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L’escroquerie africanophobe

Comme en 2020, cette année encore, l’Afrique a frappé à la porte de l’instance emblématique de l’Organisation des Nations unies (ONU), le Conseil de sécurité. Lors de la 76e Assemblée générale de l’organisation qui s’est ouverte en début de la semaine dernière à New York, le président congolais Félix Tshisekedi s’est fait le porte-parole du continent.

Devant le monde entier, l’actuel président en exercice de l’Union africaine n’a pas fait mystère de l’ambition de l’Afrique : que deux pays africains supplémentaires siègent au Conseil de sécurité dans la catégorie des membres non permanents, et que deux autres pays africains puissent siéger au Conseil de sécurité en tant que membres permanents disposant d’un droit de veto (au même titre que les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine). Comme on peut le deviner, ce corps de propositions fait l’objet d’une large adhésion des États africains. Pour appuyer leur requête, ces derniers semblent avoir trouvé un allié de taille : la Chine. Dans une opinion frappée au coin du bon sens, Pékin ne cesse de scander que «les changements dans le monde doivent se refléter aussi au Conseil de sécurité». «Il s’agit d’une question d’efficacité de l’ONU et d’une justice à rendre à un continent, mieux à un pan entier de l’humanité», comme l’a dit Félix Tshisekedi.

Jalousement gardé par les quatre autres membres permanents qui contrôlent ses activités, le Conseil de sécurité ne semble toujours pas avoir prêté l’oreille à ce type de musique. Emportés par leur élan, au nom d’une compétition géopolitique internationale où tous les coups sont permis, Paris, Washington, Moscou et Londres savent que siéger au Conseil de sécurité, c’est une façon de faire partie des grands de ce monde. Et malgré tout le verbiage diplomatique qu’ils déploient, leur projet est clair et s’étale à l’infini : garder l’Afrique sans prise réelle sur la marche du monde. Au mieux, pour eux, les peuples africains doivent être ravalés au rang de simples sujets de leur pouvoir, ballottés par leurs forces économiques qui les traitent en simples producteurs de matières premières et consommateurs de produits manufacturés.

Pour préserver les apparences et ne pas enfreindre ouvertement toute «velléité africaine», la valeur du continent est immolée à l’autel de son instabilité politique persistante et de sa faible contribution financière au budget des Nations unies (0,01% en 2021, contre 25% pour les États-Unis). Ceux qui roulent avec cette «impuissance» de l’Afrique en bandoulière disent que dans le système mondial, cette partie du monde ne bénéficie d’aucune rente de position, et d’aucune autorité symbolique qui parviennent à la faire s’imposer d’elle-même.

Or, à écouter Mahamadou Issoufou (ancien président du Niger), «50% des questions à l’ordre du jour du Conseil de sécurité et 70% de celles inscrites au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations unies concernent l’Afrique». Parole donnée à d’autres chiffres, l’on apprend qu’avec ses 54 États membres et ses 1,3 milliard d’habitants, l’Afrique représente 25% des membres de l’ONU. Mais seuls trois sièges non-permanents lui sont attribués pour des périodes de deux ans sur les 15 du Conseil de sécurité. Et puis, quelques deux «flatteries» au secrétariat général.

Jean-René Meva’a Amougou

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