Douala: Petite aide, grands besoins

La baisse drastique du budget alloué au HCR contraste avec le chapelet de doléances présentées par les réfugiés vivant dans la ville de Douala.

« Signons la pétition », le slogan brandi par les tee-shirts renseigne à suffisance le mal vivre de ses déplacés involontaires de Douala. S’ils arborent ces équipements, ils ont le visage triste, la mine abattue. Ce 20 juin 2018 dans la salle des réunions des services du Gouverneur de la région du Littoral, ils voudraient exprimer leurs doléances aux personnes qui les encadrent.

Anne Barre, responsable des réfugiés femmes, n’est pas allée par quatre chemins pour interpeller les décideurs à regarder de près leur situation qui se dégrade au quotidien. Leurs époux ne pouvant pas trouver d’emploi stable ne peuvent pas  s’occuper de leur famille et ainsi les charges reviennent à elles, femmes quoi se débrouillent  dans les petits commerces. Jean Louis Kalema, président de la communauté des réfugiés dans le Littoral ira dans le même sens lors de son propos de circonstance. Avant d’égrener le long chapelet de doléances, il explique : « le réfugié n’a pas choisi de quitter son pays, c’est une contrainte qui lui est imposé. Le réfugié n’a pas de carte de séjour, il a la carte de réfugié ».Les réfugiés sont sujets à des abus de certaines autorités.

Kassi Claude François, chef de bureau de terrain du HCR évoque aussi qu’ils sont d’au moins 14 nationalités les réfugiés de la région du Littoral. Le climat de tension mondial fait des déplacés tous les jours depuis 2016, précise-t-il pour le déplorer « le budget du HCR a baissé de 40%, ce qui contraste avec l’augmentation du nombre de réfugiés tous les jours ».

Pour répondre aux interrogations soulevées par les intervenants, Samuel Ivaha Diboua, Gouverneur du Littoral dira succinctement que : « Les problèmes que vous soulevez sont les problèmes de tout le monde. Ceux que vous trouvez sont les problèmes de tout le monde. Ceux que vous trouvez sur place ont déjà ces problèmes : chômage, santé, etc… Donc il ne faut pas revendiquer pour revendiquer. J’ai travaillé dans la région de l’Est, je connais les réfugiés. Les comportements sont individuels, il faut les discipliner et en tant que réfugiés, il faut respecter les lois des pays d’accueil ». Dans cette ambiance chaude, le Gouverneur a décerné des prix à deux personnalités : un réfugié centrafricain qui a été leader pendant plusieurs années, et sa majesté Ramanou Abdou, chef du quartier Newtown Aéroport pour ses œuvres humanitaires à travers l’accueil des réfugiés centrafricains à Douala.

Alain Biyong

 

REACTIONS

Jean Louis Kalemba,  Président de la Communauté des refugiés du Littoral

« La vie du réfugié dans son quotidien est très difficile »

Un réfugié quitte son pays à la recherche de la vie. Nous avons les problèmes avec les banques dans lesquelles nous avons gardé notre argent et qui aux retraits n’acceptent plus les cartes de réfugié. Même MTN et Orange sont entrés dans la même danse. Il faut que l’Etat, les autorités nous aident en expliquant aux institutions bancaires que le réfugié n’a pas de carte de séjour. Il a la carte de réfugiés et qu’ils acceptent cette carte de séjour. Depuis 2016, on nous a annoncé que le budget du HCR a baissé et qu’il ne peut plus prendre tous les réfugiés en charge. Maintenant c’est la santé ciblée, l’éducation ciblée et donc le réfugié ne bénéficie plus de cette aide. Et donc la vie du réfugié dans son quotidien est très difficile.

Mayer, jeune réfugié centrafricain

« Nos bailleurs ne nous supportent pas »

Je suis ici au palais du gouverneur pour la célébration de la 18e journée mondiale à nous dédiée. Concernant le pays qui nous accueil, nous avons des problèmes liés aux cartes. Ceux qui n’ont pas encore les cartes sont arrêtés tous les jours, surtout nous les centrafricains. Quand bien même tu as la carte de réfugiés, on te demande la carte de séjours. Nos bailleurs ne nous supportent pas, ils nous chassent seulement après quelques jours de retard de paiement, tout simplement parce que nous sommes des réfugiés.

 Sandrine Ntep, employée au HCR

« Elles ont beaucoup d’enfants »

Nous rencontrons plus de difficultés chez les femmes dans l’exercice de nos tâches. Elles ont beaucoup d’enfants et ne font pas le planning familial. Ce qui fait en sorte que ayant beaucoup de charges, ça les amènent tout ce temps à l’hôpital parce que nous nous occupons du volet santé. 9a nous donne beaucoup de travail. Nous constatons parfois que pendant qu’une femme allaite, il y a déjà un autre enfant dans son ventre. Aussi, la plupart ne travaille pas. Elles sont à la maison et bienvenue les multiples maternités. Elles exercent les petits métiers et parfois elles sont abandonnées par leurs maris.

 Propos recueillis par

Alain Biyong

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