Votre panier est actuellement vide !
Étiquette : Mincom
RDPC-Equinoxe TV : Chouette divorce
Des cadres du parti de Paul Biya s’insurgent contre les choix éditoriaux de la chaine de Sévérin Tchounkeu.
Au moment où nous allions sous presse, aucune réaction officielle du comité central du RDPC n’avait clairement instruit à ses militants de boycotter la chaine de télévision du groupe de presse Equinoxe. Silence radio également du côté du promoteur de cette dernière. Se targuant de parler au nom de leur parti, quelques militants habitués des plateaux de la chaine de Sévérin Tchounkeu disent que c’est pour de vrai. Au soir du 12 novembre dernier, Serge Alain Ottou, présentateur du programme Equinoxe Soir diffusé sur la chaine de télévision émettant à partir de Bonakouamoung (Douala) le faisait savoir. «Cette chaise devait être occupée par Jacqueline Koyock du RDPC. 5 minutes avant le début de l’émission, elle me fait dire que le professeur Laurent Charles Boyomo Assala a décidé de la suspension des interventions du RDPC chez nous. Je vous reprends ce qu’elle m’a dit», dixit Serge Alain Ottou.
Avant, les téléspectateurs avaient eu droit à des plages houleuses entre les militants du RDPC et Equinoxe TV. Le 9 novembre 2020, Samuel Dieudonné Moth se montrait très amer en direct. «Votre chaine de télé a fait passer un entretien avec une femme qui, manifestement, a été payée dans Paroles de femmes (…). Des propos tendancieux, dégradants pour nos forces de défenses. (…) La direction de notre parti a souhaité qu’Equinoxe puisse présenter ses excuses aux forces de défense. Si nous ne recevons pas des explications, des excuses de la part de votre chaine, nous aurons du mal à revenir chez Equinoxe», avait alors dégainé le député RDPC du département du Nkam (région du Littoral).
Dans ce clash, une ligne d’interprétation allie et le boycott de toutes les émissions par des cadres du parti de Paul Biya et la récente mise en demeure d’Equinoxe Tv par René Sadi, le ministre de la Communication (Mincom). Motif évoqué: au cours de l’émission «Parole de femmes», diffusée le 3 novembre 2020 sur cette chaine, l’une des panélistes, Stéphanie Djomo, a indiqué qu’elle a perdu ses jumeaux au début de la crise anglophone. Le 9 mars dernier, Sévérin Tchounkeu et son équipe essuyaient l’ire de Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (Minat) et fervent militant du RDPC. Ce membre du gouvernement accusait alors la chaine privée (et deux autres médias) d’être à la solde de certaines organisations aux desseins mafieux. Sévérin Tchounkeu, le PDG de l’entreprise incriminée, avait brandi le professionnalisme de ses journalistes.
Jean-René Meva’a Amougou
Mardi 22 septembre 2020 : Le jour le plus NON
Dans un contexte où persistent conjointement l’obstination à manifester dans la rue et l’annonce de vigoureuses représailles, le collectif rattaché à la bannière MRC et l’exécutif inventent des modalités de gestion opérationnelle de la journée du 22 septembre 2020 au Cameroun.
Le face à face Paul Atanga Nji – Maurice Kamto On ne saurait dire si c’est le jour le plus long ou celui de tous les possibles au Cameroun. En tout cas, le pays entier attend le 22 septembre 2020 avec inquiétude ou intérêt. S’étant acculturés au répertoire contemporain des mobilisations contestataires, le MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) et ses alliés scandent (depuis la convocation par le président de la République du corps électoral en vue du scrutin des régionales le 6 décembre 2020) l’un des éléments structurants de leur agenda politique: les manifestations de rue à l’échelle nationale et internationale.
Dans sa «note du marcheur pacifique, patriote et républicain» publiée le 16 septembre dernier, Maurice Kamto décline le corpus de la mobilisation. Pour le leader du MRC, il s’agit de «marches appelant au départ de M. Biya (…) au regard de sa démission devant toutes ses responsabilités de président de la République». Usant du vocabulaire de la résistance, le «tireur de pénalty», en posture de capitaine qu’aucune tempête ne fait plier, suggère à ses partisans et alliés de «se munir d’un foulard ou d’une écharpe et d’un flacon de vinaigre ou de jus de citron», en cas de gaz lacrymogène.
Sur les réseaux sociaux, on promet l’enfer aux policiers et aux défenseurs de l’actuel locataire du Palais d’Etoudi. Ceux qui partagent ou portent l’essentiel de ce message agrègent d’autres motifs de colère. Tisonnés par des fins de mois difficiles et pris d’un immense ras-le-bol par rapport à la longévité de Paul Biya à la tête du Cameroun, ceux-là disent marcher pour un supplément de pouvoir d’achat et une alternance politique au sommet de l’État. Et du coup, ils entendent faire face aux représailles les plus débridées, souvent utilisées (selon eux) sans complexe par l’exécutif.
«Monstre froid»
En relevant les dits et les non-dits de l’appel à la mobilisation populaire lancé par le MRC, le gouvernement se prépare à la confrontation. Sous fond de nervosité, il a pris quelques précautions avant de devoir y faire face sur le terrain. Dernier vestige de nervosité de l’exécutif, la publication, en date du 14 septembre 2020, d’un message-fax signé Paul Atanga Nji. Adressé aux gouverneurs des régions du Centre, du Littoral et de l’Ouest, le document avertit clairement que les partisans de Maurice Kamto et leurs alliés dansent sur un volcan. La nature centrale du sujet dont le ministre de l’Administration territoriale (Minat) a décidé de se saisir prioritairement est d’ailleurs révélatrice de la volonté de faire régner l’ordre «sans complaisance». Pour cela, une mécanique policière particulièrement répressive est déjà mise au point, en plus des mises en garde et avertissements qui fusent à partir du Minat.En dénonçant comme une dérive politique la démarche du MRC, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication (Mincom), dans un communiqué rendu public le 15 septembre 2020, prévient: «Aucune manifestation ne saurait être considérée comme pacifique lorsque le but déclaré en est le lancement d’un mouvement insurrectionnel et le renversement d’institutions républicaines démocratiquement élues».
Dans un format interactionnel avec ceux qui cautionnent les «marches blanches», Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la communication du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), est direct. «Que le 22 septembre 2020, nul ne vienne donc verser des larmes de crocodile lorsque, le cas échéant (dans l’hypothèse où des actes insurrectionnels auraient lieu), force reviendra à la loi. Le Cameroun n’est pas la cour du roi Pétaud», écrit le membre du bureau politique du parti politique de Paul Biya.Jean-René Meva’a Amougou
48es assises de l’UPF : La trace d’une diplomatie efficace
Pour avoir été désignée comme ville hôte de la presse francophone, pour la seconde fois en l’espace de dix ans, Yaoundé expose les leviers de sa campagne.
Félix Zogo et Aimé-Robert Bihina, artificiers des 48es assises de l’UPF Plus que quelques jours, le Cameroun va abriter l’un des banquets professionnels les plus en vue au sein de l’espace francophone. Il s’agit des 48es assises de l’UPF; elles sont placées sous le thème: «Journalisme d’émotion, journalisme d’information?». En conférence de presse ce 7 novembre 2019 à Yaoundé, Félix Zogo s’est montré enthousiaste en l’annonçant aux journalistes de la presse locale. On l’aura compris: en posture de président du Comité d’organisation de ladite rencontre, le secrétaire général du ministère de la Communication (Mincom) a surtout exalté l’implication des autorités camerounaises. «C’est la seconde fois en l’espace de 10 ans», a appuyé Aimé-Robert Bihina.
Le président de la section locale de l’UPF a salué les efforts de la diplomatie camerounaise pour obtenir l’organisation des assises qui font la crédibilité de son pays. Selon lui, le label Cameroun a lourdement pesé lors des arbitrages entre de multiples candidatures d’envergure. «Notre pays fait office de vivier de liberté d’expression, de vivier professionnel et de laboratoire d’éclosion de la presse. Sur le plan diplomatique, c’est un atout indéniable», s’est réjoui le vice-président international de l’UPF. Occasion pour évoquer «des nuits dont on sort lessivé et qu’il faut enchaîner avec la planification de voyages à l’étranger, de réceptions d’hôtes étrangers, d’anticipations, de négociation internationale. Aujourd’hui, les retombées de ce travail sont là».
En cette rencontre professionnelle, le rédacteur en chef de la télévision nationale camerounaise voit une opportunité de rayonnement du pays. «Au moins 400 hommes et femmes exerçant au sein de l’espace francophone et plus de 200 originaires des pays comme la Serbie, la Guyane, la Thaïlande, la Géorgie, la France, la Suisse… Sur le plan diplomatique, de nombreux projecteurs seront braqués sur nous», a-t-il répété.
«Précédent»
Son propos est davantage conforté par celui émis par Madiambal Diagne. «Nous avons été une première fois au Cameroun en 2009.On y avait trouvé beaucoup de bonheur. 10 ans après, nous revenons. La section camerounaise, par sa perspicacité et sa vitalité, est digne de tenir une nouvelle fois les assises», avait indiqué le président de l’UPF lors de sa visite officielle à Yaoundé en février 2019.Celui-ci, avise Aimé-Robert Bihina, est aiguillonné par le thème inscrit à l’ordre du jour. «Aux participants de lui donner des extensions dans un cadre défini par le secrétariat général de l’UPF. On travaillera par exemple sur diverses questions en rapport avec ce thème très lié à l’actualité», a projeté le journaliste camerounais.
Diplomatie : avalanche de frissons à Yaoundé
Ces derniers temps, d’aucuns seraient en train de se féliciter de voir Lejeune Mbella Mbella et René Emmanuel Sadi transformer leurs ministères respectifs en décorum d’une diplomatie de plus en plus active au Cameroun.
Confrontés à la tonalité critique de l’actualité dans le pays, le Minrex et le Mincom se ressourcent dans l’ingénierie diplomatique pour des ajustements de circonstance. Le 7 février dernier par exemple, René Emmanuel Sadi a reçu en audience l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun. Au terme de la rencontre avec Peter Henry Barlerin, tout est resté cambré dans la domestication des informations relatives à la suspension de l’aide américaine.
Sur le coup, les propos du plénipotentiaire du pays de l’Oncle Sam ancrent une posture diplomatique construite depuis des mois par Washington, vis-à-vis de Yaoundé. «En procédant à un décryptage des différents ressorts langagiers de l’hôte de René Emmanuel Sadi sur le sujet, l’on constate qu’il a juste usé de deux choses : des formules nobles et un serment vibrant qui n’ont pas démenti le froid entre les deux parties. Tout ça, c’est pour servir d’antidote au harcèlement médiatique», affirme Marc-Robert Kankeu. De l’avis de ce ministre plénipotentiaire à la retraite, le maillage linguistique de Peter Henry Barlerin inaugure moins une ère de la franchise et du parler-vrai. «Il y a une vérité connue et qui donne des frissons», conclut-il.
Lignes de crête
Quelques jours auparavant (le 4 février 2019), le successeur d’Issa Tchiroma Bakary a choisi d’affronter le vent gonflé par la colère de l’ambassade d’Israël au Cameroun. Avant que ne s’élargissent les failles d’une éventuelle tectonique diplomatique avec le peuple juif, le membre du gouvernement a présenté les excuses officielles de Yaoundé, au lendemain des déclarations controversées de Jean de Dieu Momo (ministre délégué à la Justice) sur les antennes de la télévision nationale camerounaise (CRTV).«Sur le plan diplomatique, soutient François Minyem, tout laisse à croire qu’au cœur de cette affaire tout est à prendre tel que présenté aux médias. Mais aux marges du communiqué, le gouvernement frissonne». L’internationaliste va plus loin: «Le Mincom a juste redit une doxa dont il est tout autant le produit que le messager. Mais il est évident qu’on tremble. Vu sous cet angle, Yaoundé se cherche une double ligne de crête. La première : diluer la peur qu’il ne soit plus soutenu par ses alliés occidentaux, suite au choix porté sur les puissances asiatiques en début d’année. En ce sens, Paris et Berlin pourraient être soupçonnées de laisser-faire, eu égard au saccage des ambassades camerounaises dans ces villes. La seconde : réinvestir de sa capacité à maîtriser le cours des événements».
Jean-René Meva’a Amougou
«Marches blanches» : En petite allure de croisière
Après une première séquence, le bras de fer entre le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et le régime de Yaoundé est en passe connaître l’escalade.
La ville de Douala bousculée dans sa serénité, le 26 janvier 2019 Passé ce qui, sur les réseaux sociaux, est appelé «Acte I». En une journée (26 janvier 2019), le mouvement du MRC aura ressemblé à une cocotte en ébullition dans quelques localités du pays (Yaoundé, Douala, Dschang, Mbouda). La chronique retient que Me Michèle Ndoki et Célestin Njamen sont devenus des figures médiatiques du mouvement. Sur la foi des images disponibles sur la toile, la première tout comme le second ont reçu chacun une balle «réelle ?» au pied.
Ailleurs, en France et en Allemagne notamment, des images de mise à sac des représentations diplomatiques du Cameroun dans ces pays-là circulent. Pour certains analystes, le mouvement va bien au-delà de la simple com’. Tous les décryptages instantanés tiennent compte de son ampleur. Appréciant le cran et l’ardeur des marcheurs, Maurice Kamto fait valoir que «le peuple, lui, semble avoir compris la leçon des derniers mois et se déclare par conséquent prêt à une confrontation directe, nécessairement aporétique et hystérique avec l’exécutif, qui l’a bien cherché puisqu’il avait même érigé cela en méthode». «On ne s’attendait pas à un tel engouement, il y a une vraie soif de démocratie, de débat», confie le président du MRC, candidat à la dernière élection présidentielle au Cameroun. Le temps n’a pas modifié l’opinion de l’agrégé de droit sur sa «victoire» à ce scrutin. In fine ses les marches blanches sont l’expression du «droit contre le hold-up électoral».
Riposte
Secoué, le gouvernement a coupé court à cette dynamique. A Yaoundé et à Douala, au nom de l’ordre public, les forces de sécurité ont dispersé les militants, «faisant montre de maitrise et de professionnalisme, les forces de maintien de l’ordre ont dû procéder à des mises en demeure (…) non suivies d’effets de la part des manifestants», selon René Emmanuel Sadi. 124 personnes interpellées et 6 autres blessées, brandit le ministre de la Communication (Mincom) au cours d’une conférence de presse donnée conjointement avec Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (Minat). Devant la presse nationale et internationale, les deux membres du gouvernement sont formels: «le MRC veut inciter nos compatriotes à braver l’ordre républicain».Perspectives
Alors que «l’acte II» de sa mobilisation s’annonce pour cette semaine et qu’un grand débat national est lancé, le mouvement initié par Maurice Kamto semble se trouver à la croisée des chemins. Contre-débat sur les réseaux sociaux, nouvelles actions de terrain… comment se réinventer pour ne pas s’essouffler? Sur les plateformes numériques, les partisans s’interrogent de plus en plus : comment continuer à exister et à peser dans le débat public? Le mouvement doit-il se réinventer, se réorganiser? Et si oui, sous quelle forme? Des questions qui reçoivent pour l’heure autant de réponses que le mouvement comprend de tendances.
Les uns penchent clairement pour un tout autre rapport de force: la grève générale. Cette action doit être menée en coopération avec des syndicats de transporteurs. Le socle de leur position est l’hystérisation du langage opérée par le pouvoir lui-même. «Engagé résolument dans un traitement répressif du mouvement, ce dernier va nous trouver sur sa route», avertit un internaute-militant.A côté, les autres font le point sur les revendications et sur les modes d’action, puis réflexion sur une éventuelle restructuration du mouvement. Doit-on créer des associations départementales, régionales? Devons-nous nommer des délégués par localité pour éviter que certains s’autoproclament porte-paroles? Des questions qui laissent présager que tout n’est pas fini.
Jean-René Meva’a Amougou
Facebook – Etat du Cameroun : odeur de complot sur la présidentielle
Une conférence de presse annulée, un refus systématique de s’exprimer devant la presse à l’issue de chaque audience avec les autorités gouvernementales… Les responsables de Facebook Inc. ont entouré leur séjour au Cameroun, en début août, d’un grand mystère. Le besoin d’informations est pourtant grand au regard de l’objet de cette visite. «La problématique de l’éradication des “fake news” (fausses informations, NDLR) en période électorale constitue la principale motivation de [cette] mission», informe une correspondance du directeur du Cabinet civil de la présidence de la République du Cameroun, datée du 1er août, qui a fuité.
Depuis, des activistes craignent que la lutte contre les «fake news» ne se transforme en censure. Et les antécédents en Afrique centrale et au Cameroun (où la restriction de l’accès à Internet et aux réseaux a tendance à devenir la réponse à la manipulation et à la diffusion des messages haineux), le contexte sécuritaire, l’omerta de la firme américaine et les déclarations du ministre camerounais de la Communication en rajoutent à la suspicion. Selon Issa Tchiroma Bakary, «les représentants de Facebook ont proposé d’accompagner le gouvernement dans l’identification et la suppression des “fake news” au cours de la période électorale». En quoi consistera cet accompagnement ? Quelle en est la contrepartie ? Ces questions et d’autres taraudent les esprits. Intégration apporte des éléments de réponse.
Facebook – Etat du Cameroun : Idylle suspecte à la veille de la présidentielle
L’opacité entoure le séjour dans le pays de Paul Biya – en début août – des responsables de la firme américaine, propriétaire de six réseaux sociaux.
J. Rémy Ngono ne décolère pas. Sa page Facebook «REMY NGONO officiel» est bloquée depuis le 21 août 2018. Selon une notification reçue du réseau social à plus de 2 milliards d’utilisateurs, il est reproché au célèbre animateur camerounais exilé en France la publication d’images montrant la nudité. «Je ne l’ai jamais faite», clame-t-il en mettant quiconque au défi de fouiller sa page et de lui en présenter une seule.
Selon des experts, de telles méprises sont récurrentes. Elles sont dues au fait que le système de modération de la plateforme est principalement géré par des algorithmes d’intelligence artificielle. Mais pour J. Rémy Ngono, il ne s’agit pas d’une erreur. A l’en croire, la vraie raison de cette «censure» serait plutôt la publication d’images montrant une manifestation des anglophones camerounais contre Paul Biya devant la Maison-Blanche. Ces photos qui datent du 20 août 2018 sont en effet les dernières publiées sur sa page.
Election
«En réalité, le réseau social Facebook est devenu un instrument au service du régime dictatorial de Paul Biya», dénonce l’activiste. Ces accusations prennent source sur la visite de travail d’une délégation du géant du numérique effectuée au Cameroun. Lukas Holzer et Aïda Ndiaye, en charge respectivement de la politique de contenu et des relations publiques pour l’Afrique francophone de la firme, ont séjourné du 06 au 15 août dans le pays. Au centre de la mission, «La problématique de l’éradication des “fake news” (fausses informations, NDLR) en période électorale», selon une lettre de Samuel Mvondo Ayolo, directeur du Cabinet civil de la présidence de la République du Cameroun, qui s’est retrouvée sur les réseaux sociaux.
Durant tout le séjour, le sujet est donc au centre de toutes les audiences entre les deux responsables de Facebook Inc. et les autorités camerounaises, dont le ministre des Relations extérieures. Sauf qu’au sortir de chacune de ces rencontres, Lukas Holzer et Aïda Ndiaye refusent de s’exprimer devant la presse. Du coup, de ces audiences, on en sait que ce que le gouvernement a bien voulu dire.
Selon le ministre de la Communication (Mincom), «les représentants de Facebook ont proposé d’accompagner le gouvernement dans l’identification et la suppression des “fake news” au cours de la période électorale». Issa Tchiroma Bakary, s’exprime ainsi au sortir d’une séance de travail à laquelle ont également pris part les responsables de la communication des ministères de la Défense, de la Justice, de l’Administration territoriale et de la Délégation générale à la sûreté nationale.
«Grâce à votre collaboration, il faudra que l’élection présidentielle se déroule dans les meilleures conditions. Il ne faudrait surtout pas que Facebook soit une source de déstabilisation du pays après l’élection», déclare le Mincom en s’adressant aux responsables de l’entreprise américaine. Celle-ci contrôle six réseaux sociaux, notamment Facebook et WathsApp, de loin les plus utilisés par les Camerounais. Les plénipotentiaires de Facebook ne disent mot, donc consentent.
Business
Mais quelle est à la nature de l’entente ? Impossible de le savoir. J. R Ngono, lui parle d’«arrangements secrets tarifiés avec le régime Biya pour museler l’opposition, les journalistes et les activistes, en bloquant ou en verrouillant la fréquentation des comptes et pages des influenceurs des réseaux sociaux, à la veille, pendant, et après l’élection présidentielle d’octobre 2018 ». L’animateur craint même le pire : «grâce à son système de 80 applications, les coordonnées GPS et les adresses IP, Facebook peut permettre aux services secrets du régime dictatorial de Biya de localiser tous les activistes. Danger !»
Le vice-président de l’Association des Blogueurs du Cameroun ne partage pas ces inquiétudes. «Pendant les travaux, les responsables de Facebook ont dit qu’ils ne sont pas là pour prendre parti ou pour lutter contre les activistes», renseigne Didier Ndengue, impliqué dans l’organisation des ateliers organisés en partenariat avec la firme américaine. «C’est possible de voir son compte bloqué sur Facebook. Mais il faut savoir que ce n’est pas dans l’intérêt de la firme américaine de le faire», ajoute, Beaugas Orain Djoyum, directeur général du cabinet de veille stratégique et d’e-réputation, ICT Media Strategies (voir interview).
En effet, le business modèle de Facebook Inc. repose sur la vente des données personnelles collectées par les profils des utilisateurs de plateformes. Installer la méfiance en traquant ses usagers serait de ce fait contreproductif. C’est d’ailleurs parce que ces données sont moins protégées sur le continent que le géant du net accourt. Bien que conscient de cela, beaucoup d’utilisateurs du web ne sont guère rassurés. «Avec ou sans l’aval de Facebook, les autorités camerounaises ont la possibilité de couper l’accès à Internet ou aux réseaux sociaux», rappellent-ils. L’année dernière, le gouvernement a en effet interrompu la fourniture d’Internet pendant de long mois dans les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest en proie depuis novembre 2016 à une crise sociopolitique.
Aboudi Ottou
Guibaï Gatama
«Ce n’est pas à nous de dire si l’élection a été transparente»
Le directeur de publication de L’œil du Sahel s’est illustré dans la guerre contre Boko Haram comme lanceur d’alertes à partir de sa page Facebook. Sur cette même plateforme, il convie les citoyens à faire vivre la présidentielle 2018 en partageant photos et vidéos. Il explique le sens de sa démarche.
Pourquoi avez-vous lancé l’initiative «observateur d’un jour»?
Je me suis toujours inscrit, à titre personnel, dans une démarche citoyenne. Et l’élection présidentielle est un moment important dans la vie de la nation. C’est un événement où le citoyen doit être non seulement acteur, mais également observateur. Nous nous sommes dit qu’il n’y avait pas plus près de l’élection que le citoyen lui-même. Il fallait donc l’inciter à participer à ce moment historique de la vie de la nation par la capture d’images ou la réalisation de vidéo à partager avec les autres camerounais à travers la plateforme Facebook de Guibaï Gatama. Ainsi, tout le monde pourrait avoir une idée du déroulement de ce scrutin présidentiel.
Cette démarche s’inscrit-elle dans une volonté d’avoir une élection transparente ?
Nous sommes dans une démarche de participation citoyenne à un événement historique. Maintenant, chacun à partir de la plateforme pourra jauger de l’affluence dans un bureau de vote, être informé des petits incidents, d’un bureau de vote qui a ouvert tard ou plus vite. Mais ce n’est pas à nous de dire, à la fin du processus, si l’élection a été transparente ou pas.
Est-ce que sur cette plateforme on pourra par exemple publier les procès-verbaux (PV) des résultats?
Il faut rester dans la légalité. Nous n’avons pas le pouvoir d’apprécier l’authenticité des PV. Donc, nous n’allons pas les publier. Il y a d’ailleurs en amont comme en aval un ensemble de dispositions techniques prises pour que nous ne soyons pas un réceptacle nocif.
La mise en œuvre de votre initiative tient non seulement à la disponibilité d’Internet, mais aussi de Facebook. Or en début du mois d’août, le Cameroun a reçu deux émissaires de Facebook Inc. à qui le gouvernement a demandé de faire en sorte que Facebook ne soit pas une plateforme de « déstabilisation » lors de cette élection. Un tel discours vous inquiète-t-il ?
Je ne suis pas inquiet pour un ensemble de raisons. D’abord, je ne pense pas qu’Internet sera coupé. Ensuite avec Facebook, la question centrale est celle des «fake news» ; et ce n’est pas seulement au Cameroun qu’elle se pose. Elle concerne l’ensemble des pays démocratiques. En France, il y’a eu tout un débat sur les «fake news». On sait aussi ce qui s’est passé aux Etats-Unis avec l’ingérence russe lors de la présidentielle. Je pense que le gouvernement demande à Facebook de l’aider sur la question des «fake news». Nous ne sommes pas dans les «fake news». Nous nous sommes dans une démarche citoyenne.
Interview réalisée par AO
Beaugas Orain Djoyum
« Facebook peut céder à certaines demandes »
Le directeur général du cabinet de veille stratégique et d’e-réputation, ICT Media Strategies, a côtoyé les responsables de Facebook durant leur séjour au Cameroun en août dernier. Il lève un pan de voile sur les enjeux de cette visite.
Vous étiez partie prenante des activités organisées à l’occasion du séjour des responsables de Facebook au Cameroun. Dites-nous, qu’est-ce que la firme américaine est en réalité venue faire dans ce pays ?
D’après les explications de madame Aïda Ndiaye [responsable des relations publiques de Facebook pour l’Afrique francophone], l’entreprise américaine avait pour ambition de présenter au gouvernement et aux utilisateurs camerounais les méthodes de lutte contre la propagation des fausses nouvelles. Il était aussi question de sensibiliser sur les méthodologies d’alertes concernant des messages non conformes aux conditions d’utilisation et à la politique de contenu de Facebook. Voilà officiellement pourquoi Facebook est venu au Cameroun.
Vous qui avez pris part à certains de ces ateliers. Dites-nous, que propose exactement Facebook pour lutter contre les «fake news».
Facebook explique en fait qu’il y a la possibilité pour chaque utilisateur (que ce soit un gouvernement ou un utilisateur lambda) de signaler une publication qui est contraire à sa politique de contenu. Et les ateliers organisés à Douala et Yaoundé ainsi que les audiences avec les membres du gouvernement visaient en fait à présenter ces possibilités.
Mais est-ce qu’il n’y a pas là un risque de censure sur les réseaux sociaux étant donné que n’importe qui peut décider qu’un contenu est par exemple un «fake news» ?
Facebook ne voudrait pas entraver la liberté d’expression des citoyens. Au contraire, ses responsables promeuvent la diversité d’opinion. En fait, l’entreprise américaine a signé un contrat de partenariat avec l’AFP [l’Agence France-Presse]. Selon cet accord, l’AFP est sensée aider Facebook à vérifier les contenus signalés comme «fake news». Mais, à mon avis, cette stratégie est limitée. Vous savez que l’AFP ne peut pas totalement couvrir le territoire camerounais et également l’ensemble des pays africains.
Il aurait été bon de signer aussi des partenariats avec des organisations locales de production de contenus ou des médias locaux crédibles qui ont une meilleure visibilité sur les faits locaux et qui ont la possibilité de vérifier et recouper plus rapidement une information publiée sur sa plateforme web. Dans chaque pays, on peut le faire pour pouvoir avoir des vérificateurs d’informations. L’idée étant que, quand un contenu est signalé comme contraire à la politique de contenu de Facebook, qu’un travail de vérification soit fait avant de décider si oui ou non on le supprime ou on réduit sa portée. Notre cabinet ICT Media Strategies peut aider à cela.
Lors de ces ateliers, a-t-il aussi été question de clôture ou de blocage de comptes ? Et à quel moment cela pourrait-il intervenir ?
C’est possible de voir son compte bloqué sur Facebook. Mais il faut savoir que ce n’est pas dans l’intérêt de la firme américaine de le faire. Donc, il faut vraiment aller à l’encontre de la politique des contenus de Facebook pour voir votre compte supprimé. Il peut, par exemple, s’agir d’usurpation d’identité. En effet, si une personne fait une requête et prouve que quelqu’un d’autre utilise son identité de manière frauduleuse, il y a de fortes chances que Facebook supprime ce compte. Par ailleurs, s’il y’a un utilisateur qui publie des contenus pornographiques ou faisant la promotion du terrorisme, après des avertissements, Facebook peut bloquer son compte.
Est-ce qu’il est déjà arrivé à Facebook de supprimer un compte ou dévoiler l’identité d’un utilisateur à la demande d’un gouvernement ?
Effectivement, il y a des cas où les gouvernements ont clairement sollicité le soutien de Facebook pour avoir des données sur des comptes précis et même pour supprimer des comptes. Au Nigeria par exemple, Facebook a transféré aux autorités, il y a quelques années, les données d’un utilisateur pour besoin d’enquête, principalement lors des enquêtes sur les agissements de Boko Haram. Donc, il y a des gouvernements qui sollicitent des données sur des utilisateurs considérés comme opposants entre guillemets ou encore des utilisateurs identifiés comme de connivence avec ceux qui combattent le pouvoir en place ou qui excellent dans la manipulation de l’opinion. D’autres gouvernements demandent même des suppressions de comptes.
« C’est devenu un jeu d’enfant de prendre une photo dans un bureau de vote et de la modifier afin d’attribuer à un parti un nombre de voix qui n’est pas le sien »
Mais généralement, au regard de sa politique, Facebook s’oppose à ces demandes de clôture de comptes. C’est quand le gouvernement produit des éléments probants, importants et des preuves que Facebook peut céder à certaines demandes. Néanmoins, Facebook peut, en guise de consolation, limiter la portée d’un post ou la propagation au plus grand nombre d’un contenu contraire à sa politique de contenu ou encore bloquer momentanément un utilisateur.
Lors de cette visite, les responsables de Facebook ont été reçus par les autorités camerounaises. Il y a notamment eu une séance de travail avec le ministre de la Communication. A cette occasion, Issa Tchiroma leur a clairement demandé de faire en sorte que Facebook ne soit pas source « de déstabilisation lors de la présidentielle 2018 ». Quel est le sous-entendu d’une telle demande ?
C’est de la volonté de tout gouvernement de maintenir la stabilité. Et vous êtes sans ignorer qu’avec les réseaux sociaux, il y a des possibilités de manipulations de l’opinion notamment à partir des vidéos et photos truquées. Des «fake news» comme on les appelle. Avec les réseaux sociaux, il est aussi possible de passer des informations sensibles comme les tendances des votes. Plusieurs pays africains, qui l’on constaté, redoutent parfois la propagation de telles informations, parce qu’elles pourraient inciter à la contestation des résultats publiés par l’instance officielle. Donc, deux préoccupations sont généralement celles des gouvernants : éviter des crises et souvent empêcher la transparence.
Si un gouvernement a l’intention de falsifier les résultats d’une élection, il va de soi qu’il va empêcher que les résultats circulent sur les réseaux sociaux. Mais aussi, le camp d’en face peut également fabriquer des «fake news» dans le but de manipuler l’opinion. De nos jours, c’est devenu un jeu d’enfant de prendre une photo dans un bureau de vote et de la modifier afin d’attribuer à un parti un nombre de voix qui n’est pas le sien. De nombreux logiciels de montage photo le permettent. En général, la volonté première des gouvernements qui restreignent l’accès à Internet ou aux réseaux sociaux pendant les périodes électorales est d’éviter la propagation de fausses nouvelles, des messages de haine et de défiance de l’état.
Est-ce la meilleure solution ?
On remarque que, pour lutter contre la manipulation, la tendance aujourd’hui en Afrique et notamment en Afrique centrale est à la restriction de l’accès à l’Internet ou aux réseaux sociaux. Cela a été le cas dans les régions Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun, où face à la propagation des messages de haine, de tribalisme, le gouvernement a coupé Internet. Je pense que cela n’est pas nécessaire. Il serait préférable de mettre en place une taskforce digitale capable de répondre efficacement et en temps réel aux «fake news» en opposant aux infos manipulées des infos officielles crédibles.
Pour la diffusion de ces messages, on pourrait mettre à contribution des influenceurs identifiés. C’est ce que font, par exemple, plusieurs gouvernements des pays occidentaux. Cela implique un changement d’habitude et d’attitude de la part des gouvernements dans le circuit de validation des informations à publier. Car, généralement l’administration est lente à réagir aux «fake news». Malheureusement, sur les réseaux sociaux, plus vous retardez à apporter la bonne information, plus vous contribuez à la propagation de la fausse information. Cela va très vite.
De votre expérience, comment va réagir Facebook face à la demande des autorités camerounaises ?
Il est clair que Facebook n’accepte que de supprimer les comptes ou de limiter la portée du message d’un utilisateur seulement s’il est avéré que ce message est contraire à sa politique de contenu. Donc, sa réponse dans la majeure partie des cas a toujours été négative. Plusieurs demandes sont faites, tous les jours par les autorités, mais Facebook maintient son crédo: donner la possibilité à tout le monde de s’exprimer.
Dans le contexte actuel où Facebook est dans une campagne de séduction vis-à-vis des gouvernements africains. Est-ce que cela ne le rend pas plus réceptif aux demandes pareilles venant du gouvernement ?
Je pense que la position de Facebook n’a pas changé malgré le contexte. C’est vrai que la situation du géant américain en Afrique en rapport avec la gestion des données personnelles des utilisateurs n’est pas totalement claire, même s’il indique qu’il applique en Afrique le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) en vigueur en Europe depuis le 25 mai 2018. Il y a beaucoup de vides juridiques qui sont à l’avantage de Facebook et qui pourraient laisser croire qu’il devrait être plus réceptif aux demandes des gouvernements africains. Mais, ce n’est pas le cas. Les responsables de Facebook en tournée au Cameroun ont d’ailleurs indiqué à ce sujet que leur politique, comme je l’ai expliqué plus haut, est de donner les moyens à tout le monde de s’exprimer.
Bien que les pressions existent…
Oui, les pressions et demandes des gouvernements ne manquent pas et Facebook a souvent eu a indiquer clairement quels sont les gouvernements qui lui font des pressions et des demandes pour avoir les données personnelles de certains utilisateurs ou pour voir certains comptes supprimés. Ça ne surprendrait pas que ce soit également le cas au Cameroun. Vous savez qu’avec la guerre contre Boko Haram et la crise sociopolitique dans les régions du Nord-ouest et le Sud-ouest, il serait naïf de croire que le gouvernement n’a jamais demandé à Facebook de limiter, de bloquer ou de supprimer les posts et messages de certains influenceurs.
Interview réalisée par
Aboudi Ottou
Yaoundé-Washington : On refait ami ami
Après la brouille survenue à la suite des déclarations controversées de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun en mai dernier, les deux parties fument de nouveau le calumet de la paix.
Issa Tchiroma et Peter Balerin: hier et aujourd’hui, c’est diffférent Au sortir de l’audience que vient de lui accorder Issa Tchiroma Bakary ce 04 août 2018, S.E. Peter Henry Barlerin se montre sous son meilleur jour. La tonalité bien moins agressive, le détour puis le souci de trancher sur des choses qui fâchent, c’est le cliché que le diplomate américain semble vouloir distiller devant les micros et les caméras d’une partie de la presse locale. La rencontre de ce jour à Yaoundé avec le ministre camerounais de la Communication (Mincom), sert de pont d’or aux deux parties visiblement préoccupées à enterrer la hache de guerre. Avec délectation, chacune joue le rôle, sans donner l’impression de vouloir passer à la machine à laver médiatique. Selon un déroulé convenu, Issa Tchiroma Bakary reste dans la peau de simple figurant. A l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun de faire part du contenu des «discussions franches» qu’il vient d’avoir avec le Mincom.
Selon l’Américain, cité par le quotidien Cameroon Tribune (CT) le 05 août 2018, Washington n’a pas de candidat préféré au scrutin présidentiel du 07 octobre prochain au Cameroun. Au contraire, rapporte le journal, le pays de l’Oncle Sam ambitionne de se démultiplier en vue d’une élection «libre, juste et crédible». Derrière les mots, l’on voit bien S.E. Peter Henry Barlerin refusant toute catégorisation (à tort ?) de son pays. Il y a quelque temps, celui-ci avait été soupçonné d’accointances avec certains leaders politiques camerounais, candidats à la présidentielle. Une attention particulière avait même révélé la mise à disposition de ceux-ci d’un pactole financier destiné à faire tomber politiquement Paul Biya. Ce que l’ambassadeur avait bien sûr démenti.
Félicitations post-volte-face
Dans sa démarche, le diplomate est venu «féliciter» le Mincom. Il le dit d’ailleurs lui-même dans les colonnes de CT: «J’ai félicité monsieur le ministre sur ses déclarations et nous sommes d’accord que ces crimes sont terribles et que les coupables seront jugés et sanctionnés par la justice». En filigrane, la volte-face du porte-parole du gouvernement camerounais au sujet d’une vidéo montrant des hommes en uniforme militaire exécutant deux femmes et deux enfants, dont un nourrisson. On se souvient qu’au plus vif de ce scandale, Heather Nauert s’était fendue en une déclaration. «Nous appelons le gouvernement du Cameroun à mener une enquête avec minutie et transparence sur les événements montrés sur la vidéo, à en rendre les conclusions publiques et, si des militaires camerounais étaient impliqués dans ces atrocités, à les tenir responsables de leurs actes», lançait la porte-parole du Département d’État des États-Unis.
«Sur plusieurs aspects, souligne Pierre Malobé Ndinda, même sans le dire clairement, le diplomate américain est allé dire au Mincom que leur amitié peut résolument reprendre son sens positif». L’internationaliste valide que le coup de froid observé entre Issa Tchiroma Bakary et S.E. Peter Henry Barlerin, qui semble aujourd’hui révolu, a eu pour source deux actualités: «ce que le Mincom qualifiait le 19 mai 2018 sur RFI (Radio France internationale) d’ingérence des Etats-Unis dans les affaires internes du Cameroun et le refus d’accepter la vérité affichée par la vidéo incriminant certains militaires camerounais en faction dans l’Extrême-nord du pays».
Jean-René Meva’a Amougou
Crise anglophone: Aphonie totale sur le sort des Camerounais enlevés
Rien ne filtre sur le sort des fonctionnaires capturés par des bandes armées dans le Sud-ouest et le Nord-ouest.
Des ex-otages reçus par le Mindef Sept chefs traditionnels Bakweri ont été libérés le 30 juillet 2018. Le faste et la solennité liés à la bonne nouvelle ont autorisé Paul Atanga Nji à dérouler le tapis rouge aux anciens captifs des bandes armées qui sévissent dans la région du Sud-ouest. Le cabinet du ministre de l’Administration territoriale (Minat) a servi de cadre à la cérémonie. Pour l’occasion, le récit de la remise en liberté des dignitaires Bakweri a été soigneusement construit par des communications et urgentistes de marque. En posture d’invité du 13 heures de la CRTV, le Minat a révélé que l’on doit la libération des chefs à l’implication personnelle du chef de l’Etat, Paul Biya. Le Minat Paul AtangaNji n’a pas manqué de susciter un climat éditorialement positif autour du comportement du président de la République.
A quelques nuances près, on parlerait d’un remake de la scène vécue en début avril à Yaoundé. En ces temps-là, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication (Mincom) saluait, au nom du peuple camerounais, le happy end de l’infortune d’une vingtaine de touristes italiens et suisses enlevés dans la localité du Moungo – Ndor (Kupe Manengumba).
Entre temps, l’opinion guette les contradictions et soupçonne tout geste du gouvernement dans le cadre de la gestion de crise anglophone. Avec la libération des chefs Bakweri, la question de fond se pose d’autant plus que la série des kidnappings tend à se banaliser. Dans cette ambiance, certains enlèvements ont vite fait d’être ensevelis, bien qu’ils aient écœuré la nation entière. Dans cette fourchette, l’on tient le cas de certains fonctionnaires : Marcel Namata Diteng (sous-préfet de Batibo, région anglophone du Nord-Ouest enlevé le 11 février 2018), Nimbom Arong Yong (délégué régional du ministère des Affaires sociales (Minas) dans le Nord-Ouest.
Enlisement
En février 2018, l’organisation International Crisis Group, évaluait à au moins 23 gendarmes et policiers camerounais tués ces trois derniers mois, 75 civils tués par les forces de sécurité depuis septembre de l’année dernière. Sur les ondes de RFI (Radio France internationale), Hans de Marie Heungounp, chercheur à International Crisis Group, parlait d’une insurrection tentant de prendre pied depuis. «Cette insurrection s’articule pour l’instant autour de groupes d’autodéfense. Il y en a plus d’une dizaine présents dans les deux régions, mais aussi deux ou trois principales milices, en particulier l’Ambazonia Defense Forces (ADF) et les Southern Cameroon Defense Forces (SCDF). Il y en a deux avec des acronymes différents. Ce sont ces milices principales, qui, de concert avec les groupes d’autodéfense, organisent des attaques de basse intensité contre les postes militaires, les postes de gendarmerie et les postes de police».
Il est difficile de savoir avec précision quel est le nombre de combattants dans chacune de ces milices ou groupes d’autodéfense, «mais au sein des différentes milices, cela tournerait autour d’une centaine de combattants. Et (…) la plupart des autres groupes d’autodéfense comportent un effectif allant de 10 à 30 membres actifs ou combattants», précise le chercheur. Toujours selon ICG, ces groupes utilisent des armes légères comme des fusils traditionnels ou des grenades pour certains. Mais ils ne disposent pas d’armement lourd.
Jean René Meva’a Amougou
Région du Nord – Ouest
Entre recensement des déplacés et enlèvement d’un commissaire de police
Tranches de vie de la semaine qui s’achève à Bamenda et ses environs.
Ce n’est pas encore la distribution du kit de survivance et du matériel de réhabilitation aux déplacés internes de la crise dite anglophone dans la région du Nord-ouest. Bien que le premier contingent des dons et autres denrées alimentaires soit déjà dans les chefs-lieux des régions concernées. En attendant, le gouverneur de la région du Nord-ouest, par délégation de pouvoir au secrétaire général auprès de ses services, vient de commettre un communiqué radio conviant les déplacés à se faire enregistrer auprès des sous-préfectures. Dans ce communiqué daté du 3 août 2018, Harry Lanyuiy, SG auprès des services du gouverneur, on peut lire: «dans le cadre l’assistance humanitaire d’urgence décidée par le président de la République pour les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, le gouverneur de la région du Nord-ouest invite toutes les personnes déplacées dans la région à contacter l’autorité administrative la plus proche dans le but de s’inscrire».
Quant à celles vivant à Bamenda et ses environs précise ledit communiqué, elles peuvent contacter le point focal de la protection civile logé dans ses services et ce «tous les jours de 9h à 15h ou appeler le numéro 233361941». Le gouverneur dit pouvoir compter sur la collaboration et le sens de responsabilité civique de tous et de chacun pour le succès de cet exercice. Ce n’est qu’au terme de ces enregistrements que débutera la distribution. On peut lire en filigrane, à la suite de ce communiqué, un moyen d’assurer l’accountability, mais aussi de procéder au recensement de toutes les personnes qui ont fuit les affres de ce conflit qui a glissé en affrontement entre les forces de l’ordre ou de sécurité et les séparatistes.
kidnapping
Pendant qu’on sollicite l’enregistrement des personnes déplacées, les nouvelles sur le terrain ne sont guère reluisantes. En effet, le commissaire Samuel Mbiba du commissariat spécial de Bali, dans l’arrondissement hyponyme, a été enlevé en compagnie de son épouse dans la matinée du lundi 30 juillet, par des individus armés non identifiés. Ils ont été conduits loin du centre ville. L’épouse du commissaire de police a finalement été libérée. Mais les kidnappeurs ont confisqué les téléphones du couple. Vraisemblablement pour empêcher d’alerter les forces de l’ordre. Les recherches menées pour retrouver le commissaire Samuel Mbiba sont restées infructueuses. Il est toujours en captivité.
La bonne nouvelle est la libération du procureur de la République auprès les tribunaux de Fundong. Le magistrat Francis Tabufor kidnappé le 27 juillet a été libéré mardi dernier 31 juillet. Les forces de l’ordre sont allées le dénicher à Oku avant de le conduire pour de soins à l’hôpital BBH (Banso Baptist Hospital) à Kumbo.
Zéphirin Fotso Kamga
Crise anglophone: Paul Biya joue ses dernières cartes
Plan d’urgence humanitaire et nominations des anglophones à de hautes fonctions, tel est décliné le bouclier qu’utilise le chef de l’Etat pour contrer la violence dans le Nord-Ouest et le Sud – Ouest du pays.
Il a encore tiré son écritoire et sorti sa plume le 05 juillet dernier. Ce jour-là, Paul Biya a décidé de porter Mme Feh Helen Kwangan -épouse Galega- à la tête du conseil d’administration de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) de Yaoundé. Ancienne directrice des droits de l’Homme et de la coopération internationale au ministère de la Justice, l’heureuse promue est une magistrate de 4ème grade.
A la faveur d’un décret présidentiel, cette originaire de la région du Nord-ouest élargit de fait le cercle des anglophones nommés, depuis peu, par le chef de l’Etat à des postes de poids. On cite aussi volontiers Paul AtangaNji et Pauline Nalova lyonga, respectivement propulsés ministres de l’Administration territoriale et des Enseignements secondaires. «Des anglophones titularisés à ces postes-là, c’est la première fois depuis l’indépendance», situe Elvis Ngolle Ngolle sur le plateau de «Inside the presidency», un magazine de la télévision publique camerounaise, diffusé le 02 juillet 2018. Le même jour, ce natif du Kupe Manengouba (région du Sud-Ouest) est désigné président du conseil d’administration de l’hôpital général de Douala.
A Yaoundé, au cours d’une conférence de presse qu’ils donnent le 05 juillet 2018, Issa Tchiroma Bakary et Paul Atanga Nji vantent solidement le «Plan d’urgence humanitaire» et les modalités de son financement. Le ministre de la Communication (Mincom), appuyé par son collègue de l’Administration territoriale (Minat), renseignent que ce plan budgétisé à hauteur de 12,7 milliards de francs CFA, est en train d’être mis en œuvre. Pour justifier l’opération, le site internet de la présidence de la République voit en Paul Biya un homme «soucieux du retour au calme et du bien-être des populations des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en proie aux troubles à causes des violences perpétrées par des terroristes depuis deux ans».
Regards
Relativement à ces actualités, la crise anglophone sert d’aiguillon à des grilles de lecture. Celles-ci s’attachent à présenter Paul Biya plaçant tout son espoir dans le bouclier construit par des nominations et le «Plan d’urgence humanitaire». D’un côté, certains qualifient cet appoint en cash «d’instrument politique». «Il (le chef de l’Etat) sait que les semaines qui s’annoncent seront fatidiques. Pour lui. Pour la présidentielle notamment. Eteindre la crise anglophone, c’est pile ou face pour lui», analyse Anemboh Monju. La communicatrice du Social Democratic Front (SDF) fait remarquer que mis sous pression par le contexte actuel, Paul Biya a missionné Philemon Yang, son Premier ministre, en parallèle d’autres tâches spécifiques pilotées sur le terrain par le Minat.
«Au-delà de toute cette agitation et autres effets de manche, il faut surtout lire le plan d’urgence humanitaire sous le prisme de l’urgence justement, c’est-à-dire celle imposée par le calendrier électoral», suggère Jean-Marc Bikoko, membre de la coalition «Tournons la page» (un consortium d’organisations de la société civile pour l’alternance pacifique). Pour lui, l’actuel locataire d’Etoudi est «suffisamment échaudé par la crise anglophone qu’il est tenu de désamorcer les tensions à l’aide de ces deux instruments». Par rapport à cela, le président exécutif de Dynamique citoyenne a des doutes. «Ce type de dispositif, dit-il, a surtout pour but d’essayer d’éteindre un incendie, mais ne traite jamais le problème à la racine. C’est juste des saupoudrages successifs au lieu de réformes profondes et utiles pour le long terme».
Sur la même veine, Josué Ngounang, le président de l’ONG «Cameroon First» croit que la pression de la crise dans la partie anglophone du pays oblige le président de la République à jouer son va-tout, en espérant obtenir des résultats immédiats. De son point de vue, le Plan d’urgence humanitaire et les nominations d’anglophones aux fonctions stratégiques se révèlent hors d’atteinte, faute d’avoir établi une stratégie de longue haleine.
Jean-René Meva’a Amougou
Plan humanitaire d’urgence
10 milliards à mobiliser en un trimestre
Le gouvernement annonce pour cette semaine le début des premières actions de son plan d’assistance aux populations des régions anglophones.
Pour financer son plan d’assistance humanitaire d’urgence, d’un montant de 12,7 milliards de francs CFA, en faveur des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le gouvernement a prévu des contributions des particuliers. Dès son annonce, des quêtes ont donc commencé à travers le pays. Du pointage fait au 08 juillet 2018, 1,2 milliard de francs CFA avaient déjà été collectés repartis ainsi qu’il suit: 236 millions mobilisés par le Nord-ouest et le Sud-ouest; 21 millions collectés dans l’Adamaoua ; 120 millions atteints dans le Sud ; 152 millions récoltés par le Centre; le Littoral culmine à 230 millions; le Nord rassemble 40 millions et l’Ouest culmine à plus de 400 millions. Cette enveloppe devrait augmenter dans les prochains jours avec les collectes dans les deux régions restantes. Il faut donc mobiliser environ de 9 milliards de francs CFA pour avoir les 10,2 milliards de francs CFA nécessaires pour «les actions à mener en urgence dans les trois premiers mois». Les 2,5 milliards restants sont à dépenser pendant les cinq derniers moins.
Ce plan, conçu pour une durée de huit mois, vise à rétablir un cadre de vie propice à l’épanouissement et au développement des communautés affectées par la situation sociopolitique dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ; apporter une assistance humanitaire d’urgence aux populations en détresse ; assurer la réinsertion socio-économique des populations affectées ; promouvoir la cohésion sociale et le vivre-ensemble ; réhabiliter les infrastructures détruites. L’accès au logement, la fourniture des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, l’éducation, le logement, la protection et la reconstitution des documents individuels sont d’autres domaines couverts par cette initiative qui intègre également des visites d’assistance et de réconfort aux populations réfugiées au Nigeria.
«Toutes ces activités seront précédées par les descentes sur le terrain auprès des populations directement concernées et des leaders d’influence communautaire, afin de leur permettre de s’approprier à la fois la consistance et le bien-fondé de ce programme d’assistance», explique le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary. Ces décentes sur le terrain devraient débuter cette semaine, précise pour sa part Paul Atanga Nji. «Les activités du comité vont débuter dès la semaine prochaine sur le terrain. Il s’agit des instructions du chef de l’Etat en vue de la concrétisation du plan d’assistance humanitaire d’urgence», indique le ministre de l’Administration territoriale, au sortir de la première réunion du comité interministériel ad-hoc en charge de la mise en œuvre du plan gouvernemental d’assistance humanitaire d’urgence, le 04 juillet dernier.
Bobo Ousmanou
Cameroun:Une nouvelle arnaque au siège de la Mida
Sous le prétexte de suivre les dossiers de remboursement, un groupe d’individus extorque de l’argent aux souscripteurs de ce « programme ».
Parce que la nature a horreur du vide, Boris s’est imposé en porte-voix d’une foule anonyme, souffrante et éruptive devant le siège de la Mida (Mission d’intégration et de développement pour l’Afrique) sis au quartier Ahala (Yaoundé III). Face au reporter, son phrasé est d’un charme ensorcelant. «Le gouvernement ment évidemment.
Assurément, son contingent a ramassé l’argent. Courageusement et fermement, nous lui réclamons cet argent. La Mida a généreusement et irréprochablement enrichi beaucoup. D’où vient-il qu’en ce moment, on dise qu’il n’y a plus d’argent ? S’ils ne veulent pas de soulèvement, qu’il leur remette leur argent calmement».
Ce 25 avril 2018, son discours s’inspire du dernier communiqué du ministre de la Communication (Mincom) sur le sujet. Des hommes et des femmes l’écoutent attentivement. Des indiscrétions picorées sur le site révèlent que Boris ne fait pas partie des personnes en attente de remboursement de leur argent placé dans cette ONG scellée le 19 avril 2018 par Jean-Claude Tsila, le préfet du département du Mfoundi.
Au moins, Boris a une bonne raison de flâner ici: «Je suis le chargé de communication des gens que vous voyez. Je suis là pour leur donner la bonne information sur les délais de remboursement et la procédure à suivre», brandit-il sans fard. Sous un soleil doux, Boris a un autre rôle : calmer les souscripteurs qui échouent à contenir leurs émotions. Aux uns et autres, il conseille de porter leurs noms et prénoms sur sa liste, moyennant 2 500 francs CFA, de «frais de suivi».
Combat d’intentions
Ici à Ahala, on ne compte plus les versions sur un prétendu échéancier de remboursement. Dans la foule, l’ambiance nourrit toutes les suspicions sur les intentions réelles de l’Etat. «C’est la même ambiance qui nous force à nous confier aux chargés de communication», confesse un vendeur de pagnes ayant souscrit à hauteur de 300 000 francs CFA.
Selon ce commerçant, des plateformes d’informations ont vu le jour depuis la cessation des activités du Mida. «Au moins cinq groupes nous donnent des informations de première main sur la position de nos demandes de remboursement», avance-t-il. La passerelle est toute offerte à Mister Luke, un autre chargé de communication. Sur la foi de ses «constats propres», «le gouvernement fait miroiter aux souscripteurs une rétrocession de leur argent, mais son plan reste totalement flou», analyse-t-il, se félicitant d’apporter aux usagers «une clarification sur ce qui a toutes les apparences d’un marché de dupes».
La suite révèle que des listes ont été confectionnées. Elles s’allongent chaque jour, sans que la moindre preuve de «suivi» ne soit fournie par ceux qui les tiennent. A ce propos, Boris se débine et bonifie son rôle de «chargé de communication». «Pour une affaire aussi bizarre que celle du Mida, les souscripteurs sont de plus en plus marqués par deux tendances contradictoires.
D’une part, ils sont submergés d’informations hétérogènes provenant des médias, dans des flux où l’accessoire et l’anecdotique côtoient l’essentiel et le fondamental. D’autre part, la tendance actuelle est à la personnalisation de l’information ; parce que les cas ne sont pas les mêmes. Mon équipe et moi-même œuvrons pour que les gens qui ont mis leur argent dans cette affaire soient bien informés », dit-il. Sur son portable, l’icône des «textos» signale des dizaines de messages.
A travers ceux-ci, des souscripteurs, dont les espoirs se sont fracassés au lendemain de la publication du second communiqué du Mincom, faute de temps, le sollicitent en payant via le mobile money. De fait, des dispositifs logistiques et humains ont été mis sur pied. A la clé, pour répondre à trois besoins : «raccourcir les délais de traitement des dossiers des souscripteurs, faciliter les échanges entre ces derniers et la commission de recensement, enfin leur permettre de communiquer presque en temps réel», vante Boris.
Concurrence
Sur place ici, la com’ sur le remboursement des sommes a trouvé une nouvelle résonnance avec le blackout sur la suite des enquêtes diligentées par les autorités compétentes. Ceux qui, comme Mister Luke, prétendent les côtoyer, diabolisent les «nouveaux réseaux» constitués autour de l’«affaire Mida». «Ce sont des gens qui ne font qu’amplifier les possibilités de diffusion d’informations partiales, incomplètes ou fausses», croit-il savoir. Selon lui, une tendance lourde à s’enrichir autour du «Mida fermé» s’est développée progressivement depuis quelques jours.
Et n’hésitant pas à revendiquer le copyright de «chargé de communication sur le site», le jeune homme incrimine la démarche de ses concurrents supposés ou avérés. «Celle-ci, allègue-t-il, reposerait sur la nécessité d’être le premier, pour paraître être le meilleur. A la différence de ce que nous proposons, le marketing mal conçu domine parfois».
Surfant sur le fait que ceux qui réclament leur argent au Mida sont intercalés entre la soif d’informations fiables et l’éventualité de tout perdre, un autre «chargé de communication» corrobore, sous anonymat, ce raisonnement. «Maintenant, tout repose sur la manière dont on le fait. Certains faux chargés de communication étayent sérieusement leur propos et donnent de nombreuses références, fausses par ailleurs ; parce que l’homme de la rue n’a ni accès à toutes les informations, ni le temps de tout vérifier».
Jean-René Meva’a Amougou
Les premières révélations de l’enquête Mida
Dans les secrets de la main courante.
Depuis la mise sous scellés des locaux de la Mida sis au quartier Ahala, le public dans sa buée, semble attendre que le point des enquêtes soit mis à sa disposition. Cela est d’autant demandé que l’affaire Mida surgit dans un contexte où les mots sont parfois détournés de leur sens, où les charges de la preuve contre certaines autorités sont retournées, où les argumentations des uns et des autres égrènent la thématique du complot contre on ne sait qui.
I- Les responsables du Mida jouent la carte de l’omerta
Mais, à en croire des sources proches de l’enquête, les responsables de la Mida ont été mis aux arrêts dans une unité de police de la capitale. Les mêmes sources précisent que, dans un étonnant consensus, toutes les personnes arrêtées ont choisi de ne rien dire, «de peur d’être liquidées», disent-elles. Elles auraient, soulignent-on, peur de construire des impasses sur certaines autorités du pays. On indique même avec force que pour faire «rouler» le Mida, des pressions sont réputées avoir été faites à partir des hauts lieux de Yaoundé. Et du coup, au stade actuel des enquêtes, cela complexifie les enjeux que charrie la situation.
II- Siège du Mida, patate chaude dans les mains du commandement
Jusqu’ici, ce que l’on sait aussi, c’est que le fait d’avoir scellé les locaux du Mida laisse maintenant échapper l’embarras du gouvernement. Et selon de bonnes sources, celui-ci s’est engouffré dans une histoire de chiffres à crédibiliser, aux fins de rassurer une opinion nationale suspicieuse à souhait et à raison.
En fait, tout ne s’est pas passé comme prévu. On mentionne à cet effet que le vrai montant trouvé au siège du Mida reste insondable. Les autorités spéculaient au départ sur un déficit d’environ 300 millions francs CFA. D’où le premier engagement du gouvernement à rembourser tous les clients du Mida. Mais, le déficit a finalement été évalué à près de 09 milliards de francs CFA.
Ce qui justifie le rétropédalage du Gouvernement quant au remboursement des sommes placées par les souscripteurs. Colossale, cette somme a fini par ruiner les bonnes intentions du gouvernement préoccupé à lessiver son image en cette veille de scrutin présidentiel dans le pays.
III-Mida, aucun papier officiel et rôle trouble de l’administration
L’«ONG» n’a aucun papier officiel décerné par l’administration camerounaise, si ce n’est un récépissé de déclaration de création d’un journal dénommé Mida. Ce récépissé est signé de Joseph Beti Assomo, alors préfet du département du Mfoundi. Les autorités administratives du Mfoundi le savaient. Et selon toute vraisemblance, utilisait ce manquement comme moyen de chantage aux responsables du Mida. En effet, le Mida existe comme journal, et non comme structure de formation, de collecte et de redistribution de fonds.
En voulant créer une antenne supplémentaire dans l’arrondissement de Yaoundé IV, les responsables du Mida ont vu les enchères monter de la part de hauts commis de l’Etat en charge de l’administration dans le département du Mfoundi. Le montant de 100 millions de FCFA est avancé pour permettre à Mida d’étendre ses activités dans l’arrondissement de Yaoundé IV. Malheureusement, la négociation a tourné au vinaigre, et la pose des scellés au siège du Mida a provoqué une émeute inattendue. Ce qui a permis de découvrir le pot aux roses.
Des indiscrétions très informées relèvent par ailleurs que les services spéciaux du pays ont régulièrement produit et mis à la disposition des hautes autorités du pays (notamment la présidence de la République) de nombreux bulletins de renseignements sur le Mida. Ceux-ci ne produisaient pas la réaction attendue. Actuellement, l’heure est à l’identification des points de blocage.
Issa Tchiroma Bakary
A l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux pour le nouvel an 2018, le ministre de la Communication (Mincom) a, le 26 janvier dernier à Yaoundé, sonné la charge contre ses collaborateurs qui divulguent les informations sensibles, voire secrètes alors qu’ils sont soumis à l’obligation de réserve et l’obligation de discrétion professionnelle.
A en croire le Mincom, certains d’entre eux ne se gênent plus pour livrer des réquisitoires en règle contre les pouvoirs et autorités publics, et ceci de manière ostentatoire. Pour d’autres, il est devenu courant de communiquer à des médias ou à des journalistes, soit des informations de première sensibilité, soit, pire encore, des documents du même type, dont les fac-similés sont fièrement exhibés dans les pages de journaux, ou présentés sinon carrément lus, sur des antennes de radios et des plateaux de télévisions.