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2018 - Page 17 sur 27 - Journal Intégration

Journal Intégration

Année : 2018

  • Industrialisation: Yaoundé décline son échéancier

    Industrialisation: Yaoundé décline son échéancier

    2035 et 2050 sont les deux années arrêtées pour contempler les résultats concrets du 1er Forum national de l’industrialisation (Fonaic) tenu récemment à Yaoundé.

    Jean-René Meva’a Amougou

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  • Mondial 2026 : la realpolitik et le foot-business contre l’Afrique

    Mondial 2026 : la realpolitik et le foot-business contre l’Afrique

    Vraisemblablement en 2018, Maroc et Coupe du monde de football ne font pas bon ménage.

    Le 13 juin, le Royaume chérifien perd l’organisation du mondial 2016 au profit du trio nord-américain: Canada, Mexique et Etats-Unis. Le 20 juin, suite à une seconde défaite d’affilé, le Maroc est éliminé de la coupe du monde de football 2018. Une sacrée douche froide en l’espace de sept jours. Rabat a encore le masque. Même Hervé Renard, sélectionneur de l’équipe nationale marocaine, a des larmes aux yeux !

    Le positionnement de la candidature «Maroc 2026» était-elle africaine, Arabe ou Marocaine? Sur cet échiquier censé être un réservoir de voix pour le Royaume chérifien, des défections sérieuses étiolent le poids de l’ambition marocaine. Au final, sur 203 associations réunies à Moscou au congrès de la Fifa, 65 fédérations votent en faveur de «Maroc-2026». 134 soutiennent «United 2026». Il y a trois abstentions (Cuba, Slovénie et Espagne) tandis que l’Iran rejette les deux candidatures. Ce vote est l’expression réelle des relations internationales telles qu’elles se présentent aujourd’hui.

    Realpolitik

    Qui ne se rappelle pas du tweet du Premier ministre libanais Saad Hariri le 9 avril dernier? En compagnie de Mohammed VI, Roi du Maroc et du Prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Salman, ce selfie en tenues décontractées affiche une complicité des trois hommes à Paris. On évoque la nouvelle génération des leaders dans le Moyen – Orient. En Afrique, l’offensive géo-économique marocaine se traduisant par des investissements et accords de coopération économique multiformes lui ont facilité une (ré)adhésion à l’Union africaine.

    Mais face à la télécommande, le réalisme a repris le dessus. Liban, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis votent pour la candidature atlantique. En Afrique, onze défections sont enregistrées. La plus grande défection vient de la partie australe du continent sous la conduite de l’Afrique du Sud. Cette inimitié est profonde sur le politique (Sahara occidental), mais aussi le sportif (rivalités et contentieux sur l’attribution du mondial 2010). Au final, le Benin, le Cap vert, la Guinée, le Libéria, le Lesotho, le Mozambique, le Namibie, la Sierra Leone, l’Afrique du sud, le Zimbabwe et le Botswana ont rallié le trio de l’Alena.
    Le tweet du 27 avril 2018 du président américain y serait pour quelque chose? Dans son canal de communication favori, Donal Trump prévient que «ce serait dommage que les pays que nous avons toujours soutenus fassent campagne contre la candidature nord-américaine.

    Pourquoi soutiendrions-nous ces pays quand ils ne nous soutiennent pas ?» Le Maroc n’a-t-il pas été naïf de ne songer qu’à la programmation ? Naïf de laisser reposer son sort sur la passion du foot ? Alors que les USA ont fait campagne sur les intérêts politiques et économiques des Etats auxquels appartiennent les fédérations. Le pays de Mohammed VI aurait peut être gagné à faire campagne sur les frustrations internationales de la nouvelle présidence américaine. Qui, au sein même du trio organisateur, s’illustrent en construction de mur (frontière avec le Mexique) et dénonciation des accords préférentiels de coopération économique.

    Foot-business

    Regardons les choses en face! Les récentes mutations de la Fifa, marquées par l’éviction de Sepp Blatter, sont toujours attribuées aux frustrations américaines. Disposant de deux voix, le président de l’instance faitière du football mondial aurait soutenu la candidature nord-américaine. Par ailleurs, il est connu que la coupe du monde 2026 sera la première à se jouer à 48 équipes. Soit 50% de délégations en plus que les éditions actuelles. Et au niveau infrastructurel, le trio de «United 2026» est de loin le plus loti. Lorsque le Maroc fait simplement des promesses d’investissements dans les stades, les hôpitaux, hôtels et routes.

    Pour l’attribution de ses compétitions, la Fifa est outre regardante sur les bénéfices (droits de retransmission, sponsors, ventes des billets…) Selon Pascal Boniface, spécialiste de la géopolitique du sport, «Infantino a milité pour la candidature des États-Unis à la coupe du Monde 2026 pour sa plus grande rentabilité. Il espère aussi que la justice américaine et le FBI seront plus cléments envers la Fifa, pardonnant l’affront de 2022. C’est quand même bizarre de voir les Etats-Unis co-organisés une Coupe du Monde avec la frontière de laquelle ils veulent construire un mur pour que les mexicains ne passent plus, et avec un autre qu’ils insultent. C’est déjà un trio un peu curieux !»

    Et si cet échec était celui de la Confédération africaine de football (Caf) ? Qui n’aurait pas su fédérer ses membres ? On n’en saura jamais assez. Il faut cependant saluer le courage et l’œuvre du Maroc dont la candidature a connu des soutiens de poids. Des pointures du football ont adoubé les efforts de «Maroc 2026», c’est le cas du Brésil, de la France, de l’Italie et de la Belgique. D’autres plus symboliques pour le poids géopolitique ont été encourageantes comme la Chine et la Palestine. Le Maroc a d’ores et déjà annoncé sa candidature pour l’organisation du mondial 2032. Qu’il sache tirer les leçons de ses échecs russes.

    Zacharie Roger Mbarga

  • 17 milliards de francs CFA

    17 milliards de francs CFA

    Selon Athman Mravili, le Représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Cameroun, c’est la somme réservée au programme de cette institution onusienne en faveur du Cameroun.

    Prévu pour la période 2018-2020, cet argent est destiné au financement des projets en rapport avec la sécurité alimentaire et le développement des chaînes de valeur, la gestion des ressources naturelles et le renforcement de la résilience et de la nutrition. «Nous travaillerons avec toutes les institutions gouvernementales concernées, pour transformer le cadre national en projets spécifiques. Quand cela sera fait, nous passerons à la 2ème phase qui est celle de la mobilisation des ressources», a précisé Athman Mravili, approché par le magazine Investir au Cameroun, le 14 juin 2018 à Yaoundé.

  • Ruth Kgomotso Magau

    Ruth Kgomotso Magau

    La dame occupe la fonction de Haut-commissaire d’Afrique du Sud au Cameroun. Cette année, en l’espace de quelques semaines, elle a coordonné les visites de prospection de deux délégations d’entrepreneurs du pays arc-en-ciel.

    Au regard de cette actualité, cette diplomate suit une trajectoire fixée lors de la présentation des copies figurées de ses lettres de créance au ministre des Relations extérieures à Yaoundé, en début d’année. Ruth Kgomotso Magau se donnait alors pour mission de promouvoir son pays d’accueil auprès des puissants acteurs économiques d’Afrique du Sud. Cela suppose une importance accordée à la diplomatie économique, adossée sur la participation de grands groupes sud-africains dans l’intensification des politiques de coopération bilatérales.

    Le 18 juin dernier, au cours d’une audience avec le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), elle a dit que son pays dispose d’experts mondialement reconnus qui peuvent contribuer à une coopération avec les grands États émergents et pays en voie de développement dans des domaines tels que l’environnement, la santé, l’urbanisme et la mise en place de grandes infrastructures ou la sécurité sociale. «Mon pays rentrerait ainsi dans un véritable partenariat avec ces États sur des sujets qui les préoccupent», indique la Sud-Africaine.

  • 100 milliards de francs CFA

    100 milliards de francs CFA

    Le 20 juin dernier, Paul Biya a publié les orientations générales de la politique budgétaire pour l’exercice 2019. En matière de recettes, l’objectif principal demeure la mobilisation optimale des recettes budgétaires internes non pétrolières.

    C’est le pactole généré par les industries extractives dans les caisses de l’Etat du Cameroun à la faveur de la signature de nouveaux contrats pétroliers et la promulgation d'un nouveau code minier

    En effet, dans son programme d’ajustement avec le FMI, le pays s’est engagé à accroitre la pression fiscale l’année prochaine de 0,6% du produit intérieur brut (PIB). Pour y parvenir, le président de la République prévoit, en ce qui concerne les impôts et taxes, de réduire les exonérations fiscales relatives aux impôts indirects à hauteur de 100 milliards de francs CFA. Selon le rapport sur les dépenses fiscales, joint à la loi de finances de 2018, les dépenses fiscales se sont chiffrées à 451 milliards de francs CFA en 2016, soit environ 20 % du total des recettes et 2,4 % du PIB. Les pertes enregistrées par la Direction générale des impôts représentent 339 milliards (330 milliards pour la TVA et 9 milliards pour les droits d’assises), soit près de 1,8% du PIB. Les exonérations fiscales constituent donc une niche pour accroitre les recettes propres non pétrolières.

  • Gestion des réfugiés: La Banque mondiale se félicite de l’approche camerounaise

    Gestion des réfugiés: La Banque mondiale se félicite de l’approche camerounaise

    Elisabeth Huybens, la directrice des Opérations de l’institution de Bretton Woods au Cameroun l’a fait savoir le 19 juin 2018 à Yaoundé.

     

    Pour faire face aux flux de personnes déplacés et des réfugiés sur son territoire, le Cameroun a, dans sa lettre de politique de développement, élaboré une approche essentiellement axée sur la préparation d’une stratégie de gestion de la base analytique. « Une approche intéressante », selon Elisabeth Huybens. Lors de l’atelier de lancement de l’opérationnalisation de la Lettre de Politique de Développement à l’égard des réfugiés, le 19 juin 2018 à Yaoundé, la directrice des Opérations de la Banque mondiale (BM) au Cameroun marquait ainsi le satisfecit de l’institution qu’elle représente.

    En effet, la BM regarde d’un bon œil l’ensemble des éléments détaillés dans le premier pilier de la Stratégie pour le relèvement et la consolidation de la à moyen terme des réfugiés. Il s’agit de la facilitation de l’accès aux services sociaux; l’amélioration de la sécurité juridique des réfugiés ; et le renforcement Paix (RCP) récemment publiée, menée par le gouvernement et soutenue par l’ONU, l’Union Européenne et la BM.

    Pécule

    La dernière citée remarque également, pour s’en féliciter, que pour soutenir les engagements de la Lettre de Politique de Développement, le gouvernement camerounais ait décidé de mettre l’accent sur l’amélioration de l’accès aux services sociaux et les moyens de subsistance.  Raison pour laquelle « le guichet IDA appuiera ces objectifs avec 130 million de dollars EU mis à disposition de quatre projets : le projet d’appui à la réforme de l’éducation, le projet filets sociaux, le projet de renforcement de la performance du système de santé, et le projet d’appui au programme national de développement participatif », promet Elisabeth Huybens.

    Elle s’inspire d’ailleurs d’un motif : « cette approche pluridisciplinaire répond aux besoins complexes des réfugiés et de leurs communautés d’accueil en proposant des solutions intégrées et multisectorielles ».  Les caractéristiques communes de mise en œuvre de cet ensemble comprennent : un mécanisme de ciblage commun et une base de données unique sur les bénéficiaires ; un mécanisme commun de gestion des doléances afin de renforcer l’engagement citoyen et la responsabilisation des acteurs institutionnels et  une coordination et plus, un cadre de coordination interministériel (co-présidé par la Banque mondiale et le HCR) pour le suivi des engagements de la Lettre de Politique de Développement et la mise en œuvre effective de la collaboration et des synergies entre les quatre opérations.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Douala: Petite aide, grands besoins

    Douala: Petite aide, grands besoins

    La baisse drastique du budget alloué au HCR contraste avec le chapelet de doléances présentées par les réfugiés vivant dans la ville de Douala.

    « Signons la pétition », le slogan brandi par les tee-shirts renseigne à suffisance le mal vivre de ses déplacés involontaires de Douala. S’ils arborent ces équipements, ils ont le visage triste, la mine abattue. Ce 20 juin 2018 dans la salle des réunions des services du Gouverneur de la région du Littoral, ils voudraient exprimer leurs doléances aux personnes qui les encadrent.

    Anne Barre, responsable des réfugiés femmes, n’est pas allée par quatre chemins pour interpeller les décideurs à regarder de près leur situation qui se dégrade au quotidien. Leurs époux ne pouvant pas trouver d’emploi stable ne peuvent pas  s’occuper de leur famille et ainsi les charges reviennent à elles, femmes quoi se débrouillent  dans les petits commerces. Jean Louis Kalema, président de la communauté des réfugiés dans le Littoral ira dans le même sens lors de son propos de circonstance. Avant d’égrener le long chapelet de doléances, il explique : « le réfugié n’a pas choisi de quitter son pays, c’est une contrainte qui lui est imposé. Le réfugié n’a pas de carte de séjour, il a la carte de réfugié ».Les réfugiés sont sujets à des abus de certaines autorités.

    Kassi Claude François, chef de bureau de terrain du HCR évoque aussi qu’ils sont d’au moins 14 nationalités les réfugiés de la région du Littoral. Le climat de tension mondial fait des déplacés tous les jours depuis 2016, précise-t-il pour le déplorer « le budget du HCR a baissé de 40%, ce qui contraste avec l’augmentation du nombre de réfugiés tous les jours ».

    Pour répondre aux interrogations soulevées par les intervenants, Samuel Ivaha Diboua, Gouverneur du Littoral dira succinctement que : « Les problèmes que vous soulevez sont les problèmes de tout le monde. Ceux que vous trouvez sont les problèmes de tout le monde. Ceux que vous trouvez sur place ont déjà ces problèmes : chômage, santé, etc… Donc il ne faut pas revendiquer pour revendiquer. J’ai travaillé dans la région de l’Est, je connais les réfugiés. Les comportements sont individuels, il faut les discipliner et en tant que réfugiés, il faut respecter les lois des pays d’accueil ». Dans cette ambiance chaude, le Gouverneur a décerné des prix à deux personnalités : un réfugié centrafricain qui a été leader pendant plusieurs années, et sa majesté Ramanou Abdou, chef du quartier Newtown Aéroport pour ses œuvres humanitaires à travers l’accueil des réfugiés centrafricains à Douala.

    Alain Biyong

     

    REACTIONS

    Jean Louis Kalemba,  Président de la Communauté des refugiés du Littoral

    « La vie du réfugié dans son quotidien est très difficile »

    Un réfugié quitte son pays à la recherche de la vie. Nous avons les problèmes avec les banques dans lesquelles nous avons gardé notre argent et qui aux retraits n’acceptent plus les cartes de réfugié. Même MTN et Orange sont entrés dans la même danse. Il faut que l’Etat, les autorités nous aident en expliquant aux institutions bancaires que le réfugié n’a pas de carte de séjour. Il a la carte de réfugiés et qu’ils acceptent cette carte de séjour. Depuis 2016, on nous a annoncé que le budget du HCR a baissé et qu’il ne peut plus prendre tous les réfugiés en charge. Maintenant c’est la santé ciblée, l’éducation ciblée et donc le réfugié ne bénéficie plus de cette aide. Et donc la vie du réfugié dans son quotidien est très difficile.

    Mayer, jeune réfugié centrafricain

    « Nos bailleurs ne nous supportent pas »

    Je suis ici au palais du gouverneur pour la célébration de la 18e journée mondiale à nous dédiée. Concernant le pays qui nous accueil, nous avons des problèmes liés aux cartes. Ceux qui n’ont pas encore les cartes sont arrêtés tous les jours, surtout nous les centrafricains. Quand bien même tu as la carte de réfugiés, on te demande la carte de séjours. Nos bailleurs ne nous supportent pas, ils nous chassent seulement après quelques jours de retard de paiement, tout simplement parce que nous sommes des réfugiés.

     Sandrine Ntep, employée au HCR

    « Elles ont beaucoup d’enfants »

    Nous rencontrons plus de difficultés chez les femmes dans l’exercice de nos tâches. Elles ont beaucoup d’enfants et ne font pas le planning familial. Ce qui fait en sorte que ayant beaucoup de charges, ça les amènent tout ce temps à l’hôpital parce que nous nous occupons du volet santé. 9a nous donne beaucoup de travail. Nous constatons parfois que pendant qu’une femme allaite, il y a déjà un autre enfant dans son ventre. Aussi, la plupart ne travaille pas. Elles sont à la maison et bienvenue les multiples maternités. Elles exercent les petits métiers et parfois elles sont abandonnées par leurs maris.

     Propos recueillis par

    Alain Biyong

  • Gestion des finances publiques : Le Cameroun poussé vers un big bang

    Gestion des finances publiques : Le Cameroun poussé vers un big bang

    Pour bénéficier des appuis budgétaires dans le cadre de son programme avec le Fonds monétaire international, le pays doit réaliser un certain nombre de réformes. Celles-ci vont modifier le processus d’élaboration, de contrôle et d’exécution du budget.

    Travaux de la 4ème session de la plateforme de dialogue sur les finances publiques.

     

    Le Cameroun se prépare à une révision constitutionnelle. En effet, à en croire le ministre des Finances (Minfi), «les deux avant-projets portant transposition des directives n°6 et n°1 et relatif au Code de transparence et de bonne gouvernance et au régime financier de l’Etat et des autres entités publiques, ont été introduits dans le circuit de validation interne après avis de conformité émis par la Commission de la Cemac [Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale] l’année dernière».

    Pour bien comprendre les implications de cette information que Louis Paul Motaze donne le 30 mai dernier lors de la 4ème session de la plateforme de dialogue sur les finances publiques, il faut savoir que cette transposition apporte deux changements majeurs par rapport au droit positif camerounais en matière de gestion des finances publiques. Il instaure les débats d’orientation budgétaire et oblige l’institution de la Cour des comptes en lieu et place de la Chambre des comptes. Et une révision de la constitution est indispensable pour opérer ces deux réformes.

    Les débats d’orientation budgétaire sont des discussions qui ont lieu tout au long de la préparation du budget. Elles sont prévues dans la 2e section du Code de transparence et de bonne gouvernance qui traite des attributions et de la responsabilité des institutions. Selon cette disposition, ces échanges se font au parlement sur la base d’un rapport du gouvernement sur ses hypothèses macroéconomiques, ses grandes orientations et priorités budgétaires sur le moyen terme ainsi que ses principaux choix fiscaux et risques budgétaires pour l’année à venir. Rapport qu’il est tenu de rendre public «dans un délai raisonnable précédant le dépôt des projets de loi de finances».

    Il est donc nécessaire de réviser la Constitution pour multiplier le nombre de sessions ordinaires du parlement, limité pour l’instant à trois (mars, juin, novembre). Il faudra aussi pour les mêmes raisons réviser les règlements intérieurs du Sénat et de l’Assemblée nationale. La modification de la Constitution est également nécessaire pour la création de la Cour des comptes. Car elle n’y est pas pour l’instant prévue. Yaoundé lui ayant préféré un Chambre des comptes aux pouvoirs moins élargis.

    Révolutions

    Comme il s’entrevoit, la transposition de ces deux directives dans le corpus juridique camerounais va induire d’importants changements dans l’élaboration, l’exécution et le contrôle du budget. Dé-sormais, les Camerounais ne découvriront plus par exemple le projet de loi de finances au parlement. Car le Code de transparence et de bonne gouvernance légalise la participation des citoyens à l’élaboration et au contrôle du budget. «La presse, les partenaires sociaux et d’une façon générale tous les acteurs de la société civile sont encouragés à participer à la diffusion des informations ainsi qu’au débat public sur la gouvernance et les gestions des finances publiques», indique le texte dans sa section information au public. Pour cela, «l’ensemble des informations et documents relatifs aux finances publiques sont publiés par les institutions compétentes sur leur site internet dès qu’ils sont disponibles», oblige le code. Ce contrôle démocratique est par ailleurs renforcé par les débats d’orientation budgétaire, qui, bien qu’ayant lieu au parlement, sont publics.

    Le contrôle judiciaire se voit aussi renforcé avec l’institution de la Cour des comptes qui devient selon l’article 72 de la directive Cemac relative aux lois de finances, «l’institution supérieur de contrôle de chaque Etat». Or, jusqu’ici, en vertu de l’article 2 du décret de septembre 2013 fixant les attributions du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), ce rôle est dévolu à cette structure. C’est donc à ce département ministériel que revient le contrôle des ordonnateurs de dépenses notamment les ministres. La Chambre des comptes, elle, est confinée aux contrôles des comptables publics. Dans ce schéma, c’est en effet l’exécutif qui contrôle l’exécutif.

    Par conséquent, l’audit et la surveillance externes sont peu efficaces. «La Chambre des comptes ne bénéficie pas de la faculté de saisir le CDBF (Conseil de discipline budgétaire et financière) pour les fautes de gestion imputables aux ordonnateurs relevées lors de ses contrôles, faculté pourtant reconnue aux tribunaux régionaux des comptes. Ainsi, les fautes conjointes ou communes punies au niveau du comptable demeurent sans conséquence à l’égard de l’ordonnateur ou du gestionnaire», regrette l’institution judiciaire dans son rapport publié l’année dernière.

    Mais quand est-ce que les projets de loi portant transposition des directives n°6 et n°1 seront envoyés au parlement ? «Avant la fin d’année», répond le Fonds monétaire international (FMI). «Le processus est en cours et il est envisagé que l’Assemblée nationale examine les textes lors de l’une de ses prochaines sessions», indique Hans-Peter Schadek, l’ambassadeur, chef de délégation de l’Union européenne au sortir de la 4e session de la plateforme de dialogue sur les finances publiques. Bien avant, dans son allocution d’ouverture, Louis Paul Motaze, s’est encore montré moins précis. «Tout est mis en œuvre pour que ces textes soient adoptés dans les meilleurs délais», concède, prudent, le Minfi. Cette prudence traduit en fait l’état d’esprit des autorités camerounaises qui, en réalité, vont à pas forcés vers cette réforme.

    Conditionnalités

    C’est depuis 2011 que la Commission de la Cemac a adopté le Code de transparence et de bonne gouvernance et les cinq autres directives qui devront permettre son application. Mais le Cameroun ne se hâte que très lentement pour l’internalisation dans son corpus juridique de ces dispositions communautaires. Entre autres raisons évoquées pour justifier cette posture: «la transposition des directives change l’orientation des réformes déjà engagées par le Cameroun notamment avec la mise en œuvre de la loi portant régime financier de l’Etat et donne un sentiment d’instabilité», justifie-t-on au ministère des Finances. Par ailleurs, ajoute notre source, «la transposition des directives entraine une réforme institutionnelle délicate. Or l’agenda politique jusqu’ici n’était pas porté sur l’organisation institutionnelle mais plutôt sur la relance économique avec la mise en œuvre du DSCE [Document de stratégie pour la croissance et l’emploi] et la marche vers l’émergence».

    Mais pour faire face à la crise économique survenue à la suite de la baisse des prix des matières premières notamment du pétrole, les pays de la Cemac souscrivent à des programmes d’ajustement avec le FMI. Les bailleurs de fonds qui doivent les accompagner dans la traversée de cette mauvaise passe conditionnent leur financement à la mise en œuvre de certaines réformes que ces pays tardent depuis plusieurs années à appliquer. Parmi ces mesures se trouvent non seulement la transposition des directives du cadre harmonisé de gestion des finances publiques de la Cemac, mais également une pléthore d’autres réformes (voir page 11) qui vont également avoir un impact sur la gestion des finances publiques. Après la transposition des directives n°6 et 1, condition pour obtenir les appuis budgétaires 2018 de l’Union européenne et de la Banque africaine de développement, l’internalisation des quatre autres directives est prévu dans le plan de réforme 2019-2021 en préparation.

    Aboudi Ottou

     

    Directives du cadre harmonisé de gestion des finances publiques de la Cemac

    En 2011, la Commission de la Cemac a adopté six directives visant à améliorer la transparence et la gouvernance dans la GFP et à harmoniser les finances publiques au sein de la CEMAC pour renforcer la surveillance régionale. La transposition de ces directives dans la législation nationale des États membres, initialement prévue pour 2017, est désormais prévue pour 2019. Le Cameroun a préparé six projets de texte portant transposition de directives validées par la Commission de la CEMAC.

    Directive 1: lois de finances. Lignes directrices et règles régissant la présentation, la préparation et l’adoption de la loi de finances. La directive fournit aussi des orientations sur la mise en œuvre de la politique budgétaire à moyen terme et la responsabilité des gestionnaires de finances publiques.

    Directive 2: règlement général sur la comptabilité publique. Règles de base régissant l’exécution du budget, la comptabilité et l’audit publics de l’ensemble des opérations financières et non financières de l’État.

    Directive 3: plan comptable de l’État. Normes, principes et règles régissant la comptabilité publique et la production des états financiers de l’État.

    Directive 4: nomenclature budgétaire. Règles régissant la présentation du budget général, des annexes budgétaires et des comptes spéciaux du Trésor.

    Directive 5: opérations financières et non financières de l’État. Principes directeurs concernant la préparation des transactions financières et non financières des administrations publiques et méthodes de présentation du tableau des opérations financières et non financières (TOFE).

    Directive 6: transparence et bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. Principes et exigences que l’État doit respecter dans la gestion des fonds publics.

    Source: FMI (2018)

    Une pléthore de réformes programmées en 2018

    Elles sont un préalable au déblocage des appuis budgétaires des partenaires financiers qui accompagnent le pays dans le cadre de son programme d’ajustement.

     

    Pour financer son budget cette année, le Cameroun a besoin de 4 689,5 milliards de francs CFA. Selon la loi de finances 2018, 334 milliards viendront des appuis budgétaires. Mais pour obtenir cet argent des partenaires financiers, le pays devra mettre en œuvre plusieurs réformes en plus de réaliser les objectifs de son programme d’ajustement avec le Fonds monétaire international. Intégration a sélectionné celles qu’il considère en lien avec la gestion des finances publiques.

    MESURES PREALABLES POUR L’APPUI BUDGETAIRE DE LA BANQUE MONDIALE
    Action préalable 2 sur la réforme des marchés publics :
    Afin d’accélérer le processus de gestion des investissements publics de manière optimale :
    • procéder à la révision du Code des Marchés Publics pour entre autres, clarifier les responsabilités des parties prenantes, l’indépendance du mécanisme de gestion des plaintes, et la séparation de trois rôles dans les marchés publics : la régulation, le contrôle et le processus de passation des marchés ; et
    • prendre un arrêté conjoint MINEPAT/MINMAP, fixant la rémunération des membres des Commissions de passation des marchés et des sous-commissions d’analyse sur une base forfaitaire (et non en fonction du nombre de séances comme actuellement), couplé, éventuellement à un paiement assis sur la performance.

    Action préalable 3 sur la réforme de la Fonction Publique :
    Afin d’améliorer la transparence et l’efficacité dans la gestion de la solde et contrôler la masse salariale,
    • prendre un texte portant sur les modalités de création des commissions, comités et groupes de travail et règlementant la tenue de leurs sessions et la rémunération de leurs membres ;
    • mettre en œuvre le nouveau système de gestion de la solde, SIGIPES II, dans dix (10) ministères.
    Action préalable 4 sur la gestion des Entreprises Publiques :
    Afin d’améliorer la gouvernance d’entreprise et la gestion des entreprises publiques,
    • prendre les textes d’application des nouvelles lois détaillant les responsabilités des Etablissements Publics et des entreprises publiques par rapport aux institutions de contrôle, notamment : a) la présentation et la publication de données financières et opérationnelles ; b) les critères de sélection, de rémunération, d’évaluation et de remplacement des dirigeants ; c) les audits financiers ; d) le niveau de décision/approbation sur les questions opérationnelles et stratégiques de l’entreprise ; et
    • approuver la stratégie et le plan d’action pour la réforme des entreprises publiques conformément aux nouvelles lois.

    Action préalable 6 sur la réforme du secteur des transports :
    Afin d’améliorer l’entretien routier et la gestion du patrimoine routier:
    • adopter et prendre en compte dans le programme budgétaire et d’entretien des routes 2018/2019, l’utilisation de contrats pluriannuels pour l’entretien des grands axes routiers et corridors ;
    • établir un plan d’action pour l’extension et la mise en œuvre de la politique de contrôle des charges à l’essieu sur l’étendue des routes bitumées autres que les routes récemment réhabilitées.

    Action préalable 9 :
    Afin d’améliorer l’efficience des dépenses du secteur de la santé, le Ministère de la Santé Publique a élargi la couverture administrative du programme PBF en introduisant au moins huit contrats de performance au niveau central du ministère de la Santé publique, y compris au moins deux hôpitaux centraux/généraux (et le financement d’au moins 50% de leur budget par ces contrats) et une extension du programme PBF au niveau opérationnel à au moins 75% de la population du pays avec des agences de contractualisation et de vérification (ACV) établies dans les dix régions.

    MATRICE DES REFORMES DE L’UNION EUROPEENNE
    Conditions générales de décaissement de chaque tranche
    Gestion des finances publiques :
    • transposition et mise en œuvre des directives CEMAC relatives à la gestion des finances publiques ;
    • progrès satisfaisants accomplis dans le cadre de la mise en œuvre d’un programme visant à améliorer la gestion de finances publiques, crédible et pertinent. Notamment progrès satisfaisants dans la mise en œuvre de la circulaire fixant les principales orientations de la réforme des finances publiques 2016-2018 en suivant un plan d’action adopté ;
    • élaboration et validation d’ici fin 2018 d’une stratégie de réforme des finances publiques holistique en suivant les constats de l’évaluation PEFA (Public Expenditure and Financial Accountability), afin de viser une amélioration substantielle et durable du système de gestion des finances publiques ;
    • existence d’un cadre de pilotage sectoriel pour les finances dynamique et régulier.

    Transparence budgétaire :
    • progrès satisfaisants accomplis en ce qui concerne la mise à disposition du public, en temps opportun, d’informations budgétaires exhaustives et de qualité accessible. A cet égard, la publication d’un calendrier des statistiques de finances publiques et son application sera suivie afin d’assurer que les documents stratégiques, tels que la loi de finances (LF) et ses annexes, la loi de règlement, les rapports budgétaires infra-annuels, le TOFE (TABOR), les CBMT/CDMT, soient disponibles et accessibles (en ligne) ;
    • clarification de l’architecture du contrôle interne et externe en assurant l’effectivité du rôle d’une Institution Supérieure de Contrôle.

    MESURES ADOSSEES A L’APPUI BUDGETAIRE DE LA BAD
    Composante 1 : rationalisation du cadre de gestion des finances publiques
    Sous composante 1.1. Assainissement du cadre règlementaire et institutionnel de la Gestion des Finances Publiques
    • adoption par le Gouvernement et transmission à l’Assemblée nationale du projet de loi portant révision de la loi n° 2007/006 du 26 décembre 2007 portant Régime Financier de l’Etat ;
    • publication et vulgarisation des rapports d’audit des marchés publics 2013 et 2014 ;
    • élaboration et adoption des rapports d’audits 2015 et 2016 ;
    • adoption du Code des marchés publics.

    Sous composante 1.2. Renforcement du cadre de la planification stratégique et de gestion des investissements publics
    • stabilisation du niveau des dépenses d’investissement public en % du PIB sur le moyen terme ;
    • publication semestrielle de la liste des projets structurants d’investissement et de leurs rapports d’exécution de 2017 sur un site web du MINEPAT;
    • validation du document d’orientation de la deuxième phase de la vision 2035 ;
    • prise d’une circulaire du PM rendant exécutoire le Guide révisé de maturation des projets ;
    • validation de l’étude diagnostic du dispositif règlementaire et institutionnel d’indemnisation pour la mise en œuvre des projets d’infrastructures ;
    • mise en place d’un dictionnaire d’indicateurs de suivi de la mise en œuvre des politiques publiques (stratégie sectorielles et programmes).
    Composante 2 : renforcement de la gouvernance et la compétitivité dans les secteurs productifs

    Sous composante 2.1. Renforcement du cadre de la planification stratégique et de gestion des investissements publics
    • finalisation de l’actualisation du plan directeur routier et du cadre de l’entretien routier ;
    • prise d’un texte règlementaire portant réduction du délai de paiement par le Fonds Routier des factures des Entreprises / BET à 10 jours
    • (i) signature par le MINMAP d’au moins un marché d’entretien à niveau de service respectant le DAO type au profit d’une entreprise,
    • signature d’une décision portant catégorisation des entreprises et BET du secteur des BTP.
    • signature d’une convention de concession de la SONATREL en sa qualité de gestionnaire du réseau de transport de l’électricité ;
    • opérationnalisation de la SONATREL.

    Source : Comité technique
    de suivi des programmes économiques

    Ecarts entre directives et droit positif camerounais

    1- Durée des autorisations d’engagement
    La directive n°1
    ➜ Ne limite pas la durée des autorisations d’engagement (AE) ;
    La loi portant régime financier de l’Etat (LRFE)
    ➜ Limite les AE à 3 ans ;
    ➜ Ne prend pas en compte la mise en œuvre des contrats PPP ;
    ➜ Cette situation est préjudiciable aux investissements ayant une durée de vie de plus de 3 ans.

    2- Fongibilité des crédits
    La directive n°1
    ➜ Souplesse de gestion des moyens accordée au responsable du programme ;
    ➜ Principe de la fongibilité totale et asymétrique des crédits du programme ;
    ➜ Fixation des plafonds d’emploi par ministère ;
    La loi
    ➜ Fongibilité limitée à 15% au sein du programme ;
    ➜ Interdiction des mouvements de crédits à partir des dépenses de personnel au profit des dépenses d’une autre nature ;
    ➜ Ainsi, la limitation de la fongibilité dans la LFRE réduit la marge de manœuvre octroyée aux gestionnaires.

    3- Statut du responsable programme
    Statut du responsable programme
    Les directives et la loi introduisent un nouvel acteur budgétaire qui est le responsable de programme ;
    ➜ La directive fixe les conditions de sa nomination et ses attributions et un régime de responsabilités propre lui est aménagé ;
    ➜ Par contre la LRFE ne précise pas les conditions de sa nomination ni ses attributions et le régime de responsabilité auquel il est assujetti ;
    ➜ La transposition doit permettre de mieux encadrer ce nouvel acteur qui est l’artisan principal du budget programme.

    4- Rôle du contrôleur financier
    Le contrôleur financier est un acteur budgétaire
    Les directives n° 2 et n°3
    ➜ Consacre le contrôleur financier comme acteur budgétaire ;
    ➜ Définit et élargit les pouvoirs du contrôleur financier ;
    ➜ Introduit la possibilité de modulation de contrôle interne ;
    ➜ Cette option permet d’adapter le contrôle en fonction du niveau de risques et partant de le rendre plus efficace surtout dans un contexte de rareté de ressources humaines ;
    Le décret portant régime général de la comptabilité publique (RGCP)
    ➜ Le contrôleur financier n’est pas un acteur budgétaire aux pouvoirs étendus avec un régime de responsabilité individuelle spécifique.

    5- Création de la Cour des comptes
    Les directives n°1, 2 et 6
    ➜ La directive prévoit la création d’une Cour des comptes aux compétences élargies ;
    La LRFE
    ➜ Ces nouvelles attributions sont partiellement exercées par 2 institutions, la Chambre des Comptes et le Consupe
    ➜ Aucune ne remplit totalement les 8 critères de l’Organisation internationale des Cours des comptes (Intosai) ;
    ➜ La persistance de la dualité actuelle affaiblit la fonction contrôle;
    ➜ La conformité avec ces directives passe par une modification de la constitution.

    6- Débat d’orientation budgétaire
    La directive N°6
    ➜ La directive prescrit le débat d’orientation budgétaire (DOB) ;
    ➜ Le DOB permet de mieux comprendre l’articulation entre les lois de finances et les stratégies sectorielles de développement et de croissance ;
    ➜ Il renforce le pouvoir de contrôle démocratique et au-delà c’est le contrôle budgétaire du Parlement qui est renforcé
    ➜ Le débat intervient en séance publique ce qui contribue au renforcement du contrôle citoyen ;
    La Loi
    ➜ La LRFE ne prévoit pas de débat d’orientation budgétaire ;
    ➜ Pour l’instituer, il convient de revoir dans la constitution le nombre de sessions parlementaires.

    7- Fonds des partenaires au développement
    La directive n°1
    ➜ Les bailleurs de fonds sont tenus d’informer le ministre des finances de tout financement apporté aux administrations et son approbation préalable des documents y afférents avant son acceptation ;
    ➜ Ces fonds sont intégrés au budget général si accordés à l’Etat;
    ➜ Une annexe de la loi de finances en donne le détail de l’origine et l’emploi de ces fonds ;
    La Loi
    ➜ Pour la LRFE, aucune obligation n’est faite aux bailleurs d’informer préalablement le MINFI ni d’intégrer, le cas échéant, ces fonds dans le budget de l’Etat ;
    ➜ En conséquence il y a un risque de non exhaustivité de l’information budgétaire.

    Source: Minfi

    ‘’Nous devons respecter le principe de l’équité fiscale’’

    Les différentes réformes fiscales entreprises depuis sont porteuses d’un certain niveau de résultats. Mais nous pensons que le problème de l’équité fiscale reste si non entier mais profond

    Le directeur du Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire (Cradec) se prononce sur les réformes fiscales au Cameroun. En sa qualité de membre du réseau Tax Justice, il s’appesantit au préalable sur les enjeux de la justice fiscale et la lutte contre les flux financiers illicites (FFI) en Afrique.

     

    Le Cradec en collaboration avec Tax Justice Network-Africa organise à Dakar du 18 au 19 juin une réunion de lancement du Projet sur la Justice fiscale et la lutte contre les flux financiers illicites en Afrique. De quoi il en retourne dans ce projet ?
    Ce projet s’inscrit dans le plan stratégique 2016-2020 du TJNA et fait suite à la composante des pays d’expression anglaise (Ghana, Nigeria, Tanzanie, Zambie et Ouganda). Le projet visera à renforcer et intégrer le mouvement et la campagne de la justice fiscale contre les flux financiers illicites au niveau national dans les trois pays sélectionnés, à savoir le Cameroun, le Sénégal et la Tunisie. Cet objectif sera atteint grâce à une sensibilisation accrue, la création d’alliances, le renforcement des capacités et la génération des connaissances sur la justice fiscale et les FFI. De plus, grâce à ce projet, TJNA et ses partenaires contribueront aux objectifs de réduire la pauvreté et d’accroître la démocratisation du projet appuyé par l’Agence norvégienne de la coopération internationale (Norad).

    Ainsi les objectifs spécifiques de la réunion de Dakar sont : renforcer l’appropriation et la compréhension partagée des objectifs du projet des partenaires de mise en œuvre ; examiner et harmoniser la documentation (cadre de résultats, budget et les clarifications sur la méthodologie) ; discuter et comprendre les termes et conditions de la subvention ; et intérioriser les outils ou modèles et les conditions de rapportage.

    En quels termes se pose la problématique de la Justice fiscale et la lutte contre les flux financiers illicites en Afrique ?
    La justice fiscale et la lutte contre les FFI en Afrique mettent en lumière plusieurs défis. Les économies africaines, caractérisées par une production de matières premières en proie à la volatilité des cours sur le marché international, sont face à un défi de mobilisation des ressources domestiques à travers la fiscalisation. L’autre défi est le phénomène de la fraude et de l’évasion fiscale des contribuables. La fausse facturation, la corruption et le détournement des deniers publics et la blanchiment des capitaux sont des facteurs favorables aux flux financiers illicites. L’assainissement du climat des affaires impose très souvent aux gouvernements des réformes pas toujours au bénéfice des budgets publics telles que des mesures d’incitation à l’investissement et l’octroi des exonérations financières. De telles mesures renvoient la charge fiscale sur les petites et moyennes entreprises nationales moins structurées ; dans le même temps les multinationales ne paient pas le juste impôt. Le faible dialogue ou l’absence de la prise en compte des problèmes du secteur privé est aussi l’une des caractéristiques la justice fiscale dans le continent.

    Comment sera conduit le projet lancé à Dakar ?
    En lien avec le plan stratégique de TJNA, le projet s’est fixé des objectifs au plan national dans les pays. Au Cameroun le projet vise à terme, un système fiscal plus inclusif, équitable et plus redevable vis-à-vis des citoyens. Ceci passe par plus d’ouverture du gouvernement pour une politique fiscale plus juste et une prise en compte des populations dans le respect et la mise en œuvre des recommandations de la vision minière africaine au plan national.

    Vous êtes le président de la branche camerounaise du réseau pour la justice fiscale en Afrique. Quel est l’état des lieux des Flux financiers illicites au Cameroun ?
    Le Cameroun est impacté par le phénomène. Les récents rapports à disposition font état des pertes budgétaires évaluées à plus de 6% du PIB au cours des 10 dernières années. Plusieurs causes allant de la fausse facturation dans les échanges commerciaux, la criminalité financière et les différents trafics illicites au sein de l’économie, jusqu’à la corruption au sein des administrations publiques sont à l’origine de ce phénomène. Tous ces déterminants sont l’objet des initiatives au plan national, mais il faut reconnaitre ces efforts sont insuffisants pour plus d’impact en faveur des politiques de développement.

    En votre qualité de président de la branche camerounaise du Réseau pour la justice fiscale en Afrique, quel regard vous portez sur les récentes propositions du patronat camerounais au sujet des différentes réformes fiscales entreprises par le pays ?
    Au-delà du classique Cameroon Doing Business, qui rassemble le gouvernement et le secteur privé avec pour focus principal l’amélioration du climat des affaires, le secteur privé et en particulier le Gicam, a bien voulu pousser le dialogue et la réflexion sur la fiscalisation des entreprises, en ce moment où le gouvernement est engagé dans un programme d’ajustement avec le FMI.
    En considérant la situation de la justice fiscale et les FFI d’une part et les besoins en financement de notre économie face à la crise actuelle d’autre part, nous nous questionnons quant à la pertinence du contenu de ces propositions et de leur efficacité pour que le pays puisse respecter les engagements pris dans le cadre du redressement des économies de la sous-région.

    Avez-vous le sentiment que certains (notamment grandes entreprises) ploient sous le poids des impôts, pendant que d’autres s’en passent ?
    Le cadre légal et règlementaire offre des avantages aux grandes entreprises du fait de leur présumé poids dans l’investissement. Il y a donc des entreprises qui exploitent à bonne escient ces privilèges. Dans le même temps, on a noté que bien bénéficiant de cet environnement, des entreprises ne sont pas aussi représentatives dans l’échiquier de l’investissement et notamment en rapport avec leurs engagements. On peut donc dire que certaines entreprises échappent à leurs obligations fiscales alors que d’autres paient le prix fort. Des exemples peuvent être cités dans la politique de privatisation de certains secteurs de l’économie nationale.

    Quelle analyse vous inspire les différentes réformes fiscales entreprises au Cameroun depuis quatre ans?
    Les différentes réformes fiscales entreprises depuis sont porteuses d’un certain niveau de résultats. Mais nous pensons que le problème de l’équité fiscale (horizontale et verticale) reste si non entier mais profond. Pour améliorer la performance par objectif, l’administration fiscale s’appuie davantage sur la fiscalité indirecte avec la TVA qui frappe plus la consommation. Mais la fiscalité directe qui impose les individus, les richesses des personnes physiques et morales proportionnellement à leur capacité contributive, reste encore peu explorée.

    Ceci créée des inégalités affectant davantage des couches dont les faibles revenus sont essentiellement orientés vers la consommation des biens courants. Les nantis à fort pouvoir d’investissement et de production sont moins ou faiblement imposés. Des réformes fiscales doivent donc être accentuées pour une fiscalité directe plus accrue pour plus de recettes fiscales du patrimoine, de la richesse. Une décentralisation fiscale rapprocherait l’administration du contribuable et ceci bénéficierait au processus de l’élargissement de l’assiette, à la formalisation, l’organisation des filières et secteurs de production et de services avec un cadastre fiscal plus structuré et juste.

    Avez-vous souvent fait des propositions à la direction générale des impôts sur certaines réformes fiscales ?
    Oui nous avons souvent associé la direction générale des impôts et même des douanes à nos réflexions. Mais nous devons souligner que notre administration fiscale a encore des efforts faire quant à la culture de l’écoute, surtout en direction des organisations de la société civile.

    Comment en arriver au juste impôt payé par chaque contribuable ?
    Pour arriver au juste impôt payé par chaque contribuable, nous devons respecter le principe de l’équité fiscale. La constitution nationale s’appuyant sur la déclaration universelle des droits de l’homme stipule que chaque citoyen doit participer aux charges publiques en fonction de ses capacités contributives. Une fois ce principe admis, l’information, l’éducation au civisme fiscal doivent être des actions permanentes en direction des contribuables pour le respect et la matérialisation de ce principe tout au long des lois de finances. D’un autre côté, le gouvernement doit manifester sa responsabilité et fidélité dans le contrat social qui s’articule autour de la redistribution de la richesse nationale à travers des services sociaux de base. Partant de là, le citoyen aura confiance vis-à-vis des pouvoirs publics qui à leur tour légitimeront leur autorité de prélèvement. Il se construirait ainsi un cercle républicain vertueux.

    Votre mot de fin
    Nous pensons qu’à force de sensibiliser, d’éduquer et de mobiliser pour le civisme fiscal, l’impôt bien que mal accepté par les populations, finirait par être reconnu comme un instrument de consolidation de la souveraineté des Etats africains en particulier pour la garantie de l’atteinte des objectifs de cette Afrique que nous voulons tous avec moins d’inégalités.

    Interview réalisée
    par Thierry Ndong

     

  • Cameroun: le parcours de Baba Simon comme réponse critique à une lecture ethnique du fait social

    Cameroun: le parcours de Baba Simon comme réponse critique à une lecture ethnique du fait social

    Mouafo Djontu

    L’action de Baba Simon nous servira de trame critique de cette obsession paresseuse, voire handicapante, à lire l’action sociale et même politique sous le prisme identitaire ou même ethnique. 

    L’ancien leader estudiantin est aujourd’hui chercheur en sociologie des conflits. Celui qui se présente comme un errant porté par la pensée de l’exode, a séjourné dans la région de l’Extrême-nord pour diverses recherches dans le secteur de l’éducation. Il y a découvert l’œuvre du père Simon Mpéké. Ce prêtre catholique originaire d’Edéa dans le Littoral, a réussi à se sentir «chez lui» «chez les kirdis» et à participer à leur émancipation. Son parcours va inspirer la réflexion autour du vivre ensemble que l’ancien président de l’Association de défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec) va mener à travers une série qui s’ouvre par cette communication introductive.

    «Aujourd’hui, plusieurs fils et filles de cette localité [Tokombéré] occupent des postes stratégiques dans le gouvernement camerounais, grâce au travail titanesque abattu il y a des dizaines d’années, par Baba Simon. D’ailleurs, c’est le village du président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril», (Cameroon tribune, n°10641, 30 juillet 2014, p. 16)1. Les propos de l’actuel président de l’Assemblée nationale du Cameroun rendent compte de l’action d’un homme dans le secteur de l’éducation dans la localité de Tokombéré située dans la région de l’Extrême-nord.

    Le succès de l’action de Baba Simon de son vrai nom Mpéké Simon, dans cette localité est riche d’enseignements tant elle renseigne entre autres sur le refus de ce dernier à se laisser enfermer ou piéger par les frontières internes d’un pays, sa capacité à s’approprier les lieux quels qu’ils soient… L’action de Baba Simon nous servira de trame critique de cette obsession paresseuse, voire handicapante, à lire l’action sociale et même politique sous le prisme identitaire ou même ethnique. En d’autres termes, en quoi l’action de Baba Simon participe-t-elle à affirmer notre droit à la circulation pour faire société ou pour créer le commun au Cameroun ?

    Dépasser l’autochtonie
    Proclamer son droit à la circulation en allant vers d’autres personnes et d’autres lieux nous donne à penser aux idées de relation, d’ouverture ou encore de rencontre avec l’autre. Circuler dans un espace tranche avec toute forme de sacralité du lieu de naissance d’un individu. Le lieu ici est une forme d’opportunité qui prédispose l’individu à s’ouvrir aux autres et au monde. Ce lieu ne s’appréhende pas comme la chose d’un groupe. Mais il apparait comme une fenêtre pouvant faire évoluer la conception que l’on se fait du bien fondé du rapprochement avec l’autre comme mode de réinvention d’une façon de faire. Une réinvention chargée d’ingrédients qui participent à donner un certain sens à la relation et qui permet, par extension, aux uns et autres de se connaitre. Cette réinvention exige, par ailleurs, la mobilité et le refus de se considérer comme l’unique centre d’un lieu.

    Baba Simon, en affirmant son droit à la circulation au Cameroun, s’est donc refusé de promouvoir son lieu de naissance comme un centre qui regarde les autres lieux comme des périphéries. Par la trajectoire et l’action de Baba Simon dans la région de l’Extrême-nord, on pourrait interroger la pertinence de ces catégories floues et ambiguës comme celles d’«autochtones» et d’«allochtones» qui figurent dans la Constitution du Cameroun. En observant la mobilité de Baba Simon, ce dernier ne s’est pas encombré de savoir s’il était autochtone ou allochtone. Ce qui le préoccupait c’était la rencontre avec ces semblables en humanité tout en mettant en évidence le fait que l’ouverture participe à créer du commun suivant cette maxime d’Edouard Glissant, «changer en échangeant».

    Au regard de ce que l’on observe aujourd’hui dans l’espace public au Cameroun où la question ethnique est largement usitée, investir la trajectoire de Baba Simon avec l’affirmation du droit à la circulation interroge sur la capacité que nous avons à créer du commun. En effet, la trajectoire de Baba Simon fondé sur son droit à circuler au Cameroun donne à voir que sa préoccupation première n’était pas d’aller vers des personnes venant de son lieu de naissance et encore moins de s’ériger en défenseur absolu de ce lieu ou de la communauté ethnique à laquelle on pourrait être tenté de l’assigner.

    Dans la localité de Tokombéré où il a été, son investissement dans le secteur de l’éducation est resté gravé dans les mémoires. Un de ses anciens élèves, Jean-Baptiste Baskouda lui a d’ailleurs consacré un livre dont le titre est fort évocateur, «Baba Simon, le père des Kirdis», publié aux éditions Cerf en 1988. Si on s’arrête sur le titre de ce livre, on pourrait bien se demander si Jean-Baptiste Baskouda ne fait pas de Baba Simon l’ancêtre des personnes s’identifiant comme Kirdi, mais que non. L’auteur met en évidence l’œuvre d’un homme qui, par son dévouement pour les petites gens, aura montré que les catégories constitutionnalisées d’autochtones et d’allochtone ne sont pas toujours pertinentes à convoquer dans l’optique de donner un contenu à ce qui pourrait être «un Camerounais». Vaste programme de réflexion sur cette question : c’est quoi être camerounais.

    …Par la trajectoire et l’action de Baba Simon dans la région de l’Extrême-nord, on pourrait interroger la pertinence de ces catégories floues et ambiguës comme celles d’«autochtones» et d’«allochtones» qui figurent dans la Constitution du Cameroun….

    Dans la préface de ce livre cité précédemment, Hyacinthe Vulliez parlant de Baba Simon écrit: «…celui que tous les villageois qui l’ont rencontré et fréquenté ou tous ceux qui vivent encore de sa présence dans la plaine assoiffée de Kudumbar ou sur les pentes austères et grises du Mandara aiment à nommer tout simplement « Baba », [c’est-à-dire], « Papa »…[il] eut l’audace folle de vaincre toutes les peurs, toutes les critiques et tous les refus pour partager leur [kirdis] sort et témoigner». On pourrait se dire qu’être camerounais en nous référant à la trajectoire de Baba Simon, c’est se considérer partout chez soi comme co-héritier avec les autres de l’espace que l’on occupe, c’est reconsidérer les assignations identitaires en laissant éclore des logiques d’appartenance des personnes à divers groupes aux valeurs et intérêts également divers, c’est intégrer que le sujet politique ne saurait être réduit à une identité ethnique…

    Casser les murs de la prison ethnique
    Baba Simon est né en 1906 à Edéa, dans la Sanaga-Maritime. Se sachant partout chez lui au Cameroun, l’exercice de son droit à la circulation ne fait pas de son appartenance à un groupe ethnique, un fétiche qui exclut. Baba Simon s’est pensé en relation avec l’autre. L’autre ici n’est pas réduit à celles et ceux qui partagent son groupe ethnique. On pourrait qualifier cet autre de semblable en humanité. Porté par son droit à la circulation, il s’est retrouvé dans la plaine de Kudumbar dont la signification en zoulgo veut dire «terre de combat», «champ de bataille». Car, dans cette plaine, on a enregistré divers combats entre groupes s’identifiant comme autochtones (entre autres, Mada, Mboko, Moloko, Mouyang, Zoulgo) et le groupe identifié comme peulh qualifié par les premiers d’envahisseurs (allochtones). C’est donc dans cet endroit que Baba Simon va s’installer. Animé par sa passion d’aller à la rencontre de l’autre, ses actions dans cette plaine visent dès lors à inviter les différents groupes en conflits à embrasser l’Humanité. Le sens de l’écoute dont il a fait preuve, a été déterminant dans son action. Un sens de l’écoute qui l’a amené à aller vers tous les acteurs. Il a ainsi pu établir un rapport de confiance avec les acteurs en conflit et bien d’autres.

    La passion de Baba Simon à se rendre dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun rame à contre-courant de cette mentalité ambiante qui sature l’imaginaire dans la partie sud du Cameroun au sujet de cette région. Les populations de cette partie septentrionale sont, très souvent, qualifiées de «haoussa» alors que les personnes s’identifiant comme telles sont à retrouver au nord du Nigéria et au sud du Niger. En outre, la situation de décalage géographique de cette région génère dans l’imagerie populaire l’idée selon laquelle cette région serait un véritable «territoire à part». D’ailleurs la décision de Baba Simon de se rendre dans cette région ne va pas être approuvée tant par ses amis que ses supérieurs hiérarchiques au sein de sa communauté religieuse. «C’est fou, c’est suicidaire» lui disait-on.

    Animé par sa passion d’aller partager la parole de Dieu avec les populations de la région de l’Extrême-nord, Baba Simon nous donne à réfléchir sur ce qu’on pourrait appeler la pensée de l’exode. Cette pensée rompt avec les catégories floues et ambigües que l’on retrouve dans la Constitution du Cameroun, autochtones et allochtones. Une pensée de l’exode qui affirme son droit à la circulation et qui ne s’encombre pas de l’enfermement ethnique. Une pensée de l’exode qui fait de l’ouverture et de la rencontre avec les autres une approche pour bâtir le commun. La trajectoire de Baba Simon offre donc des idées pour construire une philosophie du commun. Il nous revient donc de nous saisir de ces idées pour fuir cette lecture handicapante du fait social sous le prisme ethnique.

    En nous saisissant de la trajectoire de Baba Simon, cette réflexion tente d’imaginer le commun à partir d’une lecture critique de la notion d’ethnie comme modalité explicative d’un fait social. La trajectoire de Baba Simon met en lumière la beauté d’une pensée de l’exode dans un pays qui se singularise par sa diversité. Ce faisant, on est préoccupé de voir comment la trajectoire singulière de Baba Simon pourrait nourrir notre imaginaire à partir des idées neuves à même de penser un commun où les sujets politiques sont tous co-héritiers de ce lieu nommé Cameroun et de l’espace monde en général.

    Après ce premier texte liminaire, les réflexions suivantes prendront ancrage sur la trajectoire de Baba Simon et permettront de s’appesantir sur la question de l’appartenance à un territoire que d’aucuns tentent d’ériger comme un fétiche. On sera préoccupé de voir comment l’action de cette figure historique, dans son engagement dans la plaine de Kudumbar, déconstruit l’idée d’une appartenance territoriale considérée comme un lieu sacré qui exclut. On va conclure cette petite série sur Baba Simon par une autre analyse qui postule qu’une lecture ethnique comme modalité explicative d’un fait social trahit non seulement la défaite de la pensée mais elle révèle également une forme de paresse dont le simplisme est son ADN.

    1. Cité par ZELAO Alawadi, « Elite traditionnelle et domination dans le champ politique local:

    illustrations à partir de l’arrondissement de Tokombéré1 dans l’Extrême-Nord Cameroun »

    in http://research.uni-leipzig.de/eniugh/congress/fileadmin/eniugh2011/papers/

    Zelao_Elit_traditionel_et_chanp_politic.pdf Consulté le 02/06/2016 à 12h25.

     

    Prochainement:Tokombéré, lieu d’action de Baba Simon

    comme lieu d’ouverture et de construction du vivre ensemble

  • Cemac : le nouveau visage de la microfinance

    A l’issue du dernier sommet extraordinaire des chefs de l’Etat tenu en N’djamena le 31 octobre 2017, un nouveau gouvernement de la communauté a été mis en place. Qui est qui dans ce gouvernement ?

    La Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) annonce l’organisation, le 26 juin à Yaoundé, d’un séminaire de diffusion du nouveau dispositif réglementaire de la microfinance en Afrique centrale. Ce nouveau dispositif rapproche les établissements de microfiance (EMF) des établissements de crédits (banques, assurances). Une dizaine de changements majeurs sont introduits par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) (voir encadré).

    Le secteur de la microfinance connaît des défis en matière de gestion dans la Cemac. A titre d’illustration, pour la seule année 2017, la Cobac a adressé une injonction à 55 EMF, à l’effet de se conformer à la réglementation prudentielle. Bien plus et plus important, la nouvelle architecture du marché financier rend obligatoire l’inscription des EMF en bourse. Cette exigence commende de s’arrimer aux normes exigibles (information, management, ratio prudentiels). Voilà pourquoi, les nouveaux règlements des EMF offrent 24 mois pour la transition. Période de mutation identique pour le nouveau marché financier de la Cemac.

    ZRM

    Les principaux changements

    – la fixation des dépôts des EMF de deuxième catégorie à plus 50 milliards de francs CFA et leur soumission aux règles prudentielles ;
    – l’organisation du capital social des EMF de première catégorie (100 membres minimum, pas plus de 20% des part par membre) ;
    – les nouvelles formes juridiques des EMF (société de coopérative pour les EMF de première catégorie avec conseil d’administration, société anonyme avec conseil d’administration pour la deuxième et la troisième catégorie) ;
    – le seuil du capital social minimum est porté à 300 millions de francs CFA pour les EMF de deuxième catégorie et à 150 millions de francs CFA pour les EMF de troisième catégorie à échelonner sur 4 ans ;
    – les conditions d’agréments des

    , de leurs dirigeants et des commissaires au compte agréés désormais axés sur des vérifications d’aptitudes de management, de rentabilité et même de liquidation optimale ;
    – les conditions de contrôle interne pour les EMF de toutes catégories par la vérification des opérations, la fiabilité de la collecte des données comptables et financières, l’efficacité de la circulation interne de la documentation ;
    – la classification, la comptabilisation et le provisionnement des EMF ;
    – le plafonnement des montants de crédits accordé par les EMF à 10% du capital libéré pour les clients et 50 millions de francs CFA pour un actionnaire, administrateur ou dirigeant.

  • RDC-Rwanda : un accord pour faciliter les échanges

    RDC-Rwanda : un accord pour faciliter les échanges

    Le 9 juin dernier, le vice-Premier ministre congolais, ministre de l’Intérieur, Henri Mova Sakanyi, et le ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, ont signé le procès-verbal sur la démarcation de la frontière commune entre la RDC et le Rwanda ainsi que l’accord portant création et exploitation du poste frontalier à arrêt unique. Les deux pays veulent à la fois fluidifier les échanges transfrontaliers et avoir une meilleure lisibilité sur les mouvements. Et l’exploitation commune du poste frontalier à arrêt géré par une équipe de surveillance mixte en est un gage.

    Le Rwanda et la RDC partagent plus de 200 km de frontière dont 60 km terrestres. Et pourtant, les échanges économiques entre les deux pays sont très faibles. Le Rwanda, pays enclavé sans façade maritime notamment sur le golfe de Guinée, dépense deux fois plus à recevoir ses marchandises de la Tanzanie dont l’estuaire se trouve sur l’océan indien. Soit un manque à gagner est chiffré par la CNUCED à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

    Litige frontalier
    Les statistiques des flux de mouvements journaliers estiment entre 60 et 90 mille, seulement, le nombre de personnes traversant chaque jour les deux villes voisines de Gama (RDC) et Gisenyi (Rwanda). Ces personnes s’y rendent pour des échanges commerciaux, le travail de manutention et d’autres activités contractuelles dument conclues. Ce faible niveau des échanges est dû aux relations de méfiance et de tension qu’entretiennent les deux pays.

    Le procès-verbal signé par les deux émissaires envisage donc également de mettre fin au différend relatif aux frontières héritées de la colonisation entre les deux Etats. Coïncidant avec la célébration de la journée africaine des frontières, la signature des protocoles entérine aussi la délimitation et la démarcation de la nouvelle frontière.

    Les deux Etats devront recevoir dans les prochains jours vingt-deux bornes frontières récemment reconstituées, partant de Goma en RDC jusqu’au Mont Hehu, dans le territoire de Nyiragongo au Rwanda. La réception desdites bornes frontières reconstituées est le fruit de deux ans et permettra d’amenuiser les affrontements récurrents dus à des malentendus au niveau des frontières.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Afrique centrale : la politique, une gâchette à instabilité

    Afrique centrale : la politique, une gâchette à instabilité

    C’est l’un des enseignements du rapport du secrétaire général sur la situation en Afrique centrale et sur les activités du bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Brenuac/Unoca).

    La question préoccupe l’Onu.

    Le document a été présenté ce 13 juin devant le Conseil de sécurité de l’Onu par François Lounceny Fall, représentant spécial du secrétaire général en Afrique centrale et chef du bureau régional. L’Onu rapporte que durant les 6 derniers mois, les tensions politiques ont été de sérieuses gâchettes à instabilité.

    «L’Afrique centrale a continué de connaître de graves problèmes sur les plans de la politique et de la sécurité, dans un contexte régional caractérisé par un ralentissement de l’économie» affirme le rapport. 07 Etats sur les 11 que compte la région ont été traversés et vivent toujours des prolongations de ces tensions.

    Il s’agit des désaccords sur les amendements constitutionnels (Burundi et Tchad), des contentieux sur les systèmes institutionnels (Gabon, Sao Tome, Cameroun et Congo) voire la destitution de l’ordre constitutionnel (Guinée Equatoriale). Les Nations unies préconisent à cet effet le dialogue. Précisément, une gestion concertée et consensuelle des mutations institutionnelles.

    Réponse
    Aux côtés des tensions politiques, les attaques terroristes dans le lac Tchad, les fluctuations des violences en RCA, la piraterie maritime sont d’autres sujets d’insécurité préoccupant qui ont empiété sur la quiétude de la région. Pour agresser la question, la sous-région se prépare à organiser deux sommets thématiques en juin (Chefs d’Etats de la CEEAC) et en juillet (CEEAC-Cedeao). Le Brenuac sollicite, quant à lui, une prorogation de trois ans de son mandat, pour une période allant du 1er septembre 2018 au 31 août 2021.

    ZRM

  • Migrations intracontinentales: Une manne ignorée !

    Migrations intracontinentales: Une manne ignorée !

    Prise en otage par une vision pessimiste et fantasmée du phénomène migratoire venant de l’occident, l’Afrique échoue à capitaliser les opportunités du phénomène migratoire sur le continent. 

    Graphique 1

    Selon les chiffres du département des affaires économiques et sociales de l’Onu, on comptait environ 258 millions de migrants internationaux dans le monde en 2017, soit quelque 3,4% de la population mondiale. Les migrations Sud-Sud ont représenté 38% des flux migratoires soit un peu plus 98 millions de personnes. Et les migrations Sud-Nord, seulement 35 %, soit un tiers du total. Ce sont pourtant les mouvements Sud-Nord qui attirent le plus l’attention.

    L’Afrique n’échappe pas à ce complexe mondial alors que ce sont les migrations intra-africaines qui sont les plus importantes. Selon le rapport 2018 de le Conférence des nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), 25 millions d’africains se sont déplacés à travers le continent en 2017 (voir graphique 1). Alors que les migrations extracontinentales (hors du continent) ne concernent que 13 millions d’Africains. Et 5,5 millions d’étrangers ont migré vers l’Afrique.

    Main d’œuvre

    L’étude de la Cnuced va clairement à contre-courant d’une vision pessimiste du phénomène migratoire, vision qui souligne habituellement des problèmes majoritairement fantasmés de non assimilation, de perte d’emplois, de lutte entre immigrants et nationaux pour les ressources publiques, de déséquilibres des systèmes de santé et de protection sociale, de frictions culturelles… Pour la Cnuced, les migrants économiques représentent 85% de la migration intra-africaine. Les réfugiés et les migrants climatiques constituant les 15% restant.

    Dans l’Afrique d’aujourd’hui, les migrants économiques sont principalement des jeunes, dont un grand nombre de nouveaux arrivants sur le marché du travail. L’âge médian des migrants africains était de 31 ans en 2017. Les compétences sont un aspect très important de la migration économique contemporaine en Afrique. Par leurs qualifications d’origine ou de fortune, la ressource humaine issue de l’immigration, répond à l’appel des secteurs économiques phares de certains pays pour lesquels la main-d’œuvre se tarit (voir graphique 2).

    Graphique 2

    Les estimations montrent que les migrations intra-africaines sont bénéfiques à la transformation structurelle dans les pays de destination. A titre d’illustration, une augmentation de 1 % du nombre d’immigrants peut être associée à une hausse de 0,26 à 0,43 % de la valeur ajoutée manufacturière (Cnuced 2018). La hausse de leurs rémunérations les fait également contribuer à la hausse de la consommation locale, et à la contribution fiscale (taxes et impôts) à l’économie nationale. L’immigration joue un rôle prépondérant dans l’accroissement de la productivité à travers un impact dans les secteurs tels que l’agriculture, la construction, les industries extractives, l’industrie manufacturière, le commerce des services (Voir graphique 3).

    Au-delà de tout, les migrations économiques contribuent à la hausse du pouvoir d’achat des ménages. Et en cela, elles sont un vecteur non négligeable de lutte contre la pauvreté. «Se pourrait-il que nous soyons passés à côté d’un phénomène de fond structurant les économies africaines ?», interroge à juste titre Ibrahim Mayaki. Le secrétaire exécutif de l’Agence de planification et de coordination du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), regrette qu’«à force de focaliser le débat sur les migrations extracontinentales et leurs incidences sur les relations entre les pays africains et leurs partenaires, nous en avons oublié que la majeure partie des migrations originaires d’Afrique sont des migrations intracontinentales».

    Moteur du commerce

    Le défi à relever est de la responsabilité des États. Certains ont déjà commencé à adapter leur législation pour accompagner ce mouvement. D’autres n’ont pas encore compris les bénéfices qu’ils pourraient en tirer. La Zone de libre-échange continentale (ZLEC), le protocole sur la libre circulation des personnes, du droit de résidence et d’établissement et le passeport panafricain vont dynamiser les effets positifs de cette mobilité par le truchement du marché unifié continental, grâce à l’harmonisation des normes, la disparition des barrières douanières, la libre circulation des personnes et des capitaux.

    Ibrahim Mayaki pense d’ailleurs que «l’intégration par le travail est accélérée pour les migrants sur un marché qui leur permet de développer des compétences auxquelles ils n’auraient pas eu accès dans leurs pays d’origine. Les paysans burkinabè possédant de faibles compétences ont pu en gagner de nouvelles et accéder ainsi à des fonctions mieux rémunérées que s’ils étaient restés chez eux. C’est d’ailleurs grâce à cette montée en compétences que les équilibres macroéconomiques, loin d’être déstabilisés par l’arrivée de nouvelles populations, en sont renforcés dans le pays d’accueil, comme dans le pays d’origine. Ceci est une incitation et un message pour certains pays africains qui sont encore trop frileux dans leur gestion de la migration africaine».

    Zacharie Roger Mbarga

    Graphique 3
  • ‘’La poste survivra…’’

    ‘’La poste survivra…’’

    Younouss Djibrine

    Même les pays champions du libéralisme n’ont pas ouvert leur marché avant de l’avoir encadré

    Le Camerounais est depuis bientôt six ans à la tête du secrétariat général de l’Union panafricaine des postes (Upap). Du haut d’une quarantaine années d’expérience, il croit en la résurrection du secteur dans la sous-région Afrique centrale. Diagnostic et prescription. 

     

    Quel état des lieux dressez-vous de l’environnement de la poste en Afrique ?
    A l’image de la poste mondiale, la poste africaine est à la croisée des chemins. Car depuis une vingtaine d’années, on assiste en même temps à une baisse continue de l’activité de courrier traditionnel et à une croissance exponentielle des colis. Cette dernière activité était pratiquement morte il y a 20 ans. Ceci est dû à l’explosion du commerce électronique.

    Ce qui prouve que la poste n’a plus le monopole de la communication. Victime de la libéralisation imposée, la poste a été laissée aux oubliettes volontairement pour les partenaires au développement mais inconsciemment pour les gouvernements africains. Non seulement les réformes économiques engagées dans nos Etats africains ne lui ont pas prévu un cadre de déploiement de ses activités, mais on a cessé d’y investir. Conséquence le réseau postal africain est vétuste.

    La double concurrence que subit la poste africaine est une autre pesanteur. Il s’agit de la technologie et des acteurs privés. Mais pour moi, la technologie ne peut être vue comme de la concurrence. Ce n’est qu’un outil qui peut améliorer les services. Pour ceux qui est des acteurs privés, ils sont certes venus dans un marché concurrentiel mais les postes publiques africaines n’étaient pas prêtes à cette ouverture. On n’a pas aménagé des cadres règlementaires, on n’a pas modernisé l’outil de production, on n’a pas procédé au renforcement des capacités des ressources humaine. La concurrence privée a donc profité de cette situation.

    Toutefois, il y a eu des réactions. Tout le monde n’est pas dans une situation morose. De manière générale, beaucoup d’initiatives émergent dans les pays africains permettant de croire qu’il y a une prise de conscience. Pour que la poste reprenne sa place de facilitateur des échanges et des communications entre les hommes.

    En Afrique, de grosses multinationales exercent une forte concurrence sur les entreprises nationales. Ne faudrait-il pas y répondre ?
    Toutes les postes publiques font partie du réseau postal mondial regroupé au sein de l’Union postale universelle (Upu) qui est une institution spécialisée des Nations unies en charge des services postaux dans le monde. C’est une institution intergouvernementale car ce sont les Etats qui en sont les membres fondateurs. L’article premier de la convention créant l’Upu énonce que tous les pays membres constituent un seul territoire postal. Un courrier est déposé dans un pays A, il transite dans un pays B et est distribué dans un pays C.

    Tous gouvernés par une même convention. Dans ce territoire, il y a des provinces ou des régions que sont des pays industrialisés qui trouvent un malin plaisir à faire de la concurrence déloyale à d’autres démembrements de ce territoire. Des filiales de postes publiques étrangères sont en effet présentes sur le sol africain. On peut évoquer DHL (Allemagne), Chronopost (France), TNT (Hollande).

    En fait l’Upu a mis sur pied en 1989 un service express universel appelé EMS (Express Mail Service). Chaque pays à travers les opérateurs publics disposait du monopole de son application sur son territoire. Très vite, les opérateurs privés ont été mis à mal. En Europe, plusieurs se sont fait racheter par les postes publiques (DHL, TNT et Chronopost).Ces opérations de rachat ont permis à ces nouveaux mastodontes de sortir de la marque EMS et de se positionner comme collecteur de courrier dans nos pays court-circuitant ainsi nos postes nationales. Résultat, vous avez des postes nationales étrangères qui collectent et distribuent le courrier en Afrique. Grace à leurs moyens considérables, elles transportent elles-mêmes le courrier en destination et en provenance de l’Afrique.

    La même concurrence s’opère dans le transfert d’argent que beaucoup assimile à un service nouveau. Or, il s’agit toujours du mandat poste. Le transfert d’argent dont on parle aujourd’hui c’est l’envoie et la réception d’argent sans disposer d’un compte. Ce qui est la définition littérale du mandat poste. Dans ce secteur, la concurrence est à la fois internationale (Western Union) et nationale (Express Union). Tout cela est naturellement une résultante d’un vide juridique. Toutes les conditions étaient donc réunies pour que la poste soit dans cette situation de désuétude. Les réponses sont donc dans ce développement.

    …Le Cameroun a une loi qui date de 2006 mais elle n’est pas mise en application. Des forces occultes se sont mises en travers de sa mise en œuvre pour leurs propres intérêts. Pourtant, le but final de la loi postale est de protéger le service public aux citoyens…

    L’environnement postal de l’Afrique centrale se caractérise par la non-convergence des mécanismes d’encadrement et de réglementation, l’étroitesse du marché… Y-a-t-il un avenir pour la poste dans cette région ?
    La poste a survécu à beaucoup de choc. Elle survivra parce que tant qu’il y aura le besoin de communiquer entre les hommes, le besoin d’échanger des biens, des capitaux et des informations, il y aura toujours la poste. C’est sa raison d’être. La preuve en est que sur le marché camerounais, on recense plusieurs centaines d’opérateurs privés. Si la poste publique a des obligations de service public et de service universel, que cherchent les autres opérateurs privés qui mènent des activités postales si le marché n’est pas intéressant ? Il y a un proverbe de la forêt qui dit «si quelqu’un se courbe c’est qu’il y a quelque chose à ramasser».

    C’est vrai qu’en Afrique centrale la situation est pire qu’ailleurs. Et le secteur postal n’est pas la seule victime. C’est de notoriété publique : nous sommes en retard sur plusieurs tableaux. C’est ma région, je peux en parler sans provoquer d’incident diplomatique. L’Afrique centrale est le maillon le plus faible des plus faibles. Parlons de l’encadrement réglementaire. J’ai évoqué l’ouverture du marché postal sans préalable. Dans certains pays européens et même aux Etats-Unis, certains pans du marché postal sont fermés aux opérateurs privés. Même les champions du libéralisme sont lucides à ce niveau. Le récent du sommet du G7 nous montre que lorsque des intérêts ne sont pas convergents, les penseurs du libéralisme ne parlent pas d’une même voix. Mais nous, on veut nous rendre plus royaliste que le roi !

    Le problème de l’Afrique centrale est donc d’avoir complétement libéralisé l’activité postal ?
    J’ai une expérience modestement suffisante dans la poste internationale qui me permet de savoir que même les pays champions du libéralisme n’ont pas ouvert leur marché avant de l’avoir encadré et avant d’avoir préparé opérationnellement et commercialement leur opérateur public. C’est sur 20 ans que l’Union européenne a fini de libéralisé le marché postal. Ils ont échelonné les ouvertures sectorielles et ont souvent réajusté les échéances de démantèlement. Simplement parce que leurs opérateurs publics n’étaient pas prêts.

    Les nôtres, personne ne s’est occupé d’eux. Et lorsque le marché a été libéralise, il s’est trouvé que les opérateurs privés n’avaient pas la préoccupation de servir l’ensemble des citoyens. Ils sont entrés dans nos marchés et ils ont fait de l’écrémage. Ils s’installent dans les segments porteurs où il y a un gros volume à capter et où la charge d’exploitation n’est pas importante. Généralement c’est dans les capitales (politique, économique) et dans les grandes villes, où il y a des aéroports. La petite collecte de l‘arrière-pays et du citoyen lambda n’était pas leur souci. Le secteur public universel a été mis à mal. Des citoyens ont été exclus. Le droit à la communication à travers la communication postale a été baffoué et il y a eu entorse sur les droits de l’Homme.

    Or avec la gangrène Afrique, des influences ont empêché la prise de mesures de régulation. Le Cameroun a une loi qui date de 2006 mais elle n’est pas mise en application. Des forces occultes se sont mises en travers de sa mise en œuvre pour leurs propres intérêts. Pourtant, le but final de la loi postale est de protéger le service public au citoyen. Elle permet à l’opérateur public de remplir des obligations précises et exigeantes dans un marché concurrentiel. La loi postale camerounaise a inspiré plusieurs pays qui l’ont déjà mis en œuvre (Sénégal, Burundi). Même des pays non africains s’en sont inspirés. Mais en Afrique centrale, aucun pays n’y est parvenu en interne. Ils attendent de voir comment le Cameroun va y parvenir. Mécaniquement, il n’existe pas de stratégie ou de réglementation au niveau régional. La convention de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a exclu les opérateurs publics postaux dans son champ d’action.

    …Il n’existe pas de stratégie ou de réglementation au niveau régional. La convention de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a exclu les opérateurs publics postaux dans son champ d’action… 

    A travers ses services et produits, la poste peut concourir à une meilleure inclusion financière et territoriale en Afrique centrale. Quelle en est l’opérabilité au regard de la concurrence des solutions technologiques telles que les Fintech et la relative bonne implantation du système financier classique ?
    La poste est une infrastructure de base essentielle, incontournable pour l’inclusion socio-économique. Pas seulement l’inclusion financière. Parce que le bureau de poste est un guichet unique pour offrir des services publics. Et je peux me réjouir qu’il en existe déjà en Afrique. Le seul bureau de poste peut remplir le rôle de 10 bâtiments d’administration publique. C’est le cas avec Guduma Center en Afrique de l’Est. La même solution est implémentée en Tunisie, en Ethiopie, au Malawi.

    Elle permet de souscrire à une assurance, payer ses impôts, régler ses factures de consommation (eau, électricité, télévision…), s’inscrire sur les listes électorales, établir une pièce d’identité, établir un acte de naissance, contrôler sa tension artérielle…Ce qui offre une économie d’échelle à l’Etat qui délivre plusieurs services en un lieu, dans un bâtiment, avec un branchement électrique… Pour les citoyens, c’est plusieurs services en un seul et même endroit. Ce qui augure un gain de temps et une réduction des dépenses et des efforts de déplacements.

    En matière d’inclusion financière, la poste obéit à une seule règle sur l’ensemble du territoire mondial. C’est le service de proximité. Contrairement aux banques dont les tarifs peuvent êtres différents. Les transferts d’argent à la poste sont assujettis à la tarification de l’Upu. En plus, les opérations de la poste sont traçables. Contrairement aux nouvelles offres. En matière de TIC, la poste utilise le I et C car elle Informe et Communique. Par contre la technologie est l’outil d’amélioration de son offre. Prenons le cas de l’Algérie. Ce pays a 40 millions d’habitants et 24 millions d’entre eux sont propriétaires de compte à la poste.

    L’ensemble des banques réunis n’égalent pas le nombre de clients. Pendant les deux semaines du mois de ramadan, la poste algérienne enregistrait 4 millions de transaction par jour. Et en général, c’est en termes de moyens de paiement. Sortons du continent. La Suisse est connue pour ses valeurs : le chocolat, les montres et le système bancaire. Dans ce pays, la post Bank est le 4ème établissement financier. Au japon, la banque postale est la première. Au plus fort de la crise financière en 2008, les clients ont retiré leur argent des banques pour le protéger dans les banques postales.

    …Le seul bureau de poste peut remplir le rôle de 10 bâtiments d’administration publique. C’est le cas avec Guduma Center en Afrique de l’Est. La même solution est implémentée en Tunisie, en Ethiopie, au Malawi. Elle permet de souscrire à une assurance, payer ses impôts, régler ses factures de consommation (eau, électricité, télévision…), s’inscrire sur les listes électorales, établir une pièce d’identité, établir un acte de naissance, contrôler sa tension artérielle… 

    Quel rôle peut jouer la poste précisément dans les transferts d’argent ?
    La Banque africaine de développement et la Banque mondiale estime que l’apport de la diaspora représente 4 fois l’aide publique au développement. Mais les canaux de transferts de fonds utilisés coutent 4 fois plus cher que l’offre postale. Avec la solution postale, vous comprenez que les montants transférés par la diaspora pourraient être plus important. Plus important, l’argent des migrants (diaspora) n’est transféré que dans des centres urbains. Or, il est parfois destiné à des personnes vivant dans les ruralités. La solution postale permet un service de proximité.

    La poste peut contribuer au financement de l’industrialisation africaine et donc à la transformation structurelle. Par le truchement de la mobilisation des épargnes. Cette épargne peut être distribuée sous forme de crédit à des porteurs de projets industriels. Ou alors au financement des projets structurants à forte valeur ajoutée. C’est le cas du livret A en France. Enfin, la poste contribue à l’éducation financière. Le seuil minimum pour les comptes d’épargnes n’est pas toujours à la bourse de tout le monde dans les banques. Les microfinances, elles, ont un cycle de vie court en Afrique. Or, la poste offre un seuil démocratique. Et des tarifications nulles. D’où l’intermédiation financière de proximité.

    Le continent africain est engagé à accroitre la mobilité des personnes, des capitaux et des biens. L’Afrique centrale amorce elle aussi cette optique. Quelle contribution la poste pourrait-elle apporter ?
    La poste est un facilitateur de transaction commerciale. Un intermédiaire entre l’acheteur et le vendeur. Elle offre un service tridimensionnel. Les bureaux de postes sont désormais des plateformes de commerces qui hébergent les produits des commerçants. En ligne, il est possible de faire des achats. Mais il faut résoudre le problème de l’infrastructure de base. L’outil technologique, la connectivité, l’électricité, les locaux…
    Dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), le réseau postal permet la circulation de tout type d’informations et facilite la mobilité des capitaux, des biens et des personnes. Il permet la mise en réseau des institutions, des créateurs de richesse et des citoyens.

    Des préalables sont indispensables pour que la poste se déploie. C’est le cas des transports. Fort heureusement, le dernier sommet de l’Union africaine a vu la présentation du projet sur le marché unique du transport aérien. Il faudrait également harmoniser le transport terrestre et routier. Puis mettre en réseau les douanes africaines. C’est ainsi que le commerce transfrontalier pourrait être plus fluide et plus sécurisé. La poste ne définit aucune de ces règles mais en a besoin pour contribuer à une ZLEC efficiente. C’est à l’Afrique de prendre ses responsabilités pour regarder ses et servir ses citoyens.

    …Nous voulons être le premier secteur à soumettre une directive africaine au parlement panafricain. Nous souhaitons consolider un territoire postal unique sur le continent avec des transactions identiques et plus fluides. Il s’agira d’une directive sur les échanges postaux intraafricains. Il s’agira de les harmoniser….

    Avec votre expérience à l’Union panafricaine des postes (Upap), quelles solutions d’optimisation envisagez-vous pour la création des chaines de valeurs postales en Afrique ?
    Je n’ai que six ans au sein de l’Union panafricaine des postes. L’une des dernières institutions d’intégration à porter le qualificatif « panafricain ». Mais toute ma vie, je l’ai passé à œuvrer à l’améliorer des conditions d’exercice de la poste, soit une quarantaine d’années.
    Au niveau du continent africain, nous travaillons avec les autres acteurs. Notamment avec le Parlement panafricain. Nous voulons être le premier secteur à soumettre une directive africaine au parlement panafricain.

    Nous souhaitons consolider un territoire postal unique sur le continent avec des transactions identiques et plus fluides. Il s’agira d’une directive sur les échanges postaux intraafricains. Il s’agira de les harmoniser. C’est une de nos missions, harmoniser les politiques et règlementations africaines. Nous allons bientôt publier les termes de références d’une étude préalable. Des consultants vont nous élaborer une directive continentale. Nous allons la soumettre aux instances africaines. J’ai promis au président Nkodo Dang que nous serons prêts lorsqu’ils seront opérationnels pour légiférer.
    Nous travaillons également à l’harmonisation opérationnelle.

    Avec les pays africains membres de l’Upap, nous élaborons un plan quadriennal que nous appelons plan de développement régional Afrique. C’est une déclinaison tropicalisée de la stratégie postale mondiale que l’Upu a adoptée. Nous avons identifié les domaines prioritaires pour rendre la poste opérationnelle avec de la valeur ajoutée. Comme domaines prioritaires, nous avons : le commerce électronique, les services financiers et l’amélioration de la qualité des services.

    Qu’est-ce qui a déjà été fait à ce jour dans le vaste chantier de réanimation de la poste africaine ?
    Nous pouvons déjà nous réjouir de l’adoption de la résolution L12 relative à la promotion de l’inclusion financière à travers le réseau postal. Les ministres africains de l’économie, de la planification et des finances ont reconnu la poste comme acteur d’inclusion financière notamment des populations à faible revenu et des zones rurales reculées.

    Ils se sont engagés à moderniser le réseau postal reconnaissant son état de désuétude. Un appel a été lancé envers les bailleurs de fonds pour la réhabilitation de la poste africaine. En 2016, les chefs d’Etat l’ont adopté et ont réinstruit leurs ministres des finances et de l’économie de mettre procéder à sa mise en œuvre. La même résolution reconnait la spécificité des services financiers postaux. Et pour sa régulation, il y a besoin d’une collaboration entre les régulateurs financiers et les régulateurs postaux sectoriels.

    Interview réalisée par
    Zacharie Roger Mbarga

  • Agro-industrie : la Cemac à l’école israélienne

    Agro-industrie : la Cemac à l’école israélienne

    Le président de la Commission de la Cemac a pris part, du 27 au 30 mai dernier, à la 17ème mission économique agricole Afrique – Israël à Tel Aviv.

    Le président de la Commission attentif aux explications.

    Cette rencontre économique et agricole avait pour leitmotiv le développement agricole du contient à travers la création de partenariats durables. Accompagné des premiers responsables de la Commission économique du bétail de la viande et des ressources halieutiques (Cebevirha), Daniel Ona Ondo s’est imprégné de l’expertise israélienne en matière d’agro-industrie.

    Objectif: bénéficier des investissements, de l’expérience et de la technologie israéliens en la matière. La Cemac a pu prendre connaissance des solutions innovantes qui font d’Israël un modèle de référence. Cette expérience des firmes israéliennes concernait le croisement des espèces de semences (Hazera Genetics), l’alimentation du bétail, la production hydroponique de laitue sous serres, la formation, l’irrigation.

    Diversification
    Tenus de diversifier leurs économies, les Etats de la Cemac ont l’agro-industrie comme avantage comparatif et compétitif. Le président de la Commission a partagé cette ambition. Le plan stratégique 2015-2025, dont les 150 milliards de financement sont activement recherchés, a été présenté. Sur ce sujet, les officiels ont évoqué la table ronde qui sera organisée à Bruxelles le 11 juillet 2018.

    Dans cet élan, la Cebevirha a noué un partenariat technique avec EMRC (European Market Research Center), une organisation internationale à but non lucratif. EMRC a pour mission de promouvoir le développement économique durable en Afrique à travers la création de partenariats d’affaires notamment dans le secteur privé.

    EMRC est constitué : d’un vaste réseau d’entrepreneurs, des financiers, des représentants de plus d’une centaine de pays. Elle organise aussi: des fora d’affaires pour mobiliser des financements privés et publics vers l’Afrique, des formations d’entreprises privées et organisations publiques, l’identification et la conception des projets.

    ZRM

  • Lutte contre le trafic d’armes : Comprendre l’engagement du Cameroun

    Lutte contre le trafic d’armes : Comprendre l’engagement du Cameroun

    Au moment où la situation sécuritaire du pays est de plus en plus volatile, l’implication des autorités de Yaoundé signe un projet stratégique novateur.

    Question de Cameroon tribune: «Le Cameroun a abrité la 1ère Conférence des Etats parties à la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre. Qu’est-ce qui explique l’organisation de telles assises ?» «…La disponibilité du Cameroun à accueillir cette rencontre internationale de haut niveau, montre l’engagement de notre pays, aux côtés de ceux de l’Afrique centrale, des organisations internationales et de la société civile, à contrôler la circulation des ALPC et leur usage par des acteurs non-étatiques», répond Lejeune Mbella Mbella, dans l’édition du 14 juin 2018.

    Le ministre camerounais des Relations extérieures (Minrex) indique combien le sujet préoccupe Yaoundé. Sans le dire clairement, le Cameroun se positionne comme chef de file dans le combat contre le trafic d’armes dans la sous-région. «Pour sortir de la spirale d’insécurité dans laquelle les terroristes et autres brigands internationaux l’ont précipité, le Cameroun entend coordonner une coalition sans précédent, afin d’ organiser un peu mieux le travail de traque des trafiquants», analyse Daniel Nkomba de la Fondation Paul Ango Ela de Yaoundé. Il ajoute que si la formulation officielle de «l’engagement camerounais» n’est pas claire, elle reste réelle. «Plus précisément, la politique de Yaoundé constitue une véritable rupture dans l’appréhension et la gestion de l’environnement géopolitique en Afrique centrale», croit savoir cet universitaire.

    Dès lors, l’on comprend pourquoi cet engagement amorce son édification sur un mouvement qui allie d’autres pays dans une perspective d’ingénierie stratégique concertée.  En témoigne le récent accord sur le contrôle de la circulation illégale des armes légères et de petit calibre, signé entre le Cameroun et son voisin nigérian. «Toute la particularité de cette approche est à voir dans la célérité avec laquelle ce texte a été conduit au parlement. Parce que le Cameroun est conscient que le prélude à sa propre sécurité passe par une action concertée avec le Nigéria, où signale-t-on, des bases arrières de Boko Haram et des séparatistes seraient situées», argumente Daniel Nkomba.

    A l’analyse, cette vision repose sur la croyance aux vertus stabilisatrices de l’interdépendance stratégique. Yaoundé considère en effet que son équilibre est aussi tributaire d’une coopération capable de créer un esprit internationaliste, susceptible de prendre effectivement le contrôle de la situation. Et précisément, du fait de l’impossibilité de traiter la question de la circulation incontrôlée des armes avec une autorité souveraine, le pays de Paul Biya veut montrer que pour lui, les enjeux sont beaucoup plus immédiats.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • 3,55 milliards de francs CFA

    C’est le pactole généré par les industries extractives dans les caisses de l’Etat du Cameroun à la faveur de la signature de nouveaux contrats pétroliers et la promulgation d'un nouveau code minier
    Les billets de banque

    C’est la part du budget de l’Assemblée nationale consacrée au renforcement du contrôle parlementaire de l’action gouvernementale en 2018. Chaque année, une enveloppe tournant autour de ce montant est budgétisée. Ceci pour financer ce programme visant à contribuer à l’efficacité des politiques publiques, avec comme indicateur le «taux de contrôle du programme d’investissement prioritaire du gouvernement».

    Mais comment cette institution s’y prend-elle pour remplir cette mission si tant est que la dernière commission d’enquête parlementaire remonte à Mathusalem? En plus, les rapporteurs spéciaux chargés du contrôle des dépenses publiques n’ont plus donné de nouvelle depuis leur installation en grande pompe le 26 mars 2015. Qui s’assure que cet argent est bien utilisé à cette fin, les audits et autres contrôles ne concernant quasiment jamais l’Assemblée nationale ? Il y a des raisons de s’inquiéter quant à la destination prise par ces allocations.

  • La CEEAC saisie d’un projet de déstabilisation régionale

    La CEEAC saisie d’un projet de déstabilisation régionale

    Pierre Nkurunziza et les émissaires de la CEEAC.

     

    Une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a séjourné à Bujumbura au Burundi le 8 juin dernier.

     

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    Zacharie Roger Mbarga

  • Concession d’Eneo : Séraphin Magloire Fouda court-circuité

    Concession d’Eneo : Séraphin Magloire Fouda court-circuité

    Le PCA d’Eneo.Le garant des intérêts de l’Etat dans le conseil d’administration du distributeur de l’électricité souhaitait un audit de la concession avant toute décision sur l’avenir. Mais Paul Biya en a décidé autrement.

    Aboudi Ottou

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  • Monument: Mgr Ndongmo divise la Menoua

    Monument: Mgr Ndongmo divise la Menoua

    Pour ses admirateurs, il faut cimenter ce qu’il y a d’héroïque dans la posture de ce prélat décédé le 29 mai 1992 au Québec (Canada). L’initiative se heurte à des résistances.

    Mgr Albert Ndongmo de son vivant.

    «Porteur de cornes», «évêque du tonnerre», «un David se mesurant au Goliath colonial». Les expressions fleurissent pour désigner Mgr Albert Ndongmo, le tout premier évêque de Nkongsamba (région du Littoral). Aujourd’hui, l’œuvre de ce prêtre résonne avec une émotion redoublée par le passage des années.
    Dans la région de l’Ouest, deux projets sont en itinérance: l’édification à Bafou (dans le département de la Menoua) d’une statue du défunt évêque et la relance de la Fondation Albert Ndongmo.

    Si les deux idées portent les signatures des Pr. Tadadjeu et Fabien Kangue Epanne et du journaliste Célestin Lingo (tous de regrettées mémoire), elles ont fondu, comme une motte de beurre, face à la réticence de certaines autorités religieuses, traditionnelles et administratives de la Menoua. Selon celles-ci, souligne-t-on, Mgr Albert Ndongmo ne constitue pas une icône consensuelle. Calées sur cette position, avance-t-on encore, ces autorités s’échinent chaque jour à barrer la voie aux dits projets.

    Le combat continue

    En face, un «collège pro-Ndongmo» évolue dans le sens inverse. A l’occasion de la commémoration du décès de l’ancien évêque de Nkongsamba, Jean Baptiste Sipa a, le 29 mai dernier à Douala, remis ces idées au goût du jour. Parce que, estime le journaliste émérite, «le Cameroun doit se souvenir de Mgr Ndongmo pour son action forte ainsi que son message porteur et transgénérationnel».

    «Aujourd’hui, le découragement est à ce point avancé qu’il faudra absolument un homme très charismatique pour relancer ces projets. Car qu’on l’aime ou pas, Mgr Albert Ndongmo aura été un homme d’exception, un visionnaire», confie Fabien Tsafack, membre de la défunte Fondation et congressiste.
    Un prêtre, membre du conseil épiscopal du diocèse de Bafoussam enfonce: «Mgr Albert Ndongmo comme tous les révolutionnaires est sujet tout le temps à des opinions controversées.

    Quand bien même les nouveaux prélats au sein de l’Eglise catholique au Cameroun épouseraient son idéologie, l’on est enferré par un ensemble de règles de fonctionnement de l’église d’aujourd’hui». Et de questionner: « Les préoccupations des carrières des uns et des au sein de l’épiscopat amènent à s’interroger si l’on a le droit de suivre des idéologies révolutionnaires comme celle de Mgr Albert Ndongmo ?»

    Le Pr Emile Temgoua, 1er adjoint au maire de Dschang et en charge des grands travaux dans cette municipalité, indique que «les raisons qui freinent ces projets sont totalement vaines». Il ajoute: «par procuration, certains veulent perpétuer le principe de l’exclusion des figures marquantes de l’histoire de notre pays».

    Filibert Ndongo

    (correspondance particulière)

    Une question, une réponse

    Premier arrondissement de Douala, le lieu-dit «Mobil Njoh Njoh» se prête à la colère des chefs traditionnels du canton Bell ce 26 mai 2018. Unilatéralement, ils détruisent les installations d’un chantier. La scène contrarie l’ambition de la Communauté urbaine de Douala d’ériger un monument, en mémoire du nationaliste Ruben Um Nyobe.

    Les dignitaires conduits par S.M. Jean Yves Eboumbou Manga, chef supérieur du canton Bell, insistent sur un principal grief: «Eriger un monument d’une telle envergure dans un village comme le nôtre, qu’on nous surprenne comme tout le monde, ne nous parait pas correct. Raison pour laquelle nous avons voulu qu’il soit clair que cette façon de faire n’est pas du tout appréciée par nous».

    Officiellement, ces chefs doualas ne sont ni verts de jalousie, ni rouges de plaisir. Ils ne sont pas simplement contents, affirment ceux qui promènent leurs analyses dans l’underground de la vie traditionnelle dans la capitale économique du Cameroun.

    Et pourquoi? Certains avaient, il y a quelque temps, posé la question autrement : «qu’est-ce qui dérange de voir un monument de l’une des figures de l’histoire du pays ?» Dans leur réponse, d’autres validaient ironiquement qu’«au Cameroun, l’histoire subit un régime très spécial et disproportionné, par rapport à la vérité; quelques fossoyeurs ornent fougueusement  le quotidien avec de faux héros nationaux».

    Jean René Meva’a Amougou

  • Rue Rosa Park: Nouvelles lignes de vie

    Rue Rosa Park: Nouvelles lignes de vie

    Le retour de S.E. Peter Henry Barlerin à son poste dans la capitale camerounaise consacre désormais une autre approche de la communication avec la presse locale.

    Leurs Excellences Paul Biya et Peter Henry Barlerin au palais l’Unité.

    Après quelques jours passés dans son pays, S.E. Peter Henry Barlerin a regagné son bureau où, depuis fin 2017, il officie comme ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun. A la Rue Rosa Park sise au quartier Golf à Yaoundé, le diplomate américain s’occupe de coordonner les différents services de la chancellerie. «Il travaille sereinement», obtient-on dans un rare propos de l’un de ses conseillers.

    Théorème diplomatique

    Ce 12 juin 2018, ce collaborateur de S.E. Peter Henry Barlerin tient à une nouvelle instruction: «Les échanges avec la presse se déroulent uniquement à la guérite». Cette nouvelle disposition vient d’ailleurs appuyer le rôle du bureau de la sécurité dont les agents sont, plus que par le passé, postés aux aguets. De temps en temps, ils rappellent un théorème diplomatique au visiteur.

    «On ne questionne pas tout, n’importe où, n’importe comment, n’importe quand et avec n’importe qui», flashe-t-on au reporter, tentant d’obtenir confirmation ou infirmation d’une information selon laquelle, Etoudi et l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé négocieraient une autre rencontre (avant l’élection présidentielle d’octobre prochain) entre Paul Biya, le chef de l’Etat camerounais et S.E. Peter Henry Barlerin.

    Diversion

    Sur le coup, rien ne filtre d’ailleurs. On comprend qu’en ces lieux attachés à la «bonne et vraie information», un nouveau plan de com’, bâti sur les référentiels médiatico-politiques du moment, est fixé. De fait, les prises de paroles sont désormais investies par les usages du divertissement. Tout pour expliquer qu’en une trentaine de minutes d’échanges, un conseiller de l’ambassadeur ne produise que du récit sur la présence des Etats-Unis à la coupe du monde 2018 en Russie. «C’est le bon sujet pour vous!», ironise-t-il.

    Antécédent

    L’on devine alors qu’à la Rue Rosa Park, même sans le dire, tout le personnel est dorénavant tenu par la «réserve diplomatique» pour, souffle-t-on, «ne plus tomber dans la fosse de toutes les adversités médiatiques». On se souvient qu’au sujet de la candidature éventuelle de Paul Biya à sa propre succession, le maître des lieux s’était fendu en déclarations controversées. Sans tarder, la presse locale avait alors crié au loup en dénonçant non pas la dérive diplomatique de S.E. Peter Henry Barlerin, mais son «ingérence dans les affaires internes du Cameroun».

  • S.E Jorge de Orueta Pemartin

     

    Après trois années passées au Cameroun, l’ambassadeur d’Espagne est arrivé en fin de séjour. De son pays d’accueil, ce diplomate continue de dire du bien. «Il y a une décence fondamentale ici», lance-t-il aux journalistes le 12 octobre 2017, au cours d’une soirée commémorative de la Día de la Fiesta Nacional de España y Día de la Hispanidad (la fête nationale d’Espagne). «C’est votre métier d’être sceptiques et de poser des questions difficiles… La démocratie a besoin de vous», choisit-il, en guise de conclusion à une conversation informelle avec quelques acteurs de la presse camerounaise.

    Soulignant avoir toujours eu des discussions «cordiales, parfois longues et substantielles» avec les autorités locales, S.E Jorge de Orueta Pemartin pense que sa présence au Cameroun a tracé de nouveaux sillons dans le cadre de la coopération entre Yaoundé et Madrid.

  • 6,5: milliards de francs CFA

    C’est le pactole généré par les industries extractives dans les caisses de l’Etat du Cameroun à la faveur de la signature de nouveaux contrats pétroliers et la promulgation d'un nouveau code minier
    Les billets de banque

    A Yaoundé, à l’occasion de la célébration de la fête nationale de l’Italie le 05 juin 2018, S.E. Marco Romiti, l’ambassadeur d’Italie au Cameroun, fait une annonce forte. «Au-delà des accords pour l’annulation de la dette avec le Cameroun et le Tchad, l’Italie a mis en place des programmes d’urgence visant à répondre aux besoins des populations les plus vulnérables (réfugiés, déplacés internes, retournés et communautés hôtes) dans la région du lac Tchad (l’Extrême Nord au Cameroun et la région du lac Tchad), dans le cadre de la crise humanitaire en cours».

    Se voulant plus détaillé, le diplomate transalpin indique qu’en termes d’initiatives d’urgence, le financement de celles-ci est estimé à environ 6,5 milliards de francs CFA (près de 10 millions d’euros). SelonS.E. Marco Romiti, le processus d’allocation de ces fonds est effectif ou  en cours d’approbation. Ledit processus est, apprend-on, piloté par l’Agence italienne pour la coopération au développement.

  • Acier-aluminium : l’Afrique dans le tourbillon de la nouvelle guerre commerciale !

    Acier-aluminium : l’Afrique dans le tourbillon de la nouvelle guerre commerciale !

    Les relations commerciales entre les Etats-Unis et ses partenaires traversent une importante zone de turbulences.

    Après une première hausse des droits de douane qui affecte depuis mars l’acier chinois, Washington a mis en application sa décision de taxer ses importations d’acier et d’aluminium en provenance d’Europe, du Mexique et du Canada. Depuis le 1er juin, il est exigé 25% de taxe en plus sur l’acier et 10% en plus pour l’aluminium. Une décision qui risque de remettre en cause l’équilibre de l’économie mondiale.

    Car en riposte, les partenaires américains ont annoncé des représailles. Le Canada a décrété ses propres tarifs douaniers sur divers produits importés des États-Unis dont la valeur pourrait atteindre 16,6 milliards dollars. Identiques au nouveau tarifaire américain, les taxes canadiennes concerneront en plus des produits de consommation (cigarette, papier hygiénique, soupes préparées). Le Mexique, lui, a indiqué que ses rétorsions consisteraient à la taxation de certains métaux mais aussi des denrées alimentaires comme des fruits et des fromages.

    Bruxelles, pour sa part, a déjà prévenu d’accroitre l’imposition sur des produits américains emblématiques, comme les motos Harley Davidson, les cigarettes, les jeans ou encore le beurre de cacahuète. Un conseil extraordinaire des ministres du Commerce est en gestation à cet effet. L’Union européenne a également porté plainte aux USA à l’organisation mondiale du commerce (OMC).

    Afrique noyée

    L’Afrique est le premier réservoir mondial des principaux minerais concourant à la production de l’acier (fer) et de l’aluminium (bauxite). Le continent noir assiste pantois à cette guerre commerciale sans mot dire. Bien que l’Afrique soit le réservoir mondial des minerais, son statut de sujet de l’industrie sidérurgique mondiale semble l’avoir cantonné au silence. Même pas un communiqué de l’Union africaine pour une position continentale.

    En dépit de la conjoncture morose des minerais sur le marché international, l’industrie extractive de fer et de bauxite sur le continent africain demeure courue. Des pays comme la RDC, le Cameroun, la Guinée, le Congo, Tanzanie, Malawi, Mozambique continuent de faire des projections de développement en comptant mobiliser la rente de l’industrie extractive.

    D’autres, plus avancés comme l’Afrique du Sud et l’Egypte disposent déjà d’une industrie sidérurgique pourvoyeuse d’emplois et de savoir-faire. Cette hausse des tarifs pourraient retarder la reprise des cours mondiaux sur les minerais. Plus loin, l’impact pourrait s’avérer encore plus préoccupant si les investissements attendus pour la reprise des chantiers extractifs n’étaient pas bouclés.

    Aujourd’hui, la Chine et l’Australie sont de gros exploitants miniers en Afrique. Ils exportent principalement vers l’Europe et les Etats Unis d’Amérique. Pékin, à lui seul, produit près de la moitié de l’acier mondial. En la matière, la Chine est le premier partenaire des pays africains. Ses achats de minerais ont tiré la croissance de nombre de ces pays entre 2005 et 2013. Les taxes américaines sur l’acier chinois pourraient atteindre 53% rapporte le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross. Si la Chine réalisait un manque sur l’acier, il y a un risque de dépréciation des prix des minerais en Afrique.

    «America first»

    L’urgence est à une réelle intégration économique pour une libre circulation des facteurs de production sur le continent africain. Afin que l’Afrique puisse enfin transformer elle-même ses matières premières et gagner la bataille des devises, de l’industrie très stratégique de l’acier (armement, automobile, aéronautique, électronique…).

    Pour l’administration américaine, le nouveau régime d’imposition sur l’acier et l’aluminium importé vise à privilégier la production nationale. L’objectif est de relancer la sidérurgie et de protéger les entreprises et les emplois aux Etats-Unis face aux marchandises importées. Il s’agit aussi de lutter contre le déficit commercial américain, qui atteignait 566 milliards de dollars en 2017. C’est l’une des multiples déclinaisons du slogan de campagne de Donald Trump «America first».

  • Ramadan 2018: La Fondation RYTHM de QNET se déploie à la Briqueterie

    Ramadan 2018: La Fondation RYTHM de QNET se déploie à la Briqueterie

    Fidèle à ses valeurs de générosité et de solidarité, elle a communié avec les fidèles musulmans à la mosquée centrale de Yaoundé le 12 juin 2018.

    « Qu’est-ce que mes trois enfants et moi-même allons manger à la fin du ramadan ?

    RYTHM de QNET a bien répondu à cette question à temps !» L’élan lyrique de Sally, renvoie au sac qu’elle a reçu  ce jour. Pour cette musulmane d’origine guinéenne, son contenu témoigne de l’action d’une association caritative qui eu l’idée de distribuer des vivres pour marquer sa solidarité avec des besogneux se faire entendre. « Je leur dit merci et souhaite que cette compagnie arrive à la hauteur de ses ambitions pour le bien-être de tous et en particulier  les personnes les plus vulnérables. Qu’elle en soit félicitée et remerciée », lance joyeusement la trentenaire pour qui, cette fin d’après midi donne un avant-goût de la journée la fête.

    « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même ». Ce 12 juin 2018, le geste de la Fondation RYTHM de QNET se trouve en proportion avec cette idée. Erika LINDOU, (Promoteur des JEC), désigné il y a quelques mois Agent local de QNET au Cameroun, use du béton des mots, celui qui fait glisser insidieusement la fin du ramadan en période de grande charité. « La Fondation RYTHM, dit-il, a au moins une bonne raison d’accomplir ce geste ici à la mosquée centrale ».

    Il précise qu’au contraire des cérémonies officielles, qui ont une nécessité politique ou diplomatique, l’initiative de bienfaisance de ce jour, répond à une obligation : toujours venir en aide aux pauvres et aux nécessiteux indépendamment des religions. « A la Fondation RYTHM de QNET, cela est conçu comme le geste d’une humanité réconciliée. Cette sensation de paix et de gratitude qui vous submerge est précieuse pour nous, et ce mois béni donne un aperçu de ce que nous pouvons être et de ce que pouvons faire… Mère Thérésa disait : à défaut de pouvoir venir en aide à 1000 personnes il faut au moins aider une», ajoute-t-il.

    Si ces propos ébranlent le flegme de Mohaman Saminou, l’Imam principal de la mosquée centrale de Yaoundé, c’est qu’ils recèlent une large part de vérité contenue dans le Saint Coran. « La charité est une des œuvres les plus nobles et les plus méritoires. Allah, exalté soit-Il, incite à cette pratique dans son Noble Livre en disant  « Les hommes et les femmes qui font don d’aumônes, et qui ont consenti à Allah un prêt de bonne volonté, seront remboursés au centuple, et ils auront rémunération généreuse. C’est pour dire que la Fondation RYTHM  va récolter au centuple », prédit-il.

    Le prélat se félicite de ce que Erika LINDOU et son équipe soient habités par les paroles d’Allah  selon lesquelles la terre et ce qu’elle contient, y compris l’existence de l’homme, sont l’œuvre de Dieu. « Cette œuvre est confiée à l’homme qui, à son tour, est appelé à s’acquitter de sa dette envers Dieu dans la dimension verticale par la prière, et dans la dimension horizontale en prenant soin des pauvres qui sont dans le besoin. L’homme doit accomplir ce qui est juste et redonner ce qu’il a reçu. Et tous les bénéficiaires ici et moi-même pensons que la Fondation RYTHM de QNET a reçu de Dieu et est venu redonner ici à la mosquée centrale ».

    Pris dans ce sens, les mots indiquent qu’ici à la mosquée centrale de Yaoundé,  la Fondation RYTHM de QNET  offre métaphoriquement une partie de sa récolte et glorifie ainsi Dieu en lui rendant ce qui, en fait, Lui appartient. Dieu reçoit ce qui lui est dû par l’intermédiaire de l’indigent.

    C’est la raison pour laquelle le don qu’elle offre est davantage orienté  vers le bas du spectre des bénéficiaires : les pauvres et les indigents,  devenus les premiers sur la liste confectionnée par Mme Fatimatou Gali, présidente de plusieurs associations  à Ekoudou (Briqueterie). « Nous avons, conformément à la ligne de solidarité de la Fondation RYTHM de QNET, pris les sans-abri, les familles monoparentales en difficulté, les handicapés et les personnes âgées », assume-t-elle.

    En effet, pour la Fondation RYTHM de QNET, la solidarité a pour objet de compenser des inégalités. Elle répond à un besoin de justice, et s’appuie sur un geste d’amour, de cœur. De ce fait, elle devrait apporter inconditionnellement trois  dimensions essentielles à chaque individu : le logement, la nourriture, les habits.  « Ce jour, nous avons apporté de la nourriture, qui sait ce que nous apporterons la prochaine fois », avance Erika LINDOU.

    Selon lui, en dehors du Cameroun, l’institution qu’il coordonne a, pour l’édition 2018 du ramadan, posé le même geste dans tous les pays où opère QNET (Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Tanzanie, Algérie, Egypte, Ghana, Niger, Sénégal, Guinée Conakry…). Question d’être en phase avec sa devise: Lève-toi pour aider l’humanité (RYTHM – Raise Yourself To Help Mankind).

     

  • Dix-huit mois de reformes soutenues à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et à la COBAC

    Dix-huit mois de reformes soutenues à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et à la COBAC

    Le 6 février 2017, Monsieur ABBAS MAHAMAT TOLLI a pris ses fonctions en tant que Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale et Président de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC). Depuis cette date, la BEAC a engagé des réformes d’envergure en vue d’aligner l’organisation et le fonctionnement de l’Institut d’Emission sur les meilleures pratiques internationales. De même, la COBAC a initié des réformes en profondeur en vue du renforcement de la surveillance du système bancaire.

    Ces réformes sont une contribution décisive de la BEAC et de la COBAC à la stratégie de sortie de crise engagée par les pays et les institutions communautaires de la CEMAC, en cohérence avec les directives de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC tenue à Yaoundé le 23 décembre 2016.

    Les efforts ainsi engagés, de même que les réformes macroéconomiques et structurelles appliquées par les Etats, avec le soutien de la communauté financière internationale, contribuent progressivement à stabiliser le cadre macroéconomique et financier de la CEMAC. Les effets bénéfiques de ces actions sont perceptibles sur le niveau des réserves de changes dont l’hémorragie a été stoppée, et les évolutions constatées augurent favorablement d’un retour progressif sur un sentier de croissance économique saine et soutenue. L’objectif ultime est en effet de restaurer les grands équilibres macroéconomiques, de doper la croissance et de renforcer la soutenabilité extérieure de la Sous-région, dans une perspective à moyen terme de transformation économique profonde et de réduction sensible de la pauvreté.

    C’est dans ce contexte spécifique que le Gouverneur de la BEAC, Président de la COBAC, vient d’effectuer une visite de travail particulièrement édifiante auprès du FMI à Washington. Au cours de sa rencontre avec Madame Christine Lagarde, Directrice Générale cette institution, le 14 juin 2018, ils ont notamment évalué les progrès sensibles réalisés par la BEAC et la COBAC pour accompagner la stratégie sous-régionale de sortie de crise adossée aux programmes économiques et financiers soutenus par le FMI. Aussi, la Directrice Générale du FMI s’est-elle félicitée du chemin parcouru, tout en invitant toutes les parties prenantes à savoir les Etats, les institutions communautaires et les bailleurs de fonds à maintenir le cap.

    Ces échanges riches et fructueux ont donné lieu à la publication d’un communiqué de presse par le FMI. Les réformes saluées par le FMI se déclinent ainsi qu’il suit, au niveau de la BEAC, d’une part, et de la COBAC, d’autre part :

    Au niveau de la BEAC, la mise en œuvre de ce train de réformes s’est traduite au cours des dix-huit derniers mois par la révision des Statuts de la Banque Centrale, la réforme des instruments de la politique monétaire, le lancement du Plan Stratégique de la Banque (PSB) et le soutien à la mise en œuvre du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC).

    La réforme du cadre juridique et statutaire de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) avait pour objectif principal l’amélioration de l’indépendance et de la gouvernance de la BEAC.

    Ainsi, les nouveaux Statuts de la BEAC ont été adoptés par son Conseil d’Administration en … 2017. Les principaux axes de cette révision du cadre juridique et statutaire portent sur : i) l’amélioration de l’indépendance et de l’autonomie de la BEAC, au sens principalement de la protection de la Banque Centrale des influences extérieures,

    1. ii) le renforcement de la gouvernance et l’exercice de la collégialité dans la gestion courante, et iii) la nouvelle articulation des attributions du Conseil d’Administration et du Comité de Politique Monétaire en matière de gestion des réserves de change.

    Au terme de cette révision des statuts, le dossier de la révision des règlements intérieurs des différents organes de la BEAC a été engagé, pour la mise à jour de ces textes inférieurs avec les nouveaux Statuts révisés de la BEAC.

    Par ailleurs, par décision du 05 août 2017, le Conseil d’administration de la BEAC, suivi en cela par le Comité Ministériel de l’UMAC, a décidé de la suppression des avances directes aux Etats de la CEMAC. Cette décision est effective depuis le 31 décembre 2017. Ce changement, qui représente une évolution majeure dans la politique monétaire de la BEAC, a été consigné, depuis mars 2018, dans les Statuts de la BEAC.

    Toutefois, le remboursement des concours directs aux Etats ne pouvant être réalisés immédiatement au regard de la situation des finances publiques des pays de la CEMAC, des conventions de consolidation ont été signées entre chacun des Ministres en charge des finances et le Gouverneur de la BEAC pour l’étaler sur une période de 10 ans à compter du 31 décembre 2017.

    En définitive, les avances de la BEAC aux Etats sont proscrites mais l’encours des engagements publics existant s’éteindra progressivement d’ici décembre 2027. Il est toutefois prévu qu’en cas de retour à meilleure fortune, un remboursement accéléré et anticipé puisse être réalisé par les Etats concernés.

    Dans le cadre de la conduite de la politique monétaire, afin de faire face aux difficultés économiques et financières auxquelles les économies de ses Etats membres sont confrontées depuis 2014, et pour renforcer les réserves extérieures de la Sous-région, la BEAC a procédé depuis mars 2017 à une réorientation de sa politique monétaire.

    Les mesures prises visent principalement cinq objectifs, à savoir : i) réduire le volume de la liquidité banque centrale pour abaisser la pression sur les avoirs de réserve,

    1. redynamiser le marché interbancaire et optimiser la gestion de la liquidité, iii) assurer un meilleur suivi des transferts sortants et de la position extérieure, iv) réduire la perception du risque de crédit par l’amélioration de la qualité de l’information financière ; et v) promouvoir les marchés de capitaux, notamment ceux des titres de créances négociables (TCN) et des titres

    Les principales actions mises en œuvre dans cette perspective sont les suivantes :

    • La redynamisation du système bancaire : quatre séries de mesures ont été engagées : i) le lancement effectif du marché des titres de créances négociables (TCN) ; ii) la dynamisation du marché interbancaire à travers l’amélioration de l’infrastructure de marché et le renforcement de la transparence du compartiment interbancaire ; iii) le déploiement du mécanisme de la pension-livrée ; et iv) l’adoption d’un cadre d’assistance de liquidité d’urgence.
    • Le développement du système financier : dans cette perspective, la BEAC a engagé un ensemble de mesures visant à améliorer la qualité de l’information financière et à réduire la perception du risque de crédit qui sont bien avancés, avec : i) l’entrée en production au courant du second semestre 2018 de la Centrale des bilans ; ii) la refonte de la Centrale des risques bancaires lancée en 2017, qui aboutira en 2019 ;
    • la mise en place d’ici la fin de l’année 2018 des bureaux d’information sur le crédit (credit bureau) ; iv) l’implémentation à l’horizon 2018 de la Centrale des Incidents de Paiement (CIP). Par ailleurs, la BEAC participe activement au capital de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) dont il est le principal .
    • Pour sa part, le Plan Stratégique de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (PSB), horizon 2017-2020, vise à « porter l’Institut d’Emission au « niveau des meilleurs standards internationaux ».

    Lancé en mars 2017, le PSB constitue l’outil par excellence pour la réalisation de cet objectif. Il a été élaboré selon une démarche participative impliquant toutes les entités de la BEAC (Siège, Directions Nationales et Agences). Cette démarche a permis de dresser un état des lieux et de bâtir les stratégies susceptibles de favoriser un saut qualitatif dans les activités l’Institut d’Emission, en mobilisant les énergies et en canalisant les efforts et les ressources de la Banque en un programme rigoureux axé sur les résultats.

    Globalement, les différents axes de cette stratégie sont :

    1. L’amélioration de l’efficacité de la politique monétaire : il s’agit pour la BEAC d’adapter sa stratégie de politique monétaire au contexte actuel de crise économique ; de finaliser la réforme du cadre stratégique, institutionnel, analytique et opérationnel de la politique monétaire, de redynamiser les marchés des capitaux dans la Sous- région, de renforcer l’information financière des acteurs sur les marchés par la mise en place de la Centrale des Bilans, de la Centrale des incidents de Paiement et d’un bureau d’information sur les crédits ;
    2. Le renforcement de la fonction étude et recherche : l’objectif poursuivi est de développer les études approfondies et les travaux de recherche sur les thèmes en rapport avec la politique monétaire et son environnement ; de renforcer l’appareil statistique et redynamiser la gestion de la base de données économiques, monétaires et financières afin de garantir la disponibilité, la cohérence et la fiabilité des statistiques de la Banque ; d’élaborer des outils d’aide à la décision en appui aux différentes activités de la Banque ;
    3. Le perfectionnement de la gestion des signes monétaires : il vise à améliorer la gestion quantitative et qualitative de la circulation fiduciaire, réduire les délais de traitement des opérations (comptage, tri et destruction), élaborer une méthode rigoureuse de prévision des besoins en signes monétaires ;
    4. La redynamisation de la gestion des réserves de change : il s’agit d’optimiser la gestion des réserves de change de la Banque, renforcer son expertise dans ce domaine, doter la Salle de marchés d’outils et de moyens adéquats ;
    5. Le renforcement du dispositif de la réglementation des changes : le but recherché est d’améliorer le suivi du respect des dispositifs de la réglementation des changes afin de mieux maîtriser les flux de devises dans la Sous-région ;
    6. La consolidation des systèmes de paiement et de règlement : l’ambition est de renforcer l’efficacité du dispositif en vigueur, accélérer le développement de la monétique et de la bancarisation, et accélérer l’inclusion financière dans la CEMAC à travers la vulgarisation et un meilleur encadrement de la monnaie électronique ;
    7. La promotion de la stabilité financière : il s’agit d’améliorer le cadre d’analyse et la politique macroprudentiels dans la CEMAC ;
    8. La rationalisation de la gestion des ressources humaines et le renforcement de la formation du personnel : l’objectif est de satisfaire les attentes légitimes des agents en termes d’équité, de justice et de conditions de travail ; développer la culture du résultat et du mérite ; assurer une gestion transparente des ressources humaines ;
    9. L’optimisation de la gestion des moyens financiers, administratifs et immobiliers : elle vise à rationaliser la gestion des moyens budgétaires et du patrimoine de la Banque ;
    10. Le renforcement du contrôle interne et de la prévention des risques : il s’agit de poursuivre le renforcement du dispositif de contrôle interne, redynamiser les outils de prévention des risques, développer les indicateurs d’évaluation des performances ;
    11. La rationalisation du système d’information : elle vise à garantir un bon fonctionnement des applicatifs métiers, et la qualité et la disponibilité des données grâce notamment à l’élaboration d’un schéma directeur informatique (SDI) qui définira les axes à développer et en assurera leur cohérence.

    L’adoption du PSB par le Conseil d’Administration en décembre 2017 a ouvert la voie à sa mise en œuvre, laquelle doit être encadrée par un dispositif efficace de suivi- évaluation et de conduite du changement adapté aux spécificités de la Banque.

    A cet égard, une batterie d’indicateurs de performance destinés à mesurer périodiquement les résultats et l’impact des différents projets a été conçue, de même qu’un cadre de référence pour la gestion des projets.

    Enfin, le Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), est la réponse de la Communauté à la dégradation du cadre macroéconomique de la CEMAC à compter du second semestre 2014. En effet, dans ce contexte difficile, la Conférence Extraordinaire des Chefs d’Etat tenue à Yaoundé le 23 décembre 2016 a décidé de mettre en place une stratégie sous-régionale de sortie de crise. Articulée autour de plusieurs actions rapides, vigoureuses et coordonnées sur le double plan national et sous-régional, cette stratégie vise la stabilisation du cadre macroéconomique et la transformation structurelle et profonde des économies de la Sous- région, avec l’appui de la Communauté internationale. A cet égard, la plupart des pays ont d’ores et déjà conclu des accords avec les Institutions de Bretton-Woods, particulièrement le Fonds Monétaire International.

    Le PREF-CEMAC s’appuie sur cinq piliers, portant sur : i) l’amélioration des politiques budgétaires, ii) l’orientation adéquate de la politique monétaire et le

    renforcement de la stabilité financière, iii) l’approfondissement des réformes structurelles,

    1. la redynamisation de l’intégration régionale, et v) le renforcement de la coopération internationale. Les objectifs et actions contenus dans la matrice élaborée à cet effet servent de base aux Etats dans leurs négociations avec le

    En droite ligne du deuxième pilier du PREF-CEMAC, et dans l’optique de renforcer les réserves extérieures de la Sous-région, la BEAC a procédé depuis mars 2017 à une réorientation de sa politique monétaire. Les mesures prises visent principalement cinq objectifs, à savoir :

    1. l’optimisation de la gestion de la liquidité centrale pour abaisser la pression sur les avoirs de réserve ;
    2. la redynamisation du marché interbancaire, avec entre autres le déploiement du mécanisme de la pension-livrée et l’adoption d’un cadre d’assistance de liquidité d’urgence ;
    • la mise en place d’un meilleur suivi des transferts sortants et de la position extérieure de la CEMAC ;
    1. la réduction de la perception du risque de crédit par l’amélioration de la qualité de l’information financière en finalisant divers projets dédiés (centrale des bilans, centrale des risques bancaires, bureaux d’information sur le crédit) ;
    2. la promotion des marchés de capitaux, notamment par le renforcement du marché des titres de créances négociables (TCN) et des titres

    La mise en œuvre de ces actions, combinée aux importantes mesures engagées par les Etats membres, singulièrement la consolidation budgétaire et la mise en œuvre des réformes structurelles dans le cadre des programmes financiers conclus avec le FMI, a contribué à la stabilisation du cadre macroéconomique et au renforcement des réserves extérieures, tendance qui devrait se poursuivre à moyen terme. Ainsi, à fin 2017, la chute des réserves de change a pu être enrayée. Ils ont crû à 2,7 mois d’importations de biens et services, contre 2,2 mois en 2016.

    Pour sa part, la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) a décidé de mettre à jour son dispositif de supervision afin de tenir compte des mutations de l’environnement international ainsi que des carences relevées par le Secrétariat Général  de la COBAC dans ce domaine. Depuis le 1er janvier 2017, plusieurs réformes majeures, en droite ligne avec les meilleurs standards internationaux, sont entrées en vigueur en ce qui concerne les établissements de crédit et de microfinance. Ces réformes visent à corriger les vulnérabilités du système bancaire de la CEMAC et à renforcer sa résilience,

    notamment à travers une intensification des efforts de résolution des banques en  difficulté, la mise en place de mesures d’astreintes dissuasives pour faire respecter la réglementation, et l’implémentation d’un cadre de supervision des banques systémiques. De plus, une surveillance des groupes bancaires a été instaurée, et la Commission Bancaire a édicté plusieurs réglementations pour mieux encadrer le secteur de la microfinance, dont la réforme du cadre réglementaire constitue une étape importante pour la maîtrise des risques auxquels font face les acteurs de ce secteur.

    Dans ce contexte, la COBAC a adopté et mis en œuvre un plan stratégique, dénommé « COBAC : une dynamique nouvelle », qui s’articule autour des missions ci- après :

    • réformer et réglementer pour garantir une bonne maîtrise des mutations et innovations accélérées de la finance ;
    • transformer le Secrétariat Général de la COBAC en rationalisant et en modernisant sa structure organisationnelle, ainsi que ses méthodes et outils de travail ;
    • renforcer et garantir les compétences.

    A terme, ce plan devrait également poursuivre la mise en place de la supervision basée sur les risques, le renforcement de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et la modernisation de certaines règles présidentielles./-

    Source BEAC

  • Vivre-ensemble : La campagne sur Twitter de Brenda Biya

    Vivre-ensemble : La campagne sur Twitter de Brenda Biya

    Depuis le 28 mai 2018 sur le réseau social le plus utilisé au monde, la fille du chef de l’Etat camerounais prône l’unité nationale avec les hashtags #vivonsEnsemble237 et #jesuis237.

    «Je suis Bulu de la région du Sud, je suis Nanga de la région du Centre, mais avant tout, je suis Camerounaise, très beau pays d’Afrique Centrale, communément appelé Afrique en miniature». Voilà ce qu’affiche le post  de Brenda Biya ce 28 mai 2018, à 16h 54 minutes. Ce dimanche 10 juin, sur Twitter, le message, texte de lancement de sa campagne sur l’unité nationale engagée par la fille du chef de l’Etat, est repartagé 193 fois et aimé par 868 utilisateurs de ce réseau social.

    Accueil

    Si ces chiffres semblent bas pour certains, les milliers de Camerounais d’ici et d’ailleurs commentent et prennent part à cette campagne. C’est le cas de Bienvenu Amahila, qui est également fier de ses origines. «Je suis Yambassa de la région du Centre, né à l’Ouest, grandi au Centre, littoral, Sud Ouest, Sud, Est, Adamaoua, Nord et Extrême-Nord. Je suis avant tout un Camerounais».

    Pouokam Messy fait savoir qu’il supporte à «100% notre princesse comme notre champion. Président Paul Biya a bien dit, soyons unis, vivons et travaillons pour un Cameroun uni, fort et prospère». Cette campagne de la fille du président Biya réveille les vieux souvenirs qui sommeillent en Arnold: « Bravo pour ton patriotisme si tu es vraiment sincère. Cela me fait penser à un poème qu’on nous enseignait à l’école primaire : « mon beau village ». Je pourrais dire « mon beau pays».

    Pendant que certains encouragent l’initiative, d’autres sont choqués par le piercing sur le nez de Brenda Biya. «Le message est beau, mais toi aussi tu n’as pas d’autres photos ?» ; «si c’était pour montrer ton nouveau piercing, oui on a vu».

    Campagne présidentielle?

    Derrière le mouvement de Brenda Biya, certains voient le début d’une campagne électorale sur les réseaux sociaux. Elle serait en train de mobiliser les troupes pour la présidentielle de cette année en faveur de son père. «Le vivre- ensemble là n’est pas une campagne présidentielle par hasard ?», s’interroge un internaute. Pendant ce temps, ses homologues de la toile pensent que Brenda est mal placée pour leur donner des leçons sur le vivre-ensemble. «Oui d’accord, merci.

    S’il te plait dit à ton père de libérer ce beau pays maintenant», réagit Guekko,  directement suivi par un autre internaute. Qui estime que «c’est bien beau de clamer que tu es Camerounaise, mais si tu pouvais vivre la vie d’une Camerounaise ou mieux aider les Camerounais à s’en sortir, ce serait mieux». Au moment où nous mettons sous presse, ses followers ne s’ennuient pas avec elle, car la campagne se poursuit

    Didier Ndengue

     

  • Performance: La CNPS à pleins pots

    Performance: La CNPS à pleins pots

    Pour l’exercice 2017, l’entreprise a réalisé un bénéfice de 54,3 milliards de francs CFA. Dans la foulée, le chef de l’Etat vient de décréter la réorganisation de la Caisse nationale de prévoyance sociale, à coup sûr dans l’objectif de la pérennisation des acquis.

    Le 07 juin 2018, S.E Paul Biya, président de la République du Cameroun, signe un décret portant réorganisation et fonctionnement de la Caisse Nationale de Prévoyance sociale (CNPS) du Cameroun. A travers la plume de Paul Biya, l’institution que dirige Noel Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame devient plus autonome. En ce sens, la CNPS devient capable de se gérer et de se développer par elle-même, en prenant des décisions sans nécessairement que sa tutelle (le ministère du Travail et de la Sécurité sociale) n’intervienne dans sa gouvernance.

    D’autres lignes du même décret traitent de la gestion financière de l’entreprise. Tel que stipulé par le texte, la CNPS obéit désormais aux règles et principes du plan comptable de référence de la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES). Cette organisation prescrit que sa gestion soit mise en œuvre par un directeur en charge des finances et de la comptabilité, placé sous l’autorité directe du directeur général. Ce changement met fin à la présence des agents comptable ou du contrôleur financier du ministère de tutelle dans ses services.

    Par ailleurs, conformément au décret présidentiel, la CNPS est désormais dispensée de l’application du Code des marchés publics. Elle pourra désormais lancer ses appels d’offres, les dépouiller et attribuer les marchés, sous le contrôle du Conseil d’administration, chargé de veiller au respect des règles de concurrence, d’égalité de traitement des candidats, de transparence et de juste prix. Les autres changements apportés par le décret du chef de l’Etat résident dans le traitement des employés, dont le reversement des cotisations devient une priorité, et dont un des représentants siégera au conseil d’administration.

    Dans son décret, le président de la République a tranché sur le mandat du président et des membres du Conseil d’administration de la CNPS. Il court désormais sur 03 ans, renouvelable une fois. Sont inéligibles à la qualité de membre, tous les représentants des employeurs redevables de cotisations sociales vis-à-vis de la Caisse.

    Résultats historique net

    «L’année 2017 s’est achevée dans la sérénité  à la CNPS». Il n’y en pas que pour le directeur général de la CNPS. Même le Conseil d’administration de cette structure l’exprime du haut des 54,3 milliards de francs CFA de résultats historique net réalisé. L’éditorial que signe Noel Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame dans i-CNPS Cameroun (le bulletin d’informations de la CNPS) nouvellement paru, l’on apprend qu’en dépit d’une conjoncture difficile, le personnel est resté tourné vers l’efficacité opérationnelle. Le chiffre célébré en témoigne. Il situe sur la hausse enregistrée par fin 2016 (43,7 milliards de francs CFA).

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Réformes fiscales: le match Modeste Mopa/Célestin Tawamba

    Réformes fiscales: le match Modeste Mopa/Célestin Tawamba

    Le directeur général des impôts est pressé par le FMI d’augmenter la pression fiscale chaque année de 1%. Mais ses mesures sont critiquées par le patronat qui l’accuse d’accroître la charge fiscale d’une seule catégorie de contribuables.

    Modeste Mopa
    Célestin Tawamba

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    En ce 28 mai 2018, Modeste Mopa boit jusqu’à la lie le calice des critiques du patronat sur le système fiscal. Ce jour-là, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) tient sa cérémonie de remise officielle de ses propositions de réformes du secteur au ministre des Finances (Minfi). Après la présentation du document, rapporte une source présente, le directeur général des impôts (DGI) demande à prendre la parole. Mais le Minfi coupe court sa tentative. Louis Paul Motaze enjoint son collaborateur de prendre note des remarques du patronat. C’est en quasi spectateur que  l’inspecteur principal des régies financières assiste à ce que son entourage considère comme «le procès de son action à la tête de la Direction générale des impôts», où certains n’hésitent plus à affirmer que «Célestin Tawamba veut la tête du boss».

    Depuis son arrivée au sommet de l’exécutif du Gicam le 29 juin 2017, le président du groupe Cadyst Invest ne ménage pas le système fiscal camerounais. L’agro-industriel le considère comme l’un des «plus inéquitables» du monde. Il l’a notamment dit le 11 mai dernier lors de la présentation par le Fonds monétaire internationale (FMI) des perspectives économiques en Afrique subsaharienne. Dans son programme d’ajustement, le Cameroun s’est engagé à accroitre le taux annuel de pression fiscale en moyenne de 0,5% du produit intérieur brut (PIB) entre 2017 et 2019. A l’occasion, le FMI soutient pourtant qu’il est possible pour les pays de la région de l’élever annuellement de 1% du PIB sur les cinq prochaines années. «Il ne faut pas laisser croire un instant que nous allons à nouveau chercher les moyens de mettre plus de pression aux entreprises», réagit Célestin Tawamba à la recommandation de l’institution de Bretton Wood. «Nous sommes tous d’accord qu’il faudrait plus de recettes. Mais, c’est sur le comment que nous ne sommes pas d’accord», ajoute-t-il.

    Griefs

    Au Gicam, on défend l’idée qu’une baisse du taux d’imposition n’est pas incompatible avec l’objectif d’accroissement des recettes fiscales. Mais à en croire le patronat, la politique fiscale actuelle suivrait plutôt une logique inverse. Dans son discours du 28 mai dernier, le président du Gicam égraine donc les récriminations: «notre système fiscal reste redouté par les entreprises camerounaises du fait de sa complexité et de son caractère injuste». Bien plus, poursuit-il, «pour certaines entreprises, notre fiscalité est devenue confiscatoire, et pour d’autres, elle s’est muée en véritable obstacle au développement». Pour illustrer les imperfections du système actuel, le patron des patrons rappelle par exemple au Minfi que «le nombre de réclamations contentieuses introduites par les contribuables devant l’administration fiscale est passé de 1442 à 2567 (+78%) sur la période 2014-2015 pour un montant des impositions contestées qui a plus que doublé, passant de 112 à 255 milliards francs CFA».

    Le président du groupe Cadyst Invest dénonce notamment le fait qu’au moment où les grandes entreprises voient leur chiffre d’affaires baissé de 15%, leurs charges fiscales, quant à elles, seraient en augmentation. Les grandes entreprises qui, selon le dernier recensement de l’Institut national de la statistique, représentent moins de 1,5% du parc, supporteraient à ce jour, à en croire le Gicam, 90% de la contribution des entreprises aux recettes fiscales. Cette pression se caractérise notamment, pointe Célestin Tawamba,  par la multiplication des taux des précomptes et des acomptes, et dans certains cas au doublement de ceux-ci ; le durcissement des conditions de déductibilité fiscale de certaines charges en matière d’impôt sur les sociétés ; l’instauration de multiple droits d’accises, d’une taxe spéciale sur le revenu et d’un droit d’enregistrement sur les marchés publics.

    L’inspecteur des impôts, Symphorien Ndzana, est l’un des auteurs les plus prolifiques de ces dernières années sur la fiscalité. Il a notamment écrit «La fiscalité, levier pour l’émergence des pays africains de la zone franc : le cas du Cameroun» en 2015 et «Sauvons l’impôt pour préserver l’Etat» en 2018. Pour lui, l’impression de subir une forte pression fiscale vient du fait que «l’administration fiscale qui peine à fiscaliser le secteur informel (30% du PIB selon le FMI) s’adresse toujours aux mêmes contribuables».

    Réplique

    «La fraude fiscale peut être une autre explication de l’impression de pression fiscale que peut légitimement exposer la frange de la population fiscale conforme», répond pour sa part le DGI dans une interview au quotidien gouvernemental Cameroon tribune, édition du 25 janvier 2018. A en croire Modeste Mopa, «il faut la combattre vigoureusement afin d’édifier un système fiscal toujours plus juste». Sur cette question, on ignore ce que propose le Gicam, qui regroupe la quasi-totalité des filiales des multinationales souvent soupçonnées d’optimisation et même de fraude fiscale. On ne sait pas non plus ce qu’il préconise en ce qui concerne les «privilèges fiscaux légalement consacrés».

    L’ancien conseiller en administration fiscale au FMI postule pourtant que le «mouvement de décrue des taux d’imposition», qu’il dit déjà amorcé notamment sur l’impôt sur les sociétés, la taxe spéciale sur les revenus et les droits d’enregistrement, «ne serait total que si le secteur privé acceptait de son côté de renoncer aux avantages fiscaux exorbitants qui amenuisent l’assiette fiscale». Le rapport sur les dépenses fiscales, joint à la loi de finances de 2018, montre en effet que les exonérations fiscales se sont chiffrées à 451 milliards de francs CFA en 2016, soit environ 20 % du total des recettes et 2,4 % du PIB. Dans ce montant, les recettes collectées par la Direction générale des impôts représentent 339 milliards (330 milliards pour la TVA et 9 milliards pour les droits d’assises), soit près de 1,8% du PIB. Pour accroitre chaque année la pression fiscale de 1% du PIB comme le recommande le FMI, le fisc pourrait dont ne pas toucher au taux d’imposition, mais réduire simplement lesdites exonérations. C’est ce que conseille d’ailleurs l’institution de Bretton Woods.

    Nouveau paradigme

    L’organisation patronale insiste de son côté sur un changement de paradigme en matière d’impôt sur les sociétés: «il s’agit de sortir du principe de fiscalisation sur le chiffre d’affaires pour revenir au principe et à l’orthodoxie de fiscalisation des entreprises sur le bénéfice», explique son président. En l’état actuel du modèle fiscal, ce changement aura pour conséquence de réduire d’environ 45 milliards francs CFA la charge fiscale des 2 000 entreprises du fichier de la DGI, échantillon de l’étude du Gicam. Pour compenser cette perte de recette pour l’Etat, le patronat propose non pas une réduction des exonérations fiscales, mais une restructuration du système de l’impôt libératoire, qui s’applique aux très petites entreprises. Selon ses calculs, cette réforme permettrait à l’Etat d’engranger des recettes supplémentaires de l’ordre de 65 milliards de francs CFA. Pour l’instant, c’est tout ce qui est connu des propositions de réforme remises à Louis Paul Motaze. Tout ce que consent à dire le Gicam est que la révision du système fiscal proposée va permettre d’élargir l’assiette fiscale, tout en préservant la poule aux œufs d’or que sont les entreprises. Célestin Tawamba soutient même que «le système fiscal aujourd’hui ne permet pas d’élargir l’assiette fiscale».

    Dans cette interview accordée à Cameroon Tribune, Modeste Mopa place pourtant son action en cette année 2018 dans le sillage de la consolidation des acquis, estimant que les réformes entreprises ces dernières années «ont permis de réaliser les résultats positifs». Et d’argumenter: «A titre d’illustration, pour l’exercice 2017 qui vient de s’achever, dans un environnement particulièrement difficile, la DGI a collecté des recettes fiscales non pétrolières de 1734 milliards de francs CFA contre un objectif 1719 milliards de francs CFA». Le diplômé en administration publique de l’Ecole nationale d’administration de Paris continue: «L’administration fiscale de notre pays a ainsi réussi à dépasser les objectifs de collecte de recettes qui lui étaient assignés. C’est la traduction de la solidité de notre système fiscal».

    Vrai indicateur

    Pour nombre d’experts en fiscalité, cette ligne de défense du patron du fisc camerounais est peu convaincante. Pour eux, la performance d’une administration fiscale se mesure par le taux de la pression fiscale. En effet, la pression fiscale définit l’importance relative des prélèvements obligatoires dans l’économie nationale. Elle est une grandeur macroéconomique qui s’obtient en faisant un rapport entre le montant des prélèvements obligatoires et la richesse nationale. Une administration est donc efficace si elle arrive à collecter une part optimale de recettes en rapport avec la richesse nationale créée. Et pour l’instant, le Cameroun est encore loin des standards.

    En 2015, le taux de pression fiscale (base recettes globales y compris cotisations sociales et recettes affectées) s’est situé à 16,3%. Un chiffre éloigné de la «moyenne Afrique (16)» qui est de 19,1%. Ce taux inférieur à celui du Rwanda (16,7%), du Niger (17%), de la Côte d’Ivoire (17,6%), du Kenya (18,4%), du Cap Vert (19,2%), du Sénégal (20,8%), du Togo (21,3%) a même encore baissé en 2016 pour atteindre 15,1%. Et l’objectif en 2017 était de le faire croitre de 0,4% et de 0,5% en 2018.

    «Si on prend par exemple l’objectif des recettes de la loi de finances, le taux de pression fiscale serait en progression de 0 % par rapport au PIB alors que dans le programme, on envisageait une progression 0,5 point», relevait le 14 mai dernier Corinne Déléchat. Le chef de mission du FMI pour le Cameroun venait d’achever la deuxième revue d’évaluation du programme d’ajustement du pays. Comme exigé par le fonds, les autorités camerounaises viennent de procéder à un correctif budgétaire. L’ordonnance signée à cet effet, le 04 juin dernier par Paul Biya, augmente de 67 milliards de francs CFA les prévisions de recettes fiscales, accentuant de fait la pression sur le natif de Guidiguis, dans le Mayo Kani, région de l’Extrême-nord. Modeste Mopa est coincé entre le marteau et l’enclume.

    Aboudi Ottou

  • Yaoundé: De la viande de bœuf empoisonnée sur le marché

    Yaoundé: De la viande de bœuf empoisonnée sur le marché

    A Mvog-Mbi, des commerçants sans scrupule utilisent du formol (formaldéhyde) pour conserver des abats destinés à la consommation courante. Enquête.

    Comptoirs de viande formolisée sur des brouettes au marché Mvog-Mbi.

    Valma et Rock, deux mâtins sont morts le 12 mai dernier au quartier Kondengui, dans le quatrième arrondissement de Yaoundé. «Le premier a rendu le dernier soupir vers 19 heures. Le second a pris le relais trois quarts d’heure plus tard. Avant de rendre l’âme l’un et l’autre, j’ai constaté qu’ils éprouvaient des difficultés respiratoires juste après leur repas. Celui-ci était fait de viande de bœuf», relate Adrien Ba’ala Ondja, leur propriétaire.

    Sa douleur est d’autant plus vive que, sur sa commande, les résultats des autopsies réalisées sur les deux  chiens par un  cabinet vétérinaire très réputé, sis à Bastos (Yaoundé 1er), sont  formels: «intoxication alimentaire au formaldéhyde (formol) ; famille chimique : aldéhydes ; facteur de conversion : 1 ppm (partie par million) = 1.23 mg/m3 ; 1 mg/m3 = 0,80 ppm; âge des animaux : 10 et 6 ans», lit-on sur deux feuillets tenus pour certificats de genre de mort des deux bêtes. Les copies, apprend-on, ont été mises à la disposition de la brigade gendarmerie de Kondengui, où une enquête est ouverte.

    Ce 07 juin 2018, des détails s’éveillent pour souligner que la viande servie à Valma et Rock a été achetée (le jour même de leur mort) au marché de Mvog-Mbi (Yaoundé 4ème). «J’y ai, moi-même marchandé avec un vendeur de viande de bœuf à la criée. C’était en fin d’après-midi», jure Blandine Ba’ala Ondja. Trempé dans un ruisseau de larmes, le propos de la maîtresse de la maison est ponctué par: «le moins cher de Mvog-Mbi a tué mes chiens !»

    «Rue Viandeur»

    A reprendre l’affaire, l’on reprend également le chemin du marché de Mvog-Mbi. Entre le carrefour éponyme et le lieu-dit Mvog-Atangana Mballa, la rue nouvellement goudronnée dévoile un espace pour bouchers ambulants. C’est la «Rue Viandeurs». Sur l’origine de cette appellation, l’anecdote est simple, mais pas claire: «c’est juste le secteur des sans-comptoirs», apprend-on.

    En fait, l’endroit baigne dans sa grammaire et son vocabulaire, ceux de l’anonymat. «Ni vu, ni connu», c’est la maxime dans ce bordel, où s’y croise toute une humanité en quête de viande de bœuf bon marché et en posture de vengeance contre la vie chère. Beaucoup s’y font des habitudes à cause des prix pratiqués: «Avec 300, 500 ou 1 000 francs seulement, tu peux aussi manger la viande que d’aller chez les grands-grands  qui ont beaucoup d’argent». On fait dans l’humour noir, comme dans le marché de la même couleur. Parfois des femmes achètent des abats sous le manteau, à l’abri des regards.

    A la vérité, la «Rue viandeurs», c’est le giron de l’omerta. Entre commerçants, c’est la règle ; la même qui régit leurs rapports avec les acheteurs. Pas question de lorgner dans les coulisses. «Ils achètent et partent. Tout simplement ! Pas de question», tranche un homme à la barbiche de saint-cyrien. Ce 22 mai 2018, une jeune femme et son frère tentent de questionner l’origine de la viande vendue ici. La fratrie se heurte à des états d’âme sentencieux des «viandeurs».

    Les mots de ces derniers sonnent comme des uppercuts, comme des jets d’acide en pleine figure. Tous ensembles, ils fustigent les leçons de morale dispensées par les autres commerçants. Avec une pointe de dédain dans la voix, une vieille dame assise à côté ironise: «Les viandeurs-ci ont gâté Mvog-Mbi  avec ce formol qui vient de Guinée». Comprendre Guinée Equatoriale, selon certaines indiscrétions obtenues aux forceps.

    A fouiner un peu dans cet endroit où la délicatesse de la communication avec la presse est avérée, l’on obtient d’étonnantes explications. «On vend la viande ici. Mais parce que cette viande est travaillée, on vend çà moins cher», souffle un homme qui se fait appeler Bazor. Son humeur hésitante cache sans doute un plus. Elle fait d’ailleurs découvrir une pratique. «Ici, on injecte le formol à la viande pour garder çà longtemps si çà ne passe pas quand le marché est dur», précise Bazor.

    Ce qui confère une consistance formelle à ces mots, c’est la couleur de la viande disposée dans des brouettes ou sur des plateaux. Rouge, rougeâtre, blanchâtre, noirâtre. Cela saute à l’œil. Certains morceaux attirent des mouches, d’autres non. De manière caricaturale, «c’est la viande des viandeurs», lance furtivement «Eto’o Fils». Jeune boucher ambulant, il s’amuse à classifier les produits. «Ça c’est le premier choix, deuxième choix ici, troisième choix là», énumère-t-il joyeusement.

    L’explication qu’il en donne est découpée au rythme de trois sens (la vue, l’odorat et le toucher). «Premier choix, c’est la viande qui est encore bien quand vous regardez. Elle est bien, pas de mouche sur çà. Deuxième choix, c’est la viande qui sent un peu là… Troisième choix, c’est la viande un peu dure et qui se détache déjà seule».

    Pourquoi ?

    Telle que déclinée par notre interlocuteur, cette prose inédite est en réalité un tourbillon de cruauté nauséabond. S’entourant d’un épais coussin de précautions, une vieille dame témoigne: «premier choix, c’est la viande qui a encore beaucoup de formol ; deuxième choix c’est quand le formol n’est plus trop fort ; troisième choix c’est quand le formol commence à sécher la viande».

    La suite est banalement ornée d’un oxymore : «C’est poison», «ça tue». Ngnanbi Mominou, le président du Syndicat national des bouchers du Cameroun (SNBC) appuie : «Grave !». Le terme conjugue en deux syllabes l’ampleur du phénomène et la difficulté qu’il y a à l’éradiquer. «Une vraie hydre qu’on traque mais, difficile de l’abattre», résume le syndicaliste. Aboubakar, un cadre de la délégation régionale de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) pour le Centre ne dit pas autre chose quand il explique que, c’est un problème que les autorités publiques tiennent à cœur.

    Il ne cache pas en effet l’ardeur de celles-ci en alignant les adjectifs dans son discours. «Ce que nous combattons, c’est ce commerce souterrain, qui progresse par les réseaux, qui s’épanouit de manière invisible, qui agit clandestinement, sur des esprits faibles ou instables. C’est un commerce insidieux, qui exige de chaque citoyen, de chacun d’entre nous, un regain de vigilance et de civisme».

    Jean-René Meva’a Amougou

    Pr Melchior Noa à Mvelem

    «A partir des poissons et poulets braisés, soyas, on attrape banalement des maladies chroniques»

    Ancien toxicologue associé au Centre Pasteur de Reims (France), le Camerounais est le fondateur de l’ONG « Parole à la nature ». Il liste ici les artifices utilisés sur les viandes et autres denrées vendues dans les espaces marchands au Cameroun. En même temps, cet expert dresse une palette des risques encourus par les consommateurs. 

    Du haut de votre expérience, comment peut-on reconnaître qu’une viande contient du formol ?
    Le formol n’est pas hautement réactif, c’est même l’inverse, c’est un composé très stable. La détection et le dosage ne sont pas à la portée du particulier. Le formol n’a pas d’odeur marquée lorsqu’il est utilisé à ces concentrations visant à bloquer le développement de bactéries sauvages, mais il reste très nocif pour la santé. Mais, la présence ou l’absence des mouches ou des fourmis sur un morceau de viande peuvent nous guider.

    Pouvez-vous nous dire quels sont les stratagèmes utilisés par les vendeurs de viandes dans notre pays ?
    Certains bouchers peu scrupuleux n’hésitent pas à nettoyer la viande avariée avec de l’acide sulfurique. Mais le plus inquiétant, c’est que de la formaline (solution à base de formol) peut y  être ajoutée  afin de la « désinfecter » et de lui redonner un bel aspect. Et le danger est d’autant plus important que des antiseptiques peuvent être injectés en même temps, et que des produits chimiques, tel l’atropine sont utilisés pour dilater les veines des animaux afin d’injecter une plus grande quantité d’eau.

    A Yaoundé, au quartier Obili, j’ai vu des jeunes gens «chimistes en herbe» proposer aux bouchers un mélange de produits chimiques à base de phosphates,  à  injecter dans leurs viandes ou poissons pour leur donner « du goût » avant de les passer au barbecue. A partir des poissons et poulets braisés, soyas, on attrape banalement des maladies chroniques. Et que dire de l’aspartame (E951) : il se retrouve dans les plantains, les ananas… C’est ce produit que les commerçants véreux utilisent pour forcer la maturité des fruits.

    Quels peuvent être les risques encourus par les consommateurs ?
    L’ingestion du formol peut causer des troubles digestifs dont l’intensité dépend de la concentration et de la quantité de la solution ingérée. Lorsque la quantité consommée est importante, le formol se comporte comme un caustique puissant dans l’appareil digestif de l’homme ou de l’animal. On a alors des douleurs buccales, rétro-sternales et épigastriques intenses.

    L’intoxication systémique par  le formol  est responsable d’une atteinte polyviscérale se manifestant par un coma souvent convulsif, une cytolyse hépatique, des troubles cardiovasculaires (hypotension, voire collapsus cardiovasculaire), une hémolyse modérée et une néphropathie tubulaire. À court terme, les complications les plus fréquentes sont les perforations et les hémorragies digestives d’une part, les syndromes de détresse respiratoire, une destruction du carrefour aérodigestif d’autre part. L’évolution ultérieure est dominée par le risque de constitution de sténoses digestives.

    Par ailleurs, certains produits comme l’huile de palme chinoise sont déconseillés. Bien que portant la mention  huile, ce sont des produits chimiques cancérigènes dont la consommation fait gonfler les lèvres.

    Que leur proposez-vous ?
    Règle première : éviter autant que possible de manger dans la rue. Vous convenez avec moi que ce qui se fait dans de nombreuses gargotes est déplorable sur le plan de l’hygiène. Et s’il faut associer à cela toute la mauvaise chimie que les commerçants  mettent sur pied à partir de leurs « officines », il faut vraiment se méfier des repas de rue. Car ils sont concoctés avec beaucoup de choses bizarres.

    Propos recueillis par

    JRMA

    Protection du consommateur

    Trois tonnes de produits avariés détruits

     Composé de produits alimentaires et cosmétiques de mauvaise qualité, le stock est l’objet d’une série de saisies opérées depuis le 29 mai 2018, sur l’ensemble du territoire national.

     

    Dans le cadre des missions et prérogatives qui sont les siennes, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce (Mincommerce) a ordonné la destruction d’un stock de 3,5 tonnes de produits alimentaires et cosmétiques (beurre jadida, des pates dentifrices, huiles de beauté) saisis par les brigadiers de son département ministériel, depuis la fin de l’année dernière, dans plusieurs espaces marchands du pays.

    Les produits détruits et enfouis dans une fosse par les engins de la société Hysacam (Hygiène et Salubrité du Cameroun) portent sur la période avril 2017 à novembre 2017 comme dates de péremption. La séance de destruction s’est déroulée en sa présence le 07 juin 2018 à Soa, devant les autorités administratives de la Mefou-et-Afamba.

    Au terme de cette opération, au cours de laquelle le concours de la Délégation générale à Sûreté nationale a été sollicité, Luc Magloire Mbarga Atangana précise que les produits avariés introduits dans l’espace commercial camerounais ont transité par le Gabon et la Guinée Equatoriale. Le Mincommerce en a appelle  à la vigilance. «On ne peut pas prioriser les gains au détriment de la santé, la construction de la nation…Nous appelons aussi l’attention des consommateurs eux-mêmes quand vous opérez à l’achat, vérifiez les dates de péremptions et de fabrication du produit» martèle-t-il.

    JRMA