Au Cameroun ou ailleurs… Ne touche pas aux emblèmes de la Croix-Rouge

L’usage abusif des signes distinctifs de l’organisme humanitaire appelle à leur respect. 

Photo de famille après la formation

Un professionnel de santé qui se sert d’une croix rouge au sein de sa clinique; une pharmacie qui arbore un croissant rouge sur son enseigne ; une entreprise qui affiche le même emblème sur un produit ou une publicité dans le but de tirer parti de l’estime et de la réputation dont jouissent la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Autant de clichés polémiques, qui rappellent pourtant que ce symbole international né, comme d’autres, des soubresauts de l’histoire, bénéficie d’une double protection (internationale et nationale).

Depuis la signature de la première Convention de Genève de 1864, la croix rouge sur fond blanc tient lieu de signe de protection aux hôpitaux, aux ambulances et au personnel sanitaire des armées. L’emblème de la Croix-Rouge a été formé par interversion des couleurs du drapeau suisse, la croix se voulant exempte de toute connotation religieuse. Plus de 150 ans plus tard, la croix rouge figure parmi les emblèmes les plus connus et fiables. Aux côtés du croissant rouge (introduit en 1876) et du cristal rouge (2005), elle est un symbole d’aide et de protection.

La Croix-Rouge camerounaise (CRC) a pris la mesure de la situation. Elle a organisé en son siège à Yaoundé, un atelier de sensibilisation sur la protection de l’emblème et du nom de la Croix-Rouge. Les participants conviés se recrutent dans divers milieux : justice, armée, médias, santé publique et traditionnelle. De l’aveu de tous ou presque, les emblèmes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont connus. On les voit chaque jour partout dans le monde, où ils sont principalement associés aux services communautaires offerts par les Sociétés nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge (Sociétés nationales) dans plusieurs pays.

Or, si pour beaucoup, ces symboles évoquent les premiers secours ou la communauté médicale, le grand public en ignore souvent la véritable raison d’être. Raison pour laquelle Christine Kotna expose sur le Droit international humanitaire (DIH). La conseillère juridique à la délégation régionale pour l’Afrique centrale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de Yaoundé montre que « les emblèmes de la Croix-Rouge sont reconnus par cette discipline ». Leur usage, dit-elle, est régi par les Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels ainsi que par le droit national.

Seulement partout au Cameroun, comme dans d’autres pays, des dérives escortent ces emblèmes. Ils sont abusivement utilisés, en temps de paix comme en période de conflit armé, par des personnes ou des entités qui ne sont pas habilitées à le faire, ou d’une manière qui pourrait porter atteinte au respect dû à ces signes, ou encore prêter à confusion. Ici comme ailleurs, les trois types d’abus les plus répandus sont l’usurpation, la perfidie et l’imitation. « Des pratiques répréhensibles du point de vue de la loi », prévient Mme Essomé, une autre conseillère juridique du CICR.

Au Cameroun, la loi N° 97-2 du 10 janvier 1997 est formelle : « Les infractions relevées sur l’usage de l’emblème et du nom Croix-Rouge sont punies des peines prévues par l’article 330 du Code pénal. Selon le même texte, “l’emblème protecteur de la Croix-Rouge est sa propriété exclusive”.

Jean-René Meva’a Amougou

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