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Sus à «l’Eto’o glorification» et à «l’Eto’o flagellation»

Un ami universitaire, résigné à l’idée que ses livres ne sont lus par presque personne (à part des étudiants par obligation, quelques amis par considération et sa femme par compassion), m’a fait un jour cette confidence désabusée: «Je veux juste qu’à l’heure du bilan, qu’on dise que c’est moi qui ai écrit».

Dans son théâtre intérieur, il envisageait sans doute une sorte de glorification. Voilà qui lui donnait la force de poursuivre en solitaire et avec opiniâtreté des folies. Ce qui se passe à la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) se prête bien à ce genre. Cette forme particulière d’estime de soi consiste à se penser et à agir comme un génie en puissance, un héros solitaire, un saint méconnu. On s’explique.

En débarquant à Tsinga, Samuel Eto’o Fils est tout en rondeurs: on pouvait aisément le regarder comme l’homme de la situation. Il en a les airs, les allures, l’onction, le patelin, le débonnaire, il exsudait le bon droit, la légitimité, la satisfaction et la sûreté de soi. Il est sans doute mieux armé que ses prédécesseurs. Ses performances fascinent et son talent, fécondé par le regard admiratif des foules, lui (re)confère à la fois une incontestable aura internationale et une rare cote nationale de popularité. L’ex-capitaine des Lions indomptables s’impose.

Tout démarre très vite, comme toujours lors d’un changement d’équipe à la Fecafoot. La force de sa personnalité amène le pays tout entier à reconnaître en lui un pion essentiel à la crédibilité de la nouvelle Fecafoot. Sourd aux pressions, Samuel Eto’o Fils, qui se fait une idée très exigeante de la gestion du football camerounais, veut en finir avec un environnement fait d’humeurs personnelles, de médiocres intérêts, de manœuvres et de chausse-trapes, des plus évidents aux plus sournois. Il a tout pour s’attaquer avec une certaine tranquillité d’esprit au problème essentiel à ses yeux: le football. Les défis qu’il se lance sont plus ou moins bien surmontés, sans que le fil de l’inspiration ne soit rompu. Le volontarisme est dans la nature de l’ex-capitaine des Lions indomptables.

On serait presque tenté d’ajouter «hélas». Le président de la Fecafoot tombe carrément le masque, remplace ses rondeurs anciennes par la hargne têtue, laisse libre carrière à une vindicte qui lui fait réitérer, le jabot gonflé des satisfécits qu’il s’octroie. À croire que voulant mettre les points sur les i, Samuel Eto’o Fils s’enferre d’une façon aussi révoltante que comique, et n’en continue pas moins dans une «éto’oglorification» qui se veut imperméable aux critiques.

Il parle à la première personne du singulier. Très souvent, ses déclamations sont servies par une forte mise en scène qui tourne essentiellement autour de son nom. Dans la presse, les lendemains immédiats de ses sorties sont injectés à grandes doses au sein de l’opinion, magnifiés à longueur d’articles pour lui tisser une (autre) couronne au champion, en cachant l’essentiel. Cet essentiel, c’est ce que le grand 9 fait à la Fecafoot: le travail. Rien que le travail. Pour l’heure, il semble bien que c’est la plus belle devise que Samuel Eto’o Fils doit avoir, afin de ne pas renier le programme pour lequel il a été élu en décembre 2021.

Ongoung Zong Bella

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