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Acquisition des chambres estudiantines à Yaoundé : le gré à gré validé par les ressortissants de la Cemac

Le cas dans le 4e arrondissement de la capitale camerounaise où la bataille des chambres fait rage. Les étudiants de la Cemac adoptent des pratiques mafieuses pour passer les chambres à leurs compatriotes.

 

Certains scientifiques, notamment les géographes, pensent que l’environnement façonne l’homme. Cette pensée est vérifiable et partagée par les propriétaires, concierges et riverains des quartiers latins de l’Université catholique d’Afrique centrale et de l’Institut universitaire Siantou dans le 4e arrondissement de la ville de Yaoundé. Ils se plaignent de voir les étudiants de la sous-région adopter des pratiques anormales dans le processus de libération des chambres. Comme leurs camarades camerounais, ces derniers procèdent subrepticement au gré à gré pour donner les chambres à leurs compatriotes basés dans la capitale camerounaise.

Guinée Équatoriale, l’appel du sang
À 50 mètres de l’ancienne Cami Toyota et venant des campus de l’UCAC et Siantou, se trouve une mini-cité de 20 chambres. Cette dernière sans nom est en réalité une auberge transformée dans la perspective de la rentrée académique. Comme nous l’apprend Angeline, gérante du bar qui jouxte cette cité estudiantine. Cette dernière est baptisée par les riverains «GuinéeTown». La raison, «depuis plus de 5 ans, aucun Camerounais ne réussit à habiter dans cette bâtisse», nous informe Kirikou. Aux dire du vendeur de viande à la braise du coin, le propriétaire vit en France et il est en contact avec le président des étudiants équato-guinéens. Il perçoit directement son loyer depuis l’Hexagone. «Une fois que le propriétaire reçoit son argent, il ne cherche plus à connaître l’identité des occupants», confie Raymond Edu, président des étudiants de cette communauté et concierge de faite.

Le passage de témoin pour cette rentrée académique est justement un sujet de conversation ce 23 août 2023. «Vous avez déjà de nouvelles personnes alors que les Camerounais cherchent des chambres», titille Geremi, propriétaire d’un secrétariat en bureautique. «On copie ça chez-vous!», rétorque Ernesto, un étudiant équato-guinéen. Du propre avis des protagonistes du jour, des joutes verbales comme celles-là sont régulières ces derniers temps dans ce quartier.

Tchad, manière douce ou forte
Pour passer les chambres à leurs compatriotes, la communauté estudiantine tchadienne a deux approches. La première conflictuelle consiste à mettre les bailleurs et concierge devant un fait accompli. Ceux-ci se rendent simplement compte de la présence de nouvelles personnes dans les chambres. Pire encore, ils apprennent souvent que les anciens occupants se trouvent déjà au Tchad. Faris, un des leaders, explique que «trouver des chambres dans un quartier comme Ayéné n’est pas une tâche facile». Pour ce dernier, les Tchadiens sont contraints de pratiquer le gré à gré pour éviter les abus. Ce qui n’est pas du goût de bailleurs. Adim’s, concierge de la mini-cité Essama à Ayéné ne sait pas quoi faire, surtout que certaines chambres ont déjà des réservations. «Ils partent en laissant leurs frères sans même m’avoir parlé au préalable. Ils m’ont eu parce que je ne voulais plus avoir affaires à certains parmi eux. Ces chambres devaient passer de 35 000 à 40 000 FCFA», explique le concierge.

L’autre méthode adoptée par les Tchadiens est l’anticipation. La tactique ici est de vivre pendant un certain temps avec les nouveaux étudiants. L’opération ainsi menée est plus conciliante, parce que les anciens ont le temps de mieux échanger avec les responsables des mini-cités, afin qu’ils acceptent leurs compatriotes. «Nous faisons venir les nouveaux bacheliers un mois avant, afin d’anticiper sur la recherche des chambres», révèle Oumar Goroma, président des étudiants tchadiens de l’Institut universitaire Siantou. Pour son compatriote Olivier Djoukounoun, «il faut avoir un bon comportement. Si tu n’es pas en harmonie avec le concierge, tu réussis à imposer ton compatriote difficilement».

Congo-Gabon, avec le temps
Moins coutumiers de cette pratique, les étudiants congolais et gabonais apprennent cette pratique de gré à gré auprès des Équato-Guinéens et des Tchadiens. Mahimbi, originaire de pointe noire se casse la tête depuis deux semaines pour trouver une chambre à un de ses compatriotes. «Moi je suis finissant et je cherchais la chambre pour mon cousin. Mon ami Kader du Tchad me demande de ne pas me gêner. Il me conseille de proposer à mon frère une cohabitation temporaire, puisque que je soutiens mon master en Novembre», confie-t-il.

André Gromyko Balla

 

Une rentrée scolaire en rangs dispersés

 

Les rentrées scolaire et académique arrivent à grands pas dans les pays de la zone Cemac. Chaque État membre élabore son calendrier, et des stratégies pour assurer la bonne reprise des classes. Parmi les six pays de cette sous-région, le Cameroun, du Gabon et du Tchad présentent déjà leur top départ de la rentrée.

Un point d’honneur est mis sur lutte contre la corruption au Cameroun, à travers le déploiement sur le terrain des agents de la Commission nationale anticorruption (Conac). Le Gabon par la voie de son président annonce la gratuité des manuels scolaires et la réduction de 25% des frais de scolarité. «Dès l’année prochaine, les manuels scolaires seront totalement gratuits», a-t-il indiqué lors de son adresse à la nation le 16 août dernier, à la veille de la célébration de la fête de l’indépendance. À en croire le président Ali Bongo Ondimba, la rentrée scolaire s’inscrit dans un cadre où tous les écoliers gabonais doivent avoir la même chance.

Au Tchad, Moussa Kadam, le ministre de l’Éducation nationale, signe un arrêté fixant la rentrée pour les classes d’examen, 3èmes et Terminales, le 21 septembre et les classes intermédiaires le 2 octobre. On apprend toujours d’un autre arrêté que les frais de scolarité connaîtront une augmentation de 15 000 FCFA. Cette situation est une source d’inquiétude puisqu’il y a déjà une augmentation 2 500 FCFA. Cela fait globalement une augmentation de 175 000 FCFA.

André Gromyko Balla

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