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Afrique centrale : 70 millions de personnes menacées par une chenille

Détectée en 2016, la chenille légionnaire d’automne fait des ravages sur le maïs, le mil, le riz et le sorgho.

Chenille du légionnaire

La chenille légionnaire d’automne ravage environ 300 millions de tonnes d’aliments au Cameroun, au Tchad, en République démocratique du Congo, en Centrafrique, au Congo et au Gabon. Son impact sur certains aliments de base constituant des grandes habitudes alimentaires des peuples d’Afrique centrale (maïs, sorgho, le riz et mil) fait évaluer la menace sur plus de 70 millions de personnes. Au-delà de la rareté des cultures imposée aux humains et aux bêtes, l’effet ravageur de cette chenille provoque également la maladie du bétail. Pour Solomane Kone, représentant pays de la Banque africaine de développement (Bad) au Cameroun, « la chenille légionnaire d’automne est un fléau majeur qui entrave les efforts de développement des pays africains et exposent les populations au risque d’insécurité alimentaire ».

Manque à gagner

Selon Solomane Kone, «la chenille légionnaire d’automne est ravageur transfrontalier dangereux avec un fort potentiel de propagation en raison de sa capacité de migration naturelle ». Le papillon de nuit peut voler jusqu’à 100 km par nuit et la légionnaire femelle peut pondre jusqu’à 1000 œufs au cours de sa vie.

La Bad évalue les pertes régionales en échanges commerciaux à près de 40 %. Pour les cultures, le manque à gagner oscille entre 21 % et 53 % du rendement. Le Cameroun et la République démocratique du Congo sont les pays les plus exposés du fait d’une culture céréalière grandement diversifiée ; mais aussi de la prédominance de certains légumes que la chenille apprécie bien.

Le Cameroun est toutefois le pays le plus avancé dans la lutte contre le fléau. Il dispose d’un programme de coopération avec l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) depuis 2017. En vue d’aider les petits exploitants agricoles, les organisations, les institutions publiques, les gouvernements nationaux et les partenaires au développement à réagir rapidement, la FAO a proposé un programme d’action quinquennal. Dans le monde, la FAO joue un rôle important dans la coordination des activités, des plans et des approches des partenaires en vue d’apporter des solutions durables aux défis posés par la légionnaire d’automne.

Riposte

Face à cette menace, la Bad s’engage dans le cadre d’une coalition pour apporter une réponse appropriée à travers l’organisation des ateliers régionaux. Ceux-ci, s’inspirant de celui de Lusaka en 2017, intègrent les actions du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) géré par le l’Union africaine (Nepad) et la Bad. Pour éradiquer les maladies agricoles, la Bad a mis sur pied et finance le projet Technologies de transformation de l’agriculture africaine (TAAT). Le projet n’est rendu qu’à un stade expérimental, dont les technologies font encore l’objet de sélection en fonction des avancées technologiques des instituts nationaux de recherche agricole et des demandes explicites de gouvernements africains.

Pour la FAO, les actions directes à prendre pour gérer la légionnaire d’automne dépendent en grande partie de ce que les agriculteurs font dans leurs champs. En Amérique, lieu d’origine de la chenille, la FAO aide les agriculteurs à mieux faire leur travail. Il faut tout d’abord que les agriculteurs comprennent ce qu’est la légionnaire d’automne, comment l’identifier et comprendre sa biologie et son écologie. Les agriculteurs doivent être en mesure de déterminer le niveau de risque dans leurs systèmes de production et prendre des mesures appropriées, préventives et d’intervention, sur la base de leurs évaluations.

Zacharie Roger Mbarga

Henri Eyebe Ayissi 

« En 2017, cet insecte a attaqué environ 75 % de la production céréalière » 

Le ministre camerounais de l’Agriculture et du Développement durable fait le point de la situation dans son pays.

Quelle est la situation des ravages de la chenille du légionnaire d’automne au Cameroun ?
Le Cameroun est l’un des pays ayant un fort taux d’exposition aux dégâts de la chenille légionnaire d’automne. Sa présence est avérée dans 7 voire 8 régions sur les 10 que compte le Cameroun. Les régions du septentrion (Adamaoua, Extrême Nord et Nord) sont les plus vulnérables aux actions de la chenille. Ceci s’explique naturellement par la grande spécialisation en cultures céréalières et par la pratique de l’élevage. En effet, en 2017, cet insecte a attaqué environ 75 % de la production céréalière du pays et plus de 50 000 hectares de plantations, majoritairement dans les trois régions du Nord. Les ravages du légionnaire d’automne se font aussi sur certains légumes. Je puis vous dire que c’est un véritable danger.

Quelles mesures ont été prises jusqu’ici ?
Depuis mai 2018, le gouvernement camerounais, par l’entremise du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a lancé un projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire d’automne. Ceci avec l’appui de la FAO. Un montant de 182 400 euros (120 millions de francs CFA) disponible depuis le mois de mai a été octroyé à l’État du Cameroun pour lutter contre cet insecte nocif. L’enveloppe sera mise à profit à travers l’usage de deux biopesticides homologués. Nous poursuivons la vulgarisation auprès des agriculteurs en vue de la mise en place du projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire. Avec l’afflux des réfugiés centrafricains et nigérians, nous devons être plus précautionneux. Car la demande nutritive pourrait davantage épaissir la tension alimentaire.

De manière plus large monsieur le ministre, quelle est la situation en Afrique centrale ?
Grâce à la FAO, la chenille du légionnaire a été détectée en 2016 en Afrique. Depuis lors, plusieurs autres pays de la région ont confirmé la présence de l’insecte et identifié ses ravages. C’est le cas de la République démocratique du Congo (RDC) qui est grandement atteinte, du Tchad, de la Centrafrique, du Gabon pour ne citer que ceux-là. Vous savez, ce parasite a une forte capacité de propagation et reproduction transfrontalière. En fonction des conditions climatiques, de la similarité des saisons culturales, la chenille migre pour des besoins de survie de l’espèce. Nous remercions la Bad de nous apporter son concours pour mettre hors d’état de nuire cette nouvelle hypothèque sur la sécurité et l’autosuffisance alimentaire.

Propos recueillis par ZRM

Gaston Cossi Doussouhoui

‘’Il faut désormais passer à une phase opérationnelle’’ 

La Banque africaine de développement veut générer près de 513 millions de tonnes de production alimentaire en plus et sortir près de 250 millions d’Africains de la pauvreté d’ici à 2025

Pour faire face à la chenille du légionnaire d’automne, la Banque africaine de développement a mis sur pied et finance le projet Technologies de transformation de l’agriculture africaine (TAAT). Le ministre béninois de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche préside son comité de pilotage. Il fait le point de sa mise en œuvre.

Monsieur le président du comité de pilotage du programme TAAT. Quelles sont les grandes résolutions de la troisième session que vous avez tenue à Yaoundé en mi-septembre?
Nous avions pour objectif d’évaluer les premiers pas de notre programme. Ce qui a été fait. Les membres du comité de pilotage sont unanimes qu’il faut désormais passer à une phase opérationnelle plus productive. Car notre mission est de mettre à la disposition des agriculteurs des technologies qui vont exterminer les maladies qui attaquent leur plantation. Le but étant d’accroitre la productivité agricole. La Banque africaine de développement, dont nous sommes un programme phare de l’objectif 3 « nourrir l’Afrique », veut générer près de 513 millions de tonnes de production alimentaire en plus et sortir près de 250 millions d’Africains de la pauvreté d’ici à 2025. Il faut s’y mettre résolument. Pour cette deuxième année de fonctionnement qui va s’ouvrir en 2019, nous avons enrichi notre dispositif en cadre de suivi évaluation des activités, nous avons réfléchi sur la meilleure manière de nous coordonner avec les pays afin d’agir de manière plus efficace et atteindre les plantations agricoles. Nous avons surtout préparé des stratégies d’information et de communication nous permettant d’être facile d’accès pour nos cibles, les Etats, les chercheurs, les agriculteurs.

Pour ce qui est des technologies, combien peuvent déjà être mises à disponibilité des exploitations agricoles ? Et par quel canal ?
Nous travaillons principalement avec les instituts régionaux et nationaux de recherche agricole, des chercheurs et parfois agriculteurs et la société civile. Cette formule nous permet d’avoir les meilleures technologies agricoles possible. À l’heure actuelle, nous sommes en train de déterminer avec les chercheurs, quelles meilleures technologies agricoles ont fait leurs preuves pour assurer les produits ou spéculations qui sont pour le moment arrêtés. C’est ce que nous appelons les compacts, les groupes de produits. Pour le moment, nous en avons 15 : le riz, le manioc, le mil, le sorgho, l’arachide, le niébé, le maïs, le soja, l’igname, le cacao, le café, l’huile de palme, les haricots, le blé et le poisson. Nous allons très rapidement atteindre intégralement les 8 domaines d’intervention prioritaire. Les clearings house, comité de sélection, sont à pied d’œuvre.
La demande sur le terrain est pesante lorsque nous voyons les problèmes auxquels font face les agriculteurs. Mais, nous n’avons pas mandat d’aller directement au contact des exploitants. Voilà pourquoi nous allons vers une meilleure coordination avec les pays pour avoir des relais, des informations voire des programmes nationaux et/ou régionaux sur lesquels nous appuyer. Certaines régions sont déjà avancées en termes de dispositif (Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Nord). Nous devons nous assurer que les méthodes employées par les uns puissent être facilement implémentées dans les autres régions. Nous devons nous rassurer des préalables climatiques, humains, nutritionnels, culturels, agroécologiques, matériels et financiers… et bien d’autres. Il est plus efficace et même efficient de travailler avec les infrastructures existantes que de créer d’autres. Nous allons toucher le maximum de producteurs.

C’est un euphémisme de dire qu’au vu de la taille du comité de pilotage, très peu de pays africains ont adhéré au processus. Combien y en a-t-il ?
Pour le moment, à peine une quinzaine. Mais comme je l’ai dit, la demande est pesante. Chez moi au Bénin, le manioc, le maïs, le riz ou l’igname sont attaqués par des maladies. Il en est de même au Cameroun où la chenille du légionnaire fait des ravages comme partout en Afrique centrale et de l’Ouest. Au-delà de la perte des rendements agricoles, il y a le risque sanitaire qui serait dû à l’usage disproportionné des pesticides naturels ou chimiques. Pour le moment, et pour les raisons que j’ai évoquées précédemment, nous avons une quinzaine de pays. Mais le plus important c’est de retenir qu’il y a un travail d’harmonisation à effectuer pour être cohérent et efficace. Les pays font déjà des efforts d’adhésion. Au fur et à mesure qu’ils adhèrent, nous prenons du volume, la Bad met de fonds nouveaux à disposition. Nous avons aussi intérêt à consommer cet argent pour nourrir l’Afrique.

Le Cameroun qui vous accueille est le « grenier » de l’Afrique centrale. Il dispose de nombreux programmes agricoles de recherche, d’accompagnement des producteurs, de développement des chaines de valeurs, des agropoles, de viabilisation des marchés agricoles… Quel gain?
Avec l’Irad, le Cameroun est très bien représenté au conseil d’administration du programme. Votre pays fait partie de la short list de ceux qui ont une avance dans l’institutionnalisation du développement agricole et rural. Les producteurs ont une infrastructure pour être accompagnés. L’expérience du Cameroun nous a permis de revoir notre stratégie d’intervention. Au lieu de nous doter d’un personnel additionnel qui va peser sur les fonds alloués par la Bad, nous pouvons identifier des programmes nationaux sur lesquels nous appuyer pour mieux atteindre les producteurs. En outre, les technologies développées par le Cameroun sont très intéressantes pour les autres pays, qui pourront bien s’en inspirer. Le Cameroun a un tissu agricole très diversifié. Il a besoin des technologies prouvées des autres pays pour améliorer sa productivité et mieux se positionner comme une puissance agro-industrielle dans sa région d’appartenance.

Quel partenariat le programme entretient-il avec les communautés économiques régionales notamment celles d’Afrique qui ont des mécanismes existants ? La Cemac a le Comité inter- États des pesticides (CPAC), la Commission économique du bétail, de la viande et des ressources halieutiques (Cebevirha)…
À l’heure actuelle, nous pouvons entrevoir cette perspective pour notre ancrage. Nous devons songer à intégrer les stratégies et les programmes régionaux agricoles. Mais cette formule est difficile, car les Cer [Communauté économique régionale] ne disposent pas toutes des instituts de recherche agricole. Lorsqu’il en existe, tous les pays ne sont pas situés au même niveau quand ils n’adhèrent même pas.

Le Comité inter-État des pesticides et la Cebevirha de la Cemac ne sont par exemple pas associés à la dynamique du PDDAA [Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine] de l’union africaine, la Bad et que la CEEAC opérationnalise. Vous voyez qu’il y a un gros travail de rationalisation à l’intérieur des régions, mais aussi de préparation institutionnelle pour se doter d’institut opérationnel de recherche agricole. Le TAAT et ses partenaires pourront plus aisément s’insérer dans un dispositif plus cohérent et être plus efficaces aussi. Le CPAC et la Cebevirha font un travail très apprécié qui va permettre aux États de la Cemac de disposer d’une infrastructure agricole (pesticides homologués, appui/ conseil et financement agricole).

Au moment où se referme cette 3ème session du comité de pilotage, à quand les premières technologies agricoles africaines pour la sécurité et l’autosuffisance alimentaire des Africains ?
Aucun horizon ne peut être donné. La Bad doit encore valider nos suggestions pour que nous puissions mieux structurer l’action du programme. Par la suite, nous allons clarifier le partenariat avec les États ou les programmes nationaux. Si on est ambitieux, on peut dire qu’en janvier 2020, nous serons les pays. Mais les membres du comité du pilotage et moi avec, on est engagé à sortir des réunions pour être visible sur la fève de cacao ou la bouture de manioc. C’est là qu’on nous attend.

Interview réalisée par
Zacharie Roger Mbarga

Réforme de l’UA 

Le gouvernement continental prépare sa mue 

En prélude au sommet extraordinaire de Kigali en novembre prochain, les ministres africains des Affaires étrangères viennent d’étudier le rapport sur l’optimisation de l’action de la Commission de l’UA. 

Photo de famille de la 6ème retraite des ministres des affaires étrangères de l’UA.

La réforme de la Commission de l’UA était l’objet de la sixième retraite des ministres africains des Affaires étrangères. Les options envisagées sont pour la plupart connues. Elles concernent le mode de sélection des membres de la Commission, la répartition des portefeuilles, la restructuration du système bureaucratique ainsi que le modèle opérationnel, qui va désormais s’appuyer sur un « organigramme dynamique et adapté ». S’adressant aux membres du conseil exécutif, le Président de la Commission de l’UA estime qu’« une des questions les plus fondamentales qui nous interpelle porte sur la restructuration de la Commission.

L’importance du rôle de la Commission n’a point besoin d’être soulignée. De la qualité de ses membres et de l’efficacité de son fonctionnement dépend notre capacité à mettre en œuvre l’Agenda 2063 ».
L’actualité de la réforme de l’Union africaine n’est pas reluisante. À ce jour, 24 États membres appliquent ou envisagent d’appliquer la taxe de 0,2 % sur les importations éligibles. Et 54 millions de dollars ont déjà été mobilisés pour le Fonds de la paix. Toutefois, malgré ces avancées, les contributions au budget régulier et au Fonds de la paix demeurent laborieuses. À la date du 7 septembre 2018, seulement 18 États membres s’étaient acquittés de la totalité de leurs contributions au budget ordinaire et 13 pays ont payé l’entièreté de leurs contributions au Fond de la Paix. Ce qui obère l’efficacité des programmes de l’UA.

Dossiers

Pour la Commission de l’UA, « il est crucial de s’assurer que la Commission, au niveau de ses premiers responsables, attire ce que l’Afrique compte de plus talentueux. Cela pose le problème du mode de sélection de ses membres élus. Il y a clairement des améliorations substantielles à apporter ici. Le système actuel ne permet tout simplement pas de répondre aux défis de l’heure ». L’objectif poursuivi est de doter le continent des ressources humaines adaptées aux enjeux de l’heure, tant sur le continent qu’au-delà.

Le second axe est la cohérence et l’action collégiale. « Si la Commission est appelée à fonctionner comme un collège, il est irréfutable que celui qui en assume la direction se voit conférer toute l’autorité requise à cet effet. Un bateau sans capitaine ne peut arriver à bon port », défend Moussa Faki. À l’effet de renforcer les prérogatives du Président de la Commission, la réforme prévoit notamment de permettre au Président de la Commission de jouer un rôle dans la sélection des membres de son équipe. Pour opérer, en tant que de besoin, des rotations entre eux sont proposées, pour tout à la fois lui donner cet indispensable supplément d’autorité et lui permettre d’assurer une meilleure cohésion.

« Autrement, comment pourrait-il être tenu comptable de leur performance et assumer pleinement les déficiences qui pourraient éventuellement être détectées ? » interroge celui qui passe son 18ème mois comme Président de la Commission. Qui plus est, il est suggéré dans le rapport que la Commission soit dotée de l’autorité de revoir de manière régulière son organigramme, de l’orienter en fonction des décisions de la Conférence. « Cette flexibilité est indispensable pour que l’Union devienne un outil moderne et agile pour le bénéfice de nos États et de nos citoyens », insiste Moussa Faki.

Le dernier axe de la réforme de la Commission est l’accountability ou reddition des comptes. Il s’agira de renforcer l’obligation redditionnelle de la Commission vis-à-vis des États membres. Tous les membres et personnels de la Commission doivent être jugés à l’aune de leur performance, et des mécanismes transparents et rigoureux mis en place à cet effet.

 

Immigration clandestine 

Trump suggère la construction d’un mur le long du Sahara

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borell, confie que le président américain lui a soumis cette idée lors d’une rencontre aux États-Unis le 19 juin dernier.

Donald Trump, président des Etats-Unis d’Amérique

Il n’est pas avare en conseils. Donald Trump suggère au gouvernement espagnol de construire un « mur anti-migrants » le long du Sahara pour contenir le flux de migrants africains. Selon le ministre des Affaires étrangères Josep Borell, l’idée a été accueillie avec scepticisme par les diplomates espagnols, qui ont rappelé que le Sahara mesure environ 4 800 km d’Est en Ouest.

Des objections balayées par le chef de la Maison-Blanche. Pour Donald Trump, les limites du désert ne sont « pas plus grandes » que celles de la frontière américano-mexicaine. Promesse de campagne emblématique, le « grand mur» de Donald Trump a essuyé de nombreuses déconvenues. En janvier, le président américain avait même envisagé d’ouvrir une voie d’accès à la citoyenneté pour 1,8 million de clandestins en échange d’un financement de 25 milliards de dollars. Un échec que Josep Borrell n’a pas hésité à pointer du doigt. « Fermer les ports n’est pas une solution et construire un mur le long du Sahara, comme me le suggérait récemment le président Trump, n’est pas non plus une solution », a-t-il déclaré lors d’un déjeuner public organisé mardi 18 septembre à Madrid.

Pression

L’Espagne subit une forte pression migratoire en raison de ses micro-territoires de Ceuta et Melilla, enclavés dans le nord du Maroc. Seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe d’ailleurs. Malgré tout, l’Espagne ne compte pas s’aligner sur la proposition du président américain. Les Espagnols ne parlent pas de mur, mais d’une clôture à Ceuta et à Melia, leurs deux enclaves sur la cote du Maroc, alors que les barbelés à six mètres de haut sont aussi étanches qu’une muraille de château-fort.
Depuis 2015, il y en a des bouts en Hongrie, dans les Balkans. Ils font honte. Parce que les Européens pensent que le mur, c’est mal. C’est rance. C’est péché. Le mur, c’est Berlin. Autrement dit, une prison qu’il faut abattre. Sauf que ce mur-là n’était pas fait pour protéger les Allemands, mais pour les empêcher de s’enfuir du paradis communiste. Le mur, c’est honteux. En fait, la question que s’interdisent de se poser les dirigeants européens, c’est de savoir si les murs seraient efficaces. Pour filtrer les migrants. Pour répondre à l’angoisse des peuples. On peut en douter. Mais on peut aussi douter des centres contrôlés et des plateformes de débarquement annoncés à chaque conseil européen.

ZRM

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