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Ambassade de France au Cameroun : Aissa Doumara Ngatansou en tête de gondole

En posture de vedette durant une réception offerte à la chancellerie française à Yaoundé, la militante pour les droits des femmes au Cameroun a, jeudi dernier, décliné les priorités induites par le prix reçu des mains du chef de l’État français à Paris le 8 mars 2019.

«À toutes ces survivantes, ces rescapées de Boko Haram, les femmes, les filles du monde entier, je dédie ce beau prix […] Et je formule le rêve d’un monde sans violence, où toutes les filles et les femmes, les hommes et les garçons pourront vivre en toute égalité et dans le respect mutuel ; un monde où tous pourront exprimer leur libre arbitre sans être réprimés». Ces mots, Aissa Doumara Ngatansou les avait prononcés lors de la remise du premier prix Simone-Veil pour l’égalité hommes-femmes au Palais de l’Élysée.

C’était le 8 mars 2019, devant le président Emmanuel Macron. À Yaoundé, ce 16 mai 2019, elle les reprend à l’occasion de la réception offerte en son honneur par S.E. Gilles Thibault, ambassadeur de France au Cameroun. Ce jour, la tonalité des propos de la Camerounaise décroche, une nouvelle fois, une volée de traits brillants contre les abus faits à la gent féminine. Ils se font l’écho de toutes les violences faites aux femmes dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. De quoi glaner l’adhésion des invités à la cérémonie. «C’est une reconnaissance de la dénégation de l’ensemble des droits de la personne aux filles et aux femmes, et un appel à plus d’actions», avance l’ambassadeur de France au Cameroun.

L’hommage appuyé du diplomate français donne des prolongements au rêve qui, voici bientôt 20 ans, habite l’esprit de Aissa Doumara Ngatansou : «se doter d’un centre complet de prise en charge des victimes des viols et des mariages précoces, et étendre ses activités ailleurs en Afrique».«Nos interventions prennent en compte, de manière globale, les actions de prévention, d’atténuation et de réponses aux cas de violences faites aux filles et aux femmes. Depuis que la crise s’est installée dans cette partie du pays, avec tout ce que vous connaissez, nos actions se sont étendues aux femmes rescapées de Boko Haram, aux déplacées internes et aux réfugiées nigérianes», explique la récipiendaire.

Dans le fond, elle entend mener son combat plus loin. Cela est désormais possible, dans la mesure où le prix qui lui a été décerné est assorti d’une enveloppe de 100 000 euros (environ 66 millions de FCFA).Avec ce pactole, explique l’activiste, diverses actions sont prévues aux niveaux national et sous-régional. Sur la première ligne, il est envisagé, aux côtés d’autres organisations de la société civile, de conduire des plaidoyers en vue d’améliorer le statut socio-juridique de la fille et de la femme. Une deuxième ligne prévoit de s’inscrire sur les plateformes de plaidoyer et de défense des droits des filles et des femmes. «Nous voulons aussi renforcer nos plaidoyers pour que la thématique des mariages précoces et forcés soit prise en compte par les politiques de l’Union africaine, pour que la prise en compte du genre soit une réalité effective», déclare Aissa Doumara Ngatansou.

Jean-René Meva’a Amougou

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