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Archives des Bobo Ousmanou - Page 3 sur 5 - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Bobo Ousmanou

  • Effets économiques du covid-19 : L’appoint des partenaires aux pays de la Cemac

    Effets économiques du covid-19 : L’appoint des partenaires aux pays de la Cemac

    Déjà 295,5 milliards FCFA issus des facilités de financement d’urgence des institutions financières internationales et régionales en décaissement progressif, tandis que la négociation sur l’annulation de la dette progresse.

    Les premiers fruits de la stratégie de résilience des pays de la Cemac face aux effets économiques et financiers du coronavirus sont perceptibles. Deux mesures de cette stratégie: le recours aux institutions financières internationales, régionales et sous-régionales; l’annulation de la dette des pays de la Cemac connait des développements encourageants.

    Financement d’urgence
    Les décaissements effectifs et approuvés par le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) ont, à date disposé 271 milliards FCFA au bénéfice des 4 pays ayant achevé leur programme d’ajustement budgétaire avec le FMI (voir tableau 1). Cet appui permet à ces pays de surmonter les difficultés des balances des paiements et de soutenir une certaine viabilité budgétaire. La situation va évoluer pour le Congo et la Guinée Équatoriale.

    La Banque mondiale a elle aussi mis à la disposition 21,5 milliards FCFA au bénéfice de 4 pays pour le renforcement des systèmes sanitaires (voir tableau 2).

    La Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) a débloqué, depuis le 28 mars, 3 milliards FCFA, dont 500 millions, pour chaque pays.

    Annulation de la dette
    Faisant suite à l’appel des ministres de la Cemac en vue de «l’annulation de l’ensemble de la dette extérieure», le 5 avril 2020, des correspondances officielles ont été adressées aux chefs d’État et/ou Premiers ministres des principales puissances telles que les États-Unis, la France, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, la Chine, la Russie, l’Inde, le Japon.

    Principaux points: solliciter la suspension, dans les meilleurs délais possible, des demandes de remboursements des crédits, y compris les intérêts; le lancement d’un processus de négociation portant sur le réaménagement et l’effacement de la dette multilatérale, bilatérale et privée; le décaissement d’une assistance financière rapide et conséquente, compte tenu de la situation particulière des pays de l’Afrique centrale qui, en plus de la crise sanitaire et économique, doivent faire face à une crise sécuritaire.

    Rappel
    Les 6 pays membres de la Communauté subissent une baisse des recettes fiscales et des recettes des activités d’import-export du fait du gel de l’activité économique internationale et nationale. Par exemple, alors que les pays de la Cemac, fortement dépendants de la vente du pétrole, ont construit les budgets nationaux sur une hypothèse fixant le baril à au moins 54,5 dollars US, le baril s’évalue désormais autour de 30 dollars. La baisse de la production décidée la semaine dernière par les pays membres de l’Opep ne pourra pas être suffisante pour redresser les cours.

    Afin d’avoir des marges budgétaires, empêcher la dégradation socioéconomique dont des licenciements massifs, une stratégie de résilience économique et financière a été adoptée le 28 mars dernier à Brazzaville (Congo) par les ministres de l’économie et des finances réunis en session extraordinaire du Comité de pilotage du programme de réformes économique et financières de la Cemac.

    Bobo Ousmanou

  • Loi des finances 2020 : Le Cameroun en passe de revoir sa copie

    Loi des finances 2020 : Le Cameroun en passe de revoir sa copie

    Contrarié dans ses prévisions par la pandémie du Covid-19, le gouvernement s’achemine vers de nouvelles orientations budgétaires.

    Louis-Paul Motaze

    Selon le ministère des Finances (Minfi), les premiers indicateurs économiques du premier trimestre 2020 ne sont pas rassurants quant à l’application de la Loi des finances de cette année au Cameroun. C’est que, dans les caisses de l’État, l’ambiance est de plus en plus tendue et les répercussions de cette situation sur l’économie restent incertaines. Pour plusieurs experts, il n’est plus possible de tenir sur 4 850,50 milliards FCFA de projections de recettes. L’explication est à lire dans le ralentissement des activités et les mesures barrières adoptées par le gouvernement depuis le 17 mars dernier. D’après les enquêtes du Minfi, le matelas de liquidité de l’État ne permet pas que ce dernier puisse encore honorer ses engagements à échéance. Il s’agit, entre autres, du règlement d’une ardoise de près de 1012 milliards FCFA (472,2 milliards de FCFA pour la dette extérieure, contre 539,7 milliards pour la dette intérieure).

    «Ajustements»
    Du coup, des indiscrétions qui fuitent du premier ministère, l’on apprend que le gouvernement se prépare à réagir et s’adapter aux changements avec plus de flexibilité. Cet appel est celui lancé par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Elle suggère aux différents gouvernements d’adopter des lois de finances rectificatives, «celles qui cadreront avec les prévisions de recettes et dépenses plus réalistes, au regard du chamboulement provoqué par le Covid-19 dans l’environnement socio-économique».

    Pour donner corps à cette suggestion, le Cameroun pourrait, dans les prochains jours, procéder à une réallocation des fonds affectés aux dépenses publiques non prioritaires vers le renforcement du système de santé pour permettre une prise en charge plus efficace des personnes contaminées. Le pays devrait également revoir à la baisse ses projections de recettes pétrolières, tablant sur 443 milliards FCFA pour 2020. Raison: La projection de la redevance sur le pétrole était basée sur une production de pétrole de 26,5 millions de barils; un cours du baril à 57,9 dollars, duquel on enlève 3,5 dollars de décote, soit un prix du baril camerounais à 54,4 dollars. Le taux de change, lui, était projeté à 552,7 FCFA par dollar. Or, avec un baril actuellement à moins de 30 dollars, le Cameroun pourrait voir ces recettes pétrolières diminuer de moitié.

    Bobo Ousmanou

  • Covid-19 et crise anglophone : La guerre sur deux fronts

    Covid-19 et crise anglophone : La guerre sur deux fronts

    Les différentes factions séparatistes divisées sur un cessez-le-feu.

     

    La crise anglophone comme le Covid-19: au centre de la tragédie.

    Le secrétaire général des Nations unies demandait récemment aux belligérants en zones de conflits dans le monde d’observer une trêve afin que tous se consacrent plutôt à la lutte contre la pandémie du coronavirus. Dr Ebenezer Akwanga, leader de la Southern Cameroon Defence Forces (Socadef) l’une des factions du mouvement séparatiste dans les régions anglophones, a répondu favorablement le 27 mars dernier à cet appel du SG de l’ONU. C’est ainsi que depuis les États-Unis où il réside, le leader de la Socadef a demandé à sa milice dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest d’observer un cessez-le-feu unilatéral de deux semaines, à compter du 29 mars. Le Dr Sako, du gouvernement intérimaire de la république virtuelle d’Ambazonie, lui a emboîté le pas. C’était sans compter sur la réticence des autres factions, notamment le Ground Zero Defence Council (Gzdc) et l’Ambazonia Governing Council (Agovc).

    Dans un communiqué daté du 28 mars, cosigné par un certain Général Virus et un certain Popo, respectivement SG et porte-parole de Gzdc, tous deux disent «non au cessez-le-feu jusqu’à ce que le Cameroun, qui a déclaré la guerre contre nous, cesse le feu». Ils ajoutent: «Nous, combattants pour l’indépendance et la souveraineté de l’Ambazonie au terroir, informons le peuple ambazonien et la communauté internationale que nous n’avons déclaré à aucun moment un cessez-le-feu unilatéral. Nous ne serons pas en trêve pendant ces jours à cause de la pandémie du coronavirus, jusqu’à ce que le gouvernement de la République du Cameroun, qui a déclaré la guerre contre le peuple ambazonien, cesse le feu. Le cessez-le-feu doit d’abord être négocié entre les parties et les termes arrêtés».

    Pour leur part, Dr Julius Nyiawung et Obadia Mua, respectivement vice-président et secrétaire général de Ambazonia Governing Council (Agovc), indiquent, dans un autre communiqué qu’«il n’y aura pas de cessez-le-feu unilatéral dans la guerre d’indépendance de l’Ambazonie à cause de la pandémie du Covid-19». À les croire, lit-on dans cette missive, «permettre une telle action unilatérale serait donner libre cours au Cameroun d’accéder partout dans nos villes et villages pendant et après la pandémie du coronavirus»? Toujours est-il que les signataires du Gzdc demandent néanmoins à «tous les Ambazoniens, surtout ceux du terroir, d’observer les mesures nécessaires d’hygiène et de distanciation pour éviter la contamination du coronavirus». Ils se réjouissent du fait qu’«aujourd’hui, tous les pays du monde ont suivi les pas de l’Ambazonie et pratiquent le lockdown (confinement NDLR)».

    Les cosignataires du communiqué du Gzdc rassurent le personnel de santé et humanitaire national ou international. «Nous vous permettrons de continuer votre travail d’assistance médicale à notre population en conformité avec les normes internationales en zone de conflit». Sur le terrain, dans les deux régions anglophones, alors que les autorités administratives, concomitamment avec le personnel de santé, s’activent tant bien que mal auprès de la population à barrer la voie au Covid-19, les armes n’ont pas cessé de crépiter. Le 29 mars 2020, date d’entrée en vigueur du cessez-le-feu unilatéral initié par la Socadef d’Ebenezer Akwanga, un véhicule blindé de l’armée gouvernementale a été victime d’une attaque à Oku, village de l’ancien Premier ministre Philémon Yang.

    Huit personnes, dont des militants du Rdpc et des éléments des forces de défense et de sécurité, ont perdu leur vie dans cette attaque. On a appris que le véhicule s’est retrouvé dans un ravin. Les quatre rescapés ont été rattrapés et réduits au silence définitif par des séparatistes. À Mamfe dans le Sud-Ouest, plus précisément dans le village Egbekwa, considéré comme l’épicentre du conflit armé, la population a été réveillée par deux attaques qui se sont soldées par l’incendie d’un centre de santé et la résidence d’Agbor Benson Besong, premier adjoint au maire de la commune de Mamfe. Peter Eyong, un résident du coin a été enlevé à cette occasion. Conduit et gardé en captivité, il a été libéré quelques heures plus tard.

    À Mbengwi, le 1er avril 2020, une attaque, repoussée par la brigade territoriale, s’est soldée par la neutralisation de trois combattants séparatistes et la saisie des armes et munitions. Des enlèvements avec demandes de rançons ont également eu lieu la semaine dernière à Bambalang dans le Nord-Ouest. La guerre fait donc son chemin sur deux fronts dans le Noso: le front sanitaire avec la pandémie du coronavirus dont déjà quelques trois cas ont été confirmés dans le Sud-Ouest, et le front de la crise sociopolitique. Il est à noter que Tibor Nagy, sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines du gouvernement américain, a félicité le leader de la Socadef pour sa décision du cessez-le-feu unilatéral.

    Zéphirin Fotso Kamga

    Covid-19

    Les équipes de la Croix-Rouge camerounaise mobilisées

    Dans plusieurs localités du pays, l’institution humanitaire s’est mise en ordre de marche contre la pandémie.

    La CRC en action.

    Écoute, conseils, installation des points de lavage des mains, caravanes motorisées… Depuis que le coronavirus dicte sa loi dans certaines localités, la Croix-Rouge camerounaise (CRC) met tout en œuvre pour maintenir ces actions, dans le respect des dispositions prises par les pouvoirs publics. Dans les 58 départements que compte le Cameroun, en plus de tordre le cou à certaines idées reçues sur le coronavirus, ses équipes sensibilisent diverses couches de la population sur les gestes barrières pour prévenir la propagation du Covid-19.

    Il s’agit notamment du lavage systématique des mains avec du savon et de l’eau ou du gel hydroalcoolique; de se protéger avec un cache-nez; d’éviter de se serrer les mains; de se tenir à une distance d’un mètre; tousser ou éternuer dans le creux du coude. Quotidiennement, près de 6000 bénévoles et salariés se mobilisent sur le terrain, organisant leurs actions autour d’une priorité: participer à l’effort collectif de prévention, d’information et de promotion des comportements et des gestes qui protègent.

    À Yaoundé, 200 volontaires animent les activités dans les grands carrefours et autres hauts lieux de brassage des populations (gares routières et agences). «Le contexte actuel que nous vivons est inédit. Les plans de prévention et de lutte contre le coronavirus doivent être renforcés de toute urgence si l’on veut empêcher que des foyers de contamination se développent, et c’est ce que fait la CRC», fait valoir Jean Urbain Zoa, secrétaire général de la CRC.

    Au-delà, la structure humanitaire, qui se trouve à la veille de la célébration de son soixantenaire, vient d’être confirmée à nouveau par un décret présidentiel comme association d’utilité publique.

    Bobo Ousmanou

    Covid-19

    Le confinement, modèle pygmée

    Dans le campement Bagieli de Grand Zambi, l’heure est au retour à la vie ancienne.

    Pendant le confinement, on chante, on danse chez les Bagieli.

    Danton Moundjé a raison d’être heureux ce 31 mars 2020: «Chez nous les Bagiéli, il n’y a aucun cas de corvina». Considérant cette information comme une matière première à modeler, il se presse de l’actualiser autrement: «Je dis bien zéro cas», clame-t-il, visiblement guidé par la peur d’être relancé sur le nom «corvina» utilisé en lieu et place du coronavirus. Parce qu’il est originaire du campement pygmée de Grand Zambi (à une soixantaine de kilomètres de Kribi, dans la forêt du Sud-Cameroun), notre interlocuteur construit néanmoins un paradigme délicieusement ponctué d’exotisme: «Nous les pygmées de Grand Zambi, on a repris la vie de nos ancêtres».

    «La radio a parlé»
    La phrase ouvre un exposé entièrement consacré au modèle de confinement en vigueur chez les Bagieli. Dans une polyphonie de références qui mélangent abondamment les registres religieux et ésotériques, Danton Moundjé se montre avisé. «La radio a parlé en notre langue et nous avons entendu que le “corvina” est arrivé et que nous devons nous protéger. C’est avec ce mauvais vent que Dieu punit tous ceux qui font du mal à la nature. La radio a dit qu’on doit se protéger; on prend le savon et on lave les mains pour que Dieu voie que nous sommes propres; on ne doit plus saluer les étrangers. La radio a dit qu’on reste chez nous sans aller chez les gens», dit-il.

    Dans ce «détournement» du message porté par la Radio Air (basée à Kribi), il est clair que Danton Moundjé et ses congénères ont réduit leurs comportements quotidiens à un formalisme sans pareil. «On ne veut plus les étrangers dans notre campement. La radio a dit que c’est eux qui viennent avec le “corvina”, balance l’homme. Il offre d’ailleurs un témoignage sur les incidences de la “nouvelle maladie” dans tout le giron Bagieli. “Les gens qui viennent pour nous saluer, on les chasse avec nos lances”, confesse-t-il. C’est que, dans leur compréhension du confinement, la signification de la rencontre avec autrui devrait se déconstruire en violence spéculaire.

    «La vie des blancs»
    Dans le fond, allusion est faite en premier lieu à l’immunité apparente dont jouiraient les pygmées Bagieli. Le coronavirus, pense Danton Moundjé avec des accents de splendeur victorienne, serait le triste apanage des «gens de la ville»: «Quand ils viennent se soigner dans notre campement, ils laissent les maladies que nous ne connaissons pas». Sur le fait, il ne manque pas de reprendre les rengaines associées habituellement à «la vie des blancs». Désormais, celle-ci fait l’objet d’anathèmes virulents au sein de cette communauté pygmée forte de 152 âmes. Vivant dans l’insouciance et l’innocence d’un monde que les effets du péché de civilisation auraient encore épargné, ces «bons sauvages» disent se mettre à l’écart des tourbillons du monde moderne et de ses virus. Comment s’y prennent-ils maintenant? «On ne veut plus leur savon. On utilise maintenant la mousse de papayer pour laver les mains. On ne veut même plus leurs allumettes, leur kitoko et leurs cigarettes; le “corvina” est peut-être dedans. On ne part plus à la boutique; la radio a dit que marcher donne le “corvina”. On reste dans le campement; la nuit on chante et on danse. Le matin on va à la chasse; on ne va plus à la pêche parce que la pluie a mis beaucoup d’eau dans la rivière».

    Pieuvre
    Au bas de ce raisonnement, il y a surtout la peur d’être contaminé. Dans la hiérarchie des hantises, celle liée aux produits manufacturés vient en tête de liste. À Danton Moundjé comme à beaucoup d’autres dans le campement, cela sert leur propagande contre tout «livreur». «J’ai dit à ma femme que si quelqu’un vient encore avec ça chez moi, je la chasse au même moment», assume-t-il sans sourciller. Le «corvina», argue-t-il, «c’est le poison; c’est les choses de la ville; les choses que nos ancêtres ne veulent pas sentir». D’emblée, dans cette étrange litanie, c’est le visage dantesque d’une pieuvre qui est au cœur du discours. À décrypter les mots et leurs sens, ce discours-là reste invariablement épaulé par les statistiques alarmantes sur les cas de coronavirus à travers le Cameroun.

    Chez les Bagieli, le tout résume la permanence d’une attitude qui voit dans l’évolution de la pandémie «un problème de la ville». «La radio a dit qu’à Yaoundé, là où les avions s’arrêtent, et partout, les gens meurent comme des mouches; vous voyez que c’est en ville que le corvina habite», soutient Danton Moundjé. Pour venir à bout de la situation, il suggère un antidote: «Il faut dire aux gens de la ville de manger les bonnes choses comme le miel. Mon père disait que le miel de la ville n’est pas bon. Nous on a le bon miel et nous n’avons pas le corvina». En le titillant sur le comment feront les Bagieli pour s’approvisionner en sel de cuisine eu égard à leur modèle de confinement, le pygmée auréole sa pensée de digression spéculative: «Là, on va voir!».

    Jean-René Meva’a Amougou

    Kondengui et New-Bell

    Deux prisons dans le doute de la certitude

    Au sein des célèbres pénitenciers, l’espoir que le coronavirus ne va pas briser les barreaux se conjugue avec la crainte du pire.

     

    Kondengui et New-Bell! Là, l’on parle des maisons d’arrêt de Yaoundé et Douala respectivement. Désormais rangés dans certaines analyses au rang de prisons à taille inhumaine, ces lieux de détention sont en alerte maximale. À la prison centrale de Yaoundé ce 22 mars 2020, détenus et gardes sont aiguillonnés par une note venue de la sous-direction de la santé pénitentiaire du ministère de la Justice. Les grandes lignes du document indiquent clairement les mesures à prendre afin de limiter les risques de propagation du coronavirus (mise en place de restriction d’accès, isolation des cours intérieures, usage de lave-mains, ou réduction des activités de groupes).

    Au sujet de leur application, Hamadou Madi, le régisseur, confirme: «des séances de sensibilisation sont organisées afin de présenter le danger du coronavirus aux visiteurs, aux détenus et aux personnels de surveillance; nous avons reçu du matériel pour cela». Sauf que, en petits comités, certains parmi les collaborateurs de l’administrateur des prisons relèvent que «pratiquer la distanciation sociale ici à Kondengui relève d’une mission impossible». «Ça alimente un sentiment d’inquiétude», assure une fonctionnaire.

    À la prison centrale de Douala, le staff dirigeant est rétif à répondre aux questions de la presse. Seules quelques indiscrétions renseignent sur le quotidien des individus qui se trouvent pris. «Contre le Covid 19 ici, tout n’est pas à notre échelle», confie un gardien-chef. Il ajoute que «les personnes détenues ne peuvent pas appliquer ces mesures de bon sens puisqu’elles s’entassent dans un établissement surencombré. Une véritable ville dans la ville. Malgré le respect du confinement, cette proximité pourrait favoriser la circulation du virus, au moins dans les esprits. Entre surveillants et détenus, la défiance sanitaire s’ajoute à la tension du huis clos quotidien. Elle se lit dans les regards, dès que les portes s’ouvrent. On ne voit plus la personne, on voit le virus. On sait qu’il n’y a pas de coronavirus ici, mais on n’est sûr de rien».

    Ongoung Zong Bella et Alain Biyong

    Confinement au Cameroun

    Le bon et le mauvais cru

    En acceptant et en appliquant les mesures restrictives visant contenir le coronavirus, le peuple se dit tenaillé par niveau de vie dont le coefficient n’arrête pas de s’élever au fil des jours.

     

    La leçon n’a rien de nouveau : «Si votre cuisinière prend feu, en réagissant vite, vous pourrez l’éteindre avec votre extincteur. Mais si la cuisine entière s’embrase, alors votre extincteur risque de ne pas suffire». En ces temps de coronavirus, le gouvernement camerounais a fait siennes ces directives habituellement entendues des sapeurs-pompiers. Depuis le 17 mars 2020, la stratégie de Chief Joseph Dion Ngute consiste donc à gagner du temps, à étaler l’épidémie dans le temps pour éviter un «pic» qui viendrait saturer les systèmes hospitaliers nationaux. Concrètement, comme dans d’autres pays, la stratégie du Premier ministre camerounais a instauré un patchwork de 13 mesures.

    Au Cameroun, ces dernières sont historiques. Jusqu’ici jamais prises en temps de paix, elles entendent répondre à une inédite situation de «guerre sanitaire»: stopper l’épidémie totalement, du moins pour la contenir, sachant bien-sûr qu’une telle décision aura un coût social et économique considérable. Distanciation sociale, fermeture des commerces (à partir de 18 heures, sous le contrôle des autorités administratives), des écoles, des frontières terrestres, aériennes et maritimes du Cameroun (tous les vols passagers en provenance de l’étranger sont suspendus, à l’exception des vols cargos et des navires transportant les produits de consommation), utilisation des moyens de communications électroniques et les outils numériques pour les réunions susceptibles de regrouper plus de dix (10) personnes etc.

    Comme marques désastreuses de cette situation exceptionnelle, l’économie nationale et les rapports humains ont pris de sérieux coups. Entretemps, face à l’avancée inquiétante de la maladie, le gouvernement affiche sa fermeté en prolongeant le confinement. «Si chacun d’entre nous respecte un confinement strict, que l’on est sérieux, discipliné et rigoureux, que l’on accepte ces quelques semaines de privation de liberté relative, le taux de contamination peut descendre suffisamment bas pour casser la dynamique de l’épidémie», conseille Chief Joseph Dion Ngute. Tout en l’acceptant, les citoyens estiment que l’arsenal de mesures édictées a fait tourner leurs calculettes tout autrement. En clair, rien ne va plus. Beaucoup suggèrent aux pouvoirs publics d’entamer des discussions pour tenir notamment compte de leur pénibilité à joindre les deux bouts.

    JRMA

  • Covid 19 : La Bdeac débloque 3 milliards de Fcfa pour les Etats de la Cemac

    Covid 19 : La Bdeac débloque 3 milliards de Fcfa pour les Etats de la Cemac

    Ce décaissement d’urgence vise à appuyer les Etats dans leurs plans de riposte face au Covid 19.
    Le siège de la Bdeac.
    Le Covid 19 qui sévit dans le monde entier n’a pas épargné la Communauté économique monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac). Cette crise sanitaire, a des incidences économiques et financières sur les économies de la Cemac. Une situation qui n’a pas laissé indifférent les responsables de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (Bdeac).
    Sous la houlette de Fortunato Ofa Mbo Nchama président de cette institution, la Bdeac a décidé d’un déblocage de 3 milliards de Fcfa pour soutenir les Etats de la Cemac à hauteur de cinq cent 500 millions de Fcfa par Etats pour appuyer les gouvernements dans leurs stratégies de riposte contre le Covid 19. Selon le président de la Bdeac, « cette mesure qui vise à contribuer à la préservation de la santé de la population et à soutenir les efforts déployés par les gouvernements ». visiblement, ce décaissement apparait telle une « réponse urgente » de cette institution de développement sous régional qui annonce d’autres actions dans les jours à venir.
    En effet, selon le communiqué qui a sanctionné les travaux du Pref Cemac qui se sont déroulés à Brazzaville le 28 mars 2020, la Bdeac a été mandaté par les ministres de l’Economie et des finances de répartir l’enveloppe de 90 milliards de Fcfa pour appuyer les politiques publiques portant sur la lutte contre la pandémie du Covid 19. A cet effet, la Bdeac attend que les Etats lui soumettent la liste des projets bancables à financer.
    Entre temps, dans la tour de Brazzaville, l’on ne se plis pas les pouces. Le président Ofa Mbo Nchama a révélé que la Bdeac se prépare à aller sur les marchés financiers pour lever les fonds. « Nous sommes une banque, et une banque de développement. Donc, nous n’allons pas nous limiter à ce que les ministres ont fait décaisser pour mettre à notre disposition. Nous sommes disposés à aller chercher les ressources ou elles se trouvent. Nous pensons notamment, dans un avenir proche, aller sur le marché sous régional pour emmètre des titres en monnaie local. Bref, nous allons lever les fonds pour les mettre à la disposition de la sous région», a déclaré président Ofa Mbo Nchama.
    En outre, le secteur privé est aussi une préoccupation majeur pour cette banque de développement. « Nous pensons que, le secteur privé, en tant que créateur de richesse doit être soutenue en ce moment. Des études sont entrain d’être menées pour voir comment appuyer le secteur privé de la sous région », a poursuivi le président Fortunato qui laisse entrevoir des reports de remboursements, des financements supplémentaires pour celles des entreprises affectées par la crise.
    Bobo Ousmanou
  • Transport urbain et interurbain : Le virus de la hausse des prix fait aussi sa loi

    Transport urbain et interurbain : Le virus de la hausse des prix fait aussi sa loi

    Les opérateurs de la mobilité évoquent un bouleversement sans précédent des conditions d’exploitation.

    Scène de vie dans une gare routière

    Axe Yaoundé-Mfou (18 km), s’offrir une place dans une voiture « clando » valait 500 FCFA. Désormais, «c’est 1000 FCFA! à prendre ou à laisser!», assène un transporteur au lieu-dit Awae Escalier, dans le 4e arrondissement de la capitale. Ailleurs, à la gare routière de Mimboman, ce 27 mars 2020, les plaintes de quelques usagers désireux de se rendre à Esse (Mefou-et-Afamba) ne font pas reculer le vendeur de tickets. «3500 FCFA une place! Ce n’est plus 2000», entend-on au fond d’un couloir. Au-delà de la colère, c’est l’incompréhension parmi les passagers. «Pour une soixantaine de kilomètres, c’est un prix qui nous lynche», tonne un homme.

    Dans les rangs des chauffeurs, l’on explique que la crise née du coronavirus contraint à devoir appliquer une sévère majoration du prix du ticket. «Avec le nombre de places exigées par les autorités publiques, depuis qu’on l’applique, on navigue au jour le jour et on travaille à perte», se lamente l’un d’eux.

    À écouter les taximen et mototaximen, ils font part de leur «profonde indignation» devant cette «décision unilatérale», tombée comme un couperet, il y a quelques jours. «Désormais, c’est strictement 3 clients. Mais entre-temps, le prix du carburant n’a pas bougé», fait constater Alirou Mefiré, taximan. Face à la situation actuelle, il n’y a qu’une seule réponse selon lui: «accompagner la réduction des places dans le taxi». En clair, favoriser la «transition» et alléger les charges des citoyens dans cette mutation que certains subissent de plein fouet. «Il semble clair aujourd’hui que l’affaire s’accompagne d’une déréglementation du secteur des transports dans les zones fortement enclavées», analyse Stève Bonga, économiste. De cette déclaration, il ressort qu’un certain consensus semble se former dans les gares routières et autres points d’embarquement de la capitale. Sur le sujet, aucun syndicaliste ne se prononce. Tout au plus, sous anonymat, l’un d’eux dit attendre «de la solidarité, au lieu d’être mis à contribution par les pouvoirs publics».

    Dans la foulée, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, ministre des Transports (Mintransports), est sur sa position. «Les partenaires tels que la police, la gendarmerie et l’armée feront des descentes sur le terrain pour s’assurer que les opérateurs du secteur des transports mettent effectivement en œuvre toutes les mesures prescrites dans les quatre sous-secteurs du transport», fait-il savoir dans un communiqué. «Mon département ministériel ne va pas tolérer que les spéculateurs en profitent pour se remplir les poches en augmentant les tarifs des transports. Je voudrais ici dire avec toute la fermeté, que la non-mise en œuvre efficiente de ces mesures est susceptible de conduire à l’arrêt total, pendant 15 jours au moins, l’ensemble des activités de transport urbain et interurbain», menace le Mintransports.

    Bobo Ousmanou

  • Yaoundé : La vie dans les «Corona-hôtels»

    Yaoundé : La vie dans les «Corona-hôtels»

    La mise en quarantaine des voyageurs en provenance d’Europe consacre paradoxalement, et à la fois, quatre clichés : la naissance d’un nouveau vocabulaire au sein de l’opinion publique, la volupté et le mal-être parmi les personnes, ainsi que l’acharnement sur les réelles intentions des pouvoirs publics.

     

    Un meeting politique, forte concentration humaine à éviter.

    Quartier Mbog-Abang, à la sortie sud de Yaoundé, quelqu’un emprunte à l’ironie pour nous indiquer l’hôtel dans lequel sont confinés 22 passagers du vol international SN Brussels 369 arrivé au Cameroun dans la nuit du 17 mars 2020. «Ici, on appelle ça le Corona-hôtel. Voilà ça!», montre-t-il du doigt. Des marges de cette indication aux allures cavalières, une voix féminine enrobe l’affaire dans une couche de mépris: «Du vrai n’importe quoi!».

    Mal-être
    Cette nuit, l’entrée principale de l’établissement hôtelier grouille d’allées et venues. À l’angle, armes au poing, quatre agents de police s’avachissent sur des chaises basses. À la réception, l’ambiance n’a rien d’exceptionnel. En poste, une préposée au charme ensorcelant. Comme pour venir à bout de cette hébétude, l’on évoque le coronavirus et les dispositions prises ici pour contrer la pandémie. «Tenez votre masque, s’il vous plaît ; mettez-le et filez droit là-bas. Vous pourrez discuter avec le directeur d’exploitation dans son bureau», nous suggère la jeune dame.

    Dans la pièce qui talonne le hall, c’est le bar. Ici, une dame à la carrure dessinée dans une robe pincée à la taille déambule. Elle est au téléphone. Elle prononce un étrange serment : «Je ne quitterai pas d’ici tant qu’on n’a pas encore formellement établi que je suis malade du coronavirus! Terminé!». Puis, arrive un inspecteur de police principal. Sans masque, il tente d’encadrer cette dame chauffée à blanc afin d’infléchir sa colère dans le sens d’une plus grande maîtrise. La bruyante se mure dans un silence lourd, perdue dans ses pensées, dans une sorte de rage muette.

    Le regard acéré, elle rebondit faisant part de ses rondeurs qui ont disparu, laissant place à une maigreur révélant des rides. «À cause de cette satanée histoire de confinement!», ponctue-t-elle véhément, question de mettre en relief l’émouvante tournure que prend son séjour au Cameroun depuis le 17 mars dernier. Plongée dans l’épaisseur tragique de ce qui arrive aux personnes confinées dans les différents hôtels de la capitale, elle éprouve le sentiment de se perdre dans la suite qui leur est réservée.

    Acharnement
    Sur le coup, un homme à la voix de stentor monte à la charge: «On nous a pris ici pour aller effectuer des tests au Palais des sports. Bien curieux qu’il n’y ait pas de kits disponibles. Dans ce bordel, on est dans un grand trou noir où la contagion du coronavirus peut se jouer à tout moment». La suite de cette enflure verbale s’acharne sur les langueurs sereines des pouvoirs publics. Là encore, le phrasé de cet homme est plus profond, tant la signification des mots débouche sur la juxtaposition d’une chose et de son contraire. «On nous dit que tout est mis en œuvre pour circonscrire la maladie.

    Mais en même temps, on laisse des gens entrer ici n’importe comment. On ne communique pas assez ! Qu’on nous dise qu’on veut juste nous espionner!», peste-t-il. La vérité, selon lui, est à lire dans l’escorte militaire dont bénéficient tous les confinés. Pour cela, l’homme signale une surveillance renforcée et ne se prêtant pas aux requêtes. «C’est un spectacle qui se joue sans relâche!», assène sa puissante voix. À l’épreuve du décryptage, parmi les «confinés», la situation nourrit quelques suspicions sur les intentions réelles des pouvoirs publics.

    Sur place ici, un policier essaye de conférer une nouvelle résonnance au black-out décrié. «Cette mesure, dit-il, vise non seulement à contrôler la situation, mais aussi et surtout, elle doit être considérée comme protectrice que comme espionne». Et pour mieux lessiver les mots, le fonctionnaire de police explique que «c’est le désir de liberté et la psychose d’une éventuelle contagion». À son avis, ces deux variables additionnent leurs effets pour donner de la consistance à la colère.

    «Je carbure»
    Près du lieu-dit Carrefour Mvog-Mbi, toujours dans la capitale, en cette soirée du 21 mars 2020, quelques passagers du vol international SN Brussels 369 sont dans un autre hôtel. Sans masques, quelques-uns sont assis à l’entrée. Ici, la vie se gère au gré d’une hypothèse bricolée autour de la situation: «Si de nouveaux cas ne se signalent pas d’ici peu, on pourrait nous laisser aller dans nos familles», entend-on. À promener la vue et l’ouïe au fond du bar, une l’ambiance visiblement générée par l’imposante tournée alcoolique de ce soir s’impose. Des hommes et des femmes offrent d’eux-mêmes une image bien vaporeuse. Parfois, ils distillent à la fois une allure sévère et cool. Parfois aussi, imitant les accents français et italiens, ils adaptent leurs voix en roulant les «r» ou en roucoulant. On comprend vite que c’est un cercle de «Mbenguistes».

    Face au reporter, certains s’efforcent de s’auto-réguler dans le sens d’une ormeta bien tempérée. D’autres se protègent derrière une définition extensive de la notion de vie privée et une parfaite connaissance des enjeux du temps. Ceux qui acceptent de se faire «malmener» par des questions de journaliste versent immédiatement dans l’éloge de la mesure de confinement de tous les voyageurs en provenance d’Europe. «D’après ce que nous avons vu là-bas, il y a lieu de féliciter le gouvernement pour avoir pris cette décision», confesse un homme entre deux gorgées de scotch whisky.

    Il souhaite que prospèrent les préceptes sanitaires les plus rudes dans les prochains jours. À côté, le visage d’une femme s’éclaire de sourire lorsqu’elle nous confie que, «individuellement et quotidiennement, Paul Biya nous envoie 15 500 FCFA pour nos besoins en plus d’être bien logés et nourris». Peut-être, cela donne un nouveau ton à la vie ici et disqualifie un message qui devient banal au fil du temps: «ce sont les Mbenguistes qui viennent avec le coronavirus ici».

    Parodiant une chanteuse camerounaise, quelqu’un dans ce cercle de «Mbenguistes» dit qu’il «carbure» malgré le confinement. Et pour montrer qu’il respire l’opulence, il présente une liasse d’argent. Le geste est orné d’une question: «quelle fille peut me refuser avec ça même si j’ai le coronavirus?». Toutefois, cette interrogation sert d’amorce à la description d’un autre phénomène : celui de la stigmatisation forgée depuis peu. Dans leurs propos, les uns et les autres relèvent le déclin d’affection qu’ils vivent. «Depuis que nous sommes ici, personne ne nous appelle plus, même dans nos propres familles», regrette une dame revendiquant le statut d’aînée d’une fratrie de 8 enfants.

    Celle-ci souligne l’ignominie des attaques de quelques lutins ayant choisi contre elle un vocabulaire de haine et de mort. En tout cas, elle prétend comprendre «cette sorte de cirque où la passion du commentaire suspicieux progresse dans un contexte souillé par les fake-news et finit par remplacer toute soif de vérité». Et de conclure : «le coronavirus, c’est aussi une grande école de la vie. À l’aide de ce qui m’arrive, j’ai compris que la vie est tracée en deux cercles : celui de ceux qui vous aiment quand vous vous portez bien et celui de ceux qui vous rejettent au moindre soupçon».

    Jean-René Meva’a Amougou

    Zone anglophone

    Pas de cas de Covid-19 dans le Nord-ouest

    Contrairement aux annonces faites sur les réseaux sociaux, aucun cas n’a été recensé dans cette partie du pays.

     

    Dr Kingsley Che Soh est formel: «il n’y a jusqu’ici aucun cas confirmé de coronavirus infecté dans la région». C’est la ligne de force que le délégué régional du ministère de la Santé publique pour le Nord-ouest a signé le 20 mars 2020. Par cette note, le fonctionnaire rame à contre-courant des informations distillées sur les réseaux sociaux à propos des supposés cas de coronavirus infectés derrière St Agnes et à l’hôpital régional de Bamenda. «Tout cela est faux», martèle Dr Kingsley Che Soh.

    Dans un autre communiqué, il dévoile également quelques mesures prises pour parer à toute éventualité. «Une équipe médicale et une ambulance seront stationnées au poste de péage à Matazen (frontière Ouest et Nord-ouest Ndlr) par Santa à partir de samedi 21 mars 2020 pour des dépistages systématiques de tous les voyageurs qui entreront dans la région du Nord-ouest pour éviter tout risque potentiel de la maladie du Covid-19», y lit-on. Aussi indique-t-il que des solutions hydro-alcooliques suffisamment subventionnées par le gouvernement seront mises à la disposition des structures sanitaires publiques à partir de mardi 24 mars 2020.

    Dr Dénis Nsame Nforniwe, directeur de l’hôpital régional de Bamenda a quant à lui aménagé un centre d’isolement équipé dans cette formation hospitalière. A en croire Fung John, économe à l’hôpital régional, un comité de veille qui fonctionne 24h/24 a été mis en place ici. Aussi des outils de lavage des mains ont été placés au niveau de toutes les entrées principales de l’hôpital régional de Bamenda. Un communiqué a été commis par le directeur invitant le public à réduire à 10 le nombre de personnes devant assister à la levée de corps à la morgue, d’un membre de famille décédé. Le 19 mars, Dr Dénis Nsame Nforniwe a organisé une réunion de sensibilisation du personnel médical. Il a également proscrit les regroupements de plus de 50 personnes à l’hôpital. Il envisage un point presse mercredi prochain 25 mars avec les journalistes de Camasej ( Cameroon association of english speaking journalists).

    Il est à noter que mercredi dernier 18 mars, le gouverneur Adolphe Lélé Lafrique Deben Tchoffo a organisé une réunion de crise sur la pandémie. Il a laissé entendre que seules les réunions d’urgence seront autorisées dans la région. Il a proscrit les réunions ou regroupements de plus de 50 personnes. Aussi conseille-t-il à ceux ayant programmé les obsèques et cérémonies de mariage de les reporter à une date ultérieure. Le délégué régional de la santé publique a saisi cette perche pour rassurer quant aux mesures mises en place pour prendre soins des cas suspects de Covid-19 dans le Nord-ouest.

    Il a demandé à la population de respecter les mesures d’hygiène ( lavage constant des mains, utilisation du gel hydro alcoolique, éviter les salutations, embrassades, tousser dans un mouchoir ou au creux du coude, observer au moins un mètre d’écart face à un interlocuteur etc.). Le gouverneur a instruit le maire de la ville de Bamenda a prendre des dispositions avec ses services techniques afin de réduire le flux de personnes dans les marchés de la cité capitale. Le responsable d’Elecam a pris langue avec le numéro un de la région pour éviter le regroupement des foules devant les bureaux de vote. Les audiences ont été suspendues pour une durée d’un mois devant les tribunaux et cour d’appel dans le Nord-ouest.

    Le 19 mars 2020, lors de l’installation du maire de la commune d’arrondissement de Bamenda 1er, le préfet Simon Émile MOOH a prié les personnes venues assister à cette cérémonie de libérer la salle des actes. Une manière pour lui de respecter la prescription de 50 personnes au maximum dans toute réunion. Seuls les 32 conseillers municipaux et quelques membres de son encourage ont pris par à cette cérémonie. L’église n’est pas en reste. En plus des mesures d’hygiène soulignées plus haut, l’évêque de Kumbo et l’archevêque de Bamenda ont proscrit la réception de la communion par la bouche. Les chrétiens doivent désormais recevoir le corps du Christ dans la pomme de la main. Suspension du geste de paix du Christ (salutation avec les mains) pendant la célébration eucharistique etc.

    Zéphirin Fotso Kamga

    Covid 19

    Les chancelleries s’imposent une ligne de vie

    Autrefois figés à d’autres contrôles, les services de sécurité s’appliquent désormais les qualificatifs de «très haute sécurité» face à la maladie.

    L’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé.

    On savait déjà qu’elles sont des forteresses pas facilement pénétrables. Ces derniers temps, à cause du coronavirus, cette image se raconte mieux aux entrées principales de toutes les chancelleries étrangères et organismes internationaux basés à Yaoundé. Pour l’essentiel, le spectre monstrueux de la maladie constitue un argument de poids parmi les personnels en faction.

    Ce 20 mars 2020, devant l’ambassade du Sénégal à Yaoundé, le flot convivial n’est presque plus le même. L’ambiance met sous les yeux des rires mécaniques, pendant que les paroles des agents de sécurité manient la palette de mesures. Plus draconiennes que par le passé, une voix assure que «tout mouvement en groupe est formellement interdit ici».

    Toujours ce 20 mars 2020, à la Rue Rosa Parks au quartier Bastos, l’angle sous lequel l’ambassade des États-Unis se révèle est à contre-fil du laisser-aller. Dans le langage précautionneux qui sied à la circonstance, un agent de sécurité nomme cela «un contexte grave». Ici, s’il est un débat qui n’arrive ni trop tôt ni trop tard, c’est bien celui sur les modes de transmissions du coronavirus. Selon le lieu où il se déroule, le contrôle des pièces se distingue du test de coronavirus. En fait, ce dernier est privilégié au premier.

    C’est également le cas à la représentation Afrique centrale de la CEA (Commission économique pour l’Afrique). Dès le perron, une note instruit l’application stricte des mesures édictées par le service de sécurité. Celui-ci, renseigne une dame de service, a d’ailleurs accru le nombre de check-points. Au milieu d’un récit amer, notre interlocutrice raconte des séquences incandescentes avec certains usagers. «Ils disent que le coronavirus se passe du tout à la sécurité; alors ils sont ramenés à l’ordre quand ils tentent de nous imposer une démarche contraire à celle prescrite par l’OMS», relate-t-elle.

    Devant l’ambassade de Chine, toujours au quartier Bastos, «pas d’affluence ici depuis deux semaines», confie un agent d’une société de gardiennage. Concentré et actif pour contrer le bruit tapageur et ravageur faisant des ressortissants chinois les «importateurs du coronavirus», l’ambassadeur a signé une note. Affichée sur la barrière, celle-ci rappelle que «sans exception, toute entrée est conditionnée par l’obtention d’un quitus du responsable de la sécurité». En approchant ce dernier, il détaille les étapes: lavage des mains, passage au test de température et contrôle des pièces personnelles.

    Bobo Ousmanou

    Des mots et… des Africains

    Au sein des communautés étrangères basées à Yaoundé, des réflexions pointues sur le bilan du coronavirus dans leurs pays respectifs succèdent aux réponses parfois paniquées.

    Quelques ressortissants étrangers à Yaoundé.

    Au milieu de quelques Ivoiriens basés à Yaoundé, c’est le brouhaha de la critique. En tout cas, sans les nommer, les critiques visent surtout les autorités d’Abidjan: «On n’a pas su anticiper!», fulmine Serge Diakété. Selon cet homme d’affaires, l’arrivée du coronavirus en Côte d’Ivoire résonne comme un brutal retour de manivelle dans le déroulé historique des relations avec certains pays occidentaux. «Ces gens-là nous avaient promis de nous exterminer et voilà», dit-il avec conviction.

    Au quartier Ékié, dans le 4e arrondissement de Yaoundé, une compilation des récentes actualités sur les mesures de confinement instaurées par les autorités de Kigali est au centre des commentaires entre Rwandais. Par le biais d’un langage convivial, mais mesuré, le satisfecit se lit en arrière-fond d’une petite évaluation faite par Gaston Buleli, le chef de la communauté. «Il faut cela pour que tout ne bascule pas après tant d’années d’efforts et de sang», avance-t-il confiant.

    Sa confiance est d’autant plus perceptible qu’elle valorise la fermeture des frontières du Rwanda avec ses voisins, réputés «apporteurs de tous les malheurs». «Nous avons connu le génocide, cela a été planifié à partir des officines à l’étranger. Je pense que pour le coronavirus, c’est presque la même chose, quand on sait que c’est un espion étranger qui est venu avec chez nous», assume Gaston Buleli. Instruit par l’expérience camerounaise du confinement des personnes suspectées de porter le coronavirus, Gaston Buleli se réserve le droit d’apprécier la mesure. «Cela est contraignant, mais le jeu vaut bien la chandelle ici comme dans d’autres pays africains», évalue-t-il, en plus de montrer combien il est actif pour encourager ses compatriotes au respect des mesures prises localement.

    Ce 19 mars 2020, Ali Hindraogo apprécie le quotient de détermination des autorités de Ouagadougou. À en croire le Burkinabè rencontré au quartier Tsinga (Yaoundé II), tel que relayé par les médias, le schéma de circonscription du coronavirus est à applaudir. «Notre président a bien vu», se réjouit-il, non sans mentionner que l’expérience actuelle est édifiante pour l’Afrique. En ces termes, il se lance sur une réflexion sur l’usure des anciennes politiques sanitaires ayant signé leur échec sur le VIH Sida, notamment au Burkina Faso. «Si on fermait les frontières comme cette fois, on n’allait pas avoir de nombreux cas chez nous», croit-il.

    De son côté, le Gabonais Christian Bamgoudou évite d’ériger les Africains en champions de l’excuse et de l’innocence originelle. Au contraire, il dit avoir observé «l’incrédulité continentale». «Voyez-vous, il n’est plus aisé, partout sur le continent, de reprendre la main sur une maladie autour de laquelle nous avons été tous prévenus», regrette-t-il. D’ailleurs, notre interlocuteur ne s’interdit pas de discerner les conséquences de tout cela: «au Gabon, chez moi, les gens ont passé leur temps à dire que c’est une affaire des autres; et voilà!». D’après lui, les justificatifs plus ou moins forcés ont entraîné une grande confusion, puisque les gouvernants ont actuellement du mal à répondre aux exigences optimales de la situation.

    Jean-René Meva’a Amougou

    Plateforme de cours en ligne

    Entre économies et dépenses

    Solution miracle pour les uns, l’avènement d’un espace d’enseignement virtuel à l’Université de Yaoundé I est une charge contraignante pour d’autres étudiants.

     

    Parmi les mesures barrières prises contre le coronavirus le 16 mars 2020 par Maurice Aurélien Sosso, recteur de l’Université de Yaoundé I, on a la suspension des cours en “présentiel” dans les amphithéâtres. À la suite de cette décision, et pour éviter l’interruption des enseignements, le patron de cette institution publique a prescrit «la création au Centre universitaire des technologies de l’information (CUTI), d’une plateforme dédiée à la mise en ligne des cours». Ce qui, d’une façon comme d’une autre, impacte fortement sur le vécu des étudiants.

    Sur le plan économique, l’instauration de cette méthode de transmission des savoirs est très avantageuse. C’est du moins ce qu’ont laissé entendre certains apprenants rencontrés dans la ville de Yaoundé. «Avec cette plateforme, je vais réduire mes dépenses de façon considérable. J’habite le quartier Nkoabang et je dépense près de 900 FCFA de taxi par jour pour me rendre au campus. Il me suffira d’acheter un forfait internet de 500 FCFA, pour rester connecté pendant une semaine», indique Landry, régulièrement inscrit en Licence 2 en Lettres modernes françaises (LMF) à la Faculté des Arts, Lettres et Sciences humaines. Même tendance chez Jean J. Cet étudiant de la Faculté des sciences de l’éducation estime qu’en deux semaines, il n’aura à débourser que 1000 FCFA pour avoir accès aux cours de tous ses enseignants.

    Comme ses deux camarades, Franklin voit en cette plateforme une aubaine. «Grâce à cette méthode, on ne sera plus obligé de se hâter pour nous rendre au campus. Il me suffira de me connecter à partir de mon lieu de service pour obtenir les cours et poser mes préoccupations à l’enseignant», explique l’étudiant en Master I LMF, et attaché commercial dans une structure de la place.

    Investissement
    Pour d’autres pensionnaires de cette institution universitaire, la plateforme des cours en ligne est plus une équation difficile qu’un avantage. «Pour prétendre à cette plateforme, je dois disposer d’un smartphone. Or, je n’en ai pas. Et pour avoir un bon smartphone, il faut dépenser au moins 50 000 FCFA. Cette somme représente un gros investissement, dans la mesure où il m’est déjà difficile de payer mes droits universitaires d’un trait, sans oublier le loyer et autres», explique Alain, étudiant en première année Philosophie. Pour Julien, si l’équation de la plateforme des cours en ligne est difficile à résoudre, elle n’est pas inaccessible. Bien qu’il n’ait pas de smartphone, il dit pouvoir compter sur la générosité de ses camarades et voisins de chambre. «J’ai convenu avec mes camarades d’utiliser leurs smartphones. À défaut de cela, j’irai dans un cybercafé. Je n’ai pas le choix», conclut-il.

    Joseph Julien Ondoua Owona (Stagiaire)

    Coronavirus

    Coût pour coup sur l’économie

    Depuis la survenue de la pandémie Covid-19 dans le pays, les milieux d’affaires payent un lourd tribut. Situation aggravée avec l’instauration, le 17 mars dernier, de 13 mesures barrières par le gouvernement.

    1-Transports affaiblis
    Le secteur des transports est enrhumé par le coronavirus. Les chiffres ne sont pas encore connus, mais selon les acteurs, «le coronavirus fait mal aux affaires». Et ce ne sont pas les agences de compagnies aériennes qui démentiront cette version. Elles déplorent plusieurs pertes financières dues à cette pandémie. «Des vols sont annulés chaque jour; des clients décommandent leurs billets d’avion, sur instructions de leurs entreprises ou du fait d’événements internationaux annulés. Ça crée un manque à gagner énorme», confie le responsable d’une compagnie aérienne dont la destination dominante depuis le Cameroun est la Chine.

    Agences de voyages
    Les agences de voyages elles aussi sont victimes du Covid-19. «L’un de nos plus gros clients a annulé 80% des billets réservés. Au sein de cette firme internationale, la consigne des dirigeants est de privilégier les vidéoconférences aux déplacements hors des zones de résidences», révèle une source qu’a approchée le confrère du quotidien national Cameroon Tribune.

    Taxis
    À cause du coronavirus, le transport urbain va mal. Désormais interdits d’admettre deux passagers à la cabine avant de leurs véhicules, les chauffeurs de taxi disent souffrir le martyre. C’est que les conditions sont devenues ardues. «Il n’y a ni élèves ni étudiants à transporter le matin. On dirait que les gens ont vraiment réduit leur déplacement. Et dans l’après-midi, quelques rares fonctionnaires se déplacent. Et comme si cela ne suffisait pas, on nous demande d’éviter de surcharger», explique François, chauffeur de taxi. L’impact, explique le quinquagénaire, est mesurable au niveau de la recette. «Il est prévu que je verse 50 000 FCFA de recettes chaque semaine.

    Mais à l’allure où vont les choses, je doute de pouvoir atteindre 40 000 FCFA de recettes», regrette-t-il. Sur le même sujet, Jacques réclame au gouvernement la baisse des impôts. Christian, lui aussi conducteur, souhaite pour que les propriétaires de ces véhicules réduisent le montant de la recette. Et, conclut un autre, dans un contexte pareil, «il serait plus judicieux de ne plus travailler du tout, au lieu de faire des dépenses pour acquérir du carburant, sans toutefois rentrer dans ses frais».

    2-Commerce
    Du fait de la suspension des importations de divers produits en provenance de la Chine et d’autres pays touchés par le COVID-19, une psychose s’est installée. Dans les marchés, on assiste à une flambée des prix des objets importés.

    Depuis février 2020, les prix des motos ont augmenté de façon considérable. Un commerçant rencontré à quelques encablures du quartier Briqueterie, haut lieu de vente de ces machines mobiles, s’explique. “Les importateurs ont augmenté les prix des motos. On est passé de 420 000 à 470 000. Pour celles de 460 000, le prix oscille désormais entre 520 000 et 530 000”, lance-t-il. D’une boutique à l’autre, le constat est le même: le coronavirus a enrhumé les prix. Et la raison, évoque un acteur du secteur, est “la suspension des importations de ces outils”. Les consommateurs n’ont donc d’autre choix que de se conformer à la nouvelle donne.

    Les bars au régime
    Dans le secteur des débits de boisson, les choses ne vont pas mieux. Le gouvernement camerounais a exigé que dès 18 heures précises, tous les bars soient fermés. Cela, apprend-on, concourt à limiter la propagation de la maladie. Si la mesure affecte les disciples de Bacchus, elle a aussi un impact néfaste sur les recettes des entrepreneurs, propriétaires de ces hauts lieux de jouissance.

    C’est la situation que vit Paul au quartier Carrière (Yaoundé II). “C’est dans la nuit que j’enregistre le plus grand nombre de clients. Et depuis pratiquement deux jours, je suis obligé de fermer. À cause de cela, j’ai perdu énormément d’argent”, confesse-t-il, au bord de l’indignation. Mêmes cris dans le bistrot de Jérémie, non loin du lieudit Chapelle Ngousso. “Mon chiffre d’affaires a baissé de 80 %”, explique-t-il, sans décliner les chiffres exacts. Un autre acteur de ce secteur demande au gouvernement de “voir dans quelle mesure juguler les pertes économiques” dues à ces mesures. Et il n’est pas le seul à penser ainsi.

    Commerce dans les établissements
    Pour les commerçants installés dans les établissements scolaires et universitaires, rien ne va plus. Avec la fermeture temporaire (mais non délimitée dans le temps) de ces lieux d’apprentissage, ils sont astreints aux congés forcés. Un vrai “cauchemar”, d’après une vendeuse dans un lycée de Yaoundé. “Depuis que l’école est fermée, je ne sais pas quoi faire. Je n’ai pas d’autre endroit où vendre mes beignets. Dans mon quartier, il y a déjà des femmes qui le font”, décrit-elle. Chez Hermine, vendeuse au Lycée de Ngoulmekong (Yaoundé IV), c’est le noir : «L’interruption de nos commerces a été brusque. Et ce n’est pas du tout facile pour nous qui sommes habituées à interrompre nos activités en juin, après les examens officiels”, dit-elle, avant d’ajouter: “sans cette activité, on survit seulement».

    Même situation à l’Université de Yaoundé I. Boutiques et restaurants sont hermétiquement fermés. Astreint au service minimum, le seul café ouvert peine à maintenir son chiffre d’affaires. “Je travaille habituellement avec quatre personnes, mais aujourd’hui, et jusqu’à nouvel ordre, je ne travaillerai qu’avec une seule personne”, explique M. Abé, propriétaire des lieux. Dans ce contexte, difficile d’engranger des bénéfices. La preuve, brandit-il, “mon chiffre d’affaires a chuté de 98 %”. Malgré cela, l’homme n’est pas prêt à prendre congé, puisqu’il faut satisfaire sa clientèle, désormais réduite aux seuls personnels administratifs et assimilés.

    Cosmétiques et autres
    À un taxi de là, précisément au Marché central, la situation semble stable, pour le moment. Mais les dires des uns et des autres présagent une flambée des prix dans les prochains mois. C’est le cas des produits cosmétiques, des jouets d’enfants, des vêtements, etc. Sur le même sujet, des commerçants rencontrés au marché Mokolo entrevoient, eux aussi, une inflation. “La situation est compliquée, et je pense que si ça continue ainsi, les prix vont augmenter. Et ça risque d’être encore plus difficile, dans un contexte où il n’y a même pas déjà assez d’argent en circulation”, confie Éric, vendeur des produits de beauté.

    Pourtant, lors d’une concertation entre Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce, et les acteurs de l’import-export et de la grande distribution, on a appris qu’il n’y a pas de raison que naisse une spéculation. Parce que, ont brandi les exportateurs, les différents stocks peuvent permettre l’approvisionnement du marché camerounais pendant quatre mois encore. Et pour s’en convaincre, le Mincommerce s’invite dans les magasins et boutiques pour déjouer les tours des inflationnistes.

    L’agroalimentaire bien portant
    De tous les secteurs, seul l’agroalimentaire peut se targuer de tenir le coup. Il en a pour un bon moment encore. À ce titre, “le coronavirus n’est pas une menace au Cameroun”, affirme Luc Magloire Mbarga Atangana, ce 11 mars 2020 à Yaoundé, aux côtés des importateurs qui s’en vantent. À contrario, le ministre camerounais du Commerce présente la situation comme une opportunité pour son pays. En effet, explique-t-il, “cette épidémie peut faire baisser les prix de certains produits parce que la demande dans les pays producteurs est faible”.

    Entre le 1er janvier et le 3 mars 2020, on a enregistré près de 41 000 tonnes de poissons importés et plus de 100 000 tonnes de riz qui comptent parmi les produits les plus consommés au Cameroun.

    Joseph Julien Ondoua Owona (Stagiaire)

     

    Lutte contre le coronavirus

    La Banque mondiale prescrit une synergie d’actions

    Avec des milliers de morts à son actif à travers le monde, le Covid19 est désormais l’épée de Damoclès qui plane sur l’économie mondiale. La situation est inquiétante. Ce d’autant plus que, «personne ne peut dire avec certitude quel sera l’impact économique réel de cette flambée épidémique. Il y a encore trop d’inconnues : durée de l’épidémie, nombre de pays touchés et capacité des pays à se mobiliser durablement pour apporter une réponse coordonnée et concertée rapide» indique Ceyla Pazabasioglu. Dans un billet publié le 09 mars 2020 sur le site de la Banque mondiale, la vice-présidente pour le pôle Croissance équitable, Finance et Institutions (EFI), de cette institution financière, fait une analyse de la situation qui prévaut dans le globe depuis décembre dernier.

    A l’en croire, il faut mettre un terme à la propagation de la maladie le plus tôt possible. Auquel cas, l’économie mondiale va s’écrouler. «Les chaînes de valeur mondiales, qui représentent près de la moitié des échanges mondiaux, commencent à pâtir de la fermeture d’usines et du redémarrage tardif de l’activité. Viennent ensuite les flux financiers étrangers, qui pourraient fuir les pays touchés par le coronavirus.

    Puis le capital humain et financier national, de plus en plus sous-utilisé avec l’arrêt des usines et le confinement des travailleurs chez eux. Il s’agit ensuite du secteur touristique et du voyage, touché de plein fouet par la baisse de la demande et des restrictions de déplacement toujours plus contraignantes, alors qu’il constitue pour de nombreux pays en développement une source importante de revenu. Et, pour finir, l’effondrement des cours des matières premières, qui va pénaliser les pays en développement tributaires de ces recettes essentielles», énumère le haut cadre de l’a société internationale.

    Dans ce contexte de haute tension, seule une réponse rapide, coordonnée et ambitieuse peut permettre de préserver les vies humaines et d’atténuer les préjudices économiques, écrit l’économiste turque. Ouvertement, l’institution de Bretton Woods appelle les gouvernements à travailler ensemble pour éradiquer cette menace commune. «Les gouvernements doivent se garder de toute tentation protectionniste, qui ne fera qu’exacerber les perturbations dans les chaînes de valeur mondiales et accentuer une incertitude déjà grande. Surtout, ils doivent éviter de restreindre les exportations de denrées alimentaires et de produits médicaux vitaux pour, au contraire, rechercher ensemble des solutions visant à accroître la production et la satisfaction des besoins là où ils sont les plus critiques», lit-on.

    Dans cette lancée, les pays développés doivent commencer à apporter leur aide bienfaisante aux pays de l’Afrique noire frappés de plein fouet par le mal.

    De son côté, la Banque mondiale rassure. Selon Ceyla Pazabasioglu, «Les pays en développement peuvent compter sur le Groupe de la Banque mondiale pour les aider à prendre les mesures nécessaires». D’ailleurs, l’institution internationale a déjà débloqué 12 milliards. Et elle ne compte pas s’arrêter à ce niveau, si les gouvernements sont favorables à son appel à la mutualisation des forces.

    Pour rappel, cette pandémie intervient dans un contexte où, l’économie mondiale commençait juste à redémarrer après la troublante crise financière de 2009.

    Joseph Julien Ondoua Owona (Stagiaire)

  • Mtn Cameroun suspend les frais de transfert d’argent

    Mtn Cameroun suspend les frais de transfert d’argent

    La mesure qui entre en vigueur ce 20 mars 2020, concerne les transferts d’argent pour des montants allant jusqu’à 20.000 FCFA.

    L’entreprise de téléphonie mobile, MTN Cameroon, entend à son tour, apporter sa contribution dans la lutte contre la propagation du Coronavirus dans le pays. L’entreprise a décidé, dès ce 20 mars 2020, de suspendre le paiement de frais sur les transferts d’argent entre les comptes MTN Mobile Money.

    «Cette mesure de suspension du paiement des frais concerne les transferts d’argent pour des montants allant jusqu’à 20 000 FCFA (vingt mille francs). La mesure sera limitée à 3 transactions par jour et par compte. Elle sera valable pour une durée de 30 jours qui pourra être revue en fonction de l’évolution de la crise sanitaire», indiquent les responsables de MTN Cameroon.

    «En suspendant le paiement des frais de transfert d’argent entre les comptes Mobile Money, MTN Cameroon souhaite apporter sa contribution dans la lutte contre le Coronavirus, en réduisant autant que possible le recours au cash et en favorisant les paiements à distance», précise la filiale camerounaise du Sud-africain MTN.

    «A MTN Cameroon, nous avons toujours fait de nos clients notre priorité. Face aux moments difficiles que nous traversons ensemble avec la propagation du Covid-19, nous serons davantage à leurs côtés. Nous allons nous assurer qu’ils restent connectés et en contact avec leurs proches. Nous travaillons également à leur apporter des solutions permettant de leur faciliter la vie autant que possible. Le mobile money est une de ces solutions. Nous encourageons les entreprises et les Camerounais à tirer avantage de cette solution pour mieux faire face», ajoute Hendrik Kasteel, directeur général de MTN Cameroon.

    Bobo Ousmanou

  • Projet Lom Pangar : Une trentaine de personnes dans le viseur du TCS

    Projet Lom Pangar : Une trentaine de personnes dans le viseur du TCS

    Après avoir vacillé entre l’attentisme des bailleurs de fonds et les dénonciations des tiers, le Consupe a décidé d’accélérer les choses.

    Barrage de Lom Pangar: les constructeurs en eaux troubles

    Pour un communiqué qui a le don de susciter la panique, celui paru dans le quotidien Cameroon Tribune du 13 mars dernier et signé Mme Mbah Acha Fomumdam (ministre délégué à la présidence de la République, chargé du Contrôle supérieur de l’État) est à classer dans cette rubrique. À la suite de plusieurs enquêtes, le membre du gouvernement a décidé de convoquer 39 personnes au bureau du courrier départ des services du Consupe, sis en face du TCS (Tribunal criminel spécial) à Yaoundé.

    Il s’agit de 26 employés, ex-employés et avocats de Electricity Development Cameroon (EDC); de 2 journalistes (dont l’un actuellement en service à la CRTV); de 10 cadres et ex-agents du ministère des Finances (Minfi) et d’un représentant du cabinet Cameroun audit conseil. Sur le motif de leur «invitation», nos sources accréditent l’hypothèse de «gaspilleurs et profiteurs de deniers publics, des incompétences, malhonnêtetés et insincérités relativement au projet de construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar».

    «Printemps pangarois»
    Significativement, ces 39 personnes morales et physiques pourraient répondre de ces faits dans les prochains jours. Ironiquement, nos sources parlent de «printemps pangarois», (par analogie au printemps arabe). Après avoir vacillé entre l’attentisme des bailleurs de fonds et les dénonciations des tiers, le Consupe a décidé d’accélérer les choses. Dans les rangs des inspecteurs d’État proches de «l’affaire», il reste encore admis que «la certitude de la culpabilité des personnes convoquées n’a rien d’absolu».

    Entre temps, des indices servent de points d’appui ferme à leur démarche. Entre temps aussi, apprend-on, à EDC et au Minfi, l’on est entré dans une saison moins gaie. L’angoisse dévore les comportements et beaucoup dont les noms sont cités dans le communiqué du Consupe s’imposent un exercice d’expectative ou construisent déjà des lignes de défense… En attendant.

    Bobo Ousmanou

  • Le update en zone CEMAC

    Le update en zone CEMAC

    Gabon

    Le pays totalise désormais 3 cas de Coronavirus et 22 personnes en confinement

    Guy Patrick Obiang Ndong, le Secrétaire général du ministère gabonais de la Santé l’a annoncé officiellement à Libreville le 16 mars 2020. Les deux nouveaux cas sont deux femmes gabonaises âgées de 29 et 49 ans. La gabonaise âgée de 29 ans est employée de la Police de l’air et des frontières (PAF) affectée à l’aéroport international Léon Mba de Libreville. C’est elle qui avait contrôlé le 8 mars dernier le passeport du premier cas gabonais contaminé au coronavirus ou Covid-19.

    Le second cas révélé aujourd’hui est une informaticienne de 49 ans, employée du ministère des Affaires étrangères, ayant séjourné durant 2 mois à Marseille et à Paris. Elle est rentrée au Gabon le 10 mars dernier par un vol de Turquish Airlines.

    Les deux cas sont actuellement hospitalisés à CHU d’Angondjè. Les médecins qui ont pris en charge au CHUL la patiente de 49 ans, sont actuellement en confinement. Selon M. Obiang Ndong, 22 personnes sont actuellement en confinement au Gabon.

    Lundi, le gouvernement réuni en conseil des ministres a décidé de durcir les mesures barrières pour éviter la propagation de l’épidémie au Gabon.

    Les mesures additionnelles entérinées par le Conseil des ministres du 16 mars courant sont entre autres, l’autorisation d’un seul vol international par semaine et par compagnie aérienne exerçant ou desservant le territoire gabonais, la fermeture des restaurants au public à l’exception des services à emporter et de livraisons.

    Le gouvernement a également décidé de la fermeture de tous les lieux de culte et recommandation de prières à domicile, l’interdiction des rassemblements de personnes ramenée de cinquante (50) à trente (30) personnes, de la suspension des audiences dans les Tribunaux et Cours, à l’exception des contentieux essentiels, l’interdiction des visites dans les prisons et l’interdiction des visites dans les hôpitaux sauf autorisation expresse du corps médical.

    Si les frontières terrestres et aériennes gabonaises ont connu une fermeture et un ralentissement, les frontières maritimes elles restent par contre fonctionnelles en plein régime.

    Guinée Equatoriale

    Le pays a adopté le 16 mars 2020 des mesures drastiques pour endiguer la pandémie de coronavirus, avec notamment l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes ou l’arrêt de la circulation des bus. Tous les établissements scolaires, ainsi que les « salles de loisirs et de divertissement », sont également fermés pour « éviter la propagation de la pandémie qui menace actuellement le monde », a assuré le Premier ministre, Francisco Pascual Obama Asue, dans un communiqué.

    Ces mesures, appliquées à partir de dimanche, sont valables 30 jours et renouvelables, précise le communiqué. Le petit pays d’Afrique centrale a détecté son premier cas avéré de coronavirus samedi, une femme équato-guinéenne de 42 ans qui rentrait d’un séjour en Espagne.

    Congo

    Le gouvernement prend dix mesures drastiques de prévention contre la maladie. Dans une déclaration lue le 16 mars 2020 par le Premier ministre, Clément Mouamba, le gouvernement a fixé l’opinion sur ces nouvelles décisions prises, sur instruction de Denis Sassou Nguesso, président de la République, pour renforcer les mesures préventives au Covid-19. La déclaration qui intervient deux jours après celle confirmant la présence, au Congo, d’un premier cas de porteur dudit virus, testé positif le 14 mars dernier,  cadre avec la volonté des autorités du pays à œuvrer pour éviter la propagation de cette maladie et l’entrée d’autres cas sur le territoire national. 

    Cameroun

    Au total treize mesures ont été annoncées par le premier ministre à l’issue d’une réunion de crise organisée à Yaoundé le 17 mars 2020.

    « Les frontières terrestres, aériennes et maritimes du Cameroun sont fermées : tous les vols passagers en provenance de l’étranger sont suspendus, à l’exception des vols cargos et des navires transportant les produits courants de consommation », a précisé le Premier ministre Joseph Dion Ngute, dans son allocution.

    Les autres mesures concernent la fermeture des universités, des écoles, collèges, lycées et universités jusqu’à nouvel ordre. La délivrance de visas d’entrée dans les différents aéroports est aussi suspendue et « les rassemblements de plus de 50 personnes » interdits.

    Dès 18 heures, les débits de boisson, restaurants et lieux de loisirs, doivent fermer, précise le chef du gouvernement. Le Cameroun compte 10 personnes infectées par le covid-19, selon les chiffres officiels à la date du 17 mars.

    Bobo Ousmanou 

  • La CEEAC en ordre de bataille

    La CEEAC en ordre de bataille

    Sur instruction du Secrétaire général de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale(CEEAC), son Excellence Ahmad Allam-mi, il s’est tenu le 16 mars 2020 à Libreville, au siège de la CEEAC, une réunion de crise sur les mesures d’hygiène à observer au sein de l’institution et en dehors, devant l’avancée fulgurante de la pandémie du CORONAVIRUS dans le monde et au sein de notre sous région. La rencontre a été présidée par le Secrétaire général adjoint chargé du Département des Programmes, Budget, Administration et Ressources Humaines, l’Honorable Tabu Abdallah MANIRAKIZA.

     

    Ont pris part à la réunion, le Secrétaire général Adjoint chargé du Département de l’Intégration physique, Economique et Monétaire, le Secrétaire général adjoint chargé du Département Socioculturel, le Directeur des Affaires politiques et du MARAC (Mécanisme d’Alerte Rapide de l’Afrique centrale), les chefs de services et bien d’autres responsables.

    Les participants ont suivi avec une attention soutenue l’intervention du chef de service santé de la CEEAC, le docteur Peggy Raymonde Conjugo-Batoma sur l’ensemble des mesures d’hygiènes à observer pour se préserver de la contamination du virus, entre autres :

    -Le lavage les mains abondamment à l’eau savonneuse ;

    -Le fait de tousser en se protégeant la bouche non avec la main ou le poing, mais avec le bras ou dans un mouchoir à jeter, puis se laver les mains ;

    -Les projections (postillons, éternuements) sur la peau ou la muqueuse d’une personne, se laver abondamment à l’eau savonneuse ; projection dans les yeux, se laver abondamment à l’eau claire ;

    -Toute personne de retour de voyage d’une zone infectée, et pour toute personne suspecte, de se rendre à l’hôpital et porter un masque ;

    – Placer un flacon de désaffectant (hydro alcoolique) pour les mains dans chaque couloir et paliers des bâtiments et surtout du savon dans toutes les toilettes.

    Les participants ont échangé sur les mesures préventives à observer face à l’avancée de l’épidémie et retenu quelques propositions à soumettre à l’approbation de la haute hiérarchie, notamment, (a) la mise en place d’une cellule de crise, (b) la tenue d’une réunion des ministres de la santé des Etats membres de la CEEAC, (c) la suppression des missions non essentielles à l’étranger et (d) l’assignation des agents à résidence pour travailler à domicile pendant deux semaines et non en congé.

    Bobo Ousmanou 

  • Aviation : Emirates Airlines pour remorquer Camair-Co

    Aviation : Emirates Airlines pour remorquer Camair-Co

    Cette solution enterre définitivement le plan de sauvetage de Boeing Consulting approuvé en juillet 2016.

    Sur «très hautes instructions du Chef de l’Etat», Ernest Massena Ngalle Bibehe s’est rendu dernièrement à Dubaï. Dans la capitale émiratie le 9 mars 2020, le ministre des Transports (Mintransports) a rencontré Thierry Antinori, le vice- président de la Compagnie Emirates Airlines. Au cours de la séance de travail animée par les deux personnalités, la possibilité d’un sauvetage de l’«Etoile du Cameroun» a été longuement discutée.

    Il s’agit, révèlent nos sources, d’une solution optimale qui garantit le respect des intérêts de Camair-Co à travers la fourniture des aéronefs flambants neufs ; une assistance technique pour le renforcement des capacités du personnels de la compagnie aérienne et l’amélioration de des infrastructures dans les domaines de la sureté, de la sécurité et des services. Sur le vif, Ernest Massena Ngalle Bibehe et Thierry Antinori ont signé un accord.

    L’une des clauses de celui-ci stipule clairement que Camair-Co pourra bénéficier d’un flux de fret et de passagers qu’elle pourra ensuite redistribuer à l’intérieur du Cameroun et dans la sous-région Afrique centrale. Ce qui fera de la compagnie nationale une institution à capitaux publics mais fonctionnant sur le format d’une entreprise privée.

    En fait, l’idée est évoquée depuis 2015. Les autorités locales parlaient alors de l’élaboration d’un business plan, entre autres, préalable au déblocage des fonds nécessaires à la restructuration du transporteur aérien camerounais. En ce temps-là, la piste Boeing Consulting avait été explorée. Le constructeur aéronautique américain proposait, entre autres, une augmentation de la flotte par l’acquisition de 9 nouveaux appareils à l’horizon 2020 ; une extension du réseau des dessertes à 27 destinations nationales, régionales et internationales et le remboursement de la dette évaluée lors du lancement du plan de relance à 35 milliards de FCFA. 60 milliards de FCFA devaient également être injectés par l’Etat du Cameroun dans les caisses de la Camair-Co. Rien à ce jour.

    Dans l’une de ses prises de paroles , Louis Paul Motaze , le ministre des Finances (Minfi) avait mis en évidence le poids des dettes cumulées de l’ordre de 32, voire 35 milliards FCFA à la dernière évaluation faite en 2019 . Au mois de septembre 2019, l’Agence panafricaine de sécurité et de navigation aérienne (Asecna) préconisait déjà la suspension de ses services auprès de la compagnie nationale aérienne du Cameroun du fait de ces arriérés cumulés.

    Pour mettre leur menace à exécution, les agents de l’Asecna s’étaient engagés à provoquer des retards de 30 minutes sur les décollages des avions en partance des aéroports du Cameroun. La colère du gestionnaire du ciel africain se justifiant par des impayés s’élevant à plus de 107 millions FCFA. Il faut aussi signaler ici la bourdonnante facture de près de 200 millions FCFA réclamée par le pétrolier Tradex, en plus des six avions de la flotte de Camair-Co cloués au sol du fait de nombreuses avaries et autres problèmes techniques.

     

    Bobo Ousmanou

  • Commerce intra-africain : Cameroun et Guinée équatoriale se donnent la main

    Commerce intra-africain : Cameroun et Guinée équatoriale se donnent la main

    L’Afrique peut-elle avoir une meilleure expérience du libre-échange? L’ouverture des barrières économiques et politiques aux échanges a occasionné en occident la désindustrialisation. La recherche effrénée du profit (main d’œuvre moins chère, facteurs de production très avantageux, accessibilité de la fiscalité, loi environnementale conciliante, application fantaisiste du Code du travail) a entrainé la naissance des déserts industriels. Il va se produire la démondialisation! Les peuples vont se replier sur eux-mêmes, les idéologies nationalistes vont émerger au détriment du multilatéralisme.

    Aujourd’hui, le continent africain met sur pied son marché unique: la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Adoptée comme projet phare de l’Agenda 2063, la Zlecaf poursuit la lutte contre l’extrême pauvreté. Il ne s’agit pas d’un projet structurant qui vise l’amélioration des indicateurs économiques. Pour ce faire, il faut que sous la Zlecaf se fasse un commerce de développement qui va offrir des opportunités à toutes les catégories d’opérateurs économiques. L’expansion du marché unique ne devra pas aussi améliorer la connexion des peuples, des territoires et des centres de production.

    La 11e édition de la Foire transfrontalière de l’Afrique centrale (Fotrac) impose ce débat. Comment la productrice de savon à base de bave d’escargot peut-elle tirer profit de la Zlecaf? Cette édition sera encore plus inédite, car elle pourra se dérouler à la fois au Cameroun (comme de tradition) et en Guinée équatoriale. Le journal Intégration offre des grilles de compréhension sur l’offre utile de la Fotrac 2020.

     

    Les villes de Kyé-Ossi et d’Ebibeyim devraient accueillir conjointement la 11e édition de la Foire transfrontalière de l’Afrique centrale.

    La Fotrac, trait d’union d’une Afrique qui se réinvente.

    Au moment où le cœur de l’Afrique assistera historiquement à l’ouverture des barrières, parce que la Zlecaf deviendra opérationnelle, le Cameroun et la Guinée équatoriale abriteront concomitamment une foire commerciale. Un symbole fort pour le continent africain et pour la sous-région.

    La 11e édition de la Foire transfrontalière de l’Afrique centrale (Fotrac), qui réunit des opérateurs économiques de la sous-région, d’autres pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe, se déroule du 24 juin au 6 juillet 2020. Au Cameroun, le site traditionnel de Kyé-Ossi (ville des trois frontières) va abriter le village de la foire. En Guinée équatoriale, la ville d’Ebibeyim a été plébiscitée. La grande commission mixte Cameroun-Guinée équatoriale, qui se déroulera au Cameroun dans les prochaines semaines, devrait à priori aborder le sujet. Même si, pour l’heure, la Fotrac n’est pas retenue dans l’ordre du sujet, une diplomatie de couloir pourrait se mettre en branle pour engager les autorités de haut niveau.

    Processus
    C’est le 27 juin 2019, à la cérémonie protocolaire d’ouverture de la 10e édition de la Fotrac, que la vice-ministre équato-guinéenne des Affaires sociales, de la Promotion de la femme et de l’Égalité des genres, Pastoral Ntutumu, a formulé le vœu des autorités de son pays à accueillir cette édition. Elle révèlera d’ailleurs que la première dame équato-guinéenne est très intéressée par cette perspective.

    Depuis lors, les négociations visant à offrir le meilleur format à cette fête de l’intégration économique se sont poursuivies. La Fotrac s’est progressivement imposée comme un projet intégrateur. Toutefois, c’est un décret du Premier ministre-chef du gouvernement de la République du Cameroun, datant de 2012, qui fixe son organisation. Le ministre du Commerce assure, au nom du gouvernement, la présidence du Comité interministériel élargi au secteur privé et à la société civile.

    Les négociations entre la partie camerounaise et la partie équato-guinéenne ont déjà permis d’arrêter la date et les villes hôtes. Plusieurs détails liés, sans exhaustivité, à la construction du site, l’hébergement des exposants, la circulation des participants, des visiteurs et des biens d’un pays à un autre… demeurent en examen. Dès la fin de ce mois de février, une session du Comité interministériel se tiendra, en présence de la partie équato-guinéenne, pour avancer sur un bon nombre d’inconnues.

    Inclusion
    Le fantasme sécuritaire prendra-t-il fin? La rigidité des frontières (fermées à répétition) cèdera-t-elle le pas? Rien n’est moins sûr. L’Afrique assistera à la mise en eau de son gigantesque projet de marché unique. Pour le Refac, le défi ultime, en adéquation avec l’agenda 2063, c’est de ne laisser personne à la marge de la Zlecaf. En tirant des leçons des expériences dans le monde, le plaidoyer de cette édition de la Fotrac est de sensibiliser les décideurs politiques et économiques africains sur l’intérêt à intégrer tout le monde dans le traineau des gains de la Zlecaf. Les projets de libre-échange ont causé beaucoup de mal dans plusieurs pays dans le monde. Le Brexit est le dernier indicateur du caractère exclusif du projet de libre-échange dans l’Union européenne. Fidèle à sa réputation de défenseur des peuples, le Refac estime que «personne ne devrait être perdant dans la Zlecaf».

    Bobo Ousmanou

    Zlecaf

    Le défi d’un marché de développement

    Transformée en un seul et vaste marché, l’Afrique va-t-elle abandonner son modèle de production et de consommation qui repose pour l’essentiel encore sur les exploitations familiales? Analyse.

     

    La gestion de l’adaptation ou du changement de modèle économique. Voilà un énorme enjeu sous-jacent à l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Le marché unique africain va se transformer en une grande zone industrielle.

    Les investisseurs et grands opérateurs économiques vont doper leur capacité de production pour atteindre le maximum de consommateurs. Sans éducation économique, le consommateur, un agent économique rationnel, sera livré à la tentation du plus séduisant. Tout ceci, même dans un scénario à la Shakespeare, annonce au pire la disparition et, au mieux, la marginalisation des producteurs de petite et moyenne échelles. En clair: risque de sous-consommation des produits locaux; risque de disparition des économies locales; risque d’accentuation de l’exode rural; risque de forte pression urbaine; en cas de non-satisfaction des besoins (ou satisfaction insuffisante), risque de développement du sentiment de rejet.

    Optimisation
    Le schéma apocalyptique dressé demeure une hypothèse. Mais l’équation à résoudre demeure entière. Les solutions sont pour l’essentiel connues. Pour rendre la Zlecaf inclusive, il faudrait sans doute poursuivre, pour les pays ayant un modèle de production basé essentiellement sur les exploitations familiales, l’accompagnement leur permettant de muter en unités industrielles de qualités. Si l’on résout la nécessaire maturation des exploitations, il faudra réussir la mise en réseau des marchés. Relier les bassins de production aux centres de consommation à travers des infrastructures agricoles (routes, électricité, eau potable, lignes téléphoniques, marchés agricoles). Le développement des infrastructures est un vecteur essentiel d’inclusion des populations dans le système économique.

    La production est faite en milieu rural, mais le monde rural bénéficie le moins du fruit de ses richesses. Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté en Afrique recommande une meilleure valorisation du potentiel du monde rural pour sortir le continent de l’extrême pauvreté. Enfin, la prise en compte du potentiel des exploitations familiales dans les stratégies de développement d’exportation et d’insertion dans la Zlecaf. Le Kenya et l’Afrique de l’Est ont adopté une stratégie Zlecaf qui repose sur la similarité des habitudes de consommation.

    Pour associer les exploitations familiales dans la Zlecaf, il serait intéressant de penser aux productions de cycle court. Ces productions font le quotidien des consommateurs et constituent un levier de développement du secteur agro-industriel. Pourquoi inclure le palmier à huile et le coton dans une stratégie Zlecaf alors que le maïs, la tomate, les arachides, le manioc, le macabo, les produits forestiers non ligneux constituent des matières premières qui peuvent être récoltées au moins 2 fois par an?

    Bobo Ousmanou

    Jeanne Danielle Nlate

    Comme partenaire, nous mettrons à contribution notre portefeuille pour amplifier le message et nous insisterons au niveau de la base. Il faut réussir à faire engager toutes les catégories d’opérateurs (très grandes, grandes, moyennes et petites entreprises

    La présidente du Réseau des femmes actives de la CEMAC (Refac) et promotrice de la Foire transfrontalière de l’Afrique centrale (Fotrac) présente le format et les ambitions de l’édition 2020 de l’évènement qui se veut un outil d’appropriation et d’incubation pour la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

     

     

    Mme la présidente du Refac, la 11e édition de la Fotrac se profile à l’horizon. L’édition précédente, chargée de symboles, nous a permis de constater que le Refac et la Fotrac sont désormais des forces de proposition pour l’intensification tant souhaitée de l’intégration régionale. Comment en êtes-vous ressortie?
    Chaque année est évidemment une année de grâce avec une coloration particulière pour le Refac et la Fotrac, et même parfois au-delà de nos attentes. Nous n’oublions pas l’apport et l’appui du gouvernement du Cameroun par le biais du ministère du Commerce qui parraine de main de maitre cette activité. Vous avez d’ailleurs vu et apprécié la présence du ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana à la rencontre de lancement de la 10e édition à Yaoundé, avec à ses côtés le numéro 2 de la délégation de l’UE au Cameroun, monsieur Benedickt Madl.

    Le Refac et la Fotrac sont des instruments fédérateurs et intégrateurs à n’en point douter, vu l’engouement des participants de tous calibres pour cet évènement. À la 10e édition, nous avons reçu une fois de plus de hautes personnalités des différents pays de la sous-région, à l’instar de la vice-ministre de la Promotion de la femme et de l’Égalité de genre de Guinée équatoriale, qui conduisait une très forte délégation. Le directeur général du Conseil national des chargeurs du Cameroun (CNCC) a personnellement animé une séance d’échanges avec les opérateurs économiques et les populations. Les gouverneurs des trois pays de la zone des trois frontières, les délégués des différents ministères, mandataires des sociétés publiques et parapubliques, les autorités locales ont contribué à rehausser le niveau de cette édition symbolique. La présence massive des ressortissants des pays de la CEMAC/CEEAC dont la RCA, pays à l’honneur de cette édition passée et bien d’autres pays d’Afrique, d’Europe et d’Asie, s’avère un motif de satisfaction également.

    Les deux instruments que sont le Refac et la Fotrac poursuivent inlassablement la sensibilisation, la mobilisation et la saisine de tous les protagonistes sur le désir de circuler «librement» et d’intensifier les échanges socioéconomiques en toute symbiose. Ceci se fait auprès de toutes les cibles: les peuples, les gouvernements africains et les institutions pour le développement intégré de l’Afrique. Notre sentiment reste quand même mitigé, car il manque encore quelques ingrédients pour que la mayonnaise prenne. Nous souhaitons voir tous les pays engagés au même moment à cette manifestation, de même que les institutions régionales, continentales et internationales après 10 années d’activisme.

    À Kyé-Ossi, l’année dernière, nous avons vu le déploiement des femmes de la Guinée équatoriale, mais aussi des autorités politiques et administratives de ce pays. Elles ont traduit une volonté d’accueillir l’édition 2021. Quelle suite a été réservée à cette requête?
    La forte délégation de la Guinée équatoriale, conduite par la vice-ministre Pastoral Ntutumu du ministère de la Promotion de la femme et de l’Égalité des genres, ainsi que les nombreuses personnalités citées plus haut, s’est effectivement déployée à Kyé-Ossi.

    Le dossier avec la Guinée équatoriale est en cours de traitement. Nous travaillons toujours en synergie et tenons compte du contexte sécuritaire. Les participants souhaiteraient explorer ce marché-là, comme celui des autres pays de la sous-région. Nous travaillons dans l’optique d’un évènement qui se déploiera dans les deux villes d’Ebibeyin et de Kyé-Ossi où nous rencontrons encore des problèmes de site. Nous communiquerons le moment venu.

    Pour cette édition, le thème central invite à concrétiser la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour les citoyens. Au niveau du continent, le processus est irréversible et les barrières s’ouvrent le 1er juillet 2020. Quelle est l’idée derrière le choix de la thématique?
    D’habitude nous agissons! Nous sommes rentrées dans le processus depuis longtemps, invitées à des réunions de travail par les institutions régionales et continentales, avec un bon soutien institutionnel au niveau national. Nous devons continuer l’action de sensibilisation à la base. D’où ce thème évocateur qui est une alerte lancée à l’endroit du peuple d’Afrique. Il ne faut pas un gros décalage entre les décisions, les actes de nos chefs d’État de l’UA et l’implémentation sur le terrain. Les citoyens africains doivent être informés et formés pour s’approprier tous les mécanismes leur permettant de se mouvoir dans les opportunités offertes par les projets intégrateurs tels que la Zlecaf. Tous à la Fotrac 2020, du 24 juin au 6 juillet prochains.

    Effectivement, on se rend compte qu’une bonne partie des opérateurs économiques semblent indifférents à la transformation de l’Afrique en un marché unique. Ceux-mêmes qui en parlent c’est davantage les grandes et très grandes entreprises. La Fotrac penserait-elle à engager un plaidoyer pour une Zlecaf inclusive?
    Nous y sommes… Le Refac s’est toujours défini comme partenaire des États, des communautés économiques régionales et des opérateurs économiques. Aujourd’hui, au niveau du continent, à l’échelle régionale et dans les pays, il y a eu une activité pour sensibiliser, informer et former au sujet de la Zlecaf. Au niveau du Cameroun, nous avons été associés par la CEA et sa dynamique secrétaire exécutive Vera Songwe. Comme partenaire, nous allons accompagner, intensifier le message. Nous mettrons à contribution notre portefeuille pour amplifier le message et nous insisterons au niveau de la base. Il faut réussir à faire engager toutes les catégories d’opérateurs (très grandes, grandes, moyennes et petites entreprises). Mais il faut aussi asseoir les projets connexes comme la libre circulation des citoyens à l’échelle du continent et le passeport africain.

    Depuis plus d’une décennie, la mobilisation du Refac et la création de la Fotrac ont bien eu pour but l’insertion d’un plus grand nombre de femmes dans les milieux d’affaires et les hautes sphères de prise de décisions. Nous avons touché les instances dirigeantes de nos pays pour encadrer le plaidoyer mené sans relâche par notre organisation. Des réponses appréciables sont arrivées: en premier, celle du gouvernement du Cameroun, siège du Refac; ensuite celle de la CEMAC qui a pris une part belle dans la Fotrac; après, la CEEAC, qui nous a préparés, à travers des séminaires et ateliers, au processus de la Zlecaf et mêmes aux questions de paix et de prévention des conflits depuis 2009.

    Madame la présidente, un détail intrigue. Nous avons connu le Refac et la Fotrac qui agissaient pour l’Afrique centrale. Aujourd’hui, le concept embrasse le continent tout entier. L’ambition est devenue trop grande ou il s’agit tout simplement de suivre la dynamique de l’Union africaine?
    Nous avons, depuis la création du Refac, parlé d’intégration régionale, paix et sécurité, avec un accent sur la zone CEMAC, progressivement sur la CEEAC et, depuis quelques années, notre attention est portée sur le continent africain. La vision Zlecaf de l’UA nous a donné plus d’ouverture, à savoir la possibilité d’un marché plus large et varié, avec une harmonisation des tarifs douaniers et la levée des barrières non tarifaires.

    Ne soyez pas intrigués, nous avons toujours souhaité l’ouverture des barrières et la libre circulation des personnes et des biens en Afrique centrale, car nous restons la sous-région la moins intégrée. Nous recevons donc la Zlecaf sur un plateau en or. Une ouverture de l’espace socioéconomique intra-africain; une belle réponse de l’UA à notre engagement. Nos participations aux différentes activités avec la CEMAC/CEEAC/BAD/CEA nous ont orientés vers ce processus en cours qui nous donne la latitude d’avancer plus loin et plus vite que nous ne l’avions imaginé. L’idéal communautaire et la concrétisation de l’agenda 2063 restent et demeurent notre casus belli.

     

    Interview réalisée par
    Bobo Ousmanou

  • Michel Niama : En 2021, nous ambitionnons passer à au moins 10% des échanges commerciaux intra-communautaires

    Michel Niama : En 2021, nous ambitionnons passer à au moins 10% des échanges commerciaux intra-communautaires

    Le commissaire chargé du département du marché commun au sein du gouvernement de la Communauté présente les jeux et enjeux d’une labélisation du « made in Cemac ». Il trace les perspectives du commerce intra-régional pour la sous-région.

    Vous êtes à Douala dans le cadre d’une rencontre sous régionale sur les agréments des produits transformés en zone CEMAC. Pour la gouverne de nos lecteurs, de quoi s’agit-il concrètement?
    Permettez-moi de vous rappeler, d’entrée de jeu, «qu’il n’y a pas d’économie sans commerce, sans échanges».

    De cette assertion, je pourrais vous dire que la construction de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale est un vaste chantier que nous avons commencé depuis fort longtemps, et vous connaissez bien l’historique qui ne pourrait point faire l’objet d’un développement ici en cette circonstance.

    Ce qui est plus important à dire, aujourd’hui, c’est que nous avons un certain nombre de leviers qui doivent consacrer notre intégration sous régionale.

    L’un de ces leviers, qui aiderait à garantir cette intégration, est le commerce: l’intégration commerciale de notre sous-région, tant dans son volet commerce de marchandises que dans celui des services.

    Or, qu’est-ce que nous avons observé depuis bien des décennies dans notre sous-région: le commerce extérieur de nos États est un commerce essentiellement tourné hors zone CEMAC.

    Pour preuve, les deux notes de conjonctures que nous avions rédigées nous révèlent que le niveau des échanges entre nos pays est extrêmement bas. Il est de l’ordre de 3,5 % pour les produits transformés. Ce qui est tout à fait déplorable, pour une communauté économique et monétaire… Or, qui dit «économie, dit échanges». C’est dire qu’à ce stade de l’évolution de notre communauté, nous avons encore un défi important à relever.

    Le législateur communautaire a pourtant mis en place un dispositif qui devrait encourager les produits des entreprises de la sous-région à disposer d’un marché plus vaste, à travers l’application d’un tarif préférentiel généralisé (taux de douane égale à zéro), pour les produits du cru et les produits transformés dans l’espace communautaire. Car, reconnaissons-le, nous sommes des petits pays avec une population relativement modeste et qui ne pourrait donner la dimension optimale à chacune de nos entreprises pour prétendre faire face à la rude compétition internationale.

    Le Comité de l’origine est donc un comité qui vient donner l’agrément aux produits d’une «entreprise dite nationale» de pouvoir accéder à un marché beaucoup plus important (environ 54 millions de consommateurs).

    Comme vous pouvez le comprendre, une entreprise installée au Gabon, qui, jusque-là, ne misait que sur une population cible d’un million huit cent mille habitants, ne serait pas tout à fait en capacité de faire face efficacement à un producteur (concurrent) du même produit, habitué à produire pour 100 millions de consommateurs. À moins de miser sur la qualité, mais encore là, c’est très relatif, car les échelles de production et de marché joueraient largement en sa défaveur (en termes de compétitivité prix).

    Étant donné que nous évoluons par étape, la mise en place du dispositif d’agrément CEMAC/CEEAC est une étape qui prépare les produits des entreprises de notre sous-région à la compétition internationale.

    Il est de notre devoir de faire en sorte que nous puissions privilégier la transformation locale de nos produits qui, en d’autres termes, crée davantage de la valeur ajoutée locale.

    Privilégier la production qui se réalise dans notre sous-région, en ayant mis en place ce dispositif d’agrément des produits, nous parait plus que justifié.

    En effet, les six États de la CEMAC ont déjà, en commun, un code des douanes, un même code général des impôts. Bien plus, ces six états ont une charte communautaire d’investissement à partir de laquelle en découlent les chartes ou codes des investissements de nos États. Dans ces différents codes ou chartes communautaires sont mis en exergue un certain nombre de dispositions, qui sont de nature à encourager la production qui se réalise dans la sous-région.

    Les entreprises de cette sous-région devraient donc tirer leur épingle du jeu à travers le commerce. D’où la mise en place d’un dispositif approprié visant à labéliser les produits transformés des entreprises qui opèrent dans notre sous-région.

    Bobo Ousmanou

    Alors, monsieur le commissaire, le décor étant ainsi planté, entre cette ambition et la réalité sur le terrain, il y a parfois un grand fossé! Qu’est-ce qui nous garantit que ce comité régional, qui est né depuis une dizaine d’années, pourra fonctionner de façon efficiente, après les travaux de Douala?
    Après les travaux de Douala, je puis vous rassurer que, statutairement, il y aura au moins deux comités régionaux de l’origine, d’ici la fin de l’année 2020. Nous avons des objectifs à atteindre: il s’agit de faire en sorte que si autrefois, en onze années, nous n’avons eu que 322 produits pour 35 entreprises, dès cette première session, qui normalement est la session de 2019, nous ayons quand même 304 produits pour 25 entreprises. Nous sommes donc optimistes de croire que l’objectif de 1000 produits agréés en fin d’année pourrait raisonnablement être atteint. J’en profite d’ailleurs pour lancer un vibrant appel aux entrepreneurs de la sous-région de venir faire agréer leurs produits, car le marché de la CEMAC est le leur. C’est là où ils pourront réaliser de bonnes performances et croitre en maturité, dans la perspective des prochaines conquêtes hors zone CEMAC. C’est un bon champ d’entrainement pour les entreprises de la sous-région, pour amorcer l’étape suivante de la conquête du marché continental et, pourquoi pas, international.

    Au-delà de la conquête des parts de marché au niveau sous régional, il convient de rappeler en vérité que le territoire de la CEMAC est une zone riche en ressources naturelles à transformer. Donc, il s’agit ici d’une zone de grand intérêt économique pour tous les investisseurs, nonobstant quelques tracasseries présentes, mais qui sont appelées à disparaitre, suite au programme que nous allons, de commun accord, implémenter, avec le concours bienveillant de nos États.

    Je puis vous rassurer que notre Comité de l’origine, qui a repris, a siégé à un rythme régulier, conformément à nos textes, pourra nous assurer que l’on puisse avoir les 1000 produits labélisés en fin d’année 2020 et qui pourront circuler dans notre sous-région.

    Étant donné que ce sont les six pays réunis qui forment la Communauté, mais qui commercent peu entre eux, relever le niveau des échanges dans la Communauté est notre défi majeur. Plus nous allons échanger entre nous, moins on s’exposera à certaines importations inutiles. Inutiles parce que certains de ces produits existent pourtant dans notre communauté, et qui sont souvent de bonne qualité, mais qui ne sont pas mis à la disposition des consommateurs de la sous-région.

    En réponse à ce que vous dites, quelqu’un dira, «rien de nouveau sous le soleil» l’Afrique centrale a toujours eu ces potentialités. Le Comité d’origine a toujours été pensé; certains pays ont eu des agréments pour vendre en zone CEMAC, mais ils n’ont pas pu; il y en a qui ont même eu l’agrément CEEAC, mais ils n’ont pas pu… Qu’est-ce qui vous fait croire que vous allez réussir là où les autres gouvernements de la CEMAC ont échoué?
    Nos actions sont menées de façon concomitante. Nous sommes conscients qu’il y a des mange-mil dans les principaux corridors. Nous avons responsabilisé le Comité des chefs de police d’Afrique centrale, le tout, couronné par la réunion ministérielle, le 15 novembre 2019 à Libreville. Nous devons donc nous appuyer sur cette institution communautaire pour accompagner les efforts de la Commission de la CEMAC, parce qu’en vérité, les seuls petits obstacles qui restent à lever sont, effectivement ce que l’on appelle les barrières non tarifaires. Nous sommes tous les fils et filles de cette communauté, nous devons nous comprendre, pour faire en sorte que nous puissions créer une économie sous régionale dynamique, forte et complémentaire. On ne peut pas produire et distribuer aisément un produit dans la sous-région, si celui-ci est soumis à des barrières multiples infondées et souvent injustifiées, comme il nous a été révélé, à titre d’exemple, sur le trajet Douala-Ndjamena (où 108 barrières ont été repérées); certaines sont tout à fait inutiles, car elles renchérissent le coût de revient du produit.

    À Libreville, nous nous sommes accordés pour alléger ce type de situation, sans compromettre notre sécurité collective, par la création des brigades mixtes inter-États. Ces dernières vont contribuer à rendre plus fluides ces corridors pour l’intérêt supérieur et bien compris de l’ensemble de la communauté. Même si cela a un coût, nous serons gagnants: cas de la viande bovine, un déficit alimentaire de 400 milliards pour la seule viande bovine et ovine dans la sous-région. Vous comprendrez aisément que si nous faisons ces efforts à libérer les corridors de passage, même si nous allons dépenser, à titre d’exemple, un milliard en perdiem, pour ces brigades, pour en économiser 400 milliards dans notre sous-région, je pense que le choix sera simple à faire.

    Cette fois, nous ne ferons pas les choses dans les bureaux; nous serons sur le terrain, pour veiller à ce que ceux qui ont reçu leur agrément pour leurs produits puissent les faire circuler dans tous les pays de la communauté, dans les conditions optimales, pour assurer effectivement la libre circulation des personnes et des biens dans notre espace communautaire, comme prescrit par nos chefs d’État et de gouvernement. Celle-ci va devenir enfin une réalité et non plus une vue de l’esprit. Mais cela commande toutefois l’adhésion de tous, de tous les acteurs impliqués.

    Alors monsieur le commissaire, je vous interpelle au niveau des mentalités. On sait très bien que les mentalités doivent être cultivées davantage pour que l’on obtienne des résultats. Un exemple simple: pour des gens habitués à consommer du bœuf français, ça pourrait être difficile pour eux de consommer du bœuf en provenance de Ndjamena. Étant donné que les habitudes alimentaires sont fortement influencées par l’héritage colonial, ne pensez-vous pas qu’il y a de la pédagogie à faire? Étant donné que ça prend du temps, est-ce que ça ne va pas réduire votre ambition sur le court et le long terme?
    Effectivement, nous savons mesurer nos capacités, mais aussi nos limites. Voilà pourquoi nous sommes en face de vous. Nous comptons beaucoup plus sur vous les journalistes: c’est vous qui devez nous aider dans cette tâche titanesque, parce que c’est vous qui conscientisez les masses; c’est vous qui êtes écoutés tous les jours par nos concitoyens. Très sincèrement, comme vous pouvez l’observer, comment pourrait-on atteindre tout le monde sans passer par vous?

    Ce qui nous intéresse en ce moment c’est de mettre très vite en place un dispositif qui va alléger les barrières non tarifaires. Nous sommes d’ailleurs conscients que nous ne pourrons point les lever sans la contribution de tous. Ce qui est au moins rassurant, c’est que nous sommes en parfaite communion avec la police de nos six États: ce sont les policiers qui parleront à leurs propres frères policiers, pour leur expliquer que certaines barrières n’ont plus raison d’être. Ce sont les policiers et les autres corps de l’État qui composeront ces brigades, et il va leur revenir la mission de faire appliquer la loi dans les principaux corridors de passage. Naturellement, nous allons assurer la supervision. Nous n’allons pas nous éloigner, sinon on pourrait également vivre d’autres travers. Comme toute tâche confiée à une institution, nous croyons que nous devons nous assurer que les résultats que nous allons récolter sur le terrain seront tout à fait ceux attendus.

    Monsieur le commissaire, vous évoquez là les barrières physiques. Mais qu’en sera-t-il des barrières mentales?
    Lever les barrières dites mentales dépendra de la manière dont vous allez nous aider par la communication, qui est votre métier… Bref, vous allez nous aider à communiquer, à mieux communiquer avec toutes les parties prenantes.
    Qu’est-ce qui se passe en réalité? Toutes les maladies que nous commençons à voir émerger dans la sous-région, et qui étaient des maladies pas connues du tout, sont généralement dues à de multiples manipulations génétiques que nous ne maitrisons pas. Or, pour ne citer que le cas de la viande du Tchad, du nord Cameroun ou encore de l’est de la RCA, c’est généralement une viande bio. Les bêtes ne mangent que de l’herbe, le maïs, etc.

    Il n’y a pas d’additions chimiques bizarres qui pourraient avoir des effets inattendus sur le corps humain. Donc, on pourrait se rassurer d’avoir de la viande relativement saine. La plupart des moutons que l’on trouve dans nos marchés grandissent dans des conditions naturelles, avec un pâturage naturel, de façon à ne pas nous créer des maladies additionnelles. Ce n’est pas comme les autres qui élèvent leurs animaux en tabulation, qui les enferment, les dopent nous ne savons par quel moyen. Nous croyons que c’est un avantage pour nous aujourd’hui, d’avoir davantage des produits bio qui pourraient nous permettre d’exporter vers ces pays auxquels vous avez fait allusion. Les tendances peuvent bien s’inverser si nous croyons en notre savoir-faire et en nos propres capacités.

    Dans un premier temps, il nous faut déjà consommer ce que nous avons.

    Ce sont des aliments bio et cela nous honore, tout au moins.

    Il y a en vérité peu d’arguments pour discréditer la viande du Tchad, du nord du Cameroun, ou de l’est de la RCA.

    Alors, dans ce que vous dites, je vois la dimension pédagogique qui doit se faire de façon globale. Qu’est-ce que vous vous engagez à dire aux chefs d’entreprises? Que c’est désormais possible, le Comité d’origine a validé; nous vous donnons des gages que vos produits peuvent être distribués dans la sous-région. Est-ce que vous avez fait une démarche particulière envers cette cible-là?
    Nous pouvons vous dire que nous avons fait un travail de sensibilisation pendant le dernier semestre de l’année 2019: cette première mission a consisté à sensibiliser nos États sur la nécessité de mettre en place les comités nationaux de l’origine et d’en assurer leur plein fonctionnement. Nous y sommes parvenus. Il reste à consolider cette dynamique dans la durée. Aujourd’hui les six comités sont en place et bénéficient d’un appui constant de la commission, comme il en sera toujours pour les entreprises désireuses de préparer les dossiers d’agrément pour leurs produits, à présenter au niveau du Comité de l’origine.

    L’étape suivante va consister:

    – à rassurer les premiers qui vont faire valider leurs produits, que nous ferons en sorte que la circulation de leurs produits soit effective;

    – à demander à nos entreprises d’aller effectivement à la conquête du marché communautaire, afin de s’offrir des perspectives de croissance et de développement;

    – à venir en masse faire labéliser leurs produits, au niveau du comité national d’abord, et au niveau du comité régional.
    Pour mémoire, nous avons encore deux assises du Comité régional pour cette année 2020. Nous espérons que ces assises vont avoir un nombre d’entreprises et de produits beaucoup plus important que les 25 entreprises qui ont présenté les 304 produits examinés au cours de cette session.

    Les statistiques de la Banque mondiale démontrent que l’Afrique centrale est la zone la moins intégrée, avec moins de 4% de taux d’échanges intrarégionaux, pendant que d’autres régions telles que la SADEC caracolent à un taux d’échanges à deux chiffres. Qu’est-ce que cela vous fait, lorsque vous êtes dans ces pays-là et que vous voyez que l’on peut partir de l’Afrique du Sud à Nairobi, sans trop de tracasseries?
    Je crois, une fois de plus, comme vous l’avez dit, qu’il y a un problème de pédagogie, à devoir communiquer et faire comprendre à nos concitoyens que la CEMAC que nous sommes est une zone riche, mais malheureusement sous-exploitée, sous valorisée. Le taux de transformation de nos produits est l’un des plus bas au monde. Nous invitons donc tous ceux qui viennent prélever nos matières premières à devoir les transformer désormais dans notre territoire, afin de créer des emplois et garantir un espace d’affaires viables.

    Aucun homme d’affaires au monde n’est venu parce qu’on lui a fait une simple invitation à venir investir. Nous savons très bien qu’investir dans un pays ou dans une région nécessite une autre procédure que l’appel que vous lancez…
    Notre appel ne s’adresse pas qu’aux investisseurs extérieurs. Parce que nous sommes convaincus que le développement de la sous-région est d’abord une affaire d’hommes et de femmes de la sous-région, et ceux qui veulent le faire avec nous y contribuent, mais nous ne nous faisons pas d’illusions.

    C’est aussi pour vous dire qu’en vérité, nous croyons beaucoup en notre propre potentiel, mais cela suppose un changement de paradigme: si jusqu’à hier, nous étions habitués à faire exporter nos matières premières, demain, nous devrons faire l’effort de les transformer davantage sur place. Car en le faisant, nous allons créer davantage d’emplois. Pour ceux qui pensent que nous devons indéfiniment rester dans l’approche des économies de traite, ils constateront à leur dépens qu’au fil des mois et des années, l’espace communautaire leur deviendra de plus en plus réduit. Car, chaque économie, de par ce monde en mutation, est en train de se construire et nous ne croyons pas être les seuls laissés pour compte.

    Vous nous dites une chose intéressante: lorsque vous circulez de l’Afrique du Sud jusqu’à Monbassa, c’est une très bonne chose, mais nous n’avons pas oublié le fait que nous avons un défi aussi important à relever: celui des infrastructures. Nous y sommes déjà et la Commission de la CEMAC s’y est attelée. En effet, y a eu une tournée pour aller rencontrer les principaux bailleurs de fonds sur un certain nombre de projets intégrateurs à réaliser.

    Mais pour notre part, en ce qui concerne le marché, il s’agit d’abord de donner l’espace et les conditions optimales aux entreprises qui opèrent dans la sous-région. C’est en cela que même d’autres entreprises qui sont en dehors de la zone CEMAC seront intéressées à venir y contribuer.

    Pour preuve, vous voyez, nous avons eu 304 produits à agréer au cours de cette session, et nous sommes sûrs que quand toutes les entreprises seront sensibilisées, elles y trouveront intérêt. Nous ne voyons plus d’entreprises qui veulent vivre dans une position fermée. Toute entreprise est toujours portée à avoir à conquérir davantage de parts de marché pour réaliser un chiffre d’affaires toujours plus élevé.

    Pour cette session, nous venons de reprendre l’élan, le bon élan. Il nous faudra davantage d’entreprises et beaucoup de produits qui vont circuler dans notre sous-région; ce qui va nous occasionner moins de déficits du côté de nos balances de paiements.

    Donc le Comité de l’origine est l’un des instruments communautaires qui vont contribuer à résorber une partie des déficits de nos balances de paiements. Comme on pourrait le dire de manière beaucoup plus simple, nous ne pouvons pas continuer à être ces États qui vendent peu, mais qui achètent beaucoup et qui continuent, indéfiniment à trainer des déficits de balance de paiements: les différents acteurs qui sont sur le terrain doivent le comprendre. Il en est de même pour les consommateurs, qui doivent se rassurer que les produits CEMAC, sont des produits pour la plupart bio, et non des produits avec des manipulations génétiques ou chimiques de tout genre et qui peuvent détruire davantage notre santé.

    C’est dans cette perspective que nous sommes, et nous souhaitons avoir un marché qui soit bien fourni en produits de la sous-région. Ce ne serait qu’une bonne chose, puisqu’il va nous permettre d’économiser des devises qui serviront à payer les biens d’équipements nécessaires à notre développement.

    Alors, pour ce qu’il est de la Zone de libre-échange continentale, on peut dire que c’est des fondations pour l’Afrique centrale que vous posez, afin qu’on ne rate pas le train de la Zone de libre-échange continentale?
    On peut dire que nous sommes en train de mettre en œuvre le dispositif de 2008, dont les premiers résultats ont été quelque peu mitigés. Nous devons plutôt redoubler d’efforts pour être à la hauteur de ce que représentent nos économies. C’est donc juste un coup d’accélérateur à donner à ce dispositif communautaire, fort utile à notre sous-région.
    La Zlecaf apporte une preuve supplémentaire et incontestable de l’urgence à devoir préparer les entreprises de la sous-région à la conquête du marché continental.

    Interview réalisée par
    Thierry Ndong Owona

  • Sylvie Nwet : La «cabraliste» qui défie  les éléphants RDPC à Yaoundé

    Sylvie Nwet : La «cabraliste» qui défie les éléphants RDPC à Yaoundé

    Novice en politique, la tête de liste du PCRN aux législatives dans le Mfoundi ne manque ni d’idées ni d’ambition.

    Sylvie Nwet

    En mai, la présidente-fondatrice de l’association Yaoundé Reviv’Art (YARA) aura 40 ans, et peut-être une écharpe vert-rouge-jaune portée en bandoulière dans l’hémicycle de Ngoa-Ekellé. Ce serait alors une entrée fracassante en politique pour celle qui s’est fait connaître depuis deux décennies comme animatrice et entrepreneuse culturelle de premier plan. Car pour ce coup d’essai, Sylvie Nwet, le port toujours altier et un sourire charmeur, n’a pas choisi la facilité : elle dirige la liste du Parti camerounais pour la reconstruction nationale (PCRN), la formation de Cabral Libii, dans la circonscription du Mfoundi, autant dire dans la capitale Yaoundé considérée comme la chasse gardée de l’ancien parti unique au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), qui n’y a jamais cédé le moindre siège de député à un parti concurrent depuis le retour du Cameroun au pluralisme partisan en 1992.

    Comment en est-elle arrivée, elle qui affirme fièrement être novice en politique, à convoiter un siège de député à Yaoundé ? Elle raconte : «Mon parcours professionnel, dans le milieu associatif, a fait de moi une femme de contact, à l’écoute des autres et au service des autres, dans un secteur souvent oublié justement de la politique : je veux parler du milieu de la culture. Alors, quand Cabral Libii m’a demandé de conduire sa liste à Yaoundé au double motif qu’il souhaitait une personnalité qui s’était investie dans le milieu de la culture depuis plusieurs années, et que cette personnalité soit une femme de surcroît, je n’ai pas hésité un seul instant». Et voilà comment Sylvie, habituée notamment des milieux du cinéma pour avoir été chargé de relations publiques au sein du festival Ecrans noirs, assistante de distribution et de production de certains films et, depuis 2014, promotrice du Festival du premier film de Yaoundé «Yah’ra» qui venait de boucler sa sixième édition en octobre dernier, se retrouve à enchaîner des réunions de stratégie de campagne électorale, à rédiger des professions de foi, à faire du porte-à-porte, à défendre un projet de société…

    Du pain sur la planche
    Quelles chances aura la liste PCRN de bousculer les caïds du RDPC dans la course à la députation dans la capitale? La tête de liste du parti «cabraliste» ne se prend pas la tête outre-mesure. «Pour moi, cette campagne électorale est une formidable opportunité de faire passer mes idées au plus haut niveau», clame-t-elle sans fards. Et des idées pour le progrès du Cameroun, elle en a plein la tête, surtout dans le domaine culturel qui lui tient naturellement à cœur. À côté du plan pour la protection de notre patrimoine national, elle suggère de tirer profit de la nouvelle loi sur la décentralisation. Très pragmatique, Sylvie Nwet a des propositions concrètes: «Je pense que beaucoup d’améliorations peuvent être entreprises sans nécessairement engager des moyens énormes. Prenez l’exemple de la formation des jeunes à l’art. Aujourd’hui, on peut télécharger en quelques minutes un morceau de musique ou l’image d’un tableau ou d’une sculpture. Sans parler des films».

    Comme quoi, on peut être blanc-bec en politique et avoir de grandes ambitions pour le Cameroun. Ne dit-elle pas ? «Je souhaite pour mon pays ce qui figure dans le sigle de mon parti : la Réconciliation Nationale». Et de citer le besoin de réconciliation dans les régions anglophones en crise armée, entre classes sociales, mais aussi entre générations : «J’incarne ce changement que je ne conçois que dans le respect de nos aînés».

    Bobo Ousmanou

  • Coronavirus : Le Cameroun prend des précautions

    Coronavirus : Le Cameroun prend des précautions

    Le pays a décidé de suspendre ses importations d’animaux et de produits halieutiques en provenance des pays touchés par l’épidémie.

    «Jusqu’à nouvel ordre, la délivrance des avis techniques d’importation d’animaux et des produits d’origine animale et halieutique, frais ou congelés et non manufacturés en provenance des pays abritant des foyers actifs du Coronavirus». L’instruction qui date du 3 février dernier, est contenue dans une décision signée du Dr Taïga, le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia).

    Pour que la décision de suspension soit alors suivie d’effet et permette d’assurer efficacement la protection des populations camerounaises, le Minepia a instruit «ses collaborateurs de prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir la veille sanitaire active des services vétérinaires sur toute l’étendue du territoire national et de renforcer les mesures d’inspection et de contrôle sanitaire vétérinaire aux frontières portuaires, aéroportuaires et terrestres, ainsi qu’aux différents postes de contrôle sanitaire». Cette décision vient ainsi étoffer les mesures déjà prises et constituent selon le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, «le plan de riposte d’ores et déjà déclenché dans le pays depuis le 28 janvier 2020».

    En plus de la protection du territoire, le principal enjeu d’un tel dispositif est la détection précoce des cas de virus qui pourraient éventuellement survenir à l’intérieur du triangle national. Et de ce point de vue, la surveillance épidémiologique mise sur pied depuis quelques jours par les bons soins du gouvernement devrait permettre d’y parvenir. Jusqu’ici quoi qu’il en soi, aucun cas n’a encore été enregistré.

    Bobo Ousmanou

  • DGI – Gicam  : Liens sans l’autre

    DGI – Gicam : Liens sans l’autre

    Entre le patronat et l’administration fiscale camerounaise, des signes avant-coureurs de l’affaiblissement du partenariat se faisaient sentir; tant les priorités stratégiques des deux parties n’en finissaient pas de s’éloigner les unes des autres. Évocation.

    C’était le 28 mai 2018. Célestin Tawamba recevait Louis-Paul Motaze au siège du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) à Douala. Petite phrase du chef de file du patronat camerounais adressée au ministre des Finances (Minfi): «La fiscalité est un obstacle au développement du Cameroun». Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président de l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace) le claironnait encore de manière plus appuyée. «Aujourd’hui, le régime fiscal camerounais se caractérise par un taux de fiscalisation effectif du secteur formel qui, pour certains secteurs, va bien au-delà de la norme. Ce, alors même que le taux de mobilisation des recettes est insuffisant. D’où un glissement vers un système fiscal confiscatoire -un système de taxation sur la base du chiffre d’affaires- qui n’est pas corrélé au bénéfice réel des entreprises», avait confié Célestin Tawamba sur le site internet de l’hebdomadaire panafricain, le 18 juillet 2018. Dans les mêmes colonnes, il proposait «un changement de paradigme fiscal, avec la mise en place d’une fiscalité qui dépasse les légitimes contraintes des finances publiques, pour tendre vers des objectifs résolument économiques et sociaux».

    C’était entendu: le patronat s’irritait contre le modèle de gouvernance à la Direction générale des impôts (DGI). Entre les milieux d’affaires et l’administration fiscale, des signes avant-coureurs de l’affaiblissement du partenariat se faisaient sentir; tant les priorités stratégiques des deux parties n’en finissaient pas de s’éloigner les unes des autres.

    Ainsi donc, Célestin Tawamba a décidé de cracher le morceau à Paul Biya. En adressant une lettre au président de la République, le 16 janvier 2020, le président du Gicam n’a pas pris de distance. Au fil des lignes, il dénonce et alarme sur les «dérives» managériales de Modeste Mopa Fatoing. À charge contre le directeur général des impôts, la correspondance s’accroche sur 7 griefs («sa relation avec les entreprises et les organisations qui les représentent; sa vision et sa pratique de l’administration fiscale; son inaptitude à dialoguer et faire face à la contradiction; le climat délétère qu’il a instauré à la Direction générale des impôts et qui a entraîné le départ de hauts cadres compétents vers d’autres cieux; le refus de délivrer des documents administratifs qui a entraîné des retards considérables dans la réalisation des investissements; son incapacité à concevoir une politique fiscale sur court et moyen termes, de nature à impulser la croissance tout en assurant un niveau appréciable des recettes de l’État et, facteur aggravant, sa méconnaissance des réalités de l’entreprise»).

    Désirs et pulsions
    De manière plus profonde, on pourrait écrire, sauf à craindre les mots, que le spectacle auquel assiste l’opinion publique nationale ne date pas de ce matin. «Depuis juin 2017, les choses étaient claires, carrées et prévisibles», confie une source de première main au ministère des Finances. Notre interlocuteur explique sans détour que, pris d’un vertige inexplicable, Célestin Tawamba travaille à rompre une tradition: le dialogue entre l’administration fiscale et le secteur privé.

    Durablement établie depuis 2013, cette tradition commence à se désagréger avec l’arrivée de l’industriel à la présidence du Gicam. Dans un style managérial qu’il assume, le nouveau «patron des patrons» se montre distant; entraînant avec lui quelques affidés. Dès sa première rencontre avec Alamine Ousmane Mey (alors ministre des Finances) en août 2017, il annonce que son mandat sera essentiellement axé sur la réforme fiscale. Bien plus, il assure que l’organisme dont il vient de prendre les rênes fera des propositions visant à réorienter la politique fiscale du Cameroun. Curieusement, il met un terme à la cadence des rencontres entre le Gicam et la DGI. «C’est la fin des très courus dîners-débats organisés par le Gicam sur les innovations fiscales de la loi de finances», déplore une autre source.

    Selon d’autres indications, la déconnexion entre la DGI et le patronat est exacerbée au moment où Célestin Tawamba installe un groupe de travail en charge de l’élaboration du projet de réforme fiscalo-douanière du Gicam. Pour rendre sa démarche symétrique, il sollicite officiellement la participation de la DGI et de la Direction générale des douanes (DGD). À en croire nos informations, les deux administrations lui font noter qu’elles ne peuvent pas participer à une initiative privée de réforme fiscalo-douanière, mais qu’elles restent très ouvertes à l’analyse des propositions pertinentes de réforme qui découleraient des travaux du groupe de travail cité supra. Toutefois, à titre informel, deux inspecteurs principaux des impôts -Ngolle V Isaac Richard (alors chargé d’études à la DGI) et Émile Francis Bitoungui (en attente de sa décision de mise en disponibilité)- participent de façon très active aux travaux du comité de réforme du Gicam.

    Commentant la lettre de Célestin Tawamba à Paul Biya, un cadre du ministère des Finances doute de la capacité du président du Gicam à gagner la bataille contre le fisc. Et pour cela, le fonctionnaire brandit une avalanche de preuves (voir ci-dessous) que le dialogue n’a jamais été rompu entre les deux parties. «Ce dont il s’agit, dit-il, c’est davantage le choix du président du Gicam de rompre avec la tradition de dialogue établie par ses prédécesseurs et de le substituer par un dialogue de plus haut niveau, au niveau ministériel et plus certainement au niveau présidentiel; Célestin Tawamba a affirmé à plusieurs reprises, par médias interposés (nationaux et internationaux) que son seul véritable interlocuteur c’est le président de la République».

    Jean-René Meva’a Amougou

    Dialogue plutôt fertile

    Au ministère des Finances, l’on qualifie les charges contre Modeste Mopa Fatoing de «pensées de laboratoire n’ayant cure des réalités». Ces dernières montrent bien que pour l’administration fiscale, le Gicam reste un partenaire.

     

    Le 28 mai 2018, au siège du Gicam à Douala, le ministre des Finances (accompagné de ses principaux collaborateurs de la DGI et de la DGD) reçoit solennellement le rapport sanctionnant les propositions de réforme fiscalo-douanière du Gicam et promet d’en faire un usage judicieux.

    Courant juin 2018, le ministre des Finances constitue un dispositif d’examen des propositions du Gicam, composé d’un Comité de pilotage qu’il préside personnellement et d’une Unité technique coordonnée par son conseiller technique n° 1 et par Isaac Richard Ngolle V (encore chargé d’études à la DGI).

    Les travaux de l’Unité technique se tiennent à un rythme hebdomadaire de juillet à septembre 2018, période au terme de laquelle elle présente son rapport au Comité de pilotage présidé par la Minfi. Le 3 novembre 2018, le ministre des Finances est de nouveau invité au siège du Gicam à Douala pour présenter le résultat des travaux d’examen par ses équipes des propositions du Gicam. Il fait les annonces suivantes:

    – 71 % des propositions formulées ont été jugées pertinentes et intégrées dans le projet de loi de finances pour l’exercice 2019;

    – les 29 % restantes, constituées pour l’essentiel de la baisse à hauteur de 50 % du taux de l’acompte de l’impôt sur les sociétés compensée par la restauration des droits de douane et de la TVA sur les biens de première nécessité (riz, poisson, tranches sociales d’eau et d’électricité) et la suppression des avantages fiscalo-douaniers de la loi du 18 avril 2013 sur les incitations à l’investissement, feront l’objet d’études plus approfondies en vue de leur prise en compte progressive dans le corpus législatif, au regard des contraintes du Programme économique et financier triennal du Cameroun avec le FMI;

    – la création, en octobre 2018, de deux comités souhaités par le Gicam: (1) le Comité permanent de concertation public-privé chargé de l’examen des propositions de réformes fiscalo-douanières; (2) le Comité d’examen des recours contentieux et gracieux introduits auprès du ministre des Finances.

    Au terme de son intervention, le ministre des Finances a reçu une standing ovation mémorable de l’assistance, traduisant une approbation sans limites des résultats de l’examen des propositions du Gicam.

    Les deux comités paritaires créés par le Minfi, mais où la DGI et la DGD sont largement minoritaires, fonctionnent normalement depuis leur création.

    Le Comité d’examen des recours contentieux et gracieux a ainsi instruit plus d’un demi-millier de recours depuis novembre 2018, procédant à des dégrèvements massifs des impôts et taxes émis par la DGI, pour la plus grande satisfaction des contribuables.

    La 9e session du Cameroon Business Forum (CBF), s’est tenue le 12 mars 2018 à Douala, sous le thème général: «Financement des petites et moyennes entreprises et développement du tissu industriel camerounais». Au total, sept (7) recommandations formulées touchaient au climat fiscal des affaires, dont cinq (5) adressées essentiellement à la DGI et deux (2) partagées entre la DGI et le Mindcaf d’une part, et entre la DGI et la DGD d’autre part.

    Le Comité permanent de concertation public-privé quant à lui, composé majoritaire des représentants du secteur privé (Gicam, Ecam, Mecam, CCIMA, ONCFC) et présidé par Isaac Richard NGOLLE V (désormais CT3 du Minfi), a tenu une vingtaine de sessions en 2019 qui ont abouti à la formulation consensuelle des propositions fiscalo-douanières pour la loi de finances 2020.
    Ces propositions ont été solennellement présentées aux milieux des affaires par le ministre des Finances au siège du Gicam à Douala, le 27 septembre 2019. Alors question : de quelle rupture de dialogue parle le président du Gicam ? À l’observation, Célestin Tawamba utiliserait le Gicam pour régler des comptes personnels.

    Bobo Ousmanou

  • Télécommunications : Le leadership de Mtn Cameroon primé

    Télécommunications : Le leadership de Mtn Cameroon primé

    L’entreprise vient d’être certifiée   meilleur réseau au Cameroun pour la qualité de ses services internet et voix par l’agence internationale Rohde & Schwarz.

     

    Le prix a été officiellement remis à la direction de MTN Cameroon lors d’une cérémonie solennelle au siège de la société à Douala, ce 27 janvier 2020.

    A la suite de tests effectués au Cameroun au cours du 4e trimestre 2019, sur un nombre total de 20 000 appels et des évaluations de la vitesse de l’internet sur 9 000 km à travers le territoire national, ces tests de qualité et de performance des réseaux, menés de manière indépendante, ont été effectués sur les réseaux de tous les opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun.

    Les résultats ont été comparés à ceux des principaux opérateurs européens de téléphonie mobile et les normes suivantes ont été utilisées pour évaluer la qualité de la voix et de l’image :

    ·      Qualité de la voix : POLQA (ITU-T P.863)

    ·      Qualité des données/vidéos : (UIT-T J.343.1) MOS visuel

    L’analyse des données a permis à Rohde & Schwarz, organisation internationale de renom spécialisée dans l’audit des performances des réseaux mobiles 2G, 3G, 4G et 5G à travers le monde en utilisant les normes et la méthodologie de l’IUT/ETSI, de placer MTN devant tous les autres opérateurs du Cameroun avec une marge globale de 61 points par rapport au deuxième meilleur opérateur; soit 562 points contre 501 pour l’opérateur suivant.

    « MTN est particulièrement fier de ces résultats. Ils sont la preuve que les réformes menées par l’entreprise à plusieurs niveaux portent leurs fruits. Au cours des quatre dernières années, MTN Cameroon a investi massivement dans la transformation de son réseau pour lui permettre de répondre pleinement aux besoins de ses clients dans le nouveau monde numérique. Nous sommes heureux de fournir aux plus de 10 millions d’abonnés de notre réseau les outils dont ils ont besoin pour rester connectés et mobiles partout où ils vont », note Shoyinka Shodunke, Chief Technology& Information Systems Officer(CTIO) de MTN Cameroon.

    MTN Cameroon filiale du Groupe MTN représenté dans 21 pays et leader des télécommunications en Afrique, continue d’offrir à ses clients une expérience exceptionnelle pour leurs besoins de communication et de connectivité. Grâce à cette performance, les utilisateurs peuvent prendre des photos et des vidéos de leurs activités quotidiennes et les partager en déplacement. En outre, ils peuvent télécharger rapidement des fichiers volumineux, écouter de la musique en ligne, émettre et recevoir régulièrement des appels vocaux en haute définition, regarder la télévision via Yabadoo et d’autres plateformes, et même jouer à des jeux en ligne.

    Depuis 20 ans, le leader du secteur des communications électroniques au Cameroun est résolument engagé à continuer de mettre ses clients au centre de ses activités et à leur fournir des solutions simples, abordables et innovantes pour rendre leur vie plus agréable.

    Bobo Ousmanou

  • Mairie de Yaoundé IV : Entre austérité et ambitions

    Mairie de Yaoundé IV : Entre austérité et ambitions

    Pour l’exercice 2020, bien que son budget soit revu à la baisse, le conseil municipal  met la priorité sur les projets à fort impact communautaire.

    Deux milliards cent quarante-six millions neuf cent trente-huit mille sept cent soixante francs (2 146 938 760) CFA. C’est avec ce budget que la commune urbaine d’arrondissement de Yaoundé IV compte fonctionner en 2020.  Comparativement à 2019, le pactole connait une baisse de l’ordre de quatre ent cinquante-sept millions trois cent dix mille huit cent quatre-vingt-treize francs (457 310 893) CFA. Conformément à la nomenclature budgétaire et plan comptable en vigueur, outre les recettes fiscales, les centimes additionnels communaux et les produits des taxes communales, ledit budget intègre également les crédits d’investissements issus des transferts des ressources attendues dans le cadre de la décentralisation  et de la dotation du ministère de la Décentralisation et du Développement local.

    Sur le plan de la répartition, un milliard neuf cent un million trois cent quatre-vingt huit mille sept cent soixante (1 901 388 760) CFA sont appelés recettes de fonctionnement. Concrètement, un milliard six cent trois millions cinq cent mille (1 603 500 000) CFA de recettes fiscales ; vingt millions de francs (20 000 000) CFA des produits de l’exploitation du domaine et services ; cent millions (100 000 000) CFA de subvention de fonctionnement et dix millions (10 000 000) d’autres produits et profits divers.

    Au-delà, cent soixante-sept millions huit cent quatre-vingt huit mille cent soixante francs (167 888 760) CFA sont attendus des transferts reçus.

    Au chapitre des dépenses, celles consacrées au fonctionnement s’élèvent à 1 288 163 280 FCFA. Pour  l’investissement, la somme de 858 775 480  FCFA est prévue.  Soit une baisse de 182 924 382 FCFA par rapport à 2019.

    Comme projets à conduire, Mme Régine Amougou Noma annonce, entre autres, la construction du bloc administratif du projet de construction du Centre communal de développement de la pisciculture et de loisirs (PCCDPL) ; un centre éducatif et d’action communautaire ; acquisition de 2 pick up ; construction du stade Amougou Noma ; réhabilitation des routes communales.

    Bobo Ousmanou

  • Journées citoyennes de la presse : L’instant d’autopsie du métier de journaliste

    Journées citoyennes de la presse : L’instant d’autopsie du métier de journaliste

    Du 12 au 14 décembre 2019 à la salle de conférence du ministère des Postes et Télécommunications, c’est le titre qu’éplucheront les professionnels des médias nationaux.

    Des JCP 1ère édition, on en parle comme une « actualité marquante de cette fin d’année dans l’espace médiatique du Cameroun ».  Porté par l’Association médias, médiations, et citoyenneté (2MC Association), le projet se décline, à en croire  Valentin Siméon Zinga, comme « un instant qui permet de poser un certain nombre de questions sur ce qui caractérise le devenir de la profession de journaliste au Cameroun, un exercice sans précédent visant à « sauver » l’avenir de la presse locale ». « Si rien n’est fait, renchérit Marie-Noëlle Guichi, le paquebot continue de s’enfoncer. Pour des raisons multiples : baisse des ventes, effondrement des recettes publicitaires, coûts de fabrication et de distribution élevés ».

    Pour reprendre la même idée, Valentin Siméon Zinga estime que les JCP visent à mettre à nu la réalité du métier de journaliste et répondre à diverses  questions : c’est quoi être journaliste quand tout le monde peut diffuser des infos ? Quelle vérification de l’information à l’ère de l’instantané planétaire ? Sous quelle forme (vidéo, audio, texte) et sur quels supports ? Et avec quel argent, quand tout le monde veut s’informer gratuitement sur son écran ? Le journalisme, métier en plein bouleversement, aux nombreux questionnements…

    En sa qualité de président des JCP, Valentin Siméon Zinga  a expliqué mardi les grandes lignes des assises. Selon l’ancien rédacteur en chef de le Messager, les débats se dérouleront sur un mode participatif à la fois ouvert et croisé, le tout  sous l’angle du « ras-le-bol » professionnel. Raison : « il y a un vrai problème avec la manière dont nous pratiquons le métier », constate-t-il. D’où une feuille de présence assez fournie. Entre autres, l’on parle de Pr Jacques Fame Ndongo (ministre d’Etat ,  ministre de l’Enseignement supérieur ), le Pr Daniel Anicet Noah Mbede (Université de Yaoundé 2-ESSTIC et consultant en communication Communauté urbaine de Yaoundé), Jean Claude Ottou (modérateur général), Pr Jean Emmanuel Pondi, Pr Alexis Tcheuyap de l’Université de Toronto, Pr George Madiba de l’Université de Douala, Dr Alexandre Djimeli de l’Université de Dschang, Dr François Marc Modzong (Université de Yaoundé 2-ESSTIC), Alain Blaise Batongue (journaliste et secrétaire exécutif du GICAM).

    Bobo Ousmanou

  • Construire une route : combien ça coûte

    Construire une route : combien ça coûte

    Un document confectionné par des experts du ministère des Travaux publics (MINTP) tente de dissiper les polémiques autour des devis estimatifs des travaux de construction des axes routiers à travers le pays.

    Un sujet reste sensible entre Camerounais, entreprise de travaux publics et pouvoirs publics: quel est le prix d’un kilomètre de route bitumée? Dans une récente publication de 4 pages, intitulée «facteurs déterminants des coûts de construction d’une route», le MINTP n’a pas cherché loin des éléments de réponse. Pour l’institution gouvernementale, le coût de construction d’une route dépend d’une part, de l’environnement macroéconomique et institutionnel (coût des matériaux, climat des affaires, procédures de passation des marchés, environnement économique et institutionnel, disponibilité du site…) et d’autre part, des caractéristiques techniques du projet.

    Pour être plus explicites, les experts du MINTP ajoutent: «la construction d’une route dépend de trois principaux facteurs: les caractéristiques géométriques du projet qui sont matérialisées par les tracés en plan et profil en long d’une part, ainsi que des profils en travers d’autre part; la complexité du site du projet, qui est liée aux conditions topographiques, géologiques, hydrologiques et climatiques du site; et la structure de la chaussée».

    En dehors des considérations du tracé en plan et du profil en long choisis en fonction de la vitesse de référence du projet, les caractéristiques géométriques du projet englobent entre autres, l’emprise routière (conforme au régime foncier et domanial en vigueur); la chaussée (entre 3,5 et 3,75 m pour les autoroutes, 3, 50 et 3, 25 m pour les Nationales et Régionales…); la bande d’arrêt d’urgences (BAU) qui est de 3 mètres; la bande dérasée de droite (BDD) (0,5 m); la bande médiane (comprise entre 1,5 et 1,0, selon la typologie de la route; la berme [0,5 m]; l’accotement; la bande dérasée de gauche [BDG] [0,5 m] et le terre-plein central [TPC]. «Les dimensions des éléments susmentionnés dépendent de la catégorie de route [autoroute, routes, nationales, régionale, communale, voies expresses]», arguent nos sources à la direction générale des études techniques du ministère des Travaux publics.

    Ainsi, «associées aux facteurs géométriques et cinématiques de la route, les conditions géologiques et topographiques de la zone du projet déterminent le volume des terrassements à effectuer. Ceux-ci peuvent atteindre 20 à 30% du coût des travaux. Les ouvrages d’art et d’assainissement sont imposés par le contexte hydrologique, topographique et climatique du site, le choix des caractéristiques géométriques et même la nature du sol de fondation. Leurs coûts peuvent représenter jusqu’à 15% du coût des travaux».

    Par ailleurs, expliquent les experts du MINTP, la structure de la chaussée, qui englobe la plate-forme support de chaussée, la couche de forme, les couches d’assises et la couche de surface, représente parfois 25 à 40 % du coût des travaux.

     

    Bobo Ousmanou

  • Crimes et exactions dans le Noso : L’Unicef accuse les séparatistes

    Crimes et exactions dans le Noso : L’Unicef accuse les séparatistes

    Dans un rapport publié le 5 novembre dernier, l’agence onusienne pointe les groupes armés comme auteurs des enlèvements, des viols, des assassinats et des incendies d’écoles dans les régions anglophones.

    Tristesse et désolation dans les écoles au Nord-ouest

    Un tableau, celui que transmet le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pour décrire la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest (Noso), est désolant. Dans un rapport publié la semaine dernière, le démembrement onusien fait état de 529 incidents de sécurité survenus dans les deux régions depuis le début 2019. Deux mois après le début de l’année scolaire en cours, 4 100 écoles, soit 90 % d’écoles primaires publiques, et 744 institutions secondaires (77 %) restent fermées ou non opérationnelles. Plus de 850 000 enfants n’ont plus droit à l’éducation scolaire. Les enfants ainsi non scolarisés sont enrôlés de force dans ces groupes armés.

    Ceux qui ne le sont pas encore, du fait de cette situation, courent un grand risque d’être recrutés par ces bandes armées, de se marier, d’avoir des grossesses précoces et d’être victimes d’autres formes d’exploitation et de maltraitance. Un nombre croissant d’ONG ont été victimes de prises d’otages et d’extorsions de la part des bandes armées. «Les régions anglophones du Cameroun, qui étaient jadis les endroits où l’éducation était la meilleure dans tout le pays, doivent désormais faire face à une politique permanente de non-scolarisation mise en place par des groupes armés non étatiques; des milliers d’enfants au Cameroun vivent dans la peur. Ils ont besoin de la paix pour pouvoir reprendre leurs études et recouvrer leur avenir», déplore Henrietta Fore, directrice exécutive de l’Unicef.

    Agir
    Meurtrie par cette situation, l’institution invite les responsables de ces organisations armées à respecter les enseignants et les autres personnels de l’éducation, y compris les prestataires de l’enseignement à domicile. Henrietta Fore appelle à une action pour contraindre ces groupes à permettre aux enfants d’aller à l’école. À son avis, il est temps de créer les conditions pour que les enfants apprennent «dans un environnement sûr et protecteur». «Nous ne pouvons plus perdre de temps. Si nous n’agissons pas maintenant. Nous courrons le risque d’avoir une génération perdue de jeunes, plutôt qu’un jeune engagé et informé qui peut aider à reconstruire leurs communautés», insiste la directrice exécutive de l’Unicef.

    Bobo Ousmanou

  • Femme rurale au Cameroun : Le pli qui ne rompt pas

    Femme rurale au Cameroun : Le pli qui ne rompt pas

    Face aux difficultés qui sont les siennes, elle tient toujours le beau rôle de mamelle nourricière du pays. 

    La ministre camerounaise en charge des questions de femmes prêche par l’exemple

    «On souffre!». Décidément, la phrase fonctionne désormais à tous les coups au Cameroun. Le 15 octobre 2019, on l’a expérimentée à Endom (Nyong-et-Mfoumou). Pour habiller leur plaidoyer pour de meilleures conditions de vie, les femmes rurales de cette localité l’ont dit à pas moins de 4 femmes ministres.

    Venues rehausser l’éclat de la 24e édition de la Journée mondiale de la femme rurale, Marie-Thérèse Abena Ondoua, ministre de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff), Pauline Irène Nguene, ministre des Affaires sociales (Minas), Clémentine Ananga Messina, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Fomundam Mbah Acha, ministre déléguée à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’État (Consupe) et Ashéri Kilo, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation de base ont pris note du calvaire des agricultrices dans les territoires éloignés des grandes villes.

    «Nous dépensons beaucoup d’argent pour acheminer nos vivres en ville et au final on ne gagne pas grand-chose, du moins pas assez d’argent par rapport au travail que nous abattons au quotidien; on ne se soigne pas bien; on fait des accidents de motos… Parfois avec nos maris et leurs familles, la vie a plutôt des allures de séjour au purgatoire», déballe Mme Lucie Noah Manga au nom de ses congénères. Pour le reste, ses mots trahissent de l’optimisme: «On plie, mais on ne va pas rompre. Nous espérons que le gouvernement fera quelque chose pour nous, car selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation (FAO),les femmes rurales fournissent environ 90 % des denrées nécessaires à la subsistance de la population en Afrique».

    Lignes de vie
    Fortement représenté ici, ce gouvernement, par la voix de la Minproff, a davantage exalté le rôle de ces êtres régnant sur des champs et des étangs pour nourrir le pays. Dans son discours, Marie-Thérèse Abena Ondoua ne s’attache nullement à faire revivre la culture de la souffrance, mais à camper de nouvelles lignes de vie. «Je vous invite à créer des plateformes coopératives à travers lesquelles il vous sera aisé d’accéder aux offres de formation.

    Il faut de trouver et saisir des opportunités de financement pour mieux exploiter les terres, améliorer la productivité tout en protégeant l’environnement, utiliser à grand profit les technologies modernes et être les principales actrices du bien-être de vos familles», exhorte-t-elle, en écho au thème retenu cette année («Femme vivant en zone rurale et gestion durable des ressources productives»).

    Comme beaucoup d’autres, la Minproff se désole des effectifs chétifs du Centre de développement de la femme(Cedefe) d’Edom. Créée depuis 10 ans, la structure est boudée par ses principales destinataires. Cela a appelé la réaction la plus vive de Marie-Thérèse Abena Ondoua: «il n’est pas question de laisser continuer cet état de choses».

    Bobo Ousmanou

  • Bourse unifiée: l’entrée à pas forcés des entreprises

    Bourse unifiée: l’entrée à pas forcés des entreprises

    À Yaoundé le 2 octobre 2019, le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) a adopté un règlement.

    Selon un document que relaie le site Investir au Cameroun, ce règlement «est relatif à l’introduction en bourse des participations des États et de leurs démembrements, dans les entreprises exerçant dans la Cemac». Pour l’Umac, il est temps d’appliquer l’article 8 de l’Acte additionnel du 19 février 2018; ce dernier statue sur la dynamisation de la bourse unifiée. Dans son esprit, ce texte impose aux États membres de la Cemac de «procéder à la cession partielle ou totale en bourse de leurs participations dans le capital des entreprises publiques, parapubliques, ou issues de partenariat public-privé, notamment dans le cadre des programmes de privatisation».

    Ailleurs, le même article stipule: «l’adoption de cadres législatifs rendant obligatoire la cotation ou l’ouverture en bourse du capital d’entreprises ayant pour profession habituelle, la gestion ou la conservation de l’épargne publique (banques, compagnies d’assurance, etc.) et d’entreprises multinationales ou filiales de multinationales exerçant leurs activités sur le territoire des États membres». Ces activités devront avoir été réalisées au plus tard le 19 février 2020.

    Pour les experts financiers, cela résonne comme «aller à pas forcer vers la bourse». Ils craignent aussi pour les entreprises ciblées. Plusieurs d’entre elles ne sont pas structurellement et institutionnellement viables (allusion faite aux états financiers crédibles, aux bilans, tableaux financiers des ressources et emplois, comptes de résultats, états annexés, déclarations statistique et fiscale), au-delà des changements annoncés.

    Bobo Ousmanou

  • Semaine mondiale du tourisme : Les pros dans un coup de pub

    Semaine mondiale du tourisme : Les pros dans un coup de pub

    L’Association nationale des professionnels de l’hôtellerie et du tourisme(ANAPOHT) a profité de cet espace pour mieux se dévoiler au public.

    Une excursion au Mont Mbamenkong (à 5 km de marche d’Okola, dans la Lékié). Un séminaire de formation axé sur le volet accueil, sécurité et hygiène alimentaire. Une marche sportive dans les rues de Yaoundé. À l’initiative, des gens des métiers du tourisme. Ces activités ont jalonné la semaine mondiale du tourisme, version Anaproht. Selon Léonard Dombou, son chargé de communication, «l’image de l’association n’est pas très familière auprès du grand public; il fallait rectifier cela». Pour la gouverne du commun des mortels, il ajoute: «l’Anaproht est une association nationale des professionnels du secteur de l’hôtellerie et du tourisme, créée par des professionnels pour l’intérêt de la profession. Nous tenons à rappeler que nous l’avons créé le 18 juillet 2006, sous récépissé de déclaration n° 000767/RDA/J06/BAPP à la préfecture du Mfoundi. À la fin de chaque année, elle dépose un rapport au ministère du Tourisme, au Conseil national du tourisme et à l’Agence des normes et des qualités».

    De là, on peut arguer que l’Anaproht a tenu à mettre l’accent sur son image extérieure pour affirmer sa capacité à offrir des réponses symboliques convaincantes aux nouvelles attentes de la société, l’emploi notamment. En rapport avec le thème de cette année (Tourisme et emploi), Ernest Nounga Djomo exalte surtout une vocation maquillée en objectifs. «Former et recycler les professionnels existants; aider les pouvoirs publics à améliorer la profession; instaurer une déontologie pour un travail scientifique et rationnel; créer des relations de coopérations avec les professionnels des autres pays et arrimer les connaissances professionnelles des Camerounais à l’évolution du monde moderne», récite le président de l’Anaproht.

    Au chapitre des projets, Ernest Nounga Djomo mise d’abord sur le court terme. «Il va falloir améliorer le niveau de professionnalisme dans les établissements du tourisme et des loisirs. Il est question de travailler en étroite collaboration avec les services décentralisés du ministère du Tourisme pour la mise à niveau du personnel existant dans les établissements», projette-t-il.

    À moyen terme, le président de l’Anaprohtdit que l’association ambitionne de travailler en vue de la décentralisation, pour aider les communes à mettre sur pied des services d’informations touristiques dans leur localité. À long terme en fin, «il faut préparer la relève et aussi motiver l’engagement de la jeunesse dans ce secteur. Échanger des expériences avec des associations des autres pays, tout en négociant des bourses de mise à niveau».

    Bobo Ousmanou

  • Cameroun : Le grand dialogue de sourds

    Cameroun : Le grand dialogue de sourds

    Comment sortir de la grave crise politico-sécuritaire qui secoue le pays depuis trois ans ? Le Gouvernement manœuvre en insistant sur la décentralisation. Les populations de la partie anglophone exigent à minima le fédéralisme, et à maxima la sécession. La grand-messe qui s’ouvre ce 30 septembre à Yaoundé risque d’accoucher d’une souris.

    Le palais des Congrès de Yaoundé

    Le Grand dialogue national tant annoncé par le président de la République s’ouvre ce lundi 30 octobre à Yaoundé, sur fond de diversion, d’absence des leaders séparatistes, et surtout de confiscation des consultations par le parti au pouvoir – le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Au-delà du reproche relatif à la constitution des délégations régionales, lesquelles étaient essentiellement constituées des militants du Rdpc, il ressort des consultations préalables au Grand dialogue que les émissaires des huit régions francophones ont essentiellement proposé la décentralisation comme solution à la crise multiforme qui secoue actuellement le Cameroun.

    Le dilatoire des grands commis de l’État
    Jeudi de la semaine dernière, Bernard Okalia Bilai et Adolphe Lele Lafrique, respectivement gouverneurs des régions anglophones du Sud-ouest et du Nord-ouest, sont allés dans le sens de la décentralisation, foulant ainsi au pied la volonté de la majorité des natifs de la partie anglophone du pays. Celle-ci est favorable au fédéralisme. Le parti politique Social democratic front (Sdf), faisant partie de la délégation conduite par le gouverneur du Nord-ouest chez le Premier ministre, fustige cette position à l’opposée des aspirations profondes des anglophones du Cameroun. Pour le député du Sdf Joseph Mbah Ndam : «nous avons été surpris par ce que le gouverneur du Nord-ouest a présenté comme la position de la région, alors que la majorité des populations du Nord-ouest et du Sud-ouest est pour la restauration de la forme de l’État de 1961, autrement dit deux États fédérés». Il ajoute : « le jeu avait été faussé en 1972 quand on a aboli le fédéralisme à deux États fédérés ». La poursuite de la décentralisation est considérée par les anglophones comme de la diversion. Les chefs traditionnels du Sud-ouest ont proposé au Premier ministre Joseph Dion Ngute le fédéralisme à 10 États fédérés, pour épouser la configuration des 10 régions actuelles.

    Inquiétudes des anglophones
    Pour couper la poire en deux sur la question de la représentativité obèse des francophones pendant le Grand dialogue, le président Paul Biya a instruit le quota de 2/3 en faveur des anglophones. Il reste à souhaiter que les militants du Rdpc ne dominent pas la délégation des anglophones à ce conclave. L’inquiétude se situe également dans le programme du dialogue, notamment sur la question de la forme de l’État. L’articulation relative à la décentralisation et le développement local confiée à la commission numéro 4 est considérée comme un fait accompli, mieux la position arrêtée du gouvernement sur la question de la de forme de l’État.

    Mark Bareta, l’un des activistes de la diaspora, rapportant sur les réseaux sociaux son échange téléphonique avec le modérateur de la Pcc Rev Fonki, laisse entendre que le Grand dialogue national va connaître un fiasco. « C’est une perte de temps et de l’argent du contribuable, parce que cela va connaître un cinglant échec ». À l’en croire, «les consultations faites ces dernières semaines n’étaient qu’un écran de fumée pour tromper la communauté internationale». Pour lui, «le Cameroun n’a pas besoin de consultation parce que le Gouvernement a tout ce qu’il faut et connait exactement le problème et comment cela peut être résolu». Mark Bareta est d’avis que le document de 400 pages remis par le cardinal Christian Tumi au Premier ministre Joseph Dion Ngute était suffisant, parce que reflétant l’opinion de la majorité qui demande l’indépendance.

    À l’en croire, le dialogue actuel «est une initiative pour tromper la communauté internationale que quelque chose est en train d’être fait, alors que rien n’est fait». Il ajoute : «j’ai dit au révérend Fonki que le seul dialogue possible serait entre le gouvernement du Cameroun et les représentants du Southern Cameroon, en présence d’une troisième partie (médiateur), afin d’examiner la racine du problème et comment cela a débuté en 1961. Je lui ai dit que j’espère que le Cameroun est au courant de ce qu’une dizaine de mouvements (en attendant d’autres) ont déjà formé une coalition. Elle attend que le Cameroun soit prêt à s’engager afin qu’ensemble nous évitions d’infliger des atrocités de la guerre à nos populations».

    Cette coalition, dénommée Ambazonia coalition team (ACT), a été formée à l’issue de l’accord survenu lors de la troisième réunion préparatoire tenue du 20 au 22 septembre 2019 dans la ville de Montreux en Suisse. Elle est constituée des activistes séparatistes de la diaspora. La dizaine de signataires (Dr Ateglang de l’Aipc, Dr Ebenezer, D. Akwanga de l’Aplm-Socadef, Annabel Chi du Fscwo, Dr Samuel Sako de l’Ig-Nsc, Ntumfoyn Boh Herbert de Morisc, Marc Chebs de Roan, Zama Joël de Sccop, Elvis Kometa du Scnc, Gorji Dinka de Roa et Christopher Atang de Scarm), tous membres de cette plateforme, annonce qu’elle ne prendra pas part au Grand dialogue national. Néanmoins, cette coalition réitère «son engagement pour la recherche d’un arrangement négocié et encourage le régime Biya d’arrêter la poursuite d’une guerre qu’il ne peut pas gagner», lit-on dans le communiqué final des travaux de ces leaders et représentants du mouvement de la libération de l’Ambazonie. Cette coalition se dit prête à «s’engager dans un premier tête-à-tête pour s’entendre sur les modalités des négociations lorsque la République du Cameroun sera disponible». Elle engage les Ambazoniens à «ne pas baisser la garde tant que le régime Biya continue de faire preuve d’indifférence aux desiderata de la population ambazoniènne». Par ailleurs, ATC «encourage les ambazoniens à poursuivre le combat de l’autodétermination et se défendre contre les envahisseurs de la république».

    En finir avec la crise
    Faut-il le rappeler, les participants au pré-dialogue convoqué par le gouverneur Adolphe Lele Lafrique Deben Tchoffo de la région du Nord-ouest samedi 21 septembre à Bamenda ont proposé l’alternance du pouvoir entre francophone et anglophone, l’amnistie générale pour les détenus de la crise, l’égalité de statut entre francophone et anglophone, l’indépendance du système judiciaire… Selon Mgr Michael Bibi, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bamenda, «pour que le dialogue connaisse un succès, nous devons dire la vérité, être sincère, toucher la racine du problème pour aboutir à une solution définitive au problème afin que ce que nous vivons actuellement ne se répète plus.

    Les combattants ambazoniens et les militaires doivent changer d’approche, respecter la vie humaine. La dignité va de pair avec la vie humaine. Ceux qui, à la diaspora, contrôlent les combattants sur le terrain doivent être rencontrés et même ceux qui sont en prison doivent être amnistiés afin que le processus de réconciliation puisse se tenir, pour que la paix revienne dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest». Pour le gouverneur de la région du Nord-ouest, l’opinion publique garde espoir en ce dialogue pour ramener la paix dans la région. «Si le dialogue est bien préparé à partir de la région du Nord-ouest, je suis sûr que les résolutions répondront aux attentes de la population».

    Les leaders séparatistes de la diaspora ont décidé de participer au Grand dialogue national en se faisant représenter par l’Américain Herman Cohen. Des garanties de sécurité et de protection auraient été données par le sommet de l’État à ceux des leaders séparatistes souhaitant faire le déplacement de Yaoundé. Le séparatiste Eric Tataw sur la toile donne sa procuration de représentativité aux leaders embastillés à la prison centrale de Kondengui.

    Bobo Ousmanou

    Assemblée générale de l’Onu

    Promotion grandeur nature du GDN

    Le ministre des Relations extérieures du Cameroun a délivré le message à la tribune des Nations unies.

     

    Le grand dialogue national convoqué par le chef de l’État Paul Biya s’ouvre ce jour à Yaoundé, capitale du Cameroun. Alors que la communauté internationale y accorde une grande attention, la 74e Assemblée générale des Nations unies en cours, a été le théâtre de la promotion grandeur nature de cet exercice quasi inédit pour le Cameroun. Cet exercice envisage d’apporter des solutions à une situation elle-même exceptionnelle: la crise dans les régions camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Face à une communauté internationale qui n’a pas caché son impatience à ne voir que crépiter les armes, le Cameroun se consulte. C’est là tout le sens de la communication du Cameroun, le 27 décembre dernier.

    Invité à prendre la parole pour délivrer le message du président de la République du Cameroun, Lejeune Mbella Mbella, ministre des Relations extérieures, a indiqué que le Cameroun a opté pour une gestion de cette crise «dans l’esprit du dialogue et de la concertation». Il ne pouvait sans doute en être autrement. Le gouvernement du Cameroun «maitrise cette crise interne et localisée, qui ne menace aucunement la paix et la sécurité sous-régionale, encore moins la sécurité internationale», indique l’orateur camerounais.

    Résolument
    Prenant à témoin la communauté internationale, Monsieur Lejeune Mbella Mbella a démontré le caractère global des écueils à la quiétude internationale. Dans un monde subissant des dérèglements à tous les niveaux (sécuritaire, environnemental, humanitaire, identitaire, économique, repli national), le Cameroun n’a pas réussi à demeurer l’exception qui confirme la règle. Décrivant l’horreur, il conjugue «ces trois dernières années, la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest du Cameroun. Des groupes séparatistes ont tenté, dans ces deux régions, de porter atteinte à l’intégrité territoriale, à l’unité et à la cohésion nationale, à la stabilité des institutions nationales et au bien-être des populations du Cameroun. Ils l’ont fait en utilisant la violence armée, la propagation des appels au boycott, aux villes mortes, au pillage, au kidnapping avec demande de rançon, aux assassinats et incendies, aux destructions des infrastructures, notamment des attaques de tous ordres contre les hôpitaux, les écoles, les élèves, les parents et les enseignants, les forces de maintien de l’ordre, les populations civiles. Non sans compter la destruction du tissu économique et social».

    L’addition
    La note est salée pour le Cameroun. Alors que le pays ne s’est pas encore relevé des ravages de Boko Haram, de la crise économique sous-régionale, répercussion de la décote des prix des matières premières depuis 2013, et du stress humanitaire sur son territoire, le Nord-Ouest et le Sud- Ouest viennent gonfler les fragilités qui hypothèquent les chantiers de développement. «Cette situation, Monsieur le Président, a provoqué un flux de personnes déplacées et de nombreux réfugiés que le Cameroun héberge», expose le ministre camerounais.

    Le plaidoyer du Cameroun reste, lui, constant: la coopération des pays abritant des sécessionnistes et des philosophes du mouvement ambazonien; l’appui de la communauté internationale dans la prise en charge des déplacés et réfugiés; l’aide à la reconstruction post conflit des zones sinistrées.

    Toutefois, le gouvernement auquel le mandataire de l’État du Cameroun appartient peut se réjouir des réactions à l’annonce du grand dialogue national. D’ailleurs, face à son auditoire, il se félicite «de ce que l’annonce par le président de la République du Cameroun de ce grand dialogue national ait été favorablement accueilli par la communauté nationale et internationale, ainsi que par l’Onu, la Commission de l’UA, l’Union européenne, le Commonwealth et la Francophonie entre autres».

    Bobo Ousmanou

     

  • FIYAO 2019 :L’événement annonce sa couleur

    FIYAO 2019 :L’événement annonce sa couleur

    Étalé du 3 au 14 décembre 2019 au Palais des Sports de Yaoundé, ce grand rendez-vous d’affaires et de découvertes  décline ses signes au fil des jours.

    Pour le mois des fêtes de fin d’année, la capitale camerounaise va vibrer au rythme d’un grand événement économique : la troisième édition de la Foire Internationale de Yaoundé (FIYAO). Dans un communiqué rendu public récemment, Brice Tchakounte, renseigne que cette occasion inédite bénéficie de l’implication  du gouvernement camerounais. Elle est placée sous le thème « Entreprenariat, économie numérique et économie verte : Enjeux et impacts sur la croissance pour un développement durable ». Dans l’aperçu descriptif qu’il énonce, le directeur général de la FIYAO parle d’ « un large portail d’affaire, d’information, de formation, de divertissement, de culture et de tourisme ». Cela suppose, détaille-t-il, une rencontre avec tous les représentants de la vie économique, industrielle, artisanale et sociale. Sur la foi des prévisions qu’il émet, Brice Tchakounte dit s’attendre à au moins 200 mille visiteurs, 500 entreprises/ exposants issus d’une vingtaine de pays. Pour accéder sur le site de la FIYAO, l’entrée est gratuite, question d’assurer au public une proximité directe avec de nombreuses cibles d’une part, et permettre d’autres acteurs  économiques d’épaissir leurs carnets d’adresse à l’échelle nationale et internationale d’autre part. Les premiers tout comme les seconds sont invités à contacter les adresses 690 621 036 / 670 361 082 / 665 778 361 / www.fiyao.cm  / Facebook : Foire Internationale de Yaoundé, pour la mise en vitrine de leurs marques comme sponsor, partenaire ou exposant.

     Bobo Ousmanou

  • Conseil d’administration du Cradat: l’Afrique centrale prend la main

    Conseil d’administration du Cradat: l’Afrique centrale prend la main

    À Yaoundé, le 19 septembre 2019, se sont achevés les travaux de la 42e session du Conseil d’administration du Centre régional africain de l’administration du travail (Cradat). Le ministre ivoirien en charge de l’emploi, Pascal K. Abinan, président sortant de ladite organisation a, à cette occasion, présenté son rapport pour la mandature de la Côte d’Ivoire, avant de conduire le processus d’élection du nouveau président, Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale du Cameroun. En outre, ce 42e Conseil a entériné la nomination de nouveaux membres du bureau exécutif dudit centre, jusqu’alors composé du Sénégal, de la République Démocratique du Congo et de la Mauritanie.

    Les ministres des pays membres ont par la suite examiné les points suivants: l’adoption de la note relative à l’exécution budgétaire du 30 juin 2019; le plan stratégique triennal 2016-2019; l’adoption des statuts du personnel du Cradat et du projet de lettre de ratifications. Ils ont aussi statué sur le programme d’activités et le budget pour l’exercice 2019, l’examen définitif du projet de révision des statuts des centres qui tient compte des reformes d’ordre organisationnel et juridique.

    La prochaine session du Conseil d’administration est prévue en Suisse.

    Bobo Ousmanou

  • Minfi-Porte 235 : Ambiance autour des feuilles de salaire

    Minfi-Porte 235 : Ambiance autour des feuilles de salaire

    Quelques agents publics pestent lors du dépôt de relevé d’identité bancaire (Rib). Décryptage d’un coup de bambou, très mal vécu par les intéressés.

    Présenter le Rib, une nécessité.

    Cela commence sans crier gare. Une femme assez âgée à l’accent étranger prend soudainement la parole, pour dire des choses très confuses sur. Cela se passe ce 4 septembre 2019 à l’entrée de la cellule informatique de la Direction de la dépense et des pensions (Ddpp) du ministère des Finances (Minfi) à Yaoundé. Ni les agents de ce service n’y comprennent pas grand-chose. La dame en crise de nerfs est gentiment apaisée. Ses mots qui, il y a une minute, tournaient autour du thème imposé par les Rib ont manifestement pris une autre direction, celle du «multiple fonctionnaire fictif Emmanuel Lebou».

    Procès
    A lui seul, ce cas a réveillé les craintes de plusieurs établissements financiers. «Ils ont longtemps cherché une excuse pour ne pas nous payer à temps et ils l’ont trouvée dans le communiqué du ministre dans les médias», glisse une voix d’homme. Le phrasé fait le procès de la connivence entre les banques et les pouvoirs publics : «Tout ce qu’on fait là illustre un grave dysfonctionnement de gouvernance, au niveau des banques mais aussi de l’Etat. Marier deux unijambistes n’a jamais créé un coureur marathonien», entend-on. En fait, on parle là du manque de transparence et de la création de produits financiers complexes dans les banques. On a apprend que pour «un fonctionnaire qui touche là-bas, les frais de tenue de compte sont multipliés par trois dans certaines microfinances»

    Dans la demi-dizaine d’usagers qui attendent, certains se disent exaspérés par un énième toilettage du fichier solde de l’Etat, décliné cette fois en dépôt du Rib. «Nos revendications, ils les connaissent», balaie une dame. Elle est enseignante. Révulsée par les salaires qui obligent certains de ses collègues à «dormir dans la rue», son attitude porte en elle le thème du point d’indice, qui sert de base au calcul de la rémunération du personnel enseignant du secteur public. Prise en étau entre un gel de salaire et la soumission, cette dame semble traversée de nouveaux paradoxes qui, craint-elle, risquent de faire d’elle l’un des grands oubliés de la fonction publique.

    Bien-fondé
    Ici à la porte 235, on a surtout peur du communiqué de Louis-Paul Motaze signé le 23 juin 2019. «On est là pour éviter un gel du salaire», marmonne difficilement un homme. Venant de Nanga-Eboko, il dit jouer la montre ; allusion faite à la rentrée scolaire. A ceux qui viennent de loin comme à d’autres plus proches de la capitale, une dame fait le pari de servir tout le monde. «Il ne s’agit pas d’une opération sectorielle et catégorielle», avance-t-elle. A côté, quelqu’un du même service renchérit : «Il s’agit à travers cette opération de défendre le service public et les valeurs qu’il incarne». Pour tout comprendre, «il est question d’identifier qui est vraiment fonctionnaire au Cameroun». Ici, le ton des agents est celui d’«une nouvelle phase de convergence où tout le monde doit comprendre qu’il y a des intérêts communs».

    Bobo Ousmanou

    Effectifs pléthoriques

    Curiosités dans les établissements scolaires publics

    C’est septembre. L’école a effectivement pris son envol depuis une semaine avec toutes les agitations qu’on lui connait. Des bancs presque devant le tableau, des rangées qui se multiplient, des élèves trois par banc, des salles archi combles. Au lycée General Leclerc ce 4 septembre 2019, dans les classes de Premières et Terminales, les images reflètent une disposition réinventée du mobilier et des élèves. L’ensemble n’est en rien épuré. Il n’y a presque pas d’espace ; cela touche le visiteur dès la première approche.

    Dans la cour du lycée, deux élèves rencontrés, tous deux inscrits en classe de première mixte, ont unanimement, déploré le nombre élevé d’élèves dans leur salle. «Nous sommes plus de 150 dans notre salle et parfois c’est difficile de suivre les cours ensemble», affirme l’un d’eux. «Et parfois, rebondit l’autre, certains sont amenés à s’asseoir a même le sol pour faire cours». Un conseiller d’orientation rencontré surplace et qui requiert l’anonymat a reconnu que les enfants sont effectivement en étroitesse dans cette première mixte ; «ils sont nombreux ; mais je crois que c’est aussi à cause du manque de salles. Quand ils font les cours de tronc commun, c’est vraiment le comble», renseigne-t-il. Outre ce cas spécifique de la première mixte, les effectifs dans les classes de première au lycée Leclerc selon un constat global sont en moyenne de 90 par salle. Soit 10%, plus que la norme prévue par les textes réglementaires.

    Au lycée bilingue d’Essos tout comme au lycée bilingue d’application, la réalité est la même. Si au niveau du premier cycle, les responsables des établissements essayent de respecter la norme, à partir de Form 5 le nombre excessif des élevés dans les classes ne constitue plus un débat. Pis avec les déplacés du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui ont grossi davantage les effectifs de ces établissements cette année. Les salles censées contenir 80 élèves en contiennent beaucoup plus. A l’entrée de Form5 par exemple, au lycée bilingue d’Essos, la liste révèle officiellement 110 élèves ; même si des indiscrétions glanées signalent plus. Mais selon une apprenante rencontrée devant la salle, ils seraient déjà plus.

    Conséquence, pour certains professeurs qui ont voulu s’exprimer, cette surpopulation entache leur travail. Il devient presqu’impossible de dispenser les cours et le suivi des élèves devient difficile. «On se retrouve généralement à travailler avec les tables de devant des différentes rangées», conclut l’un d’eux. En regardant plus haut, vers leur hiérarchie directe, motus et bouche cousue.

    Bobo Ousmanou

  • Samuel Eto’o : The end !

    Samuel Eto’o : The end !

    L’ancien capitaine des Lions indomptables a annoncé son départ à la retraite la semaine dernière.

     

    Sur son compte Instagram le 6 septembre 2019, il a lui-même appelé ça «The end», (la fin) «vers un nouveau défi… Merci à tous, big love adrénaline». À 38 ans, Samuel Eto’o met ainsi un terme à sa carrière de footballeur. Sur les stades du Cameroun, d’Afrique et d’Europe, l’aventure a duré 22 ans. «Une vraie longévité au très haut niveau», commente Patrick Mboma sur facebook.

    «J’ai parcouru le monde en tant que footballeur, il est temps pour moi de passer à autre chose», a expliqué l’attaquant camerounais au micro de RFI avant d’envisager sa reconversion. «Je voulais avoir plusieurs portes ouvertes à la fin de ma carrière. Je ne serai pas loin du foot. Je ne ferai que des choses qui m’épanouissent. Et même si les gens m’aiment, je ne pense pas me lancer en politique. (…) Je vais me reposer, j’ai besoin de vacances. Je vais voyager avec ma charmante épouse», a-t-il glissé. Cela fait certainement référence aux nouvelles fonctions qu’il va occuper au sein de la Confédération africaine de football (CAF). Le président de cette instance, Ahmad Ahmad, a en effet annoncé mi-juillet que Samuel Eto’o et Didier Drogba (lui aussi retraité), vont devenir des collaborateurs avec «des fonctions officielles».

    «Je sais que quelqu’un d’autre viendra et fera mieux que moi. Je sais que je ne suis pas éternel. Mais je sais aussi que je suis un joueur unique. On doit me donner ma place. Je suis le meilleur en Afrique. J’ai gagné ce droit dans les stades, c’est un fait. Les autres le savent et doivent l’accepter», a-t-il révélé dans une interview accordée à nos confrères de RFI. Cependant, le club italien Inter Milan n’a pas démenti son ancien joueur (2009-2011). Il est resté dans la même lignée en lui rendant un bel hommage sur Twitter. «Le meilleur joueur africain de l’histoire prend sa retraite… Merci d’avoir écrit une page de notre histoire Samuel Eto’o», a posté le club Lombard son son compte Twitter.

    Dans les années 2000, Samuel Eto’o est devenu une figure emblématique des Lions Indomptables. Avec le Cameroun, il remporte les Jeux Olympiques (en 2000) et deux fois la Coupe d’Afrique des nations (en 2000 et 2002). Individuellement, il est désigné quatre fois meilleur joueur africain de l’année (en 2003, 2004, 2005 et 2010). «J’aurais pu être Ballon d’Or européen une ou deux fois, mais je ne l’ai pas été. Je ne le réclame pas, car le plus important pour moi ce sont les titres collectifs», expliquait-il à BeIN Sports en 2014.

    Bobo Ousmanou

  • DOGMO CHEGUE Victoire : A la quête d’un asile en terre étrangère

    DOGMO CHEGUE Victoire : A la quête d’un asile en terre étrangère

    La militante du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) est devenue fugitive depuis la marche pacifique organisée par son partie le 26 janvier 2019

    Jai trouvé refuge au Nigeria, pays voisin du Cameroun, grâce à un ami. Maisma sécurité nétait guère assurée pour le motif de « convention existante entre ces deux États« . Jétais daris lobligation de m’enfuir de nouveau pour trouver asile en terre étrangère», relate Dongmo Chegue Emma Victoire.

     Le 26 janvier 2019, la militante du MRC et d’autres manifestants du parti ont été interpellés par la police nationale suite à la marche de protestation Organisée par son parti politique. Audelà de cette manifestation, la police est venue plus dune fois à mon domicile dans le but de marrêter», révèle Dongmo Chegue. C’est donc pour échapper aux forces de sécurité camerounaise qu’elle a due décampe pour ne pas Subir le même sort que ses autres coéquipiers. Depuis lois, elle vit hors du territoire camerounais. Mon seul regret est d’avoir cru à la démocratie de mon pays», se lamente-t-elle

    Rappel des faits 

    En mémoire, le 26 janvier 2019, le MRC avait organisé des marches de protestation contre ce qu’il considère comme un hold-up électoral». Majoré par des multiples revendications concernant sa fracas- sante déception électorale, le mouvement a décidé de prôner plusieurs slogans. Le parti politique de Maurice Kamto a décidé de contester les résultats de la présidentielle du 7 octobre 2018, de plaider pour le retour de la paix dans les régions anglophones (Nord-ouest et Sud-ouest) et de protester contre la dilapidation des fonds publics.

    Les manifestations du MRC, annoncées sur l’ensemble du territoire, avaient été interdites par les autorités, craignant un désordre urbain et une déstabilisation du processus de paix et de stabilité. Mais, malgré l’interdiction, elles se sont finale ment tenues dans trois villes dont Douala, Yaoundé et Bafoussam. Les marches, violemment réprimées par les forces de sécurité camerounaises, ont tourné à l’émeute. Ainsi, plusieurs individus pris en flagrant délit de perturbation de l’ordre public, ont été interpellés et placés en garde à vue. Soit, respective ment: «62 4 Yaoundé, 42 Bafoussam et 13 À Mbouda», selon un communiqué signé par le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi. Comme Dongmo Chegue, plusieurs de ses camarades raciste sont en cavale ses camarades tandis que d’autres et leur leader, Maurice Kamto, continuent de croupir à la prison centrale de Yaoundé, attendant leur jugement.

    Bobo Ousmanou