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Habillement – Homme au Cameroun : le vêtement Agbada remplace le costume cravate

Conçue en deux pièces, cette tenue inspirée de la mode nigériane est de plus en plus appréciée par la gent masculine dans les grandes villes du pays.

«Aperçu du «monde arabe» a la cote

Dans les rues de Yaoundé, capitale politique du Cameroun, il ne passe plus inaperçu. Communément appelé «Agbada» en langue Yoruba (Sud-Ouest du Nigéria), l’ensemble du vêtement est nommé «monde arabe» ou «sénateur» dans le jargon des yaoundéens (habitants de Yaoundé). Cette tenue inspirée de la mode nigériane est un boubou relativement long à manches longues repliées ou courtes. Il se présente généralement sous un modèle refermé sur un col «Mao».

Jeunes, adultes, et personnes de troisième âge l’arborent de plus en plus au quotidien, pour une raison ou une autre. «Je me sens plus à l’aise avec ces vêtements, par rapport à d’autres que je portais par le passé», indique Michel, cadre chez un opérateur de téléphonie mobile opérant au Cameroun. Pour certains, ce style est plus «relaxe» (simple), pour d’autres par contre, il plait pour son authenticité africaine, contrairement au costume «trop classique». Surtout que, lance une source, le costume classique est venu «d’ailleurs». C’est aussi ce que pense Jean-Marc Mbida. «Le costume est beaucoup trop classique. C’est une mode vestimentaire héritée de l’occident. Je crois que ce «boubou» est beaucoup plus approprié à ma condition et à ma situation géographique et la coutume» souligne l’enseignant des lycées.

Universel
Ce vêtement, quelque peu traditionnel, se porte au bureau, aux mariages et même en boite de nuit. «C’est le must en ce moment» confie Cyrille Ahanda, jeune artiste en herbe au sortir d’une discothèque au lieudit Monti, quartier Carrière (dans l’arrondissement de Yaoundé Ive). «Partout où je vais, je porte uniquement cette tenue africaine. Quand je voyage, j’achète le tissu au nord Cameroun venu droit du Nigeria et je mélange avec le tissu de l’ouest pour faire un bon Boubou typique» explique le musicien.
Dans les centres commerciaux, les magasins de prêt-à-porter et autres, ces vêtements s’écoulent comme des petits pains. «Chaque jour, je vends entre cinq à dix pièces. Parfois on arrive à faire plus» affirme Hamidou, commerçant au Marché central de Yaoundé.

Effet de mode 2.0
Cela fait bientôt deux ans que Christian a abandonné son emploi d’agent dans une micro finance de la place, pour installer son atelier de couture au marché Essos (arrondissement de Yaoundé V). Dans sa minuscule boutique, quelques trois employés découpent, cousent, repassent des tissus et vêtements. Dans cette petite entreprise, on coud de magnifiques «monde arabe». «Tout dépend de ce que le client veut. Nous avons des broderies à l’encolure qui peuvent se vendre jusqu’à 150.000F CFA» lance-t-il en souriant.

Qualifiée d’effet 2.0, cette tendance pénètre jusqu’à la diaspora». Même à Paris, les jeunes de la diaspora sont de plus en plus des prescripteurs de la mode africaine. Ils se sont réappropriés leur culture et la rendent plus tendance avec des tenues comme du «Agbada» ou le swag du tissu nigérian» confirme dame Laure Amougou. «Même quand je vais rendre visite à mes enfants au Canada, ils me supplient de leur apporter des Boubous de chez nous, car on a rien à faire avec des T-shirts canadiens» raconte-t-elle.

Joseph Ndzie Effa

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