AMBASSADESEDITORIALINTÉGRATION NATIONALE

Rareté du gaz domestique: entre songes et mensonges

À en croire des journalistes, des chercheurs, des entrepreneurs ou des prospectivistes, le gaz domestique figure sur la liste rouge des produits qui vont se raréfier au Cameroun.

 

 

D’ici la fin d’année, disent-ils, le secteur de la distribution ne sera pas revenu des enfers de l’instabilité due à la flambée des cours du gaz naturel, elle-même accentuée par la guerre en Ukraine. Les citoyens commencent à s’agacer. Certains vont même jusqu’à prétendre que les pénuries et la rareté de certaines marques seront en réalité entretenues par les marketeurs eux-mêmes. Par honnêteté intellectuelle, même les plus grands experts du secteur ne savent pas exactement ce qu’il en est en termes de ressources et de réserves actuellement disponibles au Cameroun. Tout au plus, ils affirment que le cercle vicieux entre les besoins en gaz domestique des consommateurs et l’absence de solution technique durable, qui se renforce mutuellement, rend irréalistes tous les scénarios d’abondance, en dépit de l’optimisme initial des internautes.

Entre temps, ces experts affirment qu’en matière de rareté de gaz domestique au Cameroun, l’on se fourvoie parce que l’enjeu du débat n’est pas précisé bien souvent. L’argument phare qu’étant le manque de gaz domestique donne à voir, sous un angle décalé, la mauvaise gestion du secteur sujet à de sérieuses perturbations des circuits économiques, et donc à des difficultés d’approvisionnement. En 2022 encore, voilà qui sert de tableau de bord permettant de constater l’étendue du phénomène, sa récurrence et ses déplacements à mesure que des solutions ponctuelles sont déclinées en diverses mesures de rationnement suivant des prescriptions appliquées en amont par on ne sait trop qui .

Comme par le passé, la rareté du gaz domestique s’installe progressivement avec ses contraintes et ses rationalités propres. À l’observation, tous les maillons de la chaîne sont concernés et liés par de multiples interdépendances, de l’approvisionnement à la commercialisation en passant par la distribution. Comme par le passé, cet état de choses fait système et modèle en profondeur les anticipations et les comportements des acteurs économiques, les comportements qui accentuent à leur tour la rareté. Ainsi, en ce qui concerne l’approvisionnement en gaz domestique, les directeurs d’entreprise tendent logiquement à se constituer des réserves pour parer au mieux aux fluctuations de l’activité dues aux défauts de l’approvisionnement, particulièrement en fin d’année, lorsque, disent des experts, de nombreux goulots d’étranglement se resserrent. Et parce que ces importations sont gourmandes en devises dès qu’elles se présentent en grande majorité des pays capitalistes, les entreprises n’ont pas cessé d’envisager d’autres voies d’approvisionnement. Cette situation, qui mêle contrainte et incertitude sur les importations, explique que les entreprises se préoccupent de garantir et de stabiliser leurs circuits d’approvisionnement en gaz domestique.

De ce type d’arrangement à une tromperie sur les quantités, il n’y a qu’un pas qui semble parfois franchi. Des lots de bonbonnes en sous-remplissage arrivent sur le marché. Ces sous-remplissages sont à reporter à des contrôles déficients. Voilà pourquoi les modalités de conditionnement et la formulation même du marché sont toujours remises en question. Tant, chaque jour (et surtout en fin d’année), le savoir-faire des grossistes et des petits détaillants se déploie dans la mise en œuvre de bricolages divers. Et en nous berçant du doux que tout va bien dans le secteur du gaz domestique, nous perdons un temps précieux !

Ongoung Zong Bella

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *