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Accident ferroviaire d’Eséka: Le rapport de toutes les douleurs caché à Paul Biya

C’est ce qu’affirme le cabinet Cerutti, commis pour faire la lumière sur la catastrophe survenue dans le chef-lieu du Nyong-et-Kelle.

Eséka: la catastrophe encore non élucidée

Eséka, 21 octobre 2016. Le train 152 de la Cameroon Railways (Camrail) en provenance de Douala et en direction de Yaoundé quitte les rails. Sur le site, la scène terrifiante s’affiche: beaucoup d’agonisants, de morts et de disparus. Il n’y a rien à faire. Bilan officiel: 79 morts et 600 blessés. Qu’est-ce qui en est la cause? Une question de trop qu’on se pose… Sur le vif, certains disent que la filiale de Bolloré a tissé une histoire qui ment. Dans la tête de beaucoup d’autres, le drame continue de languir au milieu de forfaits et de grandes infortunes.

C’est dans cette fourchette que se place le cabinet français Cerutti. Dans une lettre ouverte adressée au président Paul Biya le 9 octobre dernier, Pierre Cerutti, le président dudit cabinet est formel. Selon lui, «il apparaît donc que le rapport définitif du cabinet Cerutti du 14 février 2017 n’a jamais été communiqué ni aux magistrats ni aux conseils des victimes. Seul le rapport d’étape du cabinet Cerutti du 21 novembre 2016 a été produit en justice alors que le rapport d’expertise de 70 pages, qui avait été adressé par DHL à la présidence de la République du Cameroun en 46 exemplaires (23 en langue française et 23 en langue anglaise) à l’attention d’un haut commis de l’État encore en fonction (et réceptionné par ses soins) dont 2 exemplaires de grand luxe à votre attention, a totalement disparu».

Traduction
Le rapport, le «vrai» n’est jamais parvenu au chef de l’État camerounais. Ce n’est pas un conte, semble dire Pierre Cerutti à Paul Biya. Pour la gouverne de ce dernier, le Français enchaîne par pics langagiers, convoquant à la fois les faits et les postures. «Ce rapport-là comportait des précisions destinées aux juges du tribunal d’Eseka sur les causes et circonstances de l’accident. Il apportait la démonstration technique et scientifique des fautes graves et des manquements commis par la société Camrail, depuis la direction générale jusqu’aux équipes opérationnelles… Je me tiens à votre disposition pour vous soumettre toutes les pièces qui justifient mes déclarations», renseigne le patron du cabinet anciennement connu pour son expertise apportée dans le cadre de la construction du Palais de l’Unité.

Pour les survivants et les ayants droit des personnes disparues dans cet accident, la disparition du «bon rapport» surgit encore au bout du fil comme une étrange fatalité. À Me Dissake Kwa par exemple, il apparaît que la vérité sur la tragédie d’Eséka est entravée par des réticences et des calculs. «Ceux-ci sont dérisoires», tique l’avocat au barreau du Cameroun, non moins époux de Me Dorette Dissake, disparue. Pour le reste, le juriste s’alarme de «l’abaissement du débat public, ployant sous les emballements politico-médiatiques et le goût de l’argent de certains ayants-droits». Au moins, ajoute-t-il, la lettre ouverte adressée à Paul Biya par Pierre Cerutti pourrait, «au cas où elle sincère, servir de rampe de relance». Pour l’instant, aucun commentaire officiel ne filtre.

                                                                                                                                                                                      Ongong Zong Bella

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