économique
Du «Big push» à la transformation structurelle
Contrairement à politique actuelle qui consiste à tout embrasser, la stratégie de relance de la croissance de Cabral Libii repose sur deux secteurs : l’agro-industrie et les services.
Le candidat du parti UNIVERS veut, en 5 ans, atteindre une croissance économique d’au moins 8%. Pour atteindre cet objectif, Cabral Libii «casse les codes» et «change de paradigme». Il passe de la politique actuelle du «Big push» (on embrasse tout) à la transformation structurelle (c’est-à-dire priorisation des secteurs). Et ces secteurs sont : l’agro-industrie et les services. Mais comment chacun de ces secteurs va contribuer à cet objectif? Cabral Libii ne le dit pas clairement. «Nous allons pénétrer les marchés européens (via les APE [Accords de partenariat économique]), nord-américains (via AGOA), asiatiques avec nos produits agricoles semi-finis ou finis, notamment les agrocarburants, les textiles, les denrées alimentaires manufacturées», tout juste, énonce-t-il pêle-mêle, les mesures à mettre en œuvre pour booster ces secteurs.
On apprend ainsi qu’il va créer une agro-industrie par arrondissement (à l’instar d’Hevecam à Niété, ou de la Sosucam à Mbandjock et à Nkoteng). Pour y parvenir, le doctorant en droit explique que l’Etat investira 500 milliards de francs CFA dans les semences, les intrants, l’eau, l’électricité, les bâtiments agricoles, les chaines de froid, les abattoirs… afin de favoriser l’investissement privé. Il est aussi prévu d’accorder des prêts à taux zéro aux petits producteurs pour doubler ou moderniser leurs exploitations, octroyer des titres fonciers gratuits aux propriétaires terriens traditionnels et «cadastrer» le domaine national pour faciliter l’entreprenariat agricole. Par ces mesures, le candidat de l’UNIVERS espère mettre en exploitation chaque année 20 mille ha par région.
Infrastructures
Mais en ce qui concerne les services, le candidat indique qu’il va «accompagner la création des entreprises de services divers dans des domaines comme la banque, les assurances, la microfinance, les transports terrestres, maritimes et aérien, le tourisme, l’hôtellerie-restauration, les commerces» et «encadrer, financer et accompagner au moins 100 startups par an».
En termes d’accompagnement, il prévoit de renflouer la banque des PME à hauteur de 200 milliards francs CFA.
«La politique d’industrialisation ne pourra être mise en œuvre que si elle est précédée, puis accompagnée régulièrement par une infrastructure économique en quantité et en qualité suffisante». Pour cela, Cabral Libii annonce qu’il va accroitre la production d’électricité chaque année de 500 et produira 500 000m3 d’eau par an à raison d’une méga station d’eau par région, une mini centrale par département et une microcentrale par arrondissement, grâce aux partenariats public-public ou public-privé (PPP). Il promet aussi de construire 1000 km de routes par an, un chemin de fer de 3500 km (1750 km X 2) voie double et écartement normal (1,43m) entre Kousséri et Kribi, puis de 480 km (240 km X 2 voies) entre Yaoundé et Douala, des entrepôts, des silos, des abattoirs, des chambres frigorifiques et autres bâtiments agroindustriels pour bien conserver la production des coopératives agricoles.
Limites
Pour assurer les engagements de l’Etat, le coordonnateur du «Mouvement 11 millions des citoyens» indique qu’il va porter l’enveloppe budgétaire de près de 4 700 milliards de francs CFA actuellement à 5700 milliards ; soit une augmentation de 1000 milliards. Mais le programme du candidat de 38 ans est muet sur la stratégie de mobilisation de ressources qui permettrait de financer une telle augmentation budgétaire. Il n’est par ailleurs pas indiqué à partir de quel exercice budgétaire, cette augmentation sera effective. Tout ce que l’on sait, pour l’instant, c’est que le budget de fonctionnement sera ramené de 60 à 44% et cette économie orientée vers l’investissement.
Aboudi Ottou
Politique étrangère et intégration régionale
Géopolitique et géoéconomie d’intelligence
Le Cameroun sous le magistère du candidat du parti Univers s’insère à l’international par le biais des coalitions militaires, monétaires, économiques et d’innovations régionales.
Prendre la tête des délégations camerounaises à l’international sera le leadership de présence du candidat du parti Univers Cabral Libii. La politique étrangère qu’il entend mener repose sur trois piliers : la convergence régionale, le rapport de force ligué et le multilatéralisme.
Coopération
D’emblée, 100 % de la coopération de Cabral Libiih est introvertie sur le continent africain. Le candidat souhaite développer l’intelligence et l’innovation africaine par la coopération universitaire sous régionale et l’érection des centres de recherche panafricains. Ces structures sont prises en charge par un financement endogène. Il suggère que les États membres contribuent à hauteur de 10 % des budgets de l’enseignement supérieur pour garantir l’indépendance des centres panafricains.
La coopération militaire est le second axe pour lutter contre le terrorisme notamment. Le candidat souhaite construire une alliance de la Cemac au Nigéria. La préservation de la sécurité est une entreprise couteuse pour bon nombre d’États qui n’hésitent pas souvent à faire recours à l’endettement face aux chocs extérieurs. Le candidat promet de mener une action auprès de ses pairs pour « sortir de la spirale de l’endettement vis-à-vis du FMI et de ses plans d’ajustement structurel en privilégiant l’auto ajustement, l’investissement public massif, de l’ordre de 50 % du budget et de 10 % du PIB, les IDE et les PPP ».
Intégration régionale
Le pluralisme, le libéralisme politique et la limitation des mandats devront être les valeurs du processus d’intégration en Afrique. Cabral Libii. envisage de porter au niveau de l’union économique et monétaire à l’échelle régionale comme continentale. Ses projets intégrateurs sont : l’interconnexion régionale et interrégionale à travers la construction d’une route côtière sous régionale de 1200 km partant de Campo à Pointe-Noire au Congo et la connexion du réseau ferroviaire national au Tchad, à la Centrafrique et au Nigéria. Tout ceci sous financement endogène conjoint. Le candidat prévoir d’inciter « ses pairs à construire des routes et des vois ferrées panafricaines facilitant ainsi le libre-échange intra-africain ». Ce plan directeur consensuel permettra de fluidifier la mobilité des facteurs de production.
Autre projet intégrateur, la politique agricole commune à l’Union africaine (PAC/UA) pour équilibrer le développement des États membres. Dans ses velléités d’expansion, le candidat veut rentabiliser l’APE et l’AGOA (demande de 6700 produits) par une production agro-industrielle nationale et sous régionale de conquête. Les marchés de la Chine, du Japon et de l’Arabie Saoudite sont également visés.
Le dernier chantier de souveraineté que le candidat veut vendre aux Africains par le biais des suffrages des Camerounais est l’adoption d’une monnaie unique à l’échelle continentale. Il propose un délai de 10 ans maximum. Partisan d’une géométrie variable, il est favorable à un noyau dur de 5 ou 10 États.
Equivoques
Plusieurs inconnues entourent l’action extérieure du candidat Cabral Libii. Notamment, le nombre de missions diplomatiques dont il aura besoin. Sur le plan sécuritaire, il faut rappeler qu’en Afrique centrale seule la Ceeac a une compétence militaire en vertu du principe de subsidiarité des chapitres 7 du conseil de sécurité de l’Onu et de l’UA. C’est d’ailleurs l’unique Cer reconnue par l’UA. Qui plus est, l’alliance avec le Nigéria et la Cemac est une concurrence au cadrage géostratégique de l’UA qui prévoit dans les Cer des brigades régionales de la Force africaine en attente.
Le détournement de l’endettement n’exige-t-il pas des critères de convergence d’une institution panafricaine notamment dans la perspective d’une monnaie commune ? La position du candidat sur le fonds monétaire africain est introuvable.
En suggérant une monnaie africaine en 10 ans et proposant la réalisation du PAC/UA, le candidat se met quelque peu en porte à faux avec le traité d’Abuja qui propose un séquencement vers la communauté économique africaine. D’autant plus qu’en 2016, les banques centrales ont repoussé la monnaie unique en 2045 après les échéances de 2022 et 2025.
Zacharie Roger Mbarga
Depuis sa sortie du gouvernement en novembre 2011, l’universitaire se dit la cible d’abus et d’attaques. La violence verbale se serait accentuée avec son investiture comme candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018.
13 août 2012. Hilton hôtel de Yaoundé. Après avoir autorisé une conférence de presse, le sous-préfet du 3e arrondissement se rétracte et veut interdire l’évènement. Face à la ténacité des organisateurs, Albert Mekondane Obounou bloque les portes de la salle, coupe la climatisation et l’électricité. La conférence de presse de lancement du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) se déroule dans l’obscurité. Quelques mois auparavant, Maurice Kamto, que ses partisans appellent affectueusement MK ou Prof, avait déjà été interdit de conférence. Il souhaitait expliquer les raisons de son départ du gouvernement. C’est dans ce contexte hostile (manifestations interdites ou réprimées à la matraque et aux canons à eau, militants molestés…) que le MRC et son président essayent de faire, depuis six ans, la politique « autrement ». Objectif : offrir aux Camerounais « l’alternance dans la paix et par les urnes ».
L’universitaire connait bien les méthodes du régime Biya pour l’avoir servi comme ministre délégué auprès du ministre de la Justice de 2004 à 2011. Il semble s’être préparé à une telle adversité. « La guerre a commencé », lâche-t-il d’ailleurs, en échangeant une accolade avec le philosophe Sindjoun Pokam, lors du lancement agité du MRC. Ce jour-là, une fois sur l’estrade, Kamto, qui dit vouloir être pour le Cameroun ce que de Gaulle a été pour la France, et Mandela pour l’Afrique du Sud, a ces mots : « la nuit précède le jour ».
Globetrotteur
« Le jour se lèvera le 7 octobre », lance l’enseignant de droit, sourire en coin, ce 10 août 2018, en prenant congé du reporter, après une trentaine de minutes d’échange, dans l’un de ses quartiers généraux de campagne, dans le 3e arrondissement de Yaoundé. « J’ai un autre rendez-vous », s’excuse-t-il. Depuis la naissance du MRC, cet avocat qui a fait ses classes dans les universités de Yaoundé et de Nice en France, a des journées longues. Il doit gérer son emploi de temps entre ses activités d’enseignant, d’agent, de conseil et d’avocat et ses fonctions de chef de parti.
Les choses se sont encore accélérées avec son investiture comme candidat du MRC à l’élection présidentielle, lors de la convention de son parti, le 14 avril. Entre réunions en petit comité, rendez-vous médias, meetings politiques… l’ancien ministre a désormais des « journées de 24 heures ». Le 19 août par exemple, il revendiquait « 44 grands meetings effectués depuis le mois d’avril 2018 ». « J’ai un plaisir absolument indescriptible à être dans le Cameroun profond », confesse le candidat. Entre le 5 et le 15 septembre, MK a encore parcouru une vingtaine de localités situées dans les régions de l’Adamaoua, de l’Est et du Centre.
Appareil
Ce déploiement est facilité par l’implantation du MRC à travers le territoire national. « Les visites du Pr Maurice Kamto sur le terrain sont organisées par des unités du parti dont il est le président. À la fin de cette tournée de campagne, quasiment tous les 58 départements du Cameroun auront été parcourus. C’est un exploit qui n’a pas été accompli par plusieurs candidats à cette élection présidentielle», évalue Bibou Nissack. L’acteur de la société civile a rejoint l’équipe de campagne de Maurice Kamto à la fin du mois d’août, avant d’être nommé responsable de la communication et porte-parole du candidat du MRC. À ce jour, le parti revendique une présence dans 330 arrondissements sur les 360 que compte le pays.
« Kamto pèse 20 élus présents dans 5 communes (Douala 1er, 3e, 4e, 5e et Bafoussam 1er). En nombre d’élus, le RDPC vaut 446,05 fois le MRC», claironne Elimbi Lobé depuis plusieurs semaines sur les plateaux de télévision à l’effet de relativiser ce travail de terrain. Pour cet ancien militant du Social Democratic Front (SDF), le salut de l’opposition à cette présidentielle passe par une candidature unique. Au MRC où on annonce la présentation, ce 17 septembre, de « la coalition constituée » autour de MK, on indique que présenter les choses ainsi, « c’est préparer l’opinion à une victoire de Paul Biya. Ce qui est loin d’être acquis ». « Sinon, comment expliquer autrement cette fébrilité qu’on observe dans le camp d’en face ?», s’interroge-t-on.
Le signe de fébrilité le plus frappant du RDPC, parti au pouvoir, est l’autodafé des T-shirts et pancartes aux couleurs du MRC. Les faits sont imputés à Cavaye Yeguie Dibril, président de l’Assemblée nationale.
Ils ont été commis le 14 juillet dernier à Maroua, capitale régionale de l’Extrême-nord. La compétition dans cette partie du pays s’annonce plus rude que par le passé. Et parce que la région compte plus d’un million d’inscrits sur les listes électorales, Paul Biya, le président-candidat, devrait d’ailleurs y lancer sa campagne. « Sa crédibilité [de Maurice Kamto] s’est affirmée lors de la deuxième convention du MRC… Le MRC avait fait salle comble, et les diplomates invités se sont dits impressionnés. C’est ce qui a réellement mis la puce à l’oreille des autorités et les a rendues fébriles », analyse Christian Penda Ekoka dans les colonnes de Jeune Afrique édition du 9 au 15 septembre. Ce conseiller technique du chef de l’État est depuis en dissidence.
Kamto bashing
À en croire l’entourage de MK, l’autre visage de ce déficit de sérénité, « ce sont les boules puantes» lancées contre le « tireur de penalty». Après l’affaire du marché de l’élaboration du Code pénal camerounais qui a fait long feu, l’originaire de Baham, dans la région de l’Ouest du pays, est aujourd’hui présenté comme un ethno-fasciste notamment par le politologue Mathias Owona Nguini et des acteurs du G20, un groupe de partis politiques qui soutiennent la candidature de Paul Biya. À chaque fois que les responsables du MRC essayent de dénoncer ces « attaques », on leur rétorque que leurs sympathisants font pareil.
Loin de nier les faits, Kamto plaide l’excuse de la provocation : « Qui est-ce qui a d’abord commencé par parler de tribalisme pour qu’il y ait une réaction ? », rétorque l’universitaire. « Mais, on n’a jamais produit un seul fait de tribalisme me concernant », se défend-il avant d’accuser : « Nous savons qu’il y a des gens qui sont payés par l’État du Cameroun, et dont le travail est de créer la confusion sur la scène politique. De façon à ce que le débat soit flou, illisible et surtout qu’on ne parle pas du bilan du candidat sortant ».
Mais cette propension à critiquer le prof a fini par révolter certains. « Dans un pays où la compétence est devenue un problème, le mérite un crime, c’était choquant de rester impassible devant un lynchage orchestré sur la base de la calomnie, du mensonge, et visant à salir quelqu’un qui a une réputation de probité », indique Bibou Nissack pour justifier son ralliement au candidat du MRC. « Ils seraient nombreux dans ce cas notamment dans l’aire géographique de Maurice Kamto », observe un analyste politique. Le Kamto Bashing, bonne ou mauvaise stratégie ? Réponse le 7 octobre.
Aboudi Ottou, Intégration N° 338
Bio-Express
Nom : Maurice Kamto
Age : 64 ans
Expérience professionnelle : entre autres, agent, conseil et avocat devant la Cour internationale de justice (depuis 1994), ministre délégué auprès du vice-premier ministre, ministre de la Justice, Garde des Sceaux (déc. 2004 – nov. 2011), doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques, université de Yaoundé II (1999-2004)
Distinctions honorifiques: entre autres, Commandeur de l’Ordre de la Valeur (Cameroun) ; Commandeur de l’Ordre de la Valeur (Niger) ; chevalier des Palmes académiques (CAMES).
Niveau académique : agrégé des facultés françaises de droit
Publications : auteurs d’une dizaine d’ouvrages dont l’urgence de la pensée, Presses universitaires d’Afrique, 1993, Gouvernance mondiale et droit international, Bruxelles, Bruylant, 2015 ; Droit international de la gouvernance, Paris, A. Pedone, 2013
Situation matrimoniale : marié et père de plusieurs enfants
Trait particulier : parle couramment français et anglais
Réformes institutionnelles
Faire renaitre la République
Maurice Kamto propose un nouveau contrat entre le peuple et les institutions. Il veut moderniser l’appareil de l’État, notamment la réforme de la justice, une nouvelle forme de l’État ou un code électoral consensuel.
Le programme de réformes des institutions proposé par le candidat du MRC est l’un des plus ambitieux et des plus détaillés proposés aux électeurs. Après avoir examiné la situation actuelle des institutions et constaté que « le Parlement a très souvent agi comme une barrière aux propositions de loi et est une chambre d’enregistrement des projets de loi émanant essentiellement du gouvernement », Maurice Kamto entend procéder, une fois au pouvoir, « à une réforme constitutionnelle en vue de rééquilibrer les pouvoirs au sein de l’État, d’abord entre l’Exécutif, le Parlement et la Justice, ensuite, au sein de l’Exécutif entre la présidence de la République et le gouvernement, et enfin entre l’État et les régions ou les États fédérés, selon le choix que feront les Camerounais.
Sur le plan judiciaire, l’avocat international promet que l’indépendance de la magistrature sera une des clés de voûte de cette réforme pour garantir le bon fonctionnement des institutions. Dans le domaine de la sécurité, les forces de défense, tout comme les polices judiciaire et scientifique doivent faire face à de nouvelles formes de menaces, ce qui exige une redéfinition de leurs missions et une affectation conséquente des moyens financiers, matériels et humains en vue de l’accomplissement de ces missions. Pour ce qui est de la décentralisation, il va procéder à la mise en œuvre effective de celle-ci, à travers la régionalisation. Ainsi, les communes seront confrontées à de nouvelles compétences ou missions qui rendront nécessaire une révision des règles de péréquation fiscale en vue de l’affectation des ressources financières de l’État au profit de ces entités.
Constitution
La loi fondamentale sera modifiée pour y introduire un certain nombre de dispositions. Celles-ci seront : la limitation de mandats présidentiels à un an renouvelable une fois, une élection à deux tours, un rééquilibrage des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire ; « faire du Premier ministre le véritable chef du gouvernement» ; ou encore la création d’une langue nationale camerounaise. Cette réforme institutionnelle va également comporter « La prise en compte de la révision constitutionnelle instaurant le vote à 18 ans ; l’instauration du vote obligatoire au Cameroun».
Pas de sécession
Sur la crise anglophone, le Pr.Maurice Kamto propose la tenue d’un « dialogue ouvert et sincère pour régler en profondeur» la question. Pour se faire, nous mettrons en place un cadre de dialogue ouvert et sincère dans lequel devront s’exprimer tous les griefs et revendications de nos compatriotes anglophones et les impératifs de la construction d’une Nation unie, sachant que la sécession n’est pas une option ». Il embraye, « nos compatriotes anglophones devront y être représentés, notamment par leurs leaders légitimes, c’est-à-dire ceux en qui se reconnaissent les populations du Nord-ouest et du Sud-ouest ». Mais avant, le candidat propose une attitude de bonne foi qui va impliquer la mise en liberté sans condition des personnes incarcérées dans le cadre de cette crise anglophone, l’arrêt des poursuites, le retour des exilés et des réfugiés, la reconstruction des installations et édifices détruits lors de ce conflit fratricide. « En retour, nous exigerons un cessez-le-feu indispensable à la tenue sereine du dialogue national inclusif et sincère » averti Maurice Kamto.
Ifeli Amara, (stagiaire)
Politique sociale
Intimes connections avec les jeunes, les femmes et les personnes du 3e âge
L’universitaire porte un projet de société qui fait la part belle au social.
I-Education
Dans cette rubrique, Maurice Kamto préconise la réformation du système éducatif dès le cycle de l’éducation de base pour former une jeunesse éduquée et professionnelle. Il entend pour cela :
— exposer les jeunes élèves au raisonnement scientifique assermenté tôt : Au cycle secondaire, les élèves participeront à un projet technologique de leur niveau.
– pour le niveau supérieur, le candidat au siège présidentiel entend créer des universités qui répondent à l’impérieux besoin d’élever le niveau d’éducation et de formation dans l’ensemble du pays.
II— Santé
Selon Maurice Kamto, repenser le système sanitaire se fera au travers de trois objectifs : rendre les soins de santé de base accessibles et gratuits à tous, éradiquer les grandes endémies, faire du Cameroun un pôle d’excellence en soins de santé au moins dans certaines disciplines.
Les infrastructures sanitaires et leur gestion feront l’objet d’une redéfinition. Douala et Yaoundé seront dotées d’hôpitaux de référence de niveau international. En vue d’accomplir ces objectifs, la promotion de l’hygiène et de la salubrité sera parmi les premières actions de santé publique.
III— Droits des femmes
Le « women empowerment » sera placé au cœur des activités du MRC pour la promotion des droits des femmes. Elles sont d’ailleurs vues comme des agents précieux de transformation et de la nouvelle gouvernance. Le MRC entend dès lors :
– faire des femmes un des principaux leviers du changement, en les impliquant plus amplement dans la gestion de l’État et en confortant le rôle de socle humain de stabilisation de notre société ;
– mener une politique vigoureuse de scolarisation des jeunes camerounaises de toutes les régions du pays ;
– mettre en place une politique de promotion des activités de la femme;
– impulser le développement des micro-projets pour permettre l’accélération d’une répartition plus équitable, spécialement en milieu pauvre.
IV— Jeunesse, emploi et personnes âgées
La jeunesse est considérée comme le fer de lance d’une nation. Conscient de ce fait, le candidat du MRC mise sur :
– une mobilisation des efforts de la Nation pour redonner à cette jeunesse camerounaise, l’espoir d’un futur meilleur ;
– une lutte acharnée et déterminée contre le chômage ;
– la création d’un million d’emplois
– une action sur les secteurs et les entreprises qui offrent les meilleures potentialités d’emplois, à savoir les TPE, les PE, le tourisme, l’agriculture ;
– valorisation de certaines expériences en cours qui ont montré leur capacité à générer des emplois stables et rémunérateurs ;
– structuration du secteur informel pour le rendre progressivement formel;
– une meilleure protection de la propriété privée ;
– l’incitation à la connaissance du patrimoine culturel matériel et immatériel du pays à la faveur d’un inventaire exhaustif ;
– la création d’une Académie ou École Nationale de Musique (ANM) au niveau national, une Académie nationale camerounaise des sciences, des arts et de la culture (ANCSAC), une Bibliothèque des mondes noirs (BMN), et un musée national de niveau international ;
– au niveau régional, la création des maisons régionales de la culture et d’un musée régional ;
– la mise sur pied d’une véritable politique de développement des industries de la culture, du cinéma de niveau international, ainsi que la création des prix littéraires et artistiques de haut niveau ;
– la promotion du sport comme un facteur important pour la formation de la jeunesse;
– la construction des infrastructures sportives au niveau national, régional et communal ;
– pour le niveau national, il sera question de construire des infrastructures de niveau mondial, en nombre limité mais couvrant les principaux domaines sportifs dans lesquels le Cameroun affiche des performances de niveau mondial;
– la dotation de chaque chef-lieu de région d’un complexe sportif multidisciplinaire de haut niveau;
– la dotation progressive de chaque commune du Cameroun d’une plateforme sportive minimale comprenant un gymnase couvert et un terrain aménagé pour les sports en plein air.
Pour les personnes âgées, Maurice Kamto entend œuvrer à la recherche des solutions favorisant le maintien des personnes âgées dans leur milieu de vie, au sein de leur famille, sauf si elles n’en ont plus.
Jean René Meva’a Amougou
Politique économique
Le cœur de la bataille pour la renaissance
Maurice Kamto place les questions économiques au centre de son programme politique.
Le programme de gouvernement du candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun compte cinq chantiers : «institutionnel et politique», «jeunesse et éducation», «social et de solidarité», «relations extérieures», «économie et production». Mais Maurice Kamto estime que le dernier chantier est «le cœur de la bataille pour la modernisation du Cameroun». L’évaluation que l’agrégé des facultés françaises de droit fait de la situation économique actuelle explique pourquoi : «Notre modèle économique ne crée plus les emplois et les richesses suffisantes pour son développement, car il n’est pas assez productif. Ainsi, le pays vit à crédit et surcharge les générations futures du fardeau d’une dette qui ne cesse de grossir».
Pour sortir de cette trappe, l’avocat international veut faire du Cameroun le «Lion économique d’Afrique». Concrètement, il s’agira d’accroître la production et la productivité dans tous les secteurs (notamment l’agriculture, l’élevage, l’industrie) ; de porter la croissance à 6,5 deux ans après le début du mandat et atteindre une croissance à deux chiffres à la fin du septennat ; d’entrer dans le top 50 des pays qui facilitent le plus la pratique des affaires dans le monde (classement Doing Business de la Banque mondiale) ; d’être parmi les 10 premiers pays africains qui attirent le plus d’investissements directs étrangers (IDE) et de créer un million d’emplois sur la durée du mandat.
Financement
Pour atteindre ces objectifs, l’universitaire se propose d’articuler son action autour de quatre principaux domaines d’action: l’aménagement du territoire avec une allocation rationnelle des espaces et la création d’une ville du futur; le développement et la modernisation des infrastructures, «domaine dans lequel notre pays accuse un retard handicapant»; la modernisation et le développement de l’agriculture et de l’élevage; la construction et le développement de l’industrie (13 filières industrielles ont été identifiées).
Le tout reposera sur une offre énergétique abondante et sera accompagné d’une grande réforme fiscale (réduction de l’impôt sur les sociétés de 33 à 25%, simplification de l’impôt pour les petites entreprises…) et budgétaire ainsi qu’une industrie financière de niveau international (création d’un fonds d’investissement, érection de Douala en place financière du Cameroun).
«Un accent particulier sera mis sur l’aménagement du territoire. C’est le point de départ. C’est la boussole pour conduire les réformes structurelles dont le pays a besoin en sachant, grâce justement à la vision d’ensemble du territoire, à quel endroit chaque infrastructure sera établie», explique Maurice Kamto. En ce qui concerne les infrastructures, il est notamment question de construire, en un mandat, 2800 km de routes et 700 km d’autoroutes. Très loin des 1430 km de routes que le président sortant revendique avoir bitumé au cours du septennat finissant. Pour booster la production agricole, le candidat du MRC se propose de subventionner l’agriculture, de mettre en place le semencier national et de rendre disponible les intrants agricoles.
Stratégie
Pour réaliser le chantier «économie et production», l’Etat devra investir 1200 milliards de francs CFA en 7 ans. Les autres financements viendront des partenaires au développement (Banque mondiale, PNUD, AFD, Banque islamique de développement, Eximbank China, FED, DEG, autres organismes internationaux, …) et des partenaires privés (Banques commerciales et/ou d’affaires, investisseurs privés nationaux et internationaux…).
Il manque néanmoins au programme de Maurice Kamto un chronogramme d’activité qui aurait permis de mieux apprécier sa dynamique de mise en œuvre. Cette limite est d’ailleurs commune à tous les candidats. Autre chose, alors que le candidat du MRC prétend que le chantier «économie et la production» est le cœur de la bataille pour la modernisation du Cameroun, il ne lui alloue que 21,38% des ressources, loin derrière le social (70,47%). «Savez-vous que dans notre pays, il y a encore des gens qui boivent dans les mêmes mares d’eau que des bêtes ? Il y a un gap important à rattraper au niveau social», se justifie-t-il.
Aboudi Ottou
Politique étrangère et intégration régionale
La géopolitique de l’affirmation
Le candidat du MRC veut positionner le Cameroun à l’international par l’affirmation de l’identité et l’exercice du leadership en Afrique.
« Nous ambitionnons de redonner au Cameroun sa place dans le concert des nations et le positionner pour une diplomatie économique ». Telle est l’ambition du candidat Maurice Kamto dans le contrat politique qu’il soumet aux électeurs. Sa proposition de politique étrangère est construite autour de 3 piliers : la consolidation des acquis en termes de relations diplomatiques diversifiées, l’établissement de nouveaux partenariats et l’autosuffisance internationale à travers « l’autoprotection ».
Coopération
Avec Kamto à Etoudi, le Cameroun et ses partenaires vont s’inscrire dans une logique de coopération thématique. Il s’agit pour lui de procéder à une spécialisation des relations entre le Cameroun et ses partenaires. Cette approche fonctionnelle sera la promotion d’une « coopération économique, technologique et culturelle au service de l’intérêt national ». « Je voudrais être le maitre de mon calendrier international. C’est au partenaire du Cameroun de s’intégrer à notre politique et non au Cameroun de s’adapter au profil de ses partenaires», explique l’agrégé des facultés françaises de droit au cours d’une émission sur la chaîne Équinoxe. Le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) compte à cet effet sur le pouvoir de trait d’union de la diaspora pour à la fois diversifier, accroitre et spécialiser la coopération thématique. L’avocat international envisage mettre tout ceci sous le prisme d’une diplomatie d’influence.
Diplomatie
Maurice Kamto veut « rompre avec une diplomatie attentiste de la représentation du monarque ». Il veut pour ce fait actionner 2 facteurs : la promotion permanente de l’image du pays à travers le bilinguisme, la culture (industrie culturelle), le sport et la diaspora d’une part puis la présence effective et la densification de la position du Cameroun sur les sujets régionaux, continentaux et internationaux. Maurice Kamto se propose de « mettre en place une diplomatie culturelle de présence, d’affirmation et de rayonnement » qui va faire du Cameroun une destination internationale pour le tourisme, les rencontres internationales… Il veut faire de la diplomatie « un marqueur de la conquête à travers la conquête et la recherche technologique, industrielle et commerciale ». Cette diplomatie devra s’exercer par la présence régulière.
Intégration régionale
D’emblée, il faut reconnaitre en Maurice Kamto des accents de Barthélemy Boganda, le Centrafricain et de Jean Monnet de la Ceca (Commission économique du Charbon et de l’Acier). Pour le candidat du MRC, l’intégration régionale est le seul moyen pour l’Afrique de construire son développement et sa géopolitique (régionale et internationale). À l’en croire, il faut du leadership et de la vision en Afrique centrale à l’initiative de Yaoundé. Sa solution est de réussir l’interconnexion régionale pour intensifier la mobilité des facteurs. Pour ce faire, il propose la constitution des États-Unis d’Afrique centrale (EUAC) comme Boganda en 1958. Ce premier palier est une rampe de lancement pour s’insérer dans la communauté économique africaine du traité d’Abuja. Ceci au travers d’une connexion au réseau de train à grande vitesse pour interconnecter les déférentes régions d’Afrique.
Questionnements
La diplomatie sous Kamto demeure sous l’apanage du président de la République, chef de la diplomatie. Son projet d’intégration se heurte structurellement au plan d’action de Lagos, au traité d’Abuja et à l’agenda 2063 qui consacrent le phasage de l’intégration économique et les 8 communautés économiques régionales. De plus, le processus de rationalisation en Afrique centrale et de réforme de l’Union africaine vont consacrer un nouveau maillage institutionnel de construction des projets intégrateurs. Et bien sûr, Pacta sunt servanda !
Les problématiques pesantes telles que la réforme du conseil de sécurité de l’Onu et de l’OMC, la relation avec la Chine ou encore la sécurité collective (panafricaine) n’apparaissent pas dans le programme du candidat.
Zacharie Roger Mbarga
Porté à bout de bras par Ni John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front, l’homme d’affaires rêve de réussir où son mentor bute depuis plus de 25 ans. Mais sa proximité supposée avec les arcanes du pouvoir est un véritable boulet.
Il veut faire d’un coup d’essai un coup de maître. Joshua Osih, candidat élu du Social Democratic Front (SDF) au scrutin présidentiel du 7 octobre prochain caresse le rêve de récompenser 26 ans de lutte du « parti de la balance». Après une vingtaine d’années à jouer les seconds rôles derrière le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir, le SDF est aujourd’hui affaibli. Il ne compte que 18 députés à l’Assemblée nationale, 07 sénateurs à la chambre haute du Parlement, 826 conseillers municipaux ; pour un total de 851 représentants au niveau local. Soit un taux de représentation de 10 % selon les experts.
En choisissant, en février 2018, un jeune loup en lieu et place du vieux renard, Ni John Fru Ndi, pour la course à la magistrature suprême, le SDF ne rêve pas seulement d’un rajeunissement par l’image, mais également d’une renaissance sur l’échiquier politique.
Le « Suisse »
Âgé de 50 ans (il est né le 9 décembre 1968), Joshua Osih est jeune, au sens des réalités sociales du Cameroun. Il représente donc pour beaucoup ce désir de renouvellement de la classe politique. Ambitieux, il l’est également. Né à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, Joshua Nambangi Osih se présente lui-même comme « le fils d’un révérend pasteur de Madie Ngolo dans le département du Ndian, et d’une mère d’origine suisse ». Ce double héritage, Joshua le revendique : « [cela] m’a appris très tôt à accepter la différence, être tolérant et m’a ouvert les yeux sur les réalités internationales», déclare-t-il.
Pourtant, l’homme a longtemps été taclé sur ce double héritage. S’appuyant sur la législation camerounaise (qui ne reconnait pas la double nationalité), certains ont même parié que Joshua Osih sera disqualifié de la course à la présidence de la République. « Je vis au Cameroun. Ma nationalité est camerounaise. Mon passeport est camerounais. J’ai deux passeports dont l’un est de service. Je paie mes impôts au Cameroun et je suis député de la nation», se défend-il encore sur un plateau de télévision ce mardi 21 août. « Je n’ai pas de passeport suisse », tranche-t-il finalement.
Le candidat à la présidentielle défend sa « camerounité » bec et ongle, lui qui se voit déjà vainqueur au soir du 7 octobre 2018. Là où ses concurrents parlent avec prudence, Joshua Osih ne se fait aucune illusion sur l’issue du scrutin et utilise presque comme une allitération le « dès le 8 octobre je ferai…». Au sein du SDF, on reconnait volontiers que le premier vice-président est un homme ambitieux.
Ascension
Il s’engage dans cette formation politique dès sa création en 1991. Il apparait dès lors comme l’un des premiers soutiens de celui qui devient plus tard l’opposant historique. Malgré la défaite, toujours non reconnue par le SDF, à la présidentielle de 1992, Joshua Osih reste militant. Dans son Ndian natal, il œuvre à implanter le parti avec un certain succès. Le RDPC recule dans un de ses bastions. Ce qui lui vaudra une récompense de la hiérarchie du parti.
Après un mandat bref comme conseiller municipal à la commune rurale de Toko, non loin de Kumba, Joshua trouve le Sud-ouest trop étroit pour ses ambitions. Il décide de faire de Douala, la grande métropole économique où il a ses entreprises, sa base politique. « Au sein du parti, je suis passé de militant et assistant administratif après avoir rejoint le parti en 1991 à délégué régional dans ce qui s’appelait encore la province du Sud-ouest, pour être élu au poste de 2e vice-président national à la convention de 2006 et 1er vice-président national lors des conventions de 2012 et 2018. En 2013, les populations du Wouri-centre (arrondissements de Douala 1er et Douala 6e) m’ont élu comme leur représentant à l’Assemblée nationale du Cameroun », affiche-t-il dans sa biographie officielle.
Fils politique
Dans le parti, il se murmure, à souhait et à loisir, que la fortune de Joshua n’est pas étrangère à cette ascension. Néanmoins, on lui reconnait également une grande intelligence, un amour pour le travail, mais davantage de bénéficier d’une attention particulière de la part du président national Ni John FruNdi. « Joshua est le fils politique du chairman. Le président a de nombreux enfants qu’il a formés ; mais vous savez, tous les parents ont des préférences parmi leurs enfants », commente un militant du SDF. Cette préférence pour son jeune cadre se manifeste, une fois de plus, après le scrutin législatif de septembre 2013. Joshua Osih, à sa première expérience comme député, est choisi par le chairman pour occuper le poste de vice-président de la Commission des finances et du budget à l’Assemblée nationale. Et ceci au détriment de Simon Fobi Nchinda, cador du parti, jusque-là titulaire du poste.
En février, ces deux hommes s’affrontent pour l’investiture du candidat du SDF à la présidentielle. Au cours de cette primaire, le chairman est officiellement neutre, mais l’un de ses fils est le directeur de campagne de Joshua. Pour de nombreux observateurs, le député est devenu « un candidat sous tutelle ».
Avant d’arriver à être le deuxième candidat du SDF à une élection présidentielle, l’ancien élève du lycée bilingue de Yaoundé, au quartier Essos, dit avoir été obligé de quitter le Cameroun à cause de ses « fortes opinions politiques au lendemain de l’élection présidentielle de 1992 ». Mais l’homme revient quelques années plus tard, plus déterminé que jamais.
Et comme quasiment tous les candidats à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, qui battent campagne sur le thème de la rupture, Joshua Osih vante son « courage politique à s’attaquer au symbole ». « Il ne faut pas avoir peur de toucher aux symboles », clame-t-il. Au rang de ces symboles, l’entrepreneur veut « dès le 8 octobre » dissoudre la prestigieuse École nationale d’administration et de magistrature (Enam), réformer le franc CFA afin d’« établir la souveraineté monétaire » du Cameroun, ou déplacer la capitale régionale du Centre.
Boulets
Mais, problème : Joshua Osih est au goût de certains un peu trop audacieux. Nombre de ses compatriotes sont en effet sceptiques sur le réalisme du programme politique avec lequel il conduit le SDF à cette présidentielle. Le candidat du SDF a, par ailleurs, du mal à convaincre une partie de l’opinion de la sincérité de sa démarche. Elle qui pointe sa trop grande proximité avec les réseaux d’Etoudi. La société de maintenance aéronautique qu’il a montée à Douala après avoir été agent des opérations à la Lufthansa (compagnie aérienne allemande) est, par exemple, soupçonnée d’offrir ses services au président de la République sortant. Sur un plateau de la télévision Équinoxe, Joshua avoue à demi-mot : oui, il gère une société qui fait dans la maintenance des aéronefs. Mais, ajoute-t-il, quand des avions viennent, il ne s’occupe pas de leur provenance. Il s’est trouvé, reconnait le chef d’entreprise, que certains avions dont il a eu en charge la maintenance ont servi aux déplacements du chef de l’État.
Toutefois, ce passionné d’aviation dit ne jamais avoir bénéficié de la commande publique. Il rejette aussi une quelconque proximité avec la famille présidentielle. Mais, en même temps, revendique des liens étroits avec les premiers enfants de Chantal Biya, épouse du chef de l’État.
Aboudi Ottou et Ifeli Amara (stagiaire)
Intégration N° 336
Bio-Express
Nom : Joshua Nambangi Osih
Age : 50 ans
Expérience : Il commence sa carrière en 1988 à Douala à l’âge de 20 ans comme agent des opérations à Lufthansa German Airlines. En 1994, il fait escale chez Trans World Airlines Inc à Genève avant de rejoindre un an plus tard le géant Swissair/Swissport. En 1998, il crée l’entreprise Africain Travel management au Cameroun. En 2002, il crée Camport PLC, représentant exclusif de la multinationale Swissport.
Niveau académique : Titulaire d’un MBA (Master en Business Administration)
Situation matrimoniale : marié et père de trois enfants.
Trait particulier : parle couramment français, anglais et allemand
Réformes institutionnelles
Une République réinventée
Supprimer l’Enam, délocaliser la capitale régionale du Centre, passer à un État fédéral… Autant de chantiers institutionnels contenus dans le programme que compte mettre en œuvre le candidat du SDF.
« Je suis convaincu, comme la majorité des Camerounais aujourd’hui, que notre diversité nous impose un État de forme fédérale, avec une préférence pour 10 États fédérés dans le contour des régions actuelles ». Joshua Osih reprend une des ambitions contenues dans le manifeste du SDF depuis 1992. Le sujet est d’autant plus actuel que la crise anglophone a imposé un débat sur la forme de l’État. Depuis, chaque candidat y va de sa proposition.
À cette réforme constitutionnelle, le député SDF propose « un régime présidentiel au niveau fédéral et parlementaire dans les États fédérés, avec des gouverneurs élus. Le président de la République sera assisté d’un vice-président élu sur le même ticket». Avec cet attelage calqué sur le modèle américain, le candidat pense « garantir un rééquilibrage des pouvoirs en renforçant l’indépendance de la Justice et le rôle du Parlement en matière du contrôle de l’exécutif ». Cette réforme va permettre de maintenir, au niveau du gouvernement fédéral, les secteurs de souveraineté ainsi que les secteurs d’importance nationale tels que l’enseignement supérieur, le curriculum scolaire, les ressources naturelles, la diplomatie, l’armée, la sécurité nationale, la monnaie, etc., le reste revenant aux états fédérés. Yaoundé sera la capitale fédérale et la capitale du Centre sera délocalisée dans une autre ville de la région.
20 ministères
Le Parlement pourra ainsi exercer « l’impeachment » sur le président de la République. Le gouvernement soumettra au Parlement les projets de nominations des hauts cadres de la République. « Je supprimerai le Sénat, le Conseil économique et social de même que toutes les chambres et les organismes budgétivores et inefficaces. J’élaborerai un statut officiel de l’opposition et introduirai un certain nombre de réformes constitutionnelles et institutionnelles», propose Joshua Osih.
Les institutions citées supra ne seront pas les seules à disparaître du paysage républicain. Le SDF va supprimer celle de délégué du gouvernement ainsi que toute référence ethnique ou régionale dans les documents d’état civil et administratif. L’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) va également en prendre pour son grade. L’Enam sera supprimée et ses filières intégrées dans les facultés au sein des universités. L’administration pourra dès lors trouver du personnel formé auprès des universités. Réduire la taille du gouvernement à un maximum de 20 départements est également un des chantiers du candidat.
Article 66
Les autres chantiers institutionnels concernent Elecam qui va être transformée en « une commission électorale indépendante chargée de la gestion du processus électoral et de l’agrément des partis politiques. Les membres de la commission électorale indépendante seront désignés de manière paritaire par la société civile, les partis politiques et l’administration ». Le mandat présidentiel sera de 5 ans renouvelables une fois et le processus électoral va comporter un scrutin présidentiel à 2 tours, un bulletin unique et la mise en place d’une commission électorale véritablement indépendante.
Il s’agira par ailleurs de mettre en place une Haute autorité pour la bonne gouvernance et la transparence chargée entre autres, de l’application de l’article 66 de la constitution, relative à la déclaration des biens, de créer une Assemblée de chefs traditionnels…
Ifeli Amara, (stagiaire)
Politique sociale
De plein fouet dans le social
Concrètement, le candidat du Social Democratic Front (SDF) dit s’en tenir à « un programme d’action, à des idées concrètes, ce que les gens attendent d’un président en exercice. Une société qui recrée de l’espoir, des perspectives à partir de certaines mesures »
Comme un préambule, les mots sont écrits sur sa plate-forme (www.osih2018.com): « Mon contrat avec la Nation, Bâtir un Cameroun nouveau par la force de la volonté, le devoir d’agir et l’innovation ! » Sur le plan social, le projet politique de Josuah Osih intègre plusieurs thématiques : emploi, éducation, santé, habitat, genre.
I-Emploi
« Dès mon élection, je prendrai un certain nombre de mesures pour relancer l’emploi, surtout l’emploi jeune ainsi que le pouvoir d’achat des Camerounais ». Il s’agit, dit le présidentiable, de mettre en place une double stratégie : renforcer la compétitivité et rétablir la confiance des investisseurs afin de stimuler la demande de main-d’œuvre, encourager les entreprises à engager de nouveaux travailleurs, souvent inexpérimentés. Cela, pense-t-il, passe par l’introduction des mesures incitatives pour promouvoir la création de places d’apprentissages professionnels dans les entreprises.
II— Éducation
Josuah Osih pense que le système éducatif doit fournir les compétences professionnelles et personnelles nécessaires pour démarrer une carrière ; y compris une formation professionnelle plus adaptée aux besoins du marché du travail et promouvoir un esprit d’entreprise.
Pour cela, il promet d’investir 200 milliards de FCFA supplémentaires par an dans l’éducation et ceci, dès notre deuxième année, afin de financer notre programme très ambitieux pour l’éducation. Le candidat du SDF annonce aussi des gains budgétaires assez importants en introduisant le programme Éducation 2.0 qui consacre la dématérialisation du système éducatif, ainsi qu’en réorganisant l’éducation pour répondre aux impératifs du fédéralisme.
III— Santé et sécurité sociale
Dans ce domaine, Josuah Osih promet, entre autres, l’introduction de l’assurance maladie universelle ainsi que les gains occasionnés par l’organisation fédérale de l’État ; un meilleur contrôle de la commande publique en matière de médicaments et la promotion de la production des médicaments génériques au Cameroun, la dotation du secteur santé d’environ 10 % du budget représentant 400 milliards. L’Assurance maladie universelle de base coûtera environ FCFA 25 milliards par an lors de son lancement pour se stabiliser autour de FCFA 250 milliards par an à la fin du septennat en prenant en compte l’augmentation de la prime de l’ordre de 5 % par an pour parvenir à une efficacité optimale.
IV— Habitat
Josuah Oshi s’engage, dès son élection, à développer les logements sains, sûrs et abordables ; développer une urbanisation inclusive et durable avec des espaces verts et des aires de jeux dans toutes nos communes ; donner accès à des espaces verts sûrs et disponibles ; promouvoir un système de transit urbain abordable et efficace ; encourager l’assemblage des équipements de transit urbain au Cameroun ; promouvoir l’utilisation des matériaux locaux : mettre en place une véritable politique des logements sociaux en milieu rural et urbain : amener les communes à développer des plans d’occupation des sols, afin de freiner l’expansion horizontale des villes ; mettre sur pied une Banque de l’Habitat pour faciliter l’octroi du crédit à tous les travailleurs de tous les secteurs en début de carrière pour s’offrir un logement, en fonction de leur statut ; s’assurer que tous les Camerounais ont accès aux toilettes convenables et modernes ; donner le monopole de la production et de la distribution de l’eau aux communes.
Jean René Meva’a Amougou
Politique économique
Priorité à l’amélioration des conditions de vie
Pouvoir d’achat, emploi et entrepreneuriat jeune, accès aux services sociaux de base… tels sont les chantiers que Joshua Osih promet d’entreprendre dès les premiers jours de son accession au pouvoir.
Il suffit de lire le programme de Joshua Osih pour savoir qu’il est le candidat du Social Democratic Front (SDF). Il se dégage en effet des propositions du député du Wouri Centre une forte envie de réduire les inégalités sociales. «Mon premier chantier sera de donner l’occasion à chaque Camerounais de voir sa situation changer », indique-t-il avant d’expliquer : « il s’agira pour le gouvernement de se pencher, dès son installation, sur les préoccupations fondamentales des populations, notamment l’absence d’emploi décent». Et de préciser : « En attendant la relance globale de notre économie qui fait l’objet de mon programme économique, dès mon élection je prendrai un certain nombre de mesures pour relancer l’emploi, surtout l’emploi jeune ainsi que le pouvoir d’achat des Camerounais ». Arrêtons-nous sur les plus emblématiques.
Rêves
Pour revaloriser le pouvoir d’achat, Joshua Osih prévoit l’institution d’un salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) en lieu et place du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) et de le faire passer de 36 270 à 160 000 francs CFA sur 5 ans. Les salaires des fonctionnaires seront doublés sur la même période. Il envisage également de faciliter l’accès aux soins de santé, en mettant en place une assurance maladie universelle (AMU). Elle débutera par un investissement annuel de base de 25 milliards et devrait coûter 250 milliards à l’État dès la septième année du mandat. Il est par ailleurs question de rendre l’école gratuite et obligatoire jusqu’à la fin du premier cycle du secondaire. Décision dont l’impact budgétaire n’a pas été évalué.
Afin de relancer l’emploi décent, le candidat se propose de mettre en place un nouveau code du travail « pour mettre fin aux injustices contre les travailleurs », d’investir annuellement dès la 2e année, 10 milliards par région dans un plan pour l’emploi décent, de réserver 35 % des postes de responsabilité dans les entreprises et administrations publiques aux personnes âgées d’au plus 35 ans, d’insérer les instituteurs vacataires et infirmiers dans la Fonction publique. Il est aussi question de promouvoir l’entrepreneuriat jeune en facilitant l’accès à la propriété foncière par une réforme de la législation, en obligeant les établissements de crédit à octroyer au moins 10 % des crédits d’investissements aux jeunes de moins de 30 ans et/ou aux entreprises dont 51 % de l’actionnariat est détenu par des jeunes (le mode opératoir n’a pas été expliqué), en mettant en place un plan de révolution numérique et un fond doté chaque année de 50 milliards pour garantir les prêts des entreprises promues par des jeunes.
Craintes
Le candidat du SDF promet de réaliser son programme sur la base du cadrage budgétaire actuel. Il mise sur les économies et les réallocations budgétaires. Promesse est d’ailleurs faite de maintenir le déficit public sous la barre des 3 % durant tout le septennat. Mais beaucoup restent sceptiques. Surtout que Joshua Osih a pris d’autres engagements importants notamment en termes de construction des infrastructures de transport.
Dans une économie extravertie comme celle du Cameroun
(1 089,5 milliards de francs CFA de déficit commercial en 2017), il est par ailleurs à craindre que le relèvement du revenu des ménages ne grève davantage le déficit. Un tel scénario aurait un effet négatif sur les réserves de change et pourrait aggraver la crise économique qui a poussé le pays à conclure un programme d’ajustement avec le Fonds monétaire international en juin 2017. « C’est pour cela que nous mettrons en place une loi d’orientation sur le contenu local, et l’imposerons dès la première année, dans la commande publique », répond le député SDF. Son pari est de relancer l’investissement national en boostant la consommation. Mais déjà certains chefs d’entreprise redoutent que l’augmentation du SMIC à 160 mille francs CFA ne renchérisse les charges salariales, obérant ainsi la compétitivité des produits et services locaux.
Aboudi Ottou
Politique étrangère et intégration régionale
La diplomatie pluraliste
L’expansion et la conquête internationales de Joshua Osih seront nourries par une promotion matérielle et une multiplication de la représentation bilatérale.
« Un esprit de conquête nouveau pour un Cameroun fort et rayonnant » voilà l’ambition de la politique étrangère du candidat du Social Democratic Front (SDF). Foncièrement social-libéral, membre de l’international socialiste, les piliers de sa politique étrangère sont : l’inclusion, la diversification et l’affirmation. Le remplaçant du chairman souhaite valoriser les atouts matériels du Cameroun pour intensifier la visibilité et l’attractivité.
Panafricaniste d’éducation, il aspire à une confédération africaine incarnée par une unité politique forte, puissante et prospère. « Pour y arriver, notre génération a l’impératif devoir de faire renaitre l’Afrique à travers l’union de ses enfants » juge le candidat.
Diplomatie
La diplomatie de Joshua Osih est sous le régime de l’influence à travers les frontières terrestres, l’élargissement de la carte diplomatique et la permanence de la promotion de l’image du Cameroun.
Le candidat veut animer les frontières terrestres du Cameroun comme des hubs concentriques économiques et culturels. C’est un moyen d’aménagement des villes frontières, de captation des valeurs des pays voisins, mais aussi une stratégie pour formaliser les échanges transfrontaliers. Cela passe par la création d’un statut spécial des frontaliers pour permettre plus de fluidité dans le commerce transfrontalier.
Pour impulser un leadership de présence internationale, Joshua Osih veut densifier l’infrastructure diplomatique. Il entend ouvrir 37 nouvelles représentations diplomatiques dont 19 en Afrique, 5 en Europe, 2 au Moyen-Orient, 8 en Asie et Océanie et 3 aux Amériques. Pour promouvoir la destination Cameroun, le candidat souhaite développer des Maisons du Cameroun dans le monde, avec un rôle de foyer d’accueil, de représentation commerciale et touristique, de centre culturel et d’agence diplomatique. Le clou de ce branding est la candidature du Cameroun pour la co-organisation avec d’autres pays d’Afrique subsaharienne de la coupe du monde 2030.
Intégration régionale
En matière d’intégration, Joshua Osih est un opportuniste. Pour lui, l’intégration régionale est au service de la compétitivité des créateurs de richesse et la prolifération des services. C’est à ce titre qu’il veut densifier l’intégration dans la Cemac. Il veut conclure un accord de partenariat économique avec le Nigéria.
Pour intensifier la mobilité et générer une conscience communautaire portée par les jeunes, Joshua va motiver la mise en place d’un programme de mobilité universitaire, en suivant le modèle ERASMUS de l’UE, qui va permettre l’échange d’étudiants et de jeunes des pays membres. Le candidat du SDF veut capitaliser sur la coopération régionale afin d’ élargir la représentation diplomatique par la méthode du « Foreign Interest Sections » permettant à certains États de la CEEAC de pallier à l’absence de leurs homologues de la région, en assurant la fonction de protection.
Diaspora
La diaspora est un pont économique et diplomatique avec leur pays de résidence. C’est aussi une force d’investissement et un atout technologique et humain. À cet effet, Osih veut un statut de la diaspora encadré par l’ouverture d’un fichier national et un registre du statut civil de la diaspora pour faciliter leur suivi, une agence nationale de la diaspora, des représentants de la diaspora au Parlement dans le but de garantir leur participation à la vie politique. Pour attirer l’épargne de la diaspora, Osih veut engager la négociation pour la réduction des coûts d’envoi d’argent de l’étranger vers le Cameroun.
Questionnements
Pour une région comme la CEEAC, le visa unique regorge de nombreux atouts dont l’attractivité touristique et le suivi à l’étranger des ressortissants par l’enregistrement. La zone continentale de libre – échange de l’union africaine garantit déjà un mécanisme préférentiel d’échange avec le Nigéria. La pertinence d’un accord de partenariat économique parait davantage comme un double emploi.
Zacharie Roger Mbarga
Une bonne partie de l’électorat convoqué aux urnes le 7 octobre, n’a connu que lui. Pourtant, à 85 ans dont bientôt 36 passés à la tête de l’État, le président sortant tente de convaincre qu’il incarne toujours l’avenir.
« Highlander… » Voilà le surnom donné au président de la République du Cameroun par l’humoriste franco-nigérien Mamane, pour moquer sa longévité au pouvoir. Il s’agit du titre d’une série télévisée. Diffusée pour la première fois dans les années 90, elle met en scène un immortel de 400 ans affichant une fraicheur de jeunesse… Sauf que dans la vraie vie, le temps qui passe laisse des marques. Même chez Paul Biya, choyé par près de 56 années passées sous les lambris dorés des résidences cossues de la République, elles sont de plus en plus visibles.
« Si l’allure et la mise relèvent toujours du plus grand soin, le maquillage ne suffit plus à masquer les aspérités : sous le menton, la peau flétrit et ça se voit ; les traits du visage, sous l’effet des loupes des caméras, trahissent les outrages du temps. M. Paul Biya accuse le poids de l’âge et de la charge», peignait, feu Richard Touna, dans un numéro de Repères paru au lendemain de l’adresse de Paul Biya à la jeunesse le 10 février 2007. Le locataire d’Etoudi avait alors 74 ans. Aujourd’hui, il en a 85, dont bientôt 36 passés à la tête de l’État.
Le Biya « in »
« Paul Biya a une vision, son âge n’importe pas », tente pourtant de polir le ministre Jacques Fame Ndongo, l’un des thuriféraires du président. En réalité, la question de l’âge est une préoccupation pour le président et ses communicants. On peut d’ailleurs le voir dans tout le mal que se donne l’homme de 85 ans pour paraitre « in», « branché », « arrimé à la modernité », pour reprendre la terminologie de Michel Roger Emvana, l’un des portraitistes de Biya. L’utilisation de Twitter pour annoncer sa candidature participe d’ailleurs de cette stratégie. Le ministre de l’Enseignement supérieur lui-même l’avoue : « le président Paul Biya est un président moderne, voire futuriste. C’est la raison pour laquelle il a choisi cette voie de plus en plus utilisée par les grands de ce monde ». C’est dans la même logique qu’il faut ranger les fameux « Vous les avez mis dans la sauce » ou encore « vous leur avez fait ça cadeau » prononcés par Paul Biya en début 2017 en recevant les Lions indomptables vainqueurs de la Coupe d’Afrique des Nations de football pour la cinquième fois.
Le problème de fond : le chef de l’État sortant a 85 ans alors que ses concitoyens sont pour l’essentiel jeunes. Selon le dernier recensement général de la population, 75 % des Camerounais ont moins de 25 ans. L’âge médian est de 18 ans chez les femmes et 17 ans chez les hommes. Les personnes âgées de plus de 65 ans ne représentent que 3,5 % de la population. Par conséquent, une bonne partie du corps électoral convoqué le 07 octobre prochain pour élire le président de la République est de « la génération androïde» et écoute la musique urbaine alors que le président candidat est plutôt dans le classique.
L’opération séduction de la jeunesse touche aussi l’action publique. À deux ans de la fin de son mandat, Paul Biya a mis sur pied deux initiatives en direction de cette couche de la population : un plan triennal spécial jeune et le programme de don des ordinateurs aux étudiants. Mis en œuvre depuis 2017, la première vise à faciliter et accélérer l’insertion économique des jeunes et la seconde à doter chaque étudiant d’un ordinateur.
Le vrai Biya
« Chers compatriotes du Cameroun et de la diaspora, conscient des défis que nous devons ensemble relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère, j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants », indique Paul Biya dans le tweet annonçant sa candidature. Mais que va-t-il proposer exactement pour relever ces défis, après environ 36 ans de magistrature suprême ? Au RDPC, son parti politique, on demande d’attendre la profession de foi du candidat. Mais ici devrait s’arrêter le Biya «in ». À en croire, Michel Roger Emvana, auteur de « Paul Biya. Les secrets du pouvoir » publié en 2005 aux éditions Karthala, bien que l’ancien étudiant en Sciences Politique à Paris «sait s’adapter au temps ». De fait, « le président Biya ne varie pas de stratégies et de techniques de gouvernance». Il devra donc rester un « président complexe que le peuple voit plus qu’il entend », un président qui « gouverne avec une cagoule » et qui « n’est pas celui qu’il parait être ».
En le reconduisant à la tête du Pays pour un septième mandat, les Camerounais ne devraient pas s’attendre à un changement majeur dans la vision de l’homme. Malgré les morts qui tombent chaque jour dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, le pays devrait demeurer un État unitaire décentralisé d’inspiration jacobine. « Au RDPC, nous estimons que l’État unitaire et décentralisé n’est pas négociable. Nous avons connu le fédéralisme et y avons renoncé, ne revenons pas en arrière et ne permettons pas aux sécessionnistes, qui sont une infime minorité, de prendre en otage le peuple anglophone», soutient Jaques Fame Ndongo. Le membre du bureau politique et secrétaire à la communication du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) répond à la question de Jeune Afrique, édition du 15 au 21 juillet 2018. En effet, l’hebdomadaire panafricain souhaite savoir s’il faut « plus de régionalisme ou passer au fédéralisme ? » « La forme de l’État est non négociable », n’a d’ailleurs cessé de rappeler le président sortant lui-même. De sources sécuritaires, l’ancien séminariste s’apprêterait même à corser les hostilités dans la zone anglophone. Le personnel militaire en stage à l’étranger aurait été prié de regagner le pays et de se préparer au combat.
Une chose parait cependant probable, c’est la mise en place des régions. Un indice de leur éminence est contenu dans la circulaire relative à la préparation du budget de l’État 2019. « En matière de gouvernance et de gestion stratégique, les efforts déjà engagés devront être renforcés. À ce titre, l’assainissement et la maîtrise des finances publiques en cours devront être poursuivis, à travers (…) la prise en compte des plans communaux et régionaux de développement », peut-on lire dans ce document signé le 20 juin 2018 par le président de la République.
Échec
« Je souhaite que l’on retienne de moi l’image de celui qui a apporté la démocratie et la prospérité au Cameroun », confie Paul Biya au journaliste Yves Mourousi de RMC en 1990. « Le Cameroun étant un pays démocratiquement référencié, les défis actuels du président, s’il est réélu, sont d’ordres économiques », évalue Michel Roger Emvana. « Il faut aboutir à une embellie économique et une amélioration du niveau de vie des Camerounais», estime l’ancien journaliste. La prospérité est en effet la chose la moins partagée en cette fin de mandat. Le nombre de pauvres a augmenté. Selon la dernière enquête de l’Institut national de la statistique auprès des ménages, de 6,2 millions en 2001, le nombre de Camerounais qui vivent en deçà du seuil de pauvreté monétaire (fixé à 339 715 francs CFA par an, soit 931 francs CFA par jour) a bondi à 8,1 millions en 2014.
De nombreux projets d’infrastructures ont certes été réalisés au cours de ce septennat dit « des grandes réalisations », mais l’économie est sortie de sa trajectoire de référence tracée en 2009 en vue d’attendre l’émergence à l’horizon 2035. Selon le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), boussole de l’économie sur 10 ans, le Cameroun aurait dû réaliser « une croissance économique soutenue de 5,5 % en moyenne entre 2010 et 2019 ». Or, entre 2010 et 2014, ce taux de croissance moyen annuel s’est situé autour de 4,7 %. Pour rattraper le retard, la Banque mondiale estime depuis que le PIB devra croitre de 8 % chaque année jusqu’à 2035. Pari que le gouvernement peine à tenir. Empêtré dans une crise de devises due au double choc pétrolier et sécuritaire, le taux de croissance est même tombé à 3,2 % en 2017 et le Cameroun est à nouveau sous-programme avec le Fonds monétaire international. À cette allure, un seul mandat de plus ne pourra suffire pour que Paul Biya réalise son ambition.
Aboudi Ottou, Intégration N° 330
Bio-Express
Nom : Paul Biya
Age : 85 ans (né le 13 février 1933 à Mvomeka’a, dans le sud Cameroun)
Formation : chargé de mission à la présidence de la République ; directeur de cabinet du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Culture ; secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Culture ; directeur du cabinet civil du président de la République ; secrétaire général de la présidence de la République ; Premier ministre ; président de la République depuis le 06 novembre 1982.
Publications : Paul Biya est l’auteur d’un essai politique intitulé « Pour le Libéralisme communautaire », éditions Marcel Fabre, Lausanne 1987.
Niveau académique : licence en droit public.
Vie conjugale : marié en seconde noce à Chantal Pulchérie Biya. Père de trois enfants (Franck Biya, Paul Biya Junior et Anastasie Brenda Biya Eyenga)
Réformes institutionnelles
Poursuivre la mise en place des institutions
Dans le domaine des institutions, Paul Biya va pour consolider les acquis. Après 36 ans, le chantre du Renouveau n’envisage pas un changement de cap.
Dans le domaine des institutions, Paul Biya ne compte pas apporter des changements majeurs. Deux des dix points de son programme sont consacrés à la consolidation de la paix et à la sauvegarde de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale. Dans ce chapitre, Paul Biya affirme que sa candidature est: «l’affirmation de l’unité nationale dans la diversité ». Pour y arriver, le candidat président s’engage à « assurer la mise en œuvre continue de la décentralisation, à promouvoir davantage la connaissance et le respect des emblèmes nationaux, à continuer à garantir la diversité culturelle, ethnique, linguistique et confessionnelle dans le respect de l’unité nationale ». À cela, il ajoute « la prise en compte des équilibres fondamentaux de notre unité nationale et à continuer à protéger jalousement nos frontières nationales et à les préserver».
« La paix est le premier terme de la devise de notre pays. C’est aussi l’un de nos principaux défis. Face aux menaces récurrentes qui pèsent sur la paix, nous devons tout faire pour la préserver ». Et le président candidat a son idée pour assurer cet idéal. Voici ce qu’il professe : «je m’engage à maintenir la paix sur l’ensemble du territoire national ; je m’engage à assurer la liberté de mouvement à chacune et à chacun sur toute l’étendue du territoire national ; je m’engage à faire de la paix une des valeurs de notre identité nationale ; je m’engage à consolider la paix dans les cœurs et dans les esprits en créant les conditions de développement de la culture de la paix à l’école et dans les familles ».
Il poursuit : «je m’engage à assurer le fonctionnement harmonieux des institutions publiques afin de contribuer au bon exercice de la démocratie dans notre pays ; je m’engage à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes ; je m’engage à consolider la paix par le respect de l’intérêt général, par l’intensification des opportunités d’épanouissement politique, économique, social et culturel de tous ; je m’engage à renforcer la lutte contre l’intolérance, les injustices et toutes les formes de discrimination ; je m’engage à instituer diverses actions de reconnaissance nationale pour nos compatriotes qui œuvrent, de manière particulière, en faveur de la paix au Cameroun ».
Bilan
Il est à rappeler qu’en 2011, lors de son premier déplacement de campagne électorale à Maroua, Paul Biya avait déjà promis un certain nombre de chantiers dans le domaine institutionnel. Il s’agissait notamment de la mise en place du Sénat et du Conseil constitutionnel. Mais aussi, de « poursuivre la mise en œuvre de la décentralisation par le transfert des compétences et des ressources de l’État vers les collectivités décentralisées […], faire émerger une véritable fonction publique locale en parfaite symbiose avec son milieu, parce que débarrassée des pesanteurs qui affectent la fonction publique nationale, renforcer la bonne gouvernance, en intensifiant la lutte contre la corruption, consolider l’État de droit en vue d’assurer la sécurité des biens et des personnes, et l’amélioration de l’environnement des affaires ».
En 2013, le Sénat est mis en place et le Conseil constitutionnel en 2018. La mise en œuvre du processus de décentralisation a conduit à la création d’un ministère de la Décentralisation et du développement local en mars 2018. Cependant, les conseils régionaux ainsi que la Haute cour de justice, comme le préconise la constitution de 1996, sont toujours attendus.
Ifeli Amara, (stagiaire)
Politique sociale
Le pare-feu des jeunes et des femmes
Le président candidat sollicite les suffrages de ses compatriotes pour répondre avec fidélité aux défis qui inspirent son action. Placés sous le signe des « grandes opportunités », ces principes sont au nombre de quatre : jeunesse et genre, emploi, santé, eau et énergie.
I-Jeunesse et genre
« Mieux que par le passé, nous devons accorder aux femmes et aux jeunes une juste place dans la société, non seulement au regard de leur poids démographique, mais aussi en considération de l’énergie dont ils sont porteurs ». Paul Biya résume ainsi la palette des orientations qu’il compte concrétiser dans ce domaine. Dans l’hypothèse de sa réélection, il ambitionne :
– d’accélérer le processus d’institutionnalisation de la parité hommes-femmes ;
– de renforcer la prise en compte des besoins des femmes et des jeunes dans les politiques publiques sectorielles ;
– d’améliorer le niveau de participation des femmes et des jeunes dans la vie politique, économique, sociale et culturelle ;
– de créer la catégorie «besoins des générations futures » dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques ;
– de veiller à la prise en compte systématique des catégories vulnérables dans la mise en œuvre des politiques publiques et dans le fonctionnement des institutions ;
– de renforcer le soutien des pouvoirs publics aux initiatives privées d’assistance aux groupes les plus défavorisés et aux franges de la population frappées de handicaps ;
– de renforcer la lutte contre l’abandon d’enfants et l’encadrement de ceux de la rue ;
– de renforcer davantage l’égalité de chances entre tous, sans discrimination fondée sur le sexe, la religion, la langue ou l’ethnie.
II— Emploi
Dans sa profession de foi, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) propose d’« améliorer les conditions de vie de tous les Camerounais ». Les passages consacrés à l’emploi soulignent la volonté du président sortant de :
– multiplier les initiatives et les actions en vue de la réduction de la pauvreté ;
– assurer une répartition équitable du fruit de l’effort national de développement ;
– assurer la mise en chantier d’un plan concret pour la création de plusieurs milliers d’emplois, axé sur la mise en place d’incitations propices à la création d’entreprises de toutes tailles par le secteur privé et notamment par les jeunes, dans tous les secteurs de l’économie, de l’agriculture aux arts, en passant par l’industrie et les services ;
– transformer le secteur informel en un secteur formel bien structuré et plus conforme aux contraintes de la jeunesse.
III— Santé
Selon Paul Biya, les sept prochaines années suffiront pour :
– améliorer l’accès des populations aux soins de santé et aux médicaments de qualité, en poursuivant le programme d’accroissement des infrastructures hospitalières de proximité, en les combinant aux établissements hospitaliers de référence ;
– parvenir à la mise en place d’un dispositif de Sécurité sociale universelle en modernisant notre système d’Assistance et de prévoyance sociale.
IV— Eau et énergie
Des indications sur cette thématique soulignent les priorités du candidat du RDPC et leurs orientations pour l’avenir. Elles se déclinent notamment en :
– l’amélioration du cadre de vie des populations rurales avec le renforcement des programmes d’accès à l’eau potable et d’électrification et une utilisation optimale des sources d’énergie alternatives en faveur du monde rural.
V-Education
Paul Biya ne manque pas de renchérir sur ce secteur. Il promet de :
– assurer l’éducation pour tous et la formation des jeunes, en améliorant toujours davantage l’accès à l’éducation de base et aux premiers cycles des enseignements secondaires, général ou technique, en formant des jeunes prêts à relever le défi de l’emploi ou à accéder à l’enseignement supérieur.
Jean-René Meva’a Amougou
Politique économique
Accélérer la marche vers l’émergence
C’est pour cet objectif, le moins vague, que Paul Biya sollicite un nouveau mandat de sept ans.
Le 22 septembre dernier,
le président sortant a publié sa « profession de foi » pour l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. On y apprend notamment que le candidat du RDPC sollicite les suffrages des Camerounais pour un septième mandat afin d’« accélérer » la marche du Cameroun vers l’émergence. Objectif : « permettre à nos compatriotes de vivre dans un pays prospère et stable dont les générations actuelles et futures seront fières». Depuis 2009, sous sa présidence, l’Etat s’est fixé pour objectif d’être un pays à revenu intermédiaire de classe supérieure en 2035. Pour cela, un premier plan stratégique couvrant la période 2010-2019 a été élaboré. Il s’agit du document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE). Il a, entre autres objectifs, de réaliser une croissance moyenne de 5,5 %; de réduire le taux de pauvreté et de sous-emploi.
Malgré la réalisation des d’infrastructures, la courbe de croissance du pays s’écartait de cet objectif. Selon l’évaluation faite par Paul Biya lui-même, entre 2011 et 2017 le taux moyen d’augmentation du PIB est de 4,56 %. La quatrième Enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam4), réalisée par l’Institut national de statistique (INS) et publiée en 2016, montre une augmentation du nombre de pauvres. De 6,2 millions en 2001, le nombre de Camerounais qui vivent en deçà du seuil de pauvreté monétaire (fixé à 339 715 francs CFA par an, soit 931 francs CFA par jour), a bondi à 8,1 millions en 2014. « L’évolution du taux de sous‐emploi global chez les personnes âgées de 10 ans ou plus est passée de 75,8 % en 2005 à 71,1 % en 2007, pour remonter à 79,0 % en 2014. Cette tendance s’écarte de la voie tracée dans le DSCE, dont l’objectif visé est de ramener le taux de sous‐emploi global des personnes âgées de 10 ans ou plus de 75 % à moins de 50 % à l’horizon 2020 » révèle la 4e enquête sur les ménages.
Cagoule
Pour rattraper le retard, la Banque mondiale estime que le PIB devrait croitre de 8 % chaque année, de 2015 à 2035, pari que le gouvernement peine à tenir. Empêtré dans une crise de devises due au double choc pétrolier et sécuritaire, le taux de croissance est même tombé à 3,2 % en 2017 et est projeté à seulement 4,2 % en 2018.
Que va donc faire Paul Biya sur les sept prochaines années, s’il est une nouvelle fois élu, pour relancer l’économie. Le président sortant ne donne pas de réponse claire. Juste sait-on qu’il s’engage « à renforcer la lutte contre la corruption et le détournement des biens publics », « poursuivre la transformation structurelle de notre économie, ainsi que sa diversification et l’augmentation de sa productivité », « accélérer la réalisation des projets structurants de deuxième génération », « à accélérer l’avènement de l’agriculture de deuxième génération par la facilitation de l’accès au crédit et le développement des chaînes de valeur agricoles » ; « à protéger l’agriculture de subsistance ; « à développer l’exploitation rationnelle et durable des ressources de notre sol et sous-sol » ; « à développer les industries de transformation locale de nos matières premières tout en respectant l’environnement ; « à promouvoir l’élevage et à assurer une organisation rationnelle de « l’économie bleue» à travers une meilleure maîtrise de la pêche et une exploitation appropriée des ressources halieutiques ; « à promouvoir l’aménagement des terres pour faciliter le développement agricole et industriel » « à rendre l’accès au crédit plus fluide afin de renforcer le développement des activités de production » ; « à poursuivre, en l’accélérant, le développement des infrastructures terrestres, ferroviaires, aériennes et fluviales dans une démarche de complémentarité »…
En fait, pour l’expert financier Babissakana, « le candidat du RDPC se présente à cette élection sans véritable programme politique ». Au ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, on répond que
« Le DSCE est le programme politique de Paul Biya. Il arrive à échéance en 2019 et un autre document sera élaboré pour la période 2020-2017». En clair, Paul Biya vend une poule dans le sac.
Aboudi Ottou
Politique étrangère et intégration régionale
Consolidation et responsabilité
Le candidat sortant veut poursuivre une action extérieure prudente, pour l’avènement d’un monde plus juste et plus solidaire.
Le Cameroun des grandes opportunités c’est une diplomatie opportune qui est fonction des nécessités que dictent les circonstances. C’est la poursuite d’une «diplomatie de présence, de discrétion et d’efficacité». Les principes de la politique extérieure qu’implémente le Cameroun depuis plusieurs décennies s’organisent autour de trois idées fortes, à savoir : l’indépendance nationale, le non-alignement et la coopération internationale. «Ils reposent sur un trépied méthodique de présence, de participation et de rayonnement». Capitalisant sur la diversité de son peuple, le Cameroun est membre de la Francophonie, du Commonwealth et de l’Organisation de la Conférence islamique.
Coopération
Au moment où le multilatéralisme et le nationalisme se font concurrence sur la scène internationale, le Cameroun est resté fidèle à son idéal d’une mondialisation plus humaine et plus sûre. C’est à ce titre que l’actuel chef de la diplomatie camerounaise a toujours renouvelé sa préférence pour la réponse globale aux menaces globales, la recherche de la coprospérité et du co-développement. La foi en cet idéal d’un nouvel ordre international justifie son option de se déployer dans les organisations internationales comme instance de concertation, de valeur partagée et de prospérité mutuelle. C’est également le canal suggéré pour mieux faire entendre la voix de l’Afrique. Le candidat s’engage d’ailleurs à «défendre les intérêts du Cameroun en considération des contraintes de la mondialisation» et à «poursuivre les efforts de notre pays en vue de l’avènement d’une mondialisation à visage humain».
Au plan multilatéral et bilatéral, le Cameroun a opté pour la multiplication de ses partenaires à l’effet d’échapper à l’exclusivité et à la dévolution envers une puissance étrangère. C’est dans ce sens qu’il est toujours membre du groupe des non-alignés de l’Onu. L’engagement du candidat est de «faire prendre des initiatives innovantes par le
Cameroun dans la lutte contre le terrorisme, la lutte contre les changements climatiques, l’atteinte des Objectifs de Développement durable».
Diplomatie
L’action diplomatique actuelle du Cameroun est construite autour de la diversification des partenariats et de l’adaptation aux instruments internationaux. Fortement dominée par la présence du chef de l’État, l’action diplomatique demeure très marquée par la représentation du chef de la diplomatie. Au plan bilatéral et multilatéral, l’infrastructure diplomatique est le symbole de la prudence et de la progressivité. Sur les 5 continents, le Cameroun couvre 122 pays avec notamment 48 missions diplomatiques (majorité en Afrique et en Europe) et 37 consulats (25 consulats honoraires, 6 consulats d’État et 6 consulats généraux). Le phénomène de la représentation est encore très pesant. Les missions diplomatiques camerounaises sont aussi caractérisées par leur long séjour et la taille modeste des effectifs. En vertu du phénomène de réciprocité, le Cameroun accueille 68 missions et représentations accréditées. Bien modeste !
Intégration régionale
L’une des caractéristiques reconnues par le Cameroun au sein des organisations d’intégration, c’est l’internalisation à postériori des instruments de coopération, essentiellement, en fonction des nécessités de circonstance. C’est le cas de la convention d’Alger pour la lutte contre le terrorisme, ou la ratification du protocole de Malabo sur le parlement panafricain. Pour y remédier, le candidat investi par le RDPC «s’engage à accentuer la participation du Cameroun à la réalisation des missions de l’Union africaine».
En Afrique centrale, le Cameroun, malgré une domination naturelle des interactions transfrontalières et de la coopération sécuritaire, se fait parfois dicter la conduite au détriment de ses intérêts.
Zacharie Roger Mbarga
Ndifor Frankline Afanwi : Le pasteur qui veut prêcher depuis Etoudi
Pasteur, avec grade de «prophète», le candidat à la présidentielle dit s’être engagé après avoir reçu un appel de Dieu. Le «Tout puissant» lui aurait confié une mission : devenir président de la République pour sauver le Cameroun. Alléluia…
«Allez, et libérez la nation du Cameroun qui est en train de souffrir». C’est le message bref, mais précis, que Dieu aurait fait parvenir à son «prophète», Ndifor Frankline Afanwi. Nous ne sommes pas ici dans les Saintes écritures. Encore moins dans «les premiers temps» selon la Bible. Mais Ndifor Frankline Afanwi se persuade à penser qu’il a reçu ce message divin, «il y a quelques mois». Dans la lignée de Moïse, choisi par Dieu pour sauver son peuple d’Egypte ; ou encore de la Pucelle d’Orléans qui dans un bois reçût l’appel des Cieux pour délivrer la France de l’occupation anglaise ; le prophète Frankline Ndifor assure être investi de la mission divine de «sauver le Cameroun».
« [La candidature à la présidentielle], n’est pas de moi. Dieu m’a demandé de venir en aide à cette nation qui est en train de pourrir», répète-t-il inlassablement. L’homme se garde cependant de dévoiler le canal par lequel il a été contacté par la divinité, « pour que les gens ne l’interprètent pas mal ». Il rassure toutefois: « Dieu n’a jamais eu une voix grave, parce que c’est un Dieu d’amour». Soit…
Premier appel de Dieu
Ce serait la deuxième fois, en 38 ans de présence terrestre, que Frankline Ndifor reçoit un appel de Dieu. Originaire de Bafut (département de la Mezam, région du Nord-ouest) où il est né un jour de novembre 1980, le futur pasteur y passe une partie de sa scolarité. Il migre par la suite à Douala, la capitale économique, où il y poursuit ses études et en ressort nanti d’un diplôme d’ingénieur en informatique. Alors qu’il dirige une petite entreprise de prestation de travaux d’ingénierie informatique, sous contrat avec les Nations unies, Ndifor Frankline Afanwi dit avoir reçu «l’appel du Seigneur à commencer l’œuvre de Dieu». Il troque dès lors le clavier pour la Bible. Son champ lexical passe de circuits et programmes informatiques à versets, parole de Dieu et délivrances.
L’homme commence à prêcher dans des églises pentecôtistes et en 2010, il se met à son propre compte. Il crée la Kingship International Ministry et en dévient le «prophète». Cette église basée au quartier Bonaberi à Douala revendique aujourd’hui un peu plus de 10 000 fidèles. À l’instar de ses pairs dans l’industrie de la foi, «prophète Frank», dote la Kingship International Ministry d’une télévision, la Kingship TV. Elle rend compte de ses enseignements et donne à voir «ses miracles».
Entrepreneur de la foi
La deuxième révélation, «prophète Frank» la reçoit il y a quelques mois. Dieu lui demande alors de faire acte de candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2018 afin de devenir président de la République et «délivrer le pays». En septembre 2017, l’homme de Dieu crée un parti politique: le National Programme for Peace in Cameroun (NPPC). Il le fait aussitôt légalisé. N’ayant pas d’élus local, condition sine qua non pour se présenter à la présidentielle, Ndifor Frankline Afanwi s’attache les services de Jean Monthe Nkouobité. Ce dernier est un ancien député à l’Assemblée nationale, leader du parti politique Mouvement citoyen national Camerounais (MCNC) qui dispose d’élus locaux dans la ville de Bafang, département du Haut Nkam, région de l’Ouest.
«Ndifor cherchait un parti politique qui pourrait l’investir pour être candidat à la présidentielle. On lui a parlé de Jean Monthe. Ils se sont rencontrés à plusieurs reprises. Monthe a accepté, en faisant savoir à Ndifor que c’est à lui que revenait la charge matérielle de cette candidature», explique un membre de l’équipe de campagne du candidat Ndifor. Le mariage est annoncé en mai 2018. Ndifor Frankline Afanwi se lance officiellement dans la course à la magistrature suprême sous les couleurs du MCNC.
«Prophète Frank» est en effet présenté comme un entrepreneur prospère dans le domaine de la foi. «Malgré sa jeunesse, il est le père spirituel de beaucoup de personnes. Il a fait beaucoup de choses pour des gens qui lui sont encore reconnaissants aujourd’hui. Lorsqu’il a reçu la révélation de se présenter à la présidentielle, les fidèles se sont spontanément proposés de l’accompagner dans cette mission. Il a reçu de l’argent venant de partout dans le monde pour payer sa caution et pour financer sa campagne, des Etats-Unis, de l’Angleterre et de la Belgique, etc. Des gens pour qui il avait prié et qui ont reçu beaucoup de grâces ont décidé de l’aider», explique un fidèle de la Kingship International Ministry pour justifier les moyens dont dispose le candidat-prophète.
Equipe de campagne
Le candidat s’entoure alors d’une équipe de campagne hétéroclite au sein de laquelle beaucoup ignorent jusqu’à ici leurs missions. «On nous a pris comme ça», explique l’un d’eux précisant que «c’est Ernest Pekeuho qui est son directeur de campagne ». Ernest Peukeho est homme politique au parcours controversé. Président du parti Bric, il investit Esther Dang comme candidate à l’élection présidentielle de 2011. Dans la foulée, il est accusé d’escroquerie par certains de ses militants et séjourne même derrière les barreaux. Le journaliste Sam Séverin Ango, qui porte la parole du candidat, vient de l’équipe de campagne d’Akere Muna. Et Moh Walters, également dans cette équipe, est un transfuge du SDF. Jusqu’ici au service d’un député du RDPC, le parti de Paul Biya, il dit soutenir le « prophète Frank » car « c’est un homme de Dieu qui est juste ».
Avec cette équipe, le candidat mène une campagne évangélique. Dans les meetings, le prophète, à la façon du prédicateur évangélique qu’il est, prêche davantage. Il apparaît en effet comme pasteur en croisade d’évangélisation et beaucoup moins comme un candidat en campagne électorale. Cela se confirme d’ailleurs à l’agacement manifesté par les membres de son staff lorsqu’on leur demande une mouture du projet de société et du programme du «prophète». La culture de l’oralité domine ici. Il faut donc scruter les sorties médiatiques du pasteur pour songer la direction vers laquelle le néo-évangéliste veut conduire le Cameroun.
Baguette magique
Pour l’essentiel, et à part «délivrer et sauver le Cameroun», Franfkline Ndifor compte : réduire le nombre de départements ministériels à 20, passer à l’Etat fédéral (le nombre d’Etats reste à déterminer), passer à un mandat présidentiel de six ans, pardonner au chef de l’Etat actuel ainsi qu’à toutes les personnalités incarcérées dans le cadre de la lutte contre la corruption, «industrialiser le Cameroun», digitaliser toute l’administration publique, booster le secteur privé, réduire les impôts, mécaniser l’agriculture, etc. Rien que cela… Interpellé sur sa solution de sortie de crise dans les régions anglophones, Ndifor pose : «Il y a d’abord des éléments qu’il faut réunir, parce que ce n’est pas un problème qui a commencé aujourd’hui. On va travailler dessus et voir d’ici quelques jours ce que cela peut donner».
À ceux qui lui reprochent de tirer des plans sur la comète, le «prophète» répond : «je ne suis pas un politicien, je viens avec la réalité». Il ajoute, «la personne qui peut bien gérer le Cameroun est cette personne qui a un cœur universel. La plus part des Camerounais se plaignent parce qu’il n’y a pas de travail». Mais avant de faire du Cameroun ce pays où la manne tombe du ciel, l’«élu de Dieu» averti: «les Camerounais doivent apprendre à travailler [et] cela nécessite un homme de vérité pour redresser le Cameroun et lui donner une force pour le développement». Pour lui, il faut « rectifier la mentalité camerounaise», et il n’y aurait pas mieux que lui pour accomplir cette tâche divine. «Je suis un expert dans la moralité. Je suis un pasteur. Cela veut dire que je peux éduquer les gens à bien vivre », revendique-t-il. Pour le 7 octobre prochain, le candidat est confiant : «gagner une élection ne dépend pas d’un budget, mais d’une personnalité qui est aimable».
Bio-Express
Nom : Ndifor Frankline Afanwi
Age : 38 ans
Formation : ingénieur informaticien
Expérience professionnelle : chef d’entreprise et pasteur de la Kingship International Ministry
Parcours politique : président national du National Programme for Peace in Cameroun (NPPC) fondé en 2017. Candidat du Mouvement citoyen national Camerounais (MCNC) à l’élection présidentielle d’octobre 2018.
Situation matrimoniale: marié et père de 3 enfants.
Aboudi Ottou et Ifeli Amara, stagiaire
Selon des indiscrétions glanées dans le secteur, il n’y a rien de sincère dans les compromis qui ont conduit à la levée de la mesure interdisant les ventes d’armes et des munitions dans certaines régions.
Paul Atanga Nji vient de lever la mesure portant fermeture des armureries dans six régions du pays (Adamaoua, Centre, Littoral, Ouest, Nord-ouest et Sud-ouest). Elle était en vigueur depuis le 4 avril 2018. Après des heures de discussions avec le ministre de l’Administration territoriale (Minat), les marchands d’armes et autres accessoires de chasse ont décidé de mettre beaucoup d’eau dans leur vin, et de souscrire à certaines exigences régaliennes. Ils acceptent notamment d’obtenir préalablement une autorisation de l’administration territoriale pour toute commande d’armes et de munitions, tant à l’importation que sur le marché local.
Autre point d’accord entre les propriétaires d’armureries et Paul Atanga Nji : le quota annuel des commandes. Désormais, celui-ci sera attribué à chaque opérateur par le Minat. Bien plus, aucun importateur ne sera autorisé à ouvrir des armureries dans plus de quatre régions ni à disposer de plus de deux magasins dans une même région. Toute tentative d’ouverture d’une agence sous un prête-nom exposera le promoteur au retrait définitif de son autorisation.
Béni oui-oui
Selon l’engagement pris par les opérateurs du secteur à l’issue des réunions des 4 et 5 septembre 2018, un point d’honneur est mis sur la communication des données marchandes. En effet, les propriétaires d’armureries ou leurs agents sont tenus de communiquer, chaque semaine, à l’autorité administrative territorialement compétente (préfet et sous-préfet), la liste exhaustive des acquéreurs d’armes et de munitions, leurs identités, assorties des autorisations correspondantes.
Sur le terrain, toutes ces bonnes intentions sont consacrées par la réouverture des points de vente d’armes dans les régions citées supra. D’où une motion de soutien adressée au président de la République. Dans ce document dressé le 5 septembre 2018 à Yaoundé, le Collectif des armuriers du Cameroun (CAC) écrit : « Considérant la magnanimité, la longanimité, l’esprit de tolérance et de clairvoyance qui vous ont amené à ordonner la réouverture des armureries à travers le territoire national pour accorder une nouvelle chance à leurs promoteurs, ce en dépit des dérives relevées dans ce secteur et les problèmes d’insécurité inhérents et subséquents ».
Cela démontre que le «piège» a fonctionné. Il a surtout servi à refroidir la détermination de Paul Atanga Nji, porté à mieux contrôler ce business sensible. Selon nos informations, un plan doucereux a été conçu pour contrer l’intransigeance du Minat. « Tout accepter, pourvu que le business reprenne officiellement », souffle un aide-armurier basé à Yaoundé. Une autre source est plus claire: « Quand nous allions là-bas (au Minat, NDLR), il ne fallait plus vexer le ministre. Ses exigences étaient à prendre ou à laisser. On a convenu d’accepter tout pour sauver nos investissements ».
« Apaches »
Pour tout couronner, un armurier ayant fortement requis l’anonymat, précise que « le marché des armes et des munitions au Cameroun est régulé par deux personnes qui fonctionnent avec de faux papiers ». À l’en croire, l’un de ces «barons» a, le 15 mai 2018 au quartier Nkondongo (Yaoundé IV) convoqué une réunion restreinte des vendeurs d’armes des régions du Centre et du Littoral. Au cours de ladite rencontre, « c’est là où ils ont tout arrêté. Faire baisser la tension du ministre pour permettre aux autres clandestins d’écouler leurs stocks ».
Si cela est à prendre avec beaucoup de mesure, il convient d’admettre que le secteur fourmille d’«apaches » (nom donné aux armuriers sans autorisation ou qui ont de faux papiers) de grands ou de petits gabarits. « Autour des plus distingués, ces clandestins constituent un puissant lobby aux énormes tentacules». Du matériau pour expliquer la circulation illégale de plus 23 000 armes de divers calibres sur l’étendue du territoire national.
Jean-René Meva’a Amougou
C’est l’ambassadeur du Royaume d’Arabie Saoudite au Cameroun. À Yaoundé, à l’occasion du 88e anniversaire de la fête nationale de son pays le 23 septembre 2018, le Saoudien s’est félicité de l’implication des hautes autorités camerounaises dans la préparation du Hadj 2018 à la Mecque. Par cette implication, a dit le diplomate, le Cameroun a démontré et renforcé le principe de laïcité, la transmission des valeurs d’humanité et de solidarité.

C’est le prétendu nombre de postes d’agents occasionnels disponible actuellement au sein de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) au Cameroun. Selon Xavier Bourgeois, cadre à la cellule de communication de cette institution, il n’en est rien. «Vous pouvez marquer un gros tampon fake news dessus ! », indique le fonctionnaire onusien. En clair, il n’y a pas pareil recrutement en cours. « Ce sont de faux documents qui circulent en ce moment. C’est pour arnaquer des gens », avise Xavier Bourgeois, commentant l’information disponible sur les réseaux sociaux. Ladite information prétend que « le Haut-Commissariat pour les réfugiés recrute 1961 agents occasionnels âgés de 21 à 35 ans, 350 sont recrutés au Cameroun ; allocation mensuelle 730 euros (485 450 francs CFA) et une assurance santé ».
L’unique agence tripartite des Nations unies célèbre son centenaire l’année prochaine.
Être à pied d’œuvre pour la l’élaboration des politiques et des programmes visant à promouvoir le travail décent pour tous les hommes et femmes dans le monde. C’est la tâche à laquelle est astreinte l’OIT (Organisation internationale du travail) depuis 1919. Logiquement, on dira qu’en 2019, cela fait 100 ans d’activités. Mieux: «100 ans de plaidoyer pour un travail productif et convenablement rémunéré, la sécurité sur le lieu de travail et la protection sociale pour les familles, de meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale, la liberté pour les individus d’exprimer leurs revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie, et l’égalité des chances et de traitement pour tous, hommes et femmes», selon Vera Lucia Paquete Perdigao. Au cours d’un déjeuner de presse à Yaoundé le 19 septembre 2018, la directrice régionale de l’OIT pour l’Afrique centrale indique que 2019 est «l’année de célébration mondiale de la vision de l’OIT, celle d’une paix universelle fondée sur la justice sociale». Plus spécifiquement, c’est l’année d’évaluation des acquis dans chacun des 187 États membres de ce démembrement des Nations unies.
Cas d’école
Au Cameroun par exemple, l’OIT est présente depuis 50 ans au moins. En collaboration avec les administrations publiques et privées, les organisations patronales et syndicales, l’institution onusienne s’active surtout dans l’accompagnement des parties. Les résultats de ce travail sont visibles dans l’élaboration des cadres stratégiques de formation. Le tout, précise-t-on, a un triple objectif : «des emplois plus nombreux et de meilleure qualité ; la création et l’extension des socles de protection sociale ; le dialogue et l’inspection du travail».
Pour mémoire, dès les premières années de sa création, l’OIT a apporté des contributions décisives au monde du travail. Il s’agit notamment des six premières conventions internationales du travail adoptées à Washington en octobre 1919, lors de la première session de la Conférence internationale du travail. Ces conventions portent respectivement sur la durée du travail dans l’industrie, le chômage, la protection de la maternité, le travail de nuit des femmes, l’âge minimum et le travail de nuit des jeunes dans l’industrie. Depuis le 1er octobre 2012, Guy Ryder, syndicaliste britannique, préside aux destinées de cette organisation.