Modification constitutionnelle en RCA : le parlement plébiscité par les Centrafricains de Yaoundé

Depuis le 28 décembre dernier, les commerçants, travailleurs dans l’informel (débrouillards) et étudiants de Yaoundé sont soulagés par la réforme constitutionnelle autorisée. Leur champion, l’actuel président, pourra par ricochet briguer un nouveau mandat.

Le Pr Faustin-Archange Touadéra lors de sa dernière investiture

L’immense majorité des Centrafricains rencontrés dans la capitale camerounaise depuis le début de cette année, attribue à leur parlement une note de 8/10 pour la plus petite. La cause de cette satisfaction est liée au fait que ce dernier s’apprête à modifier la constitution via un référendum. Celle-ci permettra au pays de Jean-Bedel Bokassa d’en adopter une nouvelle. Avec un accent particulier sur l’abrogation de la loi limitant les mandats présidentiels. Selon eux, l’année 2023 commence sous de meilleurs auspices avec cette annonce dans le cadre de la stabilité.

Plus de la moitié des Centrafricains ont reçu cette information via Radio France Internationale (RFI). C’est le cas de Kassongo coiffeur à Ekounou. Ce dernier est encore au lit lorsqu’il apprend cette très bonne nouvelle. «J’étais encore couché quand je suis les titres de RFI matin. On nous dit que notre parlement va nous permettre d’organiser un référendum à travers une modification. Je vous assure que c’était un rêve pour moi. Il a échoué le développement pour y croire», se lâche le coiffeur au quartier Ekounou. Pour les autres, c’est via « le bouche à oreilles » et les réseaux sociaux qu’ils ont appris la nouvelle.

Kabongo et Jean De Dieu, creuseurs de fouilles à Ngona dans le 5e arrondissement de la ville de Yaoundé, attendent Afrique midi, toujours sur RFI pour se lâcher. Cette joie s’exprime avec les sachets de whisky. Ils abandonnent le creusage de la fausse et se mettent à chanter en sango. Même si cette joie n’est pas du goût d’Angèle, propriétaire du chantier. « Pourquoi abandonnez-vous le travail ? Le maçon doit commencer à monter la fausse », dit-elle. Et Jean de Dieu de rétorquer que, « tu ne comprends pas quoi boss ? Touadéra pourra encore être président. Pour que cela arrive, je vais rentrer à Bossangoa pour subvenir aux besoins de ma famille sur place. Vive l’assemblée».

Ce mardi 3 janvier est jour de reprise des cours à l’Université catholique d’Afrique centrale à Ekounou. Ici, les meilleurs vœux 2023 souhaités entre les étudiants centrafricains sont simplement remplacés par le débat sur la modification constitutionnelle. Lionel et Singuila sont particulièrement actifs. Tous deux étudiants sont en comptabilité à l’UCAC. Ils mettront en garde essaiera éventuellement d’intimider les parlementaires. Pour eux, « la société civile et l’opposition vont essayer de faire intervenir l’extérieur. Mais, ils nous trouverons en chiens de garde», enjoint Singuila aux fauteurs de trouble.

Selon notre constat, plus de 80 % des Centrafricains interrogés se disent prêts à retourner dans leurs pays si l’actuel président « reste aux commandes ». Je peux dire que le parlement reconnaît le travail du prof», précise Hervé Bokanyina, étudiant à l’Institut universitaire Siantou dans le 4e arrondissement.

Patriotisme
« Nous retrouverons peu à peu notre souveraineté si le vote passé », analyse Koya, étudiant dans un autre institut universitaire de la place. Selon lui, le parlement centrafricain se met au service du peuple. Il a son soutien et doit faire fi des critiques des organisations et des institutions dites internationales. «Parce que ces derniers ne vont pas relâcher la pression. Les pays qui se consomment pour les grandes puissances sentent que les Centrafricains franchissent un autre palier dans l’acquisition de son indépendance complète », explique ce dernier.
C’est au mois de septembre 2022 que Danielle Darlan, l’ancienne présidente de la Cour suprême brisait déjà le rêve de nombreux d’entre eux.À en croire plusieurs d’entre eux, à l’étape de Koya. «Le parlement remet les pendules à l’heure», croit savoir ce poseur d’ongles et de cils au marché Mvog-Mbi.

André Gromyko Balla

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