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Yaoundé 1972 – Yaoundé 2019 : l’art de triomphe des éléphants blancs
Des projets qui n’aboutissent pas, bien qu’ils aient consommé d’importantes ressources. Tableau constant des deux éditions de la Can organisées au pays de Paul Biya.
Stade d’Olembe, le casse-tête camerounais du canadien Magil: Ayant remplacé l’italien Piccini pour achever le com-
plexe sportif, l’entreprise est sous la pression de ses sous-traitants, qui lui réclament plus de 18 millions d’euros, et se heurte au refus de Yaoundé de payer un montant équivalent tant qu’elle ne justifie pas l’utilisation de quelque 64 millions d’euros…» Fâcheuse actualité relayée par le magazine Jeune Afrique en novembre 2022. Ramenée à des termes simples, c’est l’histoire d’une réalisation sportive, d’envergure prestigieuse, qui s’est avérée en définitive plus coûteuse que bénéfique et dont les travaux de finitions sont devenus un fardeau financier. La structure a été commandée en décembre 2015 au groupe italien Piccini, qui revendique le leadership mondial dans le domaine de la construction d’ouvrages civils, pour un montant de 163 milliards FCFA. De désaccords en mésententes entre la partie camerounaise et l’Italien, le contrat a été rompu. Par la suite, voulant sauver ce qui pouvait l’être, l’Etat du Cameroun et l’entreprise canadienne Magil ont signé le 3 janvier 2020, un «contrat commercial » pour «l’achèvement des travaux du complexe sportif d’Olembe, pour un montant total de 55 milliards FCFA.Mais tout s’est passé comme si un schéma de détournement de fonds s’était mis en place avec l’implication d’intérêts à la fois locaux et étrangers.
Les 55 milliards de FCFA étaient financés par un prêt contracté par le gouvernement camerounais auprès de la banque anglaise Chartered Bank. Il était alors entendu que tout le complexe sportif serait totalement achevé avec un maximum de 50 milliards FCFA. À ce jour, non seulement le complexe est loin de l’achèvement (les travaux de la piscine olympique, court de tennis, etc. n’ont pas commencé), mais l’argent décaissé par la banque anglaise est introuvable. Au commencement était la CAN 2019… «Des superstructures presqu’inutiles qui ont surgi de terre, défiguré le paysage des quartiers Olembe à Yaoundé et Japoma à Douala, avec des bâtiments, une équipe a été nommée à la radio par décret présidentiel». L’expert financier camerounais Lucien Aleokol évoque plusieurs
charlataneries qui, sous le prétexte de la CAN 2019, ont mis à mal des visions expertes. «Ce scandale, à défaut d’être original, a eu le mérite d’être associé à des preuves concrètes de vastes détournements de deniers publics», explique aujourd’hui Lucien Aleokol. Son analyse permet d’ailleurs de saisir un écosystème caractérisé par des flux financiers illicites. «Des villages ont trépigné de joie pour leurs fils qui ont occupé des postes juteux dans ces projets très courus pour leurs avantages matériels et financiers», souffle Babissakana. Selon cet ingénieur financier, la dynamique interne des chantiers de construction des stades d’Olembe et d’autres infrastructures de la CAN 2019 au Cameroun est celle d’«un petit nombre au nom de tous». Allusion faite à la task force décorée «au nom du président de la République» en fin 2023. Et pourtant, si la task force se pense légitime à installer ou à éviter certains débats dans l’espace public, il reste que, depuis la fin de la CAN 2019 au Cameroun, plus rien ne s’est passé. Le métal a lentement rouillé au soleil et sous la pluie, les écailles ont parfois volé en éclats à Olembe, pour ne citer que ce cas. Ci-gît un éléphant blanc… Selon le Cradec (Centre régional africain pour le Développement endogène et communautaire), il s’agit d’un scandale fondé sur ce thème. Et à la suite de l’Ong camerounaise, une source diplomatique fortement impliquée dans le chantier d’Olembe se contente de forger des images. «Un volcan financier en arrière-plan, son cône majestueux, une CAN mi-burlesque, mi-tragique, avec tout le bataclan des détourneurs à ciel ouvert, des cracheurs de feu, jongleurs et autres acteurs loufoques, personnes inédites, classiques, pour drainer le chaland, avec un dispositif monté de toute pièce». Au Cameroun, des projets qui n’aboutissent pas, bien qu’ils aient consommé d’importantes ressources, ne sont hélas pas chose rare. Avant Olembe et Japoma, d’autres initiatives ont prospéré. «Pour le volet indemnisation des populations autochtones du quartier Mfandena où a été construit le stade Ahmadou Ahidjo, on assiste jusqu’à ce jour, à des logarithmes sans grande précision même au plus haut niveau», crache Lucien Aleokol. D’après lui, malgré la mobilisation de personnes, la suite n’a rien produit depuis la fin de la 8e CAN. L’expert financier pointe même qu’«une équipe a masqué cette affaire avec une habileté remarquable, en omettant ses propres défaillances en matière de qualité des chiffres, en rejetant la responsabilité de l’arrêt des
procédures sur des supérieurs, au niveau gouvernemental». De même, certains aspects des infrastructures de la CAN 2019 n’ont jamais vu le jour. Il en est ainsi des piscines aux normes olympiques à Japoma et à Olembe. Leur construction ayant été abandonnée quand on a pris conscience de l’énormité de son coût et de sa faible valeur économique.Ongoung Zong Bella
Afrique du Nord : frontière ou trait d’Union africaine?
Cela a l’air d’être une histoire de cow-boys, mais ce n’est qu’une histoire dont le scénario s’écrit en Afrique du Nord,
sous la plume de l’Algérie et du Maroc. La vieille rivalité entre les deux géants régionaux fait encore parler d’elle. En jeu, cette fois-ci, le siège tournant de premier vice-président de l’Union africaine. Mais Alger et Rabat sont tous les deux candidats et refusent de se désister. La bataille a son importance: le premier vice-président devrait automatiquement prendre la présidence de l’organisation panafricaine. À Alger tout comme à Rabat, chacun s’enferme dans un cadre argumentatif dont il cherche à tout prix à préserver la cohérence, le tout dans un contexte de tension et de nombreuses passes d’armes. À quelques semaines du 37e Sommet des chefs d’État, prévu du 17 au 18 février prochain à Addis-Abeba, personne n’a bougé d’un cil. Et rien n’augure mieux pour l’instant. Ce d’autant
plus que les deux voisins ont rompu, depuis août 2021, leurs relations diplomatiques. Dès lors, cela ne saurait contribuer à harmoniser les visions qu’ont l’Algérie et le Maroc des enjeux géopolitiques et stratégiques qui découlent de leurs présences respectives au sein de l’UA. En ce sens, en Afrique du Nord, nommer ce type de choses est une gageure. Parfois, ce qui sépare les pays de cette zone est soit de nature infime, soit immense. Usage du secret, divergence – si ce n’est incompatibilité – des intérêts, gestion des émotions, rapports de force, alchimies diplomatiques, ruses et stratégies, jongleries mêlant coopération et confrontation, tous ces éléments restent fondamentaux… Voilà l’Afrique du Nord. S’agissant du siège tournant de premier vice-président de l’Union africaine, dans un premier temps, la Libye avait nourri les mêmes ambitions avant de se retirer de la course en faveur de l’Algérie. Le Polisario avait aussi tenté de faire le buzz autour de sa candidature au même poste. Dans un deuxième temps, la Mauritanie a décliné l’offre de jouer l’«arbitre» entre les deux puissances du Maghreb. Entre temps, l’Égypte entendait assumer cette fonction sans craindre des «représailles» de la part de Rabat ou d’Alger. Au vrai, l’UA est un véritable lieu d’affrontement diplomatique direct entre le Maroc et l’Algérie. Entre les deux frères ennemis, il y a la République arabe sahraouie démocratique (RASD). «Invisible», aux yeux des Marocains qui évitent soigneusement d’en prononcer le nom. La RASD est reconnue seulement dans cette institution panafricaine où elle est soutenue à bout de bras par l’Algérie, au nom du principe du droit à l’autodétermination. Ces tensions entre l’Algérie et le Maroc polluent l’UA, confrontée à des défis bien plus importants, et renforcent le clivage entre deux
axes, deux philosophies. D’un côté, les pays inconditionnellement attachés à un panafricanisme nourri aux luttes de libération, portés par l’Algérie et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), mais qui fascinerait de moins en moins les jeunes, soit 60% de la population du continent. De l’autre, des «pragmatiques», qui pensent l’Afrique en chiffres et en développement économique, en création d’emplois et d’infrastructures, et qui se reconnaissent sous la bannière marocaine.Jean-René Meva’a Amougou
Vestimentaire à Yaoundé : des pantalons made in Mokolo Elobi
Plusieurs ateliers de coutures spécialisés réhabilitent ces vêtements usagés, au profit des maisons de vente de renom.
Dans une usine de démontage et de montage à terre noire dans Tsinga-Élobi Situées à Mokolo-Elobi (Yaoundé II), les usines de réfection des pantalons de deuxième main tournent à plein régime tous les jours, à l’exception du samedi. Sans avoir été dans une école de couture, ces artisans self made man ont le don de transformer des pantalons vendus au prix de rien à la friperie.
Il est 11 heures au lieu-dit terre noire, encore appelé carrefour Obala à Mokolo-Élobi. Dans un atelier de réfection des pantalons «super 100», situé à environ 100 mètres de la pharmacie Élobi, on trouve Senghor. Âgé d’une vingtaine d’années seulement, il compte parmi la grande expertise du coin. Son pseudonyme, «Juninho» fait référence à son expertise dans la retouche des pantalons. Comme pour dire qu’il est dans la réfection des pantalons ce que le joueur brésilien dont il tient le pseudonyme était dans les années 2000 (excellent tireur de coups franc). «Il démonte et relooke un pantalon en 10 minutes ; et depuis le matin, il est à son 30e pantalon. Juninho est trop fort», se réjouit un démarcheur de cette marchandise. Dans son atelier, quinze (15) pantalons recousus attendent impatiemment d’être amenés dans un prêt –à – porter du côté du marché central de Yaoundé. Une fois mis en vitrine, ils auront une deuxième vie.
Confection
Pour en arriver là, il faut parcourir certaines étapes. Dès 4 heures du matin, Jonathan se rend au déballage au marché Mokolo, au lieu-dit bateau. C’est l’endroit où s’effectue le déballage des vêtements de seconde main dans cette partie de la capitale camerounaise. À force de s’y rendre, le jeune ressortissant du Mayo-Tsanaga (Extrême nord Cameroun) a fini par en maitriser les rouages. Il connaît le bon et le moins bon du tissu à des prix acceptables. Pour en tirer le meilleur parti, il achète des pantalons de qualités différentes (choix). «J’achète les pantalons de différents choix, cela me permet d’avoir tout type de client. Je pars du cinquième au premier choix», révèle le médecin des pantalons usés.Après l’achat, l’on passe à la confection. Dans son atelier, il commence le travail de fond: les retouches. Il ne faut pas commettre une erreur, surtout pour les premiers choix. Ses collaborateurs, généralement venus du même village que lui, sont payés par pièce. Soit 100 FCFA par pantalon. Mais le même travail vaut 500 FCFA pour celui qui n’est pas du métier.
Clients
Tous ces pantalons reconstruits ont pour premiers clients, les tenanciers des boutiques et autres prêt-à-porter. Les tailleurs révèlent qu’en dehors des pantalons venus de Dubaï et de la Turquie, le reste est du «made in Mokolo-Élobi». «Tous les pantalons fripe que vous voyez ou que vous achetez proviennent d’ici, à terre noire», explique Henri, un «rafistoleur». Les grandes boutiques situées à l’avenue Kennedy s’approvisionnement chez ces derniers. Ils font d’ailleurs partie de la clientèle privilégiée, «par exemple moi Senghor, quand je finis ma couture, je les appelle afin qu’ils fassent le premier tri», explique le couturier. Senghor indique que les vendeurs de vestes s’approvisionnent chez lui pour trouver des pantalons correspondants aux vestes achetées préalablement. Parce que, ajoute-t-il, les pantalons et les vestes ne sont pas mélangés. Terre noire et le carrefour Bafana, situé l’un à quelques encablures de l’autre, constituent des coins pionniers de la reconstitution des vestes et pantalons. Mais, il faut avoir l’œil et l’expérience d’un habitué pour, non seulement trouver un pantalon de même qualité que la veste, mais aussi se l’approprier à un prix juste. «Les vendeurs en boutique viennent en priorité pour trouver le tissu qui correspond à leurs vestes. Celles-ci ne se déballent pas à Mokolo, mais plutôt au marché 8e. Donc, il peut acheter un pantalon à 7000 FCFA maximum et le revendre avec la veste à 40000 FCFA. Il est le grand gagnant», explique Senghor.
Les deuxièmes clients sont les vendeurs qui exposent les pantalons sur les rambardes de sécurité à la Poste centrale. Ces commerçants «prennent le deuxième choix en grande quantité. Tenez par exemple, Moussa prend 30 pantalons de 1500 FCFA. Il va les revendre à 2000, 2500 ou 3000 FCFA», martèle Senghor. Bref, ces acheteurs sont aussi prioritaires parce qu’ils achètent «en gros» apprend-on.Les fonctionnaires sont la troisième catégorie de notre clientèle. Dans ce cas, ce sont les tailleurs et leurs alliés qui vont vers les clients, indique notre interlocuteur. «C’est souvent du 25 au 30 que nous allons là-bas, pour proposer des pantalons de deuxième ou de troisième choix. Ils ne paient pas toujours au prix indiqué. Ils discutent pour un rabais des prix. C’est une perte de temps de s’y rendre», conclue Henri.
Les vendeurs ambulants viennent au bas de la chaine. Ils achètent le «vrac». Même-ci le tissu est de qualité, il y a toujours un problème dessus. Il peut être lié au bouton ou à la couleur. «Nos frères qui vendent en marchant prennent ces déchets à 500 FCFA et gagnent parfois 1500 dessus» confie le couturier.
André Gromyko Balla
Nids de poule à Yaoundé : ici couvent des pickpockets
Sur la foi des témoignages et des recueils de renseignements sécuritaires, la présence de trous sur certaines routes de la capitale n’en finit pas d’inspirer des voleurs de toutes les farines.
Emombo 2e, bloc 4, même les filles pickpocketent ici Il est mercredi 15 novembre 2023, 19h30, l’heure de pointe ici au lieu-dit «Carrefour de la mort» (Yaoundé 4e). Dans un brouhaha agaçant, des particuliers se bousculent. Ils sont à la recherche d’un taxi. Quelques garçons, ordinaires en apparence, se mêlent à eux. De temps à autre, ces adolescents les collent littéralement. Pendant qu’il esquive une marre d’eau, l’un fait diversion en sommant un conducteur de voiture de ralentir. En dix ou quinze secondes, les autres «tirent» téléphone et portefeuille posés du côté passager. Hier mardi, presqu’à la même heure, «ils ont arraché un Smartphone à l’oreille d’un passager à bord d’un taxi», raconte un vendeur de fruits. D’après ce dernier, il y a d’abord eu, ici, le cas de cette jeune femme désorientée au milieu des nids de poule. Son agresseur s’en est pris à elle au moyen d’un bistouri pour lui dérober sa chaîne de baptême en or. D’après un témoin, l’infortunée présentait une longue balafre sur la joue gauche. Deux jours plus tôt, lors d’une tentative de vol d’un sac à main, c’est un gamin qui a lourdement fait chuter une dame, au point de la plonger dans le coma. La scène, apprend-on, s’est passée entre deux nids de poule, juste à l’angle d’une station-service.
Des filles…
Toujours dans le 4e arrondissement de la capitale, la chronique fait part d’une route profondément dégradée au lieu-dit Emombo 2e. «À cause de cette situation, les automobilistes, tout comme les piétons ne peuvent pas aller vite. Et c’est devenu la plaque tournante des chapardeurs», déplore un riverain. «Ici, quand la route était bonne, on ne signalait que quelques agressions exceptionnelles. Mais, actuellement, c’est invivable au quotidien», avance un homme. Si l’on écoute bien ce que dit Thierry Alima, le chef du bloc 4 d’Emombo 2e, l’emballement du vol à la tire ici ne doit rien au hasard. «Regardez, ces nombreux gros trous qui se transforment en lacs à la moindre pluie, c’est ce qui ralentit le trafic et augmente le nombre petits larcins sur cet axe», explique-t-il. «Ici à Emombo 2e, la peur suinte de nuit ou de jour. Le vol à la tire mené par de jeunes filles se porte très bien ici. Ça devient grave!», appuie son épouse. «Ça», c’est un sale soir du 10 novembre 2023. «Une adolescente sans maquillage, en jean, sweat-shirt et baskets, avec de longs cheveux épais, bijoux clinquants, vernis rouge écaillé sur les ongles, regard appuyé, a fait l’objet d’un signalement pour vol de matériel multimédia appartenant à un passager à bord d’un corbillard immobilisé au milieu d’un nid de poule. Une vraie irrévérence! Dans sa fuite, elle a projeté un vieillard qui a fait une chute mortelle», raconte un enquêteur de la brigade de gendarmerie, située non loin. Selon un témoin qui demande l’anonymat le plus absolu, «elle faisait partie d’un groupe qui, en quelques secondes, détrousse les usagers engouffrés dans ces trous sur la route».Chiffres
«À cause de ces trous, on a tout vu sous le pont du lieu-dit Derrière Combattant». Rigolarde, cette phrase est signée d’un adjudant en service à la brigade de gendarmerie de Nlonkak. À travers elle seule, se résume le sentiment des forces de l’ordre. Sur la foi de leur recueil de renseignements, la présence de nids de poule sur certaines routes de la capitale n’en finit pas d’inspirer des voleurs de toutes les farines. «En deux ans, c’est-à-dire de janvier 2021 à septembre 2023, les vols à la tire sur certains axes routiers ont augmenté de plus de 35%. Certains tronçons endommagés de la ville sont ainsi devenus, en l’espace de deux ans, le royaume des pickpockets de tout poil, pour qui les téléphones de dernière génération et autres biens sont objets de gros appétits. On a de nombreuses plaintes contre inconnu pour vols de téléphones dans 75% des cas. Et plus précisément des iPhone 3 ou 4 dans plus de 45% des cas», renseigne une source policière. Celle-ci ajoute d’ailleurs que «tout cela s’inscrit dans une tendance de fond qui s’observe depuis près de 10 ans que nos routes ont commencé à se dégrader». Au rayon des bonnes nouvelles, l’on assure peaufiner des stratégies plus percutantes contre ce type de délits. «Nous ne sommes pas inactifs», ponctue un enquêteur.Jean-René Meva’a Amougou
Changement climatique en Afrique centrale: la main tendue de la société civile au secteur privé
Du 16 au 17 novembre à Yaoundé les acteurs de ce secteur se sont concerté pour trouver de financements en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).
L’Afrique centrale connait des changements climatiques. Ce qui n’est pas sans conséquence sur les activités des populations, notamment dans le secteur agricole. C’est dans l’optique de la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le retour aux politiques basées sur les droits fondamentaux que s’est tenu le Forum régional de la Société civile de l’Afrique centrale organisé par la division de la société civile et engagement communautaire de la Banque africaine de développement (Bad).
Sous le thème : «Engager la société civile dans la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique». Cette thématique témoigne à suffire de l’importance de la problématique des changements climatiques dans le monde, en raison des droits nouveaux qu’elle crée pour les populations d’Afrique centrale. Et de l’impact très important qu’elle aura sur les emplois.
Selon Danielle Nlate, représentante de Rober Mabala, Coordinateur régional du Réseau des plateformes nationales d’Ong d’Afrique centrale (REPONGAC), engager la société civile à la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique «devient urgent en Afrique centrale».
Cela s’explique par le fait que la sous-région reste en proie à plusieurs défis relatifs aux changements climatiques. L’atteinte des résultats des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 est hypothétique. L’évaluation faite au mois de juillet dernier à New York montre que seuls 10% des pays engagés dans le processus sont sur le bon chemin, 40% des pays tâtonnent encore, 40% d’autres où rien ne marche et 10% ne suivent pas ces (ODD).
Secteur privé
Face au tableau peu reluisant de l’Afrique centrale dans l’atteinte des ODD, le secteur privé est l’alternative. Le secteur public ayant montré ses limites dans la lutte contre les changements climatiques.
Ainsi la mobilisation du secteur privé à financer les actions climatiques «exige une confiance totale de nos gouvernements, des institutions internationales, régionales, nationales et locales à subventionner toutes les organisations de la société civile impliquées dans la lutte contre le changement climatique, surtout celles évoluant dans les milieux ruraux vulnérables et marginalisés et très souvent victimes des phénomènes météorologiques devenus de plus en plus pressants», rappelle Danielle Nlate.
Le secteur privé doit assurer le renforcement des capacités sur la règlementation énergétique, la transparence et la recevabilité afin de rendre ses voix pour soutenir l’Afrique à pousser les pays développés à concrétiser leurs promesses de créer un fond de changement climatique de l’ordre de 100 milliard de dollars.
Pour ce faire, avec un appui permanent, les organisations de la société civile mèneront « des actions résilientes concrètes, permanentes et efficaces qui vont susciter un intérêt croissant et régulier des investisseurs du secteur privé dans la lutte contre le dérèglement climatique», conclut Danielle Nlate, présidente du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (REFAC).
Olivier Mbessité
Lutte contre les flux financiers illicites :le plaidoyer des parlementaires camerounais
Pour mettre fin à ce phénomène au Cameroun, les membres de APNIFT (Réseau parlementaire africain sur les flux financiers illicites et la fiscalité (Apnifft) réclament une marge d’intervention dans la prise de décisions.
Réunis le 11 novembre dernier à Yaoundé, parlementaires et experts des Organisations de la Société civile (OSC) ont échangé sur les flux financiers illicites. C’était à la faveur du séminaire de renforcement des capacités des députés et sénateurs camerounais sur l’Équité fiscale, les Flux financiers illicites et l’intensification de la campagne Stop the bleeding.
La plateforme d’échanges est l’initiative du Centre régional africain pour le Développement endogène et communautaire (Cradec). Objectifs, former, sensibiliser et engager 20 parlementaires camerounais membres de l’Apnifft sur les flux financiers illicites, entre autres thématiques.
Selon le rapport de Global Financial Integrity (GFI) publié en 2020, le Cameroun compte parmi les dix pays africains les plus touchés par les FFI entre 2008 et 2017. D’ailleurs, révèle-t-il, l’État camerounais a perdu 1,35 milliards de dollars chaque année durant la même période. Ces pertes financières sont dues à des activités telles que l’évasion fiscale, la corruption, le blanchiment d’argent, le commerce illicite et d’autres formes de mouvements de capitaux illicites.
Dispositif défaillant
Pour contrer le phénomène, le président de la République du Cameroun a signé un décret portant organisation et fonctionnement du Comité de Coordination des politiques nationales de lutte contre le blanchiment des capitaux le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Le texte révèle la «volonté politique» des autorités camerounaises, estime Jean Mballa Mballa, directeur exécutif du Cradec.
Dans le fond, ajoute-t-il, l’édiction dudit texte pourrait ne pas avoir un grand impact sur la lutte contre l’hémorragie financière, d’autant plus qu’il vient s’ajouter à une pile d’autres textes déjà en vigueur. «Dans la pratique, ce décret vient s’ajouter aux différents textes qui ont créé la Conac [Commission nationale anti-corruption Ndlr], qui créent l’Apnifft, qui créent un ensemble d’institutions, y compris le contrôle supérieur de l’État qui a pour mission aussi de juguler ce phénomène. Maintenant on se pose la question de savoir, est-ce que ces différents actes se mettent effectivement en œuvre de manière à pouvoir réduire le risque de blanchiment d’argent de flux financiers illicites», s’interroge-t-il.
Dans son élan, l’expert sur les questions financières fait allusion aux «failles dans le dispositif actuel». Pour s’en convaincre, le membre de la société civile évoque «une loi qui a été adoptée et dont on attend tout simplement le décret d’application sur la déclaration des biens et des avoirs. Il suffit que le président de la République énonce la composition et désigne la commission de déclaration des biens qu’on pourrait voir véritablement ceux qui s’enrichissent légalement et ceux qui s’enrichissent illégalement. Mais nous constatons que depuis 2008, ce décret n’est pas appliqué.»
«Ce n’est pas suffisant», estime le sénateur Pierre Flambeau Ngayap. Pour le président du groupe de parlementaires camerounais engagés dans la lutte contre les FFI, la situation peut être améliorée. À condition qu’on implique plus d’acteurs dont les parlementaires dans la chaine de prise des décisions. «Nous parlementaires aurions souhaité que le rapport que produit ce comité (de l’Anif Ndlr) semestriellement et annuellement puisse également être disponible annuellement afin que nous sachions exactement quelles sont les identifications qui y sont faites au niveau des flux financiers illicites afin de mieux contrôler ce que fait le gouvernement», fait savoir le sénateur Ngayap.
Joseph Julien Ondoua Owona
Un débat inutile sur l’Afrique en France
Le 21 novembre 2023, était prévu en France un débat parlementaire sur “la stratégie de la France en Afrique et au Sahel”.Je ne sais pas si ce débat a eu lieu et s’il a débouché sur des décisions courageuses comme reconnaître les nombreux torts causés aux Africains, fermer toutes les bases militaires françaises installées en Afrique, cesser de fabriquer le franc CFA, etc.Mais, entre nous, à quoi sert-il d’organiser 100 ou 1000 débats si on n’est nullement prêt à abandonner l’hypocrisie, la duplicité, le paternalisme, l’arrogance qui ont toujours caractérisé la France dans son rapport aux pays africains? Quelle est l’utilité de débattre si on refuse de reconnaître et de réparer les atrocités commises pendant 6 siècles sur le sol africain?À mon avis, seul un débat franc et honnête entre Africains et Français serait plus crédible et plus utile. Un débat où on permettrait aux Africains les plus lucides et les plus critiques de prendre la parole.En optant pour un débat entre Français, les autorités françaises apportent une mauvaise solution à un vrai problème.Ma proposition : Et si on marquait une pause dans la relation entre la France et ses ex-colonies? Et si chacun restait un peu chez lui? Peut-être verrait-on alors qui aide qui ou bien qui dépend de qui. En tous les cas, le Mali, le Burkina et le Niger ont commencé à faire ce que doit faire un garçon quand il n’est pas d’accord avec la manière dont il est regardé et traité par celui qui prétend être son ami. Et cela me remplit d’une grande joie.Jean-Claude DjérékéL’université au cœur de la transformation économique en Afrique centrale
Universitaires et décideurs viennent de mener (15 – 17 novembre) à Douala une réflexion en vue de mettre sur pied les piliers d’une économie plus diversifiée. En effet, deux années après la mise en place de la phase-pilote de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), sa promotion s’étend désormais dans les universités.
D’après la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique centrale (CEA), cette rencontre avait pour objectif «de faire en sorte que les universités, les centres de recherche, les laboratoires que nous avons aujourd’hui soient placés au cœur de toutes les stratégies que nous menons au niveau de nos pays» à l’effet de diversifier l’économie de la sous-région Afrique centrale.
Le séminaire de Douala, apprend-on, fait suite à un constat. «L’Afrique centrale est la seule région du continent qui a aujourd’hui le plus besoin de tirer le meilleur profit de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) parce que nous n’échangeons que 2% de produits manufacturés. C’est l’occasion ou jamais pour les économies de l’Afrique de prendre à bras le corps la question et de mettre en place dans l’urgence les plans directeurs d’industrialisation et de diversification économique», fait savoir le Dr Adama Coulibaly. À en croire cet économiste de la CEA, l’Afrique centrale n’est pas suffisamment industrialisée pour tirer son épingle du jeu dans l’implémentation de la Zlecaf.Diane Kenfack
Paludisme chez l’enfant de moins de 5 ans : 8 606 FCFA de dépenses moyennes pour des soins
Le coût du traitement peut par ailleurs varier selon que le patient réside en milieu urbain ou rural.
Prise en charge de paludisme chez l’enfant
de moins de 5 ansLes populations dépensent en moyenne 8606 FCFA pour des soins de paludisme chez des enfants de moins de 6 à 59 mois au Cameroun. Ce constat est révélé à l’issue de l’Enquête sur les indicateurs du paludisme mené par l’Institut national de la statistique (INS) courant 2022, et dont les résultats ont été publiés le 1er novembre 2023. L’on y apprend par ailleurs que les sommes à débourser ne sont plus importantes dans les villes que dans les villages. Ils sont de l’ordre de 10202 francs CFA pour les milieux urbains, avec 12622 francs CFA à Yaoundé et Douala. Ils sont estimés à 7052 francs CFA pour le milieu rural. «L’achat des médicaments représente la rubrique de dépense la plus importante avec, en moyenne 5837 francs CFA pour l’ensemble des enfants, suivie des frais de tests de diagnostic de la maladie pour laquelle la dépense moyenne de l’ensemble est de 1 487 francs CFA», révèle l’Institut.
Le taux de prévalence du paludisme chez les enfants de moins de cinq ans est de 26%. Aux côtés des femmes enceintes, ils représentent les cibles principales des actions gouvernementales en matière de lutte contre la maladie à malaria. Dans ce chapitre, l’on note la gratuité de la prise en charge en leur faveur. Elle est prônée dans le pays depuis 2011 en ce qui concerne le paludisme simple et depuis 2014 pour ce qui est du paludisme grave. Pourtant, révèle l’Institut national de la statistique, bon nombre de malades sont encore obligés de recourir à des circuits de santé parallèles. «Au cours de l’enquête, on a demandé pour quelle raison on ne s’était pas rendu dans une formation sanitaire pour rechercher des conseils ou un traitement pour la fièvre de l’enfant. Les résultats montrent que l’absence de recherche de soins est due en majorité à deux raisons principales: le manque d’argent (47 %) et l’appréciation de l’état de santé de l’enfant qui n’a pas été considéré comme grave (44 %). La distance pour atteindre la formation sanitaire a été évoquée pour 4 % d’enfants pour lesquels aucun conseil ou traitement n’a été recherché auprès d’une formation sanitaire». Et pour illustrer avec des chiffres, le rapport souligne que: «Près de deux enfants sur trois (65 %) ayant de la fièvre ont reçu un traitement ou un médicament sans que l’on ait au préalable consulté un professionnel de santé. Pour 42 % des enfants à qui un médicament ou traitement a été donné sans avoir consulté un professionnel de santé, le médicament ou traitement avait été obtenu dans une pharmacie ou un établissement de santé; pour 25 % des enfants, le médicament ou traitement avait été obtenu dans une boutique ou sur un marché et pour 12 % des enfants, on a utilisé un médicament disponible à la maison; enfin, dans 10 % des cas, les enfants ont été traités avec un médicament obtenu auprès d’un vendeur itinérant de médicaments». Cette situation est davantage vécue dans les villages que dans les villes, avec des pourcentages respectifs de 50 et de 42 %.
Louise Nsana
Investissements : Le Pairiac comme catalyseur en Afrique centrale
C’est la conclusion à laquelle sont parvenus les participants à l’atelier de Douala. Parmi ceux-ci, l’Union européenne.
Le Pairiac appelé à jouer un grand rôle dans la mobilisation des partenaires La vocation d’un État est d’avoir plusieurs accords commerciaux qui fonctionnent en même temps. Plusieurs accords commerciaux engagent les pays à différents niveaux : au niveau régional et au niveau extrarégional. Seulement, « il ne faut pas que ça devienne plus complexe à comprendre parce qu’on a déjà des problèmes au niveau de l’APE. Il faut que les PME comprennent bien les dispositions, car elles peuvent leur apporter des avantages. Nous essayons d’éviter que la Zlecaf crée une complexité supplémentaire et qu’on montre bien même que l’ensemble revient finalement à la chose pour les entreprises. C’est une obligation à la compétitivité de respecter un certain nombre de règles et d’exigences», affirme Philippe Tokpanou, expert Cemac.
Une des grosses préoccupations du Pairiac est dès lors de trouver une logique à toute cette régulation. «C’est le mais que nous avons recherché en y allant par thématique. Ça nous permet de toucher à plusieurs objectifs. L’investissement est au cœur des projets. Ce que nous visons en bout de chaîne c’est d’augmenter les investissements de la région. Une grande partie de ce qui est fait en matière d’investissement se base sur la création d’une banque de projets mûrit. L’avantage de l’APE c’est que les exigences européennes sont parmi les plus difficiles à rencontrer, surtout sur les normes sanitaires et phytosanitaires. Cette question de normalisation et de standardisation est importante dans un exercice de compétitivité», explique encore l’orateur.
L’Union européenne souhaite « appuyer sur l’initiative du Pairiac. Et par appui et fondamentaux, on parle de compétitivité, de chaînes de valeur… Toutes ces problématiques qui sont fondamentales, surtout pour les petites entreprises, peuvent bénéficier aux différents pays», explique Patrick Illing, représentant de l’UE. Et de poursuivre : « l’UE souhaite avancer et le Pairiac illustre cette approche. Sur le volet d’assistance technique, il y a déjà un appui avec l’Ohada de 800.000 d’euros. Effectivement, ça concerne les pays qui sont généralement de l’Ohada, mais ça fait partie de ce circuit de sa mise en place». Toujours selon le représentant de l’UE, « on réagirait donc à l’attention de tous les participants. On a vraiment besoin de plus d’informations et d’investissements un peu par rapport au processus.
L’expert Cemac, Philippe Tokpanou, admet pour sa part qu’« en matière d’intégration régionale, c’est vrai que l’Afrique centrale est une des régions les plus en difficulté dans le cadre de la mise en place des instruments de facilitation des échanges et de concrétisation ». Pour ce dernier, les difficultés en Afrique centrale se ressentent sur la statistique. « Les statistiques sont un problème. Sans base statistique avérée solide sur l’activité économique de la région, c’est difficile de pouvoir s’organiser si vous n’avez pas de données de référence organisées sur ce que peuvent être les indicateurs dans lesquels vous allez. La question du transport de la connectivité entre les États est plus importantes qu’ailleurs ». De ce point de vue, il est important aujourd’hui de « mutualiser les efforts, les énergies qui sont réelles dans la région pour pouvoir faire passer le niveau des échanges intrarégionaux aux alentours des 3% où il est en Afrique centrale pour rejoindre la moyenne de 11% sur le continent africain. Il y a le défi de la Zlecaf qui est là et c’est essentiel pour l’Afrique centrale d’organiser sa compétitivité pour le pouvoir obtenu de jouer son rôle dans le cadre de cette Zlecaf », plaide l’expert Cemac.
Pour le Cameroun en particulier, l’Accord de partenariat économique, au vu des capacités du secteur privé camerounais, lui donne un rôle particulier dans la compétitivité de toute la région Afrique centrale.
Diane Kenfack
Coopération Cameroun-Brésil : Desseins et destins animés
Yaoundé et Brasilia continuent de construire leur relation selon un modèle de coopération sud-sud utilitaire.
Des officiels brésiliens et camerounais au Minrex Des Brésiliens à Yaoundé, c’était du 5 au 12 septembre dernier. Côté scène, les visiteurs (entrepreneurs et universitaires pour la plupart) sont venus en voyage d’affaires au Cameroun. Côté coulisses, leur séjour a consisté à donner suite aux différentes missions de benchmarking effectuées au Brésil par les structures rattachées aux ministères camerounais de l’Agriculture et des Pêches. En effet, la délégation brésilienne est venue pour deux objectifs : poursuivre les discussions et finaliser les partenariats avec les acteurs concernés par les questions d’intérêt agro-sylvo-pastorales et halieutiques d’une part, et d’autre part, de procéder à la formalisation de la convention de partenariat entre l’Université de l’État Fédéré de Paraíba et l’École pratique d’agriculture de Binguela (région du Centre). Selon le ministère camerounais des Relations extérieures (Minrex), « les enjeux de la visite considérables : discussions des politiques agricoles, de l’avenir d’une filière, fixation de contrats, tractations autour de la législation du secteur, etc ». « Loin de se réduire à un jeu d’interactions isolé, poursuit le Minrex, cette visite a permis la jonction entre les intérêts brésiliens et camerounais par le moyen des rencontres formelles avec les administrations, des échanges avec le secteur privé et les corporations professionnelles concernées , mais également des descentes de terrain ».
Globalement…
Le récit de nos interlocuteurs impose d’y voir « un élément en vue de la construction d’une relation faite de desseins et de destins animés entre Brasilia et Yaoundé ». Dans ce cadre, l’on rappelle que la dynamique des relations diplomatiques entre les deux capitales s’inscrit dans le fil d’un modèle de coopération sud-sud utilitaire sur le long terme. Aussi, indique-t-on, ce 19 septembre 2022, il est organisé une matinée portes ouvertes à bord des navires camerounais au sein de la base navale de Rio de Janeiro. Bien avant, le Brésil fait un don de 1,7 milliards FCFA au Bunec (Bureau National de l’État Civil) pour améliorer le système d’état civil camerounais. L’accord y relatif a été paraphé le 25 août 2022 entre Alamine Ousmane Mey et l’ambassadrice de la République fédérative du Brésil au Cameroun, Patricia Maria Olivera de Lima.Jean-René Meva’a Amougou
Rareté du gaz domestique: entre songes et mensonges
À en croire des journalistes, des chercheurs, des entrepreneurs ou des prospectivistes, le gaz domestique figure sur la liste rouge des produits qui vont se raréfier au Cameroun.
D’ici la fin d’année, disent-ils, le secteur de la distribution ne sera pas revenu des enfers de l’instabilité due à la flambée des cours du gaz naturel, elle-même accentuée par la guerre en Ukraine. Les citoyens commencent à s’agacer. Certains vont même jusqu’à prétendre que les pénuries et la rareté de certaines marques seront en réalité entretenues par les marketeurs eux-mêmes. Par honnêteté intellectuelle, même les plus grands experts du secteur ne savent pas exactement ce qu’il en est en termes de ressources et de réserves actuellement disponibles au Cameroun. Tout au plus, ils affirment que le cercle vicieux entre les besoins en gaz domestique des consommateurs et l’absence de solution technique durable, qui se renforce mutuellement, rend irréalistes tous les scénarios d’abondance, en dépit de l’optimisme initial des internautes.
Entre temps, ces experts affirment qu’en matière de rareté de gaz domestique au Cameroun, l’on se fourvoie parce que l’enjeu du débat n’est pas précisé bien souvent. L’argument phare qu’étant le manque de gaz domestique donne à voir, sous un angle décalé, la mauvaise gestion du secteur sujet à de sérieuses perturbations des circuits économiques, et donc à des difficultés d’approvisionnement. En 2022 encore, voilà qui sert de tableau de bord permettant de constater l’étendue du phénomène, sa récurrence et ses déplacements à mesure que des solutions ponctuelles sont déclinées en diverses mesures de rationnement suivant des prescriptions appliquées en amont par on ne sait trop qui .
Comme par le passé, la rareté du gaz domestique s’installe progressivement avec ses contraintes et ses rationalités propres. À l’observation, tous les maillons de la chaîne sont concernés et liés par de multiples interdépendances, de l’approvisionnement à la commercialisation en passant par la distribution. Comme par le passé, cet état de choses fait système et modèle en profondeur les anticipations et les comportements des acteurs économiques, les comportements qui accentuent à leur tour la rareté. Ainsi, en ce qui concerne l’approvisionnement en gaz domestique, les directeurs d’entreprise tendent logiquement à se constituer des réserves pour parer au mieux aux fluctuations de l’activité dues aux défauts de l’approvisionnement, particulièrement en fin d’année, lorsque, disent des experts, de nombreux goulots d’étranglement se resserrent. Et parce que ces importations sont gourmandes en devises dès qu’elles se présentent en grande majorité des pays capitalistes, les entreprises n’ont pas cessé d’envisager d’autres voies d’approvisionnement. Cette situation, qui mêle contrainte et incertitude sur les importations, explique que les entreprises se préoccupent de garantir et de stabiliser leurs circuits d’approvisionnement en gaz domestique.
De ce type d’arrangement à une tromperie sur les quantités, il n’y a qu’un pas qui semble parfois franchi. Des lots de bonbonnes en sous-remplissage arrivent sur le marché. Ces sous-remplissages sont à reporter à des contrôles déficients. Voilà pourquoi les modalités de conditionnement et la formulation même du marché sont toujours remises en question. Tant, chaque jour (et surtout en fin d’année), le savoir-faire des grossistes et des petits détaillants se déploie dans la mise en œuvre de bricolages divers. Et en nous berçant du doux que tout va bien dans le secteur du gaz domestique, nous perdons un temps précieux !
Ongoung Zong Bella