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Archives des LIBRE-PROPOS - Page 5 sur 12 - Journal Intégration

Journal Intégration

Catégorie : LIBRE-PROPOS

  • La nécessite de la fusion CEEAC-Cemac

    La nécessite de la fusion CEEAC-Cemac

    Par Ibrahima Halilou, Ph/D en Droit public, chef du Département adjoint de la libre circulation au sein de l’OBSIC-AC.

    Ibrahima Halilou

    Conscients des enjeux de la mondialisation et de la nécessité de consolider une identité de la sous-région Afrique centrale au sein de la Communauté internationale, les chefs d’États et de gouvernement de cet espace ont entrepris un processus de transformation de leurs Communautés économiques régionales. Ils se sont résolus à donner une impulsion nouvelle et décisive au processus d’intégration en Afrique centrale à travers la mise en place en 2015 du Comité de Pilotage de la rationalisation des Communautés économiques régionales en Afrique centrale (COPIL/CER-AC), chargé de conduire le processus de création d’une nouvelle Communauté dans notre sous-région. La finalité de cette action serait celle de la satisfaction des aspirations des peuples de cet espace.

     

    Composé des experts des onze États de l’Afrique centrale, des institutions et agences d’exécution de la Cemac et de la CEEAC, le COPIL/CER-AC a inscrit ses travaux dans le cadre global du processus de renforcement de l’intégration économique régionale adopté par l’Union africaine, en prélude à la création d’un marché commun africain. Face aux options pour la fusion, notamment la «fusion-constitution» et la «fusion-absorption», les experts ont penché pour la première. Ils justifient ce choix par la nécessité de partir sur la base des acquis des deux CERs pour bâtir la nouvelle Communauté.

     

    Toute chose qui conduira probablement à l’addition de la Cemac qui compte six États membres avec la CEEAC qui en comptent onze. C’est le lieu de préciser que tous les États membres de la Cemac sont également membres de la CEEAC. Ainsi, la rationalisation des Communautés économiques régionales consisterait donc pour le moment à endiguer le phénomène de pluralité institutionnelle en Afrique centrale, en instituant une seule Communauté mieux structurée et plus efficiente, qui harmoniserait des programmes et instruments d’intégration entre les États.

     

    Au-delà, la fusion CEEAC-Cemac s’affiche comme un atout majeur pour l’élimination de la majorité des obstacles à l’intégration régionale. Car, une fois actée, l’on aboutira à l’élargissement de l’espace communautaire; l’élargissement du marché commun qui reste un atout pour les échanges intracommunautaires et le développement de l’économie des États membres; la création des Institutions communautaires auxquelles seraient conférés des pouvoirs conséquents; l’harmonisation, la transparence et la linéarité des objectifs communautaire et la maturation de l’esprit communautaire au sein des peuples de cet espace.

     

    Légitimement, l’on garde espoir que la nouvelle Communauté éliminera les rivalités politiques qui plombent l’intégration en Afrique centrale et que les acteurs s’engageront véritablement à créer des conditions favorables à la réalisation des objectifs de la Communauté. En particulier, ils prendront toutes mesures requises pour harmoniser leurs stratégies et politiques et s’abstiendront davantage d’entreprendre toute action susceptible d’en compromettre la réalisation. L’institution d’une nouvelle approche de l’intégration en Afrique centrale qui prendrait en compte les véritables aspirations de la population communautaire, ainsi que l’implication sincère de la société civile communautaire outillée et actrice de terrain permettraient à la nouvelle Communauté de naître, de remplir son cahier de charges. Bref, une intégration conjuguée du haut et du bas reste l’espoir placé en la nouvelle Communauté économique régionale.

  • “Les Soleils des indépendances” d’Ahmadou Kourouma

    “Les Soleils des indépendances” d’Ahmadou Kourouma

    Cruel si l’on songe au sort de Fama, caricatural sans doute, mais toujours instructif, le roman “Les soleils des indépendances” est un peu l’histoire de Kourouma qui dut s’exiler après avoir fait la prison sous le régime Houphouët. Il vécut et travailla comme actuaire en Algérie, au Cameroun et au Togo. Ses autres ouvrages sont “Monnè, outrages et défis” (1990), “En attendant le vote des bêtes sauvages” (1994) et “Allah n’est pas oblige” (2000) qui obtint le Prix Renaudot et le Prix Goncourt. Marié à une Française, il meurt en France, le 11 décembre 2003.

     

    Ahmadou Kourouma

    Les Malinkés emploient le mot “soleil” pour désigner le temps, la période ou l’ère. Ahmadou Kourouma, qui est un malinké de Côte d’Ivoire, veut nous dire ici que le temps des indépendances a succédé au temps de la colonisation, qu’une nouvelle ère a débuté, qu’une nouvelle page s’ouvre pour les Africains. Une page qui malheureusement s’ouvre mal pour Fama (roi ou chef en malinké), le dernier descendant des Doumbouya, car les immenses espoirs que ce dernier avait placés dans cette nouvelle période se sont vite transformés en une grande désillusion. En effet, non seulement Fama a perdu la présidence de la chefferie du Horodogou (le pays de la cola) au profit d’un lointain cousin, un certain Lacina, mais, fait plus grave encore, il a été oublié dans le partage du “gâteau” : aucun poste dans l’administration pour lui permettre de vivre décemment et dignement comme si les nouveaux temps et les nouveaux dirigeants le jugeaient peu méritant. Et pourtant, quels sacrifices ne consentit-il pas pendant la colonisation ? Ne faisait-il pas partie des gens qui insultaient et maudissaient le colon ? Ne protesta-t-il pas contre les abus et exactions de la France ? Ne pria-t-il pas Allah nuit et jour pour la fin de la colonisation ?

     

    Déboires
    Lui qui fut élevé dans la richesse, lui que tout le monde respectait et vénérait à Togobala, devint un homme inutile, du jour au lendemain. L’accession de son pays à l’indépendance ne lui apporta que la carte d’identité nationale et celle du parti unique, c’est-à-dire pas grand-chose. Pendant que d’autres avaient été bien récompensés, Fama devait se contenter des restes ou des miettes comme un charognard se contente de la carcasse d’une antilope. Pour se nourrir et survivre dans ce pays où celui qui n’a pas de relations a peu de chances de s’en sortir, il était réduit à mendier et à participer aux funérailles comme celles d’Ibrahima Koné où Fama ne se prive pas d’invectiver certaines personnes venues rendre un dernier homage au défunt.
    Comme si cela ne suffisait pas, Fama ne peut pas compter sur Salimata, une femme si belle qu’elle “provoquait le désir de vouloir la mordiller”, pour avoir un héritier. Salimata est effectivement stérile. Une stérilité qui serait la conséquence de l’excision qu’elle avait subie dans sa jeunesse. En bonne musulmane, la femme de Fama espère et croit néanmoins que les marabouts la guériront de son mal. Abdoulaye, l’un d’entre eux, tentera en vain de la séduire après lui avoir fait croire que c’est Fama qui est stérile. Elle multiplie alors consultations, offrandes et sacrifices aux génies et ancêtres.

     

    Difficultés
    Fatigué de vivre d’aumônes et de prendre part aux funérailles, où l’on a coutume de servir à manger et à boire, le héros décide de retourner dans le Horodougou. Malheureusement, le retour se passe mal ou ne se déroule pas comme il aurait voulu. En route, en effet, il tombe malade. Accusé d’avoir participé à “un complot tendant à assassiner le président et à renverser la République”, il sera arrêté et jeté dans une prison insalubre. Libéré, il se jette dans une mare abritant des caïmans sacrés. Une manière peut-être, pour lui, d’en finir avec cette vie de galère. Mais il s’en sortira avec quelques blessures. C’est à quelques kilomètres de Togobala, son village, qu’il rendra l’âme. Triste fin que celle d’un noble que les soleils des indépendances voulaient faire passer pour un personnage ignoble.

     

    Indépendances
    En résumé, on peut affirmer que, dans “Les Soleils des indépendances”, Kourouma se sert de la stérilité de Salimata, pour parler de la stérilité des indépendances africaines. Pour lui, l’indépendance octroyée aux Africains en 1960 a été un échec dans la mesure où elle n’a bénéficié qu’à une minorité d’arrivistes et de complexés prompts à se remplir les poches et à dilapider l’argent public dans des choses futiles au lieu d’améliorer les conditions de vie et de travail du petit peuple. L’auteur se place du côté de la majorité silencieuse qui avait misé tant sur ces indépendances, qui en attendait de bonnes choses, qui croyait qu’elles seraient synonyme de vie meilleure, de liberté et de prospérité pour tous, mais qui n’obtint que souffrances, brimades, pauvreté et désespoir.

    Cette majorité silencieuse, composée d’ouvriers, de paysans, d’étudiants et de petits fonctionnaires, ressemble à celle que décrit Ayi Kwei Armah dans “L’âge d’or n’est pas pour demain” et qui constate amèrement que les Noirs ont pris la place du Blanc sans faire mieux que lui. Si Kourouma reproche à ces “fils d’esclave au pouvoir” d’encourager le culte de la personnalité qui fait que “le secrétaire général et le directeur, tant qu’ils savent dire les louanges du président, du chef unique et de son parti, le parti unique, peuvent bien engouffrer tout l’argent du monde sans qu’un seul œil ose ciller dans toute l’Afrique”, il fustige également cette politique qui “n’a ni yeux ni oreilles ni cœur, [dans laquelle] le vrai et le mensonge portent le même pagne, le juste et l’injuste marchent de pair, le bien et le mal s’achètent et se vendent au même prix” et qui nuitamment arrête et emprisonne tous ceux qui osent critiquer le président.

    Les proverbes malinkés et le langage imagé font le charme de ce roman de désenchantement publié en 1968 par les Presses de l’Université de Montréal (Canada). Les éditeurs français et africains avaient refusé le manuscrit sous prétexte que Kourouma écrivait mal ou malmemait la langue française. Voici ce qu’il répondit à ses détracteurs dans une interview accordée à Moncef Badday : “J’adapte la langue au rythme narratif africain…. Ce livre s’adressse à l’Africain. Je l’ai pensé en malinké et écrit en français prenant une liberté que j’estime naturelle avec la langue classique… Qu’ai-je donc fait ? J’ai simplement donné libre cours à mon tempérament en distordant une langue classique trop rigide pour que ma pensée s’y meuve. J’ai donc traduit le malinké en français en cassant le français pour trouver et restituer le rythme africain.”

     

    Cruel si l’on songe au sort de Fama, caricatural sans doute, mais toujours instructif, le roman “Les soleils des indépendances” est un peu l’histoire de Kourouma qui dut s’exiler après avoir fait la prison sous le régime Houphouët. Il vécut et travailla comme actuaire en Algérie, au Cameroun et au Togo. Ses autres ouvrages sont “Monnè, outrages et défis” (1990), “En attendant le vote des bêtes sauvages” (1994) et “Allah n’est pas oblige” (2000) qui obtint le Prix Renaudot et le Prix Goncourt. Marié à une Française, il meurt en France, le 11 décembre 2003.

     

    Jean-Claude Djereke

  • Mahamat Déby ne risque rien de la part de l’Union européenne

    Mahamat Déby ne risque rien de la part de l’Union européenne

    Le 10 octobre 2022, au Palais du 15 janvier de N’Djamena, Mahamat Déby, un des fils d’Idriss Déby Itno, qui a dirigé le Tchad de 1990 à 2021, a fait 3 promesses : raffemir la démocratie, respecter la volonté du peuple tchadien et organisateur des élections dans la transparence et le calme.

     

    À part le faux dialogue national inclusif et souverain (DNIS) et les pseudo-opposants qui l’ont confirmé à la tête de la transition, dans l’unique mais de continuer à piller les caisses de l’État, de nombreux Tchadiens ne le croire pas car sa première promesse n’a pas été tenue. Le 20 avril 2021, en effet, Mahamat Déby avait promis de ne pas se présenter à l’élection après la transition. Si je ne m’abuse, c’est sur cette base qu’il avait obtenu l’onction de la prétendue communauté internationale qui en réalité se limite à l’Union européenne (UE).

     

    Cette Union européenne vient d’être roulée dans la farine. Mahamat Déby a aussi trompé l’Union africaine (UA) qui, le 19 septembre 2022, devait exiger que les 18 mois de transition ne soient pas prolongés et rappelé qu’aucun membre du Conseil militaire de transition ne devait participer aux élections à la fin de la transition. Avant Mahamat Déby, Dramane Ouattara était revenu sur sa parole en briguant un 3e mandat. On se rappelle qu’il avait annoncé, devant les députés et sénateurs ivoiriens, le 5 mars 2020, qu’il ne se représenterait pas. Il explique, quelques jours plus tard, avoir changé d’avis parce que le candidat de son parti, Amadou Gon Coulibaly, était mort. Emmanuel Macron pourrait-il décider de rempiler sous prétexte que sa formation n’a pas pu trouver un candidat capable de défendre ses couleurs en 2027 ? Les Français le permettrontient-ils ? J’en doute fort.

     

    Le problème du Tchad aujourd’hui, ce n’est ni les chrétiens contre les musulmans, ni le Sud contre le Nord, mais le non-respect des engagements de Mahamat Déby relatifs à la durée de la transition et à la clause d’inéligibilité . L’UE s’est contenté de regretter ce reniement. Ou que n’aurait-nous pas entendu si un tel revirement s’était produit au Mali ? «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir», notait Jean de la Fontaine dans «Les animaux malades de la peste». De nos jours, on dirait que tout est permis à celui qui est soumis à la France et soutenu par elle.

     

    Ouattara, aussi longtemps qu’il obéit à Paris au doigt et à l’œil, peut se permettre de violer la Constitution ivoirienne, de garder injustement en prison des pères de famille depuis 2011, de détourner l’argent public, d’interdire des manifestations pacifiques, de faire décapiter un jeune homme, etc. L’UE, les médias diffusés et les organisations de défense des droits de l’homme ne lèveront jamais le petit doigt. L’UE ne prendra aucune sanction contre le régime de N’Djamena qui a tué, le 20 octobre 2022, une cinquantaine de personnes lors de la manifestation organisée pour protester contre la prolongation de la transition et le maintien au pouvoir de Mahamat Déby. Quant à l’UA, le fait que les participants au semblant de dialogue aient fait sauter le verrou qu’elle avait mis en place ne semble point la déranger,

    Jean-Claude DJEREKE

  • Ouverture des archives Cameroun-France : le silence coupable du Cameroun!

    Ouverture des archives Cameroun-France : le silence coupable du Cameroun!

    Par le Dr Daniel YAGNYE TOM, représentant spécial de l’UPC en Afrique centrale et australe et président de l’Alliance Patriotique.

     

    Dr Daniel Yagnye

    7 ans entre les déclarations des deux présidents français sur le Contentieux Historique Cameroun – France, sur une hypothétique ouverture d’archives, côté camerounais : aucune réaction officielle de monsieur Paul Biya au pouvoir depuis 40 ans.

    En effet, nous ne pouvons comprendre le silence stupéfiant du gouvernement camerounais, suite à ces deux déclarations étalées sur 7 années. Silence totalement opaque, ahurissant, hallucinant !!! Silence écoeurant, coupable, lorsqu’on sait que des milliers de camerounais ont été arrachés à l’affection de leurs familles, massacrés pour les intérêts égoïstes d’une république française perfide, se qualifiant république des Droits de l’Homme. Des voix se sont élevées contre ces exactions, des voix sauvagement exterminées par des camerounais vendues à cette France corrompue et coupable.

    Nous pouvons, sans crainte de nous tromper, dire qu’un pacte a été signé entre les chefs d’État français successifs, et le président Paul Biya dont le mutisme face aux exactions et abominations contre son peuple est incompréhensible et insupportable. Cette frilosité silencieuse et coupable du président Paul Biya démontre, sans aucun doute, qu’il n’aurait jamais pu être en place durant 40 années, sans l’onction suprême de la France dont nous connaissons les méthodes machiavéliques, pour puiser avec crapulerie sur les richesses des pays africains dits francophones, en particulier le Cameroun.

    Plus spectaculaire et ahurissant encore, c’est la désinvolture, le calme et le sentiment d’impunité que les deux présidents français Hollande et Macron ont laissé transparaître, lorsqu’ils nous ont renvoyé à l’ouverture des archives pour la résolution de ce Contentieux Historique Cameroun-France. Ces messieurs​,​ dont les rivières de sang des patriotes camerounais ne troublent presque le sommeil, sont convaincus de dominer la situation et sont toujours en territoire conquis. Ces messieurs que le remord ne semblent pas étouffer, se disent « étouffés », voire « choqués » du « sentiment anti-français » qui commencent à envahir l’Afrique et les africains, alors qu’il s’agit simplement d’une revendication légitime face à une spoliation systématique qui n’a que trop duré.

    Que dire du régime du feu président Ahmadou Ahidjo, sanguinaire qualifié de « sage » qui n’a cessé d’écouter la « voix de son maître », la France. Cette posture servile a permis à la France de perfuser ses veines du sang des martyrs camerounais épris de liberté et de justice.

    Le Cameroun des années 1960 relève désormais du passé, mais les effets pervers des choix politiques de cette époque continueront d’influer de façon violente sur la vie des camerounais. La corruption, la rapine, la paupérisation des populations, le tribalisme caractérisent désormais notre pays sur le plan international. Ces actions criminelles perdurent avec la confiscation de notre souveraineté nationale par une monnaie dont le sigle seul veut tout dire.

    Pourtant à scruter le site « France Diplomatie » sur les relations Cameroun – France, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. La France continue de se présenter en nation amie et salvatrice : « Les relations franco-camerounaises sont anciennes et denses. Notre coopération civile est importante et multiforme (gouvernance, santé, éducation, infrastructures, développement rural, environnement, enseignement supérieur, recherche et culture) :

    •       Le Cameroun est le premier partenaire commercial de la France en Afrique centrale (hors hydrocarbures).
    •       La France est le 2e partenaire commercial du Cameroun.
    •       Les exportations françaises vers le Cameroun en 2021, ont atteint 541,6 millions EUR,
    •       Les importations françaises depuis le Cameroun se sont élevées à 2595,5 millions EUR …
    •       Il y a environ une centaine de filiales économiques françaises au Cameroun
    •       Environ 200 entreprises appartiennent aux ressortissants français (Exploitation pétrolière, agro-industrie, bois, BTP, banque, assurances, services de transport, de logistique, distribution…)
    •       Avec un total de 1,1 Md€ en 2020, le stock d’IDE français au Cameroun est le deuxième d’Afrique centrale, derrière le Congo (2,8 Md€).

    Les investissements français se maintiennent au-dessus de 1 Md€ depuis 2017.

    •       La France entretient avec le Cameroun une coopération de sécurité et de défense qui consiste essentiellement en la formation, dans le cadre d’écoles nationales à vocation régionale telles que l’École supérieure internationale de guerre (ESIG) de Yaoundé et l’École internationale des forces de sécurité (EIFORCES).

    . Engagement de la France auprès des populations civiles au Cameroun, à hauteur de 3,9 millions EUR en 2021, (soutien à des projets d’assistance humanitaire et de stabilisation dans l’Extrême-Nord, pour soutenir les populations vulnérables victimes de l’ insécurité liée à Boko Haram, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Etc.)

    Toujours sur le site « France Diplomatie », sur le plan de la Coopération culturelle, scientifique et technique, le Cameroun est l’un des premiers bénéficiaires des financements de l’Agence française de développement :

    •       Depuis 2006, notre coopération repose notamment sur le contrat de désendettement et de développement (C2D), mécanisme de refinancement par dons des échéances dues dans le cadre de la dette.
    •       Le troisième C2D a été signé le 30 juin 2016 pour un montant de 611 millions EUR sur 8 ans et se répartit selon les thématiques suivantes :

    o agriculture et développement rural (182 millions EUR),

    o infrastructures et aménagements urbains (156,5 millions EUR),

    o aide budgétaire (185 millions EUR, dont une partie sera consacrée au secteur de l’éducation),

    o réserve dont l’affectation sera décidée lors de la revue à mi-parcours (61,8 millions EUR),

    o appui à la gouvernance (9,8 millions EUR),

    o appuis transversaux et partenariats (16,38 millions EUR). ETC.

    Voici une « magnifique » coopération, telle que décrite par la France qui cache une situation bien plus sinistre : une hégémonie odieuse, qui perdure jusqu’à ce jour sous forme de contrats bidouillés, de conventions, de manipulations, de combine, de malversations, de passe-droits sous toutes ses formes, pour le grand désespoir d’une partie importante de la population camerounaise.

    Plus grave, alors que le président de la république va sur ses 90 ans, le pays est pris en otage par une bande de mercenaires, cleptomanes sans envergure nationales, encore moins internationales. En effet, il est totalement absurde de vouloir faire avaler à la population que monsieur Paul Biya tient encore les rênes du pouvoir. Le pays va à vau-l’eau, même le pilotage automatique commence à montrer des signes de défaillances. Tout comme le jeune âge du président Macron, l’âge avancé ne saurait dédouaner le « patriarche » Paul Biya, qui durant 40 ans a choisi la loi de l’omerta afin de ne pas dénoncer pour la sécurisation de son « trôneiel », l’hégémonie de cette France sur un Cameroun qui n’a jamais été « sa » colonie. Cette France prédatrice, de laquelle chaque décision fondamentale concernant notre pays dépend de son bon vouloir.

    Les temps changent, nous ne le répéterons jamais assez. Il est plus que jamais temps de crever cette gangrène purulente, qui aura permis à la France de puiser sans honte, pour son seul profit, dans les richesses naturelles du Cameroun durant plus d’un siècle. En effet, avant de parler de la soi-disant dette actuelle du Cameroun vis à vis de la France, nous sommes dans notre droit légitime d’affirmer qu’il est temps pour le Cameroun de chiffrer la dette de plusieurs centaines de millions de dollars , dû par la France pour son apport décisif pendant la 2ème guerre mondiale, sa participation à la guerre d’Indochine, les destructions, les expropriations, les massacres de la période des indépendances et le pillage secondaire dû au franc CFA.

     

  • Thierry Marchand au Cameroun : le système métrique de l’Histoire (*)

    Thierry Marchand au Cameroun : le système métrique de l’Histoire (*)

    Par Pr Joël Narcisse Meyolo (**)

     

    Meyolisme Acte 31

    Théodore Paul marchand (1923-1933)-

    Thierry Marchand 2022- : Comment comprendre l’arrivée de l’ambassadeur « général » au regard de l’histoire française du Cameroun.

     

    Le 4 mars 1923, soit 7 ans après la partition du Kamerun, sur proposition du Ministre des Colonies, Théodore Paul Marchand était nommé Commissaire de la République de France au Cameroun. Il est important de préciser que sa désignation intervient dans un environnement marqué par l’entrée en vigueur du Mandat de la SDN donné à la France le 20 juillet 1922, pour administrer la partie du territoire qu’elle s’était octroyée en mars 1916.

     

    L’arrivée du Commissaire Marchand, ancien officier de l’armée française, s’est faite dans un contexte particulier. D’une part, la montée en puissance du courant germanophile faisait peser sur le Cameroun sous mandat de la France, la menace d’une déflagration. D’autre part, les nombreuses richesses du Cameroun appelaient au minimum à la collaboration des Camerounais dans l’œuvre d’exploitation qu’envisageait la France.

     

    De ce point de vue, la mission de Marchand était donc simple. S’agissant du premier axe, l’urgence était de déconstruire l’idée du retour des Allemands au Cameroun. Concernant le second axe, dans l’esprit de Marchand, comme le précise le Professeur Abwa, « la condition sine qua non de l’exploitation des ressources du Cameroun c’était la reconnaissance par les populations locales de la supériorité de l’homme blanc sur l’homme noir. I fallait donc anéantir en elles toute velléité de rébellion et les transformer en sujets docile de la France ». Telles étaient les déclinaisons de la mission de Marchand au Cameroun.

     

    Cent ans plus tard…

     

    La France, dans un contexte quasi similaire, envoie un officier à la retraite comme ambassadeur au Cameroun. Faut-il y voir une tentative de pousser à la répétition de l’Histoire ? Doit-on s’attendre, comme entre 1923 et 1933, à une guerre rangée mettant aux prises d’un côté les partisans camerounais de la politique  française et de l’autre côté, des Camerounais opposés à toute forme d’aliénation de leur droit ? La France se sent elle autant menacée comme cela a été le cas il y a un siècle ? Quelles  peuvent être les leçons à tirer de cette situation historiquement similaire ?

     

    Voilà quelques questions dont la structuration des réponses, constitue l’architecture du 31ème acte du meyolisme que je vous livre cette semaine.

     

    L’environnement camerounais à l’arrivée de Marchand

     

    Une phrase du Professeur Koufan, reprise par le Professeur Abwa, résume le contexte expliquant en partie l’arrivée de Théodore Paul Marchand au Cameroun en 1923 : « La psychose de l’invasion (allemande) avait fait place vers la fin de l’année 1919 à l’obsession du complot (allemand) ». S’il est communément admis que le partage du Kamerun le 4 mars 1916, sonnait le glas de la présence allemande sur son ancien protectorat, il s’agit en réalité de la fin du contrôle officiel de ce territoire par l’Allemagne. Dans les faits, au quotidien, la présence allemande se faisait ressentir de part et d’autre du Moungo.

     

     

    Du côté français, celle-ci s’est accentuée dès 1919, obligeant le gouvernement français à prendre un certain nombre de mesures pour mettre fin au courant germanophile. C’est dans ce cadre que le Commissaire Carde décida en 1921 de transférer la Capitale du Cameroun de Douala à Yaoundé.

     

    Symboliquement, la ville de Douala représentait pour les Allemands et pour les Kamerunais une place forte. C’est en effet dans cette ville que furent signés les traités majeurs entre les commerçants Allemands et les Chefs Duala, marquant ainsi le début de la présence allemande. Mieux encore, dans l’esprit des commerçants allemands et même dans celui de beaucoup d’analystes, Douala était le « Hambourg africain » pour parler comme Claude Burgaud.

     

    En procédant de la sorte, la France marquait son territoire en poussant à l’oubli le rôle central que cette ville joua dans l’histoire récente. Dans la même lancée, c’est avec un engouement frénétique et identique que le Commissaire Cadre se pressa à opposer un refus catégorique à toutes les demandes des Allemands et même des Camerounais qui souhaitaient revenir au Cameroun. Pour les Français, le retour des Allemands et des Camerounais sur lesquels était posé le soupçon de fidélité à Berlin, était un danger qu’il convenait de juguler. Ceci est d’autant plus pressant pour les Français que des rumeurs indiquaient que la Deutsche Kolonial Gesselschaft, ambitionnait la création de dominions économique en Afrique.

     

    À terme, cette initiative aurait entretenu une présence allemande effective sur le territoire que contrôlait la France. Pour les autorités françaises, il n’était pas opportun qu’un tel destin se réalise. Avant sa mise en œuvre, quoi de plus pressant pour la France de s’attaquer aux vestiges culturels et judiciaires allemands pour garder le point de vue du Professeur Abwa ? Ce fut donc le troisième exercice favori de Carde. Dans ce cadre, la première initiative fut la substitution de la langue allemande par la langue française. Il va en être de même du système judiciaire qui désormais, fut d’inspiration français.

     

    Ces développements montrent à quel point la France était dans la psychose d’un retour éventuel des Allemands. Ils traduisent également le fait que la France, consciente du danger qui pesait sur le territoire que venait de lui octroyer officiellement la SDN, se devait de riposter farouchement. Pour ce faire, elle dépêcha un ancien militaire au Cameroun.

     

     

    Le rôle du Commissaire Marchand dans la francisation du Cameroun et la spécificité camerounaise.   

     

     

    D’entrée de jeu, je fais mienne cette conclusion du Professeur Daniel Abwa : « Dès qu’il mit pied au Cameroun, il se rendit si indispensable que l’autorité de la métropole l’y laissa dix ans durant, tant le travail qu’il abattait était très apprécié. C’est lui le véritable colonisateur du Cameroun ».

    La méthode Marchand était simple. Soumettre les populations camerounaises pour qu’elles soient dociles et par conséquent, réceptives aux méthodes d’exploitation des nombreuses ressources que regorgeait le Cameroun. Pour cela, il s’employa à mettre en œuvre un ensemble de mesures tendant à imposer l’illusoire suprématie raciale.

     

    La première est prise par un arrêté du 22 juillet 1924 promulguant au Cameroun le décret sur le vagabondage. Désormais, les Camerounais étaient confinés dans leur circonscription d’origine. À défaut, il leur fallait un laisser-passer délivré par l’autorité française. Au fond, cette méthode permettait de s’assurer une main d’œuvre locale stable et donc mieux exploitable. Cette pratique n’a pas été réalisée sans heurts. Certaines populations en effet s’y sont opposées farouchement.

     

    La révolte menée par certains peuples montrait clairement le rôle joué par les autorités coutumières. Mieux encore, elle traduisait le prolongement des guerres de résistance qu’ils livrèrent aux envahisseurs venus d’Europe et d’ailleurs. Dans la logique du Commissaire Marchand, il était important, pour la suite des événements que les chefs coutumiers soient neutralisés. Daniel Abwa va même plus loin en affirmant que Marchand fut le Commissaire de la République qui reçut pour mission de réaliser la soumission du chef, de lui insuffler le réflexe d’obéissance.

     

    Ceux qui ne se prêtaient pas à ce jeu morbide était soit tués, soit destitués les exemples sont légions. Mieux encore, quand bien même les chefs se soumettaient, Marchand imposa l’instauration des conseils de notables. Cette instance permettait de créer au sein des chefferies, un contre-pouvoir dans l’objectif de minorer celui du chef.

     

    Cette politique, très tôt, a fait émerger deux principaux camps. D’un côté, il y avait des Chefs a fière allure, et de l’autre côté, des Chefs soumis, friands des gadgets que leur apportaient Marchand et ses administrés. Cette dualité explique l’observation très curieuse de prises de positions contradictoires des Camerounais. Il y en avait, affidés du système qui systématiquement trouvaient des mots et des attitudes justifiant le bien -fondé de la présence française.

     

    En agissant de la sorte, ils conféraient à la gloire les actes de Marchand et implicitement, encourageait ce dernier dans sa fonction de colonisateur. Charles Atangana peut légitimement être considéré comme l’un des soutiens inconditionnels de cette approche. En face, se dressent les hommes et des femmes très peu portés à partager l’héritage ancestral qu’est la fierté. Ils font de mon point de vue, légitimement partie des pères et des mères du nationalisme charismatique camerounais. Dans ce camp, peuvent aisément être rangés, le Sultan Njoya, le Lamido Yagarou, Jemba Muduru, Etika Dika.

    Pour Marchand, cette opposition entre Camerounais était une très bonne occasion.

     

    Elle lui rappelait sans doute ses années passées dans l’armée française où la technique pour venir à bout d’un adversaire était de créer la zizanie et de frapper. Mais ce que Marchand n’avait pas intégré dans sa stratégie, c’était la conscience qu’avaient les Camerounais d’être différents des peuples dont l’histoire a fait de leurs territoires des colonies françaises. Lui le soldat qui rêvait d’une bonne colonie, s’est retrouvé dans les faits, avec dans les mains, un territoire peuplés d’hommes et de femmes convaincus de leur singularité.

     

    La sensation d’appartenir à une destinée particulière a poussé les Camerounais dans leur majorité à harceler Marchand au point où, le 19 juin 1933, il quitta Yaoundé pour un congé de convalescence, lui qui n’était revenu au Cameroun que le 6 février, après une absence de 8 mois. C’est dire que le Cameroun, filtre de son histoire, tient pour raison de son existence le respect de sa spécificité.

    Un nouveau Marchand, cent années plus tard, ne changera rien à cette réalité. Ceci d’autant plus que le Cameroun vit dans un monde multipolaire et sa population dans son écrasante majorité, est opposée à toute forme d’ingérence.

     

     

    (*) Ce titre est de la Rédaction 

     

    (**) Maître de Conférences et enseignant (spécialiste de la diplomatie parlementaire et du processus de la Réunification) au département d’Histoire de l’Université de Yaoundé I. Il est également le chef de la cellule de communication du ministère de l’Enseignement supérieur.

  • Ce qui m’oppose à Achille Mbembe et compagnie

    Ce qui m’oppose à Achille Mbembe et compagnie

    Il y a des gens, comme François Soudan, le françafricain de « Jeune Afrique », hebdomadaire au service de la France esclavagiste et néocolonialiste, qui se demandent pourquoi l’historien camerounais Achille Mbembe est attaqué depuis qu’il a copiloté le sommet de Montpellier (8 octobre 2021) où Macron avait réuni des jeunes du continent triés sur le volet pour leur raconter des balivernes.

    Chaque fois que Achille Mbembe a fait une bonne chose, je ne me suis pas privé de le féliciter. Par exemple, j’avais fait en 1988, dans la revue congolaise « Telema », une élogieuse recension de son essai « Afriques indociles » qui est peu tendre avec les dictateurs africains et la France qui les soutient. J’ai applaudi quand il a affirmé dans « Telerama » du 8 octobre 2010 que les Africains devraient oublier la France qui, selon lui, n’est pas le centre du monde et n’a plus rien à offrir aux Africains. Mbembe ne faisait que reprendre l’analyse magistrale de Frantz Fanon dans « Les Damnés de la terre ». 

    J’ai été étonné de le voir voler au secours de la même France en octobre 2021 en faisant croire que la politique africaine de la France avait positivement changé, ces dernières années alors que, de mon point de vue, la France a fait pire en multipliant ses bases militaires et en utilisant le terrorisme pour déstabiliser les pays où on a découvert des minerais. J’ai été choqué d’apprendre que Mbembe a reçu de Macron 50 millions d’euros pour promouvoir en Afrique une démocratie dont tout le monde admet aujourd’hui qu’elle n’existe plus, les peuples européens étant dirigés et exploités par une oligarchie de plus en plus arrogante et cupide. La fondation pour l’innovation de la démocratie sera basée en Afrique du Sud et sera dirigée par le Sénégalais Souleymane Bachir Diagne qui avait pourtant critiqué le sommet de Montpellier et n’y avait pas participé.

    C’est cette incohérence, cette faiblesse devant l’argent et cet aplatissement devant un pays dont on a dit hier qu’il ne valait plus rien et qu’il ne pouvait rien apporter aux Africains, que je ne supporte pas. 

    Achille Mbembe est indiscutablement talentueux mais il n’est pas le plus intelligent, ni le plus diplômé, ni l’Africain qui a écrit le plus de livres. Qu’est-ce qu’il possède de plus que Aminata Traoré, Ambroise Kom, Boubacar Boris Diop, Nicolas Agbohou ou Mamadou Koulibaly ? Ceux qui pensent que Mbembe est jalousé sont tout simplement ridicules. « Jeune Afrique » et certains milieux français qui vivent de l’exploitation de l’Afrique veulent nous imposer Achille Mbembe, Bachir Diagne et d’autres larbins comme les plus grands penseurs du continent. Non, cette forfaiture ne passera pas car l’Afrique sait qui défend ses intérêts et  qui est en train de la trahir.

    Être content de manger avec Macron, prendre sa défense, empocher son argent après avoir accusé la France d’avoir assassiné Ruben Um Nyobè qui ne demandait que la vraie indépendance pour le Cameroun, ce n’est pas une réussite mais un échec. Je ne sais pas si un tel homme peut encore se regarder dans la glace.

    Je ne sais pas si Um Nyobè, Tchundjang Pouemi, Jean-Marc Ela, Mongo Beti et Fabien Eboussi seraient fiers de ce compatriote.

    Lire également: Avènement d’un nouveau monde : les lamentations des nègres de maison

    Jean-Claude Djereke

  • Tous les « intellectuels » africains n’ont pas vendu leur âme pour un plat de lentilles

    Tous les « intellectuels » africains n’ont pas vendu leur âme pour un plat de lentilles

    Les « intellectuels » africains sont souvent accusés d’être les premiers responsables des malheurs du continent. Pour avoir théorisé et défendu le parti unique comme le Togolais Edem Kodjo ou pour avoir travaillé avec des pouvoirs autoritaires et sanguinaires.

     

    Il peut y avoir une vérité dans cette accusation mais tous les « intellectuels » africains ont-ils vendu leur âme au diable ? Tous sont-ils corrompus et cupides comme les deux énergumènes qui ont récemment reçu 50 millions d’euros d’Emmanuel Macron pour créer et diriger en Afrique du Sud une fondation qui devrait contribuer à l’innovation de la démocratie en Afrique au moment où Emmanuel Todd et d’autres penseurs européens affirment que cette démocratie est morte en Europe, continent dirigé par une oligarchie ? L’un avait accepté de copiloter le sommet de Montpellier (8 octobre 2021) parce que, selon lui, les choses sont en train de changer positivement dans la relation entre la France et ses ex-colonies. L’autre l’avait boycotté parce qu’il n’en voyait pas l’

    Certains « intellectuels » peuvent manquer de cohérence et de dignité mais je ne crois pas qu’il soit juste de considérer tous ceux qui essaient de penser et de faire réfléchir en Afrique comme des gens soucieux uniquement de remplir leur panse.

    En d’autres termes, il est nécessaire de se garder d’une généralisation hâtive et abusive. Pourquoi ? Parce que tous les Africains ayant fait des études supérieures ou travaillant à l’université comme enseignants ou chercheurs ne sont pas pourris, complexés ou traîtres à l’Afrique, parce qu’il y a encore, sur le continent et dans la diaspora africaine, des intellectuels lucides, patriotes et libres. Ceux-là, les plus nombreux d’ailleurs, Fabien Eboussi les intimant « les intellectuels authentiques » parce qu’ils « ont résisté aux séductions de l’intégration, ont refusé de se renier, de se truquer, sont restés sur la brèche, entre le passé et l’avenir, entre deux mondes… sont démeurés des humains ».Eboussi poursuit : « Il y faut une double rupture avec la servilité et la complaisance avec les mythes de l’altérité et de l’identité.

    En un sens, il est du côté des vaincus. Cet intellectuel authentique ou paria conscient, le philosophe camerounais l’oppose au « pseudo-intellectuel [qui] veut s’intégrer dans les réseaux administratifs, entrer dans les circuits où se stockent et se redistribuent les biens rares, les honneurs et les plaisirs » . Et Fabien Eboussi de conclure : « Comme tout parvenu, le pseudo-intellectuel africain est un être qui ne s’accepte pas, qui élude la confrontation sérieuse avec lui-même et avec le modèle auquel il s’est identifié au mépris de soi et des sien.

    Il n’est nulle part, à force de vouloir être partout. Vis-à-vis des siens, il se croit la mission de les éclairer, de les refaire comme du dehors, en vertu des connaissances et de l’autorité qu’il a acquises auprès des détenteurs de la modernité. Il adopte, sans les situer, tous les discours humanistes de l’universalité, et en use comme d’un instrument de jugement péremptoire. Cela lui fait faire l’économie de s’investir dans l’exploration du réel, pour n’avoir plus qu’à subsumer le particulier sous le général ou à accuser le réel et la vie qui refuse de se laisser enfermer dans des cadres préconçus , des concepts oublieux de leur engendrement et des problèmes dont ils sont les solutions.

    La violence et la méconnaissance vis-à-vis de là où il vient lui sont consubstantielles : la honte de soi l’accompagne sourdement. Vis-à-vis des autres, c’est la complaisance qui domine, l’absence du sens critique et historique (cf. « Lignes de résistance », Yaoundé, Clé, 1999, pp. 36-42).

    On l’aura noté : les intellectuels ne sont pas d’abord les détenteurs d’un parcours et/ou d’un titre académique, ni des agitateurs d’idées mais ceux qui, en plus d’épouser la cause et les combats du peuple, « mettre leur tête sur le billot en assumant la difficile tâche de protester pendant que d’autres se taisent prudemment ou n’ouvrent pas la bouche que pour flatter les détenteurs du pouvoir » (Melchior Mbonimpa , « Un intellectuel organique ? » dans Ambroise Kom, « Fabien Eboussi Boulaga, la philosophie du Muntu », Paris, Karthala, 2009, p. 175).

    En définitive, c’est toute la question de la différence entre intellectuel et diplômé qui est posée ici. Tout diplômé n’est pas nécessairement un intellectuel.

    Jean Claude Djereke

  • L’église catholique romaine qui est en Afrique est loin d’opter pour la sortie des spiritualités d’extraction

    L’église catholique romaine qui est en Afrique est loin d’opter pour la sortie des spiritualités d’extraction

    Au petit séminaire Saint Paul de Nylon à Douala, nous avions une religieuse du nom de Sr. Toulouse. À chaque fin de semaine, elle nous confiait un livre à lire et nous suggérait le lundi en faisant le résumé.

     

    Quelle surprise de voir nos copies revenir le mercredi traversées de rouge. Notre recteur Mgr Clément Njewel n’avait cessé de nous dire qu’au séminaire, on forme l’élite, c’est-à-dire les penseurs de la société, ce qui suppose une certaine pensée subversive de notre temps. Mgr Bayemi a été mon professeur principal en classe de 4è. Mgr Clément Njewel était le pasteur de l’intelligence cléricale, nous connaissions la colère que lui vouaient les prêtres à la raison en bref.

    Bien plus tard, j’ai côtoyé pendant plus de 3 ans Meinrad HEBGA, Eboussi Boulaga, Towa, Guillaume BWELE, Puis Ondoua, Joseph NGOUE, Mbaisso Adoum, Manga Bihina etc. Et je me rappelle de cette phrase de Jean Marc ELA lors d ‘un cours de sociologie : »Pour vivre heureux au Cameroun, il faut être un ignorant, pour peu que vous soyez intelligent, vous mourrez de colère », ce à quoi se greffait ce qu’Eboussi avait thématisé comme des intelligences ventriloques, sorte d ‘à-plat-ventrisme des satrapes. L’église catholique romaine qui est en Afrique est traversée par cette crasseuse ignorance entretenue par des sous-préfets paroissiaux se passant pour pasteurs.

    C’est dans une société de bouffeurs de sexe que l’église catholique romaine dépourvue d’une Parole qui pousse l’homme à la joie de vivre, a désormais le ritualisme prosélytiste par voie d’achat de terrains, comme eucharistie. Cette politique ne vise pas tant à relever les hommes et les femmes tombées entre les mains des différents escrocs des espérances mais bien à donner son propre système d’intérêts. On comprend donc facilement l’anesthésie des intelligences des quêtes pour le béton devant la désolation des populations de Dikolo expropriées ou exhumées de leur terre. On a quand même annoncé avec tant de bruits la rentrée pastorale.

    Quelle est cette église à l’ouïe distraite du cri des hommes d’en-bas ? Quelle est cette église dont les célébrations eucharistiques ne font pas retenir auprès de Dieu, les désespérances d’un peuple exténué par les différents vendeurs d’illusions qui ont fait des cathédrales, leurs lieux privilégiés. Ce que ces sous-préfets paroissiaux ignorent est ceci : les grandes révolutions sont l’œuvre des intelligences des marges. Et je sais que les générations futures mettront les intelligences de chapelet à genoux. Un peuple naîtra loin des ambons et des existences en génuflexion pour motif d’action de grâce. Une armée de jeunesses grondent déjà dans les sous-terrains pour des convulsions profondes de notre temps. Le voile est déjà déchiré et comme le disait Nietzsche, nous ne humons plus que les odeurs d’un cadavre.

    Père NGIMBUS.

  • Classiques littéraires africains : Ville cruelle  d’Eza Boto

    Classiques littéraires africains : Ville cruelle d’Eza Boto

    Le dernier fut censuré en France sous la pression d’Ahidjo, l’homme que la France jugeait plus accommodant que les leaders nationalistes de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Eza Boto, qui mit fin à son exil en 1991, créa à Yaoundé la Librairie des peuples noirs. Reconnu pour son style mordant et percutant, il ne s’est pas borné à dénoncer les ingérences étrangères prédatrices en Afrique, l’emprise de Foccart sur certains dirigeants africains, la coopération franco-africaine, une vaste escroquerie, selon lui, parce que ne profitant qu’à la France, la francophonie qu’il considérait comme une institution pernicieuse et destructrice, etc.

     

     

    Orphelin de père, Banda est élevé à Bamila par sa mère dont le vœu est de le voir épouser une femme et de lui donner des petits-enfants avant sa mort. Mais, dans le Centre-Sud du Cameroun, quiconque désire se marier doit donner de l’argent aux parents de la femme, lequel argent ne se gagne que par le cacao que les villageois doivent vendre en ville.

    La ville, c’est Tanga. Deux quartiers cohabitent dans cette ville sans se rencontrer et sans se parler. D’un côté, il y a le Tanga Sud, le quartier des colons, de l’administration et des centres commerciaux. De l’autre, on a le Tanga Nord où les Noirs côtoient quotidiennement les immondices, la misère, la maladie et la faim. Tanga n’est rien d’autre que Mbalmayo, le chef-lieu du village qui vit naître Alexandre Biyidi alias Eza Boto, deux mots ewondo qui signifient “les gens d’autrui” tandis que “Mongo Beti” peut se traduire par “le fils ou l’enfant beti”.

    Tanga
    Un jour, Banda se rend à Tanga avec 200 kg de cacao. Alors qu’il compte sur la vente de ce cacao pour réaliser son rêve (se marier) et celui de sa mère, le contrôleur, un Grec malhonnête, va l’en spolier. Ce dernier attendait que Banda lui graisse la patte. Lorsque Banda entend la maudite phrase (“Mauvais cacao! Au feu !”), il est naturellement en colère et meurtri.

    C’est comme si le monde s’effondrait autour de lui car il voit subitement anéantis des efforts de toute une année ainsi que son rêve de quitter la situation de célibataire. Banda ne se laisse pas pour autant abattre. Malgré la colère et la douleur qui l’étreignent, il trouve encore le courage de dire aux cinq femmes qui l’avaient accompagné que le contrôleur n’est pas un homme mais une bête. Il s’ensuit une bagarre à la fin de laquelle Banda se retrouve au commissariat. Libéré, il raconte sa mésaventure à son oncle maternel. Celui-ci lui parle alors longuement de Tanga qu’il n’hésite pas à comparer à une jungle où les plus faibles sont écrasés par les plus forts.

    À Moko, un quartier de Tanga-Nord, Banda découvre effectivement la violence de la ville : un enfant écrasé par un automobiliste, puis un patron blanc en train d’être roué de coups par ses employés à qui il avait refusé de donner leur dû. Banda reconnaît Koumé dans le groupe. Une pluie subite l’oblige à entrer dans une case qui sert de buvette. Il y retrouve Odilia dont le frère, Koumé, est recherché par la police. Koumé avait participé à la bastonnade qui avait abouti à la mort de MT. Banda promet de secourir Koumé et sa sœur Odilia au charme duquel il n’est point insensible. Lorsque Banda rencontre enfin Koumé, il lui propose de venir avec lui à Bamila. Il y avait un fleuve à l’entrée du village et c’est malheureusement au cours de la traversée du fleuve que Koumé trouve la mort.

    Arrivé à Bamila, Banda se dispute avec son oncle paternel (le vieux Tonga) qui s’était réjoui de ses malheurs à Tanga. Banda confiera Odilia à sa mère et ira à la recherche du corps de Koumé. Il découvre alors une importante somme dans les poches du mort. Si cet argent lui fait croire qu’il pourra enfin se marier, sa conscience l’exhorte à ne pas le garder. Ce sera finalement avec l’argent de Démétropoulos qu’il demandera la main d’Odilia. En effet, rentrant à Bamila, Banda trouve une valise sur la route. Cette valise appartenait au Grec qui avait promis de récompenser celui qui la lui rapporterait.

    Après leur mariage, Banda et Odilia quittent Bamila pour Zamko, le village d’Odilia mais la mère de Banda n’est plus de ce monde.

    Injustice
    Dans ce roman, publié en 1954 chez Présence Africaine, la maison d’édition fondée en 1949 à Paris par le Sénégalais Alioune Diop, Eza Boto, qui n’a encore que 22 ans, nous fait voir la violence, l’exploitation et l’injustice que subissaient quotidiennement les Noirs pendant la colonisation. Comme l’a bien résumé Charly Gabriel Mbock, c’est un roman qui “témoigne, accuse et rejette” (cf. C.G. Mbock, Comprendre ‘Ville cruelle’ d’Eza Boto, Issy les Moulineaux, Éditions Saint-Paul, 1981). L’auteur rejette cette ville trop cruelle et trop violente pour les Noirs en général et pour les petits et défavorisés en particulier ; il rejette ce monde où les Blancs avaient plus de privilèges que les Noirs et faisaient ce que bon leur semblait. Il accuse et rejette cette justice qui ne rend pas justice au Noir qui porte plainte contre le Blanc; il accuse et rejette cette Église où le prêtre blanc dénonce le Noir qui est venu confesser le tort qu’il a causé à son patron blanc.

    Solidarité
    Mais Ville cruelle ne nous parle pas uniquement de l’exploitation, de la violence et de l’injustice des Blancs à l’égard des Noirs. Le roman témoigne aussi de la solidarité : d’abord, celle des cinq femmes qui aident Banda à porter son cacao jusqu’en ville et qui rendent visite à sa mère à Bamila ; ensuite, celle des ouvriers qui se mettent ensemble pour donner une mémorable correction au patron qui refuse de payer leur salaire. The last but not the least, Eza Boto nous enseigne, à travers la résistance de Banda, combien il est important de ne jamais se résigner à l’injustice, combien il est nécessaire de rester debout face à l’oppresseur.

    Mission terminée, Le Pauvre Christ de Bomba, Le roi miraculé, Perpétue et l’habitude du Malheur, La France contre l’Afrique, Main basse sur le Cameroun. Autopsie d’une décolonisation sont d’autres ouvrages d’Alexandre Biyidi. Le dernier fut censuré en France sous la pression d’Ahidjo, l’homme que la France jugeait plus accommodant que les leaders nationalistes de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Eza Boto, qui mit fin à son exil en 1991, créa à Yaoundé la Librairie des peuples noirs. Reconnu pour son style mordant et percutant, il ne s’est pas borné à dénoncer les ingérences étrangères prédatrices en Afrique, l’emprise de Foccart sur certains dirigeants africains, la coopération franco-africaine, une vaste escroquerie, selon lui, parce que ne profitant qu’à la France, la francophonie qu’il considérait comme une institution pernicieuse et destructrice, etc. Il s’attaqua également au règne despotique et sanguinaire d’Ahidjo et, pour lui, Paul Biya était un “chef d’État fantôme” sous lequel la justice était devenue “une farce permanente et sinistre”.

    La corruption et le tribalisme des dirigeants africains ne trouvèrent jamais grâce à ses yeux. Après l’avoir lu, on peut soutenir avec André Djiffack qu’il y a chez lui “comme un mélange de Socrate par l’élévation de l’esprit, de Voltaire par l’effronterie à l’égard des pouvoirs institués, de Sartre par le militantisme impertinent et de Césaire par la lutte anticoloniale en vue de l’émancipation du monde noir” (cf. Mongo Beti, Le Rebelle, vol I, pp. 17-18). J’ajouterais, pour ma part, qu’Eza Boto était comme obsédé par le “devoir d’être toujours aux côtés des humiliés qui luttent” (Che Guevara).

    C’est cette obsession qui le poussa à tancer le Guinéen Camara Laye à propos de son roman autobiographique L’Enfant noir: “Laye se complaît décidément dans l’anodin et surtout le pittoresque le plus facile […], érige le poncif en procédé d’art. […] C’est une image stéréotypée de l’Afrique et des Africains qu’il s’acharne à montrer: univers idyllique, optimism de grands enfants, fêtes stupidement interminables” (cf. Le Rebelle, vol. I, p. 28). Le Congolais Boniface Mongo Mboussa, qui a préfacé les textes de Mongo Beti réunis et présentés par André Djiffack, le décrit comme “ce Prométhée camerounais qui nous lègue le feu”. On peut recevoir le feu et ne pas en prendre soin. Avons-nous gardé allumé celui d’Eza Boto en faisant en sorte que la ville africaine ne soit plus cruelle pour les petits et les pauvres, en améliorant les conditions de vie et de travail de l’homme noir?

    Jean-Claude Djereke

  • OTAN/Russie: quand leurs sanctions se retournent contre eux

    OTAN/Russie: quand leurs sanctions se retournent contre eux

    Par Jean-Claude Djéréké
     
    Les médias français ne se gênent plus pour parler de l’échec des stupides sanctions des pays de l’Otan contre la Russie. Ce matin, j’ai entendu Pascal Praud et ses invités reconnaître (non sans regret) que la Russie croule sous le cash depuis que les pays occidentaux ont décidé de sévir contre « l’envahisseur » Poutine, que son pétrole ne lui a jamais fait gagner autant d’argent. Et pourtant, Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie et des Finances, avait promis un effondrement de l’économie russe. 
    Quand la Cédéao prenait des sanctions inhumaines contre les militaires maliens, Dramane Ouattara avait prédit que le colonel Assimi Goïta et ses compagnons ne tiendraient pas plus de 10 jours. Le Mali s’est-il effondré ? Les Maliens sont-ils morts de faim ?
    S’il y a 3 choses que la France et ses pantins africains ont en commun, c’est bien l’arrogance, le mensonge et l’esbroufe. 
    La France a menti et instrumentalisé l’Onu pour détruire la Libye et placer à la tête de la Côte d’Ivoire un criminel, un fieffé menteur et un ennemi de l’école ivoirienne.
    Avec les autres pays de l’Otan, elle a cru qu’elle mettrait le maître du Kremlin en difficulté, qu’elle réussirait à soulever la population russe contre lui. Échec et mat. C’est plutôt eux, les pays européens qui suivent bêtement les États-Unis, qui sont à genoux et qui commencent à se plaindre de la flambée des prix. 
    Le Britannique Boris Johnson et l’Italien Mario Draghi ont déja été emportés par la haine contre Poutine. Et, comme il n’y a jamais deux sans trois, on espère qu’un autre Poutinophobe ne tardera pas à tomber.
    En attendant, je soutiens Assimi Goïta, les peuples malien et centrafricain et je prie Dieu qui est justice et vérité de protéger Poutine, le nouveau Moïse.
     
  • À quand des prophètes de la trempe de Jean-Baptiste en Afrique?

    À quand des prophètes de la trempe de Jean-Baptiste en Afrique?

    Jean le baptiste, dont la mort est commémorée, ce 29 août, dans l’Église catholique, était un « homme de Dieu » atypique en ce sens qu’il parlait « cru et dru », qu’il appelait à la repentance ceux et celles qui venaient de Jérusalem, de Judée et des environs du Jourdain pour écouter sa parole qui était aussi tranchante que l’épée.

     

     

    Le fils de Zacharie ne disait pas aux gens ce qu’ils avaient envie d’entendre. Il n’était pas dans les promesses farfelues. Il ne vendait ni huile ni parfum censés rendre des naïfs riches ou puissants. Sa force et sa grandeur venaient d’abord de là mais elles venaient aussi de la vie simple qu’il menait. En effet, Jean se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, portait des habits faits de poil de chameau et une ceinture de cuir autour de la taille, ne logeait pas dans un palais.

    Mais ce qui me frappe le plus dans sa vie, c’est son humilité, quand il déclare:  « Il faut que Jésus croisse et que je diminue. »

    Pasteurs, prêtres, évêques et cardinaux ne peuvent pas être écoutés s’ils sont attirés par le luxe et le matériel, si la prison leur fait peur, s’ils sont incapables d’interpeller et de bousculer ceux qui affament, terrorisent et oppriment le peuple, si leur obsession est que les gens s’attachent à eux plutôt qu’à Jésus. Aujourd’hui plus qu’hier, l’Église en Afrique n’a besoin ni d’affairistes, ni de petits escrocs, ni de vendeurs d’illusion, mais de prophètes et le prophète, c’est avant tout un empêcheur de tourner en rond, celui qui dit la vérité à temps et à contretemps.

    Hier, Bernard Yago (Côte d’Ivoire), Joseph Malula (ex-Zaïre), Luc Sangaré (Mali), Christian Tumi (Cameroun), Raymond-Marie Tchidimbo (Guinée) et d’autres ont joué ce rôle prophétique, ce qui leur valut le dénigrement, la persécution ou l’emprisonnement. En janvier 2018, quand le cardinal congolais Laurent Monsengwo déclara qu’il était temps que les médiocres dégagent et que règnent la paix et la justice en RDC, il devint un homme à abattre.

    Il faut souhaiter que la nouvelle génération marche dans leurs pas.

    Bonne fête à ceux qui se prénomment Jean-Baptiste !

    Jean-Claude Djereke

  • Achile Mbembe en procès chez des universitaires camerounais/africains en mal de visibilité : Encore et encore du vin dans le moulin de la théorie des pensées villageoises

    Achile Mbembe en procès chez des universitaires camerounais/africains en mal de visibilité : Encore et encore du vin dans le moulin de la théorie des pensées villageoises

    Certains collègues universitaires dont les écrits ne sont même pas connus dans leurs propres universités veulent faire de l’attaque contre Mbembe un sujet qui peut leur donner de la visibilité autour d’eux.

     

    Parce que quiconque voudrait attaquer Mbembe sur le plan du débat intellectuel mondial et savant ne peut que se ridiculiser. Une seule question : quel est l’universitaire camerounais et africain qui aurait refusé la proposition de Macron ? Je me demande bien si le meilleur combat contre les puissances coloniales d’hier est-il le refus de toute collaboration ou la prise des armes contre elles ? J’attends de voir un seul intellectuel qui a la solution miracle pour nous proposer ce qu’il fait faire concrètement.

    Comme cela, il ne nous restera qu’à mettre cette solution dans un verre d’eau comme un comprimé effervescent et nous voir désormais guéris et libérés à jamais de la domination et de l’aliénation. Pour moi, la posture de Mbembe est la meilleure et même la plus intelligible. Au moins, il aura tenté quelque chose. Tant pis pour la France, si elle ne fait pas sienne ses propositions et continue dans le renvoi de la ruse destructrice.

    Mais dites-moi, combien de nos Chefs d’États sont capables aussi de mettre en place des cellules de réflexion et d’accompagnement dans la mouvance d’une véritable libération de ces puissances ? Collaborent-ils avec des intellectuels pour qu’ils les accompagnent dans leurs projets de libération de leurs pays et du continent, s’il y en avait un ? Là où il faut réfléchir pour se projeter, chez nous au Cameroun par exemple, ce sont toujours les administrateurs civils qui ne savent que le commandement qui sont les hommes à tout faire. Tandis qu’au Sénégal à côté, des savants de la trempe de Mbembe arpentent régulièrement les couloirs de la Présidence de la République, pour échanger leurs points de vie avec leur Président.

    Chez nous, Mbembe est même incapable d’avoir un simple passeport. Si nous ne savons pas la valeur de ce monument du savoir, ailleurs on le sait si bien. Et à vrai dire, le monde ne s’accommode plus de ces critiques d’une autre époque, celle de la « critique pour la critique ». Où étaient ces intellectuels lorsqu’il y a de cela quelque semaines Carrefour ouvrait en pompe ses portes à Yaoundé, avec tout le gouvernement de la République présent à cette cérémonie ? C’est célébrer la venue de Carrefour qui est donc un acte de libération et de souveraineté ? Quand Camair-Co existait, des dignitaires de la République préféraient voyager par Air France, plutôt que par leur propre compagnie, tandis que chacun de ces Profs qui bavardent sur Mbembe se désaltérent à longueur des journées des vins de Bordeaux et se vêtissent toujours des costumes parisiens/français (les campus camerounais étant les plus occidentalisés d’Afrique), etc.

    Est-ce parce que Mbembe a décidé d’accompagner Macron que tous ces maux existent Cameroun ? Que ces intellectuels en mal de popularité et de visibilité trouvent un autre sujet, surtout des sujets qui aideraient leurs universités et leur pays à sortir du capharnaüm dans lequel il est plongé et qui devrait plutôt être la préoccupation essentielle. Pour moi, le procès de Mbembe qui est pour moi un patrimoine de l’intelligentsia africaine mondiale est inutile. Pour mieux nous libérer, il faut justement cesser de raconter des histoires et dialoguer franchement avec ces anciens maîtres d’hier, plutôt que prôner autre chose qui n’est pas possible.

    Si les choses sont si simples, demandez à Biya de rompre les liens diplomatiques immédiatement. Commençons par nous remettre en cause au Cameroun, pour nous débarrasser de nos mentalités-poubelle (tribalisme, détournements, harcèlements sexuels, corruption mondialement connue, gestion chaotique de nos universités, etc). Cherchons à nous assainir mentalement, à être des modèles pour nos étudiants, nos communautés et notre pays avant d’aller chercher la poussière dans les lointains yeux des autres qui ne sont même pas proches de nous.

    Mbembe, Souleymane Bachir Diagne, Mamadou Diouf et Felwine Sarr font la fierté de l’Afrique. Je veux répondre à ces intellectuels qui veulent jalousement discréditer Mbembe en utilisant sa propre formule lorsqu’il répondait à des historiens camerounais qui s’étaient permis de consacrer une discussion autour de lui à l’occasion d’un congrès tenu à Maroua : » je ne suis pas adepte des pensées villageoises. Que des personnes dépensent leurs énergies en ergotant autour de moi est une véritable perte de temps, de plus dans un pays où il y a tellement de défis à relever ».

    Modestement,

    Pr François WASSOUNI, Université de Maroua

  • Le talon d’Achille : failles d’une collapsologie postcoloniale

    Le talon d’Achille : failles d’une collapsologie postcoloniale

    Par Armand Leka Essomba.

    Achille MBEMBE est l’un des grands penseurs de notre époque africaine que le monde entier envie probablement à son pays d’origine : le Cameroun.  Dans sa fougue lyrique et son intelligence fulgurante, il vient de signer dans le quotidien français « Le Monde », une tribune devenue très vite virale.

    Avec l’immense talent qu’on lui connaît, il y  livre son point de vue sur ce qu’il appelle, les « Etats voyous d’Afrique centrale », qui lui apparaissent comme des « créatures monstrueuses » d’une francafrique anachronique.

    Un préjugé nocturne: esthétique du silence

    A la vérité, il s’intéresse prioritairement au Cameroun. Ce dernier se trouve en ce moment même, en proie à une griserie suicidaire et surtout, en voie d’être complètement saccagé, du fait de ses propres élites. Et comme à chaque fois qu’il s’exprime sur son pays d’origine, cette prise de position à la fois brutale, captivante et brillante; mais surtout déroutante, « décevante » et pourtant si constante, a divisé l’opinion spécialisée et alimenté d’incroyables chamailleries.

    L’auteur de ces lignes avait pourtant choisi jusque-là de se taire. En ces temps gris, où le jour et la nuit s’accouplent, tout semble en fin de compte indéchiffrable. Dans cette sorte de pénombre, l’on ne distingue plus clairement si ce qui vient, est un visage ou un mirage. Alors même que la « danse des sorciers » se prolonge, au milieu d’un chahut caverneux, fait d’invocations étranges, de jurons haineux, d’imprécations violentes et surtout de bagarres vaines, le tout sur fond d’un culte inquiétant de la cruauté, l’écho si bruyant des hiboux et des rossignols domine cette nuit de notre caverne. Du coup, le cri du colibri n’est ni audible, ni crédible.

    Mais, l’on a beau se taire, que l’on échappera point au verdict d’assignation. Assumer un camp ou être assigné dans un camp; mimer la foule ou commenter les mots d’ordre officiels ; théoriser sur « l’accès au pouvoir » ou sur « le maintien au pouvoir » : telle est la nouvelle topologie intellectuelle au-delà de laquelle hélas, aucune parole lucide n’est plus audible chez nous. Pensée des tranchées donc.

    La tribune d’Achille MBEMBE, profondément ambivalente et « versatile », n’aide pas hélas, à s’émanciper de ces culs de sac.  Entre les « hourrahh » de ceux qui (bien nombreux), sont engagés dans un procès en béatification de leur idole et les « oh là-làà » de ceux qui (tout aussi nombreux), tentent de lacérer son visage en le désignant à coup d’anathèmes ad hominem, comme n’étant point « des nôtres », il y a place pour une dialectique intellectuelle plus rigoureuse et plus féconde.

    Un préjugé métaphysique : la résurrection d’un « mort »

    Le récit de la genèse intellectuelle de MBEMBE, révèle explicitement un impensé religieux (chrétien voire christique) qu’il n’a jamais nié au demeurant. Sa biographie intellectuelle se trouve en effet être marquée par la dialectique de toute existence : celle de la vie et de la mort. Dans son cas, il s’agit d’un itinéraire inverse qui part de la mort vers la vie : Il y a à l’origine un éloge (et une critique) de la mort et « du mort », qui conduit à un culte (et une critique parfois cynique) de la vie et du vivant ou de ce qui peut en tenir lieu.

    Probable trace d’un mythe chrétien, tout part d’un drame anthropologique : le refus d’accorder une sépulture digne à un homme qui, suivant les témoignages de ceux qui marchèrent à ses côtés, donna sa vie en sacrifice pour que la multitude : ses « frères kamerunais » (coupables du péché de servitude), vivent à jamais debout et jaloux de leur liberté. Cet homme, vécut dans la précarité et mourut dans la brutalité, pour avoir intensément porté l’utopie para coloniale de l’autogouvernement qui, en même temps, postulait une politique de la fraternité.

    Pour MBEMBE, toute politique de la vie et toute politique de la fraternité au Cameroun, passe absolument par la reconnaissance de cette expérience fondatrice de fratricide et la résurrection de ce mort. C’est ce mort qui n’a cessé de le hanter. C’est pourquoi, La naissance du maquis dans le sud-Cameroun (1920-1960), qui sera l’un des plus brillants textes de l’historiographie du nationalisme camerounais et l’un des plus brillants de l’auteur, s’ouvre par un récit de mort : « Ruben UM NYOBE, secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun, a été abattu le 13 septembre 1958,… ».

    Suivant sa propre confidence, «…cet acte originaire de cruauté à l’encontre d’un « frère », … devint très tôt non seulement l’objet principal de mon travail académique, mais aussi le prisme par lequel, je m’en rends compte aujourd’hui, ma critique de l’Afrique-en tant que lieu abritant le crâne d’un parent mort-a pris corps et s’est développé » (Sortir de la grande nuit, p.39).

    En s’efforçant de se souvenir d’un mort aussi encombrant, en cherchant avec entêtement à donner la parole à ce cadavre que le colonialisme et ses suppléants, dans son ivresse criminelle et sa cruauté idiote, humilia jusqu’à la façon de l’enterrer, MBEMBE fit scandale. La répression administrative qui succéda à ce geste, dans un contexte politique local réputé idéologiquement structuré par un projet de « Renouveau », intrigua certains observateurs tout en confirmant la continuité hégémonique du système politique local en dépit du changement intervenu à la tête de l’Etat en novembre 1982.

    Rétrospectivement peut être, ceux qui demain, écriront l’histoire de la démocratisation au Cameroun, y trouveront probablement là, bien longtemps avant les « vents d’Est », bien avant le célèbre procès de Célestin Monga et bien avant la marche du 26 mai 1990 à Bamenda, l’une des sources culturelles d’accélération de l’avènement démocratique

    Toutefois, Ce « scandale » de la genèse, au-delà de ses répercussions politiques était quelque part porté par une vanité laïque : le geste magique qui consiste à redonner vie à une sépulture.

    L’historien qui avait grandi à l’ombre de la catéchèse et de la doctrine chrétiennes ne sorti point indemne de son commerce avec le christianisme. C’est ainsi que, probablement marqué par la richesse symbolique et métaphysique de l’histoire tragique du juif de Nazareth, dont le noyau « mystique » est à rechercher dans la dialectique de la crucifixion et de la résurrection, Achille MBEMBE tenta d’interpréter une part de la tragédie de UM NYOBE en référence subtile à la passion christique. Tout comme le prisme à partir duquel il lit aussi bien l’Afrique que son pays d’origine s’opère dans l’idée que de la mort, naitra la vie.

    Et là, le glissement fut inévitable et la « compromission » logique : le chercheur fusionna littéralement avec son objet de recherche. Sa sympathie intellectuelle pour UM NYOBE devint une empathie politique pour la cause politique que ce dernier défendait. L’historien du « rebelle » et de la « rébellion » devint lui-même rebelle.

    Visiblement affecté par le ressenti lié au « refus d’accorder une sépulture digne à un « frère », le penseur de la mort et de la violence ne verra désormais autre chose, notamment dans son pays d’origine, qu’un territoire misérable et sinistré, peuplé de personnages vulgaires, véritables morts (vivants) sans aucune fierté, copulant, dansant, se saoulant la gueule à longueur de journée et grisés par la haine de s’entretuer ; habités tous par le désir de fuite, « quémandant des visas » et des titres de séjour pour s’échapper de l’enfer de leur condition.

    Mobilisant à profusion les catégories de la puanteur (plaie béante, ensauvagement, enkystement ; etc), il ne renonce à aucune outrance verbale pour qualifier les expériences politiques et culturelles en cours dans son pays d’origine. Lui, l’historien du nationalisme camerounais, ne verra autre chose dans les mouvements d’opinions consécutives à « l’indiscipline verbale » de Macron, que « patriotisme de circonstance ».

    Lui qui, il y a quelques années accusait avec une rare véhémence, le Président français Emmanuel Macron, « d’indiscipline verbale », alors que ce dernier, dans un lapsus présidentiel révélateur, martelait que le problème de l’Afrique est civilisationnel, tourne en dérision ceux de ses compatriotes, bien nombreux au-delà du cirque bruyant devant l’ambassade française, qui se sont sentis froissés par la rhétorique à l’emporte-pièce de ce même président français évoquant le président camerounais

    Un préjugé politique : la critique du nationalisme

    L’historiographie et la biographie d’Achille MBEMBE se chevauchent. L’historien du nationalisme, très peu s’en rendent compte est devenu depuis longtemps un penseur cosmopolitique et critique du nationalisme. Sa biographie l’y a poussé en grande partie. Tirant toujours plus loin sa barque, puisant allègrement dans des héritages multiples, visitant d’innombrables bibliothèques, il a depuis lors, campé toujours le plus loin possible de son lieu de naissance, n’hésitant pas à chaque fois, à proclamer sa citoyenneté cosmopilitique, tout en confessant au passage, le mépris qu’il nourrit à l’égard de sa société d’origine :  ses peurs, ses lâchetés, ses superstitions et ses versatilités. Sa pensée et son destin actuel, suivant son propre mot, sont désormais à l’image d’un « voyage planétaire ».

    De fait, cet homme n’appartient plus au Cameroun. Il en est « intellectuellement sorti » depuis le milieu des années 1990, après la publication en 1996 de la Naissance du maquis au Cameroun. Mais il s’en soucie épisodiquement. Tout comme, la même date signe sa sortie de la « narration historique » classique, laissant orphelins les nostalgiques de la pensée disciplinaire qui se chamaillent à longueur de temps autour d’une « dépouille » qui se déguise. Depuis lors, «l’objet Cameroun» est devenu pour lui presque marginal, en tout cas secondaire, à peine prétexte de conversation médiatique au détour des lapsus de la conversation intellectuelle locale, des conséquences épisodiques des négligences institutionnelles et des paresses politiques domestiques.

    Pour lui, le principe du nationalisme constitue un cercle vicieux ainsi qu’un principe de clôture ; tout comme le panafricanisme qu’il considère comme d’essence racialisant. D’où la trouvaille à laquelle il donne corps et esprit : « l’Afropolitanisme » en tant que celui-ci serait principe d’ouverture et de mouvement.

    Tel apparaît bien MBEMBE et surtout sa propre pensée: indocile, iconoclaste, complexe, «chaotique», déroutante, dispersée, subversive, souvent controversée, parfois décourageante et à certains égards même décevante

    Mais il s’agit aussi d’une pensée fine, savante, dense, éloquente et décomplexée. En cela, elle constitue à la fois un paradigme, ainsi qu’un casse-tête pour ses contemporains. Elle prétend simultanément s’émanciper des catégories usuelles et vaines du pessimisme et de l’optimisme, tout en étant radicalement «pessimiste». Elle est somme toute fidèle à l’âge culturel d’une époque réputée postmoderne : fulgurante, transversale, transnationale, transdisciplinaire.

     

    La « malédiction » d’être né quelque part : jouer avec le crâne d’un mort.

    Dans sa tribune, Achille MBEMBE, fils de Jean-Marc ELA, héritier de Frantz FANON, et grand lecteur de Fabien EBOUSSI BOULAGA n’hésite pas à soupirer devant la France, pour qu’elle organise une « nouvelle grande transition », au Cameroun, au nom de ce qu’il appelle le « nouveau réalisme » : « il s’agit de prendre acte de la dépendance structurelle et presque psychique des régimes et des sociétés postcoloniaux à l’égard de la France », affirme-t-il sereinement.

    Et de nous expliquer qu’il ne s’agit point de capitulation ni de démission, mais de rétrocession. Ce soupir n’est en rien convainquant. Ceci pourrait être révélateur d’une pensée « ontologiquement versatile ».

    Et là, le soupçon qui pèse sur le grand penseur, de chercher à rationaliser un projet de recolonisation de son pays et du continent africain en général, s’avère particulièrement crédible

    Certes, l’espérance upéciste, comme emblème de la lutte anticoloniale, posa dans l’idéal l’équation qui s’avéra fausse suivant laquelle : départ des blancs = fin de la colonisation, de la répression et des injustices. Chacun d’entre nous sait que le cycle qui commença en janvier 1960, inaugura quelque chose de plus tragique : l’expérience généralisée du fratricide, la domination du frère par le frère, la brimade du frère par le frère, sous ses multiples formes.

    Mais, jouer ainsi avec le crâne d’UM NYOBE en invitant son plus grand bourreau à venir s’occuper de son tombeau et de sa dépouille, relèverait suivant l’anthropologie de sa société d’origine, d’une pure « orgie sorcellère »  strictement incompréhensible.

    L’on ne doit jamais se fatiguer de rappeler à notre estimé compatriote, qu’une part importante de sa renommée dans le Monde dont il se réclame habitant, il la doit somme toute à un cadavre enseveli quelque part au Cameroun, son pays d’origine. Cette dette de l’origine est liée non seulement au « malheur d’être né », mais aussi au « malheur d’être né quelque part », par-delà toute idéologie nativiste. Le temps court de la critique politique colérique aurait-il eu raison de la lucidité du penseur de la « combustion » et du « brutalisme » ?

    Cette idée rend somme toute compte d’un profond fatalisme, teinté de découragement quant à la capacité rationnelle qu’une société de gens civilisés, ont de provoquer les mobilisations sociales qui disciplinent et surveillent des élites, coupables de « délinquance sénile ». Le vœu qui postule un Cameroun différent de ce qu’il est aujourd’hui, nous sommes très nombreux à le partager. Dans des réflexions antérieures, l’auteur de ces lignes a toujours exprimé son scepticisme sur cette sorte de bâton magique qui consiste à croire qu’il suffira qu’un individu s’efface pour que le pays dans lequel nous sommes nés change automatiquement.

    J’y vois là une forme spécifique d’aveuglement.  Cet aveuglement qui s’accompagne de fragments d’amnésies relève probablement d’une pathologie de «l’opposition». Sauf bien entendu à appauvrir à l’extrême des termes aussi riches tels reconstruction, ou renaissance. Ce qui tend à échapper aux yeux de tous ceux qui très nombreux, s’accrochent à cette superstition, c’est que entre-temps, au vu et au su pourtant de chacun, l’on est en train de créer en ce moment même, les conditions d’une alternance qui serait avec des nuances subtiles, la copie de ce qui se fit au seuil des années 1980.

    Mais, cette «  odeur de mort », cette attente sociale funèbre, ce culte (secret) de la cruauté et cette appétence de l’accident et de la tragédie, rationalisée et relayée par Achille MBEMBE, et paradoxalement perçue comme restauratrice du culte de la vie constitue pour notre part, la frontière ultime d’une collapsologie postcoloniale très fragile. Et pourtant, ceux qui lisent dans le « grand livre du temps » -Achille MBEMBE en premier,- savent qu’il s’agit là d’un très mauvais présage.

    Armand LEKA ESSOMBA, laboratoire Camerounais d’études et de recherches sur les sociétés contemporaines Université de Yaoundé I.

  • Autels, hôtels, motels : comment célébrer la femme dans un contexte de vente du sommeil ?

    Autels, hôtels, motels : comment célébrer la femme dans un contexte de vente du sommeil ?

    Par le Père Ngimbus.

    Le 15 août est une date mémoire. Elle structure l’imaginaire des peuples. Cette fête participe d’un des grands mystères à travers lesquels l’Église catholique romaine donne à travers La Vierge Marie, l’idée de la femme et sa vision du monde. Loin d’entrer dans l’histoire ayant conduit à la solennisation de ce mystère, il est important de porter l’attention sur Sa signification et le sens qu’il fait circuler dans le monde à partir des Avenues Kennedy, du Carrefour Nkolbisson, du carrefour Ndokotti, Lele à Nkongsamba ou de Mandjack. C’est donc au cœur du monde de la vie que ce mystère doit être compris. Qu’est la virginité dans son immaculée dans une société à l’économie des auberges ? Quelle assomption de la femme dans une société pimentière, entendons, une société des bouffeurs du sexe ?

    Toute compréhension n’est féconde que si elle entretient de lancinantes interrogations. Si le mystère de l’Assomption exalte la femme en tant qu’elle est la source qui abreuve l’humanité du salut, la femme n’assume son essence qu’en étant ce ventre dont la capacité de conception donne au monde la parole qui sauve l’homme en faisant de son existence, le lieu de commencements des rêves. Tout porte à croire que femme et salut sont exactement la même chose. La grandeur des peuples, la croissance des hommes sont fonction du majestueux des poésies que la femme introduit au monde. N’est-ce pas en face d’elle que le premier homme naît à l’humanité à travers des grandes imaginations heureuses : « tu es l’os de mes os, la chair de ma chair ». La femme, réalité du salut, ne peut alors être sur la terre que le symbole de ce qui est exalté. En d’autres mots, la présence de la femme ne peut faire et construire l’histoire que parce qu’elle offre à l’humanité la faculté de pouvoir lever les yeux afin de s’engager à construire des assises qui font l’histoire. L’autel dressé ne l’est qu’en tant qu’il est mémoire de la virginité, rappel aux hommes de ce que la femme étant, ne saurait, faute de se rompre dans son essence, renoncer.

    La vocation de la femme devient la vocation de toute l’humanité. Il ne serait pas exagéré de dire que le monde est la volonté et la représentation surgissant des imaginations heureuses bourgeonnant à partir des têtes de la femme. Etant cela, la femme est non pas tant le lieu du sommeil de l’humanité mais, le sein qui offre à l’homme les occasions pour marcher. Le sein éveille au sens. La femme-autel est le sanctuaire de création de la dignité et de la fierté d’être. Respirer le parfum de la femme, ce qui est à communier à sa source, consiste à être monde et produire le monde. La femme est la case des rêves ayant la totalité du monde. La femme est femme-monde, voilà le salut, voilà l’assomption de l’humanité. Par elle, l’Assomption signifie pour le monde la capacité d’habité sa mondanéité. Le rêve de la femme-autel enfante toujours le monde dans la vérité des premiers jours. En cette vérité, le beau, le juste et le bon sont en alliance. En la vérité-autel, toutes les vertus, toutes les forces d’être se donnent rendez-vous ! Au rêve de la femme, correspond l’humanité aux premières aubes.

    Il n’y a de signification pour un peuple que si elle porte ce peuple à la parole et la parole est l’éveil des peuples. La parole donne donc à naître au neuf. Le champ socio-économique prospère certainement. La certitude de cette prospérité nous conduit à cette évidence : la prolifération des hôtels, des motels et des appartenant meublés. Hôtels, motels et appartements meublés ne sont-ils pas les lieux de sommeil ? Ils le sont en effet. La spécificité de ce sommeil est qu’il est monnayé. Il ne serait donc pas exagéré de dire que la prospérité de ces nouvelles entreprises a désormais l’objet qui les meuble : la vente du sommeil. Les hôtels, les motels comme les appartements meublés sont donc ces boulangeries de vente du pain des assoupissements. Un sommeil vendu est radicalement nourri par les intérêts du sommeil.

    Dès lors, les intérêts du sommeil, le sortent du régime du repos, c’est-à-dire de la capacité de renouveler sa marche dans le monde. Les intérêts du sommeil sont ceux d’un divertissement existentiellement décréateur. Tout se passe alors comme si un peuple qui ignore ce qu’est l’effort, ce qu’est la fatigue, fruit d’une option radicale à être et désormais vidé de toute possibilité de choisir, n’a désormais que l’assoupissement comme paradis de construction de son monde. Se coucher sans pouvoir dormir est le tissu existentiel des hommes et des femmes dont le quotidien est privé d’horizons.

    L’essor des sociétés par la prolifération des industries de la vente du sommeil, est la trace du stérile. Sans rêves, pas d’enfantement d’hommes travaillant au changement et au progrès du monde. Le commerce du sommeil me semble être le fait des sociétés frappées par une incapacité de passer vers les ailleurs. Les ailleurs enfantent des nouveaux horizons donnant à l’homme l’occasion de se reposer. Le repos n’est tel que s’il est l’instant à partir duquel, un peuple jette un regard neuf sur lui et sur le monde. Ainsi, si la femme ne donne pas à se reposer, elle inféconde l’histoire et stérilise l’histoire. Le propre d’une culture de la vente du sommeil n’est pas seulement dans son incapacité à enfanter un nouvel ordre de l’agir social, il y a encore plus, elle brouille les horizons.

    Une société aux horizons brouillés se caractérise par un chômage massif qui fait de la débrouillardise, l’action sociale par excellence. Notre destinée sociale est inséparable de la qualité de gestion de notre capacité à dormir et à se reposer. Faire de la virginité, le lit de fécondation des rêves dans le monde, c’est repenser la femme dans son essence. La société des hôtels, des motels, des appartements meublés, société des assoupissements ne peut que sanctifier les femelles à défaut de célébrer la femme. Dans une culture à l’économie des hôtels, des motels et des appartements meublés, la femme est réduite à un objet de divertissement et non en sanctuaire de contemplation. Un univers truffé d’hôtels, de motels et d’appartements meublés, est un univers sans beauté. La consommation du laid existentiel évacue la capacité de se re-poser, de rêver à partir des nouveaux horizons nés de la contemplation du grand mystère qu’est la femme.

    Si la virginité est beauté des choses à l’origine, la femme en est l’œuvre d’art, c’est-à-dire le sanctuaire des nouvelles organisations de sens dans le monde. Orientaliser la vision de l’homme consiste donc à faire de son monde, le monde de la vie. Ce monde est alors la demeure de la rencontre entre le tressaillement et l’exultation des ventres. Les hôtels, les motels et les appartements meublés peuvent-ils se donner comme des lieux qui portent des peuples à l’étonnement devant l’épiphanie du beau ? Que nenni ! La stratégie du ciel enfermé entre quatre murs, liquide en nous la passion pour l’adoration et la contemplation.

    La prolifération des industries de vente du sommeil ne peut qu’enfanter les Cynthia FIANGAN. Celle-ci n’est que la proie d’un vaste syndicat des bouffeurs de l’immaculée virginité. Un peuple prédateur de son sanctuaire qu’est la femme, est un peuple qui a pour politique existentielle, le grand appétit de se mentir à soi-même. C’est le trafic de l’immaculée virginité qui produit une société du laid mental qu’incarne une géographie du désordre urbain. Sans appétit esthétique, les chambres closes font des faux idéaux, de la frelation des imaginaires, la marche du sens construisant une histoire sans histoire.

    La libération de l’Afrique pose une exigence : sortir des intelligences du jouissif et faire du rêve, le champ d’organisation du jouissif intellectuel. À ce défaut, nous serons ces peuples dont le faire fête ne sera pour nous qu’une défête existentielle. Partout où prospèrent l’économie de la vente du sommeil, la virginité est violée. L’industrie du commerce du sommeil est la carte d’identité d’une société de bouffeurs de sexe. Ici, l’assomption ne peut pas assumer la femme.

  • Résolution du «Contentieux historique Cameroun – France»

    Résolution du «Contentieux historique Cameroun – France»

    Après quelques semaines de recul, que peut-on retenir de la visite du président français Emmanuel Macron au Cameroun ?

    Cette visite de 2 jours au mois de juillet 2022, s’est déroulée dans un contexte difficile pour la France qui voit son influence s’éroder dans ses anciennes colonies africaines. Ce pays fait face désormais, sur les plans économique, politique et militaire, à une offensive agressive de certains pays tels que la Chine, etc. Une France visiblement aux abois, du fait des retombées financières imprévisibles dues à la guerre ukraino-russe, qui tente tant bien que mal, de sauver ce qui reste de ses acquis dans ses anciennes colonies et territoire sous tutelle, tel le Cameroun.

    Alors que des voix se lèvent de par le monde afin que la France reconnaisse enfin ses exactions au Cameroun, le président Macron, en visite à Yaoundé, tout comme son prédécesseur François Hollande, 7 ans plus tôt, s’est senti obligé de faire une petite sortie pour demander à des historiens de «faire la lumière» sur l’action de la France au Cameroun pendant la colonisation et après l’indépendance de ce pays.

    Le président français a parlé d’ouvrir «en totalité» des archives françaises sur des «moments douloureux» et «tragiques» : «Je souhaite que nous puissions avoir et lancer ensemble un travail conjoint d’historiens camerounais et français. Je prends ici l’engagement solennel d’ouvrir nos archives en totalité à ce groupe d’historiens qui nous permettront d’éclairer ce passé», a-t-il dit. «Il convient d’établir factuellement des responsabilités».

    On retient ainsi du président Macron une sortie laconique avec une promesse de mise sur pied d’une commission avec ouverture des archives, et les responsabilités historiques partagées entre Français et Camerounais pendant cette époque abominable de la vie du Cameroun.

    Nous osons croire ici, qu’il s’agit, enfin, d’un engagement sérieux, et non d’une promesse fallacieuse et circonstancielle dont la France a le secret en ce qui concerne ce domaine sensible et douloureux. Il faut dire, qu’il y a encore quelques décennies, pas grand monde, pour ne pas dire personne, ne parlait d’un «Contentieux Historique Cameroun-France». Évoquer ce sujet à cette époque, revenait à mettre de façon certaine sa vie en péril, tellement les enjeux étaient colossaux. À titre de rappel, cette notion du «Contentieux historique franco-camerounais» est évoquée pour la première fois, à la page 33 du chapitre 1: Aux racines du mal camerounais, de l’ouvrage, «L’UPC face au marasme camerounais, l’esprit d’avril à la rescousse !» de Daniel Yagnye Tom, publié aux éditions L’Harmattan en 2004.

    Heureusement, les temps changent, et l’un des acquis incontestables du passage du président Macron dans notre pays, reste sans aucun doute l’intérêt de plus en plus croissant des Camerounais pour le règlement du «Contentieux Historique Cameroun – France». Un règlement qui touche les aspects historiques, culturels, économiques et financiers.

    Au-delà d’une hypothétique et très peu probable volonté politique française :

    • De quoi va dépendre véritablement cette solution?

    • Que faire aujourd’hui face à ce chapitre lié aux atrocités commises par la France et ses mains agissantes camerounaises contre les nationalistes UPCistes, lors de leur héroïque épopée pour l’indépendance du Cameroun ?

    Notre sinistre histoire avec la France débute en 1916, en pleine guerre avec l’Allemagne, quand la France prend pied au Kamerun, qui devient ainsi de force un «Territoire sous mandat «accordé à la France par la Société Des Nations.

    Il faudrait dire que pendant le séjour de Macron, la date cruciale du 27 août 1940 n’a pas été évoquée, il s’agit d’une omission grave et malheureuse qui satisfait l’amnésie volontaire de la France :

    • Sur les événements de Douala,

    • La naissance de la France Libre,

    • Les promesses non tenues du Général Charles de Gaulle et du maréchal Philippe Leclerc.

    Il reste et demeure puéril d’imaginer un engouement de la France à révéler le jeu pervers auxquels se sont livrés ses «grands noms» tels que le général De Gaulle, Le maréchal Leclerc, le capitaine Laquintinie entres autres, dans la mascarade, le mensonge et la fourberie criminelle vis-à-vis des nationalistes camerounais allés à la rescousse d’une France totalement laminée et humiliée par les nazis lors de la Deuxième Guerre Mondiale.

    Une affaire nationale avant tout !
    Que dire de l’attitude du Cameroun et de sa classe dirigeante héritière de cet odieux et hideux système colonial français! Système qui, dès 1960, a volontairement pactisé avec cette France criminelle au point de faire de véritables patriotes, des parias dans leurs propres pays?

    Est-il raisonnable et éthique d’exiger plus d’un dirigeant français, lorsque les dirigeants camerounais eux-mêmes ont délibérément décidé d’occulter cette tragédie? Le peuple camerounais, pour la majorité, est ignorant de l’héroïsme dont ont fait preuve ses générations précédentes dans la lutte pour l’indépendance de leur pays. Dans ses adresses de chaque 31 Décembre au peuple camerounais, pendant 40 ans de règne, le président Biya n’a jamais fait allusion aux noms et aux sacrifices des nationalistes pour le 1er janvier 1960. Il est inimaginable et scandaleux de voir en 2022, des noms tels ceux de Laquintinie, Leclerc, De Gaulle, être magnifiés au Cameroun, pendant que les noms de vrais nationalistes sombrent dans l’oubli de la mémoire historique collective.

    Oui, Emmanuel Macron a raison de parler de responsabilités partagées, mais la France ne saurait se dérober de sa responsabilité personnelle au niveau de ses atrocités, (utilisation du napalm, massacres, exactions…). Je reprends ici les propos de notre lettre à Emmanuel Macron de juillet 2022 où il ne saurait ignorer que : «des rivières de sang» furent versées de façons méthodiques et systématiques, pour le seul compte des intérêts de la France, par des esprits pervers et retors. Cette hégémonie inique et violente, commanditée par ses prédécesseurs, dure jusqu’à ce jour sous forme de conventions, de manipulations, de tripatouillages, de passe-droits sous toutes ses formes, au grand désespoir d’une partie importante de la population camerounaise. Cette histoire dont les traces ont été méticuleusement effacées de la mémoire collective, ampute ainsi les Camerounais d’un pan fondamental de son sinistre patrimoine historique, dont la France a le rôle clé»

    Le règlement du «Contentieux Historique Cameroun- France» va aussi faire ressortir le rôle d’un Cameroun peu glorieux. «Le sang des martyrs camerounais» qui a coulé continue de réclamer «Justice». Reconnaître la lutte acharnée de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) pour la conquête de l’indépendance camerounaise, va permettre d’honorer ses nombreux martyrs. Le règlement de ce contentieux va permettre de transmettre aux générations actuelles et futures, l’amour de leur pays, le patriotisme, et les sacrifices inouïs de leurs aînés dont l’histoire n’existe pas de façon officielle!
    En un mot, il s’agit pour nous, de faire face à notre sombre histoire avec courage et esprit de pardon, afin de pouvoir amorcer le chemin d’une véritable réconciliation nationale.

    De la nécessité d’une commission !
    La recherche commune de la solution du «Contentieux Historique» doit être l’un des piliers de notre Unité Nationale. Une Commission Nationale composée d’historiens, d’autres personnalités intègres et crédibles, est nécessaire voire indispensable aujourd’hui dans notre pays.
    L’objectif de cette commission :

    • Connaître, assumer et valoriser enfin notre Histoire réelle.

    • Mettre en place une véritable réconciliation nationale.

    • Amener la France à reconnaître et à assumer son passé dans notre pays ;

    • La lutte contre le tribalisme, le repli identitaire, et les discriminations en tous genres.

    • Poser les bases de la solution du Contentieux historique national.

    L’UPC: «un front uni pour un rayonnement nouveau» !
    La guerre de l’armée française contre notre population avait pour principal objectif, la création d’un état camerounais entièrement acquis à la France. L’UPC, parti historique architecte de l’indépendance, a payé le tribut le plus lourd. De façon systématique et scientifique, la répression contre les UPCistes a réussi à effacer l’esprit conquérant du 10 avril 1948 avec la naissance de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) pour l’obtention de l’indépendance. Avec ses épisodes tragiques des années 1950 à 1970. Épisodes où des centaines de milliers de militants et sympathisants du parti historique «UPC», Union des Populations du Cameroun, furent à cause d’un idéal de justice pour leur pays, pourchassés, assassinés, décimés avec méthode. Nous pouvons affirmer ici qu’il s’agit de l’une des véritables racines du «Contentieux Historique Cameroun – France»

    Le système politique camerounais ayant pris le relai, dès 1960, a méticuleusement perpétué l’œuvre du colon, sous son onction. A défaut de la voir disparaitre, l’UPC a été en grande partie vidée de sa substance idéologique pour devenir un parti présentant à l’heure actuelle, un visage pitoyable «émietté» en plusieurs entités, incapables de parler d’une seule et unique voix. L’UPC a assez souffert de son patriotisme, avec ses enfants déchiquetés, exilés par des systèmes dirigés de mains de fer d’Amadou Ahidjo et Paul Biya, à savoir broyer définitivement l’esprit nationaliste et patriotique du mythique parti UPC.

    À cet égard, il est primordial de réunir la grande famille UPCiste, toutes tendances confondues pour prétendre bénéficier d’une légitime reconnaissance lors de la résolution du «Contentieux Historique Cameroun – France». L’UPC, unie va être le moteur indispensable dans ce vaste chantier de la reconstruction nationale. Pour ce faire, La sagesse africaine nous enseigne que « lorsque tu ne sais pas faire, regardes ce que fait ton voisin ». Il serait judicieux de se tourner vers les patriotes sud-africains avec la création de leur «ANC» avec un type d’organisation et un mode de fonctionnement constituée de plusieurs dizaines d’associations civiles, d’organisations politiques, syndicales dont le Parti communiste sud-africain.
    L’UPC peut rester «plurielle» tout en étant unie et avoir pleine conscience de sa légitimité historique pour gouverner seule ou avec d’autres, un Cameroun réconcilié avec son histoire, un Cameroun nouveau.

    Dr Daniel Yagnye Tom
    Président de l’Alliance Patriotique et
    Représentant spécial de l’UPC en Afrique centrale et australe.

  • Résolution du «contentieux historique Cameroun-France».

    Résolution du «contentieux historique Cameroun-France».

    Après quelques semaines de recul,  que peut-on retenir de la visite du président français Emmanuel Macron  au Cameroun ?

    Daniel Yagnyè Tom

    Cette visite de 02 jours au mois de juillet 2022, s’est déroulée dans un contexte difficile pour la France qui voit son influence s’éroder dans ses anciennes colonies africaines. Ce pays fait face désormais, sur les plans économique, politique et militaire, à une offensive agressive de certains pays tels que  la Chine, etc. Une France visiblement aux abois, du fait des retombées financières imprévisibles dues à la guerre Ukraino-Russe, qui tente tant bien que mal, de sauver ce qui reste de ses acquis dans ses anciennes colonies et territoire sous tutelle, tel le Cameroun.

    Alors que des voix se lèvent de par le monde afin que la France reconnaisse enfin ses exactions au Cameroun, le président Macron, en visite à Yaoundé, tout comme son prédécesseur François Hollande, 07 ans plus tôt, s’est senti obligé de faire une petite sortie pour demander à des historiens de « faire la lumière » sur l’action de la France au Cameroun pendant la colonisation et après l’indépendance de ce pays. Le président français a parlé d’ouvrir « en totalité » des archives françaises sur des « moments douloureux » et « tragiques » : «Je souhaite que nous puissions avoir et lancer ensemble un travail conjoint d’historiens camerounais et français. Je prends ici l’engagement solennel d’ouvrir nos archives en totalité à ce groupe d’historiens qui nous permettront d’éclairer ce passé », a-t-il dit. « Il convient d’établir factuellement » des « responsabilités ».

    On retient ainsi du président  Macron une sortie laconique avec une promesse de mise sur pied d’une commission avec ouverture des archives, et les responsabilités historiques partagées entre français et camerounais pendant cette époque abominable de la vie du Cameroun. Nous osons croire ici, qu’il s’agit, enfin, d’un engagement sérieux, et non d’une promesse fallacieuse et circonstancielle dont la France a le secret en ce qui concerne ce domaine sensible et douloureux.  Il faut dire, qu’il y a encore quelques décennies, pas grand monde, pour ne pas dire personne, ne parlait d’un « Contentieux Historique Cameroun-  France ». Evoquer ce sujet à cette époque, revenait à mettre de façon certaine sa vie en péril, tellement les enjeux étaient colossaux.   A titre de rappel, cette notion du « Contentieux historique franco-camerounais » est évoquée pour la première fois, à la page 33 du chapitre 1: Aux racines du mal camerounais, de l’ouvrage,  » L’UPC face au marasme camerounais, l’esprit d’avril à la rescousse !  » de Daniel YAGNYE TOM. Ouvrage publié aux éditions l’Harmattan en 2004.

    Heureusement, les temps changent, et  l’un des acquis incontestables du passage du président Macron dans notre pays, reste sans aucun doute l’intérêt de plus en plus croissant des camerounais pour le règlement du « Contentieux Historique Cameroun – France ». Un règlement qui touche les aspects historiques, culturels, économiques et financiers.

    Au delà d’une hypothétique et très peu probable volonté politique française :

    • De quoi va dépendre véritablement cette solution ?
    • Que faire aujourd’hui face à ce chapitre lié aux atrocités commises par la France et ses mains agissantes camerounaises contre les nationalistes UPCistes, lors de leur héroïque épopée pour l’indépendance du Cameroun ?

    Notre sinistre histoire avec la France débute en 1916, en pleine guerre avec l’Allemagne, quand la France prend pied au Kamerun, qui devient ainsi de force un « Territoire sous mandat « accordé à la France par la Société Des Nations.

    Il faudrait dire que pendant le séjour de Macron, la date  cruciale du 27 Août 1940  n’a pas été évoquée, il s’agit d’une omission grave et malheureuse qui satisfait l’amnésie volontaire de la France :

    • Sur les événements de Douala,
    • La naissance de la France Libre,
    • Les promesses non tenues du Général Charles de Gaulle et du maréchal Philippe Leclerc.

    Il reste et demeure puéril d’imaginer un engouement de la France à révéler le jeu pervers auxquels se sont livrés ses « grands noms » tels que le général De Gaulle, Le maréchal Leclerc, le capitaine Laquintinie  entres autres, dans la mascarade, le mensonge et la fourberie criminelle vis-à-vis des nationalistes camerounais allés à la rescousse d’une France totalement laminée et humiliée par les nazis lors de la 2ème guerre mondiale.

    Une affaire nationale avant tout!

    Que dire de l’attitude du Cameroun et de sa classe dirigeante héritière de cet odieux et hideux système colonial français ! Système qui, dès 1960, a volontairement pactisé avec cette France criminelle au point de faire de véritables patriotes, des parias dans leurs propres pays ?

    Est-il raisonnable  et éthique d’exiger plus d’un dirigeant français, lorsque les dirigeants camerounais eux-mêmes ont délibérément décidé d’occulter cette tragédie ? Le peuple camerounais, pour la majorité, est ignorant de l’héroïsme dont ont fait preuve ses générations précédentes dans la lutte pour l’indépendance de leur pays. Dans ses adresses de chaque 31 Décembre au peuple camerounais, pendant 40 ans de règne, le président Biya n’a jamais fait allusion aux noms et aux sacrifices des nationalistes pour le 1 er Janvier 1960.Il est inimaginable et scandaleux de voir en 2022, des noms tels ceux de Laquintinie, Leclerc, De Gaulle, être magnifiés au Cameroun, pendant que les noms de vrais nationalistes sombrent dans l’oubli de la mémoire historique collective.

    Oui, Emmanuel Macron a raison de  parler de responsabilités partagées, mais la France ne saurait se dérober de sa responsabilité personnelle au niveau de ses atrocités, (utilisation du napalm, massacres, exactions…). Je reprends ici les propos de notre lettre à Emmanuel Macron du juillet 2022 où il ne saurait ignorer que : « des rivières de sang » furent versées de façons méthodiques et systématiques, pour le seul compte des intérêts de la France, par des esprits pervers et retors.  Cette hégémonie inique et violente, commanditée par ses prédécesseurs, dure jusqu’à ce jour sous forme de conventions, de manipulations, de tripatouillages, de passe-droits sous toutes ses formes, au grand désespoir d’une partie importante de la population camerounaise. Cette histoire dont les traces ont été méticuleusement effacées de la mémoire collective, ampute ainsi les Camerounais d’un pan fondamental de son sinistre patrimoine historique, dont la France a le rôle clé »

    Le règlement du « Contentieux Historique Cameroun-  France » va aussi faire ressortir le rôle d’un Cameroun peu glorieux. « Le sang des martyrs camerounais » qui a coulé continue de réclamer « Justice ».  Reconnaître la lutte acharnée de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) pour la conquête de l’indépendance camerounaise, va permettre d’honorer ses nombreux martyrs. Le règlement de ce contentieux va permettre de  transmettre aux générations actuelles et futures, l’amour de leur pays, le patriotisme, et les sacrifices inouïs de leurs aînés dont l’histoire n’existe pas de façon officielle !

    En un mot, il s’agit pour nous, de faire face à notre sombre histoire avec courage et esprit de pardon, afin de pouvoir amorcer le chemin d’une véritable réconciliation nationale.

    De la nécessité d’une commission!

    La recherche commune de la solution du « Contentieux Historique » doit  être l’un des piliers de notre Unité Nationale. Une Commission Nationale composée d’historiens, d’autres personnalités intègres et crédibles, est nécessaire voire indispensable aujourd’hui dans notre pays.

    L’objectif de cette commission :

    • Connaître, assumer et valoriser enfin notre Histoire réelle.
    • Mettre en place une véritable réconciliation nationale.
    • Amener la France à reconnaître et à assumer son passé dans notre pays ;
    • La lutte contre le tribalisme, le repli identitaire, et les discriminations en tous genres.
    • Poser les bases de la solution du Contentieux historique national.

    L’UPC : «Un Front uni pour un rayonnement nouveau» !

    La guerre de l’armée française contre notre population avait pour principal objectif, la création d’un état camerounais entièrement acquis à la France. L’UPC, parti historique architecte de l’indépendance, a payé le tribu le plus lourd. De façon systématique et scientifique, la répression contre les UPCistes a réussi à effacer l’esprit conquérant du 10 avril 1948 avec la naissance de l’Union des Populations du Cameroun (UPC)  pour l’obtention de  l’indépendance.  Avec ses épisodes tragiques des années 1950 à 1970. Episodes où des centaines de milliers de militants et sympathisants du parti historique « UPC », Union des Populations du Cameroun, furent à cause d’un idéal de justice pour leur pays, pourchassés, assassinés, décimés avec méthode. Nous pouvons affirmer ici qu’il s’agit de l’une des véritables racines du «Contentieux Historique Cameroun – France»

    Le système politique camerounais ayant pris le relai, dès 1960,  a méticuleusement perpétué l’œuvre du colon, sous son onction. A défaut de la voir disparaitre, l’UPC a été en grande partie vidée de sa substance idéologique pour devenir un parti présentant à l’heure actuelle, un visage  pitoyable « émietté » en plusieurs entités, incapables de parler d’une seule et unique voix. L’UPC a assez souffert de son patriotisme, avec ses enfants déchiquetés, exilés par des systèmes dirigés de mains de fer d’Amadou Ahidjo et Paul Biya, à savoir broyer définitivement l’esprit nationaliste et patriotique du mythique parti UPC.

    A cet égard, il est primordial de réunir la grande famille UPCiste, toutes tendances confondues pour prétendre bénéficier d’une légitime reconnaissance lors de la résolution du « Contentieux Historique Cameroun – France ». L’UPC, unie va être le moteur indispensable dans ce vaste chantier de la reconstruction nationale. Pour ce faire, La sagesse africaine nous enseigne que « lorsque tu ne sais pas faire, regardes ce que fait ton voisin« .  Il serait judicieux de se tourner vers les patriotes sud-africains avec la création de leur « ANC » avec un type d’organisation et un mode de fonctionnement  constituée de plusieurs dizaines d’associations civiles, d’organisations politiques, syndicales dont le Parti communiste sud-africain.

    L’UPC peut rester « plurielle » tout en étant unie  et avoir pleine conscience de sa légitimité historique pour  gouverner seule ou avec d’autres, un Cameroun réconcilié avec son histoire, un Cameroun nouveau.

      

    Dr Daniel YAGNYE TOM

    Président de l’Alliance Patriotique et

    Représentant spécial de l’UPC

    En Afrique Centrale

    Et Australe.

  • «Le CADIF bénéficie de l’appui du Minpostel et de l’onction du chef de l’État»

    «Le CADIF bénéficie de l’appui du Minpostel et de l’onction du chef de l’État»

    Le CADIF que nous voulons organiser se situe dans le même sillage, avec une volonté particulière de contribuer à l’essor de l’économie numérique au Cameroun et de l’Afrique centrale. Car, nous avons constaté que les mêmes problèmes concernant la révolution numérique, se posent de manière identique dans tous les pays de la Cemac.

    Jean Calvin Mengoumou Ayissi

    Le directeur de publication du tabloïd: Le Reporter Indépendant et CEO du Cabinet Consulting Opportunities In Africa, fait le point des préparatifs du Salon du numérique de l’Afrique centrale (CADIF 2022).

     

    Qu’entendez-vous par Salon du numérique et d’où vous est venue l’idée d’en faire une, à l’échelle de l’Afrique centrale?
    Tout d’abord, je tiens à dire que j’agis ici en ma qualité de CEO du Cabinet Consulting Opportunities In Africa, organisateur du CADIF 2022. Et il s’agit bien d’un salon qui est différent d’une foire: Central Africa Digital Fair (CADIF 2022).

    A) J’entends par salon du numérique, une plateforme qui regroupe exclusivement les acteurs qui interviennent dans le domaine du numérique.

    B) Il faut d’abord souligner que l’une des activités de notre cabinet est l’organisation des salons et conférences de haut niveau. Et à cet effet, nous ne sommes pas à notre première expérience. Nous avons à notre actif organisé plusieurs salons à l’international avec la participation au niveau du Cameroun, de certaines administrations à l’instar du Minepat, le Ministère du Tourisme et des Loisirs, le PAK, le PAD.
    Plus récemment, sous le très haut patronage du chef de l’État du Cameroun, en Mai 2021, nous avons organisé un salon relatif au vingtième anniversaire de l’avenue de la téléphonie mobile au Cameroun, sous l’égide du Minpostel; avec pour point d’orgue, la tenue d’une conférence de haut niveau, qui a regroupé tous les acteurs nationaux et certains experts venus d’ailleurs, de la téléphonie mobile.

    Le CADIF que nous voulons organiser se situe dans le même sillage, avec une volonté particulière de contribuer à l’essor de l’économie numérique au Cameroun et de l’Afrique centrale. Car, nous avons constaté que les mêmes problèmes concernant la révolution numérique, se posent de manière identique dans tous les pays de la Cemac. Ceci tenant lieu du fait que, lorsque ces différents États définissaient leur cap pour l’émergence, les données liées à l’économie numérique n’avaient pas été prises en compte, car mal connues de nos décideurs.

    Mais aujourd’hui, la chevauchée de l’informatique nous impose sa prise en compte dans nos différents plans de développement, au regard de son effet disruptif sur tous les secteurs d’activité et de l’économie en général. Ainsi donc, nous avons jugé opportun d’initier une plateforme de réflexion commune à tous les six pays de la Cemac, afin d’aboutir aux résolutions plus consensuelles, gage d’une intégration sous-régionale plus harmonieuse. D’où la tenue d’une conférence, au cours de ce salon, avec pour thème : La contribution de l’économie numérique à l’émergence du Cameroun et de l’Afrique centrale.

    L’événement s’annonce à un moment où les pays de l’Afrique centrale, à travers le Centrale Africa Backbone, sont lancés dans un grand projet intégrateur d’interconnexion. Vous situez-vous dans ce sillage ou avez-vous un autre regard?
    Effectivement, le central Africa Backbone, vient résoudre l’un des problèmes majeurs qui constituent un point d’achoppement pour l’intégration sous-régionale. Vous convenez avec moi que les raisons citées plus haut sont en parfaite harmonie avec ce projet.

    Quels sont au final les enjeux, les objectifs globaux et spécifiques de cet événement qui en est à sa première édition?
    Les objectifs globaux sont : Réunir les experts nationaux et internationaux de haut niveau pour mener la réflexion et formuler des propositions concrètes pour mieux capitaliser l’impact de l’économie numérique sur le développement économique en général, afin d’impulser et accélérer l’émergence du Cameroun et de la Sous-région Afrique centrale.

    Les objectifs spécifiques sont: d’évaluer les avancées du Cameroun et de la Sous-région en matière de développement de l’économie numérique; d’identifier les obstacles au développement de l’économie numérique au Cameroun (sur le plan institutionnel, réglementaire, infrastructurel, et financier); d’identifier les leviers et les besoins dans ce domaine (sur le plan institutionnel, réglementaire, infrastructurel, et financier); d’identifier les sources de financements; et de développer les partenariats publics privés en vue de faciliter le développement de l’économie numérique.

    Quel en sera le format, en termes de lieu, date, durée, profils attendus, nombre de participants, et déclinaison (en ligne ou en présentiel)?
    Généralement, nos salons durent 3 jours. Ce sera du 23 au 25 novembre 2022 à l’hôtel Hilton de Yaoundé. Nous attendons comme participants, 600 personnes et plus de 50 000 visiteurs. Nous invitons par conséquent, tous les acteurs du secteur public des télécommunications et du numérique, les sociétés privées de téléphonie mobile, les fournisseurs d’accès, les développeurs de solutions, Start up, les institutions de formation, les universitaires, les journalistes, les économistes, les experts en numérique, les hommes d’affaires, les banques, etc.

    Un Salon numérique, qu’est-ce qu’il peut avoir comme attractions? Qu’est-ce qui est prévu au programme et en quoi est-ce que vous innoverez?
    Dans un salon du numérique, on trouve toutes les innovations dans le domaine du numérique, qui reflètent le niveau d’ingénierie des exposants. C’est un lieu par excellence où les contacts peuvent se nouer entre les porteurs de projets et les différents investisseurs ou financeurs. Pour les apprenants, c’est le lieu de se frotter au monde professionnel. Pour les professionnels, une opportunité de mieux promouvoir leurs différents produits. Pour les administrations, une occasion d’édifier le public davantage sur les différents changements opérés en matière de digitalisation des services…

    Nous avons prévu, pour cette édition, la mise sur pied d’un espace d’expositions en village High Tech, avec la participation outre du Cameroun, des délégations du Gabon, du Tchad, de la RCA, de la Guinée équatoriale et du Congo.

    L’organisation d’une conférence de haut niveau avec les experts nationaux et internationaux, pour débattre sur les 8 thématiques qui vont meubler cette partie.

    Nous avons prévu des soirées de réseautage, entre certains de nos partenaires selon leur degré de participation. À la fin, il y aura une soirée de gala, pour dire au revoir aux différentes délégations venues participer au salon, avec la remise des trophées et des parchemins.

    Mais le nec plus ultra, ce sont les résolutions issues des cogitations qui seront transmises aux différents gouvernements pour des éventuelles prises en compte lors de la mise en œuvre des différents plans de structuration du champ numérique en Afrique centrale.

    Vous visez la sous-région Afrique centrale, mais comment entendez-vous impliquer et intéresser les autres pays?
    L’implication des différents pays de la sous-région se fait par voies diplomatiques.

    De quels partenariats bénéficiez-vous jusqu’ici?
    Nous bénéficions de l’appui institutionnel que nous offre le Ministère des Postes et Télécommunications du Cameroun et surtout, de l’onction du Chef de l’État du Cameroun, Son Excellence Paul Biya à travers son Très Haut Patronage.

    Où en sont les préparatifs et quels seront les conditions pour y participer?
    Les préparatifs vont bon train; nous sommes à la phase de mobilisations des différents participants et surtout en train de tout faire une fois de plus, pour mériter la confiance du chef de l’État du Cameroun.

    Vous en êtes pour l’instant à vous consacrer à relever le défi de l’organisation de la première édition, mais avez-vous déjà une vision claire à long terme ? Autrement dit, quelles sont vos perspectives ?
    Bien évidemment, nous comptons pérenniser ce salon et assurer la rotation dans d’autres pays, avec d’autres thématiques.

    Interview menée par Théodore Ayissi Ayissi

  • Une fois de plus, le petit Macron s’est permis de mal parler aux Africains

    Une fois de plus, le petit Macron s’est permis de mal parler aux Africains

    Au cours de la conférence de presse animée le 26 juillet 2022 avec le président camerounais, Emmanuel Macron ne s’est pas privé de tancer les dirigeants africains. Ces derniers, selon lui, ont été incapables de dire que la Russie a agressé et envahi l’Ukraine.

    Pour mémoire, les dirigeants européens n’avaient pas du tout apprécié le fait que plusieurs pays africains se soient abstenus de voter la résolution condamnant la Russie.

    Si Macron était un tant soit peu intelligent, il comprendrait que l’abstention des pays africains portait 4 messages : 1) la Russie avait raison de se défendre contre l’Otan qui progressivement était en train de l’encercler; 2) la guerre oppose la Russie non pas à l’Ukraine mais à l’Otan; 3) l’agression de la Libye et l’assassinat de Kadhafi par les forces de l’Otan en 2011 avaient-ils choqué l’Occident ? 4) Sarkozy, Cameron, Bernard-Henri Levy et autres criminels ont-ils jamais été jugés et sanctionnés pour cela ? Traiter les présidents africains d’hypocrites et de couards parce qu’ils ont refusé de suivre bêtement l’Occident dans une guerre qui n’est pas la leur, c’est être complètement à côté de la plaque.

    Macron et ses pairs européens gagneraient plutôt à se remettre en cause, à revoir leur rapport aux peuples qui ont une autre manière de penser et d’agir. Ils gagneraient surtout à se défaire du manteau de l’arrogance et de la convoitise de ce qui ne leur appartient pas. Cela me paraît plus efficace que diaboliser constamment la Russie et mettre les Africains en garde contre ce pays qui n’a jamais eu de colonie en Afrique.

    Quant à nous, est-il nécessaire que nous arrêtions nos activités pour accueillir, sous le soleil ou sous la pluie, quelqu’un qui va nous donner des leçons ?

    Jean Claude Djereke

  • Ruben Um Nyobè, assassiné par la France parce qu’il voulait un Cameroun libre et souverain

    Ruben Um Nyobè, assassiné par la France parce qu’il voulait un Cameroun libre et souverain

    C’est l’attitude du gouvernement français qui va jeter Um dans les bras de la violence. Le 13 juin 1955, en effet, non seulement l’UPC est interdite par le gouvernement français, mais ses dirigeants commencent à être traqués. Um prend alors le maquis où il crée, le 2 décembre 1956, une armée dénommée Comité national d’organisation (CNO). Cette armée est dirigée par Isaac Nyobè Pandjok, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale.

    Ruben Um Nyobè

    Certes, prononcer son nom n’est plus chose interdite puisque la loi camerounaise n° 91/022 du 16 décembre 1991 le réhabilita, dissipant tout préjugé négatif qui entourait son histoire et sa biographie mais, jusqu’à ce jour, seul un monument fait penser à lui. Inauguré le 22 juin 2007, ce monument, que l’on doit au pasteur Samuel Bikoi 2, ancien maire d’Éseka, représente l’arrivée de Ruben Um Nyobe à la gare d’Eseka en 1952 après son voyage à New York où il avait fait une poignante déclaration à la tribune de l’Onu.

    Les gens d’Éseka et des autres villes du Cameroun estiment qu’il faudrait plus qu’un monument pour rendre hommage à Um. Selon eux, il est, par exemple, nécessaire que son nom soit donné à des rues, avenues, boulevards, stades, écoles et collèges, que le gouvernement s’occupe matériellement et financièrement de sa famille, que disparaisse la peur de parler de lui. Car beaucoup de Camerounais ont encore du mal à discuter librement de sa vie et de sa mort. Même ses deux veuves, Marie Ngo Njock et Marthe Ngo Mayack, n’osent pas raconter ce qu’elles ont vécu avec leur mari. Pourquoi Um Nyobè mérite-t-il d’être davantage reconnu et connu ? Parce qu’il œuvra “pour la naissance du sentiment national, l’indépendance du pays, le rayonnement de son histoire et de sa culture”, parce qu’il se sacrifia pour le Cameroun.

    Point de départ
    En 1913, année de la naissance de Um, le Cameroun est encore sous occupation allemande. À la fin de la Première Guerre mondiale, une partie du pays est confiée à la France et l’autre à l’Angleterre. Um Nyobè fréquente les écoles presbytériennes situées dans la partie occupée par la France. Fin 1930, il s’engage dans la Jeunesse camerounaise française, une organisation que l’administration française avait créée pour faire pièce à la propagande nazie…

    En 1945, il milite dans le Cercle d’études marxistes fondé par l’instituteur et syndicaliste français Gaston Donnat. Ce cercle, qui façonna la plupart des nationalistes camerounais, combattait à la fois le nazisme, le racisme et le colonialisme. Sa formation achevée, Um travaille, d’abord, dans les finances, puis dans l’administration judiciaire. C’est pendant cette période qu’il intègre l’Union des syndicats confédérés du Cameroun (USCC) soutenue par la Confédération générale du travail (CGT). Le 18 octobre 1946, il est à Bamako (Mali) pour le premier congrès du Rassemblement démocratique africain (RDA) soutenu par le Parti communiste français. Il y représente l’USCC. De retour au Cameroun, il s’attelle, avec d’autres syndicalistes, à la création d’un parti politique. Ce parti verra le jour dans la nuit du 10 avril 1948, dans un café-bar de Douala, et s’appellera l’Union des populations du Cameroun. Um n’était pas présent, cette nuit-là.

    Choisi par ses pairs pour diriger le nouveau parti, Léopold Moumé Etia se désiste vite au profit de Um qui prend les commandes de l’UPC en novembre 1948. Bien que disposant de peu de moyens financiers, le parti lance trois journaux (« La Voix du Cameroun », « L’Étoile » et « Lumière »). Les thèmes, qui y sont régulièrement abordés, sont l’indépendance nationale, la réunification de l’ex-Kamerun allemand et la justice sociale. Um donne des conférences un peu partout dans le pays. À cette époque, que réclament les Camerounais ? Quelles sont leurs aspirations profondes ? Ce qui les préoccupe avant tout, c’est le cacao des paysans vendu moins cher que les produits importés d’Europe, le chômage qui ne cesse d’augmenter, l’insuffisance des hôpitaux et des écoles, les brutalités et travaux forcés auxquels sont soumises les populations, etc.

    Um Nyobè et les autres leaders politiques (Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié…) sont évidemment révoltés par cette situation. Tous veulent le changement mais ce qui distingue Um des autres, ce qui lui donne un certain avantage sur eux, c’est son expérience avec les syndicats qui militent pour l’égalité salariale entre travailleurs blancs et travailleurs noirs, contre les relations d’autorité entre l’administration française et les populations camerounaises. Comme le note Louis Ngongo, « au lieu de s’envoler dans des théories fumeuses de liberté, d’indépendance, le secrétaire général de l’UPC fait passer ses idées en assumant les préoccupations des manœuvres des villes et des paysans des brousses (cf. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, Paris, La Découverte, 2014).

    Mpodol
    Ces préoccupations, Um va les répercuter aussi loin que possible. Il devient ainsi « la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche » (Césaire), le chef incontesté du nationalisme camerounais. C’est de là que vient le surnom qui lui fut donné : celui qui porte la parole des siens (mpodol en bassa, la langue de Um). L’administration coloniale ne tarde pas à le dénigrer et à le diaboliser en le présentant comme un agent du communisme international. Mais Um résiste à cette campagne haineuse, tout comme il résiste au tribalisme, aux intégrismes religieux, à la discrimination envers les Blancs et à la violence.

    Tout en prônant des actions pacifiques (boycotts, grèves et manifestations pacifiques), Um affirme ne pas mettre les colonialistes français et le peuple de France dans le même sac. Parallèlement, il envoie des messages à l’Onu. Entre 1952 et 1954, à trois reprises, il y prend la parole pour « demander à l’organisation des Nations unies de trouver de véritables solutions qui permettront aux Camerounais d’accéder à leur indépendance dans un avenir raisonnable, c’est-à-dire le plus proche possible ». Ses revendications sont soutenues par l’Union soviétique, les pays d’Europe de l’Est et certains pays d’Amérique latine.

    Le 10 avril 1955, les vicaires apostoliques du Cameroun publient une lettre commune qui invite les fidèles catholiques à se tenir loin de la violence et de l’idéologie communiste de l’UPC. Um et Moumié leur répondent, 12 jours plus tard. D’une part, ils font remarquer que Graffin (Yaoundé), Bonneau (Douala), Bouque (Nkongsamba), Teerenstra (Doumé) et Plumey (Garoua) sont des imposteurs parce qu’ils n’arrivent pas à vivre l’Évangile qu’ils enseignent. D’autre part, ils les accusent d’être les complices du colonialisme oppresseur et du patronat français qui réalise de gros bénéfices sur le dos des Camerounais (cf. Louis Ngongo, ‘Histoire des forces religieuses au Cameroun. De la Première Guerre mondiale à l’indépendance’, Paris, Karthala, 1982).

    Lutte armée
    Ruben Um Nyobè était contre la violence et la lutte armée. C’était un combattant modéré et non extrémiste mais « il ne reste souvent à l’opprimé d’autre recours que d’utiliser les méthodes qui reflètent celles de l’oppresseur». Et Nelson Mandela d’ajouter: «Si l’opresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense» (cf. ‘Un long chemin vers la liberté’, Paris, Fayard, 1995). C’est l’attitude du gouvernement français qui va jeter Um dans les bras de la violence. Le 13 juin 1955, en effet, non seulement l’UPC est interdite par le gouvernement français mais ses dirigeants commencent à être traqués. Um prend alors le maquis où il crée, le 2 décembre 1956, une armée dénommée Comité national d’organisation (CNO).

    Cette armée est dirigée par Isaac Nyobè Pandjok, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale. Les élections législatives du 23 décembre 1956 sont remportées par le parti d’André-Marie Mbida. Celui-ci sera ensuite nommé Premier ministre de l’État autonome du Cameroun sous tutelle des Nations unies. Le scrutin n’avait pu se tenir dans la région d’Um Nyobè. Lorsque Pierre Messmer propose l’organisation d’une élection partielle afin que Ruben Um Nyobè puisse siéger à l’Assemblée, ce dernier pose des préalables, à savoir la légalisation de l’UPC, le vote d’une loi qui efface les condamnations, l’installation d’un comité national pour assurer la transition vers l’indépendance, la cession du poste de Premier ministre à Um Nyobè et une rencontre publique avec le haut-commissaire de la France au Cameroun.

    Lire plus :  Le Contentieux historique entre le Cameroun et la France

    Il dit la même chose à l’évêque de Douala, Mgr Thomas Mongo, qui avait tenté une médiation entre le pouvoir de Yaoundé et le leader charismatique de l’UPC. Mais la France rejette les préalables de l’UPC. Après plusieurs mois de traque, Um Nyobè est abattu par l’armée française, le 13 septembre 1958 dans la forêt où il se cachait, non loin de son village natal, Boumnyebel, dans le département du Nyong-et-Kellé. Son cadavre est traîné dans la boue, comme si on voulait l’humilier jusque dans la mort. On lui refuse une sépulture digne. Les historiens les plus sérieux soutiennent que la répression des nationalistes par les armées française, puis camerounaise fit, entre 1955 et 1964, des dizaines de milliers de morts, membres de l’UPC et civils confondus (cf. Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, ‘La Guerre du Cameroun. L’invention de la Françafrique’, Paris, La Découverte, 2016).

    Lire aussi : «Sauver le Cameroun» : Un geste bannière qui sonne faux

    En mai 2009, en visite officielle à Yaoundé, François Fillon, Premier ministre du voyou et inculte Sarkozy, se permit d’affirmer ceci : « Je dénie absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au Cameroun. Tout cela, c’est de la pure invention ! » C’est ce qu’on appelle ajouter l’arrogance et le mépris à la barbarie. Achille Mbembe, qui a contribué à faire connaître le juste combat de Ruben Um Nyobè, a souhaité au sommet Afrique-France de Montpellier (8 octobre 2021) que les Africains soient moins hargneux et plus indulgents vis-à-vis de la France parce que les lignes, d’après lui, bougeraient positivement dans la relation entre Paris et ses ex-colonies.

    Lire également : Restitution de notre patrimoine, fin de l’ingérence monétaire et nouvelle relation avec la France

    Feu Marcel Amondji pensait, lui, que la colonisation française ne sait pas s’arrêter. Est donc fausse l’idée selon laquelle la France a abandonné les coups tordus, l’immixtion dans nos affaires internes, le pillage de nos matières premières, le bashing et l’assassinat des Africains qui lui tiennent tête. Il faut être naïf ou de mauvaise foi pour croire que cette France s’est convertie au droit, à la justice, à la vérité et à l’humilité. Voilà pourquoi il serait imprudent de se fier aux paroles mielleuses que prononcera le jeune Macron au Cameroun, les 25 et 26 juillet 2022. Les Camerounais et les Africains en général doivent toujours exiger des excuses et des réparations pour les nombreux crimes de la France sur le continent.”

     

    Jean-Claude Djereke

  • Lettre de réforme à M. Emmanuel Macron, Président de la République Française

    Lettre de réforme à M. Emmanuel Macron, Président de la République Française

    Restitution de notre patrimoine, fin de l’ingérence monétaire et nouvelle relation avec la France

    Babissakana, ingénieur financier

    Monsieur le Président de la République Française,

    Nous saisissons l’opportunité que nous offre votre visite en terre Camerounaise pour porter à votre attention quelques sujets critiques dont le traitement efficient devrait réellement ouvrir la voie à la refondation d’une relation saine avec la France. Vous aviez à juste titre déclaré le 15 février 2017 à Alger en Algérie que : « La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes.» En effet, la colonisation avait induit entre autres, la destruction et/ou l’appropriation indue, illicite, abusive et condamnable par la France du patrimoine africain en général et camerounais en particulier. Parlant du patrimoine culturel africain, vous aviez déclaré le 28 novembre 2017 à l’université de Ouagadougou au Burkina Faso (https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-829-fr.pdf) : « Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. » Si vous êtes conséquents avec ces bonnes déclarations, les quatre (4) points ci-après vous sont soumis pour l’assainissement, la réparation et la rénovation de la relation entre le Cameroun et la France : (i) la reconnaissance de la destruction du patrimoine humain du Cameroun ; (ii) la restitution du patrimoine culturel Camerounais ; (iii) la restitution du patrimoine financier des Etats membres de la BEAC et (iv) l’arrêt de l’ingérence de la France dans l’union monétaire de l’Afrique Centrale.

     

    1. Reconnaissance par la France de la destruction du patrimoine humain du Cameroun 

    En violation de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée à Paris le 10 décembre 1948 (résolution 217 A (iii)) par l’Assemblée Générale des Nations Unies, la France avait mené au Cameroun une guerre très meurtrière contre les camerounais de l’Union des populations du Cameroun (UPC) de 1955 à 1971. Dans ce cadre, en dépit de l’article 3 de ladite Déclaration qui stipule que « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne », la France a assassiné le 13 septembre 1958 comme une bête sauvage le secrétaire général de l’UPC, Ruben Um Nyobè à l’âge de 45 ans. Le mouvement d’anéantissement du capital humain camerounais de premier plan s’est poursuivi notamment par l’assassinat de Félix Roland Moumié, le successeur de Ruben Um Nyobè le 15 octobre 1960 et de Ernest Ouandié, leader de l’UPC tué publiquement le 15 janvier 1971.

    La densité et l’ampleur de la destruction de notre patrimoine humain de cette période par la France sont établies et constatées par plusieurs auteurs français et camerounais. Ces constats privés reflètent partiellement l’intensité des crimes commis contre le leadership politique et plus largement la population du Cameroun. Les estimations sont données par : (i) Gilles Manceron dans « Marianne et les colonies » (2003) à plus de 100 000 morts de 1948 à 1960; (ii) Max Bardet et Nina Thellier dans « O.K. Cargo ! » (1988) entre 300 000 et 400 000 morts de 1962 à 1964; (iii) Ferdinand Chindji – Kouleu dans « Histoire cachée du Cameroun » (2006) à 2 000 000 de morts de 1955 à 1971 et Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa dans « Kamerun ! : une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971 » (2011) à des dizaines de milliers, peut-être davantage, de morts.

    Votre déclaration à Alger sur la colonisation rompt avec vos prédécesseurs qui appliquaient jusque-là, la politique coloniale raciste et honteuse de la République Française défendue en 1885 notamment par Jules Ferry selon laquelle la Déclaration des Droits de l’Homme fut-elle Universelle ne concerne pas « les Noirs d’Afrique équatoriale ». En conséquence, une refondation de notre relation de coopération n’est pas envisageable sans la reconnaissance par la France de la destruction aussi forte du patrimoine humain du Cameroun. Ces crimes sont imprescriptibles et l’impératif de la vérité et de la justice à cet égard y compris leurs implications pour la République Française et pour les victimes est consubstantiel à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Votre visite est une occasion historique et idoine pour que vous agissiez dans cette perspective.

     

    1. Restitution par la France du patrimoine culturel du Cameroun 

    Dans le cadre des lettres de mission que vous leur aviez confiées, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy vous avaient soumis en novembre 2018, le «rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain, vers une nouvelle éthique relationnelle » (https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/194000291.pdf). En termes d’inventaire du patrimoine culturel de l’Afrique, ce rapport ressort un total de 66 980 objets indument conservés au sein de l’unité patrimoniale « Afrique » du musée du quai Branly-Jacques Chirac, venant de tous les 48 pays d’Afrique au sud du Sahara dans leurs frontières actuelles.

    Suivant cet inventaire, le Cameroun arrive en deuxième position avec près de huit mille pièces inventoriées (7 838 objets) après le Tchad qui est en tête (9 296 objets). Il est suivi de Madagascar (7 590 objets), du Mali (6 910 objets), de la Côte d’Ivoire (3 951 objets), du Bénin (3 157 objets), de la République du Congo (2 593 objets), du Gabon (2 448 objets), du Sénégal (2 281 objets) et de la Guinée (1 997 objets) pour ne citer que ceux-là. Ces statistiques indiquent que c’est pendant la période coloniale 1885-1960 que l’accaparement des œuvres culturelles a été intense avec plus de 45 000 pièces représentant près de 66% de l’ensemble des collections de l’unité patrimoniale « Afrique » dudit musée. Le rapport précise que le cas du Cameroun en est particulièrement exemplaire de ce phénomène : « jusqu’en 1884, seules trois pièces originaires de cette région sont répertoriées dans l’inventaire du musée du quai Branly-Jacques Chirac. Entre 1885 et 1960, on compte 6 968 arrivées supplémentaires, contre seulement 713 depuis 1960. »

    Le chronogramme pour un programme de restitution du patrimoine culturel de l’Afrique a été suggéré en trois étapes à compter de la remise du rapport en novembre 2018 : (i) première étape de novembre 2018 à novembre 2019 ; (ii) deuxième étape de décembre 2019 à novembre 2022 et (iii) troisième étape à partir de novembre 2022. A ce jour, malgré l’importance en stock du patrimoine culturel camerounais, les opérations de restitution effective ne semblent pas se concrétiser. Votre visite semble opportune pour donner une impulsion forte à cette restitution de notre patrimoine culturel.

     

    1. Restitution par la France du patrimoine financier des Etats membres de la BEAC

    Comme cela a été le cas avec le pillage du patrimoine culturel de l’Afrique, le patrimoine financier a connu le même sort. La France s’est accaparée des avoirs extérieurs (or et devises) des Etats membres de l’institut d’émission de l’Afrique Equatoriale Française et du Cameroun créé par décret n° 55-104 du 20 janvier 1955, transformé par ordonnance n° 59-492 du 4 avril 1959 en Banque Centrale des Etats de l’Afrique Equatoriale et du Cameroun (BCEAEC) avec son siège fixé à Paris et laquelle sera reformée le 23 novembre 1972 en Banque Centrale des Etats de l’Afrique (BEAC).

    Outre les avoirs extérieurs en devises capturés abusivement par la France (de 100% en 1955 à 65% en 1972 et à 50% aujourd’hui sans justification intelligible) à travers le mécanisme des dépôts obligatoires dans le compte d’opérations auprès du trésor français, l’analyse des bilans de l’IEAEFC, de la BCEAEC et BEAC publiés par la Banque de France révèle un constat clair : l’inexistence des avoirs en or de nos Etats de 1955 à 1977. Mais, l’encaisse-or apparait « miraculeusement » en 1978 pour 2,3 milliards de FCFA dans le bilan de la BEAC. Pourtant, en analyse comparative, les bilans des autres Banques Centrales de la Zone Franc (hors BCEAO) publiés par la Banque de France notamment la Banque d’Algérie, la Banque Centrale de Tunisie et la Banque d’Etat du Maroc affichent clairement et systématiquement le poste bilanciel d’encaisse-or pendant la même période.

    Il est important de rappeler que le système monétaire international établi par l’accord de Bretton-Woods en juillet 1944 étant fondé sur le régime d’échange fixe or-dollar des Etats-Unis (avec 35$ l’once d’or), les avoirs en or des pays constituaient ainsi un poste financier névralgique du bilan de chaque banque centrale. La suppression de la convertibilité du dollar en or décidée unilatéralement par les Etats-Unis le 15 août 1971 a déclenché la fin de ce régime de change fixe. Il s’écroula définitivement en mars 1973 avec l’adoption par le FMI du régime de changes flottants. Avec l’accord de la Jamaïque signé le 8 janvier 1976 et entré en vigueur en avril 1978, l’abandon du rôle légal international de l’or est confirmé officiellement. Mais l’or continue d’être un actif financier stratégique pour les banques centrales dans le monde parce que classé dans la catégorie des avoirs de réserve officiels.

    Il est important de rappeler qu’après la 2ème Guerre mondiale, le stock d’or de la Banque de France était très bas à 487 tonnes en 1948. Mais étant un pays membre influent de l’accord de Bretton-Woods, la France devait tout faire pour respecter le niveau de réserves or prescrit. La politique monétaire internationale de la France visait donc une augmentation offensive de l’encaisse-or de la Banque de France qui atteindra un volume record en 1966 de 4 654 tonnes avant de baisser à 3 172 tonnes en 1978, année d’entrée en vigueur de l’accord de la Jamaïque (les statistiques du stock d’or sont accessibles à https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2012_num_6_168_3176, article de Van Hoang Thi Hong in Revue numismatique – janvier 2012). L’on peut donc bien comprendre pourquoi, grâce au contrôle absolu de la gestion et de la gouvernance de la BCEAEC/BEAC, nos avoirs en or ont été accaparés par la France et leur traçabilité dans les bilans n’étant pas observable et vérifiable de 1955 à 1978 en contradiction manifeste aux normes comptables en vigueur.

    Comme vous l’avez fait pour le patrimoine culturel de l’Afrique, le moment est indiqué pour restaurer la vérité, la régularité et la sincérité des chiffres de nos avoirs en or, au moins depuis 1955 date de la création l’institut d’émission de l’Afrique Equatoriale Française et du Cameroun jusqu’en 1978, par un audit indépendant commandé par vos soins. Au terme de cet audit, les avoirs en or de nos Etats devront être restitués par la France.

    1. Arrêt de l’ingérence française dans l’union monétaire de l’Afrique Centrale

    En considérant la souveraineté monétaire de nos Etats, la présence de la France dans les structures de gouvernance et de management des institutions (BEAC et la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale) de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale constitue une ingérence découlant de l’abus de position dominante issue intrinsèquement de la colonisation. La confiscation de la souveraineté monétaire des Etats de la CEMAC malgré les indépendances est une forme très perverse de pillage de notre patrimoine financier. Dans le cadre de ce pillage, nos avoirs extérieurs sont encore déposés sans justification soutenable dans le compte d’opérations de la BEAC ouvert dans les livres du trésor français. Ils s’élevaient au 31 décembre 2021 à 3 798 milliards de FCFA (https://www.beac.int/wp-content/uploads/2022/05/BEAC-Rapport-sp%C3%A9cial-sur-le-contr%C3%B4le-du-compte-dOp%C3%A9rations-2021.pdf).

     

    L’arrêt de l’ingérence française par la restitution de la souveraineté monétaire de la CEMAC peut se réaliser par la décision de la France d’achever ou de clôturer la convention de coopération monétaire du 23 novembre 1972 qui lie les Etats membres à la République Française. Cette convention existe encore uniquement par abus de position dominante de la France dans la relation de coopération avec nos Etats. Cette décision de restitution de la souveraineté monétaire peut être prise par la France en application de l’article 17 de ladite convention de coopération monétaire qui dispose : « Tout Etat signataire peut dénoncer la présente convention. Cette décision prend effet à compter de la date de sa notification à l’Etat dépositaire. La négociation des arrangements nécessaires sera entreprise immédiatement entre les Etats signataires à la diligence de l’un quelconque d’entre eux. » Par cette décision, la France ouvrirait les négociations avec la CEMAC sur le timing et les modalités d’achèvement de cette convention.

    La réforme que vous signez le 21 décembre 2019 entre la France et les États membres de l’Union monétaire ouest-africaine reste incompatible avec l’exigence de la restitution du patrimoine financier de l’Afrique.  Pour l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale, l’achèvement de la convention monétaire devra se traduire par trois (3) principaux impacts : (i) la fin du dépôt de 50% des réserves de change de la BEAC au trésor français se traduisant par la restitution de nos avoirs extérieurs disponibles et la clôture du compte d’opérations ; (ii) le retrait des représentants de la France du Conseil d’Administration de la BEAC, du collège des censeurs de la BEAC, du Comité de la politique monétaire de la BEAC et de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale ; (iii) l’annulation par la France de sa garantie de convertibilité accordée pour soutenir le régime de change fixe.

    Dans cette optique de restauration de notre souveraineté monétaire, le changement ou non du nom de la monnaie tout comme le choix du régime de change incombent aux Chefs d’Etat de la CEMAC. Dans le cas où le régime de change fixe conventionnel est maintenu comme instrument de quête de stabilité monétaire, la garantie de la France prétendument dénommée « garantie de convertibilité illimitée » sera remplacée des instruments financiers plus adaptés pour une meilleure maitrise du risque de liquidité internationale (le risque d’épuisement ou de manque des réserves internationales dont dispose la BEAC pour honorer ses engagements internationaux), et surtout un développement durable de la crédibilité du régime de change et de la parité de notre monnaie.

    Nous sommes d’avis qu’en prenant des décisions pertinentes et efficiente concernant les quatre (4) points qui vous sont soumis ci-dessus, l’assainissement, la réparation, la restauration et la rénovation de la relation de coopération entre le Cameroun et la France deviendraient possibles. Dans cette perspective, le sentiment anti-français au Cameroun sera susceptible de connaitre une inflexion positive.  Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République Française, l’assurance de notre très haute considération.

     

    Babissakana, PMP, PMO-CP, CSSp

    Ingénieur Financier, Chairman & CEO, Prescriptor Ltd

    E-mail : babissakana@prescriptor-consulting.com

    Yaoundé, le 25 juillet 2022

  • «Sauver le Cameroun» : Un geste bannière qui sonne faux

    «Sauver le Cameroun» : Un geste bannière qui sonne faux

    Nous voulons une monnaie qui est la nôtre, ce qui n’est pas le cas en ce moment, que notre banque centrale soit notre banque centrale à Yaoundé, que prenne fin la domination et l’asservissement de l’Afrique. Le Cameroun veut devenir BRICS. Certains, nous le savons, viendront s’agenouiller, pavaner, quémander, jérémiader de vous, tout en vous promettant de garder le statu quo, ils se trompent et vous trompent. La voie de la réelle émancipation, de la liberté est inexorable, donc définitive.

    Aimé Mathurin Bakoto

    Le contexte dans lequel s’effectue la visite du Président français Emmanuel Macron, laisse croire, pour ne pas dire, fait croire que cette visite résoudra tous les problèmes que traverse le Cameroun. Et pourtant !

    Certains voient que cette visite éclaircira le ciel plein de nuages qui s’amoncellent au-dessus de notre pays. Emmanuel Macron est-il l’homme providentiel qui viendra déboulonner un autre homme providentiel, qu’est Paul Biya? Vient-il demander des comptes et donner des instructions, des injonctions ou des directives au locataire du palais d’Etoudi !? On se perd en conjectures. Un chef d’état ne se promène pas pour rien; généralement c’est pour défendre, consolider les intérêts de son pays. Il y’a certains couacs dans le parcours de la France et du Cameroun, que le Président français veut aplanir. Dans sa suite, il y’a des artistes, des journalistes, des historiens en manque de repaire, ceux -là peuvent-ils vraiment y changer quelque chose? Il y’a lieu d’en douter car ils n’ont aucune emprise sur le peuple Camerounais.

    Inflation galopante
    Quand on sait qu’en France en ce moment, tourmentée par une inflation galopante, 8,5% dans la zone Euro, il y’a le conflit à leur porte, la guerre en Ukraine est à deux heures de Paris, avec tout ce qu’elle fait naitre comme émotion, postures, réalités, le président Français veut assurer ses arrières ; ce qui paraît difficile en ce moment où tout le monde parle de souveraineté, cela complique et complexifie le plan de la France pour ses anciennes colonies. A –t-elle encore les moyens de sa politique.

    La question la plus importante est celle de savoir pourquoi venir au Cameroun en ce moment? Croit-il pouvoir trouver des solutions, ou bien, l’esquisse de solutions aux problèmes de la France actuelle? Il est à son deuxième mandat qui n’est pas de tout repos : Élu par défaut devant Marine le Pen, dit-on là-bas en France, majorité relative à l’assemblée nationale, minoritaire au sénat, celui que les Français appelait, il y’a quelques temps, Jupiter fait profil bas, il y a quelque chose qui lui échappe. La situation économique, comme on le constate n’est pas bonne, mais, celle du Cameroun est-elle meilleure? Est-ce-que c’est pour cela qu’il vient chercher une partie des solutions à ses problèmes? D’abord le FCFA, il souhaiterait que l’Afrique centrale reste dans la zone FCFA. Et que le statu quo soit maintenu, c’est-à-dire l’application stricte des accords signés par la précédente magistrature avant Paul Biya.

    On constate que ces accords sont malmenés dans leur mise en œuvre ces derniers temps. La France a perdu beaucoup de part de marchés (commerciaux, financiers, miniers, etc.) Donc il faut faire quelque chose, et c’est qu’en allié, ou partenaire privilégié, ce qu’on fait ; se parler, mettre les choses à leur place initiale, ce n’est pas la chose la plus facile, paraît-il en ce moment entre la France et le Cameroun. Peut-on dire que les relations sont au beau fixe entre les deux pays ? Dieu seul peut répondre à cette question. Lors de son premier mandat, Emmanuel Macron a méprisé Paul Biya, le regardant d’en haut, il ne laissait pas une occasion sans le ridiculiser, ou le rabaisser. « On dit que le chien ne change pas la manière de s’asseoir ».
    Paul Biya n’a jamais oublié son leitmotiv: «aucun État ne grandit dans l’ombre d’un autre».

    Il a toujours cherché ce qui est bien pour le Cameroun. Rappelez-vous qu’en 1985 déjà, il disait au parlement Allemand que le Cameroun n’est la chasse gardée de personne. Il a dit aux jeunes Camerounais d’oser, de tenter, de retrousser les manches, pour se prendre en charge. Le monde a besoin dans sa globalité de se libérer de l’impérialisme, de la tyrannie et de l’émotion.
    Le problème Bolloré est résolu pour Paul Biya, on devrait s’attendre qu’Emmanuel Macron pose le problème de la succession, si vous voulez de la transition. La constitution l’a réglé. Mais il est presque certain, qu’il animera une bonne partie de l’entretien entre ces deux présidents. La France a ses affidés qu’elle défend bec et ongle, mais il est très important que l’on dise que le choix de la France est rythmé par des compatriotes qui ont des mauvaises relations avec les deniers publics.

    La France a réuni dernièrement à Montpellier des jeunes choisis, au volet, et elle entretient à l’ambassade de France à Yaoundé, un conseil des jeunes qui devrait remplacer l’élite actuelle, ces jeunes reviennent de France où ils ont passé plus d’une semaine. Des noms issus de ce conseil pourraient être remis au Président Paul Biya.

    Le FMI et la Banque Mondiale ont dit qu’il faut, pour les marchés, lancer les appels d’offre, c’est ce que fait le Cameroun. Tout se fait sur appels d’offres, Est-il nécessaire de revenir en arrière sur ces décisions de nos partenaires, afin de favoriser la France ? La question mérite d’être posée.

    Paul Biya sait que le Cameroun et l’Afrique le regardent, et attendent qu’il ne défende point par point les intérêts de l’Afrique et du Cameroun. Il est vrai que les temps sont difficiles pour l’Afrique, pour le Cameroun, oui les temps difficiles créent les hommes forts, les hommes forts créent les temps de paix. Nul ne peut atteindre l’aube, sans passer par le chemin de la nuit. Nous aussi, devons élever les nouveaux paradigmes qui fonderont le renouvellement civilisationnel.

    problème sans solution
    Il sait tout aussi que le peuple sait qu’il n’a jamais failli, qu’un problème sans solution, est un problème mal posé, et que la vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. Emmanuel Macron sait mieux que quiconque, qu’on ne lutte pas contre les hommes, mais contre les systèmes. Le Cameroun a signé des accords avec d’autres partenaires, que les Camerounais croient plus favorables que ceux de la France, qu’elle a fait signer à nos parents qui n’avaient pas de confort intellectuel pour le faire, qu’elle refuse d’annuler.

    Il est de notoriété publique que lorsqu’un chef d’état demande leur révision, ils sont tués, au mieux renversés. Nous n’allons pas renverser le nôtre, ni accepter qu’il soit tué.

    On nous apprend qu’un enfant naît, rampe, titube, tombe, se lève, court, grandit, se marie, et quitte la dépendance parentale. Croyez-vous qu’après plus de soixante (60) ans, l’Afrique peut et doit vivre sans prendre des directives des autres? Nous souhaitons que cessent et soient abrogés et dissouts, ces accords de dépendance postcoloniale qui nous lient à la France.

    Une monnaie africaine
    Nous voulons une monnaie qui est la nôtre, ce qui n’est pas le cas en ce moment, que notre banque centrale soit notre banque centrale à Yaoundé, que prenne fin la domination et l’asservissement de l’Afrique. Le Cameroun veut devenir BRICS. Certains, nous le savons, viendront s’agenouiller, pavaner, quémander, jérémiader de vous, tout en vous promettant de garder le statu quo, ils se trompent et vous trompent.

    La voie de la réelle émancipation, de la liberté est inexorable, donc définitive.
    Le pardon est l’arme des forts ; nous avons été humiliés, méprisés, nos institutions ont été regardés avec dédain, d’une manière infantilisante, mais nous sommes restés stoïques, nous avons avalés les couleuvres, nous savions que les États ne sont pas les hommes mais, les institutions bâties sur des systèmes solides.

    Oui nous avons pardonné, car nous savions que tout cela, c’était des épiphénomènes, il n’y a que ce qui est bâti sur du roc que le vent ne bouge pas, on dit que vous êtes un grand maitre, mais un grand maitre ne craque, il plie mais ne rompt. Vous savez que pour que tout soit clair, il faut voir les choses dans un bon angle.

    Freud disait que l’imitation est l’art suprême de l’enfant. Il peut être dit aussi, en le paraphrasant que l’imitation est cependant, l’art suprême de l’africain ; Quel esclavage mental ! L’Occident impérial est-il en train de craquer dans de nombreux pays! La question mérite d’être posée, au vue de l’actualité: la présidence Biden et ses nombreux ratés, la fragilité politique et économique d’Emmanuel Macron , on voit que les extrêmes dans les derniers élections législatives, le départ forcé de Boris Johnson au Royaume-uni, les saccages aux Pays-bas, en Italie, en Pologne , la crise du gaz et du pétrole en Allemagne, le socle granitique du développement en Union Européenne, on n’oublie pas l’assassinat du premier Ministre japonais Shinzo Abe, la descente paraît inéluctable , quoique lente; on dira: Impérial et Post Impérial.

    Le pouvoir dans les mains incompétentes, n’est que ruine, votre parole se délite, nous le vivons, mais nous le savons aussi, à quoi nous en tenir, car la démagogie folle afin de s’attirer les partenaires, ou les alliés, est une plaie mortelle pour les démocraties occidentales. Un enseignant de classe de troisième nous a appris que le mécanisme de prédation des richesses africaines mise en place consistait à gérer les devises générées par les économies de la Banque de France ; il appelait cela le cycle de décolonisation –néocolonisation.

    Vous me répondrez le 25 /7/2022 lors de nos rencontres.

  • Le Contentieux historique entre le Cameroun et la France

    Le Contentieux historique entre le Cameroun et la France

    Yaoundé, le 20 juillet 2022

     

    Dr Daniel Yagnye

    Excellence, Monsieur le président de la République, nous avons la pénible obligation de porter à votre haute autorité, l’épineux et douloureux dossier du Contentieux historique entre le Cameroun et la France Ce dossier confidentiel bien connu des hautes autorités françaises, consiste pour l’essentiel, en deux axes principaux:

    – L’amnésie volontaire CIC votre pays sur les événements de Douala, le 27 août 1940 avec la naissance de la France Libre, les promesses non tenues du Général Charles de Gaulle et du Maréchal Philippe Leclerc;

    – Les exactions, atrocités, spoliations et injustices perpétrées par votre pays, au Cameroun de 1919 jusqu’à nos jours.
    Monsieur le président, il s’agit donc de l’histoire ancienne et actuelle du Cameroun, où «des rivières de sang» furent versées de façons méthodiques ct systématiques, pour le seul compte des intérêts de la France, par des esprits pervers et retors. La France et ses gouvernements successifs n’ont ainsi ménagé aucun effort pour «broyer» les revendications légitimes des populations camerounaises et des nationalistes UPCistes, (baptisés par la France: maquisards). Cette hégémonie inique et violente, commanditée par vos prédécesseurs, dure jusqu’à ce jour sous forme de conventions, de manipulations, de tripatouillages, de passe-droits sous toutes ses formes, au grand désespoir d’une partie importante de la population camerounaise. Cette histoire dont les traces ont été méticuleusement effacées de la mémoire collective, ampute ainsi les Camerounais d’un pan fondamental de leur sinistre patrimoine historique, dont la France a le rôle clé.

    Rappel
    Pour plus de visibilité, un rappel historique est indispensable: Le 27 octobre 2020 à Brazzaville s’était déroulé le Colloque International «De Gaulle une mémoire partagée entre la France, le Congo et l’Afrique, colloque organisé par les gouvernements français et congolais où a été reconnu que «sans l’Afrique, l’Appel du 18 juin ne serait resté que l’éternelle supplique des peuples qui veulent pas mourir»3, «qu’il fallait rétablir la réalité de l’épopée de la Seconde Guerre Mondiale avec ce que fut la contribution de l’Afrique, et «qu’il n’était pas concevable que l’image du soldat tchadien, centrafricain, congolais, camerounais, gabonais… soit effacé de la mémoire collective».

    Il est important de relever ici, qu’il ne s’agit, en aucun cas d’une «revendication revancharde», plutôt d’une question de «Justice ct d’Equité», face aux responsabilités dans les exactions commises par la France et ses mains agissantes. Pour étayer nos dires, voici un extrait édifiant publié par l’ORTF en 1956: «Au Cameroun, les choses sont encore moins simples: la marche à l’indépendance y est plus violente que dans d’autres territoires sous domination française et prend partiellement la forme d’une lutte armée. La création de I’Union des Populations du Cameroun (UPC) en 1948, les émeutes de 1955 réprimées dans le sang, la formation en 1956 d’un maquis indépendantiste organisé par Ruben Um Nyobè – qui réclamait entre autre choses la «réunification» du Cameroun français et britannique et appelait au boycott des élections de 1956 – jalonnent un processus de décolonisation dont l’historiographie ne cesse (de redécouvrir la violence extrême. La France fait alors tout son possible, auprès de l’opinion internationale, pour minimiser l’ampleur des maquis de I’UPC et de la répression exercée contre eux». (In «Le processus de décolonisation des territoires sous mandat de l’ONU: Le cas du Cameroun et du Togo» ORTF, 1956).

    Néanmoins, nous tenons à relever que pour la première fois, un de vos prédécesseurs, le président François Hollande, le 3 Juillet 2015 à Yaoundé, évoquait la mémoire douloureuse des relations franco-camerounaises avec les épisodes tragiques des années 1950 à 1970. Épisodes où des dizaines de milliers de militants et sympathisants du parti historique «UPC», Union des Populations du Cameroun, furent à cause d’un idéal de justice, traqués, pourchassés, massacrés avec méthode. Monsieur Hollande eut le courage de le reconnaître: «C’est vrai qu’il y a eu des épisodes tragiques dans l’histoire. Il y a eu une répression dans la Sanaga-Maritime, en pays Bamiléké, et je veux que les archives soient ouvertes pour les historiens».

    Bien que la répression de l’armée française se soit étendue largement au-delà des régions citées par le président Hollande, cette laconique déclaration, dont nous avions salué la sortie, a suscité en son temps, un enthousiasme certain chez les patriotes camerounais, qui voyaient en cela, une prise de conscience importante. Il s’agissait d’un frémissement positif par rapport au système opaque, qui perdure encore au niveau des relations franco-camerounaises. Hélas, près d’une décennie plus tard, aucune avancée n’a été réalisée de nature à permettre de révéler au grand jour ces abominables exactions. La France, «Patrie des Droits de l’Homme» aurait-elle peur des fantômes de son passé trouble et violent en territoire camerounais? Nous osons espérer qu’il n’en est rien, car il est Vital pour le Camerounais d’avoir accès aux archives, afin de pouvoir établir les responsabilités de chaque partie prenante dans cette tragédie qu’a subi le Cameroun durant des décennies, et prendre enfin possession de son histoire, pour mieux se reconstruire.

    Teneur
    Monsieur le président, au regard de tout ce qui précède, l’un des points du concept du «Contentieux historique entre le Cameroun et la France» demeure la non-reconnaissance du rôle fondamental du Cameroun grâce à son apport humain, son incalculable contribution matérielle et financière dans la France Libre (durant la guerre mondiale) et partant, de la France actuelle et sa position enviable dans le concert des nations. Il est primordial de révéler au peuple camerounais son histoire exacte, à savoir: les véritables statistiques sur l’implication de ses fils, (nombre de morts, entre 1919 et 1959), qui se sont affrontés au Cameroun par rapport aux deux projets de société pour la construction de la nation camerounaise.

    • Le projet nationaliste, porté par I’UPC et ses organes annexes;

    • Le projet d’intégration à l’empire français, qui a évolué vers une politique dite «d’autonomie interne», terme fourre-tout ne tenant compte que des intérêts de la France.

    À cette époque, certains Camerounais avaient opté de servir les intérêts de la France, en favorisant l’implantation de «l’autonomie interne», au détriment des Intérêts du Cameroun et du bien-être de leurs compatriotes. Choix dont les stigmates restent bien visibles jusqu’à ce jour, avec des accords en tous genres totalement iniques qui œuvrent bien souvent contre les intérêts des Camerounais. Cet affrontement causé par ces deux projets continue, un siècle après, d’avoir un impact pernicieux sur le fonctionnement du Cameroun actuel.

    Ce contentieux Historique entre le Cameroun et la France» a des relents de pourritures qui commencent à devenir intenables. Plus personne désormais, ne peut faire semblant d’en ignorer l’existence. Le choix de la sagesse et de l’intérêt commun, exige que ce «Contentieux historique entre le Cameroun et la France» soit vidé par nos deux pays. Il est primordial de tenir compte des intérêts des deux parties, afin de mettre en place une coopération équitable, non basée sur un esprit de paternalisme fait de multiples «aides» dont les accords flous et iniques n’enrichissent qu’une poignée d’individus au détriment du plus grand nombre. Ce changement passe par le développement de nos potentialités, susceptible de conduire à un partenariat dit «gagnant-gagnant». Cette démarche de sagesse, va ainsi permettre de mettre sur pied des relations basées sur des fondements de Justice, d’Équilibre et de Respect Mutuel. Ce qui n’est malheureusement pas le cas actuellement.

    Vision nouvelle
    Monsieur le président, au regard de vos multiples déclarations, il nous semble qu’une telle perspective va en droite ligne avec votre vision nouvelle dans les relations «France-Afrique».

    De manière particulière, la mise en œuvre d’une telle évolution évite des contradictions et injustices flagrantes, notamment celle qui consiste à déclarer, en parlant du colonialisme, qu’il s’agit pour l’Afrique du Nord, d’un «crime contre l’humanité», ct d’une «erreur» pour l’Afrique subsaharienne. Nous citons pour illustration concrète, notre compatriote Achille Mbembe: «la question de la souveraineté et d’emprise, se substitue à la nécessité d’une «coopération internationale utile. La question de la souveraineté et de l’autonomie ne se poserait plus dans les mêmes termes qu’hier. Pour fonctionner, cette coopération internationale utile requiert l’existence de pôles et d’axes plus ou moins équilibrés, autour desquels elle se structure, d’où de nouveaux efforts en vue de la construction potentiel d’un axe afro-européen.» (In «les nouvelles relations Afrique – France», octobre 2021)

    Au-delà de ces aspects stratégiques, nous avons l’assurance que notre démarche cadre avec votre volonté affirmée de ne plus œuvrer uniquement avec les États, mais d’intégrer aussi, le secteur de la société civile, telles les associations, les entreprises, les diasporas, etc. Il ne s’agit donc pas d’une démarche étrangère à votre vision. L’actualité récente nous fournit des exemples édifiants, qui ont produit des résultats intéressants tels l’Algérie et le Rwanda. L’implication du Cameroun dans ce nouveau modèle de coopération va, sans aucun doute, apporter une perspective nouvelle au processus de décolonisation française en Afrique et en France. Ce qui va permettre une rupture réelle avec les politiques iniques des années 1940-1960, dont la seule ambition était «la Françafrique».

    Alliance patriotique et UPC
    Aussi, l’Alliance Patriotique et l’Union des Populations du Cameroun, deux acteurs de la société civile camerounaise qui développent une vision politique dynamique, vous interpellent autour du concept du «Contentieux historique entre le Cameroun et la France». Les articulations sont comprises dans une documentation historique et politique, qui révèle les tragiques évènements, qui ont émaillé notre histoire commune depuis 1919. Cette documentation, qui est mise à votre disposition, doit permettre l’élaboration d’un plan d’action pour la résolution de ce Contentieux historique entre le Cameroun et la France», pour le bien-être de tous et l’appropriation de notre véritable histoire commune. Si tragique soit-elle, notre devoir de mémoire est impératif pour les générations actuelles et futures, pour qu’enfin, nous puissions désormais tous, évoluer de façon plus saine.

    Dans la perspective d’une sensibilisation sur l’importance de la mise en Œuvre du concept du Contentieux Historique entre le Cameroun et la France», en vue d’un nouvel équilibre dans les relations entre la France et le Cameroun, et dans l’attente d’une mise à disposition effective des archives de cette période douloureuse, nous vous prions, Excellence, de croire en l’expression de notre parfaite considération.

    Pour l’Alliance Patriotique et l’Union des Populations du Cameroun

    Dr Daniel Yagnye

    Objet: Le Contentieux historique entre le Cameroun et la France

    Références:
    1) «Le Cameroun aura sa place dans l’histoire de cette guerre et dans notre histoire nationale». Extraits de l’allocution du Général de Gaulle à Douala, au Cameroun, le mardi 08 octobre 1940.

    Plus que jamais, devant l’exemple donné par le Cameroun Libre, je suis convaincu que nous réussirons à libérer la France par l’Empire». (Déclaration du Général de Gaulle à Yaoundé le dimanche 13 octobre 1940).

    2) «Les deux mois (que j’ai) passés au Cameroun marqueront dans mon existence. Mon seul désir, c’est de revenir un jour après la victoire afin de présenter à mes enfants, la province française qui a servi d’exemple à tout l’Empire et à la Métropole, par la vigueur et la clairvoyance de son patriotisme».

    3) Le président de la Fondation De Gaulle et M. Arnaud Robinet, maire de Reims.

    4) Le président de la République du Congo, M. Denis Sassou Nguesso.

    5) Le président de la République du Tchad, M. Idriss Deby Itno.

    Téléphones: 00 237 683 295 449 ; 00 244 924 822 343

    E-mails: yagnyetd@gmail.com

  • Conférence de presse Cameroun-France: un autre mensonge du président français 

    Conférence de presse Cameroun-France: un autre mensonge du président français 

    Par Charly Kengne 

    Emmanuel Macron, répondant au journaliste Camerounais sur la forte et grande implication logistique, matérielle et financière de la France dans le conflit Ukrainien contrairement à l’Afrique, dit :  » L’Ukraine est un territoire souverain qui est agressé par la Russie au grand mépris des accords de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) ce qui est totalement « FAUX ».

    Voilà les faits !

    Lors de la signature des Accords de Minsk II qui avait été parrainée par l’OSCE dont la Fédération de Russie est membre, il avait été décidé deux choses:

    1- L’arrêt des bombardements par l’armée ukrainienne contre les populations du Donbass (Cessez-le-feu)

    2- Autonomisation des régions du Donbass 

    Cet accord avait été signé sous le parrainage de l’OSCE entre l’Ukraine et les chefs séparatistes du Donbass. 

    Comme garant du côté Ukrainien on avait : 

    • La France 
    •  l’Allemagne

    Comme garant côté chefs séparatistes :

    • La Russie

    Sauf qu’à la suite des accords de Minsk II, l’Ukraine n’a jamais respecté le cessez-le-feu, d’ailleurs sous le règne de Poroshenko l’armée ukrainienne a longtemps continué les bombardements contre les populations civiles du Donbass. Et avec l’arrivée de Volodymir Zelensky ces bombardements se sont multipliés par 10 avec une catastrophe humanitaire terrible. On parle de plus de 14 000 morts (hommes, femmes et enfants) et plus de 1 000 000 de réfugiés en Russie. Tout ceci sous les yeux de la France et l’Allemagne qui étaient garants du respect de ces accords qui n’ont jamais été respectés par la partie ukrainienne. Aucun homme politique ou média de ces pays n’en a parlé, mais très vite on condamne l’agression de la Russie en Ukraine. Et doublement pour la France qui est, en plus d’être membre de l’OSCE, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.

    C’est donc suite à cela que la Russie décida de lancer l’opération militaire spéciale en Ukraine.

  • Pourquoi Macron n’est pas le bienvenu au Cameroun

    Pourquoi Macron n’est pas le bienvenu au Cameroun

    Les raisons de la visite programmée d’Emmanuel Macron au Cameroun, et pourquoi il n’est pas le bienvenu

    Douala, le 21 juillet 2022

    Maintenant que la visite au Cameroun du Président français semble confirmée par les autorités camerounaises, il est de bon ton de faire une analyse pour en cerner les tenants et aboutissants d’une part, mais aussi de faire part au président français, au camerounais et à leurs dirigeants, les conditions préalables qu’il faudrait opposer à une telle visite, en tant que peuple.

    Illusions de grandeur et ultime recours à l’Afrique

    La France n’est plus seulement en récession, elle est en crise. La récession de la France qui ne date pas de la crise ukrainienne s’est depuis plusieurs années transformée en dépression. Mais le court-circuit économique patent de la France est dissimulé par son dernier fusible qu’est l’Afrique. Mais pour combien de temps encore? La France est en effet le seul pays au monde avec un appareil productif moribond qui se leurre encore en se comptant parmi les grandes nations de ce monde. La France, c’est la seule nation qui a maintenu ses anciennes colonies dans la dépendance économique, monétaire et politique au même titre que pendant la période de la colonisation. C’est le néocolonialisme dont la face hideuse est la Françafrique, mise en place par Foccart au temps de De Gaulle et dont les ramifications mafieuses sont encore opérationnelles de nos jours.

    La France, c’est un déficit budgétaire structurel depuis des décennies et une dette publique conséquente de 120% du PIB et une inflation de près de 6% quand les pays de la zone euro sont à 8% d’inflation, largement au-dessus des exigences des critères de convergence de Maastricht. Engluée dans une récession globale aggravée par la crise ukrainienne et les sanctions stupides contre la Russie pour l’affaiblir dans le bloc qu’elle constitue avec la Chine, l’Europe s’est laissée piéger par les Etats Unis qui ont fomenté la déstabilisation de l’Ukraine pour maintenir et renforcer leur hégémonie mondiale. Mais c’était sans compter sur l’intelligence du joueur d’échecs du Kremlin qui avait préparé sa riposte économique depuis la guerre de Crimée en 2014. Conséquences, c’est une Europe aux abois qui va d’ici quelques mois, ressentir dans sa chair, plus que jamais, la violence de l’hiver, si elle ne bénéficie pas de l’indulgence du Kremlin. Alors, il faut trouver une solution urgente. Le Moyen-Orient ayant opposé une fin de non recevoir aux supplications de Joe Biden pour l’augmentation de sa production en gaz naturel et en pétrole, l’Algérie n’acceptant pas de faire le jeu de l’Occident avec son gaz, il ne reste que l’Afrique qu’il faut tenter de soudoyer.

    Envoyé Spécial d’un Occident en déclin

    Emmanuel Macron, c’est le voyageur représentant placier (VRP) de l’Union Européenne qui elle-même est à la solde des Etats Unis depuis le fameux plan Marshall de la fin de la seconde guerre mondiale. Le déclin irréversible de l’Occident a manifestement pris un coup d’accélérateur.

    La France ayant pour seul monnaie d’échange avec l’Union Européenne ses anciennes colonies d’Afrique pour continuer de peser sur l’échiquier politique mondial, elle est tenue de négocier avec les africains la préservation de ses intérêts. Il faut noter que, du fait de la situation économique très critique de l’Europe, c’est la toute première fois de l’histoire qu’un président français arrive en Afrique avec un profil bas, ou mieux, en situation de quémandeur. Aux africains, notamment au chef de l’État camerounais de savoir jouer la carte ultime du renversement des rôles, au moment où la peur a changé de camp.

    Les enjeux de cette visite sont donc de deux ordres au moins: Macron en criard déficit de légitimité en France, se doit de sauver sa tête aux yeux des français et des occidentaux dont la France est reconnue comme le garçon de courses, et ensuite il joue la carte de la réussite d’une mission à lui confiée par ses pairs occidentaux pour soudoyer les africains et limiter la casse énergétique et donc économique de l’Europe, synonyme de crise sociale aux conséquences incontrôlables.

    Pourquoi le Bénin et le Cameroun ?

    Les anciennes colonies françaises se trouvent réparties en Afrique de l’ouest et en particulier en Afrique centrale. L’Afrique de l’ouest est un enjeu pour ses ressources minières et l’Afrique centrale de même, mais ces deux pays font partie d’une des zones géographiques les plus riches au monde, le Golfe de Guinée, avec l’une des plus importantes ressources pétrolières et gazières de la planète et bien d’autres ressources telles que le cobalt, le Coltan, l’Uranium, le cuivre, la Bauxite et autres. Privés du pétrole et du gaz russes, il ne reste donc que le golfe de Guinée dont la qualité du pétrole est meilleure et les coûts de transport moindres que la solution du Moyen-Orient. Le Golfe de Guinée est une zone de guerre économique entre les USA, l’UE, la Chine et maintenant la Russie. Le Golfe de Guinée regroupe tous les principaux pays producteurs du pétrole d’Afrique subsaharienne, en dehors des deux Soudan et du Tchad.

    Les raisons du choix du Cameroun dans cette visite

    On peut considérer les 4 principales raisons suivantes :

    – le Cameroun, c’est le poumon économique de la Cemac, avec plus de 50% du PIB de la région,

    – c’est aussi la maîtrise des enjeux géopolitiques de la zone par le Président Paul Biya, dont l’ancienneté aux affaires oblige à solliciter son adhésion à la démarche occidentale,

    – c’est le souci d’anticiper la préservation des intérêts de la France dans un contexte de succession au sommet de l’État,

    – c’est enfin essayer de regagner l’estime des camerounais qui sont reconnus comme principal foyer en Afrique du Panafricanisme qui dénonce entre autres l’impérialisme français.

    Le choix du Bénin peut être expliqué par sa position en tant que l’un des rares pays d’Afrique de l’ouest qui ne connaisse pas de situation sécuritaire délicate ni de posture tranchée vis à vis de la France, donc une sorte d’inconnue sur laquelle il faut clarifier la position pour les projets français dans cette zone, mais aussi, le Bénin a le double statut de pays du Sahel et du gyolfe de Guinée, principales zones d’intérêts de la France et de l’Occident.

    Une chose est certaine, les africains n’attendent absolument rien de cette visite qui s’inscrit dans le seul intérêt de la France. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Emmanuel Macron n’est pas le bienvenu au Cameroun. En dehors des quelques opportunistes et autres imposteurs qui feront office de représentants du peuple camerounais, les populations camerounaises ne sont pas dupes et exigent de leurs dirigeants qu’en dehors des usages diplomatiques, Monsieur Macron ne bénéficie d’aucun traitement de faveur, lui dont l’arrogance dans ses sorties hasardeuses à l’endroit du Cameroun et de ses dirigeants résonnent encore de façon stridente dans les esprits des camerounais.

    Les seules raisons de tolérer la visite de Monsieur Macron au Cameroun

    Elles sont de différents ordres et peuvent se décliner comme suit:

    – la reconnaissance des crimes de la France au Cameroun, avec entre autres les assassinats de nos valeureux leaders indépendantistes tels que Um Nyobè, Félix Moumie, Osende Afana et les autres;

    – la reconnaissance des crimes de la France à la lomidine dans la région de l’Est dans les années 1950;

    – la reconnaissance des crimes de la France de milliers de camerounais massacrés au Napalm dans l’Ouest du Cameroun ;
    – la déclassification de toutes les archives relatives aux crimes de la France au Cameroun;

    – la rétrocession totale et sans délais de tous les avoirs du Cameroun abusivement maintenus dans les comptes d’opérations du Trésor Public français ;

    – l’engagement formel pour une restitution complète et sans conditions de tous les objets cultuels et culturels pillés au Cameroun pendant la colonisation et exposés depuis des décennies dans les musées français.

    Si Monsieur Macron, en dehors de ces préalables, daigne fouler la terre du Cameroun, c’est le sang des martyrs camerounais tombés sous la folie meurtrière de la France coloniale qui se chargera de répondre à cet affront de trop.

    Monsieur le Président français, je vous exhorte à engager une bonne et profonde réflexion avant de confirmer votre voyage au Cameroun.

    Paul ELLA,
    Président du Mouvement Panafricain AFRICAN REVIVAL
    Email : paulella2007@gmail.com

  • Samora Machel, le président révolutionnaire et panafricaniste

    Samora Machel, le président révolutionnaire et panafricaniste

    Samora Moisés Machel est né le 29 septembre 1933 dans une famille de fermiers. Quoique baptisé dans l’Église protestante, il est inscrit dans l’école catholique la plus proche.

    Après la mort de son frère dans une mine en Afrique du Sud, il réalise qu’il ne pourra pas faire de longues études. Pour sa survie, il est obligé de suivre une formation d’infirmier. Une fois la formation terminée, il est embauché à l’hôpital de Lourenço-Marquès (aujourd’hui Maputo). Là, il ne tarde pas à protester contre les bas salaires des infirmiers noirs. En 1961, il rencontre Eduardo Mondlane, un intellectuel mozambicain engagé dans la lutte contre le colonialisme portugais au Mozambique.

    En 1962, se sentant surveillé par la police portugaise, il abandonne son épouse pour rejoindre le Front de libération du Mozambique (FRELIMO) dans la Tanzanie de Julius Nyerere. Le mouvement déclenche, le 25 septembre 1964, la lutte armée contre le Portugal. En 1966, Machel devient secrétaire à la Défense du FRELIMO, poste qu’occupait Filipe Magaia, mort au combat. En 1968, il entre au comité central du FRELIMO avec le grade de commandant en chef des forces armées..

    Pendant deux ans, Eduardo Mondlane discute avec le gouvernement colonial, mais les discussions ne donnent rien. Mondlane décide alors de transformer le FRELIMO en un mouvement armé. Il bénéficie, pour cela, du soutien de l’Union soviétique, de la Chine et de Cuba qui lui fournissent des armes. Ses hommes sont militairement formés en Algérie. Depuis la Tanzanie, Mondlane lance sur le Nord du Mozambique son armée qui inflige de lourdes pertes aux Portugais. Ceux-ci ripostent en commettant de nombreux crimes contre l’humanité.

    Malheureusement, Mondlane meurt dans un attentat à la bombe en 1969. Samora Machel lui succède et prend la direction du FRELIMO. Avec une grande intelligence, il continue l’offensive et s’approche progressivement du Sud. Le mouvement finira par franchir le fleuve Zambèze. À Lisbonne, le régime dictatorial du président Salazar est renversé en 1974 lors de la révolution dite des Œillets. Machel négocie l’indépendance et obtient le départ de la minorité blanche. Depuis la Tanzanie, il entre dans le pays sous les ovations du peuple mozambicain.

    Chef de l’État
    En 1975, il est élu président de la République. En bon communiste, il nationalise l’économie et restitue aux Mozambicains les terres que les Portugais leur avaient volées. Il rend la santé gratuite, développe l’éducation et permet aux Noirs de prendre possession des appartements qui étaient occupés par les Portugais au centre-ville. Toutes ces mesures sont évidemment bien accueillies par les Mozambicains. Mais Machel sait aussi se montrer sévère, voire sans pitié, avec les traîtres à la nation car “notre guerre de libération n’a pas été menée pour remplacer l’injustice portugaise par l’injustice mozambicaine, l’injustice européenne par l’injustice africaine et l’injustice étrangère par l’injustice nationale”.

    Avec la Tanzanie et la Zambie, il forme la ligne de front qui apporte son soutien à l’ANC d’Oliver Tambo, à la ZANU de Robert Mugabe et à la SWAPO de Sam Nujoma. La ligne de front n’avait pas d’autre but que de débarrasser l’Afrique australe de la colonisation anglaise et hollandaise. Il va sans dire que l’engagement et les actions de Machel ne pouvaient que lui attirer l’ire des Blancs. Ces derniers vont donc créer la Résistance nationale mozambicaine (RENAMO) constituée de Portugais et de Mozambicains. Lorsque la guerre éclate entre la RENAMO et le FRELIMO, Machel est obligé de signer un accord de non-agression avec l’Afrique du Sud. L’accord, qui exige que le Mozambique ne soutienne plus l’ANC, ne fait cependant pas disparaître l’hostilité de Samora Machel envers le gouvernement raciste de Pretoria. Ses liens avec Moscou et Cuba aggravent l’inimitié des tenants de l’apartheid à son égard.

    C’est en revenant d’une réunion en Zambie, où il était question de demander à Mobutu (Zaïre) et à Kamuzu Banda (Malawi) de lâcher l’apartheid et ses alliés locaux, que Samora meurt dans un accident d’avion. Le Tupolev 134, qui avait à son bord 35 passagers, survolait l’espace aérien sud-africain. Nous sommes le 19 octobre 1986 et Machel n’a que 53 ans. C’est la fin d’une belle aventure avec le Mozambique. La guerre entre le FRELIMO et la RENAMO, elle, continue jusqu’en 1992, faisant environ 1 million de morts. Des unités d’élites de l’armée sud-africaine et des membres de l’exécutif se rendent immédiatement sur le lieu du crash. Le Mozambique ne sera informé que dix heures plus tard. L’URSS et le Mozambique exigent une enquête internationale. Finalement, l’enquête sera menée par l’Afrique du Sud. En janvier 1987, elle rend son rapport qui incrimine l’équipage soviétique qui n’aurait pas demandé les vérifications d’usage. Les Soviétiques, qui relèvent certaines contradictions dans le rapport, penchent pour la thèse de l’assassinat. Puisque les Sud-Africains avaient refusé de remettre la boîte noire de l’avion aux autorités mozambicaines.

    Hommage
    Thomas Sankara avait une grande estime pour Machel. Il lui rendit hommage en ces termes: “Il ne s’agit pas pour nous de pleurer, pour ne pas nous confondre avec tous ces hypocrites, ces crocodiles et ces chiens qui ici et ailleurs font croire que la mort de Samora Machel provoque en eux la tristesse. Nous savons très bien qui est triste et qui se réjouit de la disparition de ce combattant. Nous ne voulons pas tomber dans cette compétition de cyniques qui décrètent par-ci, par-là tant et tant de jours de deuil, chacun essayant d’affirmer et d’afficher son abattement par des larmes que nous révolutionnaires devons interpréter à leur juste valeur. Samora Machel est mort.

    En tant que révolutionnaires, cette mort doit nous édifier, nous fortifier en ce sens que les ennemis de notre révolution, les ennemis des peuples nous ont dévoilés une fois de plus une de leurs tactiques, un de leurs pièges. Nous avons découvert que l’ennemi sait abattre les combattants même quand ils sont dans les airs. Nous savons que l’ennemi peut profiter d’un moment d’inattention de notre part pour commettre ses odieux crimes. De cette agression directe et barbare qui n’a pour seul but que de désorganiser la direction politique du FRELIMO et de compromettre définitivement la lutte du peuple mozambicain mettant fin ainsi à l’espoir de tout un peuple, de plus d’un peuple, de tous les peuples tirons-en les leçons avec les frères mozambicains.”

    Quelle image les Mozambicains et les Africains gardent-ils de Machel? Celle d’un homme charismatique, anticolonialiste et panafricaniste. Mais ils se souviennent aussi de son attachement sincère et profond au Mozambique, de sa passion pour la liberté et la justice sociale, de sa non-complaisance avec le tribalisme et la corruption. On peut affirmer, sans se tromper, qu’il est, avec Eduardo Mondlane, le père de la nation mozambicaine qu’il dirigea de 1975 à 1986 et qu’il est une des plus grandes figures des indépendances africaines. Un jour, on lui demanda de quoi il était le plus fier et il donna la réponse suivante: “De toutes les choses que nous avons faites, le plus important – celui que l’histoire considérera comme la contribution principale de notre génération – est de comprendre comment transformer la lutte armée en révolution. Il était essentiel de créer une nouvelle mentalité pour construire une nouvelle société.”

     

    Jean-Claude Djereke

  • Attentats à la bombe dans nos grandes villes : comment y faire face ?

    Attentats à la bombe dans nos grandes villes : comment y faire face ?

    Une bombe artisanale a explosé vendredi aux alentours de midi à Yaoundé , l’attaque aurait fait quelques blessés légers et des dégâts matériels. L’explosion a été déclenchée dans un bar situé non loin du marché Mokolo, l’un des marchés les plus populaires de la capitale du Cameroun. D’après les témoins, deux individus sont entrés dans le bar en question et y ont laissé un sac. La police et la gendarmerie ont bouclé le secteur.

    Charly KENGNE

     

    Il y a deux mois, Yaoundé avait déjà enregistré trois explosions de bombes artisanales. Les auteurs restent inconnus à ce jour. Alors face à la montée de cette criminalité d’un autre genre se rapprochant du terrorisme, que faut il faire ?

    Déjà rappelons ici que face à cet acte terroriste, le préfet du Mfoundi a décrété une série de mesure de nature à apporter des solutions à ce problème. Pour ma part je ne commenterai pas ces mesures juste à dire que face à une situation de crise, en bon administrateur Civil, il a pris des décisions administratives mais pas stratégiques quoique pour ceux qui s’en souviennent, la France en 2015 avait fait pareil avec un décret présidentiel qui autorisait les forces de l’ordre à fouiller tous bagages avant son embarquement dans les métro. Ça peut paraître « LIBERTICIDE » mais c’est le prix à payer pour notre sécurité.

    Alors , il faut dire clairement que la plupart des attentats à la bombe dans les grandes villes du Cameroun, relève du terrorisme et donc de la grande criminalité. Et pour y faire face il faut déjà comprendre le problème à la source. Tout acte terroriste est de facto un acte criminel. En criminologie, vous avez ce qu’on appelle le « TRIANGLE DU CRIME » qui dit quoi ? Qui dit que :  » Pour qu’un acte terroriste ou criminel soit posé, il faut 03 choses :

    1- le désir
    2- la motivation
    3- l’opportunité

    Le désir comme la motivation sont des facteurs intrinsèques propre à l’homme donc impossible de les prévoir afin de les éviter. Donc la seule chose à faire pour les forces de sécurité afin d’empêcher un acte terroriste ou criminel, c’est de réduire au maximum les opportunités qui s’offrent aux terroristes ou aux criminels de poser leurs actes.

    Allons donc analyser comment réduire au maximum les « OPPORTUNITÉS » s’offrant aux terroristes ou criminels pour pouvoir porter atteinte à l’intégrité physique et morale de nos concitoyens.

    I- RENFORCER LES EFFECTIFS AU SEIN DE NOS FORCES DE SÉCURITÉ ( POLICE ET GENDARMERIE NATIONALE)

    Bien Aujourd’hui selon les standards internationaux, un État recrute entre 15 et 20% de sa population, rendu au Cameroun pour une population de plus de 25 millions de Camerounais, le fichier solde de l’État atteint à peine les 500 000 personnes. Le constat est clair aujourd’hui, les villes et villages au Cameroun se développent à grandes vitesses mais le personnel de sécurité censé assurer et maintenir l’ordre et la sécurité manquent de façon criard. Je prend pour prendre les maintes mobilisations qu’il y a eu ces derniers mois dans nos villes et villages où parfois les populations ont eu à prendre d’assaut nos différents postes de police et de gendarmerie. Cela dénote de cette situation. Le cas de mokolo est encore plus parlant, parceque pour un si grand ( je crois le 2e plus grand marché de la sous région derrière Mboppi) que seul un poste de police avec à peine 10 éléments puissent être mobilisés pour assurer la sécurité. C’est totalement insignifiant. Comme pour dire quoi?

    Comme pour dire qu’il faut recruter au sein des forces de sécurité ( Police et gendarmerie). Il faut renforcer les effectifs déjà présents sur le terrain.

    II- REFORMER LE SECTEUR DE LA SÉCURITÉ

    Ici, quand je parle de Réforme du Secteur de la Sécurité ( RSS), je m’adresse à la qualité de la formation de nos policiers qui doit être adapté au besoin, à la menace et à son évolution dans notre société. En plein 21e siècle pour un pays comme le nôtre en proie au terrorisme, vous ne pouvez ne pas donner une formation de « PROFILER » à nos policiers. Très souvent pour ceux et celles qui ont l’habitude de se déplacer entre nos grandes villes, au niveau des postes de contrôle mixte, lors du contrôle, la seule pièce qui vous est demandé c’est la CNI ( Carte Nationale d’Identite). Vous pensez vraiment qu’un terroriste qui s’est préparé pour poser un acte criminel manquera cette CNI ? Bien sûr que NON.

    Alors sur quoi son identification devra reposer?

    Elle devra reposer sur la qualité pour l’agent de sécurité à pouvoir déceler chez cet individu un comportement anormal d’où une connaissance basique du « PROGILING ».

    Une autre chose également, le policier que l’on met à la frontière ne saurait avoir la même formation, le même matériel, encore moins le même salaire que celui qui est chargé de la circulation routière dans nos villes parceque les deux n’ont pas les mêmes réalités dans la pratique quotidienne de leur travail. D’où l’urgence de la Réforme du Secteur de la Sécurité.

    III- REVOIR LE DISPOSITIF DE CONTRÔLE MIXTE AUX ENTRÉES ET SORTIES DE NOS GRANDES VILLES

    À bien observer, on comprend très vite que la plupart de ces hors la loi qui sévissent dans nos grandes villes sont des individus venus d’ailleurs( Zones en crise) qui ont pu et ont su traverser le filtre de sécurité à l’entrée ou la sortie de nos grandes villes. Ceci c’est sans parler du transport ( Par nos agences interurbaines) parfois de certains matériels utiles à la fabrication de ces bombes artisanales.

    Alors comment cela est ce possible, comment transporte t-il ces objets sans être détecté ?

    Eh bien, c’est simple, comme je l’ai dis plus haut, les contrôles mixtes à l’entrée ou la sortie de nos grandes villes pêchent par deux manières :

    1- ils ne tiennent pas compte du comportement ou l’état d’esprit que peut présenter un terroriste ou un criminel. Ce qui faut le rappeler aujourd’hui est une science.

    2- Ces contrôles n’intègrent pas l’importance d’une brigade cynophile. À l’échelle internationale aujourd’hui, il est scientifiquement prouvé que là où l’homme et la machine ont échoué, un chien bien formé lui va trouver. C’est la raison pour laquelle même dans les plus grands aéroports internationaux au monde, le dernier contrôle après l’homme et la Machine se repose sur les chiens renifleurs bien dressés. Alors pourquoi ne pas en doter la plupart de nos contrôles mixtes de ces chiens renifleurs pour ainsi dire détecter toute cargaison suspecte de nature à apporter la mort et la désolation dans nos villes et quartiers?

    IV- RÉPERTORIER TOUS LES GROSSISTES ET REVENDEURS DE MATÉRIELS NÉCESSAIRES À LA FABRICATION DE CES BOMBES ARTISANALES

    Une chose est sûre, le matériel utilisé pour la fabrication de ces bombes artisanales provient de quelque part. La bonne question dès lors qu’il faille se poser, c’est où ?

    Ce qu’il faut faire dans de telles situations, c’est déjà de classer une liste du matériel utilisé pour la fabrication de ces bombes artisanales ( Ce travail revient à la Police Scientifique) qui devra dresser une liste de l’ensemble du matériel ayant servi à la fabrication de toutes ces bombes artisanales, ensuite il faudra répertorier tous les grossistes et revendeurs de ces matériels afin de les emmener à sortir dorénavant une liste d’acheteurs. Pour ainsi permettre aux éléments des forces de l’ordre de pouvoir non seulement identifier les futurs acquéreurs de ces matériels, mais aussi de pouvoir les tracer au besoin ou en cas de nécessité.

    V- INTÉGRER LA COMMUNICATION DE CRISE AU CAMEROUN

    Cela fait bientôt deux (02) ans que je crie dans ce pays, qu’en « SITUATION DE CRISE, COMMUNICATION DE CRISE » mais hélas personne ne m’écoute. Dois je encore vous rappeler que ce pays est en guerre ?

    Tant que les pouvoirs publics ne vont pas l’intégrer alors on continuera à vivre ce genre de chose. Eh oui nous sommes en guerre et en temps de guerre la communication doit être orientée vers la cible qui n’est nul autre que le  » PEUPLE » pour déjà le rassurer, le conforter mais aussi pour les indiquer la Conduite à Tenir en cas de X ou de Y problème.

    Petite question, combien de camerounais savent la Conduite à Tenir en cas d’attaque à la bombe ou au gaz dans un quartier, un bar ou un supermarché ? Très peu ou personne.

    Combien de camerounais savent la conduite à tenir en cas d’attaque dans une agence de voyage ?

    Quel est le comportement à afficher, les gestes à éviter dans une agence de voyage ou un supermarché ?

    Même nos officiels combien savent comment decacheter une enveloppe douteuse dans un service public ? Très peu ou personne.

    Pourtant des programmes télés chaque jour nous parlent de sexe et de faits divers. On divertit plus les Camerounais qu’on ne les éduque ou informe.

    La Sécurité à un prix et ce prix nous devons être capable de l’assumer tous autant que nous sommes pour la sauvegarde de notre chère nation le « CAMEROUN ».

  • Pénurie de carburant ou l’image de ce qui nous attend

    Pénurie de carburant ou l’image de ce qui nous attend

    Par Dieudonné Essomba, économiste
    Certains Camerounais ne comprennent pas ce qui se passe sur le carburant et la communication gouvernementale ne fait qu’aggraver la confusion. Les choses sont pourtant très simples. Le Gouvernement subventionne le carburant, ce n’est pas faux. Toutefois, cette subvention n’est pas un transfert de ressources venant d’autres secteurs visant a maintenir les prix a un niveau faible. Non. Il s’agit tout simplement d’une renonciation à des taxes que le Gouvernement aurait dû normalement prélever sur le secteur. Par exemple, quand un Ministre dit que la Cameroun a payé des subventions de 300 milliards, il laisse véhiculer le message que la Direction Générale des Impôts aurait collecté l’argent auprès des entreprises pour payer le carburant, ce qui n’est pas vrai. Cela signifie tout simplement que les taxes qu’auraient du collecter l’Etat sur le carburant sont de 300 milliards.
    C’est une sorte de manque à gagner et non un transfert de ressources collectées dans un autre secteur. Des lors, les pénuries du carburant s’expliquent simplement: il n’y a pas de devises…
    Et c’est ici que nous atteignons la plus terrible tragédie de notre gouvernance macroéconomique, a savoir l’incapacité des gestionnaires du pays a faire la différence entre le Franc CFA et les devises. Pour eux, le fait que nos banques soient surliquides en CFA et que l’Etat puisse avoir accès à cet argent a travers des emprunts obligataires est la preuve que le pays se porte bien.
    Or, ce qui est important ici, ce sont plutôt les devises qui nous permettent d’acheter a l’extérieur et non le CFA. Car, même si par nature, le CFA peut être converti en Euro qui est une devise, cette conversion se limite au stock en devises qui est dans la BEAC. Des lors que les demandes de conversion du CFA déborde notre stock en devises, l’opération de conversion se transforme immédiatement en une dette extérieure. Comme on peut donc le voir, la dette extérieure du Cameroun se constitue de deux manières.
    1. Soit de manière contractuelle, quand le Gouvernement va prendre l’argent en Chine pour construire un barrage. C’est la dette la plus visible, mais en réalité la moins dangereuse
    2.Soit de manière fonctionnelle, à travers des déficits cumulés de la balance courante. Autrement dit, quand nous importons trop et nous exportons trop peu, car évidemment les autres pays ne sont pas nos esclaves pour nous donner leurs biens sans payer.
    Un pays dont les dirigeants n’ont pas la claire maîtrise de ces notions est un pays perdu. Et c’est le cas du Cameroun.
    Comment a-t-on pu envisager un développement basé sur la dette contractuelle pour réaliser les grands projets sans bloquer la dette fonctionnelle alimentée par le déficit de la balance courante? Et comment a-t-on pu croire à la durabilité d’un tel modèle de développement? C’était du pur suicide économique. A l’instar de vrais Economistes nationaux qui sont malheureusement rares, je me suis battu pour qu’on sorte de cette gouvernance schizophrène, devant les moqueries des imposteurs de métier qui ont pris la décision économique en otage. Nous sommes maintenant ou? Avec une dette extérieure de 8000 milliards en devises, pour 2500 milliards de recettes qui plus est, grèves de 1000 milliards d’un déficit commercial de plus en plus explosif, nous pouvons éviter un ajustement structurel en faisant quelle magie?
    Les réserves en devises sont pratiquement nulles, et nous n’avons plus rien pour acheter ne serait-ce que la carburant. Et pour un modique montant de 49 milliards en devises, le FMI mène le gouvernement par une laisse. Et vous avez pu voir comment nos ministres mendient les approbations des bureaucrates du FMI, avec la docilité d’un toutou qui mendie un regard amène de son maître, en frétillant la queue. Aujourd’hui, le FMI a instruit le gouvernement de mettre fin aux subventions du carburant. Comme je l’ai dit plus haut, le FMI demande que l’Etat prélève désormais les taxes auxquelles il renonçait jusque là. Le but n’est pas de renflouer les caisses de l’Etat, mais de lui remettre cet argent afin de rembourser la dette monstrueuse que le Cameroun doit aux étrangers.  Je ris de ces petits rigolos qui vocifèrent partout que le gouvernement ne peut pas. Est-ce que le gouvernement va faire parce qu’il veut? Il fait l’idiot le FMI ne donne plus aucun sous et nous nous retrouvons sans carburant du tout.
    Vous croyez que la pénurie actuelle est gratuite ? C’est bien ce qui nous attend si le gouvernement fait le fanfaron en refusant de suivre les terribles instructions de Maître FMI, huissier de justice, commissaire priseur au niveau des pays mauvais payeurs.
    En définitive, c’est avant 2015 qu’il fallait nous écouter pour éviter la crise et prendre des mesures idoines. Maintenant, c’est tard, beaucoup trop tard pour éviter un sévère ajustement structurel. Les Camerounais doivent donc se préparer a mener une vie misérable de ver de terre pendant 20 ans encore. Contrairement à ce qu’ils croient, ils subiront l’augmentation des prix, la baisse des revenus et notamment des salaires publics, la compression des effectifs, la braderie des quelques entreprises d’Etat rescapées du premier ajustement, et enfin, de la dévaluation. Il n’existe absolument rien qui peut nous éviter ce misérable destin. Et contrairement aux fanfaronnades, ils ne feront rien.
    Dieudonné ESSOMBA
  • Nouveaux contrats de performance des entités publiques au Cameroun, un outil de trop !

    Nouveaux contrats de performance des entités publiques au Cameroun, un outil de trop !

    Mon parti pris est sans équivoque : le contrat de performance est un outil de trop.

    Bien qu’intrinsèquement utile au sens où il assure les fonctions de facilitation et de redressement, le contrat de performance entre l’Etat et les Etablissements et Entreprises Publics, annoncé dans la circulaire N° 4918/MINFI/ du 05 juillet 2022, intervient dans un contexte de réforme marqué par la présence d’un arsenal d’outils de gestion relativement complet et cohérent. Au moins trois raisons justifient notre position :

    Le contrat de performance est un doublon voire une pâle copie du budget programme déjà utilisé dans l’administration publique depuis 2013 et dans toutes les entités publiques depuis 2015. En effet, le budget programme présente des caractéristiques similaires et peut produire des résultats au-delà de ce que prévoit un contrat de performance. A défaut d’être difficilement complémentaire, cet outil présente un doublon qui contribuera à entretenir une bureaucratie consommatrice de temps, d’énergie et d’argent et freinant ainsi la réforme dans ce secteur qui a déjà de la peine à produire les résultats escomptés.
    L’expérience antérieure des contrats de performance, notamment dans le secteur public et parapublic à l’exemple des contrats plan des entreprises en réhabilitation, n’a pas été un succès retentissant pour garantir que la présente expérience sera différente.

    Le rapport infidèle à la loi pourtant plus contraignante qu’une circulaire est de nature à douter de l’exécution efficace de la circulaire. La réforme actuelle, encadrée par les lois 010 et 011/2017 du 12 juillet 2017, retient des dispositions qui ne sont pas toujours respectées. Dans ce contexte de défiance juridique, rien ne garantit le succès des contrats de performance.
    La signature du contrat de performance a la même valeur que les résolutions des conseils d’administration. Une analyse détaillée de la circulaire indique que seule la signature formelle entre les parties constitue la spécificité de l’outil proposé par rapport aux outils déjà existant. Là encore, on pourrait opposer que les résolutions du conseil d’administration des entités publiques qui autorisent l’exécution des budgets programmes est un document juridique valable. Donc, au fond, cet outil n’a pas de valeur ajoutée substantielle.

    Ces différents points sont successivement détaillés dans les développements qui suivent.

    Le contrat de performance est une pâle copie du budget programme

    Il est important de comparer ces deux outils pour comprendre leur ressemblance, apprécier leur dissemblance et assumer une préférence pour le budget programme.

    En ce qui concerne la ressemblance, le budget programme comme le contrat de performance est un outil de planification de moyen terme (3 à 5 ans). Tous deux s’appuient sur le plan stratégique de la structure pour prioriser les changements à produire. Les deux outils mobilisent les mêmes principes : responsabilisation des gestionnaires ; identification des résultats (en termes de changements mesurables par des indicateurs quantitatifs ou qualitatifs) ; alignement et cohérence des actions (liens de causalité entre les actions et les résultats) ; souci de performance (notamment de pertinence, d’efficacité, d’efficience, d’éthique et de durabilité) ; engagement à passer de la logique de moyens à celle d’action, puis celle d’action à celle du changement, i.e. du résultat.

    Au sujet des dissemblances, contrairement au budget programme qui est un outil de planification certes rigoureux et structuré, le contrat de performance se présente plus comme un outil de facilitation et de redressement. L’objectif du contrat de performance est de faciliter les échanges en vue d’atteindre la performance visée. On part donc de l’hypothèse que le contexte actuel des échanges entre l’Etat et les acteurs sociaux de l’entité publique n’est pas de nature à produire la performance attendue.

    L’enjeu est donc d’identifier dans les éléments de contexte et de relations entre les acteurs sociaux les facteurs qui empêcheraient que la performance s’obtienne. Le contrat de performance servira donc à lever les « goulots d’étranglement » afin de faciliter les échanges. En réalité, il n’est pas un contrat au sens juridique du terme, il est davantage un outil de redressement. Il est donc question d’identifier clairement le problème à résoudre, la situation à redresser (pour le cas qui nous intéresse on se réfère aux prétextes évoqués dans la circulaire et dans une certaine mesure la récente lettre du ministre d’Etat SGPR sur la GRH dans les entités publiques). Si cette intention est noble, elle se heurte malheureusement aux habitudes et pratiques qui ne faciliteront pas son épanouissement. Les expériences antérieures sont suffisamment illustratives de ce fait.

    Les dissemblances relevées imposent une complémentarité des deux outils mais nous confortent davantage à l’idée de se concentrer à assurer une bonne appropriation du budget programme dont les effets vont au-delà de la logique de redressement. L’exercice engagé par les entités publiques depuis 2015 doit se poursuivre et se densifier au lieu d’être court-circuité par un nouvel outil qui va entraîner des peurs voire des résistances logiques en pareille circonstance et annihiler le peu d’efforts déjà produits.

    L’expérience mitigée de contrats de performance est un sérieux motif de doute

    L’administration publique camerounaise n’est pas étrangère aux contrats de performance. Cet outil émerge pendant la grande période de crise économique (1980-2000) au sein des entreprises publiques qui ont échappé à la privatisation. Bien au-delà, c’est une habitude entretenue par la Commission de réhabilitation des entreprises (CTR) à travers les contrats plans signés avec les entreprises admises en réhabilitation. A l’évaluation, ces entreprises réhabilitées ne présentent pas toujours des performances améliorées ; ce qui autorise un directeur général d’une entreprise publique à considérer ce processus comme « un guichet de financement pour les entreprises publiques sans lien avec l’amélioration de leurs performances ». Bien que certaines expériences aient connu du succès notamment les contrats de performance dans la douane camerounaise, ils sont si rares que la généralisation de cet outil dans les entités publiques n’est pas un gage de succès.

    Le rapport infidèle à la loi est un handicap à tout projet de réforme

    Bien que les sociologues nous aient appris qu’on ne change pas une société ou une culture, il nous paraît impossible de conduire un changement sans décrets ou lois. C’est donc logiquement que les lois de 2017 et le décret subséquents de 2019 ont été pris pour encadrés les changements planifiés dans la réforme envisagée. Malheureusement la CTR constate pour le déplorer dans son rapport de 2020 que plusieurs entités publiques ne se sont pas arrimées aux dispositions de ces textes. Bien plus, plusieurs incohérences managériales (dont le fait d’être PCA et tutelle en même temps) et incompatibilités (être PCA et DG) sont observées. Par ailleurs tous les outils de gestion instruits par ces textes n’ont pas été implémentés 5 ans après.

    Le débat sur le respect des mandats a donné lieu à de controverses juridiques entrainant un statut quo. Bien plus grave, les clauses de rendez-vous contenues dans ces textes ne semblent pas être un impératif. A titre d’exemple, il était attendu, comme l’avait annoncé la circulaire du MINFI du 9 mai 2019, que les entités subirait une évaluation triennale avec comme incidence leur re-classification en fonction de performances budgétaires. Les salaires des mandataires sociaux devaient être modifiés en conséquence. Alors que cette reclassification est attendue depuis le 9 mai 2022, aucun indice ne semble présager que cette clause sera respectée. La nouvelle focalisation est sur les nouveaux contrats de performance qui seront signés de 2022 à 2024.

    La signature du contrat de performance a la même valeur que les résolutions des conseils d’administration

    Contrairement à la loi de 99 qui régissait le fonctionnement des entités publiques remplacée par les lois de 2017, les résolutions du conseil d’administration sont d’application immédiate. Il a été constaté que lors des conseils d’administration, l’un des points abordés est la mise en œuvre des résolutions. Par ailleurs, les résultats produits sont (ou devraient être) sanctionnés en cas de mauvaise performance. La signature en elle-même n’est pas suffisante pour garantir un changement notable.

    Pour conclure, les dispositions de la circulaire semblent apporter une mauvaise solution à un vrai problème. En effet, pour que le contrat de performance joue effectivement son rôle de redressement, il doit adresser les questions de dysfonctionnements notamment celles du choix des dirigeants et des mandataires sociaux. Cette question indexe les pratiques dans ce domaine qui manquent de visibilités procédurales objectivités et indispensables pour une mise en œuvre efficace des contrats de performance. Dans ce contexte de faible état de droit (du fait du non-respect de la réglementation), il est à craindre que les contrats de performance institués ne soient qu’un gadget sans fondements conceptuels forts. Un outil de trop !

    Suivez l’interview de Sens Politique, sur le bilan de la réforme des établissements publics administratifs au Cameroun.

    Viviane Ondoua Biwolé

  • Josep Borrell: «Moscou devra choisir entre le beurre et les canons»

    Josep Borrell: «Moscou devra choisir entre le beurre et les canons»

     Déclaration de Josep Borrell, Chef de la diplomatie européenne et Vice-Président de la Commission européenne,  sur les sanctions contre la Russie.

    Les sanctions contre la Russie sont-elles utiles ? Oui. Elles frappent déjà durement Vladimir Poutine et ses complices et leurs effets sur l’économie russe s’accroitront au cours du temps.

    Depuis que la Russie a délibérément violé la légalité internationale en envahissant l’Ukraine, l’Union européenne a adopté six paquets de sanctions contre Moscou. Nos mesures ciblent désormais près de 1200 personnes et 98 entités en Russie ainsi qu’un nombre conséquent de secteurs de l’économie russe. Ces sanctions ont été adoptées de façon coordonnée avec les membres du G7. Leur efficacité est renforcée par le fait que plus de quarante autres pays (dont des pays traditionnellement neutres) les ont adoptées ou ont pris des mesures similaires.

    D’ici la fin de l’année 2022, nous aurons réduit de 90 % nos importations de pétrole russe et nous diminuons rapidement nos importations de gaz. Ces décisions nous dégagent progressivement d’une dépendance qui a inhibé longtemps nos choix politiques face à l’agressivité de Vladimir Poutine. Celui-ci a probablement cru que l’Europe n’oserait pas s’engager dans la voie des sanctions du fait de sa dépendance énergétique. Parmi les nombreuses erreurs d’appréciation commises par le régime russe dans ce conflit, celle-ci n’est pas la moindre. Certes, cette désintoxication rapide de l’énergie russe engendre aussi des difficultés sérieuses pour de nombreux pays de l’Union et pour plusieurs secteurs d’activité. Mais c’est le prix à payer pour défendre nos démocraties et le droit international et nous prenons les mesures nécessaires pour faire face à ces problèmes de façon solidaire.

    Soit, diront certains, mais ces sanctions affectent-elles au moins vraiment l’économie russe ? La réponse est oui. Car si la Russie exporte beaucoup de matières premières elle est contrainte aussi d’importer de nombreux produits à forte valeur ajoutée qu’elle ne fabrique pas. Pour l’ensemble des technologies avancées, elle dépend à 45 % de l’Europe et à 21 % des États-Unis contre seulement 11 % de la Chine.

    Dans le domaine militaire, crucial dans le contexte de la guerre en Ukraine, les sanctions limitent la capacité russe à produire des missiles de précision comme les Iskander ou les KH 101. La quasi-totalité des constructeurs automobiles étrangers ont aussi décidé de se retirer de Russie et les rares voitures produites par les constructeurs russes seront vendues sans airbag ni boîte automatique.

    L’industrie pétrolière souffre non seulement du départ des opérateurs étrangers mais aussi de la difficulté à accéder à des technologies avancées comme le forage horizontal. La capacité de l’industrie russe à mettre en exploitation de nouveaux puits sera probablement limitée. Enfin, pour assurer le trafic aérien, la Russie devra retirer de la circulation une majorité de ses avions afin de récupérer les pièces détachées indispensables pour permettre aux autres de voler. À cela s’ajoutent la perte d’accès aux marchés financiers, la coupure avec les grands réseaux de recherche mondiaux et une fuite massive des cerveaux.

    Quant à l’alternative qu’offrirait la Chine pour l’économie russe elle demeure en réalité limitée, notamment pour les produits de haute technologie. Jusqu’ici le gouvernement de Pékin, très dépendant de ses exportations vers les pays développés, n’a pas en effet, pour l’essentiel, permis à la Russie de contourner les sanctions occidentales. Les exportations chinoises vers la Russie ont diminué dans des proportions comparables à celles des pays occidentaux.

    Ces impacts significatifs et croissants conduiront-il Vladimir Poutine à modifier ses calculs stratégiques ? Sans doute pas dans l’immédiat : ses actions ne sont pas guidées au premier chef par une logique économique. En l’obligeant à choisir entre le beurre et les canons, les sanctions l’enferment cependant dans un étau qui progressivement se resserre.

    Reste l’impact de ces sanctions sur les pays tiers et notamment africains, qui dépendent du blé et des engrais russes et ukrainiens. Les responsabilités dans la crise alimentaire sont claires : nos sanctions ne ciblent nullement les exportations de blé ou d’engrais russes alors que l’Ukraine est, elle, empêchée d’exporter son blé par le blocus de la Mer noire et les destructions entraînées par l’agression russe. Si certaines difficultés potentielles liées à nos sanctions devaient se concrétiser, nous sommes prêts à mettre en place les dispositifs adéquats pour y répondre. J’en ai informé mes homologues africains tout en leur demandant de pas être dupes des contrevérités des autorités russes au sujet de nos sanctions.

    Contrairement à ce que nous pensions avec une certaine naïveté il y a quelques années encore, l’interdépendance économique n’implique pas mécaniquement une pacification des relations internationales. C’est pourquoi le passage à une Europe-puissance, que j’appelle de mes vœux depuis le début de mon mandat, est un impératif. Face à l’invasion de l’Ukraine, nous avons commencé à passer de l’intention à l’action en montrant que, quand on la provoque, l’Europe sait répondre. Comme nous ne voulons pas entrer en guerre avec la Russie, les sanctions économiques forment aujourd’hui le cœur de cette réponse. Elles commencent déjà à faire sentir leurs effets et elles le feront davantage encore au cours des prochains mois.

  • AG d’Afreximbank: la vision du commerce intra-africain du DG de la CNPS

    AG d’Afreximbank: la vision du commerce intra-africain du DG de la CNPS

    Alain Noël Olivier Mekulu Mvondo Akame a pris une part active et fait une série de propositions au cours des assises du 15 au 17 juin dernier au Caire
    Les expériences récentes de l’actualité mondiale (Covid-19, crise ukrainienne…) enseignent à l’Afrique un certain nombre de leçons, au rang desquelles les suivantes:
    ⁃l’existence et la multiplication des institutions de promotion et du financement du « développement » de l’Afrique, après plusieurs décennies, n’ont pas nécessairement induit une accélération remarquable dans l’atteinte des objectifs recherchés, en dépit de la bonne volonté et des efforts déployés;
    ⁃les solutions édictées par les tiers ne sont pas nécessairement celles que l’Afrique devrait porter, parce que les problématiques ne se posent pas de la même manière ni avec une identique pertinence, et, par conséquent, les solutions préconisées ou mises en œuvre ne sauraient être dupliquées telles quelles;
    ⁃la nécessité d’une réflexion autonome et rigoureuse s’impose pour l’Afrique avec une acuité qui ne devrait laisser aucune place à un confort intellectuel préjudiciable, consistant à s’aligner sans réserve sur les positions ou stratégies des tiers, ou à une modélisation dont les paramètres seraient tronqués ou mal appréciés.
    I/ La notion de développement devrait être réexaminée au regard de la position et des ambitions de l’Afrique
    Le grand problème en Afrique est, tant dans la définition des concepts que les orientations de nos économies, de vouloir reprendre in extenso et sans évaluation préalable les mesures mises en œuvre sous d’autres cieux, même si celles-ci ont parfois connu là-bas un certain succès. Il faut bien convenir, surtout à long terme, que le succès des uns ne fait pas toujours celui des autres, et vice-versa, les contextes, la sociologie, la psychologie et même l’anthropologie n’étant pas les mêmes.
    Le développement n’est pas la duplication des infrastructures et des modes de vie d’ailleurs; l’Afrique doit pouvoir dire ce que représente pour elle le développement, si tant est qu’il s’agit d’un concept approprié; il faudrait peut-être lui substituer la notion de grandissement ou de progrès, dans la mesure où il s’agit d’une notion promue dans des temps où les autres entendaient bien assumer à notre égard un rapport de domination et d’exclusivité dans l’initiative du progrès.
    Il faut tenir compte des évolutions chez nos partenaires dans leurs stratégies de modèles économiques; on voit bien qu’en occident par exemple, la notion de mondialisation n’a plus la même signification depuis la crise du Covid, en tout cas en ce qui concerne les chaînes de valeur, la tendance étant de ramener les productions et approvisionnements dans un cadre local et endogène, à défaut d’être fondé sur des considérations stratégiques qui leurs sont profitables.
    De ce point de vue, les notions mêmes de croissance et autres pourraient subir le même lifting initiatique, non pas dans le but de remettre en cause des réalités économiques, mais surtout de réorienter nos efforts pour assurer le bien-être réel de nos peuples.
    II/ La cohérence africaine pourrait ainsi être promue ou reçue comme pierre angulaire du grandissement de l’Afrique, afin de parvenir à: (i) un équilibrage de la production sur l’ensemble du continent; ((ii) une grande acceptation du plan africain de production/commerce/libre échange ; (iii) des échanges intensifs, pérennes et globalement bénéfiques pour l’ensemble des Etats. Ainsi pourrait-on envisager avec avantage, par les dirigeants africains et les institutions de financement comme Afreximbank et d’autres œuvrant pour les intérêts majeurs et critiques de l’Afrique :
    ⁃la définition d’un objectif absolu, autant que faire se peut, de l’autosuffisance en matière alimentaire, idéalement par Etat;
    ⁃la définition préalable d’une carte de distribution équilibrée et tenant compte des avantages comparatifs respectifs, des pôles de production manufacturière par régions et produits, de manière à éviter la multiplication des mêmes produits dans tous les pays, source d’une concurrence fatale pour la plupart des pays ou d’une faiblesse rédhibitoire des échanges infra-africains;
    ⁃la définition de chaînes de valeur sur l’ensemble du continent, de manière que, après la distribution des pôles de production, il puisse y avoir des sous-pôles de production des éléments contribuant à la mise au point ou à l’assemblage de produits finaux sortis des pôles principaux.
    ⁃une organisation de la notation financière et économique des Etats et institutions africains selon des critères propres et appropriés;
    ⁃la considération que la voie du grandissement résolu de l’Afrique ne sera pas un long fleuve tranquille, il faudra indubitablement passer par un temps de réajustement pratique et idéologique difficile, et être prêts y compris à des conflits commerciaux, si ce n’est plus, avec des tiers aujourd’hui dominants et profitant de positions privilégiées à notre détriment.
    III/ La construction d’un groupage, conventionnel ou associatif, d’institutions de financement africaines y compris les fonds de pension et caisses de sécurité sociale, pour la constitution de capitaux significatifs et majoritairement autosuffisants, destinés exclusivement au financement des économies africaines, selon les besoins réels de l’Afrique et au regard de son potentiel avéré.