L’église catholique romaine qui est en Afrique est loin d’opter pour la sortie des spiritualités d’extraction

Au petit séminaire Saint Paul de Nylon à Douala, nous avions une religieuse du nom de Sr. Toulouse. À chaque fin de semaine, elle nous confiait un livre à lire et nous suggérait le lundi en faisant le résumé.

 

Quelle surprise de voir nos copies revenir le mercredi traversées de rouge. Notre recteur Mgr Clément Njewel n’avait cessé de nous dire qu’au séminaire, on forme l’élite, c’est-à-dire les penseurs de la société, ce qui suppose une certaine pensée subversive de notre temps. Mgr Bayemi a été mon professeur principal en classe de 4è. Mgr Clément Njewel était le pasteur de l’intelligence cléricale, nous connaissions la colère que lui vouaient les prêtres à la raison en bref.

Bien plus tard, j’ai côtoyé pendant plus de 3 ans Meinrad HEBGA, Eboussi Boulaga, Towa, Guillaume BWELE, Puis Ondoua, Joseph NGOUE, Mbaisso Adoum, Manga Bihina etc. Et je me rappelle de cette phrase de Jean Marc ELA lors d ‘un cours de sociologie : »Pour vivre heureux au Cameroun, il faut être un ignorant, pour peu que vous soyez intelligent, vous mourrez de colère », ce à quoi se greffait ce qu’Eboussi avait thématisé comme des intelligences ventriloques, sorte d ‘à-plat-ventrisme des satrapes. L’église catholique romaine qui est en Afrique est traversée par cette crasseuse ignorance entretenue par des sous-préfets paroissiaux se passant pour pasteurs.

C’est dans une société de bouffeurs de sexe que l’église catholique romaine dépourvue d’une Parole qui pousse l’homme à la joie de vivre, a désormais le ritualisme prosélytiste par voie d’achat de terrains, comme eucharistie. Cette politique ne vise pas tant à relever les hommes et les femmes tombées entre les mains des différents escrocs des espérances mais bien à donner son propre système d’intérêts. On comprend donc facilement l’anesthésie des intelligences des quêtes pour le béton devant la désolation des populations de Dikolo expropriées ou exhumées de leur terre. On a quand même annoncé avec tant de bruits la rentrée pastorale.

Quelle est cette église à l’ouïe distraite du cri des hommes d’en-bas ? Quelle est cette église dont les célébrations eucharistiques ne font pas retenir auprès de Dieu, les désespérances d’un peuple exténué par les différents vendeurs d’illusions qui ont fait des cathédrales, leurs lieux privilégiés. Ce que ces sous-préfets paroissiaux ignorent est ceci : les grandes révolutions sont l’œuvre des intelligences des marges. Et je sais que les générations futures mettront les intelligences de chapelet à genoux. Un peuple naîtra loin des ambons et des existences en génuflexion pour motif d’action de grâce. Une armée de jeunesses grondent déjà dans les sous-terrains pour des convulsions profondes de notre temps. Le voile est déjà déchiré et comme le disait Nietzsche, nous ne humons plus que les odeurs d’un cadavre.

Père NGIMBUS.

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